Colloque : Lumières médiatiques
    Conférence du 18 juin 2024 : Le marché de la lecture sentimentale
    Session 2 – Publics et publicité

    Intervenant : Geoffrey Turnovsky, University of Washington

    Retrouvez les enregistrements audios et vidéos du cycle et son texte de présentation :
    https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/colloque/lumieres-mediatiques

    Chaire Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle
    Professeur : Antoine Lilti

    Retrouvez tous les enseignements du Pr Antoine Lilti :
    https://www.college-de-france.fr/chaire/antoine-lilti-histoire-des-lumieres-xviiie-xxie-siecle-chaire-statutaire

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    [Musique] je passe directement à notre notre deuxè intervenant de ce matin qui est Joffrey tovski euh qui est professeur associé à l’université de Washington au département la littérature et culture française et italienne donc department of French and Italian studies il est aussi collaborateur scientifique au groupe de recherche interdisciplinaire interdisciplinaire sur l’histoire du littéraire le grill à le HSS et Joffrey tnovski est spécialisé donc dans l’histoire littéraire et culturelle de la France et de l’Europe à l’époque moderne il s’intéresse plus particulièrement à la culture de l’imprime au médias à la profession d’auteur ainsi qu’au lecteur et au public son livre The litterary market auorship and modernity the old regime est paru en 2010 et ces articles sur les écrivains et le marché littéraire commercial sur les lecteurs ont été publiés dans studies en Voltaire and the 18th century and studies in 18th century culture revue de synthèse modern language quly le dossier des grill et French historical studies il est aussi l’auteur du livre intitulé reading typographic im print ear modern France qui va paraître bien bientôt ou qui est déjà paru en j pense oui donc jourl il a ce livre apparaître chez Stanford University Press donc félicitations et outre un grand nombre d’articles qu’il a publié il est également éditeur d’un forum publ in c’était en collaboration avec Lisa Jane gr si je me trompe pas et ce matin il nous parlera du marché de la lecture lecture sentimentale et je suis également très curieuse d’en savoir plus merci beaucoup merci merci à tout le monde merci à Antoine et à tous ceux et celles qui qui ont contribué à organisation de de ce colloque je suis vraiment très ravi d’être ici et je m’excuse à l’avance comme tout le monde je pense je je me suis j’ai j’ai attraper un rhume la semaine dernière à un certain moment j’ai perdu la voix mais ça c’est ça c’est revenu mais je pense que c’est pas tout à fait là encore donc euh donc on a très souvent pris euh dans l’historiographie de la lecture le 2è moitié du 18e siècle comme un un moment charnier euh Rolph engelsing parmi d’autres la qualifié de moment révolutionnaire je pense qu’on va beaucoup parler de ce de ce genre de terminologie euh dans les jours à venir euh dans le cas de la révolution de la lecture ce n’était pas pourtant une révolution technologique comme l’a été par exemple la révolution de l’imprimé ou comme le sont aujourd’hui la révolution numérique ou la révolution de l’intelligence artificielle la révolution de la lecture du 18e siècle était était plus une question d’échelle avec l’expansionass du marché des publics après 1750 jusqu’au point où le modèle change de nouvelle façon de lire Prine forme nous passons de pratique de lecture définie par la rareté la relecture attentive ritualisée d’un petit nombre de texte représenté surtout par la lecture de la Bible un nouvel ensemble de pratiques adapté à la surabondance textuelle textuelle les lecteur lisent beaucoup de choses il liseent chaque article une fois seulement avant de passer au suivant euh ass soifffé de nouveauté et d’actualité à vide même engelsing appelit cette nouvelle pratique une lecture extensive c’était le produit d’un nouvel écosystème de l’information dans les périodiques était sans doute les emblèmes porteur FMR de contenu d’actualité destiné à à être digéré une fois seulement pour le renseignement pour de divertissement avant de d’être jeté de côté lorsque le numéro suivant arrive avec nouveaux contenu et ses nouveaux plaisirs le roman a été intégré à ce modèle de de la révolution de la lecture à à une époque à une à une époque bien évident où l’on voit une augmentation massive de la publication de roman selon Reinhard vittman la catégorie de belles lettres à la foire de Leipzig passe de 6 % à 21,5 % de tous les livres proposés entre 1740 et 1800 le roman étant évidemment la forme dominante dans cette catégorie c’est pourtant précisément sur la base du roman qu’on s’est opposé à ce modèle à les témoignages contemporains de la lecture de roman qui se trouve surtout dans les célèbres lettres que les lecteurs se sont mis à adresser aux aux auteurs au 18e siècle donc une archive impensable avant ce moment Nicholas page soutient qu’il serait impossible d’imaginer un lecteur ou une actctrice inconnue à elle écrire à Madame de Lafayette ces lettres semblent assez de modalités très différentes la lettre ne reflète pas une lecture extensive rapide et impatiente mais une concentration obsessionnel qui thématise la relecture d’un texte privilégié euh j’ai j’ai lu et relu monsieur votre sublime roman je l’ai savouré et digéré un acteur dont on connaît pas le nom écrit à Rousseau dans une lettre de du 5 février 1761 un autre euh Louis François constate dans une lettre du 24 mars 1761 d’abord je l’ai dévoré avec avidité je l’ai lu et relu ensuite avec plus d’attention et toujours j’ai trouvé que vous étiez son père c’est un motif qui est omniprésent dans la correspondance d’admirateur de Rousseau euh et on trouve la même chose dans les lettres adressées plus tard à Bernadin de Saint-Pierre dans les moments de loisir qui me laisse les occupations de mon ministère je je lis et relis avec un nouvel intérêt cette exc ouvrage écré un acteur nommé décret il parle bien sûr de Paul Virginie euh 23 juillet 179 15 deux ecclésiastiques qui écrivent à l’auteur en 1789 affirment avoir lu son ouvrage immortel quatre fois et quatre fois nous avons senti nos jous arrosis de de nos larmes cette dernière lettre illustre une autre perspective sur les fes et la lecture développée autour du roman qui met l’accent sur l’éclosion des sentiment intense d’attachement au personnages des romans et à travers les personnages à l’auteur lui-même Jean Goulm Didier Masso qui ont étudié les lettres à Rousseau à Bernardin de Saint-Pierre ont proposé la notion de la lecture intimiste je cite par laquelle le lecteur établit un rapport individualisé avec la la voix romanesque analysant les lettres à Rousseau inspiré par la nouvelle eloïisese Robert darnon avait identifié là je cite aussi une nouvelle situation rhtorique le lecteur et l’écrivain communique à travers la page imprimée le roman de Rousseau affirme daron autres citation ouvre une nouvelle voie de communication channel of communication entre deux êtres solitaires l’écrivain et le lecteur il est intéressant de remarquer je pense dans ce genre d’argumentation qui qui puis dans les témoignages épistolaires que les facteurs qui furent décisifs pour angeling c’est-à-dire tout ce qui qui est lié à l’expansion du marché et des publics disparaissent plus ou moins nous passons des faits bibliographiques et des anecdotes plutôt sociologiques mis en avant mis en avant par les partisans de la révolution de la lecture qui citent nombre d’éditions les tirages euh ainsi que les témoignages des impacts sociaux des fièvres de la lecture ou des épidémies de la lecture qui semparent de toutes les couches de la société au 18e siècle euh vetman saan ecclésiastique derfurt qui décrit en en 1776 des lecteurs de livrees qui se lèv et se couche un livre à la main qui en porte un en marchant et qui une fois qu’ils ont commencé à lire sont incapables de s’arrêter avant d’avoir fini mais à peine ont-ils terminé la dernière page d’un livre qu’ se met à regarder autour d’eux avec avidité encore ce mot pour en acquérir un autre on passe de ce genre de témoignage d’observation au récit confessionnel qui tend à individualiser les lecteur et les lectrice dans leur lettres ces lecteurs sont enclins à se séparer des autres lecteurs et à s’extraire du public et du marché en se représentant comme des exceptions à le lecteur ou la lectrice qui n’est pas comme les autres s’il suffit de plaire à si s’il suffit de se plaire à à la lecture de vos écrits et de s’intéresser à votre gloire pour avoir droit de vous présenter son hommage personne ne peut plus que moi se promettre ne se promettre à à cet égard de faveur et d’accueil auprès de vous vous écrit un lecteur à rousseon en mars 1761 un autre Jean romill affirme dans une lettre de mai ou de juin 1762 j’ai peut-être moins lu vos ouvrages qu’un autre mais je ne crois pas qu’on les ait médité avec plus de plaisir que moi malgré ces gestes pourtant ces lecteur faisait partie du public élargi qui est au centre de l’argument de la révolution de la lecture dans de nombreux cas sinon tous les cas ils ont été entièrement le produit il s’agit de l’cteur de leacteur inconnu des auteurs auquel ils s’adressent qui sont tombés sur leurs œuvres en tant qu’acheteur et clients dans les circuits commerciaux de la Librairie des lecteurs qui sociologiquement ne sont aucunement des exceptions les tion qui qui qui croit tous être pardon euh de Cré ce lecteur de Bernadin de Saint-Pierre que que j’ai cité plus haut raconte comment il se promené dans la boutique d’un colpte et a eu la chance de je cite mettre la main sur un ouvrage intitulé pa les Virginie je l’ouvris et après en avoir lu deux ou trois pages je n’eus pas de peine à me convaincre que c’était un bon livre il raconte ensuite les effusions qui ont découlé de la découverte dans les réflexions que je me permets de faire je me dis à moi-même avec une espèce d’enthousiasme notre siècle n’est donc pas encore si corrompu puisqu’il produit un auteur vertueux vertueux capable de de l’éclairer décret décrit ainsi le trajectoire de de dizaines de milliers de lecteurs de lectrices don a refusé l’argument d’Engel sing il me semble qu’une telle révolution n’a pas eu lieu il dit dans leur lecture les lecteurs de romans tels que la nouvelle Eloïse retrouvaient plutôt les anciennes traditions de la lecture intensive en se référant à un lecteur passionné de Rousseau dont il a trouvé les lettres dans les archives de la Société typographique de nejatel en Suisse il affirme qu’il est difficile je cite il est difficile de trouver un lecteur plus intensive et sa lecture est devenue de plus est devenue plus intens intense au fur à mesure qu’il la pratiquait il est pourtant facile de trouver des lecteurs tout aussi intensibles que ranant car ils étaient tous comme ranant et tous parlaient de leur lecture plus ou moins de la même manière la question la plus pertinente n’est donc pas est-ce qu’on lisait extensivement intensivement c’est comment est-ce qu’on a pu concilier euh le sentiment d’exceptionnalisme qui sera l’expression de la lecture intensive avec la réalité du marché où tout le monde avait la même pensée et la même expérience d’ailleurs on constate que que ces lecteurs étit euh plus ou moins très conscient du du marché ils savaient très bien que leur sentiment d’intimité pour l’auteur ne s’inscrivait pas dans un contexte d’intimité réelle mais uniquement dans l’espace mental ouvert par leur lecture d’un livre qu’ils avaient procuré commercialement sans sans aucun rapport préalable avec l’objet d’affection euh mais en ayant accent accès facile comme tout le monde au marché du livre et au livre Pierre Gallot de rouan s’adresse à avec effusion à Rousseau dans sa lettre mon digne ami ami mon mon tendre père mais il avait il avait ouvert sa lettre en se qualifiant d’étranger qui a son grande grand regret n’a jamais eu aucune relation avec vous c’est une lettre du du 5 août 1764 Jean-Louis Lecoin commence à re en sexclamant encore un lettre encore un une lettre d’un inconnu il faudrait donc qu’une description des expériences de lecture intimiste Prenn en compte ce type de référence au marché comment ce lecteur ont-ils vécu la tension entre leur puissant sentiment d’intimité d’une part et leur conscient de la nature profondément médiatisée de la lecture d’autre part une lectureonfig réonfigurée comme jamais auparavant par le marché commercial euh s implicite logiquement dans le dynamique même de l’exceptionnalisme les lettres affirment leur les lecteurs affirment leur sentiment intimes de connexion avec les personnages et les auteurs on se dissociant à du grand public dont ils sont parfaitement conscients que la vertu vous aura obligation monsieur si tout vous lecteur vous rendent euh et à votre ouvage St paril la même justice euh que moi Ste conscience de tous les autres lecteurs est là coum et Masso testent que chaque chaque lecteur je cite là est au fond convaincu d’ entretenir une relation privilégiée avec les héros et bien vite avec l’auteur lui-même la nature privilégiée de cette relation affirme s’affirme en s’opposant à une autre modèle bien plus banal et du coup plus commun et plus répandu de la manière dont les autres lecteurs du même texte se rapportent aussi à l’auteur euh je propose dans cette deuxè partie donc de de pourtant de puiser davantage la question du rapport entre cette lecture intensive et des développements dans le marché du livre en insistant sur l’évolution des formes matérielles du texte imprimé et dans ce qui reste mon intervention je vais réfléchir sur comment le marché et le livre commerci commercialisé à transformé par la typographie standardisée rationalisé par la consommation de masse ont pu ont pu être à la base de cette nouvelle expérience de la lecture euh dans son analyse très célèbre et aussi très critiquée de la révolution de l’imprimé Elizabeth Eisenstein affirme que l’impact de l’imprimé était abrupte mais cet impact n’était pas visible au niveau de la page d’une copie des premiers des des incunable elle a employé la formule continuité apparente et changement radical pour décrire cette tendance des premiers livres imprimés là vous savez la grande Bible de de goodenberg qui rassemblait un manuscrit qu’ils étaient d’ailleurs censés reproduire plus plus efficacement je pense plusieurs images de ça donc là vous avez manuscrit à gauche et puis le puis le texte imprimé à droite le changement radical se manifeste donc là ici là on voit pas vraiment le changement radical le changement radical est ici le changement radical se manifeste que dans la juxaposition des copies ce qui fait apparaître la similitude entre elles cette similitude n’était pas exacte loin sans fort mais elle dépassait largement les attentes et les habitude de l’cteur formé depuis des siècles à la mouvance manuscrite au point que les ob observateurs ont d’abord soupçonné de la magie dans son Histoire de la diable de 1726 à Daniel de F enregistre l’étonnement des docteurs de l’Université de Paris lorsqu’il voit pour la première fois des livres imprimés apportés par Johann fous depuis la presse de genberg à maens ils observèrent la concordance là je cite ils observèrent la concordance exacte de chaque livre chaque ligne se trouvait au même endroit chaque page avait le même nombre de lignes si un mot était mal orthographie orthographié dans l’un il était dans tous ils se ment à réfléchir pour savoir comment cela était possible ils ont conclu que que c’était le diable que c’était le fruit de la magie et de la sorcellerie on est familier aujourd’hui je pense avec un certain discours sur le livre imprimé qui l’ associe fortement à la lecture attentive suivie un type de lecture qu’on pense menacer maintenant par le numérique encourage bien sûr la distraction et la lecture très rapide or cette vision du livre imprimé comme outil de la concentration et de la lecture immersive est loin de de ce qui a d’abord frappé après tout les copiste euh avait expl avait exploré les possibilités de la lecture continue au discontinue que permettait le Codex depuis plus d’un Millionaire ce que l’imprimé a surtout généralisé dans le monde de l’écrit à l’époque c’était la notion d’une œuvre définie dans et par la multiplication des copies plus ou moins fidèles entre guillemets de cette œuvre une fois remédié par l’imprimé les texte existe véritablement en de multiples exemplaires il n’est pas réaliste d’avoir un seul exemplaire d’un livre imprimé ça n’a presque pas de sens on va pas composer un texte en caractère d’imprimé pour ne tirer qu’une seule copie il serait plus efficace de Ré rédiger cette copie à la main d’ailleurs on le ferait pas non plus pour deux copies ni pour trois peut-être le feriton pour 25 ou 50 euh quel que soit le seil l’imprimé a rendu absurde l’idée qu’un texte publié disant puisse exister en une seule inst instantiation il y a quel quelque chose de ridicule dans l’ dans l’exemplaire unique d’un livre imprimé a écrit Stanley morrson l’influent dessinateur de caractères qui a créé le Times New Roman dans les années 1920 exist en en de copies multiples plus ou moins exactes est est une caractéristique dans la terminologie d’Eisenstein feature que la technologie de l’imprimé va conférer au texte l’imprimé a aussi rendu absurde la notion symétrique qu’une seule instantiation d’un texte pourrait être le texte la caractéristique d’exister toujour de multiples copies va ainsi engendrer de nouvelles notions du texte fondé sur l’idée que les copies à travers lesquelles le texte prend forme tangible doit se référer collectivement à une seule et même œuvre dans ce rapport référentiel l’œuvre acquiert une existence indépendante de chaque exemplaire elle devient plus abstraite et plus autonome et par cette existence idéalisée et dématérialisé plus stable son identité se fige une fois séparée des contingences de la forme matérielle tandis que chaque exemplaire est considéré comme une représentation plus ou moins parfait ou imparfait imparfaite de ce même texte la qualité de la copie dépend entièrement de sa fiabilité en tant que représentation de ce texte singuliè nous pouvons je pense en tirer une série de conclusions qui euh sont pertinente pour l’évolution de la lecture du au 18e siècle et j’espère aussi pour nos réflexions ici sur les médias premièrement la logique de l’imprimé n’est donc pas d’offrir une maté maté matérialisation distincte d’une œuvre mais d’offrir accès à une œuvre sensé exister indépendant de la COP indépendamment de la copie la copie devient en ce sens un médium euh et en tant que médium sa caractéristique la plus importante sera la transp la transparence sa capacité à fournir l’œuvre aussi fidèlement et immédiatement que possible l’évolution de l’art de la typographie depuis ses débuts va presque entièrement dans ce sens pour privilégier la lisibilité sans effort et la facilité voir l’invisibilité de la plateforme sansé mettre en avant un texte et non pas sa propre matérialité rendre l’accès au texte le plus facile direct et automatique peut euh peut paraître évident euh comme principe et il est je pense mais on doit constater son historicité la lisibilité non encombrée facile reposant sur une vision de la transparence de la plateforme n’était guerre une priorité dans le dans le monde des manuscrits comme on peut le constater ici donc un exemple euh en comparant un manuscrit du 7e siècle à gauche là avec les lettres gothiques qui dominaient à la fin du Moyen-Âge et là bien sûr c’est un exemple d’un d’un texte imprimé mais un texte imprimé comment on l’avait constaté avant qui qui a imité assez fidèlement euh les les lettres de euh l’écriture manuscrit euh contemporaine de son époque plutôt que d’optimiser la fac face et vous avez le même texte là bien sûr le l’ouverture de du de euh évangile de de Jean euh plutôt que d’optimiser la facilité d’accès au gens au sens d’une œuvre d’autres principes ont dirigé à l’évolution visuelle et matérielle du texte le besoin surtout contenu de l’augmentation de le de la demande des textes de technique techniques d’écriture manuscrit permettant de produire plus de texte plus rapidement avec recours à la compression des lettres et aux abréviations entre entre autres choses les technologies de la criti manuscrit présentaient des compromis à négoci à négocier qui était différent de ce que va présenter l’imprimé en tout cas euh c’est un sujet que j’ai j’ai abordé en étudiant l’évolution des caractères d’imprimé au 18e siècle à partir du projet que vous voyez là du du renouvellement des des caractère de l’Imprimerie royale qui commence à la fin du 17e siècle Jean-Pierre Bignon à la tête du bureau de la librairie a nommé une commission chargée de refaire les frontes Romaines de l’Imprimerie royale ce qui a donné l’essence ce qui a donné naissance vous voyez là au romain du roi ainsi qu’un rapport sur leur travail on crit rédigé par Jacques jogon qui était un des membres de la commission le rapport précise les objectifs des lettre imprimées ils doivent être et là je cite simple aisés à lire et il faut aussi éviter la fatigue on r trouve ce type de de langage qui minimise l’effort ou qui cherche à minimiser l’effort et l’engagement corporel de la lecture tout au long du 18e siècle une période d’ailleurs d’intérêt et d’innovation dans le dessin typographique un discours prononcé en 1799 devant la société société libre pardon des sciences lettres et arts de Paris pour soutenir le travail d’un typographe nommé j J et parfois cité pour avoir décrit une des premières expériences visant à tester la lisibilité des caractères et dans ce cas c’était pour comparer la lisibilité des caractères de garaman euh au nouveau caractère de de Dido et je je vais passer sur les détails juste pour noter que pour l’auteur du rapport la mesure de la lisibilité euh était la mesure dans laquelle on pourrait parcourir extraire le sens d’une page de texte euh automatiquement c’est-à-dire avec une facilité une aisance tel qu’on ne remarque même pas qu’on est en train de lire en lisant ce écrit on ne doit s’occuper que du fond des chos il ne faut il ne faut même pas qu’on puisse songer qu’on lit cette pers cette perspective se prolonge dans la typographie moderne Beatrice Ward en a donné une expression célèbre lorsque dans les années 19 1930 elle comparait les caractèr d’imprimé à un gobelet de cristal comparaison très célèbre dans un essai qui avait pour sous-titre printing should be invisible l’imprimé devrait être invisible les caractères les mieux conçus sont ceux qui transmettent le plus efficacement que possible le sens d’un texte tout en restant inv visible lecteur comme un verre de cristal révèle la belle chose qu’il contient sans attirer attention sur lui-même euh donc premier point là deuxièmement ce qui est frappant dans cette réflexion moderne sur la typographie c’est le rôle que va jouer l’auteur comme source du texte de la typographie comme source du texte que la typographie dans son emploi idéal devra rendre plus clairement manifeste le typographie du livre écrit Ward a pour tâche d’éiger une fenêtre entre le lecteur à l’intérieur de la pièce donc et ce paysage landscape ce son mot que sont les mots de l’auteur de même morson que que je venais de citer observe que le lecteur normal ça c’est c’est c’est son expression doit être détaché des formes matérielles du texte tout ce qui compte c’est le mécanisme la plateforme adopté tout ce qui compte c’est que le MC isme adopté lui donne autant que faire se peut l’accès le plus rapide à la pensée de l’auteur donc c’est des typographes qui qui invoquent constamment le la figure de l’auteur comme source du texte que le que que le que la typographie doit à laquelle la typographie doit rendre accès d’une certaine manière ces observateurs du 20e siècle euh se remet à à la culture textuelle moderne qui est la leure qui érige l’auteur en figure privilégiée d’accréditation la véritable source du texte et desens et de ses sens et un principe de base pour établir à coup sûr ces formes correctes dans la bibliographie traditionnelle l’intention de l’auteur et le principe sur lequel doit se fonder l’édition critique faisant autorité euh pourtant le déférence à l’égard de l’autorité de l’auteur masque la vraie contribution ça c’est à mon avis masque la vraie contribution de la tibographie à la construction de cette autorité un système de reproduction de texte tourné vers la production pas tellement des copies euh mais des œuvres abstraites que l’on l’on accède par des copies a besoin d’un principe pour établir l’identité et l’authenticité de ses œuvres la copie ne peut pas en soi le faire ce sera l’auteur élaboré à l’intérieur de tout un processus de la publication à la page du titre dans une préface qui va garantir l’identité de l’œuvre faute de régime juridique pour pour protéger le droit d’auteur et en l’absence d’accord international pour faire respecter les exclusiv exclusivité à travers les frontières et lorsque les éditions circulaient sans aucun système strict pour garantir ce qui est autorisé ce qui ce ce qui ne l’est pas l’accréditation de l’auteur devient une propriété précieuse et apprement disputé entre tous les agents désireux de tirer profit de la vente des livres ce postulat bien sûr prof profondément impliqué Rousseau qui s qui s’est jeté dans l’arine de de manière euh pas toujours de manière un peu idiosyncratique en 1770 s’assembrissant dans la paranoïa il déclare que T les toutes les éditions de la nouvelle Elouise à part la première étit fausses et cont et contenit là je cite son annonce qui qu’il a fait publier dans les journaux des altérations des suppressions et des falsifications et il est sûr que la lecture était attentive à ces questions d’accréditation Charlotte de la taille écrit à Rousseau ah voilà ça c’est aussi le le Romain du roi achevé donc dans dans une édition de 1710 je pense Charlotte de la taille écrit à Rousseau le 19 février 1761 pour lui dire que malgré son impatience de lire le roman on lui a conseillé d’attendre une édition plus correcte elle est dit en monant pêche en m’assurant que vous allez donner une édition plus ample et plus correcte que celle qui paraisse apparemment il n’a pas eu la la volonté d’attendre car elle a écrit de nouveau le 10 mars pour dire qu’elle a lu Julie elle a lu Julie dans une édition qui était je suis toute imparfaite néanmoins elle m’a touché elle je sais pas Julie ou personnification du roman un autre lecteur écrit en juin 1761 nous avons ici qu’une seule i bien fautive de votre ouvrage d’ailleurs c’est quasiment la seule façon dont les lecteurs invoqueent des lettres invoque dans leurs lettres les copies ou les éditions qu’il lisaient pour savoir si l’édition à laquelle ils avaient accès à partir de leur ville de province était correct autorisé un verau un verisseau fidèle et fiable des mots de l’auteur anticipant Ward et maurce et Marson C typographe du 20e siècle euh en tant que lecteur bien entraîné par la typographie ils ne disent presque rien d’autre sur les formes concrètes des textes qu’ils lisent ces formes ont relativement peu d’importance pour eux tout contre fait euh si ce n’est qu’elle permettent aux lecteur de les ignorer euh pour que les lecteurs puisse mieux s’immerger dans leur sentiment de présence auprès de auprès de l’auteur et troisièmement donc là j’arrive à à mon dernier point euh on revient ainsi aux expériences immersives de la lecture à partir desquelles on a on a com P euh on peut tout d’abord noter une grande différence entre les lecteur de Rousseau et la lecture intensive historique représenté par exemple par la lecture de la Bible dans celle-ci la lecture est investie par des liens affectif existant en dehors du texte dans le cadre d’un d’une communauté religieuse ou de la famille ces liens préexiste à la lecture la contextualise et à son tour la lecture réaffirme ces liens donc on revient un peu à ce que ce qu’Antoine disait avant en revanche les liens affectifs décrits par par par daron goum Masso et beaucoup d’autres n’existent que dans la mesure où ils sont médiatisés par la forme textuelle par le le livre commercialisé standardisé pour la consommation de masse et on peut constater euh comment les évolutions qu’on vient d’évoquer pourraient faciliter une telle génération création de sentiments les tendances à la transparence typographie qui à leur tour servent à amplifier la voix de l’auteur à l’exclusion de toute autre source de sens dans le livre imprimé je veux dire dans la la chose matérielle il inclut surtout tout ce qui tout ce qui pourrait recontextualiser le livre et l’expérience de la lecture dans le marché à cet égard une chose que les lecteurs de Rousseau savait très habilement ignorer était l’identif iation de Rousseau à la page de du titre non pas comme auteur mais comme éditeur du texte celui qui a recueilli et publié les lettre pas écrit alors que Rousseau lui-même était assez torturé par cette identification cela aboutit à une expérience de lecture particulière attesté partout dans les correspondances qui est une sorte d’hallucination selon laquelle le lecteur non seulement ne pense pas qui lisent pendant qu’ils lisent pour prendre l’expression de sobri mais dans l’acte même de la lecture du livre imprimé les lecteurs substitue dans leurs imaginations un une autre forme plus directe et plus personnelle de communication avec l’auteur ou les personnage il peut s’agir d’imaginer lire des lettres manuscrites euh come on peut le lire dans dans le l’éloge de Richardson de de daron de daron de de de de didro euh qui rêve de tomber euh sur les lettres originales des personnages de Claris et de Pamela caché dans une armoire d’un vieux château qu’il a acheté plus souvent c’est l’hallucination de croire entendre ou de voir à les personnages où l’auteur s’adresser directement à au lecteur euh Julie V bondelli dans une lettre à Rousseau du 14 août 1763 écrit jamais vous ne futes pour moi un auteur et un étranger vous étiez plutôt un ami dans les idées développées rencontré dans les miennes je ne vous lisais pas je converser avec vous vous parliez j’écoutais et je répondais c’est un thème que l’on retrouve bien sûr dans la correspondance à Bernadin de Saint-Pierre aussi notamment en référence à la scène où le vieillard console Paul pendant l’absence de Julie en Europe la typographie de ces passages est un peu bizarre un peu fol presque semble tout sauf transparent avec ce mélange du style dialoguer comédie imprimé que vous voyez à droite là euh et de l’autre cet usage très lourde de quelque chose qui était relativement nouveau au 18e siècle c’est-à-dire l’utilisation l’utilisation des Guimet pour marquer le discours direct euh donc on a les deux choses c’est c’est c’est une sorte excès de ponctu là qui qui semble tout autre que que transparent le deè témoigne cependant d’un effort concerté entre auteur imprimeur et éditeur pour intégrer le voix intégrer la voix dans le texte imprimé d’une manière inconnue au 1e siècle déjà là je prends page de de clé Madeline de Scud un peu au hasard où de longues conversations étit enregistré dans le texte sans la moindre ponctuation pour férencier ce qui avait ce qui avait été dit et par qui donc changement de parole la parole n’est pas du tout marquée par des par de la ponctuation ici euh en fait marmel était un grand donc il y a pas mal de débats à cette époque autour de comment ponctuer le discours direct marmel était un partisan de la nécessité d’un système de marque typographique pour aider les lecteurs à identifier et vraisemblablement à mieux entendre le texte parlait il prenait surtout euh la l’usage du tiret qu’il euh qu’il qui était inspiré des pratiques anglaises or aussi gênant et lourd que puisse paraître cette surponctuation il est intéressant de noter que c’est la partie de Paul et Virginie qui est de loin celle du texte à laquelle le lecteur se réfère le plus souvent lorsqu’il raconte à Bernadin de Saint-Pierre leurs expériences et leurs fantaisie euh leur fantaisie d’entendre des voix ou de s’identifier à APUL écoutant les conseils du vieillard qu’il euh qu’il confond d’ailleurs souvent avec Bernadin lui-même je suis presque fini là euh un lecteur nommé dega écrit en avril 17 91 euh 91 oui pour l’histoire de Paul et Virginie elle m’a fait plus d’une fois verser des larmes dans le dialogue où le Vière exhorte Paul à la résignation il me semble quelquefois P voir vous entendre m’exhorter à la sagesse m’encourager à la vertu et me dire mon fils mon ami fortifie-moi contre les accidents imprévus de cette vie et contre les calamités de dont elle est environné et enfin des créés que nous avons nous avons déjà rencontré écrit aussi pour marracher au mot de la euh de ma patrie je me transporte dans votre île fortunée et là dans le calme de mes passions je me rends le disciple de cet aimable vieillard qui donne à Paul euh de ça c’estes bellees leçon donc ça c’est pris d’un texte manuscrit donc transcription N pas toujours très clair ok je conclus là très très rapidement l’important dans dans tout ceci c’est d’évoquer une nouvelle perspective sur la révolution de la lecture du 18e siècle et peut-être par là sur l’idée d’une révolution médiatique qui n’a pas seulement à voir avec l’expansion des marchés mais avec l’avèement de ce qu’on peut appeler la lecture typographique une lecture reconfigurée par par le marché et par l’évolution des formes euh des formes des livres imprimés et surtout par la transparence typographique cette lecture peut peut-être à la fois intensive et extensive la différence est moins importante plus important c’est l’intériorisation par le public plus large des formes et pratiques du texte imprimé par exemple l’idée du texte imprimé l’idée du texte imprimé comme copie parmi des milliers d’autres copies et comme point d’accès à une œuvre au point que non seulement plus de gens lisaient que jamais aaravant mais plus de gens lisaient sans prêter attention à l’activité matérielle de la lecture en ce qui concerne le roman cela nous ouvert de nouvelles expériences la possibilité de visualiser des scènes et de croire que l’on peut en lisant tout seul entendre un personnage ou un auteur parler et je je me demande aussi là pour finir si peut-être une façon de penser l’imprimer comme forme moderne des médias merci [Musique]

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