Cycle de conférences publiques 2023-2024 – Laboratoire RIFT
    “Prendre soin dans le monde” – Perspective du care et formation d’adultes

    Conférence du 27.02.2024
    Le care est-il utopique ?
    Vanina Mozziconacci (Université Paul Valéry Montpellier)

    Vidéo en audio uniquement
    Présentation accessible : https://www.canva.com/design/DAF95TmUx4Q/KC_mBQ2K-kNXdA5W6L5MTw/edit

    Résumé de la conférence
    La forme utopique que prennent certaines théorisations du care donne à réfléchir sur ce que nous devrions attendre d’une conception féministe de l’éducation qui engage une refonte des institutions éducatives. Si le care ne se réduit pas à un seul enjeu éthique mais constitue bien un enjeu proprement politique, penser à l’échelle de l’institution permet de concevoir le social avec le moral – or, l’éducation pose précisément la question du passage d’une échelle à l’autre. Je montrerai qu’une pédagogie du care – version éducative d’une éthique du care – ne peut pas être le tout d’une redéfinition de l’éducation visant à (re)valoriser le care. Le projet doit être plus vaste : il faut, pour l’éducation, comme l’exige Joan Tronto, prendre en considération des « niveaux de care les plus étendus » en gardant à l’esprit que « toute théorie morale s’accorde mieux avec certaines institutions sociales qu’avec d’autres ». À quoi ressembleraient alors des institutions éducatives de care à la fois féministes et démocratiques ?

    La conférencière
    Vanina Mozziconacci est agrégée de philosophie et maîtresse de conférences en sciences de l’éducation à l’Université Paul Valéry Montpellier 3. Elle est rattachée au laboratoire CRISES (EA 4424). En tant que cofondatrice du laboratoire junior GenERe (Genre : Épistémologie & Re- cherches), elle a codirigé l’ouvrage Épistémologies du genre. Croisements des disciplines, intersec- tions des rapports de domination (ENS éditions, 2018) ; elle a également publié Qu’est-ce qu’une éducation féministe ? Égalité, émancipation, utopie (Éditions de la Sorbonne, 2022).

    Le laboratoire RIFT
    Le Laboratoire RIFT (Recherche – Intervention – Formation – Travail) a été créé en 2002 dans le secteur de la Formation des Adultes de la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education de l’Université de Genève. Il a pour vocation d’articuler de manière critique recherche, intervention, formation et travail.

    Il vise deux objectifs principaux:

    1. Constituer un lieu d’échanges et de débats scientifiques. Dans cette perspective, le laboratoire organise des manifestations et des activités concernant la Formation des Adultes: conférences publiques, journées d’études, publications. Par ce biais, le Laboratoire RIFT œuvre à la mise en réseau et aux échanges entre différents partenaires et institutions partageant des intérêts communs pour la Formation des Adultes.
    https://www.unige.ch/fapse/rift/

    2. Contribuer à la conception, la réalisation et l’analyse d’interventions-recherches menées par les membres et les unités qui le constituent
    https://www.unige.ch/fapse/rift/portail-intervention-rift/

    bonsoir voilà je vous propose qu’on qu’on démarre alors je vous souhaite la bienvenue à chacun et chacune donc nous sommes très heureuses avec Cécilia mornata euh donc ma collègue de formation des adultes qui est allé voir s’il y avait quelques personnes qui étaient qui s est peut-être trompé de couloir pour la salle donc elle va elle va arriver donc bienvenue pour la 4e Conférence de du cycle prendre soin dans le monde perspective du CER et formation d’adultes alors juste un petit rappel sur ce cycle donc nous l’avons débuté à l’automne 2023 dans le but de questionner je cite le discours le notre intervention d’ouverture en octobre nos activité d’éducation de recherche et d’intervention en formation des adultes afin d’être en mesure d’assumer la responsabilité éthique et politique de percevoir l’autre en particulier celles et ceux qui sont réduits au silence de reconnaître et entendre leur voix et d’être avec pour s souhaiter de part et d’autre trouver ensemble un moyen de rendre l’environnement source d’émancipation et de vitalité alors pour penser collectivement ces in attention nous avons eu le privilège d’accueillir Patricia Paperman de l’Université Paris 8 ensuite coutararchie de la HTS à Genève et en décembre Gayatri chravortis Pivac de l’université Colombia aux États-Unis aujourd’hui nous avons l’immense plaisir d’accueillir Vanina moikonaci qui est agrégée de philosophie et maîtresse de conférence en sciences de l’éducation à l’université Paul valéie à montpell alors Vanina mozikonaci a cofondé un un notamment un laboratoire junior genre épistémologie et recherche ce laboratoire qui a été actif pendant 4 ans a donné lieu à une publication qui s’intitule épistémologie du genre croisement des disciplines intersection des rapports de domination ça donne déjà un petit peu euh voilà les objets sur lesquels elle travaille en 2022 elle a publié un magnifique ouvrage puisque je l’ai pris je vous le montre a peut-être qu’il qu’il le connaissent donc voilà ce magnifique et imposant ouvrage qui s’intitule qu’est-ce qu’une éducation féministe égalité émancipation utopie et outre ses talents de penseuse et d’écrivaine Vanina mozikonci est aussi une dessinatrice je me permets de de dire parce que je crois que c’est une passion et elle a participé à la publication d’une bande dessinée qui s’appelle héroïne la représentation féminine dans la bande dessinée voilà elle aura encore peut-être d’autres choses à dire sur son parcours en lien avec la la conférence que nous allons entendre et j’aimerais encore vraiment la remercier très chaleureusement d’avoir accepté de de participer à ce cycle de conférence et puis vous aurez aussi le plaisir hein on vous avait annoncé aussi une publication en lien avec ce cycle de conférence qui va qui est à bout touchant et qui va paraître fin mars dans la revue transformation donc je lui laisse la parole pour ce titre intrigant et peut-être provocateur le CER est-il utopique donc à toi la parole et merci beaucoup merci Mar est-ce que ouais est-ce que j’ai besoin d’utiliser le micro ou est-ce que ça va à peu près ouais ça va la salle est pas très grande alors merci à tous et à toutes V présence merci à Cécilia et Marie von de leur invitation ça fait quelques semaines quelques mois qu’on travaille très régulièrement ensemble je suis très contente de revenir parce que j’étais déjà venu il y a quelques semaines et très contente de faire partie de de cette équipe des conférences du Rift eu alors aujourd’hui je voilà ce que je voudrais faire avec avec vous c’est aborder une dimension du cur que je qualifie d’utopique et voir éventuellement comment cette qualification peut nous aider à penser des questions éducatives alors il faut d’abord que je dissipe un malentendu probable qui est que demander si le CA est utopique ça doit s’entendre d’une façon euh on va dire finalement assez neutre c’est-à-dire que se demander si le cur est utopique dans cette l’exposé que je vais proposer c’est pas se demander si par exemple le CER serait irréalisable inatteignable serait un doux rêve qu’on ne pourrait en fait pas concrétiser ce n’est pas utopique dans le sens péjoratif d’ réaliste euh c’est c’est un en fait c’est utopique dans un sens beaucoup plus neutre qu’on pourrait finalement euh euh considérer comme synonyme de euh est-ce que le caer nous nous invite à recartographier autrement la société c’est-à-dire à la redessiner autrement euh et si on veut tirer ça dans un sens un peu plus radical ça pourrait être synonyme de le CER est-il révolutionnaire euh alors pourquoi euh pourquoi ce ce titre alors pourquoi cette cette question d’un C qui viendrait nous donner des les moyens de repenser la société dans son ensemble dans sa cartographie dans ses institutions euh et bien parce que en fait il c’est une façon de se positionner contre une certaine compréhension du CER qui a été et qui est toujours mobilisé et que certaines théoriciennes féministes critiquent au premier rang desquelles une théoricienne dont vous avez probablement entendu parler qui est Johann Tronto Johan Tronto je vais développer un petit peu sa pensée dans un instant est connu pour avoir proposé de passer d’une éthique du cur à une politique du cur et dire qu’il faut que pour qu’il y ait une éthique du cœur il faut d’abord qu’il ait une politique du cœur c’est son son ça thèse ça revient en fait à comme je l’écrit ici sortir d’une robinsonade du CER donc je vais exposer ça dans un premier temps qu’est-ce que ça veut dire aborder le cur en ne ne ne tombons pas dans une robinsonade qu’est-ce que ça implique on va dire théoriquement ontologiquement mais aussi du point de vue de euh des transformations sociales et de la justice et qu’est-ce que ça a comme impact quand quand on essaie de penser le C en éducation alors c’est un peu un clin d’œil de parler de Robin sonade ici puisque euh peut-être que vous le savez mais l’un de ceux qui utilise le qualificatif Robin sonade de façon critique c’est Marx et en particulier Marx en parlant des Robin Sonades visait en fait les euh les les père de l’économie classique hein du type comme Adam Smith qui avait tendance à croire qu’on pouvait euh penser la société et les les échanges socioéconomiques à partir de deux individus comme s’ils étaient isolés comme si on pouvait les prendre voilà isolément euh comme deux entités qui se feraient face à face et d’où le terme de robinsonade Robinson il est isolé sur son île et Marx dit voilà en fait l’économie classique se fourvoie parce qu’elle pense les échanges socio-économiques sur ce modèle là alors qu’il faut les penser à une autre échelle et en fait c’est un petit peu le geste que fait Joan Tronto à propos du CER Jean tronau à propos du CER dit justement et bien pour bien comprendre comment fonctionne le CER et et comment éventuellement il peut devenir un projet de transformation sociale il faut pas s’en tenir à une robinonnade donc euh je vais développer ce point-là dans un premier temps ce sera la première partie de mon exposé euh qui est euh le qui qui revient en fait sur ce geste inaugural de Joan Tronto à savoir une personne prend soin d’une autre mais ce n’est pas tout ça ne s’arrête pas là voilà c’est pas juste une personne qui prend soin d’une autre et c’est le tout du CER euh dans un deuxième temps je reviendrai sur des ce qu’elle appelle des institutions démocratiques de CER qui sont des institut qu’elle essaie d’imaginer pour que le CER a une place euh plus juste dans la société et donc ça suppose en fait qui dit institution démocratique du CER dit imaginer un modèle de société alternatif pas seulement changer les gens à l’échelle éthique et individuelle mais vraiment penser d’autres institutions et enfin dans un 3ème temps je reviendrai sur euh les les réflexions sur comment dire les façons de repenser la carte la cartographie sociale en s’attaquant plus particulièrement à une institution qui est la famille et là je dans dans une troisème partie j’essaierai de vous résumer les les thèses en fait des féministes qui sont des féministes pour l’abolition de la famille et en quoi ça peut sembler paradoxal de primabord ces féministes pour l’abolition de la famille sont en fait des féministes qui qui essayent de faire en sorte que le CER soit plus omniprésent dans notre société alors donc reprenons sur cette histoire de Robin sonade et de pourquoi le le CER ne peut pas s’en tenir à à cette à cette échelle là où on a en fait deux personnes l’une face à l’autre un point sur sur lequel revient Johan tronau quand elle évoque les éthiques du CER et certaines une certaine compréhension des éthiques du CER qu’elle juge fautive c’est le fait que ces éthiques pour quand tel qu’elles sont pensées par certaines autrices notamment nel nodings euh ont tendance à croire que le Ker se pense selon une diade ce qu’elle appelle une diade donc voyez je lis la citation à l’écran ah tiens pourquoi est-ce qu’il nel nodings a proposé une description célèbre du C comme diadre entre quelqu’un qui pourvoit le C carger et quelqu’un qui reçoit le care care receiver et pour nodings le care n’existe pas si la personne qui le reçoit ne le reconnaît pas malgré la force de l’impression que l’image du bébé dans les bras de sa mère peut faire sur notre imagination cette image tort ce qui’est le cur il n’existe pas de robinsonade du CER dans laquelle une personne prend le soin prend soin d’une autre et c’est le tout de la situation donc ce que reproche tromto à cette conception du CER c’est de penser déjà que les relations diatiqu peuvent être prises isolément c’est-à-dire comme si par exemple effectivement que ce soit un enseignant un un formateur ou une formatrice un médecin un parent qui prend soin de quelqu’un d’autre et bien ça pouvait s’arrêter là en terme de description elle dit non en fait ces deux personnes sont elles-mêmes prises dans des réseaux de relation et notamment des réseaux institutionnels qu’il faut prendre en considération pour comprendre le CER et elle dit le problème en plus de cette image là où on a en fait deux personnes en face à face avec l’une qui prend soin de l’autre si on croit que le C c’est ça bah très vite on va tomber en fait dans des des calques où on croit que le modèle le paradigme de la relation de CER c’est la relation mère- enfant voyez c’est ce qu’elle dit hein la force de l’impression que l’image du bébé dans les bras de sa mère peut faire sur notre imagination elle dit voilà croire que le CER c’est euh par excellence cette relationl non seulement c’est euh fautif on va dire d’un point de vue ontologique parce que on a jamais une seule relation entre deux personnes qui est prise isolément mais en plus politiquement ça peut être problématique parce que cette relation elle est très asymétrique et si on commence à vouloir l’appliquer partout dans notre société on risque d’avoir euh enfin d’entériner des formes d’inégalité d’asymétrie euh de d’asymétrie de pouvoir notamment ce qui serait un problème donc euh euh en fait contre cette visionl euh ce que euh revendique Tronto c’est l’idée que il ne faut pas simplement euh réfléchir au CA en terme éthique donc au terme éthique c’est-à-dire étymologiquement éthique ça vient de ETOS donc le caractère des individus mais aussi en terme d’organisation institutionnelle puis puis que nos relations interindividuelles nos relations éthiques s’encre elles-même dans des institutions et ces institutions déterminent la possibilité ou non du CA et elle ce qu’elle ce qu’elle avance c’est que si on veut que le CER soit distribué plus justement dans notre société on on peut pas on ne peut pas se concentrer sur le fait de transformer les gens d’un point de vue éthique il faut aussi s’intéresser aux institutions dans lesquels ces gens vivent travaillent et cetera donc pour le dire autrement euh si je devais traduire un petit peu cette idée làà dans des termes qui nous intéressent à savoir les termes éducatifs ça consisterait à dire croire qu’on peut donner une place plus importante au CA au sein de notre société par le seul truchement d’une éducation morale au C c’est en fait une une impasse qui a a tendance à individualiser le caur alors que il doit se comprendre à d’autres échelles donc par exemple voilà une on va dire un projet qui consisterait à dire si on apprend le cur aux petits enfants dès la maternelle en leur donnant tout enfin en cultivant chez eux tout un tas de dispositions par exemple pour je ne sais pas l’empathie le souci et cetera ça suffira à transformer notre société à là Joan Tronto mais ce n’est pas la seule répond mais non c’est pas comme ça que ça marche c’est pas simplement en agissant sur l’intériorité et les les TOS des individus qu’on va transformer la société ce qu’il faut c’est s’interroger sur comment s’organise l’école comment s’organise la famille comment s’organise le temps de travail et cetera et c’est pour cette raison que euh Tronto à à cette remarque qui effectivement ben vous vous en doutez est déterminante dans le titre de cette conférence euh elle a elle elle soulligne que le fait que certaines des conceptions politiques du cur les plus attriantes soient utopiques devrait nous donner à réfléchir c’est qu’en fait elle dit finalement ce qui semble le plus radical en terme de transformation le plus ambitieux et le plus inspirant ce sont finalement des cons conception utopique au sens où ce sont des conceptions où on repense l’organisation sociale elle-même en prenant en considération le C et ce qu’elle quand elle dit ça donc elle dit ça d’une façon positive c’est pas c’est pas utopique je le répète dans un sens péjoratif qui voudrait dire peu réaliste ou inapplicable et cetera en mettant l’accent sur l’utopie ce que Tronto essaie de dire c’est que finalement on peut et on devrait si on cherche à à avoir une une place plus juste pour le C dans notre société à imaginer ce que serait le travail ce que serait les institutions éducatives ce que serait les arrangements intimes entre les personnes euh qui qui rendraiit davantage possible qui donnerait davantage de temps et d’espace auocire dans notre société et cette travail d’imagination et bien précisément elle va elle le fait alors elle le fait de façon très succinte et théorique mais elle le fait tout de même donc elle le fait en imaginant ce qu’elle appelle des institutions démocratiques de CER alors ces institutions démocratiques de Caer vous trouvez c’est cette description là que sur laquelle je vais je vais me fonder maintenant dans l’ouvrage qui est tout à droite qui s’appelle caring democracy euh donc c’est pas il y en a un qui est plus connu qui s’appelle qui a été traduit en français c’est un monde vulnérable elle n en parle pas dans celui-là elle en parle dans caring démocratie donc elle dit voilà on pourrait pour être essayer justement non pas d’en rester à une éthique du CER mais de penser une politique du CER imaginer des institutions qui donneraiit une place plus importante au C alors comment comment on on imagine ça quels sont les quel est le cadre on va dire tique et théorique pour penser ça alors bien alors ce qu’elle va faire d’abord c’est qu’elle va s’inspirer de la de l’institution par excellence à laquelle est dévolu le cur dans nos sociétés actuelles qui est la famille elle va dire voilà effectivement il va y avoir des traits qu’on retrouve actuellement dans la famille qu’on retrouvera dans ces institutions là mais avec une différence très importante une différence fondamentale c’est qu’elle dit voilà certes ces institutions démocratiques de CER par certains aspects elles vont ressembler aux familles telles qu’on les connaît sauf qu’à la différence de ces familles elles vont intégrer un souci de justice beaucoup plus important puisque enfin la perspective de Jean Tronto sur la famille est quand même assez critique ça elle est féministe et elle considère que les familles telles qu’elles existent aujourd’hui sont des lieux pour reprendre un peu une expression de de Christine delphie des lieux un peu d’état d’exception vis-à-vis de la justice c’est-à-dire que c’est des lieux qui sont quand même relativement injustes avec de l’exploitation du travail domestique des asymétries de pouvoir des formees d’agisme et cetera donc elle dit voilà certes dans nos familles actuelles il y a tout ça mais je vais quand même retenir certains aspects de nos familles actuelles pour penser des institutions démocratiques de CER sauf que pour rectifier on va dire ces défauts de nos familles existantes je vais un je vais le inoculer un peu plus de justice et ça va passer par notamment euh avoir une idée claire du pouvoir dans les relations de CA donc ce qui est voilà ce que je disais à l’instant quand on pense par exemple à ce que certains théoriciens certaines théoriciennes appellent la domination adulte c’est de ça dont il s’agit c’est-à-dire considérer que bah il y a des formes de CA FAM familiaux familial qui vont aussi avec des formes de pouvoir de de prise de pouvoir et de domin nation donc c’est avoir une perspective critique là-dessus deuxièmement trouver une façon pour que le C reste pluraliste et particulariste ce qui est en fait un point fondamental de la définition du CER c’est-à-dire que le C ne prétend pas avoir des règles universel qui s’applique indifféremment à tous et toutes et enfin fixer des buts définis clair et acceptables au cœur donc c’est-à-dire typiquement ça ça veut dire quoi ça veut dire on va éviter tout un discours par exemple qui va être vous savez un discours discours sacrificiel comme on en trouve beaucoup dansfin l’idéologie familiale aujourd’hui familialiste aujourd’hui type une bonne mère c’est une mère qui se sacrifie donc en fait ce qu’elle va faire quelque part quand elle va imaginer ces institutions démocratiques de Ker Tronto elle va elle va faire une sorte de double mouvement elle va dire voilà on a cette institution à laquelle est le plus dévolu le C dans notre société qui est la famille moi ce que j’essaie de penser c’est à la fois prendre des traits des pratiques euh des caractéristiques de cette famille et les désincarcérer de cette institution là les faire sortir pour que elles aient elles aient une existence en dehors de cette institution donc premier mouvement mais un deuxième mouvement qui consiste à dire des principes de justice que en fait on voit en dehors de la famille je vais essayer de les faire rentrer dans cette institution familiale donc c’est pour ça double mouvement à la voix je fais sortir un petit peu le CER de son confinement dans la famille et en même temps des principes de justice qu’on a qu’on applique plutôt dans la sphère publique je vais essayer de les faire rentrer dans la famille donc qu’est-ce que ça donne concrètement et bien ça donne euh en fait une description on va dire de on pourrait dire un peu utopique qui est la suivante donc là j’ai résumer les quelques pages en carrying democracy qui sont consacrés au euh institutions démocratiques de CA donc on est dans une il faut il faut imaginer qu’on est dans une société où les chances dans la vie ne sont pas limité par le sexe l’orientation sexuelle la race et cetera donc il y a quand même un enjeu de justice ok deuxème point qui est le point le plus important pour moi aujourd’hui sur lequel je reviendrai on imagine des institutions où en fait les gens seraient libres de vivre avec d’autres personnes dans un arrangement intime qu’il et elle choisiraient à partir d’un certain âge le travail de carte s organisé de façon à ce qu’autre chose que la famille traditionnelle soit possible donc là c’est vraiment si vous voulez c’est une c’est une façon de recréer de la famille en dehors des liens dit du sang euh en dehors de de laffiliation traditionnelle c’està dire en fait finalement si des gens veulent faire famille sans avoir de lien de sang sans avoir voilà de filiation particulière s’ils veulent se euh vivre ensemble ou être dans ce qu’elle appelle un arrangement intime pour prendre soin les uns des autres et ben on va rendre ça possible et ça sera une alternative possible à la famille donc elle est pas non plus ultra radicale elle dit pas il faut remplacer la famille traditionnelle par ça elle dit autre chose que la famille traditionnelle est possible donc on peut laisser de la famille traditionnelle aussi c’est pas non plus enfin c’est pas comme les abolitionnistes dont je vais parler dans la dernière partie où là c’est carrément il faut exploser la famille jeune Tron elle va pas jusque là ensuite autre autre point important les travaux de service à la personne seraient bien payés et ce qui permettrait d’abolir la distinction de classe entre celles qui font le travail et et ceux qui en bénéficient qui est selon Tronto le point par ENF l’enjeu à partir duquel on voit que le c est vraiment une question de rapport de pouvoir et un enjeu de justice c’est pour ça que c’est il y a de la conflictualité là-dessus elle dit c’est à ça qu’on voit qu’ il y a du pouvoir dans le CER c’est que certains sont plutôt à prendre soin d’autres et d’autres à être cared for et il y a une et ça divise la société quand même en deux et enfin les institutions et pratiques sociales seréorganisé de façon à ce que les personnes vulnérables comme celles qui sont valides fortes et en bonne santé puissent être soutenu donc on considère là c’est je reprends la c’est une phrase qu’utilise Patricia Paperman le la vulnérabilité n’arrive pas qu’aux autres en fait c’est un état enfin c’est ça c’est c’est un trait anthropologique fondamental donc ça veut dire qu’on est on est dans une société qui rend possible le fait d’être soutenu dans des moments de vulnérabilité en permanence vous voyez voilà voilà la la projection on va dire utopique de Tronto sur ce que serait des institutions démocratiques de Ka alors euh pour concrétiser un petit peu ça parce que là pour l’instant ça reste quand même très abstrait et très théorique il me semblait que c’était pas inintéressant de faire un rapprochement entre ce que Joan Tronto appelle des institutions démocratiques de CER et euh des propositions qui ont été faites par d’autres autrices d’autres autrices féministes et qui sont un petit peu plus spécifiques et un petit peu plus concrètes alors parmi ces autrices vous avez donc Eveline nakanoglen dans un article qui est très qui a été traduit et qui est très clair qui qui s’intitule pour une société du C que vous trouvez en ligne dans les Cahiers du genre vous avez aussi le travail de l’historienne et architecte Delores Heiden dans The Grand domestic Revolution qui vient juste d’être traduit en français qui reprend en fait qui ce livre il il fait l’histoire de féministes qu’elle appelle féministe matérialiste utopiste qui ont essayé carrément d’imaginer des villes et des bâtiments euh permettant le repartage de ce qu’on pourrait appeler le CER mais même plus généralement du travail domestique et du travail reproductif donc ça je vais en parler dans un instant et enfin un aspect une autrice connue mais pas forcément pour ça euh c’est shulamis Firestone dans la dialectique du sexe alors shulamis Firestone elle est surtout connue pour avoir dit que les femmes seraient libres le jour où les utérus artificiels existeraient mais elle a aussi pensé quelque chose comme des institutions démocratique de CER donc là je vais vous donner quelques exemples très concrets de ce en quoi ça consisterait parce qu’il me semble que ça prolonge pas trop mal les idées euh enfin les les bases théoriques posées par Tronto il y a un instant alors euh je vous lis je commence par allez on va commencer euh en respectant la date je vous lit un extrait de euh the dialectic of sex de Firestone et vous allez voir que on n’est pas très loin des arrangements intime évoqué par Tronto donc euh elle décrit quelque chose qu’elle appelle socialisme cybernétique ça peut faire un peu peur mais euh où des des foyers alternatifs en fait remplaceraient les familles et voilà comment elle les décrit donc ça c’est c’est la projection utopique de de Firestone pendant les quelques années de la petite enfance nous aurons remplacé la parentalité psychologiquement destructrice composée d’un ou deux adultes arbitraires par une répartition de la responsabilité du du bien-être physique de l’enfant entre des personnes plus nombreuses l’enfant formerait toujours des liens d’amour intimes mais au lieu de développer ses relations étroites avec une mère et un père donné il pourrait à présent le faire avec des personnes de son choix de n’importe quel âge ou de n’importe quel sexe donc vous voyez alors là on est on a on a un cran de plus en terme de radicalité par rapport à Joan tronau c’est-à-dire qu’il y a vraiment l’idée euh je sais pas s’il faut encore appeler sa famille mais d’une famille élective dans les et et est est plus collective donc élective est davantage collective dans lequelle le soin des uns des autres et en particulier le soins aux enfants est aussi une question de choix autre exemple donc pour rentrer dans des considérations on va dire plus encore plus concrètes euh ce que décrit Dolores Heiden dans donc la grande révolution domestique donc la grande révolution domestique porte sur des féministes du tournant 19e2e siècle aux États-Unis qui ont donc comme je vous l’ai dit essayé d’imaginer des des des bâtiments et des villes permettant le la socialisation au sens de la prise en charge collective du travail domestique donc en quoi ça consistait et bien par exemple ce que deoriden décrit c’est ce sont des bâtiments qu’elle appelle kitchenless houses donc des en fait des maison sans cuisine comment ça comment ça se présente là ça va peut-être vous rappeler un peu les le socialisme utopique fourriier et cetera on est dans des bâtiments où en fait il y a pas de cuisine individuelle donc en fait chacun chacun a une unité d’habitation mais sans cuisine et la cuisine est toujours un une grande pièce collective où en fait chaque unité d’habitation enfin contient une personne un couple des amis une famille qui vont euh chacune leur tour venir euh s’occuper en fait de la nourriture de façon on va dire euh cyclique et de façon égalitaire et où tout le monde mange ensemble tout le temps donc en fait elle dit voilà là typiquement c’est un c’est une utopie féministe pourquoi parce que ça ça fait que le travail domestique au lieu d’être démultiplié en des tas de petits foyers euh qui en plus ont euh enfin nécessitent une consommation technologique et écologique abérrente et bien comme c’est mis en commun et ça réduit la quantité de travail et c’est beaucoup mieux partagé donc plutôt que de faire chacun la notre petite popote dans notre coin avec nos machines et cetera euh individuelles et bien en fait on fait tout ça en commun et ça permet un repartage plus équitable euh et en fait elle essae de est-ce qu’elle est-ce qu’elle essaie de penser ces ces féministes états-uniennes du début du 20e siècle c’est ce principe là mais à l’échelle non pas seulement d’établissementin de de bâtiment pardon mais de quartier et de ville c’est-à-dire voilà comment est-ce qu’on va organiser la ville pour que finalement on puisse faire le plus du travail dit reproductif en commun donc ça va passer aussi par par exemple l’organisation des de le du lavage du linge essayer de retrouver des façons collectives de laver av le linge ça va aussi passer par des formes collectives de garde d’enfants et cetera et cetera euh bon il s’avère que finalement ce cette cet utopisme a fait long feu notamment parce qu’il a un peu été on va dire rattrapé par euh les promesses du du gain de temps par des promesses de gain de temps de la consommation ologique en fait c’est c’est c’est c’est ce qui est un peu triste à la fin du livre c’est qu’elle dit bon ben finalement il y a beaucoup de de ces féministes et de leurs héritières qui ont été séduites par les nouvelles machines qui permettaient de gagner du temps sur le travail domestique et qui se sont dit que c’était ça la solution et en fait bon voilà mais elle essaie de enfin doloress Heiden étant elle-même architecte elle essaie aussi de remettre ça au goût du jour et il y a un article à elle qui a été traduit en français qui s’appelle à quoi ressemblerait une ville non sexiste que vous trouver dans un livre qui s’intitule la ville quel genre et elle essaie d’imaginer un un dispositif qu’elle appelle homes donc comme foyer homes euh et c’est une façon d’organiser des quartiers qui euh maximisent la mise en commun et le repartage du travail domestique euh donc pour lutter à la fois contre des formes d’isolement domestique mais aussi de démultiplication de la consommation énergétique de multiplication des charges domestiques et cetera donc voilà un autre exemple et ce que j’ai fait c’est que au-dessus j’ai mis une photo al je sais pas si certains certaines d’entre vous reconnaissent ce bâtiment mais c’est c’est quelque chose qui est pas qui est pas sans lien avec cette tradition féministe utopique c’est la maison des Baba Yaga à Montreuil donc je sais pas si vous voyez ce que c’est c’est ce qu’on appelle une antimaison de c’est ce que c’est ce que les personnes qui l’ont fondé ont appelé une antimaison de retraite où en fait vous AZ avait euh des femmes qui ont décidé de des féministes à l’origine de construire ce cette maison cette antimaison de retraite pour se retrouver ensemble euh s’entraider avoir une sociabilité euh et et décloisonner en fait leur vie en tant que en tant que femme vieillissante donc dans l’antimaison de retraite de la maison des Babayaga typiquement vous avez enfin chacun chacune a son petit appartement mais il y a énormément de pièces communes et d’activités communes et il y a notamment une une université populaire qui essaie de rendre possible les partages intergénérationnels donc c’est pour ça que voilà on a on a cette inspiration utopiste là aussi où on essaie de faire du C à à d’autres échelles et enfin dernier exemple euh c’est donc que j’ai j’en parlais tout à l’heure c’est Eveline Nakano Glen qui dans son article pour une société du CA où qui s’est intitulé à l’origine creating a caring Society essaye de donner des éléments en fait des des horizons pour créer une société dans lequel le CER serait plus central et dans lequel on on donnerait plus de temps et plus d’espace au cur donc voilà les principes objectif selon elle d’une d’une telle société je vous les lis premièrement le ca doit être reconnu comme du vrai travail et comme une contribution au bien commun au même titre que d’autres activités valorisées emploi salarié service militaire travaux d’intérêt général et ceter deuxièmement les personnes en demande de CA sont reconnu comme membres à part entière de la société pour que ces objectifs soient atteints il faut respecter les conditions suivantes premièrement le travail de CER doit être légitimé et considéré comme une responsabilité collective et publique plutôt que comme une responsabilité familiale ou privée uniquement deuxièmement l’accès au C doit être à peu près équitablement distribué et ne doit pas dépendre du statut social ou économique troisièmement la responsabilité et la réalité du travail de CER doivent être partagé équitablement de manière à ce que sa charge n’incombe pas de façon disproportionné comme c’est le cas aujourd’hui au groupes désavantagés femmes minorités raciales et migrantes et pour la mise en place de ces conditions elle propose une transformation des droits et des acquis sociaux notamment les trois suivantes premièrement la création d’un droit au c comme droit fondamental des citoyens et des citoyennes deuxièmement la reconnaissance du C comme responsabilité publique et collective et troisièmement la gratitude de la collectivité envers les courvoyeuses du CA qui prendra en charge cette responsabilité au nom de la société donc vous voyez là on est vraiment c’est pour ça que je disais on est plus dans une simple échelle éthique au sens de l’étos du caractère des gens c’estàd qu’on dit mais en fait il s’agit pas juste de faire en sorte que les gens soient plus empathiques plus soucieux plus attentionné et cetera il s’agit de se demander concrètement juridiquement matériellement institutionnellement qu’est-ce qu’il faut mettre en place pour que le c est une vraie place dans la société et ça passe par des transformations fondamentales comme celle là typiquement droit au [Musique] cur question la rémunération question de la reconnaissance des du du CER comme vrai travail et cetera pour vous donner un exemple très concret ça c’est ça c’est pas Eveline naanoglen c’est John Tronto qui en parle John Tronto dit en fait ça va passer par des des des questions très Prati pratique et concrète d’organisation de la société euh notamment la question du temps de travail en fait elle dit voilà si donner de la valeur à quelque chose donc en l’occurrence auok c’est lui accorder du temps et de l’espace donc si on accorde du temps et de l’espace au C ben il va falloir le prendre quelque part et donc ça selon elle ça ne peut pas se faire sans par exemple réduire le temps de travail hebdomadaire voilà dans dans une dans la la société telle qu’elle existe le temps de travail hebdomadaire grignote de plus en plus l’implication subjective des personnes pour pouvoir laisser de la place au fait de prendre soin les uns des autres d’être un aidant de d’élever d’élever des enfants de s’occuper des personnes vulnérables et cetera et bien il faudra réduire ce temps-là tout simplement et ça va passer donc par des transformations de cet ordre là ça va passer aussi par des transformations très concrètes spatiales donc j’en reparlerai après mais par exemple dire bah voilà dans chaque institution qui o où il y a du travail qui est fait il faut qu’il y ait une crèche par exemple donc dans chaque université faut qu’il ait une crèche à l’Assemblée nationale faut qu’il y a une crèche et cetera et cetera donc c’est c’est des des organisations comme ça qui sont nécessaires parce qu’il faut ménager du temps et de l’espace pour que le C puisse avoir sa place vous voyez c’est vraiment on n’est pas dans des considération on va dire morale des considérations du type intériorité des personnes on est dans des considérations très très concrètes d’organisation de la vie sociale donc trè et dernière partie je voudrais vous montrer enfin je voudrais vous parler pour finir de d’un certain d’un courant féministe qui date pas d’hier mais qui a une sorte de revival depuis quelques temps qui pousse un cran plus loin encore ces idées qu’on trouve chez Tronto chez nakanoglen chez Aiden qui sont les féministes en faveur de l’abolition de la famille alors je dis que ça date pas d’hier parce qu’effectivement dès les féministes de la première vague alors elles sont rares bien sûr mais on trouve des féministes pour dire il faut en fait que le le lieu dans lequel on élève les enfants ça soit pas la famille il faut par exemple vous avez en France une féministe euh néoalthusienne qui s’appelle Madeleine Peltier qui dit le l’élevage des enfants doit être confié à l’état et il doit il doit pas y avoir de famille bon donc ça remonte à loin dans les années 70 et notamment avec shulamis Firestone cette idée aussi à a pu avoir des défenseuses dans les rangs féministes et puis après la deuxè vague ça il y a eu un peu un reflux notamment alors d’après Sophie Lewis qui est une qui est une de des féministes actuels qui défendent la positionition de la famille notamment parce qu’il y avait un souci du dans le chez les militants de féministes pour gagner en respectabilité et que dire on veut abolir la famille ça faisait un peu trop peur donc en fait il y a eu un discours même inverse qui a été développé qui consistait à dire non non vous inquiétez pas les féministes n’ont rien contre la famille on est gentil euh vous n’avez pas avoir peur de nous donc elle dit voilà pendant un moment dans les années 80 90 il y a eu un reflux euh de cette pensée là et là depuis quelques années il y a des il y a à nouveau des militantes et des théoriciennes féministes qui disent oui si on revenait sur cette idée parce qu’elle était pas si mal alors euh je il il y a plusieurs écrits hein qui sont qui sont qu’on peut trouver qui ont été publiés récemment là j’en évoque que trois euh donc vous avez abolish the family de Sophie Lewis qui est sort qui paru en 2022 vous avez family abolition capitalism and communizing of care de Marie obri qui est qui est paru en 2023 pour information le livre de Sophie Lewis est en cours de traduction dans une maison d’édition française mais n’est pas n’a pas été publiée par contre family abolition lui vient d’être traduit il a été traduit vraiment dans la foulée et il a été publié aux éditions la temp si je ne me trompe pas sous le titre sous le titre abolir la famille capitalisme et communisation du soin donc traduit par Antoine Savona et si vous alors le livre de Sophie Lewi c’est tout petit c’est un manifeste il doit faire une centaine de pages celui de Marie obri est plus épais mais si vous avez envie d’aller à l’essentiel il y a ce formidable texte parce qu’il est vraiment très très clair très synthétique de Cathy Wicks qui se qui s’appelle abolition of the family the most infamous feminist proposal qui est sorti dans feminist theory en en 2021 et donc il y a effectivement ce renouveau autour de l’abolition de la famille alors pourquoi ce renouveau euh quels sont enfin comment expliquer euh qui qu’on a à nouveau des voix qui se fassent entendre pour cette proposition et surtout la question qui m’intéresse pour cet exposélà c’est comment se fait-il que cette proposition soit quasi systématiquement aujourd’hui associée à la question du CER parce que vous le voyez he dans le sous-titre de Sophie Lewis on voit pas bien parce que j’ai coupé mais le sous-titre c’est manifesto for care and liberation et pour le Marie obri c’est capitalism and communizing of care en fait à mon sens une des raisons pour lesquelles on a cette cette ces thèses en faveur de l’abolition de la famille qui se qui redeviennent à la mode entre guillemets c’est parce que ça fait suite en fait à ce que Nancy friser la philosophe a appelé la crise du capitalisme et du CER c’est-à-dire qu’on constate effectivement que les ressources allouées au C sont de plus en plus grignotés en fait que ce soit le temps l’énergie l’investissement subjectif et cetera par le capitalisme lui-même et que donc il faut de plus en plus externaliser le le C puisque ce qui traditionnellement le prenait en charge ne parvient plus à le prendre en charge donc ça va passer par le fait voilà de faire appel de plus en plus à des services à la personne privés privatisés et cetera parce que et bien la les cellules familiales notamment n’ont plus le temps les ressources la possibilité d’assumer ce travail de cœur euh le Nancy Fraser pour elle donne deux exemples qui son selon elles sont un peu paradigmatiques de cette crise euh c’est les il y en a deux le premier c’est une publicité qu’elle qu’elle qu’elle décrit et qu’elle analyse pour des tirelit qui sont spécialement conçus pour que la personne qui les utilise puisse conduire en même temps sur le chemin du travail donc voyez c’est que vous puissiez à la fois tourner le volant et en même temps les utiliser euh donc elle dit voilà ça typiquement c’est voilà la crise du CER c’est concrètement c’est quoi c’est c’est ça c’est-à-dire on essaie de vous vendre des tirelet où vous pouvez en même temps conduire bahil s’agit pas de perdre une seconde quoi ça et aussi un autre exemple c’est le fait que des grandes firmes euh euh internationale euh proposent à euh leurs employés euh de leur payer en fait la congélation de leurs ovocytes en échange de leur temps à un certain moment de leur carrière donc c’est-à-dire alors je sais plus je me demande parmi les entreprises je sais pas si c’est Apple ou Microsoft il en a une des deux c’est sûr j’ai oublié lesquels mais en fait le deal c’est quoi ça consiste à dire voilà on a besoin des années de votre vie où vous êtes les plus énergiques les plus fraîche déterminé euh forte euh et si vous avez un enfant pendant années là nous ça nous bah ça nous embête parce que on peut pas profiter à 100 % de votre votre force de travail donc ce qu’on vous propose c’est en fait de vous payer la congélation des ovocytes qui est très cher aux États-Unis et comme ça vous retardez un petit peu bah le fait d’avoir des enfants et nous bah on peut profiter de en gros du temps de votre temps entre vos 30 et 40 ans là où vous êtes le plus efficace puis après à 40 ans bah vous utilisez vos aussi te congelé et là bon ben c’est pas grave si vous avez des enfants parce que vous êtes un peu moins utile à l’entreprise donc voilà autre exemple nany friser dit la crise du CER c’est ça c’està-dire qu’en fait c’est vraiment l’empiettement très très concretin vous le voyez sur le temps les ressources sur les les les intérêts la disponibilité même mentale des personnes l’empietttement sur des sur toutes ces ressources qui traditionnellement pouvaient être sacré auocer et qui de plus en plus sont entre guillemets détournés ou captés par le travail salarié donc en fait donc cette crise du CER elle forcément les féministes s’y intéressent et parmi celle-ci bah vous avez voilà des gens comme Sophie Lewis ou Marie O’Brien qui disent mais finalement est-ce que l’un des problèmes de de la de la crise du CER c’est pas aussi le fait que dans notre société le CER est privatisé donc privatisé dans un sens très très spécifique c’est-à-dire il est considéré comme étant d’abord et avant tout le travail de et dans la famille et la famille même peut se définir par par cette par cette caractéristique là que ce soit Sophie Lewis ou Marie obri ell définissent toutes les deux la famille comme suit c’est euh l’institution qui privatise le CER il disent mais en fait si finalement on s’attaque à cette privatisation du cur avec le fait qu’on confine ce travail de CER au même endroit peut-être qu’on peut le penser de façon décloisonnée et plus omniprésent dans notre société donc qu’est-ce que ça va qu’est-ce que ça qu’est-ce que ça veut dire finalement abolition de la famille donc là je vous donne une une une citation de Sophie Lewis qui se trouve dans un autre ouvrage qui s’appelait qui est sorti plus il y a plus longtemps full surrogacina qui était un ouvrage sur la GPA donc voilà comment elle définit l’abolition de la famille l’expression abolition de la famille renvoie à la fin nécessairement postcitaliste d’une contrainte dont l’effet est à double tranchant les bébés que nous portons sont les nôtres seulement les nôtres nous seuls devons les garder nous seuls devons nous investir et nous seuls devons en faire une prior et en fait ça revient à dire final enfin le nous seul ici il faut le prendre dans dans les deux sens c’est-à-dire à la fois dans nous seul au sens où il y a une appropriation de des bébés justement disant c’est à moi seul c’est c’est mon enfant c’est je me l’approprie comme une comme une propriété comme une chose donc c’est ça qui est critiqué mais pas seulement c’est aussi l’isolement que cela induit c’est-à-dire en fait bah il faut bien voir que derrière cette critique a aussi la prise en considération de la difficulté à élever des enfants en nétant que deux voir tout seul ou toute seulle que c’est une charge énorme que comme dit le proverbe en fait pour élever un enfant il faut il faut un village et que cet isolement des famille et en particulier des parents et générateur de souffrance et que c’est ça aussi qu’il faut euh enfin qu’il faut changer donc vous voyez là on est on est un donc on va dire un cran plus loin j’avais commencé l’exposé en vous parlant de Johan Tronto qui disait peut-être qu’à côté de la famille il faudrait des institutions des arrangements intimes un peu alternatifs où les gens pourraient se regrouper de façon affinitaire élective avec des groupes de taille différentes et cetera là avec ces féministes comme Sophie Lewis on est dans un on est dans une radicalité autre où ça consiste à dire non non en fait pour vraiment que le devienne affairire collective ce qu’il faut faire c’est qu’il faut s’en prendre à l’institution par excellence qui le privatise c’est c’est laquelle c’est la famille alors donc pour conclure je sais pas du tout où j’en suis en terme de temps si c’est ok ouais c’est bon ok euh donc je vous l’ai dit he pour les abolitionnistes de la famille les féministes abolitionnistes de la famille l’enjeu c’est un enjeu de déprivatisation du C au sens où bah si vous vous en prenez à la à la à l’institution qui le privatise vous allez pouvoir socialiser le C au sens de le redistribuer de le repartager collectivement en faire une responsabilité collective euh et euh ça suppose donc de transformer la société à la racine d’où enfin racine d’où le terme radical que j’emploie depuis tout à l’heure et là encore j’ai je vous ai inscrit une citation de de Sophie Lewis eu pour Sophie Lewis c’est c’est ce qu’ y avait dans la citation précédente de toute façon cette question là elle ne peut pas aller sans une critique radicale et révolutionnaire du capitalisme pourquoi et bien parce que comme elle le dit euh la famille est intimement liée en fait à la façon dont le travail est organisé aujourd’hui c’est-à-dire que elle dit en fait cette privatisation du CER dans la famille et précisément enfin soutient finalement la place qu’ a le travail dans notre société puisque et bien nous dans notre famille il y a tout le travail reproductif qui est euh qui est pris en charge et cette prise en charge souvent gratuite dans la famille nous permet ensuite V qu’on a été maintenu en vie cared for reproduit d’une certaine manière ça nous permet ensuite de passer une grosse partie de notre temps disponible au travail donc si vous si vous attaquez d’un côté vous attaquerez forcément de l’autre donc la famille est la raison pour laquelle nous sommes supposés vouloir aller au travail la raison pour laquelle nous devons aller au travail et la raison pour laquelle nous pouvons aller au travail c’est à la racine le nom que nous utilisons pour qualifier le fait que le CER est privatisé dans notre société il y a il y a un dessin qui est vraiment pas mal que je voudrais peut-être vous montrer alors attendez je vais essayer de le trouver en direct euh il y a c’est c’est une c’est une image faite par les féministes des années 70 où on voit euh l’idée que que qui qui est exprimé par Sophie Lewis ici est illustré en fait sur une sorte de grand poster ah euh comment est-ce que je peux vous le montrer est-ce que là je peux aller sur internet euh oui tu quittes le le mode voilà je vais là je vais sur Firefox ah oui donc c’est en voilà je trouve que cette image elle est assez elle illustre très bien la situation de Sophie Lewis c’est c’est parce que derrière il y a la famille qui qui assure le travail reproductif et par la famille entend en particulier les femmes de la famille que le capitalisme peut fonctionner puisque c’est ce qui remet en état c’est ce qui maintient en vie c’est ce qui reproduit pour que derrière la production puisse avoir vous vous le voyez correctement ou pas donc alors ce qui ce qui moi me semble intéressant dans ce alors je dis pas que enfin c’est je je trouve ça très stimulant on va dire d’un point de vue politique et utopique cette question de la mise en question des de la Privat du C dans la famille parce que il me semble qu’en fait cette ce que les abolitionnistes de la famille appelle privatisation du cur donc au sens où le cur est confiné à une sphère privée c’est précisément ce qui explique une autre forme de privatisation du CER qui est cette fois le fait que le C soit de plus en plus assumé par des entreprises privées soit de plus en plus une question lucrative et une question de on va dire qui échappe à ce qu’on pourrait appeler un service public et c’est pour ça que je voudrais finir sur cette image alors je ne sais pas si vous avez cela en Suisse mais nous en France on a maintenant le service de la poste qui nous qui nous offre un service que je trouve assez enfin voyez comme comme Nancy Fraser qui parle du tirelit ou des la congélation de je trouve que ça aussi c’est un très bel exemple une très belle illustration de ce qu’on pourrait appeler la crise du C aujourd’hui donc c’est la poste donc la poste c’est les facteurs en France qui distribu le le le courrier et ben en fait ils ont un nouveau service qui s’appelle veiller sur mes parents je vous lis parce que je sais pas si c’est si c’est pas si c’est lisible la description de veiller sur mes parents c’est la suivante avec veiller sur mes parents le facteur rend des visites régulières à vos parents âgés des passages une 2 4 ou 6 fois par semaine un service de téléassistance 24h/ 24 7 jours sur 7 à partir de 19,90 € par mois et donc voilà en fait ce qui est intéressant c’est que si ce service existe aujourd’hui c’est le résultat d’un certain nombre de choix politiques de transformation politique et sociale et notamment je c’est quelque chose que je répète depuis le début la question du temps et de l’espace à loué au C pourquoi on en vient à avoir une offre comme celle celle-l qui existe et bien parce que tout simplement et bien effectivement le les emplois du temps le temps de travail salari et cetera les le la reconnaissance ou plutôt la non reconnaissance du travail dirproductif fait que il n’est plus possible pour les personnes de veiller elles-mêmes sur leurs parents ça devient de plus en plus compliqué mais par contre elles ont peut-être les moyens financiers de le faire faire si ce n’est le temps de le faire et aussi qu chose qui peut sembl anecdotique mais qui ne l’est pas à mon avis c’est aussi le résultat en fait d’une euh lucratisation de quelque chose qui auparavant était on va dire un petit peu inscrit de façon informel dans le lien social c’estàd qu’en fait pourquoi est-ce que c’est la Poste qui a eu cette idée là parce que en fait traditionnellement quand les facteurs n’étaient pas suivis par GPS et n’avait pas des courses de courrier extrêmement chronométré et millimétré à faire il était pas rare notamment dans les villages que le facteur quand il passait déposer le courrier il buvait un café avec une personne âgée faisait un petit peu de discussion et puis repartait maintenant avec les formes d’optimisation du temps la privatisation aussi euh de la poste et cetera toutes ces t ces bonus toutes ces tout ce ce temps consacré non lucratif consacré simplement au lien social a force a été écrasé enseveli réduit euh et donc qu’est-ce qu’on fait ben quand on a évacuer ces ces moments gratuits de lien social et bien on peut une fois qu’on a fait ça on peut en faire quelque chose de lucratif et donc le rendre payant et en faire un travail à parentière ce qui explique que ce soit la Poste qui est cette idée parce qu’en fait effectivement ça repose aussi sur quelque chose qui historiquement étaé une réalité gratuite informelle non créative donc voilà la privatisation du CER c’est le fait le confinement du cur dans la famille mais c’est aussi ça et c’est aussi pour ça que je euh avoir une visée utopique pour le C c’est véritablement essayer de penser une société où il y a du temps de l’espace des moyens concrets matériels et institutionnels pour pour le CER je vais m’arrêter là je vous remercie de votre attention [Applaudissements]

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