Brigitte Kusterđź’¬: “Cette dĂ©libĂ©ration vise Ă approuver le projet transitoire d’établissement du Conservatoire Ă Rayonnement RĂ©gional afin de solliciter auprès du Ministère de la Culture le renouvellement de ce classement pour une durĂ©e de sept ans.
Il n’est évidemment pas question de s’opposer à une telle demande. Rappelons en effet que le classement des établissements artistiques et musicaux par région selon des critères prenant en compte le nombre et la diversité des disciplines enseignées a été instauré par André Malraux. Rappelons aussi que ce classement poursuivait un objectif de démocratisation active de la culture et de décentralisation du système d’enseignement artistique en France, c’était déjà la volonté de « la Culture pour tous » !
Je rappelle que le CRR est agréé pour délivrer l’enseignement du cycle préparatoire à l’enseignement supérieur. Il est le seul établissement parisien délivrant un diplôme de fin d’études musicales : le DE (diplôme d’études musicales ou chorégraphiques). Il permet aussi à certains de ses élèves de poursuivre des parcours d’excellence à travers les doubles cursus, ou encore la maîtrise. Il contribue par ailleurs au fonctionnement quotidien du Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris-Boulogne-Billancourt (PSPBB).
Cette délibération par ailleurs nous interpelle sur un tout autre aspect celui de la possibilité de bénéficier des offres de ce Conservatoire, en effet les élèves qui y sont admis le sont sur test d’entrée. Le CRR est un établissement d’excellence, proposant des parcours de qualité menant à une pratique professionnelle ainsi qu’à une pratique artistique amateur vivante. Et ils sont ouverts par des programmes spéciaux aux étudiants d’outre-mer ainsi qu’aux étudiants étrangers. Et c’est très bien comme ça.
Mais, cela ne peut que nous interpeller alors que les étudiants parisiens qui voudraient simplement pratiquer la musique en conservatoires municipaux d’arrondissement doivent se contenter du tirage au sort en guise de sélection.
Et ça, mes chers collègues, cela ressemble à une discrimination, c’est-à -dire d’un traitement inégal fondé sur l’appartenance à une communauté, en l’occurrence sur l’origine géographique.
Et je le dis consciemment, informée comme je le suis par la réunion que vous avez eue sur les conservatoires municipaux d’arrondissement la semaine dernière.
Et lors de cette réunion, il a été rappelé qu’en septembre, un élève sur deux demandant à rentrer en conservatoire a été refoulé, faute de place, et ce, par la méthode du tirage au sort. Ainsi ce sont près de 3000 enfants qui ont été refusés sur la base de quoi ? D’un lancer de dé, de pile ou face, d’un tirage aléatoire par algorithme ?
Et ce système, vous l’assumez. Vous l’assumez parce que, je vous cite la semaine dernière : « Le tirage au sort est encore le moins inique des systèmes, le système permettant la plus grande justice sociale ». Mais combien d’enfants aux capacités et appétences reconnues se voient ainsi mis sur la touche ?
Alors, je profite de cette dĂ©libĂ©ration, que nous voterons Ă©videmment, pour vous demander : quand comptez-vous mettre fin Ă la discrimination que vous pratiquez consciencieusement et dĂ©libĂ©rĂ©ment depuis des annĂ©es, quand prendrez-vous enfin l’intĂ©rĂŞt de chaque enfant ?”