Gitans sous haute surveillance aérienne

    – Monsieur Bonjour. Agent-chef *** de la BR Calais. C’est vous qui m’emmenez là-haut ? – Tout à fait. – Bon ok. Donc le but de la mission, si vous voulez, c’est qu’on survole le camp de Montigny en Gohelle. L’idée, c’est d’essayer de me repérer 2 véhicules qui font l’objet des cibles qu’on a. Ce sont des véhicules qui appartiennent aux gars qui ont volé chez nous. L’hélicoptère est équipé d’une arme redoutable, une caméra très puissante, protégée derrière cette coque. Elle est capable de repérer et de photographier à des kilomètres de distance, une plaque d’immatriculation. – C’est bon, les portes sont bien fermées. Tout le monde est attaché derrière ? – Oui. – Oui. En quelques minutes, l’hélicoptère atteint la zone à surveiller. Juste à la sortie de cette petite ville du Nord. C’est là que se trouve le camp, où la BMW a été vue la dernière fois. – Il faut que je récupère le focus. Grâce aux deux écrans placés devant lui. Cet opérateur peut cibler les objectifs et les analyser en direct. – J’envoie le point. – Sur le premier point. – Donc normalement le camp se trouve ici. – C’est vraiment précis. Donc en fait on cherche un Ford avec plateau et une BM plutôt bordeaux. Pour guider le pilote, Rémi transmet toutes les informations accumulées au cours de son enquête. – En fait, le camp se compose de 3 parties. Il y a une partie qui fait plutôt place principale et après, il y a 2 allées. Et la BM, je crois qu’elle est dans l’une des allées. – Il y a ça. Hop. Première alerte, une berline Bordeaux. – Non, l’immat ne correspond pas. Raté.et après 20 min de survol, aucun véhicule ne correspond. – Je ne vois pas ce qu’on pourrait faire de mieux. – Ça a dû bouger. Pas grave, au moins ça va me permettre de dire qu’ils ne sont plus là. Et avec un peu de chance, on va les revoir à Lille. – Oui, bon, on va voir ça. Rémi décide alors d’aller inspecter un 2ᵉ camp, près de Lille, à une trentaine de kilomètres de là. L’un des principaux lieux de rencontre des gens du voyage de la région. Il a bon espoir d’y localiser le fourgon et la fameuse BMW. – On commence à voir. La caméra enregistre d’abord quelques vues générales. – Je filme l’environnement, au cas où vous auriez à intervenir. – Oui, les autres d’accès. Puis l’opérateur commence à balayer le camp. Et là, Rémi repère tout de suite une cible potentielle. – Il y a un plateau qui serait pas mal là. – Oui. – Ça, ça pourrait être intéressant. – D’accord. Un plateau, une sorte de fourgon ressemblant à celui filmé par les caméras du péage, le soir du vol. L’hélicoptère se replace et le puissant zoom dévoile la plaque. – 59. – Ah, ce n’est pas ça. Pas la bonne immat et c’est un Iveco. Par contre, l’arrière, ça ressemble, à ce qu’ils font. Après avoir ratissé la zone, nouvelle déception, les véhicules recherchés ne sont pas là non plus. – Ok. – On retourne sur Lens. Retour à la base. Impossible de mobiliser cet hélicoptère plus longtemps. Il n’y en a que 2 pour toute la région et l’heure de vol avoisine les 1 000 €. En retrouvant le plancher des vaches, Rémi fait un peu la grimace. Il va devoir s’y prendre autrement pour localiser ces véhicules. – Je suis un peu déçu dans le sens où je n’arrive pas à localiser mes objectifs physiquement. Je ne doute pas qu’ils soient encore présents sur le camp, mais aujourd’hui, on ne les a pas vus. Donc c’est un petit peu embêtant. Ça va m’obliger à faire des surveillances physiques précises, qui ne sont pas forcément simples à mettre en place et relativement dangereuses. Parce que s’approcher d’un camp de Roms, ce n’est jamais simple. Rémy va devoir prendre des risques. Il est persuadé que ces suspects sont toujours dans le camp, où ils ont été repérés il y a un mois. Peut-être se sont-ils juste absenté quelques heures aujourd’hui. Pour en avoir le cœur net, il va devoir faire ce qu’il redoutait, s’approcher au plus près du camp, sans se faire repérer. Pour ce genre d’opération, son meilleur allié, c’est la nuit. Nous l’accompagnons en caméra nocturne. Le but, ce serait de voir un petit peu si ça bouge la nuit. – Et puis si on a la chance de voir au moins le fourgon. S’il sort, ça va nous confirmer que le fourgon est encore là. Pour ses surveillances discrètes, la première chose à faire est de trouver l’emplacement idéal, celui où l’on voit sans être vu. – Il n’y a pas beaucoup de voitures en fait. – C’est vachement éclairé. – C’est éclairé, ouais ! Fait un premier passage. On va voir où est-ce qu’on peut se poser ! Après un rapide passage devant cette rue, la seule qui mène au camp. Ils font demi-tour et optent pour une place à 20 m de l’entrée de la rue. – Après essaye là. – Je pense qu’on va être bien là. Ça n’est pas l’emplacement parfait. Ils sont éclairés par un lampadaire, mais d’ici, ils pourront surveiller les allées et venues. – Tu vois de ton côté ? – Ouais, je vois la sortie. – Tu vois les voitures passer ? – Je vais pouvoir te les annoncer. L’idéal pour Rémi serait de surprendre les suspects en pleine action. – En général, quand ils partent sur les cambriolages, ils partent à peu près à cette heure-là pour travailler. Donc si on a la chance que par exemple ce soir, ils décident de monter sur un cambriolage. On va peut-être voir sortir un fourgon, on va peut-être voir sortir les véhicules qui nous intéressent. Commence alors une longue attente. Dans ses enquêtes de terrain, les planques représentent une grosse partie du travail des gendarmes. – J’aimerais bien voir ma voiture, ma petite camionnette. – Vous pouvez rester combien de temps comme ça, en planque ? – On n’est plus souvent ensemble qu’avec notre femme, en ce moment. – Oui, voila ! – Donc oui, un certain temps. À chaque passage d’un véhicule, les enquêteurs sont en alerte et vers 1 h du matin. – Ça sort un peu. 2 puissantes berlines sortent du camp. – Ils vont à droite. Il y a l’Alfa. Tu l’as celle-là ? Tu as vu les 2 ? C’est quoi ces 2 là ? On les a jamais vus. C’était 2 breaks ? Noirs ? – Ouais. – Faut qu’on les identifie. Parce que tu as vu, ils sont restés quoi, 30 secondes dans le camp ! Ils ne sont pas restés longtemps, mais c’est reparti tranquille ! Mais cette nuit-là, aucune trace des 2 véhicules qui intéressent les enquêteurs. Ils abandonnent leur position vers 2 h du matin. Enfin là, on va lever le dispositif, parce qu’on est déjà tard dans la nuit. Et puis pour l’instant, on a eu quelques véhicules qui ont effectué des passages et des allers et venues dans le camp, mais rien de probant pour nous. Impossible de planquer plus longtemps, les gendarmes finiraient par être repérés. Pour localiser les suspects, il faut donc à nouveau changer de stratégie et Rémi va mettre en œuvre des moyens beaucoup plus pointus. Il va faire appel à des techniques de surveillance ultra-modernes, mais aussi à une méthode ancestrale que les gendarmes n’aiment pas beaucoup évoquer et encore moins montrer.

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