FR – Journées D’Été des Écologistes 2024 à Tours – “L’écologie pour changer le travail” avec François Ruffin, député Picardie Debout de la Somme (Groupe Écologiste et Social – NFP), Agathe Le Berder, Secrétaire générale adjointe de l’Union Générale des Ingés, Cadres & Techs de la CGT., Cyrielle Chatelain, Présidente du Groupe Écologiste et social à l’Assemblée et députée Les Écologistes de l’Isère, Thomas Coutrot, économiste et statisticien Majdouline Sbai, eurodéputée Europe Écologie (Groupe des Verts-ALE), et Charles Fournier, député Écologiste et Social – NFP d’Indre-et-Loire – sam 24.08.2024 – Tours, France.

Thomas Coutrot (à 8:27): “Il y a toute une série de philosophes, de politistes, et même de psychologues du travail, comme Christophe Dejours ou Yves Clot, qui ont identifié le fait qu’être soumis à un travail aliéné, répétitif, où on n’a pas son mot à dire, où on est un objet, et pas un sujet, ça a des conséquences sur la manière dont on conçoit, dont on se voit comme citoyen dans la sphère publique.

Si vous passez votre temps à obéir passivement à des ordres dans l’entreprise, vous n’êtes pas en mesure de déployer un agir citoyen, éclairé et autonome, vous vous considérez comme incompétent de toute façon, et ça va vous amener soit à l’abstention, soit à un vote d’extrême droite. (…)

On ne pourra revitaliser la démocratie politique qu’en revitalisant aussi la démocratie au travail, et je pense que pour les écologistes il y a aussi un enjeu très important derrière ça qui est la question de ralentir, il faut qu’on ralentisse la machine infernale dans laquelle nous sommes aujourd’hui, en somme on a besoin de ralentir pour délibérer, et on a besoin de délibérer pour ralentir (…)”

Agathe Le Berder (à 25:05): “Aujourd’hui, le travail, c’est pas un lieu démocratique en fait ; l’employeur a tous les pouvoirs en matière d’organisation du travail, sauf quelques rares exceptions, on a parlé des Scops tout à l’heure, ça a été évoqué. (…)

Il y a des luttes syndicales gagnantes, pour repartir avec de l’espoir sur ce sujet: chez EDF, dans le secteur de l’énergie, une mobilisation historique menée par l’ensemble des syndicats, mais évidemment portée par la CGT, pour lutter contre le projet Hercule de démantèlement de l’entreprise EDF: c’est une victoire syndicale, on a réussi à faire reculer à la fois Macron et le patron at de l’énergie sur ce dossier. (…)”

François Ruffin (à 39:03): “Moi quand j’arrête de travailler, franchement, quand l’Assemblée elle arrête de travailler, c’est pas un souci majeur pour le pays. Quand on n’a pas de gouvernement pendant 2 mois on s’en sort encore.

Mais si jamais pendant 2 mois, vous n’avez plus de caissière, si jamais pendant 2 mois, vous n’avez plus de cariste, si vous n’avez plus de manutentionnaire, si vous n’avez plus d’auxiliaire de vie, si vous n’avez plus d’aide à domicile, si vous n’avez plus d’assistante maternelle, si vous n’avez plus tout ça, la société elle s’arrête immédiatement ! (Applaudissements) (…)

Il y a aujourd’hui 100.000 inaptitudes par an, c’est le Ministère du Travail qui a fini par me révéler ce chiffre(…), il y a au moins 100.000 personnes qui entrent à Pôle Emploi pour cause d’inaptitude. Les deux plus gros facteurs ce sont les TMS, troubles musculo-squelettiques, donc c’est physique, le 2e gros bout ce sont les burn-out, donc ce sont les troubles psychiques, voilà les 2 gros facteurs (…) En 10 ans ça a doublé, on est passé de 50.000 à 100.000, et c’est ce mal-travail-là que j’ai tenté de révéler.

Maintenant, puisque je m’adresse ici aux écologistes et, au-delà, à la gauche, je pense que si on dit tout ça sur le travail, c’est au nom du travail. C’est au nom des travailleurs. Je le dis franchement, c’est pas pour supprimer le travail, parce que si non supprime le travail, il n’y a plus rien qui existe: cette tente, elle a été montée par du travail, qu’il soit salarié ou bénévole ; (…) Donc quand on vient faire la critique du travail tel qu’il existe aujourd’hui, c’est pas pour le faire disparaître. (…) Mais en revanche c’est bel et bien au nom du travail ! Je le dis parce que le travail a cette double face, d’être à la fois un e souffrance et une douleur aujourd’hui pour bien des personnes, et en même temps sur la 2e face du travail, y’a la fierté et il y a l’utilité. Et il ne faut pas qu’à gauche on oublie. la part de fierté et d’utilité de participer à la société (Applaudissements) (…)

C’est le seul chemin que nous avons pour faire une écologie populaire. Si nous ne plaçons pas le travail comme trait-d’union entre écologie et populaire, nous n’arriverons pas à rendre l’écologie populaire. (Applaudissements) (…) L’écologie, c’est du travail ! (…)

Les Français, tous les habitants de notre pays doivent pouvoir vivre de leur travail, il doivent pouvoir bien en vivre, et pas en survivre, et ils doivent pouvoir bien le vivre ! Je vous remercie. (Applaudissements)”

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