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    Ah, voilà ! Bien, Mesdames et Messieurs, mes chers collègues. Cher Stan, chère Sylvie, merci pour votre présence, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Merci d’être également à nos côtés pour cette après-midi de travail. Je tiens à saluer Anne Bouverot que j’ai aperçue… Qui est là. Coucou, Anne. Je n’ai pas vu Philippe, ton comparse Philippe Aghion, mais je tenais aussi à saluer tous les membres qui ont participé, qui sont peut-être présents aujourd’hui de la commission sur l’intelligence artificielle, qu’avait donc demandé le président de la République et qui nous a rendu un rapport extrêmement intéressant. D’ailleurs, je pense qu’il va nous occuper cet après-midi avec des préconisations fortes. Je tiens également à remercier Maurice Lévy, qui a contribué grandement à l’organisation de cet événement. C’est un peu le "before" de VivaTech, si j’ose dire, en bon français. Merci, Maurice, pour cette initiative et de nous aider à avoir monté, cet après-midi. Bien évidemment, un grand merci au président de la République qui a souhaité vous convier aujourd’hui dans cette salle des fêtes de l’Élysée. Un dernier merci pour vous toutes et tous ici présentes, vous qui êtes les talents de l’intelligence artificielle français et aussi international, vous êtes tous les bienvenus ici. Voilà, le souhait que nous avions, c’était de réunir aujourd’hui toutes nos belles têtes pensantes de l’intelligence artificielle. Vous le savez, la France est au cœur de l’IA depuis des décennies. Finalement, j’ai envie de dire qu’on a un peu une "French touch française", j’allais dire "tech", "French touch française" en matière d’intelligence artificielle. Si pendant des années, il paraissait inévitable pour nos talents de s’expatrier, pour développer leur carrière ou pour mener à bien leur recherche, aujourd’hui, et c’est heureux, nos talents peuvent se développer, peuvent travailler ici en France, créer leur start up, croître, trouver des financements. Pourquoi ? C’est grâce à la politique que nous conduisons de manière très offensive depuis 2017, derrière le président de la République. Une politique résolument tournée vers l’innovation et vers le soutien à la technologie française et notamment à l’intelligence artificielle. Je voudrais donc saluer aujourd’hui tous ces talents qui sont revenus en France, ceux qui décident de s’implanter. Je salue Catherine Vautrin qui arrive, notre ministre de la Santé et de l’Emploi. Également, vous dire que nous allons avoir VivaTech cette semaine. Nous avons ce bel événement aujourd’hui, mais nous avons également deux événements importants qui se sont tenus aujourd’hui-même à Paris sur l’intelligence artificielle. Je pense à l’événement de OpenAI. Ils sont juste par là. Je les ai vus tout à l’heure. Également, l’événement anthropique et Google. Donc preuve s’il en est, s’il en fallait une de plus, que Paris est devenue une place mondiale aujourd’hui pour l’intelligence artificielle. Alors, comme vous, en tout cas, je l’espère, mais je n’en doute point, nous portons trois convictions fortes en matière d’intelligence artificielle. Tout d’abord, l’intelligence artificielle est une révolution numérique qui, sans nul doute, n’en a pas d’autre pareille. Elle réinvente totalement notre relation au monde numérique et je la comparerais volontiers à l’imprimerie, dans la façon qu’elle a aujourd’hui de nous permettre de compresser les savoirs, ou à l’électrification, dans la façon qu’elle nous procure des puissances de calcul qui nous permettent aujourd’hui de résoudre des problèmes qu’on jugeait encore insolubles il y a quelques années. L’IA va donc complètement bouleverser nos économies, mais aussi nos sociétés, en matière d’emploi par exemple. J’entends qu’il peut y avoir des craintes. Beaucoup d’emplois vont être amenés à muter grâce à l’apport de l’intelligence artificielle. Le travail qui a été fourni par la Commission nous a bien mis l’accent sur ce point. Pour autant, nous espérons des gains d’emplois plus importants que des destructions d’emplois possibles. Par ailleurs, des gains de productivité énormes sont attendus par l’apport de l’IA dans tous nos process. Nous manquions de données françaises sur le sujet et le travail de la Commission nous a donné des métriques puisqu’aujourd’hui, dans la prochaine décennie, l’intelligence artificielle pourrait nous permettre de gagner plus d’un point de croissance, soit entre 250 et 430 milliards de PIB supplémentaire. Donc, vous voyez que l’enjeu est extrêmement important. Le deuxième sujet que je voulais aborder avec vous, c’est que l’IA est porteuse de promesses pour l’humanité et je crois que c’est un point sur lequel nous nous accordons. Depuis 2022 et l’apparition de ChatGPT, le cœur de la tech bat au rythme des annonces concernant les nouveaux modèles, les nouvelles puissances de l’intelligence artificielle. Si nous ne pouvons pas et surtout ne devons pas ignorer certains risques, nous les avons tous en tête. Je pense notamment à la désinformation ou à une IA mal intentionnée. Il est aussi important de considérer que l’IA est vraiment porteuse et génératrice de grands bénéfices pour l’humanité. Notre volonté et celle du président de la République est de montrer l’IA sous un jour qui doit être positif. Je citerai en exemple, mon cher Stanislas, Albert, notre IA souveraine, développée en interne "le produit maison", j’ai envie de dire, que nous mettons en test actuellement dans nos maisons France Services et qui à notre sens va améliorer la relation entre nos utilisateurs et nos agents afin de faciliter les tâches les plus rébarbatives pour nos agents et de leur donner plus de temps à consacrer à nos concitoyens. C’est important. Mes chers collègues, dans tous les champs aujourd’hui qui sont les vôtres, dans vos portefeuilles ministériels, vous constatez des usages qui sont très positifs. Je pense au maintien à domicile, ma chère Catherine. Je pense à la découverte également de nouveaux médicaments qui sont beaucoup plus rapidement mis au point grâce à l’IA ou je pense, un sujet qui est beaucoup moins sexy mais qui est fort utile aujourd’hui au traitement des nombreux amendements que nous recevons en milliers lors du projet de loi de finances. Je vous assure que cela nous facilite la tâche et ça nous permet aussi de mieux répondre aux attentes, notamment de nos parlementaires. Enfin, troisième conviction, c’est que l’IA doit être ouverte à tous. Là encore, la Commission nous a alertés sur ce sujet. Et d’ailleurs, la première recommandation de ce rapport est que nous devons absolument accentuer la diffusion de l’IA, mettre un accent extrêmement fort sur la formation, sans quoi l’intelligence artificielle n’aura pas ce pouvoir d’inclusion qu’elle pourrait nous apporter. C’est bien en développant une IA ouverte que nous arriverons à faire bénéficier la plus grande partie de la population de ses bienfaits. L’enjeu de la formation, je l’ai rappelé, mais vous le savez surtout, la France défend une approche qui se veut ouverte, qui se veut juste et qui se veut responsable. C’est le sens des appels à projets que nous avons lancés pour les communs numériques sur l’intelligence artificielle en 2023. Aujourd’hui, je suis heureuse d’annoncer sept lauréats. Ces lauréats illustrent nos start-up, le talent de nos start-up, le talent de nos entreprises, mais aussi le talent de nos laboratoires et l’engagement de vous tous, acteurs de l’intelligence artificielle au service de la société. Alors, avant de repasser la parole à Maurice Lévy, j’ai choisi parmi ces sept lauréats, que les quatre autres ne m’en tiennent pas grief, trois sujets, trois thèmes que nous avons retenus pour vous illustrer concrètement ces cas d’usages qui sont bénéfiques pour notre société. Le premier, c’est le projet "AI For Democracy" de l’entreprise Make.org, en partenariat avec Sciences Po Sorbonne Université et le CNRS, qui est un projet qui nous permettra d’avoir des outils d’évaluation et de correction des biais dans les systèmes d’IA pour en assurer un usage responsable dans les processus démocratiques. Le second projet que j’ai retenu, c’est le projet Scribe, mené en partenariat avec Aleia, Openvalue, Inria et l’entreprise Lighton, qui vise à pousser le développement de modèles open source pour certaines applications en droit et en santé, en lien avec des entreprises spécialisées. Concrètement, ma chère Catherine, cela permettra d’établir des comptes rendus d’examens médicaux d’une manière très rapide et donc de donner plus de temps médical à nos médecins pour être auprès de leurs patients. Et enfin, le dernier projet, c’est le projet AGM mené par Mistral, Giskard, Artefact avec l’INA. C’est un projet à vocation culturelle qui vise à développer des modèles de texte à l’état de l’art, notamment performant en français, pour concrètement améliorer les outils technologiques textuels de l’INA et de la Bibliothèque nationale de France. Vous voyez, j’ai choisi trois thèmes très divers, mais je voulais absolument vous illustrer toute la diversité aujourd’hui des cas d’usage de l’IA et surtout comment nous, nous pouvons les utiliser pour le bienfait de tous. Je vous remercie pour votre attention. Sans plus attendre, je repasse la parole à notre cher Maurice Lévy. Bien. Merci à tous. Merci, Marina, pour ce tour d’horizon extrêmement rapide et vaste. On va se voir demain et on va passer la semaine ensemble puisque VivaTech commence demain et VivaTech sera un grand moment avec un programme absolument magnifique et je suis heureux de vous accueillir dès demain à VivaTech. C’est pour moi un immense honneur de me retrouver devant vous et d’aborder le sujet de l’intelligence artificielle, un peu comme nous l’avions fait au temps de Tech for good où nous avions eu un certain nombre de sessions, ici, à l’Élysée, pour essayer de montrer comment la technologie peut faire du bien à l’individu et à l’humanité. C’est l’idée de AI Good for humanity, Good for humans et essayer d’éviter les problèmes qui se posent ou que pose l’IA. C’est pour ça qu’il va y avoir un certain nombre de sessions cet après-midi avant que le président puisse conclure cette journée. Alors, il y a trois tables rondes d’organisées. L’une autour de l’IA au service de l’humanité, Good for humans. L’IA qui met la science sous stéroïdes grâce à sa puissance de recherche et de calcul. Et puis, comme on est à l’Élysée et qu’on est dans l’endroit du pouvoir suprême républicain, il va de soi et il est normal que l’on pense à ce que l’IA peut faire pour que la France gagne. La France a prouvé qu’elle était capable de gagner, y compris quand elle partait avec un peu de retard et y compris quand il y avait quelques handicaps comme c’était le cas pour la tech et grâce à la French Tech et à une politique délibérée et en faveur des start-up, il y a eu un succès absolument indiscutable. Donc on espère bien que l’IA va faire exactement le même parcours et c’est ce à quoi on va s’employer. Au passage, Stanislas, Albert, c’est pas mal. Einstein, bien sûr, évidemment, ça n’a échappé à personne, mais vous auriez pu demander un peu ce que Publicis a fait avec Marcel il y a déjà pas mal d’années. C’est exactement le même produit. On aurait pu vous le presser gratuitement. Mais enfin bon… Oui, on fait du pro bono à Publicis, vous savez bien. La preuve, je suis là. Mais dès à présent, je vais appeler Eric Schmidt et je vais switch to English avec mon broken English and it’s my great pleasure to ask Eric to join me on stage. Eric is very good friend. Il n’est pas seulement un très bon ami. Je ne sais pas depuis combien d’années nous nous connaissons, nous avons construit une relation inégalable. Je suis très fier de vous avoir comme ami. Il a dirigé Google Alphabet, a créé Schmidt Ventures et Google Ventures aussi. Mais Schmidt Ventures. Il a beaucoup investi dans l’IA, y compris une activité française, il croit fortement en l’Europe. Il croit fortement dans l’écosystème de l’IA en France. Il a écrit un livre et je vous invite instamment à le lire avec Henry Kissinger qui est tout à fait remarquable. Sans plus tarder, mon ami, vous avez la parole. Welcome, Eric Schmidt ! Je vous demande d’accueillir Eric Schmidt. Non, ça, c’est la place du président. D’accord. Ce que je retiens de l’histoire, c’est que depuis la Révolution française, il n’y a plus de princes ni de rois. Mais vous avez néanmoins un grand prince en France, c’est Maurice Lévy. Il y a deux semaines, nous étions ensemble alors que vous receviez une décoration et vous receviez cette décoration avec une grande modestie, alors même que vous êtes notamment à l’initiative de VivaTech, qui est sans doute l’un des plus grands ou le plus grand événement de ce type en Europe ou dans le monde. Et puis, vous êtes également à l’origine d’une révolution de l’IA dans votre pays. Nous vous en remercions. Je crois qu’il y a de nombreuses raisons pour lesquelles la France est peut-être un grand pays de l’IA. Je vais vous donner quelques exemples. Tout d’abord, voyons ce qui se passe. Nous observons l’arrivée d’une nouvelle forme d’intelligence, pas l’intelligence humaine, mais une nouvelle forme d’intelligence qui œuvrera avec nous. Au fur et à mesure que cette intelligence évolue, les nations, les chercheurs, les entreprises, tous ceux qui l’adopteront en bénéficieront dans une large mesure. Alors, certains n’aiment pas, veulent réguler, mais ceux-là perdront. La France fait exception parmi les pays d’Europe en ce sens que vous avez à la fois les compétences et les objectifs très clairs qui vous permettront d’être dans ce flux. Certains veulent réguler les inconvénients et les dangers, sans parler, sans reconnaître les avantages de ce phénomène. Imaginez un médecin, un médecin à l’intelligence artificielle qui aide un médecin humain, et tout ça, où que ce soit dans le monde, quel que soit le niveau de revenu, quelle que soit la langue employée. Imaginez également un tuteur qui puisse soutenir les enseignants dans les écoles, quel que soit le pays ou la langue, et qui lui permette d’améliorer encore le niveau d’enseignement de la maternelle jusqu’à la fin des études. Ces outils sont proches. Je vous lance un défi. Dites-moi réellement si vous pensez qu’améliorer l’éducation, améliorer le système de santé n’est pas une bonne chose pour l’humanité. En fait, toutes les choses intéressantes que nous pouvons faire, nous les faisons parce que nous sommes dotés d’intelligence. Aujourd’hui, quand vous utilisez Google, vous utilisez un outil qui fait que vous allez bénéficier d’informations sans avoir pour autant lu tous les livres qui sous-tendent les informations qui vous sont proposées. Ce phénomène nouveau sera du même type. À l’heure actuelle, par exemple, vous avez de très grandes entreprises qui investissent quelque 52 milliards de dollars dans des équipements de hardware. D’autres travaillent sur des alternatives moins chères et pensent pouvoir réussir avec de moindres investissements. Ce sont des développements, des évolutions essentielles dans notre industrie et il y a énormément de compétition dans ce domaine. J’ai vraiment le sentiment et de bonnes raisons de penser que la France peut faire partie des leaders. Pourquoi ? Parce que la France a été impliquée dès le début dans les solutions technologiques nécessaires. Nous sommes à la version 1 ou 2 des systèmes, dans le domaine notamment pharmaceutique, dans un certain nombre de domaines où la France est très bonne, la manipulation des enzymes, etc. Il y a des opérations extrêmement complexes qui peuvent être réalisées par l’IA, alors que le cerveau humain ne pourrait pas faire la même chose. Et puis, il peut y avoir un robot qui va vérifier une hypothèse en temps réel et qui va nous dire si ça marche ou si ça ne marche pas en temps réel. C’est véritablement un défi pour la science, pour l’ingénierie. Je pense que la France a toutes ses chances dans ce domaine. Il y a Mistral qui est représenté ici, qui a été créé au tout début du phénomène. Xavier en est l’un des fondateurs et a créé un institut de recherche. Il y a maintenant, je crois, Holistic. Ce qui est intéressant à propos de ces entreprises, c’est qu’elles ne sont pas spécifiquement françaises. Elles sont mondiales. Leur intention, c’est de jouer un rôle à l’échelle mondiale. En dehors des États-Unis, la plupart du temps, les entreprises n’y parviennent pas, parce qu’elles ont besoin d’énormément d’argent, de personnes extrêmement intelligentes, d’un système politique très sophistiqué et un engagement à long terme. Or, la France dispose de tous ces atouts. Mon propos aujourd’hui consiste essentiellement à vous dire que c’est le moment. C’est maintenant qu’on va voir si ça fonctionne ou pas. On en parle depuis 5 à 10 ans. Tout ceci a été prévu. Maintenant, c’est aujourd’hui que l’opportunité est donnée aux entrepreneurs et c’est au demeurant un terme français, "entrepreneur". Le moment est venu d’identifier les prochains acteurs, qu’il y en ait 30, 50 ou 60. Pour ça, on a besoin de l’aide des gouvernements. Plus d’argent dans la recherche, plus d’argent dans le domaine académique. J’avais pour habitude de blaguer avec le président Macron. Je lui disais : "Il faudrait peut-être un droit du travail un peu plus flexible, "adopter certains aspects du modèle américain, "peut-être, en tout cas pour les petites entreprises, "pour qu’elles puissent croître encore plus vite." Permettez-moi de vous dire que j’ai passé tellement de temps ici que je connais votre pays. Je connais les acteurs et je suis sûr que vous pouvez réussir. Donc merci. Merci encore d’avoir fait tout ce que vous avez fait, de l’avoir rendu possible. Que pouvez-vous faire d’autre à part gagner ? Nous avons toutes les raisons de penser que la France peut mener l’Europe, peut aider à passer à l’étape suivante et être véritablement l’un des leaders. Il y aura également la Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni selon moi, peut-être la France et l’Inde. Voilà. Voilà quel est ce groupe d’élite ici présent et je ne peux vous dire à quel point vous occupez une position extrêmement puissante. Merci beaucoup, Maurice. Bien, nous allons passer maintenant à une session qui aurait dû être modérée par Andrew Ross Sorkin. Mais Andrew est avec le président et donc, au pied levé, je vais modérer cette session. Nous allons commencer par la première table ronde. J’appelle Yann Le Cun. Yann, pour ceux d’entre vous qui ne le savent pas est scientifique responsable chez Beta. Je vous souhaite la bienvenue. Veuillez prendre place. Robin Li. Robin. Robin est fondateur et directeur général de Baidu. Pour ceux qui ne connaissent pas Baidu, c’est le Google chinois. et plus, voire plus. Désolé. James. Alors, James, vous allez nous rejoindre aussi. James Manyika est senior VP d’Alphabet et de Google. Choisissez votre place. Non. Pas là, pas là. Non. Il faut montrer du respect. C’est la place du président. Soyez le bienvenu. Arthur. Arthur Mensch. Cherchez l’intrus. Le Français, le fondateur de Mistral. Comme vous le savez, Mistral est une société d’IA toute jeune qui affiche une très grande réussite. La raison de cette table ronde, c’est que l’IA a de nombreux aspects positifs quelques aspects négatifs et les risques sont énormes de tomber du mauvais côté de la route. Alors, on va démarrer par un tour de table pour avoir donc une première réaction. Les gens comparent l’impact de l’IA générative et des LLM à l’Internet et ce que l’Internet a construit, ce qu’on a pu construire grâce à l’Internet, à la fois en termes de disruption, d’innovation et l’ampleur de l’activité. Que pensez-vous de ce constat ? Commençons par Yann. Je reprends votre analogie. C’est davantage comparable à l’invention de l’imprimerie que l’émergence de l’Internet ou son invention. Ça va peut-être amplifier l’intelligence humaine, comme l’a fait l’imprimerie au XVIe et XVIIe siècle et peut-être créer une nouvelle renaissance pour l’humanité. Arthur ? Oui, je pense que c’est quand même assez comparable dans la productivité qu’elle apporte, également du risque autour de la concentration de pouvoir que cela apporte. C’est également comparable dans l’écosystème des start-up que ça a créé. Il y a plein d’analogies à faire. Robin, vous êtes d’accord ? Je pense que c’est davantage comparable à la révolution industrielle. Si vous pensez à la définition de l’IA, qui peut-être aussi bonne que les humains, vous mettez ça dans la perspective de croissance économique. La France a une population de 80 millions. Si vous avez la productivité de 8 milliards d’habitants, quel serait le PIB ? Ça, c’est l’importance, la taille de l’IA générative. James ? Je voudrais dire que je suis ravi d’être ici, devant une salle pleine d’entrepreneurs et de ministres. C’est une des technologies les plus généralistes que nous ayons qui sous-tend toutes les activités. Songez aux possibilités que ça offre aux individus, l’économie, les petites sociétés, les grandes sociétés, tout ça, les possibilités des progrès scientifiques. Eric en a parlé. Songez aux possibilités pour ce qui est de relever certains des défis les plus pressants de la société : réchauffement climatique, inondations… Je dirais que c’est une technologie généraliste tout à fait fondatrice. Nous n’en avons pas eu beaucoup. Merci, James. Je me tourne à nouveau vers vous, Robin. On s’accorde à dire que les deux géants dans le domaine de l’IA sont les États-Unis et la Chine et je souhaiterais avoir votre avis sur la façon dont l’IA se développe en Chine et ce qui rend l’IA aussi réussie en Chine. Bon. Je pense que la technologie et l’IA [INAUDIBLE]. Les deux pays prennent des approches différentes. Nous avons une population très nombreuse. La population chinoise est très passionnée, curieuse et souhaite ardemment apprendre de nouvelles choses, adopter de nouvelles applications et les technologies peuvent trouver leur sens en Chine. Vous parlez donc d’une technologie qui a une approche plus disruptive. L’IA est davantage tirée par l’innovation, les technologies qui sont là. Nous essayons de repousser les limites pour pouvoir l’utiliser autant que faire se peut. L’innovation a lieu lorsque vous mettez les choses en application. Vous trouvez ce qui manque. Ensuite, vous essayez de résoudre les problèmes qui n’ont jamais été résolus ou qui n’ont jamais été constatés. C’est ainsi que l’innovation se produit. Je pense que la Chine a véritablement une culture qui favorise beaucoup d’innovations fondées sur les applications. Le gouvernement vous aide ? Vous recevez des aides d’État ? Ou un soutien de l’État ? Ou chaque entreprise décide isolément ? Il est très difficile d’obtenir des aides d’État. Oui, on se ressemble, on se ressemble. Nous avons quelque chose en commun. Il y a plein de restrictions, plein de procédures à suivre. C’est plus simple de gagner de l’argent grâce au marché. Très bien. Nous avons quelque chose en commun. Je le savais. Yann, lorsque GPT4 est sorti, il y a eu quelques personnes qui ont exprimé leurs craintes, vous en étiez. Vous pouviez peut-être nous dire quels sont, selon vous, les aspects les plus risqués de l’IA et pourquoi vous avez pris cette position à l’époque ? Non, je ne pense pas avoir pris cette position-là. Je n’ai pas vraiment de grosses craintes face à l’IA, sauf des opportunités ratées, évoquées par Eric. Il disait qu’en France on a beaucoup de choses compliquées pour progresser, système d’enseignement, une longue tradition dans les mathématiques et la science qui sont des composantes essentielles. Non, je n’ai pas de craintes particulières. Je suis même perçu comme quelqu’un d’assez optimiste pour ce qui est de l’avenir de lire. Par contre, ce que j’ai dit, c’est que la technologie actuelle est très limitée à maints égards et malgré ce que certains ont affirmé ou affirment toujours, nous sommes loin de pouvoir égaler le type d’intelligence que l’on constate chez les animaux et les humains. Donc, il y a encore beaucoup de progrès à accomplir et nous sommes très loin d’atteindre le niveau de l’intelligence humaine. La seule crainte qu’on peut nourrir, c’est de déployer des systèmes d’IA pour des applications qui ne sont pas adaptées. Bien sûr, des progrès sont en bonne voie, mais il nous faut quand même des changements majeurs et des changements de paradigme pour passer au niveau supérieur des systèmes IA qui pourraient égaler l’intelligence humaine. Ma plus grande crainte [INAUDIBLE] dans un avenir où toutes nos interactions avec le monde numérique seront médiées par une aide de l’IA, on ne peut pas se permettre d’avoir ces assistants IA qui proviennent d’une poignée de sociétés sur la côte ouest des États-Unis. Il nous faut une large diversité de ces systèmes pour différents biais politiques, différents systèmes culturels, différents centres d’intérêt. Et c’est sans doute un des plus grands choix de société que nous avons aujourd’hui. Comment permettre une grande diversité d’assistants IA ? Peut-être pour la même raison qu’il nous faut une presse diverse et variée. Il nous faut une grande diversité d’assistants IA. James, vous êtes d’accord avec Yann ? – Oui, oui. Je suis d’accord. – Ça, c’est une bonne chose. Google et Méta sont d’accord, C’est une bonne chose. Nous n’en sommes qu’au début de ce que cette technologie peut faire. Il y a encore beaucoup devant nous, mais il y a quand même des choses auxquelles on doit réfléchir et je les classerai dans deux catégories. Il y a la mauvaise application de l’IA où on l’utilise pour des choses qui ne sont pas adaptées, des choses qui sont par exemple liées à la vie et à l’argent. Il faut peut-être réfléchir. Dois-je faire confiance à cette application ? Parler des mauvaises utilisations lorsque la technologie n’est pas utilisée pour des choses que l’on approuverait. Je serais aussi d’accord avec Yann et Eric. Il y a aussi de mauvaises utilisations de par le monde. Il y a tant de gens chez nous et dans le sud mondial qui n’ont pas accès. Vous allez dans un endroit où il y a 1 médecin pour 50 000 personnes. Ne pas pouvoir utiliser les possibilités de cette technologie, c’est une occasion ratée. Donc il faut songer aux possibilités et aux occasions manquées ou ratées. Je suis d’accord avec Yann pour dire qu’il nous faut un écosystème très dynamique, très divers et je suis très heureux de voir tous les entrepreneurs français dans la salle. Il nous en faut beaucoup pour participer au développement de cette technologie et son utilisation. Merci, James. Je vais poser la question à Arthur qui est le nouveau venu parmi nous, donner un point de vue récent et français. Quelles sont les principales différences telles que vous les constatez entre l’approche française et les autres approches ? Qu’est-ce que le regard français ou européen peut apporter ? Je ne dirais pas que c’est un point de vue européen. On a une approche plus décentralisée à l’IA. Regardez l’IA générative, c’est une technologie qui coûte beaucoup d’argent, qui requiert énormément de capitaux. Si personne ne fait rien, la voie naturelle sera d’avoir les quatre grands de la tech US qui vont offrir le socle pour construire les applications de la prochaine génération de logiciels de productivité, tous les autres logiciels. C’est une préoccupation, c’est structurel, lié au fait que c’est assez onéreux, mais c’est pas inévitable. Ce serait super d’être davantage décentralisé dans la façon dont on diffuse la technologie, notamment le Sud global qui pourrait bénéficier de modèles faciles à déployer. C’est un aspect important de notre approche de favoriser les modèles libres, open source, de favoriser la personnalisation, augmenter l’efficacité en mettant l’accent sur cette efficacité pour offrir une alternative aux acteurs naturels dans ce domaine qui nous a en fait assez bien formés. Voilà notre approche différente qui résonne, pas simplement en Europe, mais toute une série d’entités souveraines avec des groupes qui ne souhaitent pas utiliser le cloud public. Elles sont nombreuses. Là, il y a une opportunité de créer un accès plus équitable à la technologie. Autre aspect important, l’IA que l’on construit, porte une culture, ça génère du contenu, donc de ce point de vue là, ça génère de la culture, ça traite le contenu avec des valeurs, des biais. Et nous ne croyons pas l’approche d’avoir une série universelle de valeurs qui pourrait s’appliquer à n’importe quel système. Au contraire, [INAUDIBLE] pour tout créateur d’applications de pouvoir le customiser, l’open source qu’on a fait avec le partenaire pour la tech. Si vous voulez mettre votre temps éditorial dans un modèle ou un nouveau langage, vous pouvez le faire. Ce sera très important pour éviter ce contrôle centralisé qui pourrait rendre l’économie mondiale encore davantage biaisée vers les États-Unis. Je pourrais être d’accord avec vous, c’est tout à fait remarquable. Arthur, gardez votre micro. En un mot, votre plus grand espoir et votre plus grande crainte. L’espoir, c’est que ça ne coûte pas si cher que cela. Bon, il y a trop de mots là. Et votre crainte ? La crainte, c’est qu’on n’ait pas un très grand département ou service de lobbying. Trop de mots. James, montrez-nous que les États-Unis sont plus rapides. En un mot, prenez le micro. Un mot, plus grand espoir, plus grande crainte. C’est que l’on résolve les plus grands défis de l’humanité. Pas mal. La plus grande crainte, c’est qu’on n’y arrive pas. Robin. Votre plus grand espoir, votre plus grande crainte ? Des super apps, des super applications natives de l’IA. On le voit pas encore [INAUDIBLE], c’est que la technologie ne progresse pas assez vite. Yann ? Le plus grand espoir, de nouvelles lumières. Plus grande crainte, que ça soit capté par un petit groupe d’entités. Merci. Merci. Next panel. Charlie. Table ronde suivante. À vous Charlie. Je vous laisse le micro. Merci, Maurice. Bonjour. Je vais appeler mes panélistes à me rejoindre sur scène. I’m gonna switch to English of course. Thomas Clozel, Bertrand Piccard, Georges-Olivier Reymond, et Eric [INAUDIBLE]. Je vous invite à me rejoindre, s’il vous plaît. Merci beaucoup d’être présent auprès de nous aujourd’hui. Nous allons parler de science, les sciences et l’intelligence artificielle. Il y a Thomas Clozel à côté de moi, directeur général de Owkin, qui utilise l’intelligence artificielle pour traiter et trouver des traitements médicaux adaptés. Bertrand Piccard, bonjour. Vous êtes fondateur de la Fondation Solar Impulse, une ONG qui tente d’améliorer les conditions de vie sur Terre. Georges-Olivier Raymond qui est le DG de Pasqal, une start-up française dédiée à l’ordinateur quantique. Monsieur Eric [INAUDIBLE], président de la Mohamed Ben Saïd University, chercheur, qui travaille sur l’IA, évidemment. Je voulais commencer avec vous, Georges-Olivier, car vous avez fait hier une grande annonce. Vous avez révélé que vous alliez déployer un ordinateur quantique en 2025 en Arabie Saoudite. Et j’aimerais savoir grâce à cette machine, quels sont les problèmes qui sont au moins résolus. Merci. J’aimerais tout d’abord remercier les organisateurs de leur invitation. C’est un plaisir. C’est un honneur d’être à vos côtés aujourd’hui. Votre question est une très bonne introduction à votre session parce que vous pourriez-vous demander pourquoi je suis là avec vous aujourd’hui ? Parce qu’au sens strict, nous ne travaillons pas en IA. Nous travaillons sur des ordinateurs quantiques de grande performance et je voudrais établir le lien avec l’intelligence artificielle. On peut voir l’informatique quantique comme une alternative en termes de hardware pour lire plus puissante et beaucoup moins énergivore. C’est comme ça que je nous décrirais un outil au service de l’IA. Alors, quid d’Aramco ? C’est une entreprise d’énergie, le gaz, pétrole. Et ces entreprises comme Aramco, Total et d’autres, détiennent les ordinateurs les plus puissants du monde parce qu’il leur faut simuler le fonctionnement de réservoirs. Pour ça, ils ont besoin d’ordinateurs extrêmement puissants. On nous a dit : "Ah, vous avez des ordinateurs quantiques et vous travaillez sur l’IA ? "Eh bien, venez, on a besoin de vous." Je crois qu’effectivement, ils ont décidé d’acheter un ordinateur quantique. Aramco a pris cette décision. Je pense que c’est un signal fort pour le marché. S’ils le font, les autres devraient les suivre. Merci beaucoup. Je suis sûre que Bertrand, tout ce qui a été dit sur le coût de l’énergie vous parle. Vous êtes à l’origine de la Fondation Solar Impulse, qui a pour but notamment d’aider à réduire les consommations d’énergie. Alors nous, ce qu’on a observé à la Fondation, c’est que l’un des grands problèmes environnementaux aujourd’hui tient à l’inefficacité de notre monde. Nous vivons encore dans le passé. Il y a énormément de déchets, énormément de vieux processeurs. Donc de fait, nous polluons, parce que nous ne faisons pas ce qu’il faudrait faire. On a regardé partout dans le monde pour voir comment identifier des solutions efficaces qui peuvent tout à la fois protéger l’environnement et avoir un sens économique. Aujourd’hui, on en a quelques 1 600. Le but, c’est d’améliorer l’efficacité, c’est-à-dire mieux produire avec moins de ressources, moins de déchets, moins d’énergie. Mais quand vous avez 1 600 solutions, comment les traiter ? C’est là où l’intelligence artificielle est extrêmement utile. On en a besoin, parce qu’on ne peut jamais traiter toutes ces solutions sans l’aide de l’IA. Certaines des solutions consistent à transformer par exemple des déchets non recyclables pour en faire des produits utilisables en construction ou récupérer des composants d’une cheminée pour les renvoyer vers l’usine. De nombreuses solutions émanent de l’IA et ça s’applique à l’agriculture, en processus industriel, dans le domaine de l’énergie, la production alimentaire, la mobilité. Vous savez, en termes de mobilité, comment identifier les axes routiers que peuvent emprunter les véhicules pour éviter les embouteillages. Quel est le monde d’aujourd’hui et quel est le monde que nous pourrions avoir ? Un tiers de l’électricité dans le monde est consommé par des moteurs électriques, la plupart du temps. D’ailleurs, au profit des véhicules. Alors, comment pensez-vous que l’on gère les flux ? Alors, vous vous dites qu’on pourrait réduire la consommation des pompes, mais ça, non, parce que ça crée d’autres problèmes. On a la pompe elle-même qui gaspille énormément d’énergie. Et si on agit là-dessus, il faut réduire aussi la résistance. Donc l’une des principales, des premières réponses, c’est d’utiliser l’IA pour gérer la pompe, réduire le gaspillage énergétique. En fait, avec l’IA, on passe d’un monde du passé inefficace au monde d’aujourd’hui, efficace et plus profitable, également. Voilà ce que nous faisons de ces solutions. Bien sûr, nous en reparlerons demain à VivaTech, à l’occasion d’une autre table ronde. Eric [INAUDIBLE], vous avez lancé un certain nombre de LLM il y a quelques semaines et donc vous avez des cas pratiques à partager avec nous. Pourriez-vous nous en parler ? Merci. J’aimerais tout d’abord remercier les organisateurs de m’avoir invité. C’est un honneur que de représenter mon université à cette table ronde. Oui, effectivement, nous travaillons sur un certain nombre de cas. L’importance de tous ces outils, comme cela vient d’être dit, c’est que cette technologie doit être rendue plus spécifique pour être utilisée selon les besoins de chacun. Il y a aussi la question de savoir comment accélérer les choses et je dois dire qu’en ce qui nous concerne, Nous représentons la seule organisation en dehors du secteur privé et des grandes entreprises technologiques qui travaille à développer de grands modèles langagiers. Je crois que c’est significatif, car que lorsque cette technologie sera entre les mains d’enseignants, professeurs, étudiants, etc., qui eux, développent les idées, là, on ajoutera du sens quant au partage, notamment de la connaissance, ils veulent absolument que tout cela soit en open, en accès ouvert. Donc nous sommes là certainement pas pour être des concurrents de ces grandes entreprises qui sont plus performantes, mais nous voulons créer un point de référence et voir, montrer comment on peut agir et faire en sorte que tout cela soit ouvert, puisse être reproduit et puis également efficace en termes de coûts. Tout ça a été rendu possible grâce au leadership du gouvernement des Émirats arabes unis. Nous avons pu bénéficier d’un financement généreux. Nous travaillons main dans la main avec l’industrie et le but de commencer, de parcourir les premiers kilomètres de ces développements pour qu’ensuite le secteur privé puisse prendre le relais et adapter les solutions en fonction des besoins de chacun. La technologie doit être la bonne et doit pouvoir être publiée également. Thomas, vous travaillez depuis 8 ans pour Owkin. Pouvez-nous nous dire ce que l’IA vous a apporté ? Alors, je vais vous parler de la santé. Lorsque quelqu’un souffre d’une tumeur au cerveau, on ne sait pas pourquoi, parfois, le patient meurt. Le traitement pharmaceutique n’est pas toujours le bon. Il s’agit d’améliorer les traitements. En général, on agit de façon très intuitive alors que l’IA peut nous aider. Il y a une façon également de mieux connaître les gènes, les causes de la maladie, trouver les meilleurs traitements. La plupart du temps, quand vous avez une maladie comme celle-ci, votre pronostic vital est engagé en un an. Donc, il nous faut utiliser tout cela. Pour nous, tout est nouveau. Combien y a-t-il de paramètres pour chaque individu ? Tout est différent. Alors, nous avons le premier modèle de ce type. La question est de savoir comment on peut utiliser dans la vraie vie ces modèles. Comment avoir véritablement une sensation de ce qu’est la biologie, comment comprendre les cellules, comment pénétrer en quelque sorte… Tout ça, c’est l’avenir aussi des biotechs. Il faut comprendre que tout ça peut nous sauver. C’est essentiel en termes de santé, tout ce qui se passe en 2024. Georges-Olivier, vous avez fait référence à ce grand projet. Quelles sont les plus grandes difficultés ou les grands défis actuels ou à venir auxquels vous serez confrontés ? Alors, moi, j’aimerais insister en amont sur l’aspect de l’énergie, la consommation des ordinateurs, des superordinateurs. Compte tenu du niveau de performance dont on a besoin, on construit des monstres. Et puis, on peut les comparer à des centrales, véritablement des centrales nucléaires. En termes de capacités, c’est énorme. La consommation est énorme et ça, c’est pas durable. Ce que l’on voudrait réaliser avec l’informatique quantique, c’est avoir un ordinateur avec de telles capacités mais qui soit moins énergivore. Et quand je dis moins, c’est divisé par 1 000. Finalement, vous pourriez avoir un ordinateur quantique dans votre cuisine s’il consommait si peu. Alors, pour moi, c’est l’avenir des ordinateurs de ce type. C’est déjà une réalité. C’est pour l’avenir proche. C’est significatif. Thomas. C’est une start-up qui travaille sur ces modèles IA pour la biologie. Mais alors, quel est l’intérêt concret ? Je suis ici présent avec Jean-Philippe Vert et je crois que pour nous, l’idée est d’avoir les premiers modèles, voir comment on passe d’une protéine à une cellule, à une maladie, etc., et relier tous ces segments pour avoir une représentation globale du mécanisme biologique. Ensuite on peut passer à la pratique pour trouver de meilleurs diagnostics, de meilleurs traitements. Ce serait une façon de représenter au niveau universel la biologie. Bertrand, quelles sont pour vous les difficultés essentielles qui peuvent être résolues par l’IA ? Alors, j’ai parlé de l’IA pour le vert, en quelque sorte, dans ma première intervention. Maintenant, ma préoccupation, c’est qu’on n’a pas d’IA verte. On en est au même stade que lorsque nous avons eu les premiers véhicules automobiles. Il fallait qu’elles soient efficaces, il fallait qu’elles soient belles, qu’elles puissent évidemment déplacer les gens, qu’elles puissent être achetées. Mais personne ne s’intéressait à la consommation. À l’époque, c’était 20 à 30L de carburant consommés aux 100 kilomètres. Donc à l’époque, c’était pas un sujet. Maintenant, évidemment, il faut faire très attention. Il faut qu’il y ait très peu de consommation d’énergie pour cela. Et maintenant, parfois, on a des lignes extrêmement pléthoriques de codage, on consomme énormément et il faut revenir à un mode d’IA qui économise l’énergie et qui soit aussi écologique que possible, qui soit efficient. Alors effectivement, on a l’informatique quantique qui va arriver, mais en attendant, on a véritablement besoin de faire attention. Attention à ce que nous faisons, aux ressources que nous utilisons. Que faisons-nous ? Quelle énergie utilisons-nous ? On parle d’énergie circulaire. C’est pas uniquement pour les sacs en plastique. C’est également, par exemple, la chaleur dégagée par les datacenters. Parfois, on a fait des choses complètement stupides. On renvoyait la chaleur vers le nord. C’était une solution intermédiaire. C’était peut-être moins stupide, mais ce n’était pas encore intelligent. Maintenant, on voit comment utiliser cette chaleur qui est produite, qui est générée pour chauffer une ville, chauffer des infrastructures. Il faut vraiment faire attention. Sinon, à défaut, nous allons créer plus de problèmes pour l’environnement en utilisant l’IA, nous créerons plus de problèmes que l’IA ne peut en résoudre. Là, il faut vraiment faire attention à l’équilibre. Si nous ne faisons pas attention, on va tomber du mauvais côté. Voulez-vous ajouter quelque chose ? Eric, même question. Les sujets les plus délicats auxquels vous êtes confrontés ? Mon université travaille sur différents modèles. Ce qui me passionne, c’est travailler sur le vieillissement. Je suis d’accord avec ce qui vient d’être dit sur la biologie. Il faut en comprendre la complexité. C’est encore plus fort que pour le langage ou tout ce qui est cognitif. Il faut comprendre comment fonctionnent nos cellules, comprendre comment une bactérie peut envahir notre corps et créer tant de dommages. Pour ce faire, il faut comprendre toutes les nuances, toutes les activités, toutes les interactions, toutes les fonctions dans un système extrêmement complexe. Ça va au-delà de ce que peuvent faire les outils actuels. D’où l’importance de l’IA. L’IA semble démontrer des capacités exceptionnelles pour distiller des informations extrêmement nuancées, pour également faire des connexions entre les informations. Il faut vraiment… J’essaie de comprendre. Par exemple, dans le vieillissement, qu’est-ce qu’Alzheimer ? L’un des symptômes, c’est que, tout à coup, votre cerveau subit un changement qui peut être comme si le cerveau rétrécissait d’un coup. Et puis, il peut y avoir aussi des urgences à traiter. Ce qui me passionne véritablement, c’est de développer un type de modèle et générer les bonnes données pour aider les gens à raisonner dans le domaine de la biologie et en partant du génome, en traitant des individus. Et continuer dans ce domaine. Vous pourriez travailler ensemble. Absolument. Eric est une référence dans ce domaine, pour moi. Je pense que la problématique, c’est tout d’abord que la France a été exceptionnelle dans de nombreux domaines. Mais désolé, Madame la Ministre, ça n’a pas été le cas dans le domaine de la santé et on a besoin de Nobel de médecine. Et souvent, les milliardaires en France ne s’intéressent pas à la santé. Désolé, Xavier, je suis sûr que vous pourriez nous aider. Il n’y a pas de culture de santé publique parce que tout le monde pense que c’est gratuit en France et il faut vraiment que la France comprenne la valeur de la santé et de la bonne santé. On a besoin de plus de données. Il y a des hôpitaux comme Gustave Roussy qui sont vraiment des leaders dans le domaine de l’IA et on a toutes ces entreprises formidables, on a Mistral et d’autres, et je pense qu’on peut s’unir ensemble avec les hôpitaux pour construire quelque chose de fort dans le domaine des hôpitaux, on peut être un leader, on peut remporter plus de défis. Et je pense que le défi [INAUDIBLE]. [INAUDIBLE] [INAUDIBLE] des avions ou que sais-je encore. Ce dont nous avons besoin, c’est donc de canaliser ces évolutions afin qu’elles apportent plus de bénéfices que d’inconvénients. [INAUDIBLE] Que ferons-nous dans ce cas ? Nous lâcherons l’IA. Nous sortirons des réseaux sociaux et nous en reviendrons au petit groupe des personnes que nous connaissons et en lesquelles nous avons confiance. C’est tout à fait le contraire de la mondialisation. C’est l’opposé du partage de la connaissance par l’IA. Si nous n’y prêtons pas attention, l’IA se tuera, se détruira. Alors, une réponse. De quoi avez-vous besoin, aujourd’hui ? Je vous propose différentes réponses. Quelle était la troisième proposition ? Travailler avec de grandes entreprises. Alors pardon, reprenez vos propositions. Les quatre. L’argent, pouvoir, euh… Le computing, la puissance. Je prends la deuxième réponse. Effectivement, si on a plus de capacité de computing, c’est beaucoup mieux. Je reprends la deuxième proposition. Je dirais travailler avec les grandes entreprises comme Aramco. C’est une façon de promouvoir nos applications. Eric. Moi, j’ai besoin de plus de données. Le problème, c’est qu’on sait maintenant que l’IA garde tout, retrouve tout, se souvient de tout. Mais on a quand même besoin de plus de données. – Et Thomas ? – Même chose. On a besoin d’énormément de données. Il faut avoir les bonnes bases de données. C’est vraiment ce qui nous manque. Vous avez encore besoin également, je pense, de féminiser, votre environnement. Plus de femmes autour de la table, je peux le dire. Charlie. Bien. Après cette très belle session, je vais demander à Thierry Breton, avant la dernière session de venir s’exprimer. Thierry Breton, c’est le vice-président de la Commission européenne, le commissaire en charge du marché intérieur et de bien d’autres choses. Je crois qu’il n’a pas besoin de plus d’introduction. Mon cher Thierry, merci d’être là. Sans plus attendre, je te passe la parole. Eh bien, chers amis, Mesdames et Messieurs les Ministres. En fait, vous m’avez offert une transition formidable Bertrand Piccard, Bertrand… est où, Bertrand ? Il est là. Bertrand, merci de cette transition ! De quoi avons nous besoin ? Pour développer l’intelligence artificielle. On va pas revenir dessus. Vous êtes tous des experts, vous avez eu le temps d’en parler bien mieux que moi, mais vous l’avez dit : de données de capacité de traitement de calcul, et il ne faut pas oublier les talents non plus, et de talent. Alors, il se trouve que nous, en Europe, on est un continent 1,5 fois plus grand que les États-Unis. 450 millions d’habitants contre 330 millions aux États-Unis. Et ça compte, dans le numérique. Mais voilà, nous sommes aussi 27 États. Un peu moins qu’aux États-Unis, mais nous sommes 27 États. Et voyez-vous, l’une des raisons pour lesquelles on a raté la première révolution des données, c’est que nous étions trop fragmentés. 27 États, 27 systèmes, 27 régulateurs, et, au fond, on n’a pas pu offrir aux innovateurs, aux start-up, aux grands groupes, la capacité de bénéficier de ce marché extraordinaire que nous représentons, y compris dans le domaine du numérique. La 1re chose à laquelle je me suis attaché en tant que commissaire aussi au numérique, d’abord, c’est de bâtir les fondamentaux. Les fondements d’un marché unique, enfin, avec une seule régulation pour tous, une seule règle pour tous, un seul régulateur pour tous, de façon que ce soit clair, lisible et prescriptible. Et c’est ce qu’on a fait avec 5 paquets de régulations. Alors, je sais qu’on essaie de moquer assez souvent. En Europe, on régule, aux États-Unis, on innove. On est des professionnels, on sait que tout ceci, c’est des fake news. La réalité, c’est qu’effectivement il a fallu d’abord définir ce qu’on fait des données et à qui elles appartiennent. Il faut des données aussi, ça a été dit. Comment faire pour exploiter cette nouvelle révolution des données qui est devant nous ? Ce que j’appelle les données industrielles. Alors là, c’est des zettabits qu’on a devant nous. C’est un tsunami de données. On va en avoir beaucoup plus en Europe parce qu’on est plus industriel qu’aux États-Unis. Donc évidemment, on va générer énormément de données. Mais à qui appartiennent ces données ? À l’utilisateur, au producteur, au consommateur ? On a fait le Data Act. Simplement pour mettre des règles simples et pour éviter les class actions. C’est pareil aussi pour les données gouvernementales. C’est le DGA. le premier, c’était le Data Act. Ensuite, sur les réseaux, quel est le droit ? Quel est le droit qu’on va appliquer ? On l’applique. C’est le rôle des politiques dans l’espace physique. Quel droit appliquer dans l’espace numérique ? Ça a été le DSA. Mais quelles règles de concurrence ? Dieu sait que c’est important la concurrence, et la concurrence libre, et donc ça existe dans l’espace physique. On l’a transmis dans l’espace numérique avec le DMA Et puis l’IA, évidemment, ça fait 5 ans qu’on y travaille, parce que c’est compliqué. On a voulu faire des règles extrêmement simples pour répondre aussi aux risques qui ont été évoqués, en particulier dans la dernière table ronde. Il y a peut-être des risques. Donc on a bâti une régulation, une proposition de régulation qui était basée sur l’évaluation des risques, qui est ce qu’on ne peut pas faire en Europe. En Europe, on ne peut pas faire de "social scoring". Quand on utilise des données de santé, il y a quelques règles. Il faut être un peu plus prudent pour les "datasets" que si on fait de l’apprentissage de lecture ou autre. Quand on utilise des données de mobilité, il y a peut-être un peu de précautions à prendre. On a bâti ça. Mais attention, et je le dis de façon très claire, c’est pas la Commission qui a fait ça. On n’est pas des régulateurs fous. Ce sont nos instances démocratiques. On a proposé un texte, on ne fait que proposer, et c’est le Parlement, l’équivalent de la Chambre des représentants. c’est le Conseil européen, l’équivalent du Sénat, qui se sont approprié ces textes, les ont modifiés et les ont votés. Je tiens à remercier beaucoup d’entre vous parce que vous avez apporté beaucoup de contributions. Ça a été un travail très compliqué. La proposition de la Commission était sur les risques et limiter les risques, en tout cas les anticiper. Le Parlement a voulu rajouter… [INAUDIBLE] évolution technologique. Le Parlement a voulu ajouter une dimension supplémentaire qui était de réguler les très grands modèles. C’était pas la proposition de la Commission. Je sais que beaucoup s’y ont opposé, ont utilisé beaucoup de moyens pour se faire entendre, mais c’est pas la peine. Un coup de fil suffit. Je le dis, ça coûte moins cher et c’est aussi efficace. Mais enfin, voilà. On a donc ensuite fait en sorte, en écoutant les uns et les autres, passer beaucoup de temps que vous aviez ensemble… Merci de toutes les collaborations qu’on a pu avoir. Je vous ai écoutés. Et on a réussi à faire en sorte que le Parlement revoit ses ambitions, ses prétentions et qu’au fond, on ait à la fin une régulation proportionnée, totalement pro-business, qui ne concerne absolument pas l’innovation, mais qui évite encore une fois les class actions potentielles. Et au fond, offrir en Europe quelque chose de très simple : venez en Europe, parce qu’au moins c’est l’endroit où il y a le plus de données. On sait à qui elles appartiennent, ce que vous pourrez en faire. Il y a un système juridique qui est clair, qui fait envie aux autres. Vous savez, beaucoup luttent contre ça. Je suis naïf de rien, parce qu’évidemment c’est très compliqué d’un point de vue démocratique de faire ce qu’on a fait. Et puis, il y a la puissance de calcul. Parce que grâce à EuroHPC, nous avons décidé depuis 5 ans d’investir massivement en Europe sur le plus gros réseau de supercalculateurs au monde interconnecté, payé la moitié par la Commission et la moitié par les États membres. Le plus puissant inauguré ce jeudi, Jules Verne, un premier Exascale. Il n’est pas très loin d’ici. Il va nous permettre de mettre ce réseau à disposition, notamment des start-up pour offrir en Europe… Si vous venez en Europe, non seulement vous avez des règles simples, totalement pro-business et pro-innovations, mais vous allez avoir accès également, Bertrand, a de la puissance de calcul, pas cher, voire donnée, pour ceux, les lauréats, que nous allons désigner. Oui, l’Europe, c’est "the place to be" pour innover, parce que derrière, il y a les talents que vous représentez, toutes et tous. Talents, je tiens à le dire, dont je me suis servi, parce que j’ai recruté beaucoup de ces talents. Beaucoup sont venus des États-Unis, comme certains ici. Si bien qu’ils reviennent après avoir été formés dans nos meilleures institutions européennes ou françaises, ils reviennent… Peut-être parce qu’ils ont fait fortune, mais aussi pour servir l’intérêt général. Dans les 169 talents que nous avons recrutés, beaucoup sont des jeunes Européens qui ont décidé de revenir en Europe parce que ça les motive de servir l’intérêt général et donc ce AI Office qui est abrité par mes services, on va en déployer une partie aussi importante chez Jules Verne, parce qu’il va y avoir une proximité de ces puissances de calcul, d’intelligence artificielle. J’ai une petite ambition secrète, ne la répétez pas, mais j’aimerais bien qu’autour de Jules Verne, précisément de tout ce qu’on va faire, Marina, ça serait pas mal d’avoir un peu comme modèle l’Imec, pour les semi-conducteurs au niveau de l’IA. En tout cas, je suis convaincu qu’on a tout ce qu’il faut en France pour cela et ça va bénéficier à l’Europe. En résumé, les données, elles sont là, massivement. Il n’y a plus de risque. On sait à qui elles appartiennent. Le watermarking, traiter les fake news, c’est maintenant couvert par l’AI Act. Par parenthèse, Maurice, ce matin, avec Marina, on était à Bruxelles. J’ai coprésidé la réunion des ministres des Télécoms et du Numérique. Vous savez ce qu’on a fait, ce matin ? On a voté, on a voté pour le Conseil, c’est-à-dire notre Sénat à nous. Le dernier volet de l’AI Act. C’est un jour un peu symbolique, Maurice. Le Parlement a voté. Le Conseil a voté. La loi va entrer en application début juillet. On va mettre deux ans ensuite pour que vous puissiez vous en approprier, voir comment elle est utile, voir comment elle est pro-business, voir comment elle vous protège. Voilà en quelques mots ce que nous avons essayé de faire. On n’a pas l’ambition d’être des idéologues, on n’a pas l’ambition d’évangéliser. Mais l’autre jour, j’ai un haut représentant des États-Unis, très haut représentant de la Maison-Blanche. C’est une femme, du reste, qui est venue me voir qui a dit "Mister Comissionnaire, "it’s true that we fought against you, "when you were trying to push a new organisation of the digital space. "On s’est trompé au nom des États-Unis d’Amérique. "Nous tenons à vous remercier pour ce que vous avez fait pour le DSA." Merci. Si je comprends bien, tu es prophète aux États-Unis, c’est ça ? Tu es prophète aux États-Unis, puisqu’on dit que nul n’est prophète en son pays. Bon. Merci beaucoup, Thierry. Merci. Merci, Monsieur le Commissaire, Monsieur le Vice-Président. Et sans plus tarder, nous allons passer maintenant à la dernière session qui est : comment la France peut-elle gagner ? Anne Bouverot, qui est la co-autrice, du rapport. Je dois dire que je l’ai lu intégralement. – Wouah ! – Oui ! On aura l’occasion d’en reparler. Sans plus tarder, je vous passe le micro. Vous allez convoquer, si j’ose dire, inviter vos collègues pour la dernière table ronde et je vous laisse le soin de mener ça à la baguette. Merci beaucoup. Merci beaucoup ! Je suis vraiment ravie de vous voir aussi nombreux. Il y a les panels, mais nous voulions que vous soyez là en tant qu’écosystème de l’IA en France, car c’est grâce à vous que nous allons pouvoir réussir. Mais nous avons besoin d’autres choses également et beaucoup de personnes nous ont déjà dit ce qu’il fallait faire. Je vais ici inviter mes copains analystes autour de moi, dans un instant. Eric nous a dit ce qu’il fallait faire. Le dernier panel nous a dit un certain nombre de choses. La Commission de l’IA française, je voudrais en remercier ses membres, a fait des recommandations. Mais nous allons maintenant discuter des applications réelles. Je voudrais maintenant inviter les panélistes pour ce "last but not least" dernier panel. Xavier Niel. Xavier Niel. Christel Heydemann, DG d’Orange. Xavier Niel, fondateur d’Iliad. Matthieu Rouiff, Directeur général de Photoroom. Matthieu. Et Eric Schmidt. Bien sûr, il n’a pas besoin de présentation, tout le monde le connaît. Veuillez nous rejoindre. Alors, je voudrais démarrer avec ce qu’Eric nous a dit car j’ai beaucoup apprécié ce qu’il a dit, disant clairement qu’il y aura les États-Unis, la Chine, le Royaume-Uni et peut-être la France. J’aime bien le "peut-être", car, vous savez, s’il avait dit "et la France", on aurait dit "Ah, c’est fait !" Non, ce n’est pas fait. Et nous avons besoin de faire beaucoup d’autre chose. C’est la raison pour laquelle c’est bien d’avoir le "peut-être". Il faut maintenant voir ce que nous pouvons faire, ce que nous devons faire et ce que nous attendons du gouvernement. Nous verrons s’il répond aux attentes. Christel, je vais commencer avec vous. De quoi avons-nous besoin ? Comment la France peut réussir dans ce domaine de l’IA ? Je pense que cela a été bien souligné cet après-midi. Il faut plus de femmes dans l’IA, n’est-ce pas ? Je vois plus de femmes. Non, sérieusement, nous avons besoin d’un écosystème ouvert et bien évidemment, nous ne pouvons pas penser… Étant la France, nous avons travaillé avec les meilleures technologies. C’est ce que nous faisons avec Orange, mais nous devons vraiment utiliser les meilleures technologies mondiales. Arthur l’a déjà dit, nous avons besoin de réfléchir à un modèle décentralisé et étant dans les télécoms et développant le dernier kilomètre de réseau partout. Nous réfléchissons clairement à ce qui sera nécessaire pour que nous puissions déployer l’IA à grande échelle. Avec Orange, nous sommes à Madagascar, en France bien sûr, nous avons le meilleur réseau, fibre, 5G, une connectivité excellente, mais nous opérons également et ce n’est pas parfait. Nous sommes encore en train de travailler dessus, nous travaillons, mais je travaille un peu plus, j’ai investi un peu plus. C’est vrai. Xavier parlera après vous. Déployer l’IA à grande échelle pose des questions. Nous avons beaucoup de talents de l’IA, mais qu’est-ce qui sera nécessaire ? Nous pensons comme activité, comme une commodité. Mais est-ce que vous avez vu la vidéo de GPT pour tous avec un smartphone qui est connecté pour la qualité de la connectivité ? Alors, le trafic sur les réseaux sera différent. Lorsque nous pensons en temps réel, les connexions en temps réel et dans une certaine mesure pour nos experts, nous allons diviser par 10 ou 100 la latence qui est nécessaire pour les réseaux. Ce qui veut dire qu’il faut réfléchir de nouveau comment concevoir les réseaux. C’est notre travail à Orange. Étant basé en France avec les meilleurs ingénieurs, nous voulons vraiment utiliser notre position, les meilleurs réseaux que nous avons aujourd’hui. Mais réfléchir à l’avance ce qui sera nécessaire pour que l’IA soit déployée à grande échelle et construire des modèles adaptés à l’efficacité nécessaire dans les réseaux. Bien évidemment, entre les rendre sécurisés et les apporter à nos grands clients dans un environnement sûr pour qu’ils puissent rapidement embrasser, utiliser l’IA, nous distribuons l’IA à nos clients également. Merci beaucoup. Xavier, vous avez un point de vue de communication, mais vous avez également fait beaucoup de paris sur l’IA récemment. Alors… Qu’est-ce qui était important ? Qu’est-ce qui vous a convaincu de le faire ? Vous avez besoin de quoi pour réussir ? L’idée était assez simple lorsque quelqu’un ne veut pas payer des impôts, il pense aux pays où il n’a pas besoin de payer les impôts. Moi, je voudrais que la France développe ses propres modèles. Je ne veux pas que mes enfants utilisent les modèles d’ailleurs d’avoir cette vision de devenir vraiment l’endroit de l’IA. Qu’est-ce que nous pouvons faire pour le pays où je suis né ? Alors, nous avons beaucoup investi pour construire des systèmes de calcul pour l’IA, des processeurs, des milliers de processeurs et avec des start-up. Mais comment nous pouvons garder nos talents ? Nous avons des talents qui viennent de Polytechnique, de Saclay, les meilleurs talents. Comment les retenir ? Grâce à Eric et Rodolphe Saadé de CMA-CGM, nous avons créé une organisation à but non lucratif et en même temps, nous voulions investir. Nous avons d’excellents entrepreneurs, certains sont dans cette salle, avec nous ici. Matthieu, vous avez une start-up IA, la plus rentable en France, dans le monde. Nous voulions également aider cet écosystème. Nous avons créé ces petites briques, mais avec l’idée d’aider notre pays à devenir ce paradis de l’IA. Voilà. Merci. Matthieu, pourquoi est-ce que vous avez décidé de rentrer dans l’IA avec Photoroom ? Qu’est-ce qui vous a aidé ? De quoi avons-nous besoin pour que davantage d’entreprises comme la vôtre puissent réussir ? Merci. Merci à Xavier. Comme nous l’avons dit, nous avons besoin de talents, de données et de l’argent. Nous avons commencé Photoroom et la France est un endroit excellent pour ces trois points. Nous pouvons toujours faire mieux, mais nous avons commencé avec un système incroyable qui marche et la première chose à faire en France, c’est de ne pas casser ce qui marche. Ces dernières années, ces 5-10 dernières années, nous avons une certaine stabilité. Construire un écosystème incroyable. Nous avons des laboratoires IA incroyables, des écoles incroyables et nous avons des investisseurs de par le monde qui investissent en France. Célébrons que cela marche aujourd’hui, c’est la première chose. Oui. Alors, comment arriver au niveau suivant ? Il faut changer d’ambition. Photoroom a l’ambition d’être numéro 1 dans le monde. Nous sommes en concurrence avec Adobe et nous voulons vraiment être au top. L’idée, c’est de se battre contre les grands. Nous avons besoin d’audace, d’ambition. Nous l’avons, mais je pense qu’il faut continuer dans cette direction et construire quelque chose d’incroyable. Alors, la France est trop petite sur les talents pour être assez grande. Donc regardons vers l’Europe, Londres [INAUDIBLE] d’ici. Ce que nous recrutons, nous recrutons en Europe, également à Londres, pour avoir les meilleurs talents. Ça, c’est une question clé, et nous sommes très divers. [INAUDIBLE] nationalités différentes. C’est comme ça que nous devenons un leader. Nous avons cette diversité, c’est l’idée. San Francisco, c’est très divers. Mais aujourd’hui, 20 nationalités à Paris et toutes les nationalités autour de nous, cela nous rend même plus divers pour comprendre les points aveugles des États-Unis. Nous avons besoin d’attirer les talents. Car au-delà de 200, il n’y a pas tant de start-up. Il faut vraiment attirer les talents vers Paris. Des données. Si nous voulons être dans le même [INAUDIBLE]. Comme le commissaire l’a dit, nous avons un système de opt out. Nous pouvons avoir le modèle de formation, sur la même base qu’aux États-Unis. Nous ne pouvons pas… Nous sommes un challenger. Nous avons besoin de meilleures règles pour pouvoir vraiment être en compétition, au bon niveau. Ensuite, l’accessibilité. Le pays doit être derrière nous, nous soutenir. Nous avons une version libre. Carole a 91 ans. Elle utilise Photoroom pour ses lettres. Il faut montrer comment la population utilise Photoroom. Si nous sommes dans la salle et nous ne réfléchissons pas aux autres, ça ne marchera pas. Il faut construire pour tout le monde, pas juste pour nous. Si je puis souligner ce point, car nous connaissons l’IA, nous avons joué avec l’IA, un certain nombre de start-up, beaucoup de sociétés l’adoptent. Mais beaucoup de personnes à l’intérieur de cette salle, à l’extérieur de Paris, à l’extérieur des grandes villes, ont peur. Ils n’ont pas essayé. C’est la raison pour laquelle la première recommandation dans le rapport, et Marina l’a souligné, est d’essayer de faire en sorte que tout le monde joue avec, de poser des questions, avoir la formation afin d’y participer. Je pense que c’est très important. Eric, vous avez dit "peut-être la France", pour être un des grands pays de l’IA et vous avez une bonne vue sur ce qui se passe dans les pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, la Chine. Quelles seraient vos recommandations pour la France ? Qu’est-ce qui marchera ? Qu’est-ce que nous devons faire que nous ne faisons pas encore ? Tout d’abord, il y a une bonne nouvelle. [INAUDIBLE] et moi-même essayons de rencontrer les mêmes personnes que vous. Ici, à l’Élysée et ailleurs, nous nous sommes rassemblés et ce qui est impressionnant, c’est la vitesse avec laquelle ça a pris. On avait besoin d’un financement. Xavier est arrivé, il a dit : "J’y vais". Rodolphe et d’autres. Donc, en fait, vous allez maintenant être au cœur de… Il va y avoir cet événement également à Paris sur l’IA, ce sommet. Quand on veut comprendre ce que signifie la mondialisation, il faut beaucoup de hardware. On a beaucoup besoin de données, il faut beaucoup d’ingénieurs, il faut des scientifiques. En fait, vous, vous avez un petit peu de chacune de ces choses. Et puis, on a besoin également de l’équivalent de Deep Mind, à Paris. Et maintenant, Xavier préside cette entreprise pour essayer d’attirer les plus grands talents. Je pense que les gens ne comprennent pas la profondeur de cette révolution. Du fait de l’IA générative, on peut repenser chaque entreprise et dans ce cas on peut la concurrencer parce que les entreprises ne se remettent pas en question, ne se repensent pas en quelque sorte, elles-mêmes, et donc elles ne vont pas réfléchir de la façon dont vous le feriez. Souvenez-vous de la façon dont l’IA peut dire… Vous pouvez demander à l’IA de créer un site internet pour moi. "Vas-y, résous tel ou tel problème." Du coup, l’IA peut également créer des business models. On peut travailler pour faire en sorte que les entreprises françaises ne soient pas désavantagées par rapport aux entreprises américaines. Elles peuvent faire tout aussi bien. Aux États-Unis, il y a évidemment un biais américain, mais ça, ça génère finalement une opportunité pour le reste du monde. Je pense que la France peut tout à fait attirer les talents. Souvenez-vous, il y a 10 ans, tous les talents partaient pour Londres, alors que du fait du Brexit, les talents reviennent à Paris en provenance de Londres. Pour de très nombreuses raisons, tout cela se passe et ce qui est important, c’est de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’obstacles sur le chemin des entrepreneurs. On a besoin du soutien du gouvernement, qu’il écoute les entrepreneurs, écoute ce qui leur pose problème et leur permette d’inventer, de créer. Souvenez-vous, on est encore à 5 ou 10 % du chemin. Que se passe-t-il quand tel ou tel aura énormément de pouvoir de dire "je veux ça" et ça se produit. Alors, évidemment, il y a des aspects positifs et négatifs. Il peut y avoir de la désinformation et il faut que nous soyons extrêmement optimistes néanmoins et que nous nous concentrions sur les compétences. La France ne l’emportera pas, à moins que vous ayez une approche mondiale des talents, des compétences. Il faut que vous ayez un système industrialisé des compétences. Le sommet que vous mentionnez, car je voudrais prendre cette opportunité, ce sera l’AI Action Summit, le 10 et 11 février 2025 à Paris, en France. Vous viendrez, vous l’avez promis et j’espère que vous viendrez. J’espère que vous serez tous là. Nous avons commencé à le préparer. L’idée n’était pas le faire mensuellement, mais je vais prendre votre recommandation. Nous avons déjà eu une réunion avec un certain nombre d’entre vous, l’écosystème français à la fin du mois d’avril, pour présenter le sommet et pour discuter de ce dont vous avez besoin en tant qu’entrepreneurs. Nous avons reçu une longue liste de ce que nous devons faire. Je pense que ce sera une bonne chose de faire le suivi de façon régulière. Maintenant, pour ce qui est de la réglementation et l’accès aux données, une des choses que nous avons identifiée avec le rapport de la Commission, c’est que nous avons la RGDP. Nous avons l’interprétation maximaliste dans le domaine de la santé. Nous voulons le débloquer pour faciliter le travail dans la santé. Nous avons déjà dit tout ce que nous avons déjà fait. Est-ce que nous pouvons nous concentrer sur ce que nous faisons pas très bien, que nous pouvons peut-être améliorer. Xavier, je commencerai avec vous. Vous avez dit que vous avez eu cette idée. Je pense que c’est une excellente idée, ce "paradis de l’IA" que vous voulez que devienne la France. Alors, moi, je suis très optimiste, je suis pas très bon pour dire des choses négatives et Eric dit : "Non, c’est pas aussi bon que vous pensez." Il doit me rappeler à la réalité. Je ne sais pas ce qui n’est pas bon dans notre écosystème. Je pense que nous avons de bonnes entreprises, le stockage, H… [INAUDIBLE] Nous avons aujourd’hui l’argent. Nous sommes trop petits. Premier sujet, l’investissement. Ils peuvent investir autant en France qu’aux États-Unis. Je ne vois pas de différence. Peut-être qu’ Eric a un point de vue différent, moi, je ne vois pas que [INAUDIBLE] en France [INAUDIBLE], sauf ceux qui soulèvent des fonds de [INAUDIBLE] milliards en valorisation. Mais l’investissement n’est pas tellement un problème. Mais c’est le calcul qui est un problème. Un grand superordinateur. Nous n’avons pas le Big Cloud, comme aux États-Unis et en Chine. Nous devons beaucoup investir dans ce domaine. Parce que si nous produisons… Enfin, si nos entreprises ont besoin d’acheter des ordinateurs aux États-Unis pour l’argent, c’est pas une bonne idée. Je pense que nous en avons besoin davantage d’entrepreneurs qui créent des entreprises dans ce domaine. Je pense que nous avons le talent car partout dans le monde, vous avez toujours des Français, vous voyez des Français, même quand vous allez aux États-Unis. Est-ce que vous en avez assez ? Matthieu disait qu’on en avait pas assez. Ils sont partis. Il faut qu’ils reviennent. Certains reviennent et nous sommes très heureux de les voir revenir. En effet, nous avons besoin qu’ils reviennent. Encore une fois, je pense que nous avons d’excellentes écoles et nous avons encore besoin d’aller dans cette direction. Nous avons 3 ou 4 excellentes écoles, mais si nous avions plus, ce serait mieux. Mais c’est déjà bien. Davantage de puissance de calcul, des talents qui reviennent… Mais il faut changer l’image de la France. Il faut le French Tech… Ce que vous avez fait avec BPI… Nous avons changé l’image de la France. Les gens reviennent en France pour créer leur entreprise. C’est un grand changement depuis 7, 8, 9, 10 ans et je pense qu’il faut faire la même chose, changer l’image de la France. Les gens disent vouloir créer leur start-up d’IA en France. Cela marchera. Je pense que cela marche. J’ai vu beaucoup d’entrepreneurs qui venaient des États-Unis déménageant en France et créant leur start-up dans le domaine de l’IA. Je pense que nous sommes dans la bonne direction. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous avons besoin de changer notre image et nous pouvons battre l’Angleterre. Ça sera difficile de battre la Chine ou les États-Unis, mais le Royaume-Uni, c’est possible. D’abord, arriver en 4e ou 5e position pour en arriver à la 3e. Photoroom… Pourquoi la France ? Est-ce que vous avez pensé à déménager ? Vous pensez que vous êtes plus mondial, plus global ? Et qu’est-ce que la France peut faire mieux ? Vous avez dit beaucoup de choses positives que nous apprécions. Mais qu’est-ce qu’il faut faire d’autre ? J’ai fait les deux. J’ai créé une entreprise Française au début aux États-Unis. D’abord, on peut se battre pour attirer les talents. C’est difficile dans la Silicon Valley à l’heure actuelle. Nous, ici, on essaie de rattraper Londres pour les talents. On voit également aux États-Unis que les choses changent un peu. Il y a l’inflation. Il y a des raisons de revenir, de quitter les US aussi. Comme je l’ai dit, L’une des richesses, l’une des forces des États-Unis, c’est qu’il y a de toutes les nationalités. On a commencé pendant le Covid. Maintenant, du coup, beaucoup de choses se font à distance et je crois qu’on n’a pas de problème de diversité, de compréhension des cultures de par le monde. Nombreux sont ceux qui aiment Paris. Et je crois qu’on peut tout à fait créer un leader mondial à Paris. On peut être européen avec un siège à Paris et mener nos affaires depuis Paris. On peut attirer des talents en provenance des États-Unis. Les Américains sont nombreux. Ceux qui sont ici, pour certains, n’ont pas du tout l’intention de retourner aux États-Unis. On a besoin d’avoir des systèmes différents. Par exemple, dans notre base de données, on ne peut pas avoir que des maisons victoriennes. Il faut nous adapter aux images que nous produisons. La diversité des images que nous proposons par exemple… Paris offre une diversité qui justifie que nous y soyons. Merci beaucoup. Effectivement. L’aspect culturel a déjà été évoqué tout à l’heure. Il est hyper important. Alors, Christel, s’agissant des talents, quel est votre point de vue ? Avons-nous suffisamment de talents ? Quid de la formation de nos talents ? Comment passer à un niveau supérieur ? Comment reformer, former ou poursuivre l’éducation ? Vous avez de très nombreux salariés. Et même question, que pouvons-nous faire de plus ? Quoi d’autre ? Bien sûr, la formation. C’est vrai de tous les âges, car l’IA aura un impact sur toutes les générations. Alors, pour moi, je pense que c’est une formation de nos employés, mais également de nos partenaires, de nos écosystèmes. Nous mettons nos formations à la disposition de nos partenaires. Car il est clair que les grandes entreprises ont des moyens que n’ont pas les PME et surtout les PME réparties sur notre territoire. Avant tout, il y a une question d’état d’esprit. Quand je travaille avec nos syndicats, ils ne sont pas toujours les plus flexibles, certes, mais ils ont besoin qu’on leur explique. Parfois, c’est la même chose en termes de réglementation, il faut tester. On ne peut pas répondre à toutes les questions, mais néanmoins énumérer les questions et dire ouvertement qu’on n’a pas la réponse, qu’on va construire et concevoir les réponses au fur et à mesure qu’on avance ensemble. Je pense que là, c’est un changement fondamental de l’état d’esprit qui est important pour les syndicats, nos décideurs politiques, tous. Alors à Orange, en tout cas chez Orange, je dis très clairement que je suis ouverte pour dire que je n’ai pas toujours les réponses, "Désolée, là, je n’ai pas la réponse, mais nous allons y travailler." C’est bel et bien la première étape pour avancer. Je pense que c’est formidable, en particulier dans le domaine de l’IA, car c’est typiquement un domaine dans lequel on n’a pas toutes les réponses et c’est là où il y a beaucoup à faire parce que nous n’avons pas toutes les réponses. Ce qui est intéressant, c’est que quand je parle à nos homologues dans l’industrie des télécoms, on peut se comparer avec les acteurs américains, chinois, etc. Finalement, on n’est pas tellement en retard en Europe et surtout en France. Quand je parle à nos pairs, effectivement, on a tendance à avoir les meilleurs talents. Grâce à cet écosystème, nous pouvons également avancer beaucoup plus vite et arriver à développer, changer d’échelle plus vite que ne le font d’autres. Je vois ce qui se passe également en Espagne, en Pologne et ailleurs. Il faut que les gouvernements offrent un soutien. Alors… L’Espagne, l’Espagne, l’Espagne, c’est notre plus grand marché étranger. J’ai beaucoup échangé, travaillé avec le gouvernement espagnol et parfois, c’est une question de… C’est dû à mon organisation. Mais quelquefois mon équipe s’empêche elle-même de tester des solutions en disant que les politiques ne le permettront pas, qu’on ne peut pas faire, qu’on n’y arrivera pas, c’est pas autorisé, c’est pas possible, etc. En Espagne, ils se disent : "OK, on teste, on verra et on avance." Donc encore une fois, c’est une question d’état d’esprit et ce n’est pas que [INAUDIBLE]. Bien sûr, je ne dirai jamais qu’on n’a pas une bonne relation avec les autorités françaises, mais c’est quand même un état d’esprit. Peut-être les Espagnols sont-ils plus flexibles ? Eric, alors, quand on regarde les choses vues de l’extérieur, en dehors de France, Xavier nous a parlé d’image, on avait une image, on a parlé de la French Tech, etc., un lieu d’innovation, je pense que les choses bougent. Mais dans quelles mesures ont-elles bougé et que pouvons-nous faire pour travailler plus encore sur la perception que le monde extérieur a de la France ? Alors, comme vous le savez, la France est connue pour beaucoup de réglementations et beaucoup d’impôts. Alors, c’est… Ce sont des décisions qui ont pu être prises par les dirigeants français. Mais la situation n’est pas toujours la même, effectivement, dans des pays avec lesquels vous êtes en concurrence. On peut prendre différents exemples et ce qui se passe, c’est que, dans un pays, on a l’impression de contrôler les choses. Mais, en fait, les technologies dont nous parlons, les formations dont nous parlons sont sans frontières. En particulier en Occident, les connaissances circulent très vite et il vous faut comprendre que vous êtes en concurrence avec les autres pays. J’ai parlé de certains. Il faut que vous soyez meilleurs dans un certain nombre de domaines. Et, tout d’abord, vous pouvez, par exemple, dominer les aspects réglementaires en France. Vous, vous avez énormément de règles, vous savez les adopter, vous allez les mettre en place. Et là, en termes de trading, de services financiers, en matière bancaire, etc., ça peut être un avantage pour que les entreprises s’installent en France. Pareil dans le système de santé, c’est très différent des États-Unis. Il y a énormément à faire ici. Dans le domaine de la technologie, on crée de nouvelles plateformes, il y a une réorganisation, il y a au moins trois choses qui se passent. Et il faut intégrer plus de données, alimenter les systèmes pour améliorer la qualité de leurs réponses, améliorer également les réponses apportées en termes scientifiques. Il faut pouvoir dire à la machine ce que vous voulez et écrire le code. Donc, je ne vous cite que quelques catégories, quelques exemples. Mais ensuite, le problème suivant sera celui de l’échelle. Il faudra pour ça que vous disposiez de milliers de personnes. Alors Xavier, lui, peut être propriétaire d’une grande partie de ses entités. Il faut qu’il nous dise où les baser. L’innovation, ce n’est pas simplement un entrepreneur. Il faut voir comment parvenir à une autre échelle. Il faut beaucoup de coopération. C’est souvent de l’argent privé. Vous savez comment lever des fonds et procéder ainsi. Merci. Je pense que c’est tout à fait franc, honnête. Moi aussi, je suis très optimiste. Merci beaucoup pour cette intervention. J’aimerais en profiter pour interroger les membres de la table ronde sur le sommet que nous organiserons au mois de février. Que pouvons-nous faire pour que ce sommet soit attractif, soit un succès ? Et pour que les uns et les autres viennent du monde entier ? Matthieu pour commencer. Et je pense qu’il faut vraiment montrer l’impact positif de l’IA. J’aimerais que l’on me raconte de belles histoires dans le domaine des sciences, de la médecine, des histoires dont on peut tous être fiers. Et dont les gens se souviendront et qu’ils voient véritablement quelle est la révolution en cours à cet égard. Christelle. Je pense qu’on a besoin de cas concret qui parle à la grande majorité des gens. Des gens, notamment, qui ne sont pas des experts dans la programmation et autres. Et si on prend des exemples dans le domaine de la santé, ça parle à tout le monde, pas uniquement en France. Donc montrer que ce ne sont pas simplement des projets pilotes, mais que ça se développe. Éric. Alors, quand on était au sommet organisé par le Royaume-Uni, il y a un exemple, une démo dont je me souviens très bien. Quelqu’un a utilisé un LLM pour créer un personnage virtuel avec son point de vue virtuel et ensuite a demandé à la machine de créer 500 personnes dans différents pays, mais qui aient le même point de vue, les différentes cultures, etc. Et je me souviens de la frayeur que ça a générée quand on a vu à quel point ça pouvait se faire très vite. Et donc, regardons tous les progrès réalisés, y compris par Mistral, tous les LLM. Il y a également une solution audio de Kyoto qui est très intéressante. Et l’évolution, le progrès de ces modèles, c’est impressionnant. On l’a vu en anglais il y a quelques années. Donc, je vous encourage, au lieu d’avoir véritablement une conférence classique avec les grands qui donnent leur point de vue, faites des démonstrations, des présentations. À quoi ça sert ? Autre exemple. Si, il y a deux ans, j’avais été invité à la Maison-Blanche ce qui ne s’est pas produit. J’ai raté l’occasion. Et si on avait dit à la Maison-Blanche : "Savez-vous que, dans deux ans, "4 des 5 plus grandes applications utilisées "aux États-Unis sont la propriété des capitaux chinois ?" Alors, on peut essayer d’interdire, mais pour moi, il vaut mieux être plus performant encore, les devancer. On a beaucoup travaillé sur les écuries par exemple. Et donc, nous voyons où se trouve l’énergie. Et il faut que le gouvernement français finance les questions dans le domaine de la sécurité. Par exemple, si on dit, tout simplement : "Nous voulons vous montrer des exemples "et vous montrer comment on peut utiliser ces outils pour résoudre "parmi les plus grandes difficultés, les plus grands problèmes au monde." Je pense que ce sera extrêmement utile. Merci. Vous avez été tout à fait cohérent. Merci pour ces recommandations. Xavier. Alors moins politique, plus pratique. J’aimerais commenter ce qui a été dit sur les impôts, la France, etc. Je reviens toujours sur ce sujet. On est entre nous. Il n’y a pas de journalistes, n’est-ce pas ? Je sais que… Non, non, non, il n’y a pas de journalistes. L’homme le plus riche au monde est français. La femme la plus riche au monde. Le deuxième marché boursier au monde, c’est en France. Mais je pense qu’il faut vraiment reconnaître la réalité. Merci. J’aimerais remercier les membres de ma table ronde. Merci. Vous avez été formidables. Les trois vont donc rendre compte au président de la République d’ici peu, mais avant leur compte rendu, et puisque nous n’avons pas été assez longs pour suivre l’horaire qui nous a été imparti, pour dire les choses gentiment, je pense que nous pouvons peut-être donner la parole pour une session questions-réponses. Si vous avez des questions que vous souhaitez poser aux intervenants, eh bien, ça va permettre de gagner du temps. Veuillez lever la main. Vous pouvez aussi poser des questions à Thierry puisque vous avez l’occasion d’avoir Thierry parmi nous. Donc, n’hésitez pas, levez la main. Je sais que la première question est toujours la plus difficile, donc on passera directement à la deuxième question. Voilà la deuxième question. Présentez-vous et dites-nous à qui s’adresse votre question. Nicolas Pinto. Je travaille dans le domaine de la technologie décentralisée, la vie privée et l’IA. J’ai une question. En fait, la question s’adresse à tous. Ne pensez-vous pas qu’il soit paradoxal qu’on ait besoin de tant d’argent alors qu’on devient de plus en plus petit ? Pourquoi ne pas utiliser l’IA pour augmenter notre intelligence, trouver des moyens excédentaires de puissance de calcul ? Tout le monde a un smartphone qui pourrait contribuer à être pleinement décentralisé. Que chacun… contribue et d’assurer la vie privée avec les bonnes incitations. Bien fort de cette question, nous pouvons échanger jusqu’à demain matin. Éric ? Oui, ça, c’est un bon objectif que la technologie ne permet pas tel que vous le décrivez. Les algorithmes sont d’une grande application sur un grand nombre de matrices avec plein de CPU qui font ça. Nvidia a organisé son architecture aller-retour, aller-retour, aller-retour. Et en remontant dans la pile, je ne pense pas que ça va changer, même s’il y a plein d’améliorations algorithmiques. Tout simplement parce que les ordinateurs sont de mauvaises approximations face à la puissance remarquable de l’esprit humain. Autre objectif, si je vous disais qu’il fallait utiliser 1 % de l’électricité du monde pour réduire 10 % de l’utilisation de l’électricité du monde, vous diriez : "C’est une bonne affaire." Une meilleure façon de poser la question, c’est : faisons ce qu’on doit faire au niveau ordinateur, puisque les moyens qu’on obtient par rapport à l’économie, croissance, réchauffement climatique, carbone est si profond. Bertrand. Vous avez commencé en disant que ça coûte beaucoup d’argent, mais dans ce cas, ça me paraît bon parce que si on souhaite rendre l’IA très populaire, il faut des investisseurs de la population, pas quelque chose qui soit que pour les hautes sphères. Et si vous savez ça, c’est pas possible aujourd’hui. J’ai appelé mon banquier il y a 15 jours. "Comment puis-je investir dans l’IA ?" Il m’a répondu : "Vous pouvez investir dans Mata, "dans Google, dans Nvidia et dans des groupes "avec des semi-conducteurs." C’est pas ce que je veux. Je veux investir dans toutes les start-ups, dans tous les fonds privés, etc. On n’a pas les fonds qui permettent à la population d’investir directement dans les start-ups les plus prometteuses. Si on peut faire ça, c’est bon que ça coûte cher, ça offre bien plus d’opportunités d’investissement pour plein de gens. [INAUDIBLE] Je suis d’accord avec Éric, il nous faut une interaction rapide entre les processeurs pour rendre ça plus… On n’a pas à le dire à Nick, c’était un des premiers à utiliser les GPU pour les réseaux neuronaux il y a longtemps. Il le sait. Oui ? Merci beaucoup. Nous mesurons des biomarqueurs vocaux et le diagnostic des questions de santé mentale et d’autres questions de santé. L’application a reçu le prix de Microsoft Start up of the Year de l’année. Microsoft n’est pas représenté ici parmi d’autres grandes tech tels que Meta et Google. Ma question est de savoir… Nous parlons beaucoup d’avoir une nouvelle IA qui est développée en France, des entreprises établies, pas seulement en France, mais en Europe en général. [INAUDIBLE] les grandes tech comme les États-Unis ou la Chine. Mais quelles sont vos idées pour aider à contrer les barrières principales telles que les différences culturelles, linguistiques et même les données qui sont, du moins basé sur mon expérience, des barrières majeures en Europe, comparées aux États-Unis, par exemple ? Yann, vous voulez prendre la question ? Je ne suis pas sûr que la question des données soit résolue aux États-Unis. Vous savez, tout le monde est en train de faire un procès à tout le monde. Thierry Breton l’a mentionné un petit peu… Minimiser la possibilité des actions de classe. Il y a des actions de classe partout, pas juste aux États-Unis, n’est pas juste des actions de classe, mais des procès, car le paysage juridique est compliqué. Et donc, ça, c’est quelque chose qui sera l’application, comment l’application de la loi va évoluer dans les différents pays du monde. Ceci fera beaucoup la différence. La région, le pays qui trouvera la solution comme il le faut aura un grand effet sur le reste du monde. Par exemple, comment l’application du copyright au logiciel a conquis le monde. Le copyright n’était peut-être pas la meilleure façon de protéger le logiciel à l’époque, mais cela est arrivé par accident et ce qui s’est passé maintenant s’applique au monde entier. Monsieur, avec le nœud papillon. Merci beaucoup. Je suis [INAUDIBLE]. À Quantum Surgical, nous travaillons sur un robot pour la chirurgie oncologique. La plupart d’entre nous sommes d’accord que les défis sont sur l’environnement, la santé et l’éducation. Et ma question est de savoir est-ce que nous faisons suffisamment aujourd’hui, étant donné le potentiel de l’IA à résoudre les problèmes de l’IA, de l’éducation et environnementaux ? Éric ? Peut-être Robbins. Vous pourrez réagir car on a parlé de la Chine. Alors, sachez qu’il y a des limites à cette technologie, ça fait des erreurs. Je ne veux pas que l’IA opère sur ma personne. Je préfère un médecin et vous serez aidé par l’IA, par quelque chose. Alors, lorsque vous regardez ce qui est possible, vous voulez rechercher des systèmes où il y a beaucoup de données et les données sont bien comprises. La chimie est un exemple dans les protéines et le pliage des protéines marche si bien car nous avions toutes les bases de données. Déjà, nous avions le contexte, etc. Alors, lorsque vous réfléchissez à la santé, qui était un domaine très large, vous voulez rechercher là où il y a beaucoup de données. Un autre exemple, c’est dans le domaine cardiaque. Les scans, les ECG, etc., sont tous numérisés. Et donc, les domaines qui sont le plus numérisés déjà, avec le plus grand nombre de données, sont les domaines qui verront l’adoption la plus rapide qui est utile aux yeux des médecins et c’est comme ça que j’aime le voir. Robbins, vous voulez peut-être réagir et ensuite Bertrand. Et ensuite nous irons à notre prochaine étape. Oui, bien sûr, il faut viser haut et utiliser l’IA pour trouver des nouveaux médicaments, travailler sur le vieillissement, etc. Mais je pense qu’il est plus pratique aujourd’hui d’utiliser de l’IA pour faire des choses que l’être humain ordinaire peut déjà faire pour la santé. On peut faire des consultations en ligne, remplacer les médecins et pour l’éducation, on peut fonctionner comme un enseignant pour enseigner les mathématiques. On peut dire aux élèves quelle est la bonne réponse, ce qui n’a pas marché dans le calcul qu’il ou elle a fait. Ça, c’est de plus en plus populaire. En Chine, par exemple, nous avons les classes éducatives par informatique. Avant, il fallait vraiment avoir un vrai humain car on ne peut pas travailler 24 h sur 24. Mais l’humain numérique peut le faire. Il peut répondre aux questions et avoir des raisonnements convaincants pour que les gens achètent son produit. Ça, c’est quelque chose qui va se passer dans les deux ou trois années à venir. Bertrand ? Je pensais que la question était : Est-ce que nous faisons suffisamment pour l’environnement lorsque nous développons l’IA ? Il y a cette partie que nous connaissons tous, les énergies renouvelables, être plus efficace dans la consommation. Mais il y a une chose dans laquelle nous ne faisons pas assez, c’est le matériel. Pour vous donner un exemple, si nous avions les voitures autonomes, alors cela utiliserait 100 fois plus de matière première que ce que nous avons aujourd’hui. Alors, la question est de savoir si nous avons besoin de véhicules autonomes ou pas ? Car nous avons besoin de connaissances pour tous, l’éducation, la santé, la biotech, la pharma. Nous avons besoin de cela. Mais est-ce que nous avons besoin des voitures autonomes qui consomment 100 fois plus de ressources ? Ça, c’est vraiment la question à laquelle il faut répondre. Veuillez donner votre nom. Je suis Nabil Tayeb, je suis président, co-fondateur de Draft & Goal. Nous sommes une équipe française basée au Canada et nous faisons de l’automatisation IA avec les agents IA. Nous avons déployé notre solution avec TotalEnergies où nous mettons à jour des contenus en temps réel. Ma question est plus du côté pratique, les aspects pratiques. Nous avons déjà parlé des LLM, mais les LLM ce sont pour peu d’entreprises. La plupart des business seront créées [INAUDIBLE] entre le LLM et l’utilisateur. Et aujourd’hui ils sont basés au Canada et nous voyons que les entreprises avec les mêmes équipes aux États-Unis, par exemple, qui reçoivent le financement de 5 ou 6 millions très, très tôt dans l’établissement de la start up. Et c’est l’argent qui comptera beaucoup. Comment est-ce que vous pensez qu’on peut résoudre ce problème… Comment assurer qu’il y a suffisamment d’argent dans le marché ici pour les start-ups en France ? Vous préférez que votre argent ne voie pas trop d’entreprises et vous revienne à vous ? C’est ce que j’ai compris. Alors, une des opportunités stratégiques pour la France, c’est de reprendre le Québec, n’est-ce pas ? Pour ses centres de données. J’aime bien penser aux Canadiens parce que les Canadiens sont très sympathiques. Ils sont très proches des États-Unis et beaucoup de puissance [INAUDIBLE]. Pensez au Canada encore plus que vous ne le faites vous. Une bonne lecture de la situation actuelle… Nous passons un bon moment dans la bulle et j’espère vendre en haut. Mais le fait est que la plupart des sociétés tech ont du mal à recevoir le financement. Et dans les sociétés d’application, tel que vous l’avez décrit, ont du mal à avoir le financement, alors que les sociétés de plateformes, c’est bien pour eux, reçoivent des financements et des financements sans le revenu qui est là derrière. Mais ça c’est quelque chose qui se résoudra car il y aura les réalignements dans mon industrie tous les cinq ans, c’est le cas, et c’est la situation actuelle. Je ne pense pas que nous savons où l’argent sera fait. Il y a un débat dans l’industrie. Si les plateformes Google, Microsoft, OpenAI, etc., deviennent si bonnes que la grande majorité de la valeur sera captée dans cette couche d’applications très légère. Il y a une autre série de personnes qui ne sont pas d’accord parce qu’ils pensent que la logique d’application, en utilisant l’open source des bibliothèques très spécialisées formées pour les spécialistes. Ceci va produire des business à plus long terme, plus stables. Nous ne savons pas encore, mais nous verrons. Anne-Gabrielle voudrait poser une question. Anne-Gabrielle Heilbronner membre du directoire de Publicis et membre du Conseil d’Orange. J’étais présidente du Forum pour les femmes. Nous sommes en train de brainstormer ici sur la question de la diversité dans la société et dans l’IA. Et la question pour vous serait qu’est-ce que vous faites vous-même ? Et qu’est-ce que vous pensez que nous devrions faire pour vraiment utiliser ce potentiel, ce pool de talents que sont les femmes et avoir davantage de femmes dans les sciences, dans l’intelligence artificielle et davantage de talents inclus ? Yann ? Je pense qu’il faut commencer tôt. Et je pense que ça passe par convaincre les jeunes femmes que c’est vraiment cool d’étudier les STEM, science, technologie, ingénierie, mathématiques, et la proportion de femmes dans les sciences de l’informatique dans les années 80 était de 135 %. Aujourd’hui, cela représente 17 ou 18 %. Ça a bien diminué. Est-ce que c’est parce que le domaine est intrinsèquement sexiste ? Non, pas vraiment. Pourquoi ce serait le cas ? Que ce domaine en particulier n’était pas sexiste dans les années 80 et est plus sexiste aujourd’hui ? Nous avons vu ce phénomène en même temps dans différents domaines également. Nous sommes arrivés à la parité entre les hommes et les femmes en droit, en médecine et dans différents domaines. Et alors, pourquoi est-ce que ce n’est pas le cas dans l’informatique, les mathématiques, la physique ? C’est très tôt à l’école… Donc, il faut régler le problème avant le lycée ou le collège. Ce n’est pas parce qu’on n’accepte pas les femmes dans les études car très tôt elles ne pensent pas que c’est la bonne façon d’avoir une carrière. Donc, il y a la culture ambiante difficile à traiter, mais des actions volontaires qui peuvent être entreprises pour travailler dans cette direction. Je suis le fondateur d’une entreprise qui développe des solutions IA à l’échelle, qui se concentre sur ce que nous considérons être les principales questions pour les entreprises. On est obsédé par la différenciation. C’est important de se concentrer sur ce qui fait la différence. On est toujours sur ce sujet et je pense qu’il est toujours plus facile d’être différent que d’être meilleur en tout. Alors, ma question est la suivante : selon vous, quelle est la carte à jouer par l’Europe pour gagner dans un certain nombre d’espaces, sur certains champs de bataille au lieu d’essayer de l’emporter partout ? Parce que c’est, sans doute, plus facile de procéder ainsi. Je pense que l’Europe devrait l’emporter partout. On y est presque. Je ne pense pas… Éric l’a dit tout à l’heure lors d’une table ronde, c’est un marché sans frontières, vraiment. L’écosystème chinois est peut-être un peu isolé pour un certain nombre de raisons politiques, économiques, etc. Mais mis à part ça, c’est un terrain mondial et je pense que l’Europe doit l’emporter sur tous les domaines. Et je ne vois pas pourquoi on serait moins bons que les Américains ou d’autres. Bertrand ? Alors, moi, j’ai le sentiment qu’en Europe, on est moins idéologique quand on parle d’énergies renouvelables, d’efficacité énergétique, etc. On peut en Europe avoir l’énergie la moins chère, et comme on l’a dit tout à l’heure, la compétitivité dépend du coût de l’énergie. Alors, quand on voit le Green Deal en termes d’efficacité énergétique, c’est une chose qu’on peut utiliser si nous le faisons bien et si nous comprenons que l’efficacité énergétique et les renouvelables, c’est pas uniquement pour l’environnement, mais c’est également pour la compétitivité économique, eh bien, là, l’Europe a véritablement un avantage. Et puis en France, on a le nucléaire aussi. Merci beaucoup. Alors, le fondateur de [INAUDIBLE]. Le domaine de la recherche, on pense à certains modèles du passé. Mais pensez-vous que ce serait une bonne chose, un bon stimulant d’apporter plus de transparence au domaine dans ce domaine ? On ne sait pas exactement comment les machines sont entraînées, les données sont peut-être pas assez diversifiées et c’est un sujet sur lequel travailler. Yann ? Une réponse forte. Des bases de données sur lesquelles entraîner l’IA, c’est une bonne chose. Les entreprises qui entraînent les grands modèles, eh bien, ce serait une bonne chose qu’elles révèlent quelles sont les données qu’elles utilisent. Il y a, à l’heure actuelle, deux difficultés à cet égard. Tout d’abord, le paysage est assez flou. Il est très risqué, ça peut générer énormément de responsabilités. Il y a une question juridique qui se pose actuellement si on révèle quelles sont les données utilisées. Deuxièmement, c’est vrai pour un certain nombre d’entreprises, il y a beaucoup de filtres qui filtrent les données pour ne garder que les données de bonne qualité. Mais il faut à cet égard recruter de nombreuses personnes qui vont former les machines parce qu’il y a des données qui ne sont pas publiques, qui ne pourront pas nécessairement être révélées. Évidemment, les institutions aimeraient bien que les modèles utilisent leurs données afin de parler leur langage. Alors, ce serait bien s’il y avait une large base de données de collections en provenance d’Europe. Il y a beaucoup d’entreprises qui vont pas pouvoir suivre parce qu’elles n’ont pas suffisamment de données. Et là c’est très important de savoir quelles sont les langues utilisées. Je vais prendre un exemple où vous pourriez être soit à l’avantage, soit, au contraire, à la traîne. Pour ceux d’entre vous qui sont des philanthropes, financer cet effort à l’échelle européenne serait une très bonne chose. Si je peux ajouter sur ce point, il y a des projets dans certains pays pour ajuster des LLM en open source. Il y a des projets en Inde, l’IA de Meta qui est en open source en Inde. En fait, en Inde, il y a tellement de dialectes, de langues que c’est pas évident. Il va falloir s’y mettre. Moi, je vais continuer. Je suis le fondateur de Linagora, la principale entreprise d’open source en France. On a décidé d’agir, comme le font les autres, dans le domaine de l’open source. On a donc un LLM ouvert en France et d’ailleurs vous êtes totalement les bienvenus si vous voulez rejoindre notre communauté. Notre but est de développer véritablement des sources ouvertes, des modèles IA open source. Et alors, quelle est votre question ? J’y viens, j’y viens. Donc, nous pensons, effectivement, qu’on a besoin d’une biodiversité dans l’IA. Et que la seule façon d’y parvenir, c’est d’avoir une IA en open source, que ce soit totalement ouvert et sans restriction pour pouvoir proposer des modèles ouverts et puis également dire comment on peut former ces modèles. Donc, Yann, ma question est la suivante si vous aviez vraiment le choix, est-ce que vous envisageriez de mettre Llama à disposition dans un modèle totalement open source ou est-ce que vous maintiendrez des restrictions ? Et ensuite, une question qui s’adresse au commissaire Breton. Pensez-vous qu’on pourrait avoir, dans la prochaine commission, un acte sur la réglementation sur l’open source ? Et enfin, madame Bouverot. Pensez-vous que ce sujet puisse être à l’ordre du jour du sommet organisé au mois de février 2025 ? Yann ? Oui, alors, en principe, oui. Bien sûr, je ne peux parler que d’une hypothèse, mais je pense que Meta serait sans doute intéressé de donner l’accès au code sans restriction. Alors, il y a différents paramètres, il y a différentes situations et puis différents sets de données. Alors on peut décider de distribuer tout ou partie avec des restrictions ou pas. La raison pour laquelle il y a des restrictions, à l’heure actuelle, ce sont des questions de responsabilité juridique. Il y a les questions des droits d’auteur et puis la question de la diffamation. Si certains utilisent le modèle Llama, il faut qu’on leur dise : "Attention, pas d’utilisation à telle, "telle ou telle fin, parce que sinon, "nous, on peut avoir à rendre compte au gouvernement, aux autorités, "avoir à justifier la non-protection de certaines de ces valeurs." Donc, c’est la raison pour laquelle il y a des restrictions, c’est parce que pour le moment le paysage juridique est assez flou. Mais ce n’est pas notre volonté en tant que telle de contrôler les choses ou d’en garder le contrôle. Merci. Merci de votre question sur l’open source à la commission. On pousse très fort, comme vous le savez. Et si vous regardez attentivement ce que nous avons fait, on a protégé les activités open source sur la base de modèles. Donc, il n’y a pas de réglementation. On pousse, on pousse. Et nous, on pousse pour avoir cette réglementation, pour avoir cet acte. Et Maurice, puisque j’ai le micro, j’ai été très raisonnable, j’ai parlé moins de 7 minutes tout à l’heure, mais j’aimerais répondre à deux des questions qui ont été posées. Que nous manque-t-il encore en Europe pour être sûr qu’il y aura bel et bien ce paradis ? Un paradis dans lequel on souhaitera investir et développer des applications. Alors, tout d’abord, nous avons, et je vous invite vraiment à bien comprendre ce que nous avons fait en termes de toutes les réglementations qu’on met en place. Nous commençons sur le Data Act, on commence sur le GPA, c’est en cours, on y travaille. Donc, on a enfin une visibilité partout en Europe, pas uniquement dans un pays ou un autre. Ça, c’est vrai de 27 pays, 450 millions de consommateurs, des millions d’entreprises. Donc, si vous venez investir ici, oui, vous aurez cette visibilité qui est si importante, en particulier quand on parle de bases de données. Alors maintenant, que nous manque-t-il ? Eh bien, encore deux choses. Premièrement, un marché de l’union de capitaux. Il y a trop de fragmentation. Et ça a été dit à la Sorbonne il y a quelques semaines par le président Macron. C’est absolument essentiel. À l’heure actuelle, Éric, chaque année, il y a des milliards d’euros qui quittent l’Europe pour être investis aux États-Unis. Alors, c’est formidable, certes, mais pourquoi ? Pourquoi y travaillons-nous ? Eh bien, pour faire en sorte que cette épargne sera investie en Europe. Et pour cela, nous avons besoin d’un marché de capitaux unifié. Ça va être une énorme tâche pour la prochaine commission. Deuxième point, qui est mon second sujet de prédilection , on a besoin d’avoir une vision commune de ce dont on a besoin. Quelle est notre vision en termes d’infrastructures numériques au niveau de l’Union européenne ? On est encore une fois trop fragmenté et c’est la raison pour laquelle… Merci, Christelle. Merci à tous. Xavier, merci de travailler avec nous à cet environnement télécom pour proposer ce que Enrico Letta a souligné dans son rapport. Nous avons besoin maintenant de faire en sorte d’avoir un marché européen des télécoms en termes d’infrastructures. Donc, ce sera notre seconde tâche très importante aussi, il va falloir investir énormément dans les infrastructures numériques. Nous savons que le réseau d’aujourd’hui n’a rien à voir avec le réseau qu’il nous faut… Le réseau que nous avions au début des années 2000. Donc, c’est la deuxième tâche à entreprendre pour que l’Europe soit encore plus leader. Merci pour vos questions. Je prends l’occasion qui m’est donnée de dire quelques mots de ce sommet. Alors, bien sûr, je ne suis pas la seule à le préparer. Nous avons cinq équipes et cinq envoyés thématiques. Une équipe, c’est l’IA dans l’intérêt général, bien sûr, y compris sur le sujet des open source. Et Martin Tisné ne pouvait pas être avec nous aujourd’hui, mais c’est lui qui mène ce sujet. Nous avons également Sana de Courcelles, ici présente, sur un autre sujet. Nous avons ensuite l’innovation et la culture avec Roxanne Varza. Je ne sais pas si Roxane est parmi nous. Oui, la voilà. Vous voyez, nous avons des femmes dans l’équipe. Et puis l’open source est également important quand on parle de l’innovation, de l’aspect concurrence. Ensuite, on a sécurité avec un envoyé thématique qui est ici présent. Et puis, enfin la gouvernance mondiale. Le sujet est traité par l’ambassadeur Henri Verdier. Alors, je suis très heureuse d’avoir pu citer leurs noms. Et dire que nous traiterons des différentes interprétations, différentes définitions d’open. Ce sera vraiment au cœur des sujets de notre sommet. Bertrand, une question que vous souhaitez poser à Éric ? Oui, alors, Éric, j’avais une question à vous poser toute l’après-midi. Peu de personnes ont connu autant de succès que vous, ont façonné le monde autant que vous. Et pour autant, vous êtes ici, vous écoutez, vous nous entendez dire que la France souhaite concurrencer les États-Unis, la Silicon Valley. Alors, j’aimerais avoir une réponse honnête de votre part. Vous êtes poli ou vous nous prenez au sérieux ? J’ai investi dans toutes les entreprises françaises que j’ai trouvées. Et je peux vous donner encore une liste pour vos investissements à venir. Il a été dit que les plus grandes fortunes étaient en France. Eh bien, c’est parce que la France est la pointe dans le domaine de la culture, de la mode et au-delà. La France est exceptionnelle. Regardez les personnes ici présentes et puis également dans le domaine pharmaceutique. Donc, nous avons là deux exemples de domaines dans lesquels les entreprises françaises sont vraiment de niveau mondial. Historiquement, pour les logiciels, on avait les systèmes SAP. Et chaque fois qu’il y a une nouvelle évolution en termes de plateforme, un changement technologique, eh bien, il y a une opportunité. Et cette opportunité, elle est là devant nous. Alors, il faut se concentrer, il faut avoir les bons employés. Et je pense que vous pouvez continuer à faire venir des gens d’Europe. Il faut que vous soyez très agressif dans vos objectifs. Et je vais, pour conclure, dire que la plupart des entreprises britanniques ou européennes, sans doute, vendent trop tôt. Elles se disent : "Mon objectif, c’est de faire 20, 30 millions d’euros." Alors que les Américains se disent : "Moi, c’est en milliards de dollars "que je veux l’emporter." Alors, si vous pensez gros dès le début, Google, Meta, Microsoft, tous les grands fondateurs ont raisonné ainsi. Alors pourquoi pas les Français ? Pourquoi n’adoptez-vous pas le même raisonnement ? Voilà l’opportunité qui s’offre à vous. Merci. L’occasion m’est donnée de remercier tout le panel. Ce téléphone fonctionne et on me dit que le président va nous rejoindre dans quelques minutes. Je vais donc laisser la parole au président. Ensuite, nous nous retrouverons pour résumer nos échanges. Merci à tous. Monsieur le Président de la République devrait nous rejoindre d’un moment à l’autre. Merci de rejoindre votre place. Monsieur le Président de la République. Je vous en prie. Bien, excusez-moi de vous faire attendre. Mesdames et Messieurs les Ministres, Monsieur le Commissaire européen, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, Mesdames et Messieurs les élus, cher Maurice, Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualité, chers amis. Il y a des systèmes de traduction pour les non-francophones ? Oui, c’est bon. It’s OK for you? J’espère aussi parce que sinon, ça peut vous paraître long. Je tiens à remercier tous nos amis. Vérifiez… C’est sûr que ça marche. OK. Merci d’être là, quelques jours après le sommet Choose France, quelques jours avant les Jeux olympiques, ça démontre votre engagement à la France d’être là, surtout à l’occasion de VivaTech. Ça marche ? Parfait, merci. Et donc, je suis heureux de pouvoir vous réunir ici. Donc, on vole un peu le départ de VivaTech, qui est un événement auquel nous tenons beaucoup et qui est un succès ces dernières années, pour vous réunir et dire d’abord toute la fierté, en tout cas qui est la mienne, de vous avoir ici comme talent de l’intelligence artificielle française, européenne et mondiale. Et puis comme partenaire de cet écosystème français, que vous soyez décideurs publics, investisseurs ou dirigeants de grandes entreprises du continent asiatique ou américain. Ces réussites sont importantes pour évidemment le pays, pour le monde et, je crois, beaucoup des sujets qui sont au cœur de nos agendas. Et qu’on parle de santé, d’éducation, de transformation de notre efficacité publique, qu’on parle de climat, ce que l’IA va permettre de faire, permet déjà de faire, est évidemment une révolution fondamentale. Et je le dis dans un moment, j’ai eu l’occasion de m’exprimer il y a quelques semaines en parlant de notre Europe, je pense que pour la France et l’Europe, réussir à former, aider à se développer, garder, attirer des talents de l’IA est une bataille absolument essentielle et je dirais même plus existentielle pour nous. D’abord parce que quand on regarde les choses, notre capacité à relever les défis mondiaux, à apporter des solutions à nos compatriotes et aux générations à venir dépend aussi de notre capacité à créer de la richesse. Et quand on regarde les trois dernières décennies, eh bien, la richesse créée, la valeur ajoutée créée par habitant est deux fois inférieure en Europe par rapport aux US. Et la principale raison, c’est que les US réussissent à innover beaucoup plus vite, plus fort, ont investi beaucoup plus et ont davantage diffusé cette innovation au reste de l’économie. Et je crois que cette bataille de l’IA aujourd’hui, cette compétition, est absolument clé à cet égard, parce qu’elle est celle qui nous permettra de bousculer les choses. Ensuite, elle est au cœur de la bataille, évidemment, du travail, on y reviendra, de l’emploi, de la productivité et donc de l’avenir de notre continent. Alors, à ce titre, vous réunir aujourd’hui, ce n’était pas simplement vous dire l’admiration que j’ai pour vous et de vous dire merci d’avoir déjà fait tout ce que vous avez fait et qu’on va continuer, mais c’était au fond de vous dire comment je voyais ensemble notre capacité à aller un cran plus loin et bâtir un modèle français, européen pour avancer. Alors, d’abord, tout ça s’appuie sur des résultats qu’on a. Ces dernières années, on a réussi à avoir une politique d’innovation, d’attractivité qui a amélioré nos résultats. On a recommencé à converger, en particulier avec l’Allemagne et nos compétiteurs, dans nos universités, en investissant davantage, en renforçant les logiques de site, en poursuivant les rapprochements aussi avec le monde industriel. Dans notre recherche, avec une loi de programmation qui a consacré un effort de financement sans précédent et un plan IA dès 2018 qui est arrivé très tôt parmi les générations d’IA, dès la réforme qu’on a lancée il y a maintenant quelques mois pour aller vers des vraies agences de programmes en renforçant l’autonomie des universités, avec aussi un très gros programme de simplification de la vie des chercheurs, qui a été demandé par plusieurs chercheurs et experts présents dans cette salle, avec un écosystème de start-ups qui a été profondément transformé par la French Tech, par Bpifrance, par l’ensemble des fonds business angels et tous les fonds de croissance aux différentes étapes qu’on a mises en place. C’est assez simple en 10 ans, on a multiplié par 10. Ce qui nous met aujourd’hui en leadership européen. Avec France 2030, cher Bruno, qui en deux ans et demi a engagé plus de 30 milliards d’euros pour financer les innovations de rupture, en plus de toutes nos politiques sectorielles, et des initiatives pour mieux mobiliser le financement privé comme les fonds Tibi 1 et 2 qui ont permis de rediriger une partie de l’argent des investisseurs institutionnels vers l’innovation, la prise de risque. Et puis avec tout ça, on a mis en place une politique fiscale beaucoup plus attractive, qui est stable depuis sept ans, avec 30 milliards de baisses d’impôts pour les entreprises, le maintien du crédit impôt recherche, une "flat tax" sur les gains en capitaux, des mécanismes pour que les salariés bénéficient de la valeur créée, amélioration des systèmes de baisse PCE et autres. Ce qui vraiment peut faire dire, certains étaient en avance de phase, que la France est un paradis pour les créateurs de start-up et les investisseurs dans les start-ups. Et on a continué à moderniser aussi le marché du travail avec des ordonnances, une simplification des règles, un nouveau système qui est concerté en ce moment sur le marché de l’assurance chômage. Et puis France Travail qui est aussi important pour requalifier. Et pour attirer les talents étrangers, ce système French Tech Visa qui est, je crois pouvoir le dire, une vraie révolution là aussi en termes d’attractivité et qui est venu compléter tout un tas de réformes. Je ne veux pas être trop long, mais celle de l’apprentissage, celle qu’on est en train de faire du lycée pro, du premier cycle universitaire, etc. Donc, il y a une cohérence d’une politique macroéconomique sectorielle sur le marché du travail, en termes de fiscalité, en termes d’investissement, qui nous a permis véritablement d’être le pays depuis 5 ans le plus attractif d’Europe et le plus dynamique en termes de création de start-ups et de financement de la croissance de nos start-ups dans tous les secteurs. Ça a été complété, je le disais, par une stratégie nationale pour l’IA qui a été lancée dès la fin 2017, qui a permis de structurer l’écosystème de recherche nationale avec l’INRIA, la création de trois instituts de recherche de pointe en IA, les 3IA, l’arrivée du supercalculateur Jean Zay. Et puis, ensuite, on a ciblé la diffusion de l’IA au sein de l’économie en faveur d’une IA frugale et de confiance. Et puis, cette stratégie a porté des fruits avec les premières grandes réussites françaises en la matière, avec plusieurs laboratoires de référence installés à Paris. Meta avec Yann LeCun, figure iconique, Alphabet, Cisco, Criteo, DeepMind, Uber. Désormais le laboratoire Kyutai, et merci à Xavier, Éric et Rodolphe, qui va travailler à l’élaboration de nouveaux modèles de pointe. Et puis beaucoup de start-ups qui se sont créées, qui se sont développées, y compris jusqu’à ces derniers mois. Les résultats se sont accélérés ces 18 derniers mois. Plus de 600 start-ups françaises sont aujourd’hui spécialisées en IA. Nous annonçons dans les jours à venir la liste de 120 start-ups les plus prometteuses en France et plus de la moitié ont une activité dans l’IA. Et le monde entier connaît désormais Mistral et demain H, ce qui est aussi un choix qui n’était pas évident il y a encore quelques mois et qui montre que cette révolution se poursuit. Et donc très clairement, la capitale des Lumières est en train de devenir une capitale de l’intelligence artificielle. On a mis en place pour accompagner ce travail et aller plus loin, une commission pour l’IA, justement, la commission de l’intelligence artificielle qui a été portée par la coprésidence d’Anne Bouverot et de Philippe Aghion, que je remercie chaleureusement, avec des personnalités du monde académique, du monde de l’entreprise, de tous les secteurs compétents, permettant aussi de penser les usages, etc., qui nous a aidés à penser cette révolution technologique qui est, au fond, ce changement de paradigme qui bouscule en effet notre éducation, notre démocratie notre administration et tous les secteurs. Et essayer de bâtir au fond un même système, si je puis m’exprimer ainsi, de langage, de compréhension, de diffusion. Et les travaux inédits de Philippe Aghion indique notamment que l’impact de la diffusion de l’IA dans l’économie française pourrait être massif, avec une croissance économique qui pourrait doubler, plus un point par an grâce à l’IA, une hausse du PIB qui doublerait en 10 ans notre industrie et donc des vrais leviers aussi de transformation, très puissants sur le plan économique et de sa diffusion. Mais très clairement, nous sommes à un moment de rupture très profonde parce que c’est aujourd’hui que le virage est pris ou pas, à la bonne vitesse ou pas. C’est pour ça que la rencontre d’aujourd’hui, tous les travaux que vous avez eus et tout ce qu’on va faire d’ici au sommet que la France va accueillir en février prochain est très important. Et au fond, la question qui est posée à la France, à l’Europe, c’est : est-ce qu’on décide les investissements, la politique d’accompagnement qui nous permet de revenir complètement dans la compétition internationale et d’être en leadership ? Est-ce qu’on se met en situation de penser cette transformation et ce nouveau paradigme avec la bonne exigence ? Parce que je pense que c’est une nécessité de le penser pour ensuite avoir la conversation internationale adaptée et du coup, les transformations qui vont bien et la régulation à la bonne échelle, c’est-à-dire, à mes yeux, mondiale qui va bien. Et donc, c’est véritablement un moment de réveil stratégique que nous vivons, qui suppose des choix profonds en termes de recherche, de formation, d’investissement business, mais également de régulation et de diplomatie. Et c’est cet ensemble sur lequel nous devons avancer. Au fond, c’est autour de ça que je veux axer mon propos et c’est une approche française et européenne, je dirais, de manière native. La bataille, pour moi, elle se fera autour de cinq grands domaines : les talents, les infrastructures, les usages, l’investissement et la gouvernance. Et c’est au fond autour de ça qu’il faut qu’on réussisse à prendre les bons virages. D’abord, les talents. Si la France veut rester une très grande puissance de l’IA au niveau européen, sans doute avec les Britanniques, la première, mais aller encore plus loin. La question des talents est clé. Tous ceux qui sont ici dans des groupes asiatiques ou américains le savent ô combien, eux qui recrutent tant de talents européens et en particulier français. Je dirais qu’on a une chance de départ, on est plutôt bons dans les disciplines nécessaires pour l’IA. Les très grands mathématiciens data scientist, ce sont des ressources rares, très prisées. La France en forme beaucoup et de très bonne qualité. Il y a une chose qui est sûre, vous êtes nombreuses ce soir et on peut souhaiter à horizon de 10 ans que vous soyez plus nombreuses. Et je dirais qu’en termes de talent, l’un des enjeux qu’on a est clairement de favoriser et d’encourager l’accès des jeunes femmes aux filières du numérique et à tous les métiers qui sont au cœur de l’IA. Le programme "Tech pour toutes", annoncé l’année dernière à VivaTech, est un élément clé pour accompagner 10 000 étudiantes d’ici 2027. Mais c’est un travail sur lequel j’ai besoin de vous toutes et vous tous. C’est que très souvent, c’est un problème d’autocensure chez les très jeunes filles, puis après c’est un problème d’orientation. Ensuite, c’est un problème d’opportunité. Il faut qu’on règle à chaque étape ça. Et donc, je sais qu’il y en a beaucoup qui ne sont pas à convaincre et qui sont des engagés depuis longtemps. Donc, pour moi, c’est une priorité et on doit aller beaucoup plus loin. Au-delà de cette féminisation qui est juste de se dire : "Un, c’est pas juste. Deux, c’est pas représentatif, "Trois, c’est pas efficace parce qu’on n’utilise pas "la moitié de la ressource humaine "et du capital d’intelligence de notre société." C’est idiot avant d’aller chercher des capacités de calcul ailleurs. Ensuite, quand je regarde les talents, on a une offre de formation qui est trop limitée, sans doute déséquilibrée, avec un manque de techniciens de la donnée et peu ou insuffisamment pluridisciplinaire. Et donc, c’est pour relever ces défis que nous souhaitons avancer et avec nos universités et nos écoles, pouvoir former encore plus massivement à l’IA. Et je souhaite donc que nous puissions travailler à faire en sorte, suivant d’ailleurs les recommandations de la commission précitée, qu’on priorise les formations de l’enseignement supérieur à la technologie, l’IA et ses applications puissent être justement enseignées massivement. Très concrètement, ça impose d’utiliser au maximum les nouveaux leviers de contractualisation que nous sommes en train de mettre en place dans le cadre de la réforme de nos universités. Et c’est tout ce que j’annonçais il y a quelques mois, ici même, qu’on est en train de mettre en place et qui sera parachevé d’ici un an. Je souhaite aussi que chacun des dirigeants d’organisme de recherche, plusieurs sont présents ici, sous l’égide de l’INRIA dans son rôle d’agence de programmes, me proposent avant la fin de l’année avec une stratégie d’ici à 2030, des évolutions structurantes et un renforcement concret de la recherche interdisciplinaire s’appuyant sur l’IA. Des SHS à la biologie, tous ces domaines doivent accélérer avec l’IA, recruter davantage et faire entrer l’IA dans leur recherche et donc créer plus d’interdisciplinarité intégrant l’IA. Alors pour accompagner ce mouvement, l’État, via France 2030, va investir en plus de ce qui est déjà prévu dans notre stratégie. Et ce sont 400 millions d’euros que nous allons investir dans les neuf IA clusters, donc les neuf sites universitaires et de recherche que nous avons. Et donc, je veux ici féliciter ces neuf IA Cluster qui sont confortés dans ce rôle. Et donc, concrètement, l’objectif, c’est de faire un peu plus que doubler le nombre de talents en IA que nous allons former. Aujourd’hui, on forme à peu près 40 000 par an. L’objectif, c’est de passer à 100 000 par an, dont 20 000 en formation continue. Et ces centres d’excellence, de Rennes à Saclay, de Grenoble à Toulouse et cinq autres qui devront s’organiser pour faire émerger une recherche interdisciplinaire, auront ce travail. Et donc, on va vraiment faire un gros effort de formation supplémentaire. Et là, je compte sur tous les acteurs de l’écosystème pour donner de la visibilité, aider, donner de la visibilité pour la suite. Ils devront assumer, tous ces sites, des priorités sectorielles de la santé au quantique et s’organiser pour attirer des talents internationaux et en particulier, c’est pour cela que nous allons faire venir les meilleurs et nous lancerons en complément un nouveau programme de "share" à la main de chaque cluster pour inciter les talents déjà reconnus, les meilleurs enseignants, les meilleurs entrepreneurs aussi, qui accepteraient de se remettre à de l’enseignement, les attirer, leur permettre d’avoir des semestres ou des années d’enseignement sur ces neuf AI Clusters en France. Tout ça doit aller très vite. Et en parallèle, on va privilégier aussi ces sites sur l’application des simplifications pour les chercheurs. Avec des systèmes de gestionnaire unique, la suppression de la paperasse inutile, la simplification des autorisations de cumul d’activité, l’accélération, l’harmonisation des procédures de financement et la priorisation à l’ANR des sujets IA. Autant d’exemples où, en fait, on va appliquer ce qu’on a décidé au cœur de notre stratégie de réforme de la recherche et de la recherche universitaire. Mais on va l’appliquer, si je puis dire, en avance de phase sur tout ce qui touche à l’IA. Pourquoi ? Parce que là, la course de vitesse est encore plus forte et justifie ces mesures de simplification drastiques. Ça, c’est le premier pilier de la stratégie les talents. Le deuxième, c’est de sécuriser la puissance de calcul et les infrastructures. Là-dessus, on a énormément de défis. C’est pas à vous que je vais le dire. Et en même temps, si on regarde les choses de manière assez objective, on a des avantages qui sont insuffisamment exploités. Là aussi, je m’explique. Quand on regarde les choses, on a un vrai avantage, c’est que quand on regarde, je parle sous le contrôle des experts que vous êtes, les goulots d’étranglement, rapidement, ça va être l’énergie bas carbone pilotable en grande quantité. Un pays qui fournit son électricité à 75 % avec du nucléaire, qui s’est donné de la visibilité sur une stratégie de production de nouveau nucléaire et de renouvelable, c’est un pays qui a l’énergie parmi la plus décarbonée d’Europe, mais c’est le pays qui a l’énergie la plus décarbonée et la plus pilotable d’Europe. By far! Et en plus, nous avons décidé de creuser cet avantage parce qu’on aura totalement sorti le thermique de notre stratégie, de notre mix, en 2027 et qu’on va massivement augmenter et le renouvelable et, donc, le nucléaire. Et donc, nous avons la capacité, nous, d’accueillir de nouveaux datacenters, de développer les datacenters existants et donc d’avoir aussi des capacités de calcul supplémentaires. Ça, je crois et je le dis pour vous tous, c’est quelque chose qu’il faut, pardon de cet anglicisme à nouveau, "pitcher" pour la place française et ce sur quoi on mobilise les efforts européens. Parce que ce qui est en train de devenir le goulet d’étranglement mondial en développement de l’IA, c’est un énorme avantage comparatif de la France. Et c’est quelque chose qu’en avance de phase, on a un peu pris, la stratégie de Belfort, on l’a lancée en 2022, et je me réserve d’ici à la fin de l’année sur les nouvelles tranches de réacteur qu’on va annoncer de prendre en compte, d’ailleurs, la nécessité d’aller encore plus loin sur de la production. À côté de ça, on a aujourd’hui un retard en Européens, c’est les capacités de calcul. Je faisais "cocorico" tout à l’heure en parlant et je les défends, nos supercalculateurs. On en défend un nouveau, donc on aura au-delà de Jean Zay, annoncé l’année dernière, nous accueillerons le 2e supercalculateur Exascale EuroHPC qui est le fruit d’un coinvestissement européen, merci Thierry, merci la Commission, est français à hauteur de 540 millions d’euros. Donc, on va mettre une deuxième étape. Ça, c’est très important. Et donc, on a on va avoir des capacités publiques fortes, mais elles sont très loin, si on est lucide, des capacités de calcul à l’international. Aussi vrai que je défends la place française, je ne serais pas crédible si je vous disais qu’on est au bon étiage sur ce sujet. On a aujourd’hui 3 % des GPU mondiales déployés. Ce n’est pas du tout au niveau européen, c’est pas du tout à la maille de ce qu’on doit faire. Et donc, pour moi, la course de vitesse, c’est la capacité à faire plus. Comment ? Un, avec les infrastructures publiques et ouvertes, celles que j’évoquais. Deux, en attirant des grands investisseurs qui peuvent le faire et qui vont nous mettre des capacités de calcul avec des règles d’ouverture à la place. C’est ce qu’on a fait avec Microsoft. On peut aimer, ne pas aimer, mais ça nous fait 25 000 CPU. C’est quasiment l’objectif que nous avait fixé la commission pour cette année qui était de 30 000. C’est beaucoup mieux que ce qu’on a aujourd’hui. Et puis, trois, continuer d’avoir une approche avec tous les écosystèmes et c’est là où les initiatives type [INAUDIBLE] vont nous permettre, j’espère, d’aller plus loin. C’est que l’écosystème décide d’en bâtir encore davantage et qu’on monte très vite à l’échelle. Moi, l’objectif que j’essaie de nous fixer en Européens, c’est de dire on doit passer d’ici à 2030, 2035, à 20 % des GPU mondiaux. C’est faisable, mais c’est une mobilisation publique/privée des acteurs européens et de notre capacité d’attractivité pour augmenter justement là-dessus. Je pense qu’on peut d’autant plus le faire que nous avons un écosystème d’utilisateurs très fort : vous. Et qu’on a des infrastructures d’énergie avec des vrais avantages que j’évoquais. Maintenant, en termes d’infrastructures, on va concentrer l’effort sur la montée en charge de nos GPU. Et là aussi, comme toujours, en veillant à ce que ce soit au maximum en architecture ouverte et à ce qui est le moins de biais possible pour l’écosystème, pour qu’on puisse permettre à tous et toutes de les utiliser. Mais on a besoin donc de continuer comme on l’a fait à Choose France, la semaine dernière, d’avoir des Amazon, des Microsoft, des Equinix qui investissent en France pour nous aider à monter en la matière et avoir encore plus de coopérations internationales. Le dernier point là-dessus, ce sont les semi-conducteurs. Et là aussi, je vous le dis, je suis tout à fait à votre disposition pour bâtir des stratégies de partenariats avec les acteurs de la place. On a essayé ces dernières années… On a eu une stratégie sur les semi-conducteurs beaucoup plus utilisée dans les telcos et l’automobile, sur laquelle on avait une base installée STM, Soitec, qu’on a massivement développé grâce à ce qu’on a fait en franco-allemand et avec la Commission européenne où on a développé plus de capacité, bâti des nouvelles coopérations avec GlobalFounderies. Mais ce n’est pas le bon niveau, on le sait bien, de semi-conducteurs dont on a besoin pour développer l’IA. Là-dessus, l’Europe est très dépendante d’offres américaines et asiatiques, et donc on a besoin d’attirer ces investissements. Quand on regarde les stratégies qui sont à l’œuvre, ce qui marche très bien, c’est des stratégies où on a des pays, des acteurs de l’IA, LLM et autres, et des fournisseurs de semi-conducteurs pertinents. Et donc, on est en train d’avoir des discussions avec plusieurs acteurs américains, taïwanais et autres. Moi, je suis disponible pour la place et mes équipes le sont avec les ministres pour qu’on puisse bâtir des stratégies pertinentes. En tout cas, notre volonté dans les 12, 18 mois qui viennent, c’est de finaliser des opérations pour produire en France et en Europe les semi-conducteurs pertinents pour développer l’IA. Et là, c’est vraiment un des éléments de dépendance que nous avons en termes d’infrastructures, aujourd’hui. Dernier point là-dessus, ce sont les modèles originaux de LLM. Quand on regarde les choses. Le développement des modèles… Je le disais, nous avons déjà des champions, je les ai évoqués, Mistral, H. Nous devons là aussi accélérer et je veux que nous franchissions un cap en matière de développement de modèles et en particulier de modèles open source qui sont une force sur laquelle plusieurs ici sont engagés. Mais c’est un enjeu d’autant plus important que seule la présence de champions français sera à même de véritablement intégrer la force de notre écosystème, d’éviter aussi des biais supplémentaires, d’intégrer aussi les subtilités de notre culture, de notre langue, y compris dans ces variétés francophones. Et là-dessus, nous devons être à l’initiative et c’est un modèle que nous portons et sur lequel nous avons besoin de tenir et d’avancer. Troisième élément, je l’évoquais, c’est le financement. Financer notre écosystème et les acteurs de la deep tech en IA est absolument nécessaire. Et donc, en la matière, nous avons besoin là aussi de faire de nouveaux efforts. Cet investissement massif dans l’intelligence artificielle exige des moyens considérables. On a commencé, mais il y a évidemment, comme toujours, la partie publique et la partie privée. Il y a les politiques de recherche qu’on a évoquées, France 2030 qui consacre déjà 2 milliards d’euros en plus de ce qu’il y a dans les politiques publiques. Et cette part a vocation à doubler avant la fin du programme. Donc, l’objectif de France 2030, c’est au moins 4 milliards sur l’IA, au-delà du transdisciplinaire et interdisciplinaire. Mais le cœur de la bataille, c’est de le compléter ensuite par beaucoup plus de financements européens et des financements privés. Financements européens, je le dis d’un mot, je ne vais pas reprendre ce que je disais à la Sorbonne il y a peu. Quand on regarde le sujet climat et IA quantique, l’Europe est le continent qui régule le mieux et le plus. Donc, super, je pense qu’on est à maturité. Il faut mettre en œuvre. Mais on est celui qui investit le moins. Ce n’est pas un "business model" qui peut tenir longtemps. Ça ne peut pas tenir. Et donc, il en est des cleantech comme de l’IA et du quantique. Moi, je pense que c’est une chance d’avoir régulé. On a donné une "guidance" au marché, tous les éléments sont là, les rendez-vous, je suis pas pour déréguler ou lâcher le green deal. Je vous le dis en toute sincérité. Je suis pour le mettre en œuvre avec les bonnes flexibilités. Mais là où on est en retard, c’est qu’on investit beaucoup moins d’argent public, au niveau agrégé, c’est-à-dire au niveau européen, sur la transition climatique et sur l’IA et le quantique. Et quand on regarde les choses pour faire face à ces deux défis, et le défi sécuritaire qui est le nôtre, il faut doubler le budget européen. Le quantum est assez simple. Et en plus, ce n’est pas du tout impossible parce que c’est exactement ce qu’on a fait face au Covid. Donc, face à un choc externe symétrique, une pandémie, on a su le faire. C’était le plan de relance qu’on a fait en deux mois face au Covid. Il faut juste qu’il y ait un réveil collectif des Européens. Ce qu’on vit, c’est un choc. C’est un choc technologique hyper accéléré. Et sur les cleantech, l’IA et le quantique, si ce choc technologique, on n’y répond pas par la bonne stratégie d’investissement public, les facteurs iront s’allouer ailleurs et on sera dépendant de solutions qui iront se déployer en Chine ou aux US. Donc, je pense que c’est un réveil essentiel que d’avoir une stratégie d’investissement européenne qui soit à la bonne échelle. Et puis, il y a évidemment l’investissement privé, et ceci en France comme en Europe. En France, je le disais, on a eu les stratégies des fonds Tibi qu’on a européanisés avec Scale-up Europe. Et au fond, c’est quoi ? C’est simple, c’est de se dire : "Notre système ne marche pas." Parce que les règles qu’on impose aux investisseurs institutionnels, que je propose de changer dans la prochaine mandature de la Commission, Solvency et Bâle, elles les détournent de l’investissement en equity, ce qui est absurde. Or, nous, 75 % du financement de nos économies, ce sont les banques et les assurances, ce qui va avec. Et donc, les fonds Tibi, on a diverti une partie de cet argent avec un mécanisme tout à fait légal, et on a permis de l’injecter… On a environ réinjecté 30 milliards d’euros d’investissements, écoinvestissements dans l’innovation, allant de la santé, deep tech et autres. Là, on doit accélérer sur Tibi 2. On était parti avec un objectif de dix. On est à sept. On a commencé, cet objectif confirmé, on n’est qu’à deux et demi. Je le dis parce que je ne peux pas dire qu’on doit aller très vite. On n’est pas au bon rythme. Et je le dis pour tous les investisseurs institutionnels qui sont dans Tibi 2, je compte sur vous. On n’est pas au bon rythme pour la place française et européenne, ça doit aller beaucoup plus vite et beaucoup plus fort. On doit d’abord passer de 7 à 10 en commitment, mais on doit surtout aller plus vite sur les investissements à faire. Et je le dis alors que je sais que beaucoup d’entre vous sortent d’une période difficile où c’est beaucoup plus compliqué aujourd’hui qu’il y a deux ans, de lever des tickets et des tickets au bon niveau. En complément de Tibi 2, on a un enjeu, on le sait, du financement "late stage" essentiel, surtout dans le domaine de l’IA, où les valorisations sont de plus en plus élevées. Et nos acteurs privés doivent être en mesure de les accompagner. C’est pourquoi, en plus de Tibi 2, ce que je voulais vous annoncer aujourd’hui, c’est que nous allons lancer un nouveau fonds de fonds significatif. Donc là, c’est bien un fonds de fonds, ce n’est pas en primaire, souscrit à environ un quart par l’État, en se concentrant sur les secteurs les moins bien financés et les plus technologiques liés à l’IA, des puces au cloud en passant par les LLM. Et donc ce fonds, l’État mettra une base de départ. L’engagement, c’est qu’on met un quart. Mais l’objectif, c’est que la place puisse le compléter. Mon objectif, c’est qu’on puisse aussi réussir à l’européaniser. C’est pourquoi je proposerai à nos partenaires allemands de se joindre et d’essayer d’en faire au moins un fonds franco-allemand, voire européen. Mais à tout le moins, on ne va pas tarder. On lance dès maintenant en franco-français ce fonds de fonds très significatif sur l’IA. Et, un peu comme on l’a fait sur les métaux, les entreprises françaises, voire européennes, les plus concernés pourraient rejoindre cette initiative. En tout cas, je les y invite et l’objectif est d’avoir engagé cette dynamique et commencer vraiment les travaux très concrets d’ici à la fin de l’année. Après, il y a en effet au niveau européen. Et l’Europe est le niveau le plus pertinent sur tous ces sujets. On a besoin de ce choc d’investissement aussi privé. Public, je l’évoquais avec le budget. Le cœur de la bataille, c’est d’avoir cette union des marchés de capitaux et d’avoir des fonds qui se structurent au niveau européen avec la transformation qu’on est en train de faire. Et là, c’est un de mes objectifs pour le Conseil des ministres franco-allemand de la fin du mois, c’est d’avoir une vraie stratégie franco-allemande qui enfin bouscule les choses sur l’union des marchés de capitaux et qu’on propose ensemble d’approfondir ce marché. Cette union de l’épargne et de l’investissement, c’est la clé. C’est celle qui va permettre d’avoir des acteurs de taille pertinente en termes de financement de vos entreprises. Et donc, ça veut dire supervision unique des systèmes de faillites uniques, une convergence des systèmes fiscaux. Et c’est tout le travail que je veux qu’on accélère dans les prochains mois. C’est aussi au niveau européen que nous serons à même de préserver notre diversité linguistique et culturelle, ce qui est l’objet de mise en œuvre de l’Alliance européenne pour les technologies des langues, coordonnée par la France et que je soutiens là aussi pour permettre l’émergence des modèles de langues géants qui intègrent notre corpus culturel. Ça, c’est en termes d’investissement, c’est une bataille absolument essentielle. Et puis enfin, je le disais, le quatrième élément, c’est l’appropriation collective de l’IA, les usages, qui est au moins aussi essentiel. Pourquoi ? Parce qu’au fond, c’est notre capacité à diffuser l’IA dans le reste de l’économie. Et je le dis avec beaucoup d’ambition, sans fausse naïveté, mais en sachant d’où je parle. Et là, il faut qu’on soit lucide sur nous-mêmes. La France a plus désindustrialisé et moins réussi que d’autres pays, il y a 30 ans, parce qu’elle a mal emmanché le débat public et le débat des usages sur les robots. Rappelez-vous, il y a 30 ans, dans notre pays, on avait exactement le même débat sur le travail qu’on a aujourd’hui sur l’IA avec le robot. Il y a plein de gens qui nous disaient : "Ça va être l’horreur, "terrible, affreux, c’est déshumanisant. Ça va mettre tout le travail en l’air." Il y a eu un échec de la diffusion et des usages. Ce qui fait que le résultat, ce n’est pas tellement qu’on a préservé les emplois, c’est qu’on les a supprimés plus vite que les voisins. Parce que tous ceux qui ont robotisé leur économie, parce que ça a été bien intégré, que l’usage a été pensé, ont une robotisation au service d’un usage industriel, a permis d’enlever des tâches pénibles, mais a maintenu dans nos pays, à coût du travail élevé de l’emploi industriel. Là où nous, nos entreprises ont été beaucoup plus vite sur des délocalisations vers les pays à bas coût. Ça a été une mauvaise stratégie et c’est une mauvaise stratégie qui s’est faite par des erreurs de choix de politique industrielle, mais au fond aussi un débat collectif qui s’est mal engagé, une forme de défiance de la société à l’égard de l’innovation. Il est absolument clé qu’aujourd’hui on ne laisse pas s’engager de cette même manière le débat. Et pour moi, c’est très important parce que ça veut dire que vous qui êtes par définition l’avant-garde, la pointe avancée, j’ai aussi besoin de vous pour que vous nous aidiez à ce que, en quelque sorte, tous les bons débats se fassent au sein de la société de la manière la plus inclusive, la plus partagée, pour pas que ce soient des fake news ou des complotistes qui emportent le débat ou le structurent, mais aussi pour qu’on resynchroniser les choses lorsque c’est nécessaire. Et on a besoin de l’innovation de rupture de pointe pour continuer d’être les meilleurs, d’avoir des champions. Mais si on veut bien diffuser l’IA et en tirer tous les bénéfices, eh bien, il faut un bon usage partagé et donc, il faut en quelque sorte un modèle d’IA ouvert, équitable, transparent, ce qui est proposé par la Commission dans ses recommandations et ce que je souhaite qu’on mette en place. Pour ce faire, on va d’abord défendre un principe d’accès équitable et massif à l’IA sur tout notre territoire. C’est pourquoi je vais confier au Conseil national du numérique, cher Gilles, une mission d’acculturation des citoyens à l’IA. Vous y avez beaucoup travaillé. On en a parlé au moment de la restitution des travaux de la Commission IA. Au travers de l’organisation de cafés IA, de débats démocratiques, de partages de ressources pédagogiques partout sur le territoire, je souhaite vraiment une forme de grand débat généralisé qui se mette en place et que vous aurez à structurer. Et j’appelle tous les réseaux déconcentrés à mettre en place des actions de sensibilisation locales de valorisation des solutions IA. Et nous donnerons à ces réseaux les moyens de le faire avec un investissement spécifique en la matière. Et là-dessus, je le dis aussi très clairement, tous les élus qui sont là ont un rôle très particulier à jouer, parlementaires, élus locaux, en la matière, parce que ça doit se faire au contact des territoires et de tous ces écosystèmes. Ensuite, l’appropriation collective de l’IA passe par l’école et je souhaite que nous puissions proposer des formations dès la sixième, des tests d’évaluation des compétences numériques qui soient agrémentées d’une brique IA. La plateforme Pix pourra être un de ces outils et en cohérence avec les recommandations de la commission d’experts sur l’impact des écrans sur les enfants, qui vient en parallèle de votre Commission, il s’agit de donner aux élèves les conditions d’une appropriation éclairée de l’IA. Mais on a là aussi à accompagner nos enseignants, les élèves et les familles dans un bon usage des écrans, mais également une capacité à former à l’IA. Ils doivent prendre conscience des enjeux d’éthique, de rapport à la vérité, du caractère potentiellement enfermant de certains algorithmes pour qu’ils soient libres de se servir de cette technologie en ayant conscience de ses limites. L’école doit être le lieu de l’autonomisation. C’est aussi le choix d’un modèle. Je reviendrai sur la régulation, mais sauf à tout fermer ou à avoir des systèmes de contrôle étatique complet, ce qui est le choix de certains autres, nos démocraties ne pourront pas tout contrôler en totalité et donc la bataille de l’éducation et de l’information est absolument clé si on veut une IA éthique, transparente, ouverte, loyale, parce qu’en fait chaque citoyen doit être bien formé pour pouvoir être un acteur et pas simplement un consommateur et pouvoir aider à réguler. Après l’école, ce sera le lieu de travail. La massification de la diffusion de l’IA dans les entreprises est cruciale. On est aujourd’hui un peu en retard quand on regarde les chiffres de diffusion qui sont disponibles. Et ça aussi, ça va être un des objectifs de pouvoir avoir une vision complète, publique. Mais quand on regarde les chiffres, on est plutôt à 4 % là où d’autres sont à 10 ou 12 déjà. Et donc, l’augmentation de la diffusion de l’IA dans les entreprises est cruciale dans tous les domaines. Et donc là, Madame la Ministre, je souhaite que nous mettions à disposition des entreprises françaises un référentiel des cas d’usage testés et approuvés pour qu’elles aient une vision claire des solutions disponibles, notamment françaises, d’ici la fin de l’année. Et parce que je connais les inquiétudes légitimes sur l’impact de l’IA sur l’emploi et les conditions de travail. Parce qu’aussi nous ne devons pas les craindre. Je souhaite que ce sujet puisse faire partie du dialogue social, beaucoup d’entreprises l’ont entamé, et que nous puissions accompagner ce travail au niveau des entreprises, des branches et de la nation. Nous allons aussi accompagner les entreprises pionnières pour des usages clés de l’IA en droit, comptabilité, génération de documentation, produit, etc. L’objectif est aussi qu’elle diffuse ces retours d’expérience, incite les entreprises similaires à imiter et qu’il puisse y avoir aussi des retours éclairés. L’objectif est que ce soit un sujet de dialogue social, que ce soit un sujet éclairé par la science, par des études objectives ad hoc qui permettra ainsi l’acculturation dans les entreprises, les branches et en interprofessionnel, mais qui aide à accompagner ce changement professionnel qui ne doit pas être du tout naïf, mais qui doit être lucide, éclairé et pas défiant. Il s’accompagnera évidemment aussi d’un travail de préfiguration des besoins de requalification qui seront les nôtres et ceux de la nation. Et alors même que nous sommes, avec France Travail, en train, et avec plusieurs d’entre vous, de travailler à requalifier plusieurs de nos compatriotes qui sont loin de l’emploi depuis plusieurs années, eh bien, nous avons un travail d’anticipation à faire pour préparer la requalification des secteurs qui seront le plus impacté dans leur quotidien par l’IA. Et je crois que les changements seront d’autant plus acceptables qu’ils seront préparés, que les personnes seront accompagnées, que des perspectives nouvelles, soit dans les mêmes secteurs ou dans d’autres seront apportées. L’usage aussi doit se faire au sein de l’État et l’appropriation de l’IA par l’État est un élément clé de notre efficacité publique, du bien être aussi de nos fonctionnaires et d’une appropriation par tous nos concitoyens. Je dirais que la question de la confiance est là aussi encore plus essentielle. Il n’y a pas d’appropriation collective de l’IA sans un État exemplaire en la matière. C’est une affaire d’innovation, d’efficacité de la puissance publique, une affaire d’éthique, de bien être des fonctionnaires, également. Alors l’État doit utiliser l’IA pour faciliter la vie des Français. Plusieurs choses ont commencé. Il a été évoqué le modèle Albert. Je rassure les uns et les autres, l’idée n’est pas que l’État crée son propre modèle. Ce sont des briques en open source qui ont été ici prises, mais que l’État puisse avancer main dans la main. Et concrètement, je souhaite qu’au moins quatre fonctions essentielles de l’État puissent s’équiper progressivement avec tout l’écosystème, de manière transparente, de l’IA générative. Et on va investir, pour cela, l’hôpital, la magistrature, l’éducation nationale et la défense, sur laquelle un plan dédié a déjà été présenté. Il y a des solutions spécialisées développées par les entreprises françaises qui pourraient être adoptées rapidement et c’est l’objectif de cette stratégie. Dans la santé, nous avons beaucoup progressé avec, entre autres, le Health Data Hub, les entrepôts de données. Mais ces données peuvent et doivent maintenant être partagées beaucoup plus largement en acceptant une mutualisation sans réserve entre Inserm, programmes de cohorte, hôpitaux et chercheurs. Je me permets de faire ce petit rappel parce que c’est une stratégie à laquelle je crois. Je pense qu’on a bâti un modèle robuste en France, protecteur des données individuelles et de la protection de chacun. Et elle est très légitime et j’y tiens beaucoup, et c’est vraiment le modèle français. On a un modèle en même temps qui est une force parce qu’il est assez centralisé, mais on a encore dans le domaine de la santé, permettez-moi de dire cela, trop de querelles de chapelles. Et elles créent de la fragmentation dans le partage des données et du coup, de l’inefficacité collective. C’est un gâchis collectif d’opportunité, c’est un gâchis d’opportunité pour nous et pour les entreprises et les chercheurs du secteur. Donc, je demande, là, qu’on ouvre entre eux. La loi de simplification prévue à l’été contient des premières avancées en renforçant le mandat de la CNIL. Mais nous devons dépasser ces querelles de chapelles et avoir une politique d’ouverture entre les acteurs légitimes, beaucoup plus opérante. Et ça, nous y veillerons avec les ministres. Dans la justice, c’est l’équipement de l’ensemble de la magistrature d’outils d’IA générative qui pourrait permettre de répondre aux besoins d’investissements, grâce, en particulier, à des analyses prédictives élaborées, à l’extraction d’informations clés, à l’aide à la rédaction de jugements et là aussi, à des tâches qui sont définies au service des magistrats, des greffiers, du personnel, comme d’ailleurs plusieurs autres pays européens, ont commencé à le faire en avance de phase, je pense à l’Estonie, et donc qui permet de dégager du temps utile pour du jugement ou les tâches qui sont les plus importantes pour nos magistrats, nos greffiers. Et je veux ici aussi dire, en étant clair, transparent, sur la place que prendra l’IA pour éviter tout débat qui inquiéterait nos compatriotes. Enfin, des cas d’usage générique commun à plusieurs administrations. Compte rendu de réunion, génération de notes, de mails, etc., doivent être déployés sous le pilotage de la direction du numérique de l’État. Au fond, monsieur le ministre, chaque administration doit expérimenter l’IA et c’est bien notre volonté. Et l’IA dans l’État, c’est aussi l’opportunité d’accélérer et de faire bénéficier nos start-ups françaises de la commande publique. Ce sujet, on le sait, progresse encore trop lentement et je souhaite que chaque administration double la part de ses achats publics consacrés aux start-ups de la tech française d’ici 2027. Les budgets sont prévus. C’est un objectif ambitieux, mais atteignable. Je rappelle que le Code des marchés publics intègre des critères d’innovation, des critères qui permettent totalement, dans le cahier des charges, de faire en sorte que des solutions européennes et françaises soient les plus légitimes pour être retenues. Et là aussi, ne soyons pas plus naïfs. Bon courage pour l’un d’entre vous d’être adopté par l’état américain ou l’état chinois. Et donc, ce n’est pas du protectionnisme, c’est juste de dire : "On fait la même chose "que nos grands compétiteurs internationaux. "On donne des programmes, des projets, de la perspective à nos start-ups "avec une vraie logique d’achats publics." Je propose d’ailleurs d’étendre cette démarche d’achat vers les start-ups françaises d’ici 2027, vers le secteur privé. Et c’est tout le programme "Je choisis la French Tech" pour atteindre plus d’un milliard d’euros d’achats entre 2024 et 2027 et donc que nos grandes entreprises françaises et européennes puissent avoir cette logique. Je veux ici remercier les grands groupes qui sont déjà engagés dans cette dynamique Orange, SNCF, FDJ, ADP, EDF, CMA CGM et plusieurs autres qui ont déjà adopté cette logique de "Je choisis la French Tech" et qui doit nous permettre de donner, en quelque sorte, du potentiel commercial aux start-ups et aux ETI de notre écosystème. Et puis tout ça va, et je finirai là-dessus, la gouvernance, c’était le dernier point auquel je m’étais engagé. En la matière, je vais vous le dire très simplement pour aller droit au but. La seule bonne gouvernance pour moi est mondiale. Nous avons commencé à avoir un AI Act. J’ai eu des mots très positifs dans mon discours sur les AI. J’ai un peu du mal à les dire tels qu’ils sont écrits là, parce qu’avec les moyens maintenant en usage, il serait trop facile de retrouver le fait que, quand c’était en débat au Parlement européen, j’ai plutôt dit que ce n’était pas le bon moment pour le faire. Donc, je ne vais pas devenir un avocat zélé. Je pense que c’est beaucoup mieux. Thierry est là, il a beaucoup aidé à redresser ce texte et je l’en remercie, avec le gouvernement français, il y a un travail qui a évité, si je puis dire, le pire. Je pense qu’on a un socle qui est là. Maintenant, il est là, donc comme il est là, il est bon. Vous voyez comme je suis pragmatique. Je suis comme vous. Mais en tout cas, il donne des systèmes de garantie. C’est une bonne chose. Il a envoyé un système qui à l’époque était compliqué, c’est qu’on était pas les premiers en termes d’innovation et de création de géants, mais très largement les premiers en termes de régulation. Et moi, j’ai toujours une crainte en la matière, c’est qu’en fait, on se presse à réguler des espèces qu’on n’a plus. Ce qui marche moins bien aussi. Et donc, je n’ai pas envie de devenir l’espace de consommateurs le mieux régulé pour avoir des producteurs de l’autre côté de l’océan ou de l’autre côté de l’Oural. Là, je pense qu’on a un socle, il est solide, il a été amélioré dans ces négociations grâce, je crois vraiment pouvoir le dire, à plusieurs de nos parlementaires européens, au gouvernement français et au commissaire. C’est aujourd’hui le texte qui constitue un socle de garantie des droits des citoyens, en particulier contre la désinformation, contre les biais induits. Donc, c’est une bonne chose. Maintenant, la clé, c’est comment on arrive à avoir une vraie régulation. En la matière, je pense qu’il faut éviter absolument la fragmentation de la conversation internationale. Et le danger, c’est qu’au fond on ait une régulation européenne qui aille beaucoup plus loin toute seule et qu’on ait une Europe qui régule beaucoup en étant en retard sur l’innovation, des États-Unis, qui vont être très agressifs en termes d’attractivité et d’innovation et très peu régulatoire et, au fond, qui régulent les acteurs en place. C’est ce qui s’est passé sur les plateformes. C’est toujours valable. Et ensuite un modèle qui régule par des choix de gouvernements non démocratiques, si je puis dire, un modèle à la chinoise où on le voit apparaître un peu à la golfique. Ce sont des modèles d’IA très statocentrés, avec des objectifs, des préférences collectives qui ne sont pas les nôtres. Et donc je pense que c’est une très bonne chose d’essayer d’avoir une conversation internationale et d’aller vers une régulation mondiale. Pourquoi ? Parce que je pense que nous, on a des préférences collectives qu’on veut continuer à voir développer et qui sont d’ailleurs portées dans le cadre de la Commission. Je pense qu’on croit à l’innovation, à l’IA, mais on veut pouvoir développer un modèle d’affaires équitable pour toutes les parties prenantes. On veut pouvoir continuer à défendre la propriété intellectuelle, les artistes, les créateurs, les ayants droit. Et on ne veut pas vivre dans un monde où on ne saura pas qui a créé quoi. Et en quelque sorte où… Je voyais que la polémique qui se faisait jour à Cannes, mais où les voix des actrices seront quasiment des voix d’IA et où les scripts des prochains scénarios seront des productions d’IA et en quelque sorte, où tout ce qui était la quintessence d’une sensibilité, d’un goût sera substitué par de l’IA. Je crois que la créativité est importante. En tout cas, c’est le modèle qu’on défendra et je pense que c’est important que les créateurs, les artistes puissent être défendus dans leur propriété intellectuelle. C’est dans la conversation mondiale qu’il faut le défendre. Et je crois que tous les interdits aussi qu’on veut, par exemple la militarisation de l’IA, les limites qu’on veut porter, ça doit faire l’objet d’un dialogue international. Parce que si on ne les applique qu’à une géographie, ce sera inopérant. C’est pourquoi d’abord, nous allons continuer de mettre en œuvre de manière intelligente l’AI Act parce qu’ils posent les bases de ce qui nous permet de faire ça. Et c’est dans ce cadre que nous avons lancé deux missions au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, qui visent à faire émerger un modèle d’affaires équitable pour toutes les parties prenantes et les ayants droit. Et je vous invite d’ailleurs à vous saisir du sujet et à contribuer. Et nous allons aussi créer un lieu profondément nouveau, l’usine IA, qui accueillera un nouveau centre d’évaluation en IA et aura vocation à devenir l’un des plus grands centres d’évaluation des modèles d’IA. Et ça, c’est en application de l’AI Act. Ce centre accueillera une antenne de l’AI Office de la Commission européenne et plus particulièrement pour fournir une expertise technique en lien avec les surveillances des modèles. Il se connectera évidemment aux grands réseaux mondiaux d’évaluation des modèles, les AI Safety Instituts britanniques et américains. Et donc, l’idée, c’est qu’on applique l’AI Act, qu’on le fasse intelligemment avec ce que je viens de dire là, qu’on défende notre modèle, qu’on ait une discussion aussi de ces acteurs avec leurs partenaires et qu’on nourrisse ainsi la conversation internationale et l’objectif qui est le nôtre. Et l’objectif, c’est notre sommet de février 2025, l’AI Action Summit en février 2025, que la France va accueillir les 10 et 11 février 2025 avec les acteurs du monde entier : entreprises, chercheurs, étudiants, innovateurs, institutionnels, états, organisations internationales, société civile dans toutes ses composantes. Je remercie beaucoup Anne Bouverot qui a accepté d’être en envoyé spécial pour ce sommet qui, avec les équipes du quai, notre ambassadeur numérique, nos différents acteurs, avec toute la plateforme qui a été créée aussi du forum en lien avec le Forum de Paris sur la paix, tous les laboratoires et les académies qui ont beaucoup contribué, va préparer ces travaux et je leur ai demandé de travailler sur la manière dont l’IA peut servir le bien commun, notamment à travers des infrastructures ouvertes, sur son impact sur le marché du travail, sur le modèle économique que nous voulons promouvoir, concurrence, propriété intellectuelle, sur les enjeux de sécurité et sur la gouvernance mondiale à mettre en place. Et comme je le disais, je la crois la plus globale possible. On a le Partenariat mondial pour l’intelligence artificielle qui a été décidée en G7, mais qui est logée à l’OCDE, ce qui est une bonne plateforme pour bâtir des solutions internationales. Et l’objectif, ensuite, c’est que cette architecture mondiale, elle puisse, eh bien, reposer sur trois piliers, les trois S, qu’on a défendus tout à l’heure au sommet avec les Coréens. La science, c’est-à-dire que tout ce qu’on va définir là, sur les usages, les opportunités qu’apporte l’IA, toute la conversation mondiale, on dit : "On se donne une règle commune." C’est la science qui est la base de la discussion, la science ouverte, académique, reconnue entre pairs. Deux, c’est des solutions communes et ouvertes, c’est-à-dire que ce sont des solutions qu’on doit apporter pour pouvoir réguler, corriger. Et donc, ces solutions, elles doivent être ouvertes et partagées. Et trois, ce sont des standards. Et donc, l’idée, c’est qu’on puisse émerger sur des standards internationaux reconnus par tous dans ces enceintes et qu’on évite d’avoir justement une approche multistandards dans laquelle on va se perdre et on va jouer sur, en quelque sorte, un "dumping" régulatoire. On sait très bien comment ça va se passer, si le dossier est pris de la sorte. Et donc ce sommet réunira les meilleurs du monde dans l’IA, structurera la discussion de cette manière. Et je souhaite dès aujourd’hui leur lancer un grand défi comme les Américains ont su le faire avec la DARPA, des challenges ou des programmes qui permettent d’attirer les meilleurs. Je souhaite qu’à l’occasion de ce sommet pour l’action sur l’IA, on ait, en quelque sorte, un très grand sommet de l’attractivité des talents dans tous les domaines, des projets entrepreneuriaux et un Choose France de l’IA à cette occasion, et qu’on ait des lauréats qui soient communiqués et invités lors de ce sommet, et, donc, que les meilleurs chercheurs en IA, toutes les start-ups, grands groupes qui veulent concourir pour apporter les meilleures solutions, et il y aura toute un cahier des charges qui sera donné, détection des fake news, contenus synthétiques, santé, écologie, etc., puissent faire partie de ce concours dont les lauréats seront dévoilés à cette occasion et qui donnera lieu aussi à des investissements exceptionnels du côté public pour accompagner et accélérer les choses. Voilà, je ne veux pas être plus long, mais c’était, au fond, les axes sur lesquels je voulais dessiner, en quelque sorte, un peu des objectifs de la France et de l’Europe pour aujourd’hui et pour demain. Des talents, des infrastructures, de l’investissement, des usages et une gouvernance. Et je crois qu’autour de ça, si on apporte les réponses adaptées, nous avons les capacités à être véritablement au-delà de ce qu’on est aujourd’hui, l’un des grands pays champions de l’IA d’aujourd’hui et de demain et d’une IA au service de l’humanité, d’une IA ouvert qui correspond à nos valeurs et nos préférences et d’être, ce faisant, en capacité collectivement de le faire accepter à notre pays parce que ce sera au service de nos objectifs et de structurer la régulation pour la planète, car ce sera au service de l’humanité. Voilà, Mesdames et Messieurs, en tout cas, merci d’être là aujourd’hui et merci de ce que vous faites chaque jour dans vos entreprises, vos laboratoires, vos universités, vos organisations. Parce que vous le faites pas simplement au service d’un objectif qui est le vôtre, mais d’une bataille collective qui est sans doute l’une des plus grandes transformations de l’époque contemporaine, et donc l’un des moments les plus intimidants et vertigineux, mais les plus excitants pour nos générations. J’y crois comme vous, j’ai envie qu’on réussisse comme vous et que la France soit un très grand pays de l’IA et que l’Europe soit un très grand continent de l’IA. Merci à tous. Vive la République et vive la France !

    29 Comments

    1. seuls les non intelligents illogiques ont peur de l'intelligence dite artificielle!
      une chance française et européenne si on sait la saisir, y mettre les moyens.
      les mêmes craintes que les robots vis à vis de l'emploi pour avoir du qualifié.
      I.A. et robots remplacent les tâches pénibles, répétitives, dangereuses, etc…

    2. Si l"IA respecte la loi du RGPD et élimine toutes discriminations et la pauvreté, intègre solidarité, alors, oui pour Tous

    3. Très bonne initiative et des panelistes interessants. Mais la traduction laisse vraiment à désirer et rend plus incompréhensible les différents débats. J'aurai presque souhaité qu'il n'y en ait pas.

    4. Comme le cas de Moi Même Fouadi Madi Mze À La Résidence William Booth Armée du salut 190 rue Félix pyat dans le Troisième Arrondissement de Marseille 💫 j' ai besoin rapidement trouver un travail ❤🎉❤

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