Colloque : Lumières médiatiques
    Conférence du 18 juin 2024 : L’actualité des spectacles : du public aux communautés médiatiques
    Session 2 – Publics et publicité

    Intervenants :
    Laurent Cuvelier, Université de Tours
    Suzanne Rochefort, Université Versailles Saint-Quentin

    Retrouvez les enregistrements audios et vidéos du cycle et son texte de présentation :
    https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/colloque/lumieres-mediatiques

    Chaire Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle
    Professeur : Antoine Lilti

    Retrouvez tous les enseignements du Pr Antoine Lilti :
    https://www.college-de-france.fr/chaire/antoine-lilti-histoire-des-lumieres-xviiie-xxie-siecle-chaire-statutaire

    Le Collège de France est une institution de recherche fondamentale dans tous les domaines de la connaissance et un lieu de diffusion du « savoir en train de se faire » ouvert à tous.
    Les cours, séminaires, colloques sont enregistrés puis mis à disposition du public sur le site internet du Collège de France.

    Découvrez toutes les ressources du Collège de France :
    https://www.college-de-france.fr

    Soutenir le Collège de France :
    https://www.fondation-cdf.fr/faire-un-don

    Suivez-nous sur :
    Facebook : https://www.facebook.com/College.de.France
    Instagram : https://www.instagram.com/collegedefrance
    X (ex-Twitter) : https://x.com/cdf1530
    LinkedIn : https://fr.linkedin.com/company/collègedefrance

    [Musique] et donc je j’ai le plaisir de présenter les deux prochains orateurs donc Suzanne Rochefort actuellement est at terre en histoire moderne à l’université de veressaill Saint-Quentin en Yveline et elle m’a appris tout à l’heure qu’elle venait d’être élu d’être oui maître de conférence à l’Université de Lorine donc c’est une très belle nouvelle ces travaux portent sur l’histoire sociale culturelle et politique des spectacles au 18e siècle et sa dernière publication et là aussi c’est vraiment une très bonne nouvelle c’est sa thèse qui paru aux éditions Champvallon vie théâtrale au pluriel le métier de comédien à Paris entre lumière et révolution Laurent Cuvelier est maître de conférence en histoire moderne à l’université de tour membre du Centre tourangejo d’histoire et d’étude des sources le cétis il est spécialiste d’histoire urbaine et d’histoire des pratiques de l’écrit et ces travaux portent sur les formes d’engagement des citadins dans la ville et leurs usages de l’espace public au 18e siècle en particulier pendant la Révolution française et lui aussi va faire paraître sa thèse c’est j’insiste là-dessus parce que c’est pas si évident de parvenir et de réussir à faire publier sa thèse donc je oui c’est c’est très important et je trouve ça formidable donc aux éditions flamarion cet ouvrage La la ville captivée affichage et publicité au 18 siècle et j’ai le grand plaisir de leur donner la parole merci beaucoup merci beaucoup Natacha bonjour bonjour à toutes et à tous alors je commencerai la communication puis Suzanne prendra prendra le relais et pour commencer j’aimerais commencer avec type de de sources qui seront au cœur de notre propos qui sont des des lettres de lecteurs publié dans les journaux et publié par les rdacteur des journaux alors je vais y venir mais pour commencer un exemple qui nous place en novembre 1797 qui est publié dans un journal spécialisé dans le Courrier des spectacles et qui est je je vous résume rapidement qui est qui est écrite par un spectateur mécontent comme donc une lettre de plainte maintenant on pense aux commentaires aux commentaires notamment sur les réseaux socix sociaux en tout cas là cette lettre de plainte euh elle là on a publié le le le le début elle commence comme ça on peut la lire ensemble au rédacteur du Courrier des spectacles citoyen tout ce qui peut être utile aux arts et au plaisir public est bon à publier d’après cette maxime je vous prie d’insérer ma lettre alors je vous résume rapidement l’affaire on a ici un un aaire qui est qui est amateur de théâtre qui ser rend très régulièrement au théâtre de l’aodéon et euh qui a emmené donc en novembre 1797 sa famille qui sont allés en famille au Théâtre de l’Odéon et lorsqu’ils arrivent devant le théâtre sur la fiche qui était censée annoncer la tragédie jeunevev de Braban euh il y a un un bandeau qui annonce une autre pièce il est extrêmement déçu pour ne pas dire indigné il s’informe et on lui répond que l’acteur principal un certain du est enrumé et donc du fait de ce problème de santé on a dû annuler la pièce et et en faire jouer une autre ce qui est intéressant avec cet exemple c’est que dans le même journal quelques jours plus tard le dénommé du Grand donc le le comédien voit sa lettre publiée comme une réponse par l’intermédiaire du journal à la plainte du notaire spectateur alors là aussi on vous a mis un extrait elle elle est elle est elle est beaucoup plus longue dans l’attaque que son humeur dirige contre moi il semble me dire qu’une pièce annoncée est une dette contractée avec le public et qu’un acteur doit la quitter mort ou vif vous l’z remarqué un certain une certaine maîtrise un certain usage l’exagération aussi bien chez le notaire que chez le comédien et ce qui nous a intéressé alors je fini l’histoire du Grand se dit innocent il affirme qu’il a prévenu le régisseur en bonne et du forme 24 he avant et pour le dire rapidement c’est l’institution c’est le théâtre qui qui a mal fait qui a mal fait son son travail d’information ce qui est intéressant à travers cet échange c’est tout d’abord et j’auris l’occasion d’y revenir c’est qu’on voit apparaître le fonctionnement d’un système d’information un système d’information des spectacles qui associe les affiches publié dans la rue publié notamment ici devant le théâtre de l’Odéon et le journal donc ce système d’information tion il est il joue sur la complémentarité puisque laffiche et le journal sont instrumentalisé aussi bien on le voit à travers cet exemple à à la fois par les spectateurs par les professionnels du théâtre mais aussi par les rédacteurs et notamment les rédacteurs des journaux alors ce conflit il est rendu public je l’ai déjà dit dans le Courrier des spectacles et ce qui est intéressant avec ce ce courier des spectacles c’est le premier quotidien publié à partir de 1797 donc publié tous les jours ou presque euh qui est dédié uniquement à l’actualité des spectacles alors ce ce courrier des spectacles il apparaît dans une dans une phase chronologique qui est beaucoup plus longue qu’on a déjà un peu évoqué ce matin il apparaît au moment le rythme de publication renvoie l’accélération du temps journalistique et ici la période dé cité elle est décisive on a déjà cité aussi le l’apparition du premier périodique en France donc le Journal de Paris 1er janvier 1777 avec quelques chiffres sur ce tableau qui renvoie notamment ce qui nous a particulièrement intéressé on pourrait je développe pas on pourrait y revenir c’est sur la question des abonnés quelques chiffres sur les les abonnés même si ces indications n’indiquent pas le nombre de lecteurs potentiel et qu’il est certainement plus grand la suppression du régime de censure des imprimés à partir de la Révolution française elle est symbolisée souvent par la proclamation de la liberté de la presse en 1789 mais aussi la demande accru d’information contribue à faire évoluer les formules journalistiques et les modes de production et ceci c’est réinscrit dans cette dynamique là à la fois donc je répète demande accru d’information mais aussi suppression des régimes de censure du régime de censure des imprimés c’est dans C dans cette ce processus là que le courrier des spectacles apparaît en 1797 les mutations de la sphère médiatique sont liées à celles que connaissent les institutions dédiées au divertissement durant la seconde moitié du 18e siècle les salles de spectacles s’ouvrent au plus grand nombre et après un affaiblissement progressif des monopoles artistiques tout au long du siècle le paysage théâtral se libéralise complètement en janvier 1791 donc durant cette décennie révolutionnaire la capitale compte environ une une vingtaine de salles ouvertes simultanément et c’est ce processus de démocratisation des loisirs qui suppose une augmentation à la fois du nombre de spectateurs qui se rendent physiquement dans les salles mais aussi une augmentation des lecteurs de journaux curieux de divertissement et ces deux ces deux publics cette imbrication entre ces deux publicqus c’est-à-dire les les spectateurs physiquement présents dans les salles et les lecteurs de journaux euh curieux qui lisent la la presse c’est cette imbrication qu’on voudrait étudier qui a régulièrement été utilisée comme synonyme de public mais on aimerait aujourd’hui donner un sens un peu plus précis alors de nos jours dans la perspective très contemporaine d’une société d’hypermédiatisation le terme de communauté est devenu presque risible il est souvent galvodé dès lors qu’il est associé aux dynamiqu de consommation ce que certains influenceurs présentent sous le terme de la commue néanmoins il s’agit d’un du point de vue économique d’un groupe cible de marketing présentant un certain entre soi constitué par des codes et par un langage spécifique et justement ce qu’on aimerait aujourd’hui c’est repartir de ces caractéristi d’une communauté de consommateurs et ça fait en ce sens écho à ce qu’on à ce qu’on vient de voir pour étudier la formation d’un groupe à la fois réel et idéalisé par les acteurs aussi bien les acteurs du marché de l’information ceux qui font les journaux mais aussi les acteurs du marché des théâtres qui animent les salles de spectacles nous postulons ainsi qu’il se développe à partir des années 1770 ce qu’on appelle une communauté médiatique autour de l’actualité des spectacles cela implique d’insister à la fois sur les usages socio-économiques que les lecteurs font des médias et sur les stratégies de ceux qui les fabrique donc ceux qui les fabriquent ce sont les rédacteurs et là on fait notamment référence aux travaux sur l’actualité contemporaine comme ceux de Luc boltansski et Arnaud Esker qui ont souligné la complexité des opérations menées par ses rédacteurs qui sélectionnent les informations qui adoptent un style concis qui vont orchestrer les interventions des lecteurs ce sont donc VI des choix rédactionnels qui donnent aux journaux dès leur début une dimension interactive et de ce point de vue notre communication elle s’inscrit dans un débat historiographique que certains et certaines d’entre vous connaissent sûrement sur le caractère interactif des des journaux et pour étudier ce cette interactivité des journaux une source qui a pu être qui a été utilisée ce sont c’est justement ces lettres de lecteurs d’abonnés de spectateurs qui publient dans la presse alors on a mis quelques quelques références he c’est bien sûr pas une liste exhaustive mais vous avez les travaux de Denis Renault ce également des d’Élisabeth bonde ou encore de Suzanne Dumouchel qui ont souligné dès dès le 17e siècle le caractère fondamentalement épistolaire des journaux même si à partir du milieu du 18e siècle on a des dynamiques qui se diversifient alors ces lettres de lecteur elles sont donc un objet d’étude classique d’histoire de la presse dont le caractère fictif impossible à trancher tranchera pas du tout aujourd’hui a longtemps fait débat prise au pied de la lettre elles ont pu être utilisées pour approcher la sociologie des lecteurs et penser les journaux du 18e siècle comme une sphère interactive ou comme un forum forum de discussion d’ de participation des lecteurs au contraire des positions plus sceptiques par du principe qu’il s’agit de fiction écrite par les des rédacteurs créés par et et pour les journaux afin de sortir cet imp de cet impasse on on on aimerait déplacer la question et démontrer notamment que ce matériau constitue avant tout une pièce fondamentale du fonctionnement de l’économie des spectacle et des médias alors trois trois moments le premier et dans cette perspective nous partirons de des médias utilisés pour fabriquer l’information des spectacles et j’approfondirai donc les contours de ce système d’information des spectacles dont j’ai parlé euh tout à l’heure pour ensuite étudier l’utilisation de ces médias plus spécifiquement par les professionnels du monde artistique et enfin on terminera sur les politiques des rédacteurs pour fidéliser ce qu’on appelle donc une communauté médiatique et notamment assurer le financement de leur journaux alors pour commencer on l’a vu avec cet exemple de du début d’introduction ce système d’information associ journaux et affiches je pourrais parler pendant pendant des des des heures de ces documents je vais je vais essayer de faire faire court ce qui est certain c’est que la forme de ces affiches qui annoncent les spectacles pour vous donner graphiquement et visuellement une idée de ce à quoi ça ça ressemble la forme de ces affiches elle évolue au cours du 18 18e siècle malgré certains invariants on indique le jour précis le titre le sous-titre parfois l’horaire le nombre de représentation et surtout très important le genre théâtral sont ajoutés progressivement au cours du siècle le nom de l’auteur et à la fin du 18e siècle celui des principaux comédiens et comédiennes et on retrouve ici les liens entre les médias et la construction des réputations dont on aura l’occasion de de reparler dans ce colo à travers notamment l’émergence du védétariia dès la seconde moitié du 18e siècle les affiches sont de plus en plus associé aux journaux et parfois à des billets distribués comme comme des prospectus ces annonces publiées dans dans la presse précisent en général les mêmes informations que les affiches l’objectif est d’obtenir une vision panoptique des spectacles sur une ou deux pages d’annonces et on parlerit un peu ce matin là vous avez au centre le courrier des spectacles le rédacteur du Courrier des spectacles le pan est très attaché malgré le la multiplication des salles et des des spectacles à annoncer il est très attaché au fait de rester sur deux pages seulement de garder uniquement deux pages pour ses annonces et comment est-ce qu’il va faire et ben il va jouer sur la sur la mise en page et il va jouer aussi sur la typographie d qu’il fait graver des lettres qui lui permettent pour aller vite de de mettre plus de contenu sur le même espace les affiches demeurent au 18e siècle la source d’information première en particulier parce qu’elles peuvent être adaptées aux imprévus c’est le cas notamment pour les nouveaux espaces de divertissement qui se développent dans le dernier tiers du siècle ce sont les voxol ou encore les fêtes de kivoli là je vous ai mis un exemple une affiche particulièrement illustré donc tous ces spectacles qu’on appelle aujourd’hui des spectacles de plein air qui sont particulièrement soumis aux aléas climatiques et dans ce contexte d’incertitude les affiches aident à ajuster les horaires des festivités comme le soulligne l’organisateur des fêtes du jardin de l’Élysée l’URE juste je cite donc l’UR juste de la fête sera indiqué sur la dernière affiches la presse quotidienne tente de se calquer sur ce modèle des affiches renouvelé quasiment tous les jours et la souplesse permise par les éphémères elle est régulièrement mise en avant par les directeurs de journaux avec donc un système d’information des spectacles qui poursuit un double objectif faire cours mais faire mieux en effet la dynamique d’actualisation elle est portée donc vous l’avez compris par les rédacteurs qui essaie de modifier la mise en page de modifier le contenu elle est également cette dynamique d’actualisation portée par un public de lecteur spectateur qui intervient dans les colonnes de journaux et là je je reviens sur mes lettres de lecteur mes lettres d’abonnés al l’espace du journal se présente comme celui où on peut s’adresser à dans lequel des anonymes comme des personnalités peuvent trouver un canal d’expression globalement ces lettres d’abonnés présentent des sujets récurrents ils commentent des prestations théâtrales ils interrogent également les rédacteurs à propos de l’actualité des spectacles ils vérifient certaines données de la programmation de la distribution qui sont dans cette logique de de vérifier euh l’information la libéralisation du paysage théâtral dont j’ai déjà parlé entraîne des pertes de repères chez l’électorat elle favorise certaine forme de confusion et les journaux tentent d’y palier en se faisant l’écho de ce qu’on appelle à l’époque les émigrations de spectacle en spectacle ce qu’on pourrait appeler une espèce de mercato des comédiens et des et des comédiennes et un exemple là en 1798 un lecteur curieux d’un supposé nouvel engagement d’une comédienne écrit au au courrier des spectacles donc là vous voyez sur le powerpoint formellement euh visuellement à quoi ressemble donc ce ce dispositif c’est ces lettres de lecteur alors j’en extrait une partie mais qui est devenue une actrice de 16 ans qui a débuté à l’Odéon par le rôle de palmir dans mahomé et qui n’a plus reparu et juste en dessous la note du rédacteur qui répond à nouveau aussi en en synthétisant l’actrice intéressante dont il est parlé dans cette lettre et la citoyenne Patra elle elle est toujours attachée à ce théâtre où on espère la revoir donc des lettres de lecteur euh qui vérifient l’information qui vérifie les les les transferts les émigrations de spectacle en spectacle et euh si on essaie de de préciser les contours de de ce corpus de ces lettres de lecteur alors là on s’appuie sur sur le travail je l’ai cité déjà je la cite à nouveau le travail d’Élisabeth bonde qui a étudié un corpus de plus de 6900 lettres envoyé à des périodiques parisiens ou provinciaux dans les années 1770 1780 et dans ce corpus elle estime qu’environ 30 % des missives sont soit non signés soit suivi du terme cette signature un ou une abonné cela est complété par le recours au pseudonym qui concerne dans ce même corpus un peu moins de 10 % des écrits les régimes de l’anonymat ou du pseudonymat ont alimenté l’hippothèse fiction de correspondance néanmoins en constituant des modèles de participation ces lettres contribuent à une véritable pédagogie de l’entraînement et pédagogie de l’engagement médiatique pour le dire autrement elles Incit à lire mais elles incite aussi à écrire et si on se se penche sur ces ces lettres notamment publiées dans les journaux dédiés au spectacle ces lettres sont loin d’être toutes fictives et là j’en arrive à notre deuxième point prendre à témoin la communauté médiatique média et marché du travail artistique et pour commencer ce qu’on a un peu deviné certaines prises de parole d’abonnés émanent d’individus bien identifiés et bien impliqués dans le monde professionnel lié au au spectacle ça permet à à à ces professionnels de corriger la tromperie de simpli d’agir sur la sphère théâtrale et parmi ces professionnels du spectacle ceux qui utilisent abondamment la presse pour corriger l’information ce sont les comédiens et les comédiennes donc qui reléent leurs paroles en publiant le et en envoyant des lettres publiées dans la dans la presse un exemple ici on est en 1798 vous avez un nouveau théâtre qui ouvre près du jardin du palais royal les aillers de Tali et 2 jours plus tard donc de 2 jours après le l’ouverture annoncé d’ailleurs en grande pompe publicitaire les actrices Nanine Malerbe et José ni s’être engagé dans ce spectacle l’extrait de leur lettre il est vrai que le citoyen Garnier nous a sollicité plusieurs fois d’entrer dans la société qu’il formait mais nous l’avons constamment refusé c’est donc avec étonnement que nous nous avons vu nos noms sur les prospectus qu’il fait délivré dans toutes les rues de Paris donc là pour les comédiennes le choix de la presse comme outil de communication permet de contrer plus efficacement le dispositif publicitaire notamment le ce prospectus qui circule de main en main et ce qui est intéressant c’est que elles insistent ell défendre leur honneur en s’efforçant de préserver leur fiabilité professionnelle ça s’adresse bien sûr aux spectateurs mais aussi peut-être surtout aux directeurs de théâtre à Paris et en province qui sont ensuite susceptibles de de de les embaucher cette campagne publicitaire d’éveiller de Tali fait l’objet deun autre lettre publiée dans la presse et là je vous laisse je laisse la parole à Suzanne qui va vous la présenter vous avez vu cette mise en scène assez sophistiquée pour pour le le relais alors effectivement le le démenti de ces deux actrices Nanine Malerbe et joset est redoublé quelques jours plus tard par un compositeur et chanteur pierre Gavot qui lui aussi accable euh le directeur des veill de Tali il écrit dans le même journal je suis bien aise de saisir cette occasion pour apprendre au public que le citoyen Garnier donc ce même directeur ne tient pas toujours les engagements qu’il lui promet dans les pièces annoncées sur la grande affiche car le jour de l’ouverture de son théâtre au moment oùù l’ devait jouer les sabots il annonça au public qu’un accident imprévu le força à donner en place l’amour filial c’est la pièce de Gavot je demanderai donc aux citoyens Garniers si au mépris des lois existantes sur les propriétés il a le droit de faire représenter une pièce quelconque sans qu’au préalable il en ait obtenu la permission par écrit de l’auteur c’est lui euh pierre gavau dont les commentaires sont régulièrement publiés dans les colonnes du courrier des spectacle utilise souvent ce média pour corriger des affiches mensongères pour insister sur la non fiabilité de certains directeurs et même ici sur le non respect des droits d’auteur afin de discréditer ses ses euh directeurs mais aussi potentiellement d’obtenir le soutien d’autres entités de la sphère théâtrale spectateurs comédiens ou autres dramaturges puisque les dramaturges sont nombreux hein également comme gavo à euh à écrire dans les journaux au sujet d’un phénomène qui est le plagiaat donc ce terme apparaît et de plus en de plus en plus utilisé dans la seconde moitié du 18e siècle euh pour signifier he comme un dérivé de plagière celui qui s’approprie ce qu’ a pillé dans les ouvrages d’autrui on on en a un exemple ici hein qui qui là concerne le le théâtre des victoires national puisque un dramaturge en se promenant dans la rue a vu sur une affiche du théâtre des victoires nationales le titre d’une pièce identique à la sienne qu’il est en train d’écrire et donc il prend les devants il prend les devants et il écrit au courrier des spectacles je le déclare d’avance au public pour que dans la suite si le hasard de cette pièce lui faisait obtenir les honneurs de la représentation personne ne put m’accuser de plagiaat et donc ces lettres là publié dans la presse elles font vraiment état de la veille active des dramaturges et de leur conscience du système d’information des spectacles qui repose sur la complémentarité entre l’affiche première source de renseignement et le journal espace privilégié à la fois de prévention et de rectification des informations donc on voit bien là comment la presse devient un espace pour garantir sa situation professionnelle dans le flux constant et rapide de l’actualité théâtrale parallèlement les rédacteurs se mettent donc triplement au service de leur communauté médiatique d’abord en annonçant fidèlement les représentations ensuite en proposant une critique dramatique rigoureuse des pièces et enfin en en offrant un outil de régulation dans les rapports socio-professionnels du monde artistique les théâtres transmettent chaque jour leur annonce aux principaux journaux qui les publie gratuitement mais non sans réciprocité en effet les rédacteurs obtiennent en fait des entrées gratuites pour les spectacles c’est un procédé qui est très difficile à documenter parce que ça ne figure pas dans les archives de fonctionnement des théâtres au côté d’autres dépenses payant par exemple les imprimeurs ou les afficheurs mais cela dit on peut en retrouver quelques traces fugace par exemple dans les archives de la Comédie Française on vous en a mis un extrait ici en avril 1790 jeanchles Levacher de Charnois qui est notamment un des rédacteurs du Journal des théâtres obtient ses entrées libres à la Comédie Française un fait qui est présenté par les sociétaires comme un tribut que la comédie paye à avec plaisir au littérateur de son mérite il y a donc bien un double enjeu toujours pour les rédacteurs en lumière il s’agit d’agir pour le bien de l’art dramatique la formule est sans cesse répétée et dans l’ombre il faut bien tout de même assurer la pérénité économique de son journal donc c’est l’objet de notre 3ème et dernière partie qui est intitulée du point de vue des rédacteurs fabriquer et entretenir une communauté médiatique parmi les différentes motivation des journalistes il faut en effet redonner une place importante aux considérations financières faire de son journal le lieu d’une actualité théâtrale fiable doit sans aucun doute favoriser les réabonnements et les abonnements qui coûte environ on l’a vu dans le tableau en introduction environ 30 livres pour Paris et 37 livres pour la provencece même si c’est bien sûr variable selon les journaux mais tout cela pour êre expliqué en tout cas on en fait on en fait l’hypothèse avec avec Laurent que les journalistes façonnent leur communauté médiatique en s’appuyant beaucoup sur la figure de l’abonné qu’ils mettent sans cesse en avant cette évocation des abonnés elle est d’abord associée à celle des horaires et de la distribution très concrète des journaux on le voit là dans le Courrier des spectacles où le rédacteur précise à tout le monde à quel point il est attentif aux horaires il dit hein persuadé que notre journal perdrait beaucoup de son agrément pour nos abonnés si ne ne le recevait pas de bon heure et désirant parvenir par toutes sortes de moyens à mériter leur suffrage nous venons de prendre de nouveaux arrangement pour leur en assurer la réception tous les jours avant 10h nous prions ceux à qui il serait remis plus tard de nous le faire savoir cet ensemble des abonnés il est donc ici virtuellement uni par le partage des mêmes rythmes matinaux hein et on voit bien là ici cette dimension très concrète de la sensation de l’actualité qu’on a pu voir aussi euh ce matin avec avec Gabriel Tarde mais les abonnés constituent aussi un cercle préférentiel qui est régulièrement mis en avant concernant les publications littéraires le rédacteur du Courrier des spectacles déclare ainsi parmi plusieurs pièces de ver qui nous ont été adressés quelques-unes nous ont paru jolis mais nous insérons que ce qui est signé d’un abonné cette déférence envers les abonnés s’accompagne néanmoins de la publicisation de certains conflits de certains désaccords avec des abonnés le 7 novembre 1797 un abonné du courrier des spectacles qui se présente comme telle hein dans la première ligne reproche au rédacteur de négliger son principal objet qui est de rendre compte exactement des nouveauté de la capitale au lieu de privilégier au contraire des dissertations sur les ouvrages anciens ou étrangers qui bien que très savantes et judicieuses sont pour la grande majorité des lecteurs beaucoup moins intéressantes que le succès de tel ou tel auteur ou acteur et cet abonné c’est c’est intéressant il termine en affirmant être le porte-parole de plusieurs personnes qui désirent comme lui que le journal continue d’avoir du succès si le le le le rédacteur répond he immédiatement sur la sur la même page et il reconnaît effectivement qu’il est peut-être échapper une pièce sur un petit théâtre dont il n’a pas parlé mais il se justifie hein euh le travail qu’exige la reprise de ce journal doit rendre un peu indulgent sur ce point la publication de cet échange poursuit un double objectif d’abord cela permet au rédacteur d’affirmer en sous-texte son positionnement politique conservateur en minorant l’importance des spectacles qui sont nés de la loi de libéralisation des spectacles 2 janvier 1791 qui autorisait tout citoyen à ouvrir un théâtre sur simple autorisation de la mairie et fait qu’effectivement il y a a eu une multiplication de salles et de petits spectacles dont il faut rendre compte de l’actualité et en ce sens hein on voit bien à quel point étudier la fabrique de la communauté médiatique suppose un décentrement mais non pas une évacuation de la grille de lecture politique c’est vraiment on peut essayer de tenir les deux ensemble et en même temps il y a peut-être une oui il y a une slide qui est partie c’est pas grave euh en même temps le fait de publier un débat ou une intervention virulente ça ouvre des dynamiques de réponse et cette logique elle est poussée à l’extrême lors de la publicisation par l’intermédiaire de plusieurs journaux d’un conflit entre la comédienne ellisabeth jolie et Gaillard directeur du Théâtre de la République alors là on n plus dans le Courrier des spectacles même si la slide le laisse penser euh on est dans d’autres journaux euh cette comédienne ellisabeth jolie le 20 décembre 1796 en lisant le journal l’amie des lois elle voit une diatribe publiée contre elle hein ce sont ces mots qui l’accuse d’avoir quitté le théâtre de la République avant la fin de son contrat d’engagement elle va répliquer tout de suite par voix de presse et 4 jours après sa justification paraît dans un autre journal Le Journal de Paris premier quotidien elle affirme en fait qu’elle était victime d’un retard de salaire de plusieurs milliers de livres et donc que c’est pour ça qu’elle était partie 6 jours après ça continue son directeur gaay répond par la voix du Journal de Paris en disant si si elle avait bien été payée mais en Assignia certes euh et bon donc il en profite aussi pour exposer tous les détails contractuels qui la concern afin de la discréditer sur le marché du travail on est bien dans une dynamique où le marché du travail des comédiens fonctionne sur une interconnaissance et sur une double confiance à la fois dans les talents de la personne qu’on embauche mais également dans sa fiabilité envers le respect de son engagement on reste 1 an ou 2 ans si on a été engagé on ne part pas avant chacune de ces lettres euh envoyé par Mademoiselle jolie et son directeur occupe tout de même deux colonnes dans chaque numéro du Journal de Paris soit un/4 de chaque numéro et cet échange hein ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de sores de petit feuilletons théattraau qui fédère finalement la communauté médiatique à de plonger toujours dans les coulisses de leur spectacle favoris là on a on a pu voir un certains trait commun avec les logiques du roman feuilleton qui se développera dans la presse dans les années 1830 où on a cette avidité de revenir vers des histoires qu’on qu’on est en train de lire et qui se déroule sous nos yeux au fur et à mesure parallèlement ce qui montre aussi les les les continuités si vous voulez c’est la récurrence des pseudonymes euh le pseudonyme le plus récurrent et le plus connu hein c’est celui de théâtrophile on le retrouve dès les premiers numéros du journal des théâtres donc dès 1776 mais ensuite on le voit apparaître dans le Journal de Paris et encore toujours dans le Courrier des spectacles en toute fin de siècle toujours avec des caractéristiques d’écriture similaires c’est-à-dire que c’est un ton qui est très intransigeent qui fustige les moindres erreurs des comédiens en développant vraiment une vision de l’esthétique du théâtre fondée sur une rhétorique très classique ces choix comme ça de de de publier des des des choses et des éléments récurrentin on peut faire l’hypothèse que c’est pour des raisons également financières de fidéliser sa communauté d’abonnés en effet les dernières décennies du 18e siècle correspondent à des moments à un moment de restructuration de l’économie des périodiques et là pour le comprendre on propose de faire un petit détour par par les annonce he qu’on a qu’on a vu aussi dans la communication précédente en s’appuyant notamment sur les travaux donc de Gilles fyel qui a beaucoup étudié le modèle de la presse d’annonce il insiste bien sur un double tournant dès 1760 dans les annonces de province faire l’annonce d’un bien ou d’une demande de placement de domestique devient payant avec un prix proportionnel au nombre de lignes ce euh cette dimension payante pour Paris elle apparaît en 1788 donc plus tardivement or durant la décennie révolutionnaire ce principe de monétisation des annonces s’étend à des journaux généralistes comme le Journal de Paris mais également comme le courrier des spectacles et en 1798 justement ce dernier fait évoluer son format éditorial en publiant désormais un supplément supplément dans lequel il y a des nouvelles politiques notamment mais dans le supplément et également des annonces de livres nouveaux et pour faire passer ces annonces et bien il fixe des prix donc on y insérera toutes sortes d’autres annonces à raison de deux sols par ligne au-dessus du nombre de 12 et de moitié seulement pour les articles qui excéderont ce nombre et c’est ce qui nous intéresse les abonnés ne payeront que moitié pour les articles qu’ils voudront faire insérer cette mise au point ici vient redoubler le lien économique entre les abonnés et leur journal en plus du financement régulier qu’ils apportent les abonnés sont désormais sollicités pour nourrir la deuxième source de financement du journal à savoir les annonces publicitaires ponctuelles cela acte donc une stratification économique entre les abonnés et la globalité des lecteurs en accordant au premier un tarif préf férentiel pour payer leurs annonces deux fois moins cher donc là ici he plutôt qu’une communauté médiatique horizontale ce qu’on voit plutôt apparaître c’est plutôt un modèle par cercle concentrique autour d’un noyau fort d’abonnés hein et on retrouve là Camille qui nous parlait aussi de de de différents cercles donc là voilà on voit que c’est c’est un point un point commun quelques mots très rapides pour conclure cette communauté médiatique elle apparaît d’abord comme un groupe de lecteurs consommateurs qui rassemble des amateurs et professionnels de théâtre qui sont en quête de sources fiables pour s’informer et pour communiquer autour des spectacles cette communauté elle fonde son intervention sur le postulat qu’elle peut amener des transformations effectives dans la sphère des spectacles en renforçant une crédibilité professionnelle en corrigeant une information erronée et cetera le périmètre social euh à part dit très très complexe à saisir hein bien évidemment mais cela dit elle apparaît essentiellement masculine puisqu’on a quand même une très grande majorité de lettres qui sont écrites par des hommes soit signé un abonné soit par des par des personnes qui ne sont pas anonymes et en même temps cette communauté médiatique elle se présente aussi comme une sorte d’abstraction qui est créé par les rédacteurs pour mieux cibler leur lectorat et pour assurer la pérennité économique de leur entreprise donc cette étude elle montre finalement on l’espère en tout cas l’intérêt de procéder à un décentrement c’est-à-dire qu’en se focalisant sur les médias occupés par la commercialisation des loisirs cela permet de mettre en lumière d’autres dynamiques que celle des usages politiques des journaux durant la décennie révolutionnaire période où s’entrecroise deux processus de libéralisation celui des spectacles et celui de la presse consacrant à la fois les médias comme un espace de régulation des conflits professionnels et accélérant aussi l’adoption du modèle de financement de la presse d’annonce par les journaux généralistes on vous remercie de votre attention [Musique]

    Leave A Reply