Enseignement 2023-2024 : Politiques de l’amour
    Cours du 26 mars 2024 : « Nul peuple n’a tant aimé ses rois » (XIVe-XVe siècles)

    Professeur : Patrick Boucheron
    Chaire Histoire des pouvoirs en Europe occidentale, XIIIe-XVIe siècle

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    [Musique] [Musique] bonjour à toutes bonjour à tous tristesse des générations sans mare c’est Gilles de leuse qui disait ça qui prophétisait ça voilà que je vais une fois de plus sans doute faire rempart de quelques citation parce qu’il m’est pas si facile de commencer aujourd’hui qu’il m’est difficile de

    Commencer en tout cas sans vous dire mon émotion et ma gratitude car j’ai perdu mon maître Jean-Louis Biget qui est mort la semaine dernière à 86 ans et c’est lui qui m’a donné envie de de de de faire ce que je fais aujourd’hui et surtout de le faire de

    Cette manière un peu particulière c’est-à-dire singulière libre j’espère c’est-à-dire de parler du Moyen-Âge depuis le présent non c’est pas ça pas seulement le présent disons peut-être la présence une certaine qualité de présence obstinée joyeuse sonore et pourtant toute empreinte d’une paradoxale euh discrétion Jean-Louis Biget fut mon professeur à l’École normale supérieure

    De saintclou voù a bientôt 40 ans euh où j’ai l’immense honneur de devenir son collègue jusqu’à ce qu’il prenne sa retraite en 1997 et il est toujours resté mon maître je lui dois ce que je sais du Moyen-Âge je lui dois aussi surtout ce que j’ai compris du métier qui consiste à

    L’enseigner et en ce temps céit intéressant parce que on n’inculquait pas les valeurs de la République comme un catéchisme assomant non on cherchait à les pratiquer fraternellement on avait cette idée assez simple mais robuste que pour préparer des jeunes esprits à affronter ce qu’ils auraient à faire dans la vie en l’occurrence transmettre

    Des savoirs le plus simple le plus plus efficace c’était de leur faire faire de l’histoire de leur faire donner de parfire une culture disciplinaire et le moins qu’on puisse dire c’est que cette idée a pris du plomb dans l’aile Jean-Louis Bigel est une grande œuvre d’histoire urbaine religieuse du langdoc

    Médiéval et en particulier une relecture radicale de la dissidence du 13e siècle cette histoire des bons hommes que l’historiographie a figé sous le nom de de catarisme et de ces mythes il a été le l’infatigable pourfendeur et puisque nous étions à Montaillou la semaine dernière à voir brûlé les derniers feux

    Du de l’hérésie et puisque Biget nous avait appris que l’histoire est une science de grand vent euh qui ne s’éprouve bien que par le dépaysement des certitudes on appelait ça des voyage d’étude ça consistait à se délivrer au sens propre à se sortir le

    Le le nez des livre et à le casser sur du réel je voudrais faire un voyage en pensée vers Alby sa ville sa ville de cœur une ville dont il n’était pas originaire c’était pas vraiment un apôtre de l’origine ni un turiférire de la de la racine mais mais pourtant il en

    Fut l’historien passionné impeccable mais passionné et ce je peux vous l’assurer par amour donc euh soit donc son lieu la cathédrale d’Albi fondée en 1277 par l’évêque Bernard de Castanet une architecture qui répond à un projet militant c’est une arme contre l’hérésie moins d’ailleurs par son allure de

    Forteresse de la foi que parce que cette architecture libère de l’Intérieur c’est-à-dire une un espace large désencombré où peut se déployer la parole nouvelle d’une prédication enveloppante qui allait ramener les élites dans le giron de l’orthodoxie et tout cela au 14e siècle les través occidentales de la nef viennent s’appuyer vers 1390 sur

    La le tour la tour du clocher qui s’élève en un siècle vers les derniers étages qui la couronneent et à ce moment-là pour le couronner je dirais de manière iconographique et bien Louis Ier d’Amboise évêque d’Alby de 1474 à 1503 et bien reprend tout le programme iconographique de son église don la

    Luxuriance du décor contraste avec l’austérité de l’architecture je raconte très mal mais c’est pour vous renvoyer euh aux travaux indépassables de Jean-Louis Biget alors juste ceci pour euh effectivement nous ramener euh à ce qui nous nous occupe nous nous nous étions arrêtés la semaine dernière sur

    Le lamento d’un euh d’un maître de la parole le prédicateur Giordano d’ PISA qui témoignait des ratés de sa pédagogie de la peur ce désolant de faire croire si mal alors que disait-il il a quand même des belles peintures à sa disposition mais il n’avait pas vu

    Celle-là le Jugement Dernier euh de la cathédrale sainte- Cécile qui atteint une ampleur inédite au Moyen-Âge hein 18 m sur 15 d’une fresque monumentale peinte entre 1475 et 1480 par des artistes rattachés à la France du Nord euh on y voit des élus et des réprouvés

    Qui portent au coup le livre de leur action bonne et mauvaise ils seront donc jugés on est à la fin du 15e siècle selon leur œuvre et le châtiment sera proportionné à leur peine alors ces jardins des supplices semblent conforter l’image cauchemardesque d’une inculpation généralisée un monde de

    Désespérance fait de chaos et de souffrance mais si l’on y regarde de plus près s’observe et c’est ce que montrait bijiget à chaque fois qu’on rentrait dans sac cédale la correspondance entre la justice de Dieu et celle des hommes Jean de Viterbe juge impérial à Florence l’écrivait déjà en

    1238 devant les hommes un juge est toujours pris pour Dieu et c’est pour cela que en français sont identifié les peines ici celles des orgueilleux qui subissent le supplice de la roue courant tournant continuellement avec une grande impétuosité à la manière des moulins précise le cartel celle des des avaricieux qui consistent à

    Plonger dans des chaudrons emplis de métal fondu ils périssent donc dans le brulant objet de leur convoitisse et celle des luxurieux sur lequel évidemment se ferme la danse massagre la danse mass macabre qui fait des peines la justification métaphorique des justices terrestres comme le montrera des élèves de Jean-Louis Biget Jérôme Bachet

    Levant les yeux vers la voûte pour effectivement ce moins se désespérer vers cette voûte magnifique et bien Jean-Louis Biget il voyait alors l’inversion de cette entre le roi Christ et le Christ Roi il y avait cert le couronnement il y avait cert donc voilà la le le le Christ dans sa

    Mandorle musicalisé par les anges de sainte Cécile mais il y avait aussi et surtout ce thème très particulier du Couronnement de la Vierge qui sert normalement à la glorification de l’église mais dans le contexte du galicanisme de la fin du 15e siècle ce couronnement de l’église désigne moins l’autonomie de l’institution éclésiale

    Qu’elle ne concourt au renforcement de l’État moderne dans lequel elle est alors absorbée comme le montrent les fleurs de LCE qui partout dominent la clôture du cœur et parsè les fresques des voûtes et les gardiens du sanctuaire sont bien ces statutes des roi de la terre Constantin et Charlemagne qui portent la couronne

    Le glave le globe et sur leur cuirass l’aigle bicéphale on sait que c’est Louis X qui institua en 1475 le culte de Charlemagne et c’est donc sur cette figure du roi très crétien empereur en son royaume que débouche le programme iconographique de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi car c’est bien du roi

    Louis XI Petitfils du poète parle d’Orléan dont l’évêque d’Albi Louis Ier d’Amboise fut le familier alors c’est intéressant parce que Louis 12 c’est aujourd’hui un roi bien oublié dans notre roman national qui parce que d’abord il est pris dans le pli entre Moyen-âge et Renaissance he il règne de

    1498 à 1515 et d’ailleurs on peine à comprendre pourquoi il était encore considéré au 18e siècle comme l’un des plus illustres des rois de France Voltaire écrit sa biographie en 1770 l’Académie de 1782 à 88 organise de nombreux concours pour exalter la mémoire de celui qui semblait rejeter j’y reviendrai une

    Certaine forme d’absolutisme et plus tard Louis XI fut aussi enrôlé dans un programme de réforme politique celui de la charte de 1800 14 qui évidemment reprenait sa réforme de 1498 seulement voilà c’est précisément parce qu’il était devenu l’incarnation d’une monarchie tempérée que Louis XI fut pris pour cible par les historiens

    Républicains du 19e siècle et d’une certaine manière il ne s’en remettra jamais or précisément cette inversion des mémoires au 19e siècle elle avait redoublé la manière dont l’image de Louis X fut construit en tant que roi vertueux comme le double inversé de Louis X le plus terrible roi qui fut

    Jamais en France il ne faisait pas seulement peur aux hommes mais aussi aux arbres dit un témoin au procès qui devait casser le mariage entre le futur Louis XI et Jeanne de France il faut dire que Louis X ce tyran domestique avait marié enfin fiancé sa fille euh

    Jeanne qui avait 3 semaines euh avec Louis d’Orléan qui avait 2 ans donc Louis X sera l’antil Louis X la légende noire de ce dernier nourrissant l’image d’un roi sans dol c’est-à-dire sans rus et sans malice le prince des mouch à miel cette monarchie des abeilles qui

    Depuis l’Antiquité est un modèle de de puissance sans partage mais aussi un modèle où les sains qui entourent le roi et bien euh le fait sans violence puisque le roi lui-même est a a un aiguillon stérile et toutes les circonstances pouvant être retournées par la propagande royale en faveur du

    Monarque on commence à dire et voilà où je voulais en venir et on le garde pour tout à l’heure que si Louis XI est un roi sans fils c’est parce qu’il est le père du peuple euh expression inventée par Thomas bricoot docteur de l’Université donc ce parcours il nous

    Mène à Albi de la peur de l’enfer à l’amour du roi et à un roi d’amour et c’est celui ce parcours que j’avais de toute façon prévu de faire avec vous aujourd’hui dans cette avant-dernière séance qui doit nous mener vers les fins du Moyen-Âge j’ai proposé de désigner

    Ainsi fin du Moyen-Âge une question générale sur ce qui met un terme à la période médiéval double question en vérité puisqu’il s’agit de chercher dans le même mouvement les fins d’une période et les finalités de son étude c’est-à-dire de déplacer les termes de la modernité là encore dans un double

    Sens qu’est-ce qui l’énonce et qu’est-ce qui avant elle l’annonce j’avais pas prévu en revanche de le faire depuis Albi mais voilà nous y sommes et en regardant le le brasier des peines infernales c’est un autre incendie qui me revient en mémoire un incendie de sens épisode bien connu de

    L’histoire du royaume de France à la fin du Moyen-Âge je l’avais déjà évoqué lors de la 2e saison des fictions politiques et qui prolonge d’une certaine manière n nos réflexions de la semaine dernière sur les révoltes de l’obsène cet épisode c’est le Bal des Ardents dans la nuit du 28 au 29 janvier

    1393 une troupe gesticulante fait irruption à l’hôtel Royal de Saint-Paul déguisé en bête qui sont ces hommes sauvages il fait sombre le duc d’Orléan Louis frère du roi approche une torche d’un de ses costumes de la mascarade mais la Poie qui fixait la fourrure s’enflamme les malheureux sans bras comme des torches

    Quatre périss on reconnaît le 5e qui a la vie sauve grâce à une dame de cour qui le couvre de sa robe c’est le jeune roi Charles VI qu’une crise de folie avait déjà frappé l’été précédent lors d’une partie de chasse dans la forêt du Mont cet événement il est relaté par

    Jean-foisard mais aussi par Michel pitouin l’auteur retrouvé de la chronique du religieux de Saint-Denis qui en donne une vision proprement à à halluciné sans doute portant davantage témoignage sur ses propres fantasmes je cite le feu consuma aussi les parties inférieures de leur corps et leurs membres viriles qui tombaient par

    L’ambau inondire de sang le plancher de la salle qu’est-ce qu’il faut comprendre dans cette stupeur bah d’abord un scandale politique on apprend bien vite que le bal masqué avait été organisé par la reine isabau de Bavière à l’occasion du remariage d’une de ces demoiselles d’honneur Catherine l’Allemande après

    Son vuvage et au fond les jeunes gens qui font iruption au soir couchant déguisés en hommes sauvages à la manière des spectres de la nuit et bien il s’adonne au rituel du Charivari ce Chahu organisé par la classe d’âge des prétendants au mariage pour contester tout écart au au cycle ordinaire de

    L’échange des femmes venant prélever indument dans un stock des épouses potentielles soit parce que le marié est trop âé soit parce que le mariage est trop remariage est trop rapide soit parce que l’alliance est mal assurée en tout cas c’est une conduite de bruit un Chahu au sens propre qui est comme

    L’inversion parodique du rituel funéraire au cours duquel le défunt revient pour masquer pour marquer sa désapprobation entouré de ses amis charnels qui figurent les spectres formant la horde des morts inapaisé le Bal des Ardents a bien eu lieu il fut perçu par les contemporains comme un charivari ce qui tenait lieu de

    Transgression scandaleuse voilà un souverain qui fait la bête qui par amour de l’ébattement se livre aux plaisirs illicites des gueux voilà le scandale moral la preuve du dérèglement social de toutes les valeurs l’inversion des normes CE QUE Froissard appelle la dolante aventure plus tard évidemment les propagandistes bourguignon

    Exploiteront le drame pour justifier le meurtre du duc d’orléon le 23 novembre 1407 comme un tyranicide car il fallait bien que le jeune prince soit un tyran pour organiser cette maumerie qui a manqué de tuer le roi et peut-être même d’ailleurs pour l’organiser lui-même afin de déguiser sur Noiseau son

    Régicide Louis lorléan mais aussi son épouse Valentine Visconti qui au sens propre empoisonne la réputation du prince Louis d’Orléan les rumeurs obligeant Valentine à quitter la cour de France en 1396 et n’est-ce pas elle l’italienne qui a empoisonné le roi et n’est-ce pas à cause d’elle que le roi

    Est fou brillante l tré pieuse musicienne Valentine Visconti pris rapidement l’ascendant à la cour de France comme l’a montré Bernard guunet et ce au détriment de la vieille duchesse de Bourgogne Marguerite l’épouse de Philippe leardi et la figure de l’Italienne reine de France et empoisonneuse connaîtra évidemment au

    16e siècle une longue traain de tradition fantasmée peut-être vous souvenez-vous de cette image de la tablette de buit conservée euh à euh la PERP Morgan laory de New York avec laquelle nous évoquions lors de la première séance la maladie d’amour on y voyait aussi des hommes sauvages et peut-êtreag si s’agit-il des

    Mêmes d’ailleurs enflammant notre imagination et cette jeune fille qui prend l’œil d’un faune irsut et nous avons vu depuis parce que nous avons fait du chemin dans cette histoire des troubles de la Caritas qui se rend à un autre regard au point de donner au sens plus érotique au sens de George

    Bataille cette histoire de l’œil c’est que l’on a appris à regarder d’un autre œil justement cette histoire de l’amour au premier regard celle qui se donnait à voir dans la scène de rencontre entre Charles VI et Isabo de bavère le 17 juillet 1385 on s’était alors éloigné de toute

    Naïveté sentimentale face à la cristallisation standandalienne c’est que l’éclat des qualités de Charles VI écrivait Michel pinouin était terni de quelques taches et notamment celle de ses appétit charnel carnis loubricot qui ne permettait pas de donner qui lu qui ne permettait pas pardon de douter qui luut hériter de la malédiction qui avait

    Frappé le premier homme et sa race perverse écrit l’auteur de la chronique du religieux de Saint alors oui le roi est un pauvre pêcheur il est homme comme nous mais au moin sa lubricité ne portait pas le déshonneur dans les familles précise Michel pinouin jamais il n’usa de violence alors la

    Question c’est quand même pourquoi a-t-on tant pardonné à Charles VI pourquoi a-t-on tant pardonner à Charles VI notre bon roi qui est en maladie se désole Christine depison d 1393 ce qui fait que on a l’impression que plus le roi sombre dans la maladie mentale faisant du royaume de France un

    Royaume des douleurs plus il s’assimile au Christ de la passion plus il progresse dans cette Assomption qui est magnifiquement monumentalisé par la cathédrale sainte- Cécile d’Albi voilà pourquoi les Français n’ont pas retiré au rois qui souffrent leur amour ni leur fidélité croit pouvoir expliquer François Autran

    Dans sa biographie de Charles VI paru en 1986 et Bernard guunet lui emboî le pas dans son livre paru en 2004 s sous le titre La Folie de Charles VI roi bien-aimé mais pourquoi au fait Bienaimé et depuis quand est-il ainsi surnommé c’est vrai c’est c’estz intéressant ça et peut explorer

    L’histoire des surnoms des rois de France dans ses recherches de la France qu’il publia en 1596 le poète juriste et humaniste Étienne Pasquier traite de cette question des épithètes des rois de France ils ne sont dit-il pas donnés par cérémonie mais par voix commune de peuple jusqu’à la fin des capéciens

    Direct donc 1328 il désigne ces surnoms des qualités ou des défauts de leurs esprit ou des VI de leur corps les rois sont brefs comme pépin ou long comme Philippe ou gros comme Louis ou beau comme Philippe Philippe Le belle et puis ensuite mais ensuite seulement vient le

    Temps des flatteries Jean 2 est bon Charles 5 sage et Charles 6 malgré son dossier un peu lourd le bien-aimé c’est semble-t-il pierre de fénin prévud d’as auteur d’une courte chronique qu’il rédigea de 1427 à sa mort en 1433 qui en fournit la première attestation de cette

    Épithète Charles VI le bien nommé au moment même le plus dramatique de sa maladie mout fut le roi Charles aimé de son peuple toute sa vie et pour on le nommait Charles le bien-aimé Bernard get était persuadé que je cite ce trop grand amour pour un roi malade C

    Je cite encore amour obstiné pour celui qui était devenu roi inutile Rex inutilis ne pouvait venir que de la profondeur du peuple et construisait une remarquable exception française si Pierre nor reprend3 pr le titre du magistrat et historien Étienne Pasquier recherche de la France titre sous lequel il rassemble ses essais sur

    L’identité et l’unité de la nation en particulier notamment ses contributions personnelles au lieu de mémoire et formant donc le 3è volume de son recueil d’articles recherche de la France s’il reprend donc le titre d’Étienne Pasquier c’est sans doute parce que cette manière de chercher dans une histoire un éclaté

    Je cite Nora la singularité mystérieuse du tout c’est imposé durablement à l’historiographie nationale française et avant même que le nationalisme méthodologique de la fin du 19e siècle ne viennent en positiver l’approche on pourrait multiplier les exemples par lesquel l’histoire politique de la France à la fin du Moyen-Âge reconduit et et pas toujours

    De manière critique le discours que la monarchie a porté sur elle-même disons son idéologie on pense évidemment au livre majeur de Colette bon naissance de la Nation France par rucher galimar en 1985 qui décrivait magnifiquement la construction idéologique d’un imaginaire po d’un imaginaire politique auquel il postulait une efficacité sociale

    Tellement puissante qu’à la fin il peenait finalement à s’en extraire on pense aussi au grand livre de Jacques krinen l’empire du roi idée et croyan politique en France 13e 15e siècle paru en 1993 également dans la bibliothèque des histoires Jacques krinen historien et magistrat d’ailleurs lui aussi

    Établissait et c’est là toute sa pensée la manière dont la construction de l’État monarchique fut escorté de discours contradictoires les uns le poussant vers sa pente absolutiste les autres le retenant retenant d’ sombré par une pensée politique de l’utilité commune de type démocratique les uns étant plutôt des juristes les autres

    Plutôt des philosophes et c’est un apport majeur de son livre parce que l’histoire politique s’en trouve défatalisée elle est en fait ramenée à de devenir possible qui se disput le cours qui ne permettent pas de de tracer une ligne droite parce que à ce là Louis X est

    Moins et et d’une certaine manière moins moderne que Louis X et puisque l’un va effectivement renforcer le poids des assemblées représentatives et donc tout cela s’en trouve effectivement bouleversé mais au total la contradiction trouvé à se résoudre dans la figure du roi et plus précisément encore dans l’amour du roi

    C’est ainsi que s’achève le livre dans un effet saisissant de mise au présent de l’unanimité de l’unanimité je je je mise au présent je je vous le lis mais les Français aiment leur roi les Français ils aiment leur roi ils l’aiment comme ils aiment le royaume d’un amour naturel l’étude de l’amour

    Comme vertu politique reste à faire c’est une des lacunes de ce livre de ne pas en avoir révélé toute l’importance en France médiévale comprendre la signification des pétitions d’amour qui jalonne le discours politique est une chose difficile là pourtant dans la relation psychologique et affective avec le pouvoir pourrait bien résider la

    Cause la plus profonde de la longue adhésion des Français à l’État monarchique donc il y aurait évidemment beaucoup de choses à à commenter dans cette fin du livre de krinen amour naturel adhésion nationale relation affectiv obéissance sociale tout cela mise au présent considéré comme un mystère et assuré effectivement d’une

    Unanimité retenons également la prudence de l’historien quant à l’interprétation des je cite pétition d’amour qui jalonne le discours politique et aussi la reconnaissance qu’il y a là une lacune alors depuis certains travaux historiques vont s’engouffrer dans cette lacune et notamment ceux de lidvin Scordia historienne du consentement à

    L’impô et des cultures politiques qui a consacré de nombreuses études à l’amour du roi comme fondement de la continuité de la puissance royale elle le cherche d’abord logiquement dans la littérature doctrinale et d’abord dans ces deux piliers de la raison politique européenne en tout cas dans sa dimension

    Normative que sont le polycraticus de Jean de salisburry et le dégiminé pripium de Gill de Rome dans le premier cas le polycraticus je rappelle h livres de philosophie morale et politique rédigé en 1159 par Jean de salisburry enseignant à Oxford secrétaire et ami de l’archevêque de Canterburry Thomas bequette une

    Réflexion entre le roi la loi et le peuple qui débouche au livre 4 sur la définition des devoirs du prince envers le corps politique corporatif et bien au fond tout cela amène à l’idée que ce qui compose ce corps politique corporatif le polycraticus ceux qui sont gouvernés c’est

    Euh l’amour le cœur du roi euh l’analyse s’appuie sur un exemple rom à propos de César celui qui ne sait pas être aimé de ses soldats ne sait pas les aimer et dans la traduction française donnée en 1372 par le franciscain Denis foucha cela donne celui qui ne laboure

    Pas parce qu’ qui ne laboure pas à aimer parce que il faut apprendre à aimer il faut apprendre à régner faut apprendre à obéir il faut apprendre à aimer celui qui ne laboure pas à aimer et être retenu cher de ses chevaliers ne sait pas armé ces chevaliers donc là on est

    Dans une première conception chevalresque ou soldatesque où l’on arme les sujets par l’amour qu’on leur porte très bien quant au dérégiminé pripium alors on le sait c’est le miroir au prince qui est rédigé par ce théologien italien illus Colona à destination du jeune Philippe Lebel vers 1279 c’est le premier traité politique

    Européen à faire un usage systématique de la Politique d’Aristote et de son éthique à nikomac qui viennent d’être rendu disponible en Europe par leur traduction latine et c’est le succès du dégiminé pripium se maintient jusqu’au 16e siècle on repère 350 manuscrits ce qui est énorme dans les bibliothèques européennes

    Le but de Gilles de Rome c’est de donner les règles de l’art de gouverner cette industria regnativa pour le prince et pour ses sujets car je le répète l’un doit être instruit dans la science du gouvernement quand les autres doivent apprendre à obéir le dérégiminé pripum s’adresse donc à tous pour faire de

    L’amour l’origine même du gouvernement le dérég le régimen pardon la gouvernementalité ne se conçoit pas autrement que ex amoré mais s’agit-il du même amour pas exactement parce que le roi aime comme un père et le Père aime davantage ses enfants que ses enfants ne l’aiment bon cette idée peut surprendre

    Mais on ne doit pas la psychologiser euh c’est juste parce que gî de Rome est un aristotélicien et donc dans la pensée aristotélicienne le père est la cause de l’enfant et l’enfant et son effet et donc si l’amour est comme la puissance qui meut l’univers il est logique

    Qu’elle a plus de force dans la cause que dans l’effet donc les pères doivent gouverner ex amoré et les filles et les fils obéir exdilectionné avec donc une baisse d’intensité entre l’amour et la dilection autrement dit il y a pas encore dans la doctrine politique d’amour réciproque entre le roi et ses

    Sujets ce qu’on nous présente comme ce le ent politique de l’Occident en fait il est pas désigné dans la littérature politique mais qu’en est-il de l’amour dans la pratique du pouvoir je suis toujours ici les les les analyses de lidvin Scordia en 1287 le maître francisquain Richard de

    Mia villa doit répondre à une question codlibétique sur les dangers d’avoir un trésor pour le roi bon c’est un signe de prévoyance pour le roi d’avoir un trésor mais il vaut toujours mieux tésoriser l’amitié de ces sujets que d’État d’or car le roi aimé dctous par ces sujets

    Est plus fort même s’il manque d’or et d’argent que celui dont le trésor est plein mais qui est privé de l’amitié de ces sujets bon alors quand on a plus rien effectivement ni argent ni popularité je vous cache pas que ça commence à être plus difficile mais en

    Tout cas ce qui est certain c’est que cette idée là qui est une idée très courante en fait et qui on trouve dans le songe du Vergier en en en 1378 euh permet de répondre à la question qu’est-ce qu’il faut rendre à César ce qu’il faut rendre à César c’est d’abord

    La dilection c’est ce levier d’amour qui est indispensable pour justifier l’impôt et le tyran lui c’est celui qui refroidit les cœurs et c’est pour ça d’ailleurs que c’est ce que dit enfin c’est ce que c’est ce que dénonce c’est ce que menace Boniface euh en 12 96 par lorsqu’il fulmine sa

    Bulle inéffabiliss à mort lors du conflit qu’il oppose à Philippe Lebel il dit attention c’est pas une petite perte pour un roi que le cœur de ces sujets or qui détient les clés de ce cœur c’est moi c’est en tout cas c’est l’église enfin moi Boniface bon donc ça veut dire

    Que à ce moment-là effectivement il y a cette idée que au fond le vrai trésor du sur lequel se repose repose un trésor non seulement la puissance mais la pérenité de la puissance c’est l’amour mais toujours cet amour qui n’est pas un amour réciproque donc il y a y a bien dans lail

    Politique ce que Christophe grellard appelle une hiérarchie des dilections qui éage sagement affectous amort Caritas afin de rendre à chacun son d point d’affectivité débordante donc ni d’amour réciproque et quand Boniface dit attention tu peux perdre le cœur de tes sujets ça veut dire ils vont plus te

    Payer d’impôt puisque c’est ça dont il sagit effectivement entre Boniface et Philippe Lebel bon et donc c’est de cela dont il s’agit et il ne s’agit que de cela pas d’affectivité débordante pas d’amour réciproque le roi aime et en retour on le gratifie d’une obéissance dévouée qui passe par l’inversion de la dette

    C’est-à-dire l’impôt lidvin Scordia a proposé de décrire cette relation assymétrique de l’amour du roi selon trois registres en fonction qu’il est ordonné à Dieu au droit naturel et à l’ordre politique dans l’Ordo caritatis le roi aime Dieu et se fait aimer par le peuple de Dieu dans l’Ordo naturalis cet

    Amour se fonde sur la génération on y reviendra la solidarité du sang t tandis que l’Ordo politicous développe surtout en temps de guerre la notion de défense du royaume en amplifiant politiquement l’amour féodal reste à savoir comment peut se transmettre vraiment une telle idéologie grâce à l’édition critique

    Menée en 2014 par Sébastien Barret et Benoît Grévin des 548 préambule des actes des rois de France au 14e siècle c’est vrai qu’on peut voir s’y déployer surtout à à partir du règne de Jean I le bon ces thématiques de l’amour autour des trois configurations citées avec un double mouvement

    D’intensification et d’augmentation dans cette rétorique des préambules des actes des rois de France à partir de 1374 et de la grande ordonnance incroyablement ornée sur la majorité des rois de France mais précisément il s’agit bien ici de l’ordau naturaliste de la famille royale du royaume comme amplification de la lignée du sang royal

    L’amour s’éprouve comme affectus sous une forme sentimentale qui s’accentue sous Charles V où on commence à trouver dans les préambules des chartes tendrement amoureusement ou la formule le cœur plus doux le royaume devient une foule sentimentale animé par une ferveur dans l’amour ENF vu de ces scribes évidemment une ferveur dans dans

    L’amour ferventius Regus am Mor et une vigueur dans l’obéissance vigor subjectionist qui se laisse emporté par une rhétorique globale de l’augmentation augmentum crééré extenderé dilataré l’amour crée des liens qui renforcent la couronne et qui augmentent le royaume donc on est toujours sur cette logique aristotélicienne de la de de la force

    D’amour cette rhétorique de l’amour obligée entre le roi et ses sujets inerve aussi si on va on essaie d’aller progressivement de la Chancellerie au sujet euh les discours parlementaires qui mettent en scène dans le cadre des assemblées représentatives destinées justement à voter le consentement à l’impôt euh l’échange politique entre le

    Prince et ses sujets si on s’appuie par exemple sur l’analyse systématique des discours aux États du langdoc au 15e siècle mené par Sylvie keré les cooccurrences de amour et aimer sont donc les mots les plus proches en fait lexicalement des emplois de amour et aimer sont obéissance suggestion révérence service donc euh l’amour

    Politique s’y exprime comme une émotion contraignante sinon obligée il y a là encore en matière d’amour politique que des preuves d’amour l’amour des états envers le roi est vrai vrai amour parce qu’il est démontré concrètement par l’acte de consentir écrit Sylvie keré et l’un des morceaux de bravour de cette

    Rhtorique parlementaire de l’amour politique est porté par la fameuse exhortation du chancelier Guillaume de Rochefort à l’ouverture des états généraux de tour le 15 janvier 1484 qui ne réclamait pas de subside mais la concorde entre les sujets une r public de l’Union des cœurs assemblées battant à l’unisson et comme l’a montré

    Michelbert déjà 10 an plus tôt le discours du chancelier Guillaume Hugonet devant les les états généraux de Bourgogne donc il s’agit pas seulement que du roi il s’agit aussi des Princes à Bruges le 13 janvier 1473 joue pareillement de cet imaginaire les trois modes de gouvernement que sont la démocratie l’aristocratie et la

    Monarchie la troisième est la meilleure car dit le chancelier elle établit le mouvement des choses naturelles en un comme entre les membres du corps humain le cœur le cœur la métaphore qui n’est pas qu’une vaut d’ailleurs d’être relevée puisque elle revient depuis plusieurs exemples c’est que le cœur écrit Jacques legof dans son

    Saint-Louis est le grand promu de la fin du Moyen-Âge il est assurément dans sa fonction d’organe anatomiquement décrit par la médecine parce que dans la tradition galiénique il y avait trois organes principaux dans le corps humain le cerveau le cœur et le foi même si pour Aristote c’était le

    Cœur qui était au principe de la vie c’estd le corps humain se forme d’abord comme un cœur battant et par la suite la valorisation de la circulation du sang vital réhausse symboliquement le cœur au-dessus des autres organes et au fur à mesure que on le connaît mieux anatomiquement c’est le chirurgien Henry

    De monondeville qui dans son anatomie justement laissé inachevé à sa mort en 130022 le décrit décrit le cœur comme je le cite le roi au milieu de son royaume la la métaphore médicale devient donc disponible pour assurer une conception organiciste du corps politique ainsi dans le Rex pacificus libel anonyme

    Écrit pour Philippe Lebel en 1302 liton déjà du roi qu’il est au cœur de la communauté je cite de ce cœur procède comme le font les veines à partir de cette source les lois les statuts les coutumes légitimes par lesquels comme par les veines la vie temporelle est

    Distribué à travers chacune des parties du corps mais dès lors dès lors qu’elle s’impose anatomiquement cette métaphore du cœur politique et du roi au cœur de son royaume se charge aussi de toutes ces autres connotations parce que dans l’imaginaire médiéval le cœur est d’abord le siège de la volonté et donc

    Synonyme c’est le même mot de courage le même mot jusque dans la langue classique Rodrigue a tu du cœur mais le cœur est aussi le siège de la mémoire et c’est pourquoi on apprend par cœur et c’est aussi pourquoi d’ailleurs parce qu’on apprend par cœur euh certains livres

    Prennent la forme non de l’organe mais de son symbole et c’est enfin c’est les trouadours également qu’il soit manger transperser ou donner à son amoureuse quand on a littéralement le cœur sur la main le siège de l’amour donc c’est chargé de tout cet imaginaire que le roi

    S’assimile au cœur du royaume il est son cœur battant il est son cœur savant il est son cœur il est le courage la mémoire et l’amour tandis qu’à partir de 1380 et de la mort de Charles V mais reprenant une tradition plus ancienne qui s’était notamment développée en Angleterre

    L’inumation séparé du cœur des rois placé dans une urne somptueuse et faisant l’objet d’un rituel spécifique constitue ainsi que la montré Alexandre bande une dimension importante de la religion royale et c’est ainsi que par des images des rituels le vocabulaire de l’amour anime aussi la vie sociale notamment par aussi parce que rhtoriquement

    Elle est au cœur du gouvernement de la grâce comme Claude govard l’a montré dans son analyse des lettres de rémission en accordant son pardon le roi réintègre miséricordieusement le suppliant dans la suggestion et l’obéissance c’est-à-dire dans son bon amour ou encore autre exception qui revient de manière lancinante dans ces

    Actes de la pratique la bonne et ferme loyauté et parfaite amour la thèse récente de Gaetan bonau sur la Jacquerie de 1358 ou plutôt sur sa répression suivie par la vengeance légale de l’action judiciaire décrit ainsi le long ciel de train qui porte la mémoire de l’effroid dans les lettres de rémission

    Puisque la première lettre de rémission donc qui affirme la nécessité d’éteindre la haine afin que l’on cesse de porter malvonté ou rancune date de juillet 1358 à ce moment-là Étienne Marcel est toujours vivant il est assassiné le 31 donc il s’agit de rétablir le vrai et bon amour ou bonne affection et amour

    Les uns avec les autres ainsi un an plus tard dans une lettre datant de juillet 1 59 accordé à un gars Jacques Bedin de la Champagne sur wise pour le meurtre de Robin de la noix qui voulait lui voler un cheval que lui-même avait pris un noble puisque la Jacquerie c’est la

    Guerre des nobles contre les non nobles et bien on lit ce passage qui appelle justement à ce que Lady noble et non noble pour nourrir et garder bon amour entre eux sans par s’en pardonnerait sentre pardonnerait les uns aux autres tout ce qu’il pour voit avoir

    Mes faits les uns aux autres en quelque manière et dans ce cas c’est la réconciliation politique et sociale qui se dit dans le langage royal de l’amour amour amour ils nonont que ce mot à la bouche mais que disent-ils vraiment quand ils le prononcent et l’ont-ils d’illeurs vraiment en bouche

    Cette langue de l’amour dont nous avons vu ensemble qu’elle ne pouvait se concevoir voir que de manière sensuelle charnelle et organique la langue est l’organe de la parole mais aussi du goût ne s’agit-il pas au fond que de paroles gelées comme le dira Rabet que l’on touche sans y goûter d’une plume froide

    Celle routinière des scribes de chancellerie et alors qu’est-ce qu’on fait de cette routine il y a là un problème de méthodologie historique que je crois en grande partie irrésolu je parlais de Benoît Grévin c’est travaux sur la prose d’apparat du pouvoir tel qu’elle se déploie majestueusement dans l’ARS dictaministe

    Ont montré que plus on s’approche techniquement des schèmes d’ornementation rythmique hérité de l’Antiquité tardive qui la musicalise en cursus plus on a de chance de percer les mystères rhtoriques de l’État moderne mais là il s’agit pas de ça nous n’avons là au contraire que le bruit de fond

    Morne sans éclat d’une machinerie langag dogmatique dans la littérature normative ou pragmatique dans les actes parlementaires ou judiciaires mais toujours répétitive et qui s’épuise dans le lieu commun or vous le savez rien n’est plus difficile rien n’est plus désespérant que de faire l’histoire des lieux communs je m’y étais personnellement risqué en traquant

    L’implicite d’un lieu commun dans l’Italie communale justement celle justement de bien commun qui a tour à tour selon les auteurs je veux dire selon l’intensité de leur conscience politique ou leur engagement dans les luttes politique un sens fort et un sens faible le sens fort c’est celui dont on

    Parlait il y a 15 jours dont on peut faire l’histoire conceptuelle c’est celui qui vibre entre ces deux polarités cicéroniennes et aristotélicienne l’idée même de bien commun mais le sens faible on ne peut juste quen constater la diffusion sociale comme un signifiant flottant d’autant plus rassembleur qu’il est vague et porteur

    D’implicite et ainsi peut-on admettre avec Joseline darlia que la banalité du topos configure une communauté culturelle ceux qui s’y retrouvent ceux qui admettent comme banale la notion du bien commun ont quelque chose d’essentiel en commun donc le bien commun se politise et se dépolitise mais c’est quand il est dépolitisé quand il

    Est est ramené à son sens faible qu’il acquire en fait le plus de force sociale et nous le savons bien aujourd’hui nous qui sommes gouverné par des mots vagues et creux et nous le savons aussi parce que nous avons lu Victor clemperer qui décrit la force de ces langages pauvres

    Ce qui s’insinue insidieusement dans les esprits d’autant plus insidieusement qu’il prennent l’allure faussement signifiante de formules répétitives dès lors il convient peut-être de prêter un peu l’oreille aux effets de cette langue politique de l’amour Royal malgré tout même si c’est une langue très appauvrie par rapport à l’éclat chattoyant des langages de

    L’amour tel que nous les avons abordé jusque-là et d’abord doit-on le maintenir dans l’indistinction entre ordocaritatis naturalist et politicous si le roi nous aime nous aime comme il le prétend comme Dieu comme un père comme un amant pour tenter de d’aborder cette question je vous propose d’adopter un un

    Pas de côté de considérer cette question depuis l’espace politique de la Casti médiévale George Martin a proposé une très belle analyse linguistique et et lexicale du poème du side qui est composé en 1207 ou un peu avant et qu’on considère comme la plus ancienne chanson de geste

    Écrit en Castillon et Guinard vous le savez l’exploit de ce chevalier Rodrigue elside campador héros de la conquista Reconquista devenu prince de Valence on retrouve donc toute la noblesse des sentiments dont nous avons longement parl on retrouve l’idéologie du discours amoureux qui se conjugue aisément entre l’amour spirituel et ce que raconte le

    Poème du side c’est qu’entre le roi Alphonse VI et le side il y a bien un conflit amoureux mais celui-ci trouve se résorber grâce aux preuves d’amour de ce vassal parfait qu’est le héros et au total cette réconciliation et ben c’est dans le modèle ligagier ce qui fait la cohésion de

    L’ordre politique je cite George Martin la structure sur quoi plus largement repose l’étagement amoureux analogique du monde c’est le modèle parental cette mise en ordre d’un amour politique Carlos HCH le décrit comme verticale puisqu’il constitue une relation hiérarchique de subordination comme l’amour entre le père et ses enfants une

    Dépendance naturelle dit les cété partidas cette naturalité de l’amour se trouve théorisé dans un traité du 2e quart du 15e siècle le brevilokum deamor et amiciicia de l’humaniste Alfonso de Madrigal dit el tostado qui a été étudié par Mélanie juste il puise dans cette tradition universitaire lui-même est

    Probablement au moins maître s sa doctrine de l’amour de Dieu mais il universalise à tout ce qui met je le cite un feu caché au fond des entrailles c’est-à-dire dans une conception très charnelle du naturalisme amoureux car l’amour dont nous parlons je le cite celui que l’on appelle communément amour

    Se porte sur les choses plaisantes et non sur les choses utiles car les ch utile n’offre en soi aucun plaisir si ce n’est la fin heureuse à laquelle elle se rapporte cette intégration de l’amour charnel dans l’ordre naturel n’enose pas moins un problème politique celui crucial du rapport entre la logique

    Lignagère et la logique élective dans la gouvernementalité François Foronda avec qui j’organiserai le séminaire de moi on a fait l’une des principale grille de lecture des rapports entre souveraineté royale et pouvoir aristocratique dans la Castille de la fin du Moyen-Âge c’est pas seulement que la privauté la priven

    Est le choix de l’amitié contre la parenté dans l’exercice gouvernemental c’est que cette amitié gouvernementale est une relation gouvernementalisante comme il le démontre dans son grand livre privoté gouvernement et souveraineté paru en 2020 à Madrid cette privensa comme formule de gouvernementalité il a décrit effectivement en ferme en terme d’affectivité

    Euh pardon il ne l’a décrit ni en terme d’affectivité ou de sensibilité encore moins d’amour royal ou de partage émotionnel mais simplement de proximité proximité lexical puisqu’il utilise les méthodes de la sémantique lexicographique proximité par lacial puisque ce rapprochement se donne à voir dans la demeure du prince par la

    Distribution des chambres et des antichambres autour de la figure du roi et même très concrètement de son lit car l’image de majesté en régime de privauté c’est celle du roi couché il est couché mais dans un lit d’appara et couronné il est couché mais il ne dort pas il veille

    Et les gardes veillent sur lui il est couché et malgré le prestige de cette imago maestatis risque toujours pourtant de paraître offert et disponible à quelques coup hardis ainsi comme au matin du 14 juillet 1420 l’infant Henri d’Aragon qui fait une éruption fracassante dans le palais de Jean I

    Puis dans la chambre du roi à tordisillas c’est le coup de tordesias s’emparer du roi devient un rituel d’intégration politique dans l’Espagne des trastamar et le 15e siècle va connaître toute une série de récidives des coups des coups d’État golpes qui accompagne l’exacerbation puis l’exténuation du régime de privana au cours du 15e

    Siècle en 1476 par exemple la ville de segovi tombe aux mains des partisans d’Alphonse de trastamar autoproclamé roi de Castille il a réaménagé euh le palais la ville qui l’entoure qui devient une cité palatine comme un espace de privoté devenant invitant ses privados et ses criados à se rapprocher au plus près de

    Sa demeure le chroniqueur et humaniste Alphonse de Palencia l’écrit dans ces décades Henri fit clore de mur une grande partie des forêts situé entre le mont Gobi et sgovi il y fit construire une demeure vaste et magnifique où il s’enfermait il s’en fermé souvent avec ses privados pour festoyer et contempler

    Les innombrables bêtes sauvages revoici donc cette proximité entre la bête et le souverain un souverain qui risque toujours lui-même de faire la bête je vous envoie renvoie sur ce point au passage célèbre de maiavel au chapitre 18 du prince le prince doit donc savoir à l’occasion bien faire la bête

    Benéousar et la bestia et avoir l’air tantôt d’un lion tantôt d’un un renard dans le contexte castillan ce soupçon de bestialité se confond évidemment avec la antise du vice mort le tyran étant toujours suspect d’ d’avoir trop facilement adopté les usages maoméant mais il s’agit pas ici d’évoquer une expérience islamique ou

    Une TR une influence mais l’échange des motifs narratifs qui associent dans le monde musulman des conttes qui intègre aussi l’Orient biblique tyrannie privauté et dérèglements sexuel l’absolutisation du pouvoir animant l’accélération du cycle de la faveur et de la disgrâce la figure des favoris en Angleterre des minons en France érotise

    Cette privens et ça jusqu’au règne de Henri II dans la seconde moitié du 16e siècle comme l’a montré Henri lerou dans son livre sur la faveur du roi mais les minons de Henri II forment d’abord une Camaria au sens propre ce sont les gens

    De la chambre du roi et ceux qui ont un signe pour singulier signe d’amour qui est une distinction qui a d’ailleurs une connotation institutionnelle mais on peut pas non plus ignorer que quand il apparaît en ancien français c’est dans Tristan et isot justement mignon a une connotation sexuelle et on parle alors

    De on de couchettes pour les distinguer des compagnons qui partagent la table et non le lit et dès le 14e siècle l’écrivain satirique Antoine de La Salle dénonce les vicieux mignons qui gouvernent les grands au point d’en faire leur sujet mais que doit-on craindre vraiment la passivité du roi ça

    La civité coupable ou la toutepuissance de l’amour paternel ce que l’on a décrit aujourd’hui sous ce vocable si vague d’amour du roi un psychanalyste et juriste comme Pierre Le Gendre il reconnaîtrait d’abord la figure du père le père du texte de la loi celui qui assoit l’ordre dogmatique sur sa grande

    Des famill c’est cela que raconte l’amour du senseur et non l’érotisation dousâre de quelques amoureux lacifs et parce qu’elle débouche comme l’a montré Ernst kantorovic sur la notion de patrie inséparable de la nécessité de mourir pour elle pro patria Mori elle ouvre cette histoire d’un amour paternelle une histoire autrement plus

    Redoutable car elle fait découler le droit de vie et de mort du pouvoir inconditionnel du pater familias sur ses enfants mâles les travaux de Yan Thomas sur la formule de droit romain Vita SISC potestas permettent de prendre la mesure de cette affinité essentielle entre le père et le souverain ce transfert de la

    Domous à la kiwias ou plutôt vers le seuil d’indistinction entre la maison et l’État et toujours potentiellement meurtrier et quand on lit dans les sources romaines que Brutus avait en faisant mettre à mort ses enfants adopter à leur place le peuple romain alors on comprend que c’est à tout le

    Peuple romain qu’il va appliquer à travers l’image de l’adoption le pouvoir de vie et de mort et l’expression apparemment anodine de père de la patrie trouve sa sinistre signification on repense à Louis XI roi Sand descendards mais pas seulement à lui dire d’un chef qu’il est le père du

    Peuple ou le petit-père du peuple c’est dire qu’il a sur lui pouvoir de vie et de mort état nation patrie langue peuple pourquoi pas tant qu’on est chaud religion que gagton historiographiquement a tout rassemblé dans ce sentiment supposé unanime de l’amour du roi nous n’avons pas besoin

    De roi pour aimer la patrie il faudrait là encore revenir à Machiavel à la manière dont il fait de l’identité blessée malheureuse d’une Italie humiliée par les grandes monarchies la source empoisonnée d’un amour de la patrie il écrit bien entendu qu’il vaut mieux pour maintenir l’état et se

    Maintenir en l’état être aimé plutôt que craint mais y croit–il vraiment et eston certainertains qu’ l’envie au monarchie cet amour Royal j’avais tenté pardon pour euh le moment d’attendrissement de me poser la question voici 30 ans dans un article de la revue médiévale mon premier publié une petite étude sur la célératesse des

    Mar des des méchants petits princes italiens au miroir du romantisme euh français je les lisais au-dessus de l’épaule de du Hugo ou de standal et ça s’appela ça s’appelait de la cruauté euh comme principe de gouvernement et j’avais cru comprendre en fait que ce qui attirait les romantiques français

    Dans ces petites histoires italiennes de ruse et de détestation c’est que justement le pouvoir se jouit là à distance à défiance et laissaer l’amour là où il est là où il doit être dans nos cœurs et euh c’est d’ailleurs ce que je disais encore il y a 2 semaines finalement euh

    Euh est enviable et démocratique la situation où on s’épargne les grands sentiments en PO politique et le texte achevait par une vraie fausse citation enfin en tout cas CIT comme ça ça se terminait comme ça il n’y aurait eu pour michlek un seul véritable mystère dans l’histoire de France pourquoi avons-nous

    Tant aimé nos rois il y avait pas de guillemets je pense pas l’avoir inventé à cet âge là on fait gaffe quand même et puis toute façon Jean-Louis Biget m’avait relu scrupuleusement donc c’était une citation mais en style indirect libre et j’en ai complètement oublié la la provenance alors j’ai j’ai j’ai cherché

    En fait je cherchais pas au bon endroit Michel ne parle pas du Moyen-Âge mais de la Révolution française et est-ce que c’est pas d’ailleurs implicitement tout ce que ces gens font tous les historiens du National euh moi-même je voulais travailler sur la Révolution française j’en avais alors parlé avec Philippe

    Minard qui nous a quitté brutalement ce weekend et donc je veux aussi saluer la mémoire c’est un sal temps pour les historiens et puis j’avais fait un maîtrise sur la Révolution et puis Biget m’avait dit bah oui moi-même j’en ai fait une sur la Commune de Paris donc

    Tout va bien c’est un bon passeport pour le Moyen-âge et ça y est j’ai retrouvé la citation de Michely entre-temps c’est dans l’avant-pros de l’histoire de la Révolution française justement la deuxème partie l’ancienne monarchie un long développement sur le dévouement du peuple pour Louis XIV c’est ici un trait

    Singulier de la France ce peuple n’a compris longtemps la politique que comme dévouement et amour puis ce passage la seule question obscure Mo mystère la seule question obscure était celle de la royauté question non de pure forme comme on l’attant répéter mais de fond question intime plus vivace qu’aucune autre en

    France question non de politique seulement mais d’amour de religion nul peuple n’a tant aimé ses rois c’est beau c’est exagéré c’est Michelet comme le dit Antoine Lilti en tout cas ça s’impose sourdement sournoisement à toute l’historiographie française j’ai au moins trouvé le titre de la séance qui s’achève et peut-être

    Aussi la manière d’aborder la suivante qui sera la dernière et s’intitulera logiquement la fin de l’amour on y parlera du 16e siècle parce qu’il faut être sérieux quand même à un moment on peut pas sans cesse faire le pont entre Moyen-âge et Révolution française voilà c’est ça il faut être sérieux je

    Veux dire qu’il faut continuer à jouer le jeu tristesse des génération sans m disais-je peine des de voir mourir les siens je ne trquerai pas ma peine pour cette tristesse je veux rester le roi de ses chagrins car avec elle je garde quelque chose comme une joie invincible je vous remercie de votre

    [Applaudissements] [Musique] tr

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