Colloque : Despotismes orientaux, du proche à l’extrême
    Conférence du 27 juin 2024 : Ce que le despote doit au calife, ou comment la figure du despote oriental s’est nourrie de références médiévales

    Intervenante : Emmanuelle Tixier du Mesnil, Université Paris Ouest

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    Chaire Histoire intellectuelle de la Chine
    Professeure : Anne Cheng

    Chaire Histoire contemporaine du monde arabe
    Professeur : Henry Laurens

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    [Musique] nous commençons par Madame Emmanuel tier du pour qui j’ai le plus grand respect pour son travail et sa personne d’ailleurs ce que le despote doit au calife ou comment la figure du despote oriental sénorit de référence médiévale cher ami c’est à vous merci beaucoup alors comme le suggère le petit résumé qui présente le colloque que vous voyez au dos de la brochure le motif du despote oriental est esquissé par les Grecs dans l’Antiquité puis repris par les Européens pour pour décrire l’Empire ottoman à l’époque moderne ces deux jalons posés sur le long chemin qui nous mènent à l’analyse du contemporain sont essentiels car ils témoignent de l’existence d’un topos qui serait d’autant plus solidement construit qu’il aurait été par des pot successifs de sens au cours des siècles on aurait là et c’est essentiel quand on fait de l’histoire sur le temps long une véritable chaîne de continuité qui légitimerait de ce fait ce cliché ce stéréotype et donc d’une certaine manière qui nous autoriserait à rechercher la part de vérité qui le fond historiquement et qui en fait bien plus qu’une simple projection fantasmée sauf que voilà un détail ne vous ne vous aura certainement pas échappé un détail qui compromet clairement l’équilibre de cette construction entre l’Antiquité et l’époque moderne il a le Moyen-âge et autant vous donner tout de suite ma conclusion cela nous fera gagner du temps le moyen-âge ne formule pas le motif du despote oriental j’ai interrogé mes collègues spécialistes des miroirs des Princes comme lidwin Scordia ceux qui ont travaillé sur la philosophie politique de l’Occident latin médiéval sur Thomas dquin sur Jean selsbury ou sur Albert lerand point de despote oriental à l’horizon en tout cas rien qui ne pourrait faire penser à la récurrence de ce topos à l’époque moderne il y a certes dans les miroirs des princes des exemples de mauvais souverains généralement qualifiés de tyran mais en dehors de la référence biblique à Pharaon la figure la plus commune du tyran est assez peu orientale c’est celle de deid de Syracuse qui est surtout associé au détournement de richesse à l’impôt indu et à la démagogie depuis Aristote et quand Marcil de Padou Guillaume d’cam dans la première moitié du 14e siècle oppose le principatus regalis au principatus despoticus en matière de despote il pense au pape Carole Mabou a vérifié dans une base consacrée aux occurrences en italien médiéval euh et jusqu’au 15e siècle le terme despote n’est utilisé qu’extrêmement rarement et d’une façon tout à fait technique pour désigner un titre byzantin si on s’entient maintenant à cette part de l’Orient à laquelle l’Occident latin s’est heurté directement et frontalement lors des croisades à savoir le monde islamique le seul souverain oriental à peu près identifié et dont le nom était connu en Europe au Moyen-Âge c’est Saladin qui reprend Jérusalem au croisé en 1187 or il est dépeint dans cette littérature en latin comme un preux tant on imagine même que la mè était chrétienne tant il semble incarner les valeurs de la chevalerie l’idée d’un souverain islamique qui incarnerait le despotisme oriental et qui serait de ce fait un contremodèle politique une manifestation de l’altérité cette idée n’apparaît pas dans la littérature de l’Occident latin au Moyen-Âge elle est élaborée à la Renaissance à cause du danger ottoman et réactivé au fil des siècles notamment pour alerter sur les dangers du glissement vers l’absolutisme dont on sait depuis Alexandre qu’il est la tentation de tout souverain alors cela ne signifie pas pour autant qu’il faille écarter d’un revers de manche la période médiévale car c’est dans le stock de ces références que la modernité est allé puiser pour nourrir pour donner chair à la figure du despote oriental inspiré dès le 16e siècle notamment sous la plume de Jean Baudin par le monarque de la Perse S vide mais surtout par le Grand Turc souverain d’un empire ottoman qui est aux portes de l’Europe depuis la prise de Constantinople en 1453 et même avant il s’agit là de rois musulmans perçus comme les continuateurs des califes médiévaux ces cours médiévales ont assurément nourri un imaginaire qui après le moyen-âge a engendré en Occident toute une série de représentations plus ou moins fantasmées qui d’ailleurs tirent moins leur origine de description de voyageurs européens que de la littérature arabe elle-même reprenons les grands thèmes qui constituent l’ature en quelque sorte de la figure du despot oriental celui-ci règnerait en maître sur une masse d’esclav il se caractériserait par une pratique ératique et particulièrement cruelle du pouvoir dicté par la passion et non par la raison comme l’ont montré notamment les travaux de Joceline darlia je crois qui a été cité tout à l’heure par Stéphane en particulier son ouvrage intitulé l’empire des passions l’arbitraire politique en en Islam paru chez OB en 2005 ce serait le triomphe de la violence de l’arbitraire et du favoritisme de la dévoration des vies des richesses et des femmes et ce n’est pas un hasard si le lieu qui symbolise au plus haut point ce despotisme oriental dans l’imaginaire de la modernité et le sérail le harem ou le souverain trône dans une solitude virile entouré de nuuc et de concubines sur lesquels il exerce une forme de despotisme privé qu’il prolonge par un despotisme public asservissant une masse de sujets amorpes son but n’est pas de servir le bien commun mais d’assouvir ses désirs reprenons quelques-uns de ces éléments cela se nourrit d’une fascination pour les cours orientales et notamment les cours califales fascination qui a été au cœur d’une importante littérature en langue arabe dès l’époque médiévale littérature qui a mis en SC la splendeur de ces milieux oliques et la complexité des relations qui s’y nouaient Joceline darlia commence à juste titre son étude sur l’empire des passions en rappelant un épisode matriciel de la culture politique islamique les rapports de proximité extrême allant jusqu’à la passion physique entre le calife Haroun alrashid qui règne entre 786 et 809 de leur commune et son vizire jajaffar Jaffar le besside l’emprise qui exerçait celui-ci sur le Califa basside puis lorsque la roue de la fortune tournait son exécution ainsi que celle de presque toute sa famille sur l’ordre du souverain en 803 c’est un épisode qui a profondément marqué peut-être même choqué les contemporains et dont on retrouve les CA jusque dans les mil une nuits on y mesure l’importance de la faveur qui élève un courtisan jusqu’au sommet puis le puis le réduit à au gré des caprices du souverain et l’historiographie islamique médiévale a ressassé ce thème du favori venu de rien ce qui n’était certainement pas le cas de jajaffar qui appartenait à une très grande famille d’origine persane mais c’est néanmoins devenu un ponif de la littérature politique arabe dès l’époque médiévale notons toutefois que la question de la faveur et du favori est un thème que l’on trouve également dans la littérature de l’Occident latin mais là c’est interprété pour s’en réjouir ou pour le déplorer comme un contrepoids au pouvoir de la famille du souverain ou des grands lignages c’est évidemment également le cas dans le monde islamique où il existe des contrepouvoirs ce n’est pas l’apanage de l’Occident ce qui a également nourri l’imaginaire du despote orientale c’est la splendeur de secours califal celle de Bagdad au premier chef mais aussi celle du CER fatimide ou de la Cordou omomeéade au 10e siècle il faut je pense une ampleur impériale une accumul tion de richesse et de sujets qu’on trouve effectivement dans les cours califales ainsi qu’à Byzance autre cours oriental en Chine ou en Inde on pourrait prendre pour le moyen-âge l’exact contrepied de Norbert Ellias les sociétés de cours sont pour la période médiévale impériale et donc forcément orientale le caractère plétorique de ces cours notamment en raison de la présence massive d’esclav est effectivement souligné il y aurait eu à la cour du calife almuktadir le Califa basside qui régnait à Bagdad de 808 à de 909 pardon de 908 à 932 je cite 11000 servantes 7000 esclaves noirs 4000 esclaves blancs et des milliers de serviteurs de chambres on n aucune idée de la fiabilité de ces chiffres mais là aussi ils ont évidemment contribué à nourrir un imaginaire la littérature arabe médiévale abonde en anecdote sur cette splendeur le kitabal arani le livre des chansons Talis farani qui meurt en 967 les nombreux miroirs des princes les ouvrages sur l’étiquette et le protocole Abasside notamment les règles de la maison du calife écrit au 11e siècle par le secrétaire il saabi mettent en scène la richesse de ces milieux régie par un protocole inspiré notamment de celui des Sassanides de l’Empire persan ce qui explique notamment la progressive invisibilisation du souverain séparé par un voile de ces sujets par le gardien du voile le chambelan le Hajib c’est la même racine que le mot hijab le cérémoniel on le voit est un instrument de pouvoir qui permet de domestiquer les courtisans en assignant à chacun une place au sein de ce dispositif humain et spatial organisé autour du souverain qui est la cour car là dans ces cours islamique bien plus que dans l’Occident latin de disons des 2 tiers du Moyen-Âge la cour est le lieu obligé de la redistribution des richesses car l’aristocratie n’y est pas féodale et foncière c’est le service du prince qui conditionne les postes et les rétributions on concède des ictas c’est-à-dire des revenus de la terre et non pas la Terre elle-même le livre des dons et des raretés qui est repris au 11e siècle en milieu fatimide puis recopié au 15e siècle sous les mamelouques recens les anecdotes sur la générosité des rois alimentant l’idée de leur toutepuissance toute position dans l’administration califale était source de gain financier notamment le visira fonction aussi lucrative que dangereuse car en cas de révocation le vizire et sa famille risquaent d’aller d’aller en prison d’être torturé et de voir leur fortune confisquer ce qui a surtout frappé à la fin du Moyen-âge les ambassadeurs et les voyageurs occidentaux c’est ce qu’ils interprètent comme une société sans noblesse de de sang et donc tout y serait conditionné par la faveur du prince ce qui est en fait une mauvaise compréhension du fonctionnement des élites social dans leur diversité venons-en maintenant à ce lieu qui a alimenté tous les fantasmes et a contribuer à la constitution du motif du despote oriental il s’agit bien sûr du harem j’ai pas mis de PowerPoint pour pas vous distraire parce que des images d’odalis kalalangi juste après le repas ces clichés en ont fait un lieu hypersexualisé où justement de magnifiques femmes à langi attendent le bon vouloir de leur Seigneur et Maître le le terme est très peu utilisé dans les sources médiévales arabes mais signifie d’abord les appartements privés du souverain et non un quartier qui serait interdit car sacré d’ailleurs à madinzahra qui est le complexe palacial édifié à quelques kilomètres de Cordou au 10e siècle pour abriter la cour romeyade mais aussi dans la lambr de Grenade ou dans d’autres palais les archéologues sont bien en peine pour essayer de localiser dans les complexes palatins un espace spécifique qui constituerait le harem certes le prestige du Calif jusqu’au 11e siècle au moins a pu être associé à la possession de nombreuses concubines mais les grands gyessés califiens étaient certainement pas ces lieux totalement clos et inaccessibles exclusivement liés au plaisir sexuel du S souverain qu’on imaginer les Occidentaux de l’époque moderne essentiellement pour les présenter comme l’antithèse des cours d’amour ou des cours galantes forcément mixte de l’Occident comme l’a montré Alain grorichard dans structure du serrail la fiction du despotisme asiatique dans l’Occident classique paru aux éditions du Seuil en 1979 le topos du despote oriental s’est nourri de cette vision de la dévoration des femmes par une sorte de souverain ogre esclave lui-même de ses passions dans l’espace reclus du harem et qui n’aurait supporté aucune rivalité masculine un personnage sorte de double inversé du despote symbolise toute la violence de ce processus c’est évidemment leenuc il est effectivement présent dans les cours Islamiques médiévales mais également à Byzance où les débats ont été nombreux et tout à fait passionné sur la catégorie à laquelle appartenaient les eunucs on les trouve aussi en Chine en Inde et dans d’autres parties du monde le le nuuc il me semble c’est l’indice de l’Empire que ce soit à Rome à Bagdad à Byzance ou dans Game of Thrones parmi ces eunuques beaucoup sont des militaires de haut fonctionnaires civils et pas simplement des gardiens de harem et on a de nombreux exemples d’eunuc qui accédèrent à de très hautes fonctions sous les différents califats certains même régnère en allandalouse au 11e siècle la mutilation dont ils ont fait l’objet nourrit l’image de cruauté du despote qu’il a leur infligé ainsi que leur propension à faummenter des complots au cœur du harem sorte de contrepoids à leur impuissance sexuelle toutes ces images évidemment sont évoquées sont formulés par la modernité ces eUes sont des esclaves ou des affranchis onont rejoint là un motif essentiel du topos du despotisme oriental le fait que ces souverains régneraient sur des Cortes d’esclav dans l’espace domestique et par prolongement sur des masses de sujets à servi et cet entourage d’esclav constitue vraiment l’une des fondations de ce thème puisque nul frein n’existerait en à leur pouvoir on a certes puisé là aux sources de la réalité de ces cours médiévales qui abrit je l’ai dit une très nombreuse main d’UV Serville mais il s’agit également d’une mauvaise compréhension du rôle joué par les esclaves à la cour et plus largement du fonctionnement de ses cours les mameloues littéralement les choses possédées y occupaient des fonctions de premier plan ce qui ne signifie pas pour autant l’absence de ce qui pouvait s’apparenter à des grandes familles ou à une noblesse les lignages de aan qui présent qui prétendaient pour les plus illustres d’entre eux remonter à la famille ou à la tribu du Prophète Mohammed se sont illustrés dans la vie intellectuelle et religieuse dans les grandes charges civiles dans les vastes entreprises du négos et autres activités mais contrairement à ce qui était pratiqué dans l’Europe médiévale cette noblesse entre guillemets a été écartée du métier des armes depuis au moins le 10e siècle quand ce furent essentiellement des Turcs au Moyen-Orient et des Berbères au Maghreb qui ont été recrutés pour remplacer la vieille noblesse arabe désarmée par les califes qui redoutai sa concurrence les hommes d’armes issus des peuples nouveaux dans l’histoire de l’islam ces Turcs ces CDES ces berbèes dont certains sont passés par l’esclavage ont occupé très tôt les charges militaires les plus importantes selon un schéma impérial constituant des gardes prétoriennes qui finirent par faire et défaire les califes que ce soit la cour abassde à celle des Fatimides du Ker ou dans l’empire omeyade d’alandalous l’acmé l’aboutissement de ce processus c’est lorsque ces hommes issus de l’esclavage parviennent sur les trônes sultaniens ce quiévoqué Henri Laurence ce matin avec les mamelou et lorsqu’ils exercent eux-mêmes le pouvoir et ce fut le cas effectivement en Égypte et en Syrie entre 1250 et 1517 dans le cadre du trèspissant Sultana mamelou dont la richesse et le rayonnement furent bien supérieurs au 14e siècle par exemple à ceux de la France ou de l’Angleterre englué dans la guerre de 100 ans je renvoie notamment aux travaux de Jean-Claude Garsin et de Julien Loiseau sur le fonctionnement de ce régime politique au sein duquel il fallait passer par le moule de l’esclavage militaire pour se hisser sur le trône les fils de Sultan mamlou qui donc sont né libre ne pouvait pas devenir sultan mamlou dans ce cas très précis il ne s’agit donc pas d’un despote régnant sur des esclaves mais d’une certaine façon de l’inverse les esclaves règnent ou du moins les exesclaves règnent puisque ces mamlou sont affranchis élevés dans l’Islam et affranchis élevés dans l’Islam parce que raptait en dehors des frontières de l’Empire essentiellement dans la STEP kitchak au sud de la de la Russie dans le les grandes plaines sud de la Russie de l’Ukraine actuelle euh là aussi ça ne pouvait que sidérer des observateurs occidentaux habitués à envisager le pouvoir comme l’apanage naturel d’une noblesse héréditaire ils y ont vu la loi des Turcs c’est-à-dire le coup d’état permanent le remplacement d’un sultan par un autre au moyen de l’assassinat et la aussi c’est infiniment plus complexe sur plus de de siècles et demi de fonctionnement il y a eu des périodes de stabilité politique indéniiables voire des vertu au système notamment aux yeux du grand analyste qui est Ibn Khaldoun au 14e siècle puisque selon lui le pouvoir mamelou ne vieillit pas ne s’épuise pas dans la succession dynastique et se renouvelle constamment il n’empêche que cette présence visible et au premier plan des esclaves ou plutôt des exesclaves fut certainement l’une des matrices du motif du despotisme oriental je voudrais redire en conclusion que même si la modernité a largement puisé dans des références médiévales de quoi modeler la figure du despot oriental qu’elle créait le moyen-âge lui ne l’a pas pensé en ces termes il faut évidemment nous demander pourquoi cela tient essentiellement au fait que le moyen-âge occidental ne formule pas l’altérité du monde islamique et ce pour plusieurs raisons la première c’est qu’il faut attendre le 12e siècle au moins et la première traduction du Coran à l’instigation de l’abbé de Cluni Pierre le Vénérable pour que l’Europe médiévale comprenne que l’islam était une autre religion et non une hérésie chrétienne parmi les 1000 autres identifiés la seconde est qu’il y a une culture politique en partage née de la réception de commune de l’héritage aristotélitien la conscience est vive dans les milieux univers ir qui sont en train d’émerger au 12e et au 13e siècle que ces textes de l’Antiquité notamment l’œuvre d’Aristote sont parvenus par le truchement des arabes qui sont perçus comme un peuple de SAG à l’instar des Grecs anciens avoes appelé le commentateur par les tenants de la scolastique et le second père avec Aristote d’une partie essentielle de la réflexion philosophique et théologique de l’Occident latin médiéval cela ne se fait évidemment pas sans débat et sans polémique comme en témoigne la querelle avroistste mais il faudra plusieurs siècles avant que l’Europe moderne par peur du Grand Turc mais aussi par peur de l’évolution vers l’absolutisme invente le motif du despote oriental et pose les bases de l’altérité politique du monde islamique c’est ce qui sera repris dans les histoires universelles élaborées en Europe au 19e et au 20e siècle lorsque l’islam avec un I majuscule hein c’est-à-dire l’empire de l’islam le monde de l’islam lorsque l’islam y jouera le le rôle de cet autre nécessaire ce meilleur ennemi plus proche que l’Inde ou la Chine et dont la présence est nécessaire pour livrer une explication globale du monde ce stéréotype du despot orientale inventé par la modernité a même été intégré par l’Orient ou par les orients eux-mêmes comme l’ont montré les travaux sur l’orientalisme depuis Édouard Saïd ce cliché en Europe a été ressassé je dirais jusqu’à la lie par le contemporain et jusqu’à aujourd’hui quand je dis aujourd’hui c’est vraiment aujourd’hui même disons maintenant pendant ces semaines dans la mesure où les dangers et les impasse auquel mène l’altérisation de l’islam nous envoyons aujourd’hui directement les conséquences le moyen-âge à mon avis était certainement moins barbare et moins bête merci merci manuel je dirigé j’ad une thèse sur une relation de voyage d’un Marocain h dans la cour royale d’Espagne dans les années 1690 qui venait négocier des histoires de captifs à racheter choses comme ça et dans cette narration de voyage j’ai dit c’est affreux le régime des Frans ENF des Espagnols dans le cas précis les le Souverain a tous les pouvoirs il a aucun contrepouvoir contrairement au sultan du Maroc et toutes les familles sont aux mains des curés qui tiennent c’est-à-dire qu’en trois lignes notre voyageur marocain avait inventé le despotisme des Frans et le fanatisme religieux des chrétiens comme quoi les regards se croisent et puis évidemment sur les haremes bon moi j’ai travaillé jadis sur la politique du harem dans l’Égypte du 18e siècle qui montre que c’est une affaire beaucoup plus compliqué que ce qu’on l’imagine d’autant plus ENF disons que la femme est un instrument de transmission du pouvoir entre les maisons mamelou de la seconde moitié du 18e siècle on a une personnalité exceptionnelle C Nafissa qui est l’épouse excessivement de Ibrahim de Ibrahim et qui négocie avec les Français et les Anglais donc on voit que ces questions sont beaucoup plus complexes que cela bien manuel merci [Applaudissements] [Musique]

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