Quelle défense pour la France ? Avec Thomas Gassilloud | Entretiens géopo

Retrait de l’armée française du Sahel, soutien à l’Ukraine, déclarations présidentielles sur l’économie de guerre, loi de programmation militaire, défense européenne, couple franco-allemand… Plusieurs dossiers liés à la politique de défense française sont au cœur des débats. À l’heure où la guerre est aux portes de l’Europe, où le Proche-Orient s’embrase à nouveau, et où l’on doit faire face à de nouvelles menaces et défis, à l’image du cyber, de l’IA, plus largement des guerres hybrides ou encore du dérèglement climatique, comment caractériser la résilience de la Défense française ? Quelle est en ce sens le rôle de la commission de Défense de l’Assemblée nationale ? Comment accompagne-t-elle la prise de décisions ? Quel discours vis-à-vis de l’opinion publique pour l’acceptabilité de l’augmentation du budget de défense ? Quelles leçons tirer des retraits successifs au Sahel pour les relations franco-africaines ? Quelle position adopter sur l’autonomie stratégique européenne et le partage de la dissuasion nucléaire française ?

Autant d’enjeux qu’aborde Thomas Gassilloud, député et Président de la commission de la Défense nationale et des Forces armées de l’Assemblée nationale, dans ce podcast.

Pour aller plus loin :
📽️ « La France est-elle prête pour la guerre ? Avec Jean-Dominique Merchet | Entretiens géopo » par Pascal Boniface : https://youtu.be/EdWbQDoI3sA
📽️ « J’ai lu… « Diplomatie française » par Michel Duclos » par Pascal Boniface : https://youtu.be/ynYPtoTJj58
➡️ Consulter les analyses du Programme Industrie de défense et de sécurité de l’IRIS : https://www.iris-france.org/programmes/industrie-de-defense-et-de-securite/
➡️ Retrouvez les analyses de l’IRIS sur la guerre russo-ukrainienne : https://www.iris-france.org/russie-ukraine/

00:00 : Quel est le rôle du Parlement et de la commission de la Défense et des Forces armées ?
1:41 : Comment la commission accompagne et influe les décisions sur la guerre en Ukraine ?
2:53 : Comment se traduit « l’économie de guerre » ?
4:20 : Quelle place pour le débat entre le local et l’international en tant que député ?
7:54 : La présence de la France en Afrique est-elle remise en cause ?
11:26 : Faut-il assumer nos intérêts ?
12:42 : Faut-il changer notre modèle d’armée ?
14:21 : Comment faire face aux guerres hybrides ?
15:23 : Comment l’IA peut-elle avoir un impact sur la défense de la France ?
17:10 : Sommes nous en retard sur l’IA ?
18:03 : L’Europe de la défense, un chantier en progrès ?
19:28 : Quelle peut être l’influence des élections américaines dans l’architecture européenne de sécurité ?
20:51 : Le couple franco-allemand en crise ?
23:00 : La France parle-t-elle de dissuasion nucléaire avec l’Allemagne et ses alliés ?
24:26 : Développer la transparence de la société ?

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bonjour mon invité aujourd’hui ou plutôt je suis son invité puisque nous sommes à la Commission de des la défense Thomas gassilou vous êtes président de cette commission peut-être pour commencer dites-nous un peu quel est le rôle du Parlement et de la Commission de la Défense nationale sur ces affaire là quelle est y a-t-il vraiment un impact parlementaire par rapport à un domaine dont on dit qu’il est du domaine régalien et voir du domaine réservé comme on disait du temps du général de Gaulle alors bonjour et bienvenue au sein de de cette commission qui est l’une des huit commission permanente de l’Assemblée nationale donc comme son l’indique sur les question de défense nationale et qui suit également les les forces armées alors le Parlement il faut retenir finalement que quel que soit le domaine il a deux grands rôles le rôle législatif voter la loi faire des propositions de de loi et le rôle de contrôle de l’action du du gouvernement et donc la commission de la défense est spécialement sais sur ces sujets à la fois voter les lois qui concernent euh les armées la loi de programmation militaire les lois budgétaires mais également par exemple l’adhésion récemment de la Finlande et la Suède le suivi du du statut militaire et puis un rôle très important de contrôle ça c’est les mission vraiment constitutionnelle au-delà de de ces missions on a un rôle important également pour être une interface politique euh avec l’écosystème militaire qui comme vous savez a des restrictions extrêmement fortes en terme de liberté syndicale de de droits sociaux donc il a important qu’on ait ce contrôle permanent avec les les forces armées et puis on a enfin un rôle important en matière d’influence dans le cadre des relations parlementaires internationales au travers des liens qu’on peut avoir avec d’autres parlementaires partout dans le monde donc plusieurs missions le grand problème aujourd’hui c’est effectivement la guerre en Ukraine et donc il y a des décisions qui sont prises par la France comment la commission influe ou accompagne ces décisions alors la Constitution est assez claire le président de la République est le chef des armées le Premier ministre est responsable de la Défense nationale ministre des Armées met en œuvre également cette cette politique le Parlement pour sa part contrôle débat de ces grands sujet concernant la guerre en Ukraine par exemple un débat a eu lieu dans le cadre de ce qu’on appelle l’article 50-1 qui a permis à l’ensemble des groupes politique de de s’exprimer moi-même j’ai organisé ici un cycle à la Commission de la Défense dédié à la guerre en Ukraine dans quelques heures même quelques dizaines de minutes on y auditionnera Sébastien le Cornu euh ici dans cette commission et nous que l’ensemble des groupes politiques lu poseront également des questions à ce sujet-là et puis en tant que parlementaire nous avons des relations permanentes avec moi mon homologue ukrainien nous sommes allés il y a quelques semaines avec la présidente de l’Assemblée nationale nous avons rencontré le Président zeninski le premier ministre des responsables militaire et nous participons d’une certaine manière au liens binationaux entre la France et l’Ukraine le Pr R qui a dit que nous étions en économie de guerre comment cela se traduit outre le vote d’un budget d’une nouelle pration ambitieuse qui la première fois a été finalement respectée et j’en mémoire celui qui a été à moment donné président du conseilist Arthur pechte député du Var qui se plaignait toujours que les lois nétaient jamais respecté là cette fois-ci donc il y a un changement alors effectivement on connaît tous l’histoire des dividendes de la paix cette promesse des années 90 qui nous laissait penser qu’avec la mondialisation avec le développement démocratique avec les interdépendances lié aux échanges internationaux on allait connaître une période propice de paix malheureusement on voit que ce n’est pas le cas et le réveil stratégique qui est en cours doit s’accompagner d’un réveil industriel être en mesure de produire davantage d’armement de manière plus rapide à des prix plus réduits et c’est ça l’économie de guerre d’une certaine manière C en mesure industriellement de répondre à nos besoins de défense mais également aux besoins de nos partenaires dans le cadre de ce qu’on appelle les stratégies indirect qui avait déjà été théorisé il y a bien longtemps par le général Beaufre notamment et donc l’économie de guerre c’est un réveil industriel pour permettre d’avoir ses capacités industrielles et la meilleure chose qu’on peut faire côté état pour l’économie de guerre c’est déjà de respecter la loi de programmation militaire ce qu’on fait depuis 2017 à l’URE au près alors que bien souvent ces loi de programmation militaire étaaiit des belles intentions qui année après année n’étaient plus suivies alors vous êtes président donc député on a promis 3 milliards d’aide à l’Ukraine il y a un budget la défense sans l’ugmentation quand vous êtes dans votre circonscription est-ce que vous avez pas des retours d’électeurs qui disent ah est-ce qu’on dépense pas un peu trop pour la défense nos écoles nos hôpitaux et cetera est-ce que ce débat là entre le local et l’international existe dans votre CIR par rapport à ceux qui vous ont élu alors effectivement dans mon cas il existe particulièrement puisque traditionnellement la commission de la défense est peuplé des députés de Brest de Toulon de Toulouse qui ont deses militaires ou des arcenaux importants ce qui n’est pas mon cas je n’ai pas une se prise militaire à part celle de la gendarméie nationale sur mon sur mon territoire et donc effectivement je dois gérer un grand écart chaque semaine un choc thermique entre les mon mes occupations au niveau national qui sont principalement concentrés sur les questions de défense et puis quand je reviens le jeudi ou le vendredi ben on pose la question de l’hôpital local de la route et on me dit tu passes pas assez de temps sur sur nos sujets et donc ça c’est ça été le cas un peu alors oui et notamment quand on est sur les questions de de défense qui sont moins palpables va dire pour une population qui a le sentiment de vivre dans un monde en paix à qui on a vendu pendant longtemps que la dissuasion nucléaire était une une protection ultime et donc oui ça me permet de mesurer davantage la nécessité j’allais dire de développer de dans notre pays une culture de défense et d’expliquer pourquoi encore aujourd’hui en 2024 on a besoin d’une défense nationale on a besoin d’une armée et on a surtout besoin que la défense soit l’affaire de tous que chaque citoyen d’une certaine manière se sent personnellement euh responsable de la Défense nationale qui a d’une défense personne n’en doute mais est-ce que les gens vous disent mais tout cet argent qu’on envoie il faut pas euh faire un peu est-ce que voilà il y a la tentation des fois comment vous réagissez par rapport à ceux qui vous disent bah nos écoles il y a pas assez de profs il y a pas assez d’hôpitaux et cetera alors bien entendu et je suis le premier à dire que en l’espace de deux lois de programmation militaire on aura doublé notre budget de de défense donc je dis que c’est un effort important Mme c’est c’est un précédent et mais je dis que ça reste quand même un effort qui reste mesuré à l’échelle de ce qu’on a pu investir dans l’histoire ne serait-ce que sans aller chercher la période de la guerre froide à la fin des années 90 on était plus proche de 3 % que de que de 2 % et j’appelle mes concitoyens non seulement à comparer ce qu’on investit par rapport aux autres grandes politiques publiques par exemple la défense 2 % du PIB c’est 15 fois moins que la protection sociale en France les 3 milliards d’euros en Ukraine c’est 15 fois moins que les 50 milliards d’euros du bouclier énergétique sur une même période donnée donc certes c’est un effort important mais c’est c’est un effort qui reste mesuré à la fois dans une perspective historique et en comparaison des grandes autres politiques publiques et enfin il ne faut pas opposer les choses puisqu’il n’y a pas de santé il n’y a pas de culture n’y a pas d’éducation si nous sommes pas en mesure de maîtriser notre destin et d’assurer notre sécurité et les gens vous font confiance ils accèent parce qu’ils vous font confiance et vous êtes leur députés j’ai la chance moi d’être un enfant du pays j’ai été élu local j’ai été maire j’été chef d’entreprise président du du club d’entreprise et donc j’ai la chance d’avoir ce ce lien de confiance j’organise également beaucoup de réunions publiques de de grands débats chaque mois j’organise au moins une réunion publique et souvent je suis sollicité sur sur cette question et effectivement la confiance reste importante pu puisque chaque citoyen peut pas être un spécialiste de tous les sujets et donc la confiance dans ce représentant c’est un point très important dans le bon fonctionnement des des démocraties alors vous venez de publier un très gros rapport volumineux avec des contritions de toutes les formations politiques sur sur la relation entre la France et l’Afrique il une série de coûts d’État est-ce que N la présence de la France en Afrique est remise en cause est-ce que il y a une nouvelle situation pour nous et comment expliquer ce que le chef de l’État a qualifié ça a été critiqué d’épidémie de coups d’État c’est pas une maladie sont des phénomènes politiques alors effectivement travail qui a été fait sur plusieurs bois ass sur l’ensemble des des groupes politiques de l’Assemblée nationale et en associant également d’autres commissions de l’Assemblée nationale bien sûr la commission des affaires étrangères la commission des finances sur les sujets d’endettement de France CFA la commission du développement durable sur les impacts du dérèglement climatique par exemple sur les crise en en Afrique et donc ce ce travail euh vraiment on a cherché à associer le plus de monde pour mobiliser également l’ensemble des composants de l’Assemblée nationale à une époque où tous les regards se tournent euh en Ukraine il est important de comprendre les les dynamiques les dynamiques mondial alors l’Afrique effectivement et notamment le Sahel pour nous Français c’est une déception après avoir autant investi euh après avoir perdu des dizaines de soldats sur place qui sont allés servir la paix et servir les les intérêts français c’est une déception de voir certains pays ne pas assumer d’une certaine manière leur responsabilité ne pas se saisir de l’opportunité sécuritaire qui était offert par la France et et les pays européens et finalement ce que j’en retiens c’est que euh quand on aide quelqu’un il faut que celui qu’on aide soit dans le la même fil philosophie que celui qui qui aide que finalement il n’y a jamais de solution militaire si derrière ça ne débouche pas sur des solutions politiques pour essayer de de rassembler les uns et les autres donc face à ça je pense qu’il faut qu’on se concentre euh sur notre offre stratégique qu’est-ce que la France est en mesure d’apporter en terme de renseignement en terme de logistique en terme de soutien encore une fois les stratégies indirect et puis qu’on réserve les interventions en dernier recours de manière ponctuelle quand le pays qu’on a n’est pas en mesure de faire face tout seul à une situation sécuritaire mais qu’on est vite le plus possible les longues interventions qui finissent par devenir illisibles par les opinions publiques locales comme par notre propre opinion publique alors vous avez fait une longue introduction à ce rapport parlementaire de sous votre plume et vous dites parmi les les préconisations que vous faites qu’il le fit être économiquement plus allant et politiquement plus humble effectivement je trouve qu’on manque parfois de d’humilité euh notamment nous les occidentaux et peut-être particulièrement les les les Français et on donne parfois l’impression on a pu donner l’impression à nos partenaires qu’on allait résoudre le problème à leur place la France l’armée française arrivait et la situation allait être résolue je pense qu’il faut être très humble sur ce qu’on est en mesure de faire mais ce qu’on ne peut pas faire la résolution politique les équilibres politiques qui doivent être trouvés pays par pays on ne peut pas agir là-dessus nous on peut créer d’une certaine manière une bulle de sécurité pendant quelques mois quelques années pour permettre ces solutions politiques par ailleurs je pense qu’il faut davantage qu’on assume nos propres intérêts notamment d’un point de vue économique en matière d’influence puisque les Africains aujourd’hui ne veulent ne croit plus d’une certaine manière au chevalier chevalier blanc pardon qui arrive de manière désintéressée il faut qu’on assume nos intérêts et qu’on construiseent avec eux des partenariats gagnants gagnants justement on parle beaucoup on à chaque fois en avant les valeurs on dit non on intervient c’est pour des valeurs et cetera est-ce que finalement ça serait pas plus simple dire on a aussi des intérêts et finalement le fait de nier qu’on puisse avoir des intérêts ne n’attise pas encore en plus les soupçons sur les intérêts qui seraient cachés au lieu d’être admis sur la table et c’est d’autant plus vrai pour l’ancien colonisateur on a besoin aujourd’hui de jouer carte sur table pour discuter avec nos partenair de ce qu’on est en mesure de faire pour atteindre des des objectifs communs et des intérêts on en a beaucoup ou en Afrique et donc faut l’admettre il faut l’admettre nous avons des intérêts sécuritaires nous avons besoin tous les pays ont les intérêts en fait il y a une sorte de tendance à dire non non nous on est que pour les valeurs ça nous dessert à force ça nous dessert si on ne met que ça en en avant on a aussi des intérêts et même je pense qu’il faut qu’on soit modéré en matière de valeur ne pas trop donner de de leçons on voit bien qu’aujourd’hui au niveau mondial il y a un doute qui s’installe sur le fait de savoir si le modèle démocratique est bien un modèle qui doit s’appliquer de de part tout à chaque population de cheminer selon le timing qu’elle souhaite vers un modèle qui permet d’assurer la cohésion social et d’atteindre des objectifs collectifs avec des solutions qui peuvent être différentes pays par pays alors on avait un modèle d’armée qui était une sorte d’armée d’intervention il y avait plus de menace territoriale et est-ce qu’il faut changer ce modèle d’armée et est-ce que vous êtes de ceux qui disent bon là la Russie elle s’éguise les dents sur l’Ukraine après ça sera le tour de l’Europe occidentale h alors j’ai deux questions peut-être dans l’une mais alors effectivement depuis la fin de la guerre froide on a transformé notre modèle d’armée pour avoir un modèle davantage expéditionnaire avec des armées professionnalisées en mesure d’intervenir rapidement partout en tout point de du globe parfois sur des opérations qu’on pourra appeler des opérations de police internationale moi-même j’ai été engagé notamment j’ai servi en en Côte d’Ivoire pour essayer de ramener la pai civile dans ce pays pour tenir une zone de confiance pour protéger des des des belligérants d’une certaine manière euh oui aujourd’hui il faut qu’on arrive à adresser deux sujets majeurs à la fois conserver ses capacités expéditionnaires pour être en mesure parfois d’intervenir en fonction de nos intérêts et aussi de nos responsabilités hein France membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU donc il y a une responsabilité pour protéger la la charte également France 2ème domaine maritime mondial avec des territoires de m sur l’ensemble des des continents mais au-delà de ces capacités expéditionnaires il faut à mon sens qu’on redéveloppe davantage de masse pour protéger non seulement notre sanctuaire national mais également nos alliés et notamment n nos alliés européens en complément et en bonne articulation avec notre dissuasion et la dissuasion de de l’OTAN également on parle de plus en plus de guerre hybride comment faire face à ce nouveau type d’agression éventuelle alors effec il faut avoir conscience que dans la compétition mondiale chacune de notres faiblesses sera exploitée par nos compétiteurs la guerre clus V le disait c’est l’affrontement des volontés on peut faire plier un adversaire bien entendu par des menaces cinétiques mais également en touchant là où ça fait mal soit par la désinformation soit par du Ciber soit par exemple en coupant des des câbl sous-marins et c’est pour ça que au-delà de la politique de puissance qu’on doit avoir pour imposer parfois notre volonté avec nos alliés on doit aussi avoir une politique de résilience pour être en mesure d’encaisser euh des couts avec des attaques qui sont pas toujours attribuées et c’est en étant en mesure à la fois euh d’avoir cette politique de puissance et cette capacité de résilience qu’à mon sens on atteindra le mieux possible nos objectifs de de défense nationale l’intelligence artificielle c’est quelque chose qui euh qui vous concerne qui vous fait peur euh come comment peut-elle transformer la guerre et comment peut-elle avoir un impact sur la défense de la France alors toute rupture technologique a été exploité à des fins guerrières en tout cas la plupart des ruptures technologiques soit parce qu’elles ont été utilisées à partir d’une innovation civile ou soit parce que c’est même l’usage militaire qui a déclenché la la rupture technologique l’intelligence artificielle c’est un Game changer à mon sens qui est extrêmement important dès 2018 j’avais fait un un rapport sur l’impact du numérique sur la manière de de conduire la guerre si on prend l’intelligence artificielle en particulier c’est la capacité à aller chercher une aiguille dans une botte de foin sur les capteurs dont on dispose qu’il soit électromagnétique qu’ soit image vous savez que ces capteurs sont de plus en plus précis l’intelligence artificielle va permettre beaucoup mieux qu’un cerveau humain d’aller orienter les regards vers tel ou tel endroit et puis peut-être demain l’intelligence artificielle même si nous devons faire attention sur ces sujets c’est la capacité de de d’avoir des actions de plus en plus autonomes de nos systèmes de de défense et ça ouvre de des nouvelles questions éthiques notamment sur les systèmes létaux autonomes et la France veille à ce que l’homme soit toujours dans dans la boucle pour que jamais une décision d’ouverture du feu soit soit prise par une machine pas par les machines qui entameraient un conflit de leur propre mais malheureusement si un jour un de nos compétiteurs stratégiques va dans ce sens-là on devra quand même être prêt et d’ailleurs pour être totalement honnête on a déjà des systèmes de défense notamment anti-aérien qui sont en mesure d’être programmés pour euh riposter ouvrir le feu face à une menace qui arrivera avec une très grande célérité alors justement en terme d’intelligence artificielle est-ce que la France l’Europe on n’est pas un peu en retard par rapport à nos compétiteurs ou certains de nos alliés et même par rapport à certaines grandes entreprises privées le il faut avoir en Têtre euh les 1000 milliards de dollars de chiffr d’affaires des des gafas c’est quelque chose annuel donc c’est quelque chose d’extrêmement important c’est plusieurs dizaines de milliards d’euros ou de dollars qui sont investis en matière d’intelligence artificielle et on voit bien que sur ce sujet on a besoin pour rester au meilleur niveau mondial de consolider nos efforts à l’échelle européen je reprendrai la phrase de TICAD he dans la vie on a que deux options c’est être libre ou ou se reposer et donc il ne faut absolument pas que qu’on se repose si on veut rester libre en matière d’intelligence artificielle l’Europe doit rester au au meilleur niveau sinon on sera imposer des des solutions et des situations qu’on qu’on veut pas il y a des élections pour l’Union européenne le Parlement européen le 9 juin est-ce que l’Europe de la défense c’est un thème de discours ça commence à devenir une réalité c’est un chantier en progrès comment vous voyez ça alors l’Europe de la défense vous savez ce que disait je crois jeanmet l’Europe n’avance que dans la nécessité et ne voit la nécessité que dans la crise et j’allais dire les Européens hormis peut-être un peu les les Français qui bénéficient d’une assurance réputée gratuite américaine se sont dit bon c’est pas un sujet qu’on va traiter tout de suite on a tellement d’autres sujets à traiter notamment la protection du consommateur les nouveaux droits et ceetera aujourd’hui l’Europe est face à ses responsabilités le la guerre est revenu sur le le territoire européen on a une Russie très agressive et des Américains qui quels que soient les les présidents entam un pivot vers vers l’Asie et donc les intuitions qui ont été proposées par Emmanuel Macron en 2017 sur l’autonomie stratégique européenne qui dans un premier temps on été accueilli avec une certaine circonscription de la part de de nos alliés qui veulent surtout pas trop s’éloigner de de l’OTAN ses intuitions étaient les bonnes et on doit aujourd’hui arriver à cheminer en européen pour renforcer ce ce pilier européen de de l’Alliance pour être en mesure de renforcer C cette alliance et être en mesure aussi de développer notre autonomie stratégique pour d’une certaine manière avoir une double garantie à la fois autanienne et européenne alors du coup on en vient aux élections américaines le 5 novembre scénario Trump est élu pour l’instant il est favoris beauou chos changer d’ici le 5 novembre si Trump arrive au pouvoir est-ce que ça remet en cause toute l’architecture européenne de sécurité et tout ce en quoi les Européens pensent et croient pour leur propre défense forcément ça aura des impacts considérables puisque les États-Unis ont une influence considérable 900 milliards de dollars de dépense en matière de défense sur 2500 milliards c’est plus d’un tiers du budget de défense au niveau mondial un poid diplomatique extrêmement important et donc les États-Unis qui prennent des bonnes ou des mauvaises décisions ça a un impact considérable et par ailleurs nous Européens aujourd’hui une bonne partie de la sécurité européenne est déléguée au aux Américains et donc l’élection de Trump apportera une forme de volatilité d’incertitude à cette garantie américaine et quel que soit j’allais dire même le candidat le pivot asiatique il a été entamé en réalité avant même Trump sous Obama les États-Unis c’est leur sujet le de maîtriser j’allais dire le le développement chinois et donc j’allais presque même dire quel que soit le résultat de l’élection américaine le sens de l’histoire c’est une Europe qui se prenne davantage en main d’une certaine manière c’est une prise de conscience des 450 millions d’Européens qui peuvent se défendre un jour seul face à uniquement 150 millions de Russes et qu’ils ont pas besoin de demander aux 300 millions d’Américains alors on en vient au couple franco-allemand puisque il y a une Europe forte si la France et l’Allemagne marchent au moins dans la même direction c’est du même pas est-ce qu’il y a une crise dans la relation franco-allemande on n’ose même plus parler de couple d’ailleurs les Allemands non gens parler on on voit que sur de nombreux sujets on n plus tout à fait en phase alors moi je dirais pas ça déjà pour ma part je ne parle pas de de couple puis qu’on n’est pas sur quelque chose de passionnel on est au contraire sur quelque chose de de très pragmatique je parle plus pour ma part de moteur franco-allemand puisque les grandes avancées européennes ont toujours nécessité un accord des de grande puissance c’est notamment en matière de défense la France et l’Allemagne c’est quasiment la moitié du budget de défense de de l’Union européenne pour autant ce couple effectivement enfin plutôt ce moteur des fois il a des petits souousbressau puisque nos histoires sont sont différentes l’Allemagne est un pays très décentralisé la France est plutôt très centralisée l’organisation institutionnelle allemande après ce qui étaé fait après- guerre pour organiser l’impuissance alors que la 5e République au contraire donne beaucoup de pouvoir au chefs de l’État alors que mes collèg allemands du Bundestag décident beaucoup de choses y compris pour engager la force et donc on doit faire avec ces histoires qui sont différentes et je pense que ces dernières années on a eu des avancées extrêmement concrètes notamment sur les questions de de défense avec notamment des grands programmes d’armement qu’on mène ensemble l’avion du futur le SCAF le char du futur le MG1 Boris pisterius était à quelques dizaines de mètres ici encore quelques semaines et à l’échelle de la Commission défense on essaie de contribuer le plus possible à ce moteur franco-allemand j’ai des relations pour ma part régulière avec mon homologue au Bundestag alors qui actuellement est en campagne européenne donc c’est un peu plus difficile au moins deux fois par an on a une réunion commune des des commissions et on a également des travaux thématiques récemment par exemple on a auditionné les deux chefs d’état-major de l’armée de terre pour que les armées nous confirment bien qu’elles avaient le même besoin opérationnel sur le char du futur et je pense que ça a contribué au fait que l’ensemble des écosystèmes se dit ça y est on peut y aller on a le le même besoin les Allemands n’ont pas la même relation avec le nucléaire pour des raisons bien connues est-ce que vous parlez avec eux de dissuasion est-ce que on peut évoquer une dissuasion partagé avec les Allemands ou d’autres pays européens le débat semble s’ouvrir alors eux nous en parlent beaucoup et notamment en écho au président de la République déjà son discours à l’école de guerre puis à ce qu’il a dit lors de son discours à la Sorbonne ou en Suède et les Allemands sont extrêmement intéressés il faut rappeler que aujourd’hui ils hébergent déjà des têtes nucléaires améric et que ça ça n’a pas souvent été admis dans le débat public aujourd’hui la population s’en rend compte et bien entendu les Allemands sont très préoccupés par les élections américaines puisque ils ont ils ont fait partie de ceux qui ont un peu plus délégué enfin qui ont même beaucoup délégué leur sécurité au aux Américains et donc la France étant la seule puissance deuté de l’Union européenne forcément il s’intéressent à ce qu’on peut apporter ils ont bien noté que le président la République avait parlé d’une dimension européenne des intérêts vitaux dans le prolongement d’ailleurs de ce qu’ avait déjà dit ses ses prédécesseurs pour autant nous on est également assez clair que sur le fait que la dissuasion nucléaire française ne se partage pas il faut une seule personne pour appuyer sur un bouton pour autant on est ouvert pour entamer ce débat avec eux de savoir comment la dissuasion française peut mieux contribuer à l’autonomie stratégique européenne et donc il faut qu’on en parle vous avez justement beaucoup ouvert tous les débat de la commission au monde extérieur avec les intellectuels les Fing tank les journalistes les membres de l’opposition s’exprime très librement dans votre commission est-ce que ça vous paraît important pour le lien armée nation justement de de s’ouvrir et en fait on voit bien c’est une maison ouverte ici avec ces grandes baes vitrées donc est-ce que parmi vos objectifs c’est d’ouvrir la Commission à l’ensemble de la société et de renforcer le lien armé nation post service national bien entendu je pense que c’est nécessité opérationnelle pour ma part j’ai finalement de grands stress en tant que président de la Commission de la Défense est-ce que mon pays dispose des armes suffisantes pour se défendre et est-ce qu’on a bien également un projet collectif suffisamment important qui fait que chacun sera motivé pour pour défendre ce ce pays si un jour c’était besoin et et donc alors au-delà du du terme lien armée nation que j’aime pas trop parce qu’on a l’impression que l’armée serait en dehors de de la nation on pourrait parler de lien armée mais sécurité civile ou de développement d’une culture défense je je pense que ce sujet est extrêmement important puisque là encore il faut avoir encore les grands chiffres en tête 300000 militaires en France sur une population active de 68 millions d’habitants ça veut dire que moins de 0,5 % de la population aujourd’hui est militaire s’engage dans dans les armées et donc on voit bien en Ukraine on le voit bien avec les menaces hybrides si un jour on a à faire face à un défi sécuritaire important on aura besoin des 99 % restant qu’il soit maire chef d’entrepr ise responsable associatif ou quel que soit sa sa mission sur le sur le territoire national et donc le fait que cet esprit de défense se diffuse le fait que les Français a conscience de la dangerosité du monde dans lequel on vit et de leur rôle c’est quelque chose qui est à mon sens au moins aussi important que la qualité des armes dont on dispose merci en le cas Thomas gassilou pour ce débat pour votre invitation et à très bientôt merci