Tout est dans une graine, cette graine semée dans son enfance, pleine de souvenirs empreints de liberté dans une nature accueillante.

    Paco nous emmène dans son parcours d’enfant qui découvre la ville d’Amiens et s’y crée des espaces de liberté.

    Aujourd’hui il est créateur et animateur du jardin des vertueux; Paco y partage ses idéaux de vie, humanistes, écologiques et environnementaux.

    #hortillonages #vie #choix #conscience #rêves #environement #jardins Pascal Goujon, dit Paco, jardinier-paysagiste, est le créateur d’un lieu unique dans les hortillonnages, le Jardin des Vertueux, un espace ouvert, pour apprendre ou simplement se promener… Depuis l’acquisition, grâce à l’aide de l’association Terre de Liens, du terrain devenu jardin paysager et pédagogique, et ouvert au public depuis 2011, Paco y multiplie les ateliers qui permettent de valoriser l’activité maraîchère locale. This talk was given at a TEDx event using the TED conference format but independently organized by a local community. Learn more at https://www.ted.com/tedx

    Transcription: eric vautier Relecteur: Claire Ghyselen Ça ne va pas être simple. (Rires) Une graine. (Rit.) Tout est dans la graine. Pour moi, la graine, elle a été semée en Normandie, à la limite de la Normandie, en Picardie, dans un petit village qui s’appelle Fourcigny. 70 habitants. Mégalopole. (Rires) J’y ai des souvenirs d’enfant libre. Pas de contraintes. Quand on voulait aller voir nos copains, on prévenait juste nos parents et on prenait les vélos. On n’avait même pas besoin de prendre la route, à travers champs, on changeait de village. Là-bas, vers Beaurepaire, on avait construit une cabane dans les arbres, à côté de la mare à Bielle. On allait y chercher des œufs de grenouille. Régulièrement avec les copains, on faisait le tour du village, on faisait le tour du pays. Notre village, c’était notre pays. Quand on avait envie de croquer une pomme, on montait dans un arbre et on croquait une pomme. On passait notre temps dans les granges, dans la paille, avec les copains. On sautait des ballots de paille jusque par terre. (Soupire.) Maman. Et puis est arrivée la maladie de mon frère. Donc il a fallu se rapprocher de la ville pour être plus proche de l’hôpital. Alors, ils nous l’ont bien vendue, la ville. « Tu vas voir, on va pouvoir aller au cinéma une fois par semaine. » « Tu veux jouer au tennis ? Eh bien, on t’inscrira au tennis. » « Et puis, il y a la bibliothèque. La bibliothèque, on pourra y aller souvent. C’est très intéressant. » Et donc on est arrivé à la ville : Amiens. La grande ville. On est arrivé dans un quartier qui, à l’époque, s’appelait « le petit Chicago ». Le petit Chicago, alors… (Rires) Le petit Chicago. Bof. Il a fallu tout réapprendre. « Dis donc toi, qu’est-ce que tu fais dans cet arbre ? Descends de là ! » « Mais cette prune, tu l’as prise à qui ? – Je voulais juste manger une prune. – Descends de là ! » « On ne marche pas dans les pelouses. » « Hé ! Cette grange, propriété privée ! » Il a fallu apprendre à marcher dans le cadre. J’avoue que, de temps en temps, j’en suis sorti. Mais bon, c’est la vie, alors on s’y fait, on se fait à tout. Les copains, oui, le cinéma, super, la bibliothèque, vraiment pas mal – plein de belles choses. Et puis les études. Alors les études… Aujourd’hui, je suis jardinier. À peu de choses près, j’ai failli rater ma carrière. J’étais à deux doigts de finir médecin. (Rires) Et parallèlement à mes études de médecine, Je m’occupais des enfants du quartier à la cantine. Je leur faisais semer des plantes. On faisait pousser des fleurs, on fleurissait l’école. On avait même fait un petit bout de potager dans la cour de l’école. J’avais ramené un petit bout de mon pays, là, dans la ville. Mais rapidement je me suis dit que les études, je n’y trouvais pas mon compte, il fallait que je mette les mains dans la terre. Donc il a fallu vers 91 commencer à se poser les bonnes questions. Et j’ai décidé de stopper. Mais que faire ? À l’époque, il y avait encore le service national. Ça non plus, ça n’était pas trop mon truc. La question s’est posée : est-ce que je vais donner une année de ma vie à la nation pour apprendre à tuer ceux qui seraient peut-être mes amis si je les rencontrais dans une autre situation ? Vous imaginez bien la réponse. Donc j’ai décidé, par honnêteté, de passer deux années en tant qu’objecteur de conscience. Il a fallu trouver une structure pour accueillir ce parcours-là. Et c’est là que Maman est revenue encore. Tous les ans, elle faisait sa sortie avec sa classe dans les hortillonnages. « Je pense que les hortillonnages vont te convenir. – Ok. » Rencontre avec le président, validation du parcours, et je me retrouve le 3 novembre 1992 sur le quai de l’association de sauvegarde, en plein milieu de l’équipe de l’association de sauvegarde des hortillonnages. Là-bas, au bout du quai, il y a Michel, qui rajuste son bob. Il me regarde, un peu méfiant. À l’époque, j’avais les cheveux un peu plus longs qu’aujourd’hui. « Toi, là, longue chevelure, dans mon bateau ! » Je m’exécute. « – Tu sais conduire ? – Je sais pas, mais je peux apprendre. » Deux, trois manœuvres et je prends le commandement du bateau. « Bon. Tu vois, là-bas, le grand saule ? – Oui. – Tourne à gauche. » À gauche. « Là-bas. Regarde, Tu vois ce champ avec les salades ? Ça, c’est le champ de René et Thérèse. Après le champ, à droite. » Je tourne à droite. « Hé ! Regarde le martin-pêcheur, tu l’as vu ? Tu l’as vu ? Eh bien, regarde, suis-le. Encore à gauche là-bas. » Un coup à gauche, un coup à droite. Évidemment, comme tout le monde, je me retrouve perdu. Un peu hors du temps. Puis on arrive dans une espèce de grand truc, ça s’élargit : l’étang de Clermont, la plus grande tourbière des hortillonnages. C’est à peu près dix hectares de tourbière creusée à la main de l’homme. C’est un petit matin d’automne, il y a une brume, le soleil qui est là, d’un seul coup, paf, la brume se lève, le soleil apparaît et alors là, extase ! Instant magique. Je me rappelle de deux choses à ce moment-là. La première, c’est le sentiment « Je suis ici chez moi ». Et la deuxième chose, c’est : « Mais comment je ne suis jamais venu ici avant ? Comment se fait-il que je découvre ça uniquement maintenant ? » Là, on est 30 ans plus tard. Je suis responsable d’un jardin paysager d’un peu plus de 3 hectares dans les hortillonnages. J’ai une solide équipe d’animateurs qui accueillent à peu près – on espère autour de 5 à 7000 personnes, beaucoup d’enfants – pour montrer une agriculture respectueuse de l’environnement. On fait de l’écotourisme. On structure une équipe d’intervention pour faire les berges, pour répondre aux sollicitations des propriétaires du marais. Parallèlement à ça, je milite dans le mouvement « Terre de liens ». On a installé à peu près 250 fermes de production biologique en France, à proximité des villes, pour sortir du bon légume, pas très loin de là où il est mangé. Depuis quelques années, ma vie, elle s’est un peu accélérée. J’ai découvert les voyages et j’ai [décidé] d’emmener un petit bout de mon pays avec moi à chaque fois que je bouge. Elle m’a permis de mettre quelques gouttes de sueur dans les Pouilles, en Italie, il n’y a pas longtemps. dans les montagnes de l’Atlas, au Maroc, à Beyrouth, il n’y a pas longtemps, à Jérusalem aussi. C’est où le prochain jardin ? J’attends avec impatience. Je vais profiter un peu de cet instant. Je voudrais vous emmener là-dedans, en fait. Mes parents, ils me l’avaient bien vendue, la grande ville. Ils avaient juste oublié un truc – normal, on venait tous de la campagne, donc on ne le savait pas. C’est que des graines, comme j’ai là, Il y en avait plein aussi des belles, dans la ville. Il y en a plein, plein, plein, plein. Là, je les vois, il y en a plein ici. J’en connais quelques-unes. Je ne sais pas, toi peut-être – Je vais reprendre un peu. Quand je me pose ces questions-là, je me dis que si on m’avait dit jusqu’où ça irait, cette aventure, peut-être n’aurais-je pas fait un pas. Je n’aurais peut-être pas osé démarrer. La synthèse de ça, c’est que ce ne sont que, les unes derrière les autres, des toutes petites actions. Tout a été simple, tout a été source de joie, un peu de sueur et un peu de difficulté. Alors peut-être qu’ici, toi là-bas, infirmière, peut-être seras-tu un jour à la tête d’une maison de retraite d’un nouveau genre où on s’occupe peut-être un petit peu mieux des gens. Peut-être qu’ici, il y a un architecte qui va, par ses constructions, nous fabriquer une nouvelle manière de vivre ensemble. Peut-être que là, il y a quelqu’un qui ne sait pas du tout ce que c’est sa graine. Je te promets que, vas-y, mets-la dans la terre, ça risque d’être merveilleux aussi. Tout à l’heure, je vous disais que, dans les hortillonnages, la tourbière, j’avais ressenti le sentiment de « Comment ça se fait que je n’ai pas découvert cet endroit avant ? » Je pense que je le sais, en fait. Ce n’était juste pas le moment. Et là, par contre, en ce moment, là, maintenant, j’ai l’impression que pour moi, peut-être pour toi, peut-être pour… peut-être pour nous tous et maybe for you, it is time. (Applaudissements)

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