Colloque : Lumières médiatiques
Conférence du 18 juin 2024 : Apprivoiser l’Atlantique : le langage publicitaire de la boutique caribéenne
Session 2 – Publics et publicité
Intervenante : Camille Cordier, Université Lumière-Lyon 2
Retrouvez les enregistrements audios et vidéos du cycle et son texte de présentation :
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Chaire Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle
Professeur : Antoine Lilti
Retrouvez tous les enseignements du Pr Antoine Lilti :
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[Musique] je vous remercie les organisateurs euh de ce colloque je suis ravie d’être ici et de présider cette session donc publ et publicité et je présente d’abord Camille Cordier qui va démarrer avec une communication intitulé apprivoiser l’Atlantique le langage publicitaire de la boutique caribéenne Camille est doctorante de l’Université Lumière Lyon I au laboratoire de recherche historique ronalpe elle bénéficie tout est écrit derrière elle bénéficie cette année d’une bourse d’écriture au musée du kebranly et de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage sa thèse porte sur consommation marchés alimentaires et politiques dans les villes de Saint-Domingue au 18e siècle c’est elle a deux articles le premier déjà publié intitulé le travail des esclaves des boutiques alimentaires du Cap Français à la fin du 18e siècle cadre organisation expérience alors le second le nouveau monde de la viande pas publié pas publié l’institution de la ferme des boucheries à Saint-Domingue au 18e siècle qui est donc apparaître dans un livre dirigé par Philippe Bernardi Corine met et François Rivière sur les inscriptions spatiales de la réglementation des métiers et je lui donne tout de suite la parole pour une demi-heure merci alors bonjour à tous euh bah tout d’abord évidemment merci beaucoup euh à au comité pour l’invitation je suis au horé un petit peu impressionné aussi je vous le cache pas de parler devant vous aujourd’hui alors donc aujourd’hui je vais vous parler surtout des annonces de d’enrée alimenta à Saint-Domingue au 18e siècle avant de rentrer dans le vif du sujet je vais revenir quelques secondes un peu plus sur la genèse de ma recherche pour expliciter en fait mon approche de la presse de mingoise donc lorsque j’ai commencé à réfléchir sur mon sujet thèse avec Natacha cquer je voulais travailler donc sur les questions de consommation au 18e siècle évidemment sur ce sujet la grande thématique incontournable et la question de l’interaction entre les la Révol ce que certains ont appelé la révolution consumériste et l’importation de nouvelles consommation de nouvelles denrées coloniales café sucre tabac tout cela produit dans la Caraïbe ma première question la question on va dire originelle original j’espère a été de me demander ben en fait sils produisent tant de produits pour l’Europe eux là-bas qu’est-ce qu’ils mangent et de la même manière lorsque je me suis penchée sur la presse de mingoise j’ai essayé ce même changement de perspective c’est-à-dire que ben j’ai lu des chercheurs comme John stubart mod vil Ray qui montrait comment la presse commerciale a nourri cette demande pour les denrées colonial en Europe je me suis donc demandé la question inverse de la même manière est-ce que la presse caribéenne aurait participé à la diffusion de la consommation de ces denrées de métropole dans la colonie alors euh je vais commencer donc sur les questions des annonces l’histoire de la presse dans la colonie française de Saint-Domingue commence en 1764 cette année pour la première fois et publié par l’homme de loi Jean Monceau une revue les avis diverses spécialisé dans l’actualité politique et surtout économique de la colonie renommée affiche américaine en 1766 la publication dure jusqu’en 17 190 la date de création n’est pas anodine 1764 marque à un an près la fin de la guerre de Satan et le renouveau économique de Saint-Domingue qui va réussir à doubler ses exportations de sucre et de café vers la métropole elle devient alors la colonie de plantation la plus riche de la Caraïbe devant la Jamaïque cette richesse est basée sur l’exploitation des esclaves afrodescendants qui constiue la majorité de la population en 1789 c’est à peu près 450000 esclaves pour 30000 blancs et 20000 libres de couleurs parce que spécialisé dans l’agriculture d’exportation la colonie est aussi dépendante des apports extérieurs pour ses besoins en nourriture à l’exception de quelques produits frais des fruits des légumes de la viande qui vont être produits dans les jardins des esclaves ou dans la partie espagnole de lillele la quasi totalité de la nourriture consommée provient de la métropole et de l’Amérique du Nord donc en fait pour la première fois on va avoir une société qui va être totalement dépendante euh d’autres continents des à des milliers de kilomètres pour les produits essentiels à à sa consommation sa survie de manière plus générale euh donc euh ce flux de marchandises va exploser après 1763 on voit ici un graphique avec les importations en nourriture des antis françaises selon les données collectées par le projet tofl 18 PA par Guillaume Dodin donc on voit à peu près après 1763 euh on est à peu près à 15 millions de livres coloniales de marchandis de n en marchandise alimentairire sans compter ici les importations illégales en provenance des colonies anglaises la majorité de ces importations comme vous pouvez le voir sont à la base du régime alimentaire français on de la farine pour de la pour le pain de la viande et d’alcool mais peut-être ce qui n’apparaît moins bien sur ce graphique c’est que en en même temps que cette massification des des flux on a aussi une diversification des cargaisons donc on va avoir des nouveaux produits des des produits d’épicerie de la confiserie euh qu’est-ce que j’ai comme exemple encore les condiments mais aussi au sein de chaque catégorie ce même phénomène de diversification par exemple la viande en plus du bœuf salé et du lard on va voir apparaître des langues fourrées ou non du jambon de la cuiss dooigt parmi les alcools en plus des vie et du vin rouge on va voir de plus en plus des alcools en bouteille du du cidre de la bière des liqueurs du rouge du blanc du mousseux du vieux du jeune et cetera donc on va voir une population libre à saint-demingue après 1763 qui a accès à un marché alimentaire en plein essor lointain et aussi de plus en plus diversifié ils vont donc être à la recherche d’information pour s’orienter sur ce marché et c’est va être une des première fonction remplie par la revue des affiches américaines dès le début du journal la plus grande dès le début du journal la plus grande partie des pages imprimées est consacrée à la transmission d’information sur le commerce euh Jean mousson s’inspire ici de deux modèles on retrouve la fois le système rubrical de la presse Atlantique et celui de la presse esclavagiste la première page est composée des concentré sur les euh les mouvements portuaires le court des prix des denrées coloniales donc suc café indigo et des produits de base importés farine vin savon et cetera est suivi par les annonces de maronnage c’est-à-dire celle des fu d’esclaves puis les avis divers sont imprimés dans les dernières pages du journal après les nouvelle politique pour s’adapter au mieux au besoins des lecteurs deux versions de la revue sont publiées hebbdomadairement dans les deux plus grands ports de la colonie Cap Français et Port au Prince les affiches américaines représentent ente alors le journal le plus populaire et le plus longé vive de la colonie en 1788 il coûte il compte plus de 1500 souscripteurs et bien plus de lecteurs il est acheté en majorité par les classes les plus aisées les officiers les familles négociants de planteurs et de notables mais aussi mis à disposition du public dans les cafés les académies qui fleurissent dans les grandes villes face à son succès la revue devient B hebbdomadaire en 1786 tandis que la taille des caractères va aller en diminuant et le nombre de pages va tripler dû surtout à l’augment tion de la place consacrée aux annonces commerciales alors le contenu de ces annonces est plutôt classique si l’on compare avec la presse commerciale de métropole les commerçants font la promotion de leur enseignne en ventant la diversité du stock la qualité et le prix des produits mais spécificité de la presse de mingoise on y parle presque que de denrées importé rien sur le commerce et les l’artisanat locaux cette recherche se positionne donc à la jonction entre deux processus connexes au cœur de l’histoire Atlantique tout d’abord l’émergence d’une presse américaine qui favorise la diffusion des nouvelles idées et pratiques à travers l’Atlantique ça va être le sujet d’étude par exemple d’April Shefford ou de John carigus qui ont montré comment les affiche ont permis la formation d’une sphère publique et la diffusion des idées des Lumières à Saint-Domingue second de manière phénomène secondaire la circulation croissante des marchandises et des invidus ce qu’on a appelé plus tard la première mondialisation étudié par beaucoup de personnes je cite très rapidement Jean Tarade plus récemment pierre Singara velou donc moi ce que j’essaie de faire en étudiant ces annonces alimentaire ce que ce qui m’intéresse c’est de savoir comment le secteur du commerce au détail va s’emparer de ce nouveau média pour promouvoir la consommation de ces doné emporté ce que je souhaite et ce que je vais essayer de faire aujourd’hui c’est de démontrer comment à travers la presse il participe à rendre intelligible l’Atlantique en tant qu’ d’approvisionnement et à former le consommateur ou la consommatrice Atlantique celui ou celle qui possède les connaissances nécessaires pour s’orienter sur ce marché et consommer avec goût c’estàd il sait trouver le bons produits avec la bonne origine la bonne réputation et la bonne qualité pour se faire j’ai réalisé un échantillon d’analyse des annonces de vente de produits alimentaires à partir de la version numérisée des affiches par la Bibliothèque de l’Université de Floride les chantillons ne portent que sur Cap Français qui à cette époque le premier port de la colonie la capitale politique de la partie du Nord de la colonie et sa ville la plus peuplée donc on est à peu près entre 12000 et 15000 personnes dont 2/3 d’esclaves euh j’ai fait un échantillon sur 3 années la première 1766 que c’est la première année où j’ai trouvé une version numérisée de cette de de des affiches puis 1776 1786 j’ai ainsi pu collecter collecter 27 annonces en 66 52 puis 120 aujourd’hui la première partie de ma communication sera consacrée tout d’abord donc au profil des annonceurs pour comprendre l’omnité présence des denrées importées dans les avis diverses puis la seconde partie portera sur les arguments publicitaires de ces annonceurs et méthodes utilisées pour créer la désirabilité autour de ces produits importés alors tout d’abord donc sur ces ces ces annonceurs ces boutiquiers alors quelques éléments de contexte au Cap c’est c’est de la ville on va dire est réputée pour avoir un secteur du commerce destaille diversifié riche qui a connu un process de de sophistication rapide au début de la colonie la distribution des denrées est surtout assurée par les tenants de cabaret des magasins généraux sur le modèle de l’Amérique du Nord mais dans le monde qu’on VI nous étudier celui de la monde de la boutique après la guerre de 7ans on est bien différent on a un secteur donc comme je vous l’ai dit diversifié des négociants locaux les capitaines de navire et une foule de petits artisans et des taillants blancs et libres de couleur des boulangers des bouchers des licorises des confiseurs des traiteurs et cetera la publité n’est cependant utilisée que par un groupe restreint de commerçants ceux qui ont les moyens de payer l’annonce ceux qui ont besoin de vendre sur un vaste territoire et ceux qui opèent dans les secteurs les plus compétitifs au cas français il va s’agir des négociants et des capitaines de navire qui sont en fait aussi les premiers maillons de la chaîne de distribution des comestibles importés donc ici on a un premier exemple très typique de d’un d’une annonce de négociant alors dans la colonie en fait ce sont des intermédiaires le plus souvent entre les planteurs et les négociants de métropole ils sont peu spécialisés ouvre boutique en ville ils vendent en gros et en détail et ils sont très nombreux l’objectif de leur annonce la plupart du temps et d’annoncer de faire connaître au public l’arrivée des nouveaux euh chargements ensuite on a les capitaines euh ceux-ci sont plutôt sont en fait la particularité qu’ c’est qu’ils ne sont présents que quelques mois dans la anné dans la ville ils y ouvrent boutique et à chaque fois sont obligés de trouver un nouveau magasin et qu’il louent à des particuliers donc l’annonce sert le plus souvent à faire connaître l’adresse de ce magasin éphémère et le contenu de la cargaison au début du journal en 1766 ce type de texte va représenter presque la quasi la enfin ou la quasi totalité des annonces de vente et de comestibl au cap sur les 27 annonces h sont publiés par des capitaines et 14 par des négociants bien que la rubrique des avis diverses reste le territoire du négoce le profil des annonceurs va se diversifier au cours du temps vous pouz le voir avec ce joli graphique plein de couleurs au côté des négociants et des capitaines prennent place des détaillants des artisans de tout métier métier de bouche on va trouver les boulangers confiseurs dont je vous ai parlé mais on va aussi voir des menusiers des horlogers qui sont toujours en nombre restreint pourtant en 86 ils ne sont qu’une dizaine la majorité d’entre eux sont des hommes quelques femmes blan apparaissent cependant malgré la diversification relative du profil des annonceurs la quasi-ttalité des annonces reste axé sur les comestibles importés on a on voit apparaître on voit on comprend alors que du négociant de l’ornologier le menusier le boulanger toujours c’est même personne dont je vous parle tout le monde en fait vend ces types de produit et la presse révèle un petit peu l’hubigé en fait du commerce atlantique dans la ville on le voit par le choix des produits d’appel c’està-dire les produits mis en avant dans les annonces pour attirer le chalent qui sont de deux types ceux qui sont nécessaires à l’approvisionnement des plantations et à la nourriture des esclaves et les produits plus rares ce plus recherchés par la clientèle aisée c’est la même qui lit les affiches américaine tout au long de la période l’alcool comme vous pouvez le voir ici reste qui est le premier produit importé fait l’objet du plus grand nombre d’annonce en 66 les 3/4 des publications mentionnent du vin ou de l’alcool fort puis près de 40 % dans les les décennies suivantes ces alcools c’est souvent du vin ou des EOS de vie qui sont dans la colonie seulement consommé par les populations libres sachant que les esclaves eux vont plutôt boire du tafia c’està-dire du Rome suivent ensuite les comestibles destiné à êt vendu en gros pour les planteurs ou au détail pour les classes intermédiaires et populaires c’est-à-dire les légumineuses le riz le maïs les biscuits les petits salés ou la morue en 86 ils font l’objet de près de la moitié des annonces enfin signe de la diversification des importations venant de métropole la part des produits spécialisés va en augmentant en 66 seule une annonce par exemple va concerner le thé tandis qu’en 86 15 % des annonces vendent des aliments qu’on peut appeler de demiluxe des confiseries des fromages euh des la moutard des cuisses doigts et cetera la pratique de mettre en avant ces produits importés est commune à tous les profil de boutiquier ceci mettent en avant le stock de nourriture importée bien que certains aussi commercent des produits locaux ou même en fabrique on a ici par exemple l’exemp on a l’exemple du distillateur au coulis qui euh ne mentionne pas la production de son propre atelier mais préfère évoquer ses nouveaux arrivages de graines de jardinage de moutarde et de thé de la même manière les boulanger méteill et compagnie ne parle pas de la qualité du prix euh ou du prix du pain mais du dernier arrivage en alcool alors pourquoi ce choix de stratégie locale euh de stratégie commerciale alors déjà parce qu’en fait il n’y a peu de production locale comme vous pouvez le voir la plupart des produits sont importés ils ne sont pas produits sur place ensuite même ceux qui sont produits sur place le sont en fait par les esclaves eux-mêmes qui sont détenus par des commerçants qui pour la plupart ne connaissent pas le métier c’est-à-dire des personnes la méteillé et compagnie ils sont très probablement pas boulangers ont acheté des esclaves boulangers qui produisent le pain et donc c’est plus difficile de dire je suis un très bon boulanger quand ils n’ont jamais mis la main à la patte en ensuite une des autres raisons de ce choix de stratégie commerciale c’est que SII ces produits importés sont les souvent les plus recherchés nécessaires à l’économie de plantation mais aussi parce que au sein de cette société hiérarchisée qui est la société colonale les colons ont tendance à rejeter le régime local considéré comme réservé aux esclaves et vont préférer le régime français donc on va trouver une opposition par exemple entre le pain et la cassave qui est un pain fait de farine de manioc comme je vous ai déjà dit l’opposition entre vin et tafia et donc la même chose entre tous les produits importés et les produits locaux il cherche ainsi à attirer en fait les gros clients ceux qui achètent de la nourriture pour leurs esclaves et les produits et qui veulent pour eux-mêmes des produits plus rares pour leur table ils vont donc comme on voit dans le dernier exemple s’adresser directement à eux aux habitants au ou aux négociants la presse apparaît donc comme un mode de communication réservé aux acteurs du commerce atlantique avec un PR premier cercle de négociants de capitaines et de planteurs qui sont les principaux trafiquants de ces denrées importées et un second cercle d’artisans détaillants de moins grande envergure toutes ces personnes ont commun et peut-être qu’ou l’avait déjà remarqué ils sont blancs en effet les libres de couleur c’est-à-dire les affranchis et descendants d’affranchis d’esclav sont rares dans la presse ils sont totalement absent de la rubrique politique et même dans les annonces de maronnage alors même qu’il possède pour souvent des esclaves sur les 10000 annonces publiées il y en a 200 qui ont été qui l’ont été par des libres de couleur ils sont pourtant bien intégrés dans l’économie urbaine bien que plutôt spécialisé dans le marché interne ou dans le commerce informel comme l’avait montré déjà Dominique Rogers dans l’ensemble de l’échantillon je n’ai trouvé que deux annonces publiées par un libre de couleur l’IND d’or qui se présente comme un fournisseur de navire donc on a ici l’exemple d’une des annonces publiées par Lindor on apprend qu’il est spécialisé dans l’approvisionnement des navires en produits frais et donc il opère en fait à la jonction entre ce marché Atlantique et ce marché local il est il apparaît comme tributaire des affiches américaines pour se faire connaître auprès d’une clientèle de passage les capitaines difficile difficilement accessible par d’autres moyen par le recours à la presse il cherche ainsi à assoir une réputation en tant que commerçant respectable qui maîtrise le langage commercial euh de commun au négociants et au capitaine mais de manière plus générale l’annonce aussi on dit beaucoup sur l’usage la perception de la presse et sur l’organisation du secteur on voit en fait comment la presse est considéré par les mêmes petits détaillants comme une manière de communiquer d’accéder en fait au monde du commerce atlantique on peut aussi comprendre en fait le désintérêt des libres de couleur pour les petites annonces qui s’expliquerait en fait plutôt par l’absence de nécessité de promouvoir leur commerce par ce billet moins alphabétisé plus implanté dans la colonie libre de couleurs ont établi leur réputation à l’écart de ce média auprès d’une clientèle peut-être plus noire plus populaire et peu habitué à lire la presse écrite enfin on peut on peut voir en fait comment la presse va renforcer une la dichotomie au sein du monde du commerce au détail avec des blancs plutôt tournés vers l’Atlantique qui intègrent la presse dans leur stratégie commerciale et des libres de couleur plus tourner vers le marché interne et peut-être avec des pratiques plus tourné sur les question d’oralité ce dernier donc les le monde du commerce atlantique il développe un langage publicitaire commun conçu pour promouvoir la qualité des marchandises importées et donc leur consommation donc j’en arrive sur la question plutôt des du langage publicitaire et des arguments utilisés par les commerçants la qualité est signalée le plus souvent par deux indicateurs la provenance et la date d’arrivée du produit à travers la rhétorique publicitaire les annonceurs se mettent en scène comme des commerçants connectés capables de se fournir sur plusieurs continents et aussi capable de guider les consommateurs au sein de l’espace-temp de l’économie Atlantique par la transmission des connaissances des temps de traversé et de l’origine des spécialités proposées il participe aussi à la formation donc d’un consommateur Atlantique éclairé un premier exemple de ce type d’argument c’est de convaincre le lectorat de la qualité des produits et ainsi euh et la meilleure manière de convaincre de cette qualité c’est comme on a des produits situés à des milliers qui ont été produits à des milliers de kilomètres et ben tout simplement c’est de d’expliquer que c’est euh pardon c’est de donner l’idée de fraîcheur faut que ce soit pas pourri quoi la priorité des commerçants est donc de convaincre la clientèle de récent déchargement des marchandises et ici plusieurs stratégies sont utilisées alors la plus simple la plus concrète ben c’est dire que c’est frais ou même très frais comme on peut voir avec la première annonce ensuite on peut être plus précis et mettre en avant l’arrivée récente du navire avec parfois quelques détails sur la date de débarquement et le temps de trajet qui est si sous-entendu avec la deuxième annonce et plus rarement on va tout simplement aussi expliquer que les les des éléments très importants c’est le bon conditionnement de ces produits comme on peut le voir avec ces Morus sèches très bien conditionné et de qualité supérieure heureusement quand on parle de Moru donc dans les annonces euh dans les annonces de vente de comestibles un des autres arguments pour convaincre de cette qualité c’est de préciser l’origine géographique qui va faire l’objet du une annonce sur deux dans mon échantillon l’éventail des lieux réplique la géographie de l’air d’approvisionnement du Cap c’est-à-dire la métropole l’Europe l’Amérique du Nord et la Caraïbe française pour les commerçants la précision sert à certifier donc la qualité du produit tandis que pour les consommateurs elle aide à se repérer au sein de ces marchés alimentaires internationaux elle participe ainsi à la construction d’un image de d’un Atlantique désirable et nourricier une des premières origines cité c’est la France et ses terroirs qui va faire le l’objet d’une dizaine de mentions en 66 une quarantaine en 86 c’està dire à peu près un/3 des annonces c’est le signe de l’intégration dans la culture de consommation caribéenne de la géographie des terroirs qui se structure au cours du 18e siècle je fais ici référence au dernier tr de Philippe maisi qui montre en fait comment enfin qui montre comment au sein de la métropole on a des terroirs et qui et des réputations qui vont se créer autour de ces terroirs ce que je montre ici c’est que ce n’est pas que limité qu’à la métropole mais la caroïb fait aussi partie de ce de cette de ce monde des terroirs de cette connaissance des terroirs donc très classiquement on a les jambons et les cuisses d’oig qui vont provenir de Bayonne les sucreries de Nantes les lentilles d’ Vergnes et ici on peut voir le kir de laoren pour la clientèle mobile de la Carib ça peut donner un goût de familier l’impression d’être toujours en métropole et ne pas être séparé par un océan mais ça la permet aussi de se tenir au courant des dernières tendances et des nouveaux produits en vogue mais l’horizon d’attente des carrébens n’est pas juste une copie conforme de celui des métropolitains elle intègre aussi d’autres sphères de l’air d’approvisionnement dans la caribbe française donc un des exemples que je vais vous donner voilà c’est celui de la que je VO que vous voyez ici c’est les liqueurs de la veuve en fou c’est une marque particulièrement convoitée de donc la liqueur de la veuve d’enfou qui est une liqueur de menthe et d’eau de vie avec une recette secrète elle a été créée par madame Madeleine Achard qui est née en 1710 qui est d’origine de Marseille et qui s’implante donc en Martinique et qui fabrique ce type de liqueur à partir des années 60 la marque CRE même après qu’elle ait vendu son commerce qui montre bien la réputation de cette liqueur de veuve d’enfou au sein de la Caraïbe ensuite une des troisièm régions euh citée c’est celle de l’Amérique anglaise qui est de plus en plus présente dans les annonces qui montre en fait enfin c’est une conséquence de l’ouverture des barrières de l’exclusif dès le début de la colonie ces produit euh se crée un commerce de contrebande entre les colonies des différents empires surtout au cap qui est une des pierres angulaires de l’Interlope franco-anglais mais même si ces échanges de denrée se font depuis on va dire les depuis le 17e siècle on en trouve aucune trace dans la presse en 1766 ce n’est qu’en 1776 alors que le commerce avec je remett sur à partir de donc c’est à partir de 76 alors que le commerce avec les insurgique est toléré par les autorités et que croit la pénurie des marchandises métropolitaines que l’on voit apparaître des réf aux colonies anglaises dans les dans les affiches américaines à partir de 1784 avec l’autorisation du commerce étranger le nombre de mentions américaines donc cette fois-ci des États-Unis s’élève à une trentaine par an elle concerne par exemple le riz de Caroline du Sud ou du Mississippi ou le poisson de Nouvelle Angleterre qui sont les produits les plus communément ortés des États-Unis on voit ici donc comment les commerçants en fait adapte leur rhtorique publicitaire à l’actualité politique ou aux transformations de l’économie Atlantique à cette période si le flux des informations transmis par les commerçants aide le consommateur à s’orienter sur le marché des comestibles il nourrit aussi la demande de distinction de l’élite pour signifier la supériorité de leur goût les plus AIG les plus aisés vont s’ériger en connaisseurs c’est-à-dire ceux qui savent s’orienter au sein d’une économie de l’identification qui est caractérisée par une hiérarchisation des marchandises de plus en plus complexes on a besoin de savoir d’où vient le meilleur riz qui de connaître les appellations des produits terroirs que j’ai cité précédemment mais aussi une question centrale va être celle de l’alcool en effet dans une société où l’alcool est présent sur toutes les tables le phénomène est particulièrement visible dans le domaine du vin le produit le plus importé à Saint-Domingue et qui va être le sujet du plus grand nombre d’annonces 64 au total dans une société euh pardon à la même époque le vin devient en Europe un sujet un objet de dégustation se crée un marché pour le vin de qualité et une hiérarchisation croissante des cru pour les colons maîtriser le vocabulaire du vin et la géographie viticole européenne cela donne l’opportunité de mettre en scène sa proximité voire même son appartenance avec les élites de métropole pour les attirer les commerçants s’adressent à ses amateurs éclairés en utilisant une taxinomie vinicole de plus en plus élaborée donc là on peut voir la différence entre les années 60 et les années 80 donc dans les années 60 on va surtout seulement parler de la couleur et de l’âge du vin vieux jeune et on va avoir parfois les provenances étrangères si c’est du vin Malaga et de manière générale les régions vidicoles donc ici le Bourgogne en dans les années 80 on voit que la la hiérarchie la hiérarchie des 20ins gagne en complexité outre l’âge et l’origine le connaisseur doit maintenant connaître le nom des meilleurs domaines donc ici le château Margot et les mésimes alors que les références à ce sujet deviennent de plus en plus communes dans les annonces afin de valoriser sa clientèle de renforcer cette impression de s’adresser à des connaisseurs certains boutiquiers vont s’adresser à eux comme à des amateurs donc ici les amateur de bon vin comme on voilà dans l’annonce de gramon je conclus très rapidement qu’avons-nous enfin que ce que moi j’ai appris j’espère que vous avez aussi appris aujourd’hui donc on voit comment l’importation et la consommation des produits venus d’ailleurs comme pour l’Europe le sucre et le café ce n’est pas une évidence il y a un besoin d’uns du commerce au détail diversifié qui développe des nouvelles stratégies commerciales dont l’usage de la presse pour guider ce consommateur et le convaincre d’acheter ses produits via la presse le consommateur apprend de nouvelles pratiques un nouveau vocabulaire une nouvelle géographie des produit ainsi tout comme la la presse a permis d’intégrer les domingois dans le monde politique Atlantique elle permet aussi leur insertion dans cette nouvelle société de consommation qui émerge au 18e siècle en Europe en Amérique du Nord mais comme on vient de voir aussi dans la Caraïbe merci beaucoup [Applaudissements] [Musique]