Une journée un poil compliquée…

Je savais depuis le début de semaine que la journée serait difficile. Les médias ne cessaient de nous parler de Ciaran, l’une des plus grosses tempêtes ayant jamais touchée la France et en particulier le quart Nord Ouest. Cependant la façade Atlantique ne devait pas être épargnée non plus.

Blotti dans mon lit bien au chaud la nuit dernière avant une dernière soirée avec mes enfants sur l’île d’Oléron, je n’ai cessé d’entendre les rafales faire trembler la toiture de la maison de location.

Il faut toutefois continuer d’avancer, ou du moins essayer. J’ai décidé d’être prudent et de ne pas prendre de risque ce matin. La tempête s’est légèrement calmée, mais si les conditions ne me permettent pas de rejoindre le continent, alors je resterai.

Après avoir dit au revoir à la famille, je prends la route sans les sacoches que je retrouverai sur le continent grâce à l’aide de mes parents, c’est une première précaution pour éviter le danger des bourrasques de profil.

Je ne fais pas 500m, que les premières grosses rafales de face me stoppent net et me forcent à mettre le pied à terre. Ce n’est pas gagné ! Il faut que je rejoigne la piste cyclable au port de la Cotinière, mais c’est aussi sur la partie la plus exposée de l’île, et pour y aller, je commence par une belle averse et le vent de face. Je cramponne le guidon, baisse la tête et avance tant bien que mal.

Arrivé à la Cotinière, je bifurque vers le Sud et le vent, très fort, devient presque favorable. Je reste prudent, mais les 12km qui me séparent du viaduc défilent très vite.

Le viaduc. Il est là. Devant moi. La manche à air qui sert à indiquer le vent est parfaitement droite, si droite que l’on dirait du plastique moulé. Je sens les bourasques de trois quart arrière. Cela souffle à 90km/h en rafale!

Je ne fais pas le malin, mon coeur se serre un peu, mais la circulation n’est pas dense à cette heure. Je décide de me lancer quitte à finir la traversée à pieds…

Ça y est. Je suis dessus. J’accélère pour que cette traversée soit plus courte, mais aussi pour gagner en stabilité. Très honnêtement, je m’attendais à pire, même si de violentes rafales me déportent légèrement de temps à autre. Heureusement que je n’ai pas les sacoches. 10 minutes et 3,3km plus tard, je suis sur le continent. Ouf!

Je poursuis mon chemin et recroise la Vélodyssée (Eurovelo 1) que j’emprunte jusqu’au deuxième viaduc compliqué: celui de la Tremblade, ou viaduc de la Seudre. Il est moins long mais plus mal exposé encore car le vent est de face. Heureusement, légèrement plus à l’intérieur des terres, le vent y est un peu plus calme.

Je me lance une seconde fois, mais avec un peu moins d’appréhension.

Ça y est, c’est fini. Les deux “dangerosités” de la journée sont passées. Certes. Mais pas la pluie ni le vent. A peine arrivé à la Tremblade, un violent orage de grêle se met à tomber avec de nouvelles bourrasques.

Je parviens trempé au centre ville de La Tremblade, où je récupère mes sacoches, salue une dernière fois ma famille et me réchauffe avec un café (mérité, je pense).

Je reçois une alerte info sur mon téléphone m’indiquant que le viaduc d’Oléron est désormais interdit aux vélos. Suis-je passé juste à temps? Ou bien n’ais-je pas vu l’interdiction ? Je ne sais pas bien en fait.

J’en repars une trentaine de minutes plus tard dans une belle éclaircie, le chemin passe dans la forêt, je zigzague entre les grosses flaques et les grosses branches tombées la nuit dernière. La pression retombe un peu et je me sens un peu plus zen.

Pause picnic devant le zoo de la Palmyre, d’où je peux apercevoir des flamants roses.

Il ne me reste que 17km pour Royan. Je parviens rapidement à l’embouchure de la Gironde grâce à de longue pistes dans les dunes et les pins maritimes.

Je commence doucement à longer l’estuaire et j’aperçois au loin dans la pluie et dans une mer déchaînée, le majestueux phare de Cordouan. Viennent ensuite les cabanes à carrelet (avec un large filet de pêche) typiques du littoral.

Je parviens finalement à Royan vers 14h30. Fatigué mentalement.

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