#Lénine #Besancenot
A l’occasion des 100 ans de la mort de Lénine, la librairie La Brèche et le NPA ont organisé une discussion autour de l’actualité de la pensée du révolutionnaire mort le 21 janvier 1924. Une centaine de personnes étaient présentes pour assister au débat avec Ludivine Bantigny et Olivier Besancenot.

Introduction
00:03:41 Ludivine Bantigny
00:12:10 Olivier Besancenot

Impérialisme et internationalisme
00:21:05 Olivier Besancenot
00:28:25 Ludivine Bantigny

La démocratie et la question de l’État
00:38:04 Ludivine Bantigny
00:48:20 Olivier Besancenot

Quel parti ?
00:58:00 Olivier Besancenot
01:04:20 Ludivine Bantigny

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Lénine, c’est quelqu’un dont nous revendiquons l’héritage en tant que marxiste révolutionnaire. Dans l’actualité politique, il y a vraiment une sorte de reviviscence. C’est peut être un mot un peu exagéré, mais en tout cas, on rediscute de Lénine. Donc, aujourd’hui, le mouvement ouvrier, le mouvement d’émancipation, la gauche sociale et politique française,

Mais pas que, est orpheline d’un débat sur les questions stratégiques. Or, précisément, l’apport de Lénine et des bolchéviks, c’est d’avoir pensé des questions stratégiques, Bienvenue à cette soirée organisée par la librairie La Brèche et le NPA parisien. Donc nous avons tenu à organiser une soirée pour commémorer

Les 100 ans de la mort de Lénine. Évidement, Vladimir Lénine, c’est quelqu’un dont nous revendiquons l’héritage en tant que marxiste révolutionnaire. Et donc c’est pour cette raison que nous avons donc voulu faire cette soirée avec, d’une part, Olivier Besancenot, un de nos porte parole le plus connu, et avec l’historienne aussi

Très bien connu Ludivine Bantigny, qui était d’accord pour venir pour que ici, on discute de l’héritage de Lénine. Quand vous avez l’héritage très important du dirigeant principal de la révolution russe de 1917 et avant et malheureusement pas trop longtemps après. Parce que là, c’est aussi une question de ce qui s’est passé

Avec cette révolution après la fin de la vie de Lénine. Donc, la façon dont nous allons faire, c’est d’abord Ludivine et Olivier vont dire chacun quelques mots d’introduction. Ensuite parce que pour ne pas avoir de long exposée de la part de chaque intervenante/intervenant. Donc ensuite, une intervention de chacun sur l’internationalisme et l’impérialisme.

Ensuite, on changera et ça sera sur la démocratie et la question de l’État. Et une quatrième partie sur justement la question du parti. Donc, comme tout le monde le sait probablement Lénine, il a écrit un bouquin très connu : Que faire ? Mais nos deux invités aussi, Olivier Besancenot et Ludivine Bantigny.

Donc voilà, on va voir… En sachant que le tout premier Que faire ? c’est quand même un roman russe. Donc. Et bien voilà. Donc on va voir comment est ce que ces différentes idées se rejoigne et quel est leur pertinence pour aujourd’hui ? Donc pour la première partie, donc,

Chaque fois, l’intervention va durer à peu près sept minutes. Donc pour la première partie d’introduction, les enjeux de la discussion, on va commencer par Ludivine et ensuite Olivier. Merci beaucoup Penny. Merci beaucoup à vous d’être là. Et merci à toutes celles et tous ceux qui ont organisé cette soirée.

Je suis ravi d’avoir cette discussion collective avec vous parce que bon, j’imagine qu’on est un peu tous et toutes dans la même perspective, à savoir de ne pas statufié Lénine, d’en prendre la part qui nous revient dans cet héritage, tu l’as rappelé, Penny.

Et de souligner de la manière la plus fine Je ne sais pas si on aura le temps d’être fin et subtil, mais en tout cas de remettre Lénine, et pas seulement Lénine, mais en fait ses camarades et toutes les forces révolutionnaires qui ont été contemporaines de cette époque si dense et si intense,

Dans un contexte qui pose des questions stratégiques majeures. Et c’est, je pense, surtout, eu égard à cette à ces questions stratégiques, à cette question de l’actualisation non seulement des débats bien sûr, mais aussi tout simplement des pratiques. Il y a un vieux mot marxiste qui est toujours utile, qui est la praxis,

Mais là, je pense que c’est vraiment utile de le mettre au cœur de notre discussion de ce soir, c’est à dire l entremêlement permanent de la pratique et de la théorisation qui en résulte. Voilà donc que faire de Lénine quelqu’un qui n’est jamais momifié ?

D’ailleurs, c’est lui même qui le demandait dans l’État et la Révolution, l’État et la Révolution. Mais on va avoir l’occasion d’en discuter sans doute un peu plus précisément. Mais ça a été rédigé entre 1916 et 1917. Je peux imaginer le contexte d’une grande densité révolutionnaire.

Et en fait, il parlait des dirigeants révolutionnaires précisément, qui, à leur mort, sont souvent momifié et compris par les partisans, qui aussi fit en quelque sorte leur pratique. Et il montrait que finalement, c’était une manière de émousser le tranchant révolutionnaire de ces grands morts, une façon de les tuer en quelque sorte.

Et c’est d’ailleurs intéressant que Daniel Bensaïd que sans doute on citera à plusieurs reprises, avec la filiation du philosophe allemand et marxiste libertaire Walter Benjamin, s’insurgeait justement contre toutes ces formes de momification, puisque c’est perdre encore une fois l’essence de la chose politique.

Et Lénine, dans l’État et la Révolution, disait qu’à ce moment là, on cite surtout son nom, le nom du grand homme révolutionnaire et pas le contenu de son ardeur justement dans les luttes. Et il disait aussi que c’était une forme de consolation, mais qui n’était pas utile, que c’était

Une sorte de revendiquer testamentaire que de ne pas être momifié. Il s’agit aussi de respecter cette dimension. Il y a une personne que je voudrais citer qui n’est pas, qui n’est pas un camarade. On va dire qu’il y a un historien étasunien qui s’appelle Robert Services

Qui a publié une biographie de Lénine qui est vraiment assez dure. Et c’est lui même un historien qu’on pourrait qualifier d’anti communiste. Mais ce que j’ai retenu, entre autres choses, de cet ouvrage qui est en soi quand même intéressant, c’est qu’il dit que ce qu’il faut reconnaître

À ses yeux, c’est le plus essentiel et on pourra jamais le retirer à Lénine. Donc, même un adversaire farouche qui se positionne dans son historiographie le dit. C’est que, en fait, la sincérité de Lénine pour l’émancipation dans la lutte radicale contre l’exploitation et l’oppression,

Pour un avenir justement émancipé ne peut pas lui être retirée. Donc ça me paraît quelque chose de tout à fait fondamental. Alors, ce qui nous a intéressés quand on a discuté avec Olivier pour préparer un peu cette soirée, c’est que dans l’actualité politique,

Il y a, il y a vraiment une sorte de reviviscence. C’est peut être un mot un peu exagéré, mais en tout cas, on rediscute de Lénine. Vous avez peut être vu et cet excellent en librairie vous offrira de quoi vous nourrir largement. Il y a plusieurs ouvrages qui sont sortis.

Marina, aux éditions sociales, a vient de publier un ouvrage sur Lénine qui, dit elle, montre que Lénine peut redevenir un objet chaud envoyé au sens où on parlait des courants chauds du marxisme, des courants justement vivants qui se posent la question des sujets révolutionnaires et de l’action révolutionnaire.

Donc, voilà que, en tout cas, Lénine peut redevenir un sujet de discussion politique, militante, stratégique. Un objet de controverse, bien sûr, puisque, encore une fois, voilà, on va pas le statufiés. On va essayer vraiment de réfléchir aux limites intrinsèques de la pratique, mais on en le remettant chaque fois.

Comme je l’ai dit dans son contexte et de ce point de vue, alors il y a un autre que faire alors ? Il y a les Tchernychevski, Lénine, Besancenot. Moi, j’ai fait comme ça. Et puis il y a aussi à Lorient. Il y a Guillaume Fondu, qui a publié un ouvrage

Que j’ai trouvé vraiment très bon, qui s’appelle Que faire de Lénine ? Euh. C’est vraiment très bon. Livre qui en fait, s’interroge sur le Lénine, évidemment bon marxiste stratégique. Mais ce qu’il a, ce qu’il dit, c’est que ce qui est déjà intéressant dans son livre, et c’est

Ce qu’on peut essayer de faire, c’est encore une fois de ne pas isoler Lénine. Non pas seulement bien sûr, de son contexte, mais des controverses dans lesquelles il était prisonnier. Parce que c’est un peu trop facile de ne parler que de Lénine comme si il était isolé tout seul, surplombant la situation.

Mais voilà, ce qui est intéressant dans le livre de Guillaume, c’est que les controverses sont bien restituées. On pourra y revenir sur toutes les questions qui nous, qui nous préoccupent. Et en fait, c’est cette question stratégique. Elle est ici majeure pour comprendre à Lénine, qui est toujours un penseur de l’action.

Donc ce qu’il faut souligner tous ces ouvrages, très nombreux parmi les ouvrages qui m’ont marqué, moi, c’est le livre de Tariq Ali qui s’appelle Les dilemmes de Lénine et qui est vraiment très, très subtil historiquement et politiquement, et qui revient sur tout

Un certain nombre de sujets, dont par exemple la question majeure des femmes. Ce qui nous a frappé aussi en parcourant un peu la manière dont Lénine est à nouveau non seulement mentionné parce que ce ne serait pas très intéressant, comme vous le savez, c’est aussi le cas pour Marx.

Il y a toute une redécouverte de Marx, y compris de la part de gens qui ne sont ni marxistes, ni en tout cas engagés dans la lutte pour l’émancipation, mais qui le font à titre philosophique là. Parmi les, les théoriciens. Mais ce n’est pas en tant que théoriciens qui peuvent nous intéresser, mais

En tant que ce sont aussi des personnes vraiment engagées dans la lutte. Il y a notamment Andreas Malm qui, dans différents ouvrages, mais notamment dans La Chauve-Souris et Le Capital et Une minute, La chauve souris et Le Capital, parle d’un léninisme écologique. Voilà qu’il parle notamment.

On pourra y revenir du communisme de guerre comme une manière de s’inspirer là de sur la question de la planification écologique. Bon, il y a parmi les camarades qu’on connaît aussi philosophes et économistes, mais aussi alors je ne sais pas si on peut dire militant.

Plus on est filmé, donc il faut qu’on fasse très attention à ce qu’on va dire. Frédéric Lordon, qui parle de néo léninisme et en tout cas ce qui nous a intéressé, Olivier et moi. Mais Olivier va en parler, et plus précisément sans doute,

C’est qu’on suive aussi une trame sur une double trame. C’est le fait que la pensée de Lénine n’est jamais, jamais figée. C’est vraiment une pensée qui évolue de manière extrêmement. Il est intrinsèquement lié à la situation socio économique et de l’état des forces politiques et des forces productives et de la subjectivité révolutionnaire.

Mais le deuxième axe qu’on voudrait suivre, et d’ailleurs, il est lié, c’est celui d’un léninisme libertaire. C’est une formule qui a été utilisée par Daniel Guérin, donc mélange. D’ailleurs, oui, je finis d’anarchisme et de et de pratiquer. C’est en soi une synthèse intéressante

Et c’est une formule qui a été aussi reprise par Daniel Bensaïd. Alors Olivier, d’abord de vous saluer tous et toutes et de remercier la librairie La Brèche pour l’organisation de cette rencontre avec Ludivine. Et c’est un plaisir de pouvoir discuter avec toi de ces questions là, comme d’autres questions.

Avec une pensée particulière quand je pense à la Brèche. Toujours pour Héléna qui pendant longtemps a tenu cette librairie et discuté donc de ce thème. Ludivine a déjà dit beaucoup de choses à la fois. Là j’allais dire la nécessité, mais surtout de l’utilité ou pas d’aller piocher dans l’héritage politique de Lénine,

De sa pensée, de son action à lui, mais aussi de tous ses camarades. Parce que ce qui nous intéresse, c’est une fois encore, c’est la réfraction d’une période, d’une épopée collective où on ne voit pas l’histoire par en haut, la grande histoire faite par les grands hommes

Parce que c’est toujours les grands hommes avec un grand H qui font l’histoire. Nous, ce n’est pas, ce n’est pas le genre de la maison, Ce n’est pas comme ça qu’on voit les actes d’émancipation. Et dans l’histoire de l’émancipation, il y a Lénine et c’est ça

Qui nous qui nous intéresse à l’occasion d’une date anniversaire. Alors, même si on ne verse pas trop dans les dates anniversaires parce que c’est aussi, ça pourrait être une façon de le modifier encore. Mais c’est une occasion. D’autant qu’il y a en effet ce petit regain d’intérêt

Qui n’est pas une déferlante mais qui existe. Tu parlais de Frédéric Lordon. En effet, le néo léninisme Andreas Mann, qui est quand même une figure dans la lutte écologique et qui parle de cette proposition du léninisme écologique, en effet, qui est une proposition de comparer en gros

La crise climatique actuelle à ce qu’a représenté la Première guerre mondiale pour les bolchéviques, c’est à dire l’opportunité de transformer une guerre en crise révolutionnaire. Et puis globalement, c’est ce qu’il propose de faire avec la crise climatique, c’est à dire donner une idée de la rupture nécessaire,

Pas simplement en termes de rupture du point de vue des rapports marchands, mais aussi ce que ça signifie du point de vue des questions politiques, étatiques, et cetera. Et puis Lénine et il est toujours dans l’actualité, même de la pire des manières, ne serait ce que quand la guerre en Ukraine débute.

Voilà, elle existe toujours cette guerre en Ukraine. Poutine Poutine cite Lénine dès le début de la guerre en Ukraine, tout de suite au départ pour pourfendre les positions de Lénine dont il. La Russie paie les mauvais choix politiques. Et d’opposer à Lénine Staline puisque c’est peu su, mais en l’occurrence

Lénine et les bolchéviques pour le droit à l’autodétermination des peuples. Cela valait également pour l’Ukraine. Donc ça, c’est un legs de la révolution russe de 1917, le restant la famine en Ukraine et ce qu’on subit aujourd’hui comme héritage différé. C’est un legs de la contre révolution bureaucratique et totalitaire.

Donc quelque part, le spectre de Lénine continue à planer sur la place Rouge et les les dirigeants de la Russie actuelle, on peut le comprendre, mais c’était le cas aussi de l’époque soviétique. Donc moi j’avais été déterré à l’époque des 100 ans de la révolution russe.

Donc comme quoi je me contredis parce qu’en fait je suis toujours dans les dates anniversaires. Une blague qui, semble t il, était en cours et assez populaire dans les rues de Moscou dans les années 60, au moment de l’élection de Brejnev, l’arrivée de Brejnev au plus haut sommet de l’État soviétique.

Brejnev, ça ne parle plus à personne, évidemment, mais c’était un pur produit de l’école stalinienne et il arrive à se hisser à la tête du Politburo et la blague populaire dit Brejnev. Dès qu’il est nommé, on mène tout de suite sa mère au Kremlin pour lui faire visiter un salon magnifique,

Lui présente un vaisselier extraordinaire. En lisant ça, tu vois, maman, c’était au tsar et maintenant c’est à nous. Et contre toute attente, sa mère ne réagit pas plus que ça. Donc ils l’emmènent dans les appartements privés. Une suite magnifique. Une salle de bain lui dit Tout ça, ça va être à nous.

Pas de réaction. Il est un peu piqué au vif, donc ils l’emmènent en hélicoptère pour survoler la datcha dans laquelle ils pourront aller en vacances, me disant Maman, on pourra aller se reposer là bas. Sa mère ne réagit toujours pas, donc là, il explose en disant Je ne comprends pas, maman,

Depuis tout petit, tu me dis qu’il faut réussir dans la vie. Je suis en train de te dire tout ce qu’on a et toi, tu dis rien. Et sa mère lui répond, les larmes aux yeux Tout ce qu’on a ? Oui, mais imagines seulement

Que les bolchéviques, les rouges et Lénine reviennent au pouvoir. Qu’est ce qui va nous rester de tout ce qu’on est donc ? Comme quoi, même de manière intuitive, dans les couches populaires, je ne sais pas quelle réfraction ça avait, Il y avait quand même

Une approche qui avait bel et bien eu une rupture entre les promesses formulées par la révolution russe, y compris par Lénine. Et puisque interviendra plus tard, c’est à dire une caricature sanglante et totalitaire. Donc là, il y a une question de mémoire. La mémoire, c’est un sujet de bataille politique pour aujourd’hui.

Dire que les révolutions ne sont pas les contre révolution et cerner les problèmes politiques, ça a un sens pour le combat d’émancipation actuel. Mais c’est vrai que quand on l’a préparée avec Ludivine, on ne voulait pas se cantonner à ça, mais essayer de voir en quoi

Il y a des axes qui nous permettent de penser et agir aujourd’hui. Donc moi, de ce point de vue là, j’en avais parlé au téléphone. Une expression en effet de Daniel Bensaïd, notre camarade qui était à la LCR ou NPR, qui est un philosophe, un militant qui définissait alors Daniel s’est

Battu pour que Lénine reste à l’ordre du jour de notre courant politique. Pas qu’il avait disparu, mais disons qu’il tenait à ça. Et il y définissait Lénine comme un stratège du temps brisé. Et moi, cette expression, elle me parle parce que je crois que ça renvoie à

Deux éléments fondamentaux dont on se sent cruellement orphelins aujourd’hui, c’est à dire les questions stratégiques. Et puis, la question de subir un temps historique qui nous paraît et qui nous est présenté comme linéaire. Donc, aujourd’hui, le mouvement ouvrier, le mouvement d’émancipation, la gauche sociale et politique française, mais pas qu’eux,

Est orpheline d’un débat sur les questions stratégiques. Or, précisément, l’apport de Lénine et des bolchéviks, c’est d’avoir pensé des questions stratégiques, de ne pas être cantonné à être sur la défensive, à résister. Dire non, accompagner seulement les luttes. Avoir une question stratégique, c’est penser un projet, c’est imaginer

Qu’on est en situation de faire, à partir de questions immédiates, qui nous emmène à des questions stratégiques, les questions immédiates défendues par les bolchéviques pendant la révolution russe, qui est donc un processus comme toute révolution ? C’est assez simple, c’était du pain, la terre, la paix.

Mais les premières mesures qui ont été prises par les bolchéviques, c’était quoi ? Nationaliser toutes les banques et annuler la dette. C’était là des questions qui touchent à une question éminemment stratégique, celle de la propriété, qui n’est pas discutée aujourd’hui à gauche, alors qu’elle devrait être discutée puisque la question

De la crise climatique, la question des services publics, la question de l’énergie, la question des banques nous amène à cette question là. On a vécu une mobilisation sur les retraites il y a un an, où il était question de la sécurité sociale, des cotisations sociales.

C’était l’opportunité de discuter de ce que la cotisation sociale comme salaires socialisé pourraient nous permettre de prendre possession de nos propres revenus dans un fonds qui serait autogéré, qui serait la Sécurité sociale, c’est à dire d’avoir un germe de socialisme qui pourrait se nicher dans les flancs de la société actuelle.

On ne l’a pas fait. Dernière chose et je termine là dessus. C’est en effet l’autre élément, c’est cette histoire linéaire qui nous est présentée comme linéaire. Le fait qu’en gros, il n’y a pas un événement qui se passe dans ce pays sans qu’on ait l’impression qu’il y a un feu

Toujours plus vert pour l’inexorable ascension de l’extrême droite au pouvoir et que face à ça, on n’y peut rien. Or, la pensée de Lénine, c’est d’imaginer que pour Lénine, la vie politique, c’est une affaire de pulsation politique. C’est tout sauf une courbe linéaire. C’est fragmenté, fracturé. Il y a des accélérations, des décélérations.

Et la politique, c’est l’art de penser. L’irruption de l’événement, même si la porte est étroite, c’est comment s’engouffrer pour qu’un autre possible intervienne. Et ça, ça nous parle aujourd’hui, ça nous parle aujourd’hui parce que dans la période qui est compliquée et qui va l’être, faire de la politique,

Ça va vouloir chercher à être prêt à s’immiscer dans cet autre monde qui sera probablement extrêmement faible. Donc, en effet, Daniel, quand il remettait au goût du jour la pensée de Lénine, me prenait parfois m’interpeller un peu, un peu vertement, en me disant que j’allais trop, trop de manière

Trop lapidaire avec Lénine, et qu’il y avait la possibilité, en effet d’essayer une synthèse entre une partie du léninisme, une idée des idées libertaires, mais avec une leçon fondamentale Je termine sur ce mot là, c’est que pour Lénine, la politique, c’est aussi un champ autonome,

C’est à dire que la politique, ce n’est pas que la politisation de la question sociale et les luttes économiques, ce n’est pas simplement faire du syndicalisme plus. C’est aussi l’affaire Dreyfus. En France, c’est une lutte étudiante, c’est un traité constitutionnel, c’est avoir une vision globale.

Et ça, je crois que ça nous parle aussi d’aujourd’hui. Merci. Alors je vous rappelle Ludivine, notamment, a cité plusieurs ouvrages qu’elle recommandait de lire Que nous avons derrière une table tenue par la Brèche avec un certain nombre d’œuvres. Et il y a évidemment la librairie La Brèche qui je vous le rappelle

Est ouverte tous les jours de 12 h à 20 h, sauf le lundi, sauf le dimanche évidemment, et le lundi à 12 h. Donc vous êtes toujours le bienvenu pour passer chercher des œuvres, discuter avec les libraires qui peuvent, qui peuvent vous conseiller, acheter des œuvres de Lénine

Et de Daniel Bensaïd et de Ludivine et d’Olivier, et cetera Et voilà donc, mais justement, une des œuvres les plus connues de Lénine, c’est sur la question de l’impérialisme L’impérialisme, le stade suprême du capitalisme. Et donc cette prochaine partie va être impérialisme et internationalisme. Et donc là,

Cette fois ci, ça va être Olivier qui commence pour sept minutes sur ce thème. Et après ça s’arrête. Ludivine donc regard de ce bolchevik du Débarquement, Vous voyez donc du coup, je vais, je vais continuer là où je me suis arrêté. C’est à dire quand Daniel essaie de réhabiliter

Lénine puisque je bloque un peu sur Lénine pour rien me cacher. J’avais lu quelque biographie comme tout le monde, comme je l’ai fait, quelques formations politiques et toutes ces lettres qui terminait par fusiller les fusillés, fusillés, les fusillés, ça ne rend pas forcément le personnage plus sympa, qui plus sympathique que ça.

Alors évidemment, il y a le contexte. J’ai compris, j’ai compris que tous et toutes n’avaient pas été fusillés. Mais enfin quand même. Et du coup, par le biais des idées, il y a des choses qui parlent. Et en effet, de manière volontaire, peut être volontariste.

On a voulu commencer par cette question qui m’a plu. En effet, dans ce que pouvait écrire Lénine, c’est la question de l’internationalisme et de l’anti impérialisme. Avec cet écrit le stade suprême du capitalisme. L’impérialisme, qui est donc écrit en 1916, qui se présente comme une œuvre de vulgarisation politique

Qui est importante. Pourquoi ? Et là aussi, ça nous parle aujourd’hui ? C’est que pour Lénine comme pour ses camarades, une fois encore, on ne peut pas agir ici si on ne cherche pas à penser le monde. Bon, et ça, ça devrait peut être alerter toute la gauche sociale et politique

Qui en ce moment fait beaucoup, beaucoup, mais pas ça. Voilà. Alors vous me direz été amenés à le faire les uns et les autres, puisqu’il fallait penser l’Internationale pour la simple et bonne raison que dans ces années d’exil, les uns et les autres étaient souvent en dehors de la Russie.

Lénine, comme les autres, a passé des années bien meilleures en Allemagne, en Suisse, en France. Il a passé deux années d’exil où d’ailleurs il faisait des réunions publiques où la première partie était une représentation musicale assurée par un chansonnier qui s’appelle Monthéus.

Pour ceux qui connaissent, c’est celui à qui on doit Gloire au 17ᵉ ou la Butte rouge. Donc il y avait un concert avant le meeting. Voyez comme quoi le monde on n’était pas, on n’était pas trop dans le noir et blanc puisque nous même on a oublié de le faire.

Donc peut être qu’il faudrait le refaire, mais ça a obligé à penser le monde et donc Lénine. En gros, dans cette élaboration en plein cœur de la première guerre mondiale, nous explique que ça correspond le choix des guerres d’annexion à des choix qui ne sont pas que des choix politiques,

Qui sont liés aux contradictions inhérentes du développement du système capitaliste qui se traduit par l’avènement du pouvoir des monopoles, c’est à dire des multinationales. Grosse actualité puisqu’on voit quel est le pouvoir des multinationales et le pouvoir accru du capital financier qui impose sa dictature à toute l’économie.

Cruelle actualité également et que cela se traduit par un partage du monde entre ces multinationales et par un partage des puissances du monde pour acquérir de nouveaux débouchés, et cetera Donc évidemment, ça, c’est extrêmement fort pour être tout à fait honnête.

Avant lui, il y a eu quand même une grande révolutionnaire qui a contribué aux travaux théoriques sur cette question qui s’appelle Rosa Luxembourg qui, dès 1913, dans l’accumulation du capital du capital, va actualiser la pensée de Marx sur cette idée précisément. C’est à dire que, en gros, l’impérialisme naît de l’incapacité pour le

Capital de créer la plus value à la hauteur de ce qu’il lui faudrait dans dans un lieu qui serait trop clos et qui se résumerait en gros un face à face entre le capital et le travail et l’ouvrier et l’employeur. Il faut, comme Marx l’avait défini en capital,

Des moyens pour le capital de se valoriser autrement avec de nouveaux cycle de reproduction du capital qui se font en dehors de l’usine, en dehors des frontières. Et du coup, Rosa, elle, de manière prophétique, dans le pire sens du terme, voit déjà que la guerre, c’est le prolongement

Sur le terrain militaire d’une compétition qui a lieu sur le terrain économique. Donc ça, c’est extrêmement important. Parce que penser le monde d’aujourd’hui, ça a évidemment des traductions pour aujourd’hui. Dans la situation actuelle, comprendre la situation dans laquelle on est, qu’on ressent peut être, et c’est tout intuitivement, c’est à dire

Qu’on n’est plus dans le cycle qu’on a connu, qui a duré 30 ou 40 ans, d’une mondialisation libérale qui est une mondialisation heureuse dans tous les cas pour les actionnaires, les multinationales, et qu’on est revenu dans une situation où on ressent la compétition entre les Etats. Le retour du protectionnisme,

Même dans les puissances capitalistes les plus importantes, le retour des guerres, même si elles n’avaient jamais disparu, mais des guerres régionales de haute intensité où on sent que le monde est à deux doigts de basculer à chaque fois. Donc, l’internationalisme se pratique

Pas non plus de la même manière selon qu’on est dans tel ou tel cycle. Par exemple, la première Internationale l’a été. Elle est fondée en 1864 dans une phase de mondialisation, on va dire à Londres. Elle a été préparée malencontreusement par le gouvernement français dès 1862,

Car la mauvaise idée d’envoyer une délégation de 500 ou 600 ouvriers pour aller dans le cadre de cette exposition, découvrir les bienfaits des nouveaux produits manufacturés, des jouets de l’industrie. Sauf qu’évidemment, il y a une rencontre entre les militants ouvriers qui préparent des initiatives.

Et ça, ça va participer de la naissance de laïcité deux ans plus tard. Toutes proportions gardées, c’est ce qu’on a essayé de faire avec le mouvement altermondialiste Où. Mine de rien, je sais que c’est devenu très tendance de balayer d’un revers de la main.

Mais enfin, il y a quand même des contre ont profité des sommets de chaque institution internationale pour faire des contre sommet. On a fait des contre forums, il y avait 20 ou 30 000 personnes quand même. Après se connaître, je maintiens qu’on était mieux dans cette situation qu’en l’absence de tels rapports.

Et puis, il y a d’autres phases fondatrices pour l’Internationale. Ce sera le cas de Lénine et de quelques autres qui interviennent dans des périodes de guerre et qui préparent autre chose. On pense évidemment à la conférence de Zimmerwald en septembre 1915, où là, pour le coup, c’est vraiment le creux de la vague.

C’est la réunion de ceux et celles. Et ils sont vraiment pas nombreux et nombreux à s’opposer aux crédits de guerre, à l’union sacrée qu’ont rallié toutes les directions de la social démocratie dans le monde, c’est à dire d’envoyer des millions de jeunes hommes

Mourir dans cette boucherie qui a été la Première Guerre mondiale. Et là, il y a les opposants qui se réunissent à Zimmerwald en Suisse. Et il y a une gauche qui se crée avec une idée de Lénine qui consiste à dire Il ne va pas s’agir simplement de recoller

Les morceaux de la deuxième Internationale qui a failli. Il va falloir repenser autre chose. Donc, en filigrane, il y a autre chose qui va apparaître. Et là, ce n’est pas pour donner, mais pour vous donner une idée. Il y avait 38 personnes, 38 délégués à Zimmerwald.

On est déjà beaucoup plus nombreux ce soir. Donc ça donne des raisons d’espérer, vous voyez, C’est à dire qu’il y a des moments où c’est super compliqué. Et finalement, le fait de maintenir des relations, c’était ça le sens de mon propos Dans cette situation là,

Plus que quand c’est facile de le faire, a encore plus d’importance parce que c’est tout sauf naturel et spontané de prendre du temps pour apprendre à connaître les uns et les autres secteurs sociaux, secteurs politiques, de ce que peuvent représenter des discussions, des discussions stratégiques.

Je termine donc sur la minute qui me reste par un autre événement politique qui est lié à cette pensée et cette praxis, en effet, qui est une portée de la révolution russe. La Russie. La révolution a lieu là. C’est déjà une première manière de se décentrer de ce qui était présenté

Comme le centre traditionnel du mouvement ouvrier, le berceau du mouvement ouvrier, l’Allemagne, l’Angleterre, la France. On est déjà en Russie et après et dans le sillon de la Révolution russe. En septembre 1920 a lieu un congrès en Azerbaïdjan, à Bakou, qu’on appelle le Congrès des peuples d’Orient.

Il y a plus de 1800 délégués, 50 100 femmes, mais des interventions aussi de militants, de femmes qui vont parler d’ailleurs de la question du voile dès cette époque là et qui est un événement politique fondateur parce que ça décentre le mouvement ouvrier. La question coloniale, elle, est présente et de ce congrès

Vont naître en réalité des générations qui, plus tard, vont se battre. Dans les années 20, dans les années 30 et avec des rebonds jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, des questions de lutte, de libération nationale et des projets de lutte révolutionnaire. Donc, là aussi pour toute la gauche, à bon entendeur, salut !

Ça serait bien de regarder autre chose. Peut être que son nombril. Olivier, Donc Ludivine ? Euh, oui, bien dans le prolongement de ce que vient de dire Olivier. Il y a une chose déjà qu’on pourrait mentionner pour tous les tous les thèmes qu’on aborde ici

Et que je puise chez Guillaume Fondu, dont je vous parlais tout à l’heure. Que faire de Lénine ? Il dit que finalement, le léninisme qu’on ne va pas brandir en fétiche, mais c’est un mélange de stratégie d’anthologie. Ontologie, c’est un mot qu’on utilise sous les quatre matins.

Ça veut dire vraiment qu’on se bat pour pour l’être, en fait, pour être un certain être au monde et donc forcément une émancipation. Et on pourrait relier ça aussi à ce que disait Lénine en citant Marx, que c’est en général beaucoup de bêtises.

Et dans les révolutions, on en fait peut être autant, voire davantage. Donc ça, c’est aussi important de l’avoir en tête pour une forme d’humilité aussi. Du côté de Lénine, ce n’est pas forcément l’image qu’on en a, mais en réalité, quand on quand on le lit de près, on s’en aperçoit très largement.

Alors, bien comme Olivier et ébéniste, je reviendrai rapidement sur ce livre important. Donc le stade suprême du capitalisme, donc l’impérialisme. Parce que, en effet, c’est un livre qui est incroyablement visionnaire. On a dit tout à l’heure que, en permanence, c’est la pensée stratégique du présent qui anime Lénine.

Et d’ailleurs, il avait aussi dès 1899, publié une étude sur le capitalisme en Russie. Donc, il y a toujours cette idée d’un matérialisme pratique où on va analyser les conditions et l’état du système pour mieux s’y opposer. Et donc là, il y a quelque chose de dialectique

Qui montre dans ce, dans cet ouvrage dialectique au sens de la concurrence. C’est une concurrence exacerbée à ce stade du capitalisme, mais une concurrence qui finit par se contredire elle même puisque, en fait, il y a une absorption des petits par les grands et donc ça forme des monopoles.

Voilà, c’est un état des lieux qui est plutôt monopolistique du capitalisme. Et bien sûr que ça enclenche aussi des guerres, comme l’a rappelé Olivier. C’est vraiment producteur intrinsèquement de guerre. Et même dans cet ouvrage, c’est incroyable parce qu’évidemment c’est avant le fascisme. Mais il Lénine parle vraiment d’un capitalisme exterminateur.

Il dit que c’est un état de putréfaction, un état parasitaire du capitalisme, mais qui devient exterminateur, y compris du vivant du travail humain, de l’humanité, comme risque par l’expansion généralisée de ce capital dont il dit aussi que ça devient un capitalisme financier.

Ça ne veut pas dire évidemment qu’il s’agisse de privilégier le bon capitalisme, supposément qui serait le capitalisme industriel, mais en fait, cette expansion, cette mondialisation, cette conquête des marchés incessantes, voilà qui est le propre du capitalisme. Ce se mène aussi par une mondialisation de l’investissement, des capitaux. Et d’ailleurs,

La Russie va en être très dépendante, notamment des capitaux français. Donc ça, c’est peut être un élément qui fait qu’il faut revenir. Et moi je poserai la question pour l’instant comme ça, peut être qu’on va y revenir pour l’organisation et surtout qu’on en discutera en sept minutes.

C’est très compliqué, mais il y a une chose qu’il faudrait creuser. Qu’évoque Lénine dans ce texte ? C’est ce qu’il appelle l’aristocratie ouvrière. Comment Il est possible que des dirigeants, des militants qui se sont battus pendant une bonne partie de leur vie

Pour la révolution, finissent par rallier le capital et notamment l’impérialisme. Et ça a été le cas. C’était un énorme choc pour Lénine que de voir notamment Kautsky se renier et donc une grande partie du SPD, le parti social démocrate allemand dont justement Rosa

Luxembourg a dit à ce moment là que c’était un cadavre puant. Oui, c’était une expression assez forte, mais et donc un choc choc de Lénine. Et en fait, il se demande comment ce qu’il nomme justement Moi, je pense que vraiment cette question, il faut se la poser,

Il faut se la poser pour nous mêmes. Y compris en termes matérialistes. Je m’adapte de classe aussi de certains dirigeants et dirigeantes. Les moments où on en fait le capital arrivent par sa propagande de guerre à récupérer chez ces militants qui votent les crédits de guerre et même qui s’engagent

Dans des gouvernements de guerre, comme ça a été le cas en 1914. Le deuxième point, on a choisi d’évoquer cette question de l’internationalisme et de l’anti impérialisme. Parce que, en tout cas, sur la question de l’anti impérialisme, il nous a semblé que c’est plus suffisamment une question matricielle pour nous,

Pour nos nos courants politiques, alors que c’est quelque chose qui est fondamental, surtout dans la situation. C’est cette question de l’impérialisme. Pour Lénine, elle est absolument décisive. En 1917 et dans les années qui vont suivre, puisque ce qui l’explique, c’est qu’au fond, la révolution, elle peut être pacifique.

Et même quand on pense aux premiers mois de 17 et les mois qui ont suivi après octobre, c’est une stratégie qui est globalement pacifique. Ça ne veut pas dire que ça se passe pas par la force, mais ce qu’il y a eu. Le Palais d’hiver, c’est une des révolutions finalement,

Dans l’histoire les plus les plus aisées, et il n’y a pas à verser de goutte de sang quand on pense à octobre 7 et après, c’est l’entrée en jeu des impérialismes du monde entier. C’est incroyable, On a tous les impérialistes européens plus les Etats-Unis, plus le Japon.

Donc au total, ça fait quelque chose comme 100 000 soldats qui qui envahissent cette cette Russie révolutionnaire. Donc c’est quelque chose de majeur. La question de l’internationalisme chez les humanistes ? Non, la question de on qui est très corrigé. La question de l’internationalisme, elle, se pose aussi comme une boussole.

Enfin, pour Lénine comme pour d’autres, on a souligné à plusieurs reprises Ce n’est pas simplement un principe de solidarité et de fraternité entre les peuples. C’est vraiment une boussole pratique puisqu’on mesure à quel point se battre contre les impérialismes, c’est aussi se battre pour l’expansion de l’expansion de la révolution.

Et c’est d’autant plus essentiel dans les les mois de 1917 et ceux qui suivre, qu’on a des soulèvements incroyables un peu partout en Europe et bien sûr à Vienne, bien sûr, en Hongrie, en Allemagne, c’est considérable. Il va y avoir les deux années rouges,

En Italie notamment, et donc en fait, là, pour Lénine, ce serait trahir. Ce soulève, ce serait trahir l’internationalisme et trahir ces soulèvements qui ont des potentialités révolutionnaires que de ne pas se lancer dans la bataille, dans l’initiative politique. Et la dernière chose qu’on peut dire

Sur la question de l’internationalisme, c’est la décision de, bien sûr, de créer une nouvelle internationale, étant donné ce qu’a fait la précédente. Donc le cadavre puant, pour reprendre la formule de Rosa Luxembourg. Et justement, Olivier l’a rappelé tout à l’heure à propos de l’Ukraine

L’un des axes, il y avait peut être au moins deux axes qui animaient Lénine dans cet internationalisme pratique, émancipateur et révolutionnaire. C’était d’une part la lutte aux côtés des peuples opprimés. Il regrettait beaucoup ce qu’il appelait l’obsession des pots blanches les peaux blanches. Du côté de certains dirigeants révolutionnaires de cette époque,

Il n’avait pas suffisamment, à ses yeux, le souci de l’imbrication des luttes, aussi bien dans les pays capitalistes avancés que dans ceux qui en avaient subi justement les conséquences étant donné l’expansion impérialiste dont on parlait. Donc, c’est déjà une manière d’être mêlé à ces différentes luttes et d’accorder une grande importance à l’autodétermination,

À la décolonisation et aussi à la question de l’auto, de l’autonomie des voilà, des des peuples, notamment de la Russie. Et la dernière chose que je veux dire, c’est qu’ils avaient un grand mépris. Et là, ça nous permettra aussi de discuter de l’organisation, un grand mépris et surtout une grande virulence critique

À l’égard de ceux qu’ils appelaient les grands Russes. Le chauvinisme gredins, comme il le disait, parce que c’est à ses yeux vraiment une catastrophe. C’est ce qui va transformer aussi ces ferments révolutionnaires en bureaucratisation potentielle. On pourrait y revenir plus précisément sur les questions d’organisation. Merci Ludiver.

A un instant, je me demande en fait si vous ou vous voudrez peut être de l’eau pour boire. Comme vous parlez beaucoup. Et ici, on aurait demandé à quelqu’un d’aller comment aller en chercher. Oui, parce que vous faites un effort continu pendant. Voilà, désolé, on aurait dû penser avant.

Donc effectivement, on va passer à la partie suivante qui la question ? Je vois là non que qui est la question donc de l’état, de la démocratie, etc. Il y a encore encore une autre œuvre très bien connue de Lénine là dessus l’État et la révolution.

Donc c’était prévu que ce soit lui et si j’ai bien compris, elle peut d’accord. Est ce que je vais vous donner le temps pour respirer une minute 30 là avec panique est tout à fait bien sûr, mais un peu plus. Donc oui.

Alors donc vous voulez aussi parler bien sûr de révolution, État, démocratie ? Il y a une formule qui est intéressante chez Lénine. Il dit que la révolution, c’est la fête, c’est une fête, c’est une fête des opprimés, des exploités. Et ne pas être à la hauteur de cette fête

Par la capacité de l’initiative révolutionnaire. Ce serait encore une fois trahir ces luttes incroyables des de ces de ces masses en mouvement. Donc la question qui se pose, évidemment, c’est c’est celle à la fois de la stratégie révolutionnaire dont on a déjà expliqué à plusieurs reprises qu’elle est.

Elle est fluctuante, elle n’est pas figée de ce point de vue. Victor Serge, qui a beaucoup écrit aussi sur sur Lénine en étant on y a un regard critique. Bien sûr, mais en disant notamment qu’il y avait certes une intransigeance chez Lénine, mais qu’elle n’était jamais dogmatique, qu’elle était jamais doctrinaire

Et que, en fait, justement, en n’étant pas doctrinaire, elle est à même d’être extrêmement attentive au moment opportun. C’est ce que mentionnait Olivier dans l’introduction en parlant de la question de la temporalité qui a été beaucoup travaillée par Daniel Bensaïd. Mais je citerai aussi un auteur, David

Malcuit, qui a parlé de Lénine comme politique du temps opportun. C’est vous voyez, chez les Grecs, il y avait une notion qui s’appelait le kairos. C’est le moment, le moment critique. Est ce qu’on arrive à s’en saisir, à s’en saisir ou pas ? Et c’est ça qui est très frappant dans toute l’année.

17, C’est la façon dont la stratégie n’est pas du tout figée comme elle pourrait l’être chez les doctrinaires qui répètent toujours la même chose. Et c’est aussi la raison pour laquelle Lénine, on a eu le choix plusieurs fois de replacer dans les discussions et les luttes pratiques.

Là, pour le coup, il est isolé, il est isolé dans son propre parti et ça sera aussi l’occasion pour nous de réfléchir en troisième partie sur la question de l’organisation. Et pourquoi est ce qu’il est isolé ? Parce qu’en fait, l’écrasante majorité des dirigeants et dirigeants bolchéviques

Se disent que voilà la Russie, c’est connu depuis Marx, au moins là, la Russie est un pays arriéré et que donc en fait elle est censée respecter un schéma auquel Lénine a eu beaucoup, dans lequel Lénine a eu grande confiance pendant des années et des années, jusqu’à

À peu près en 1917 justement, à savoir une révolution par étapes, avec d’abord une révolution bourgeoise et puis ensuite une révolution prolétarienne et socialiste, les troubles tout mêlés. Et vous le savez, peut être que l’un des rares à avoir pensé à quelque chose de beaucoup plus dialectique et beaucoup plus resserré,

Trotski, avec cette notion de révolution permanente qui elle même n’a pas été forgée par Trotski d’abord, mais par Marx, mais aussi par Blanqui. D’ailleurs. On pourra revenir sur les rapports entre Lénine et Blanqui éventuellement. Mais voilà la révolution permanente et en fait ce que comprend Lénine

Face à la situation, encore une fois, face à la situation d’effervescence révolutionnaire incroyable, il faut s’imaginer qu’à partir de février et le déclenchement, grâce aux femmes et grâce à la classe ouvrière, notamment des usines Petit Lvov à Petrograd, mais aussi des ouvriers du Donbass,

Des ouvriers donc de l’Ukraine, des ouvriers de Moscou, entre autres. Il y a une incroyable ébullition révolutionnaire. Ça discute politique tout le temps, tout le temps, tout le temps, sur les places, sur les marchés, dans les usines, les comités, dans les villages, et cetera Donc, en fait, c’est la question, c’est

Comment être à la hauteur de cette situation et en s’apercevant que voilà la question qui est posée par Lénine sur le pouvoir est pour lui la question majeure des révolutionnaires. C’est celle de prendre le pouvoir et d’arracher le pouvoir aux mains

De la bourgeoisie, de l’impérialisme, du capital et donc de cette de cet État. Comment arracher ? Comment briser le monopole de la violence légitime qu’a cet État ? Donc la question qui se pose mais qui a véritablement le pouvoir ? Et d’ailleurs il s’adresse à ses camarades en disant

Ne ne soyez pas aveugle sur cette question. Quand il réfléchit au gouvernement provisoire qui s’instaure à partir de février, le prince Lvov et Kerenski, et en fait de gros capitalistes qui sont membres de ce gouvernement provisoire que les socialistes révolutionnaires, les SR, une grande majorité des mencheviks

Et une grande majorité aussi des femmes, pas des bolchéviques. Mais en tout cas les SR éléments chimiques vont se rallier à ceux à ce gouvernement provisoire. Il dit mais en fait, ceux qui ont le pouvoir, ce sont les forces de l’armée. En fait, de cet état qui détient la violence légitime.

Ce sont les anciens tsaristes qui se sont reconvertis à la politique du gouvernement provisoire. Et donc, en fait, c’est impossible de donner la moindre caution à ceux à ce gouvernement qui représente les intérêts du capital, qui représente aussi la poursuite évidemment de la guerre.

Et c’est ça qui est à ses yeux absolument catastrophique. Et donc, il y a un entremêlement, d’une part, d’une lutte de classe révolutionnaire qui est gigantesque, très auto organisée. Et Olivier l’a rappelé d’emblée. Évidemment, il y a une puissance de l’auto organisation par les soviets

D’une part, et d’autre part une effervescence au travers de mutineries, au travers de rébellion à l’échelle de l’Europe, comme je le rappelait rapidement tout à l’heure. Ce qui fait que ce n’est pas possible d’attendre que le gouvernement provisoire, supposément, mène une politique émancipatrice non seulement latente. L’attentisme serait catastrophique et à plusieurs reprises,

Lénine dit que la situation devient devient catastrophique. Rapidement, je vais, je vais en dire quelques mots pour préciser mais, mais en plus, c’est se faire des illusions sur ce gouvernement. Alors de ce point de vue, on peut scander en quelques étapes Mais déjà,

Le 18 juin, il y a une énorme mobilisation, énorme manifestation où les la classe ouvrière en Russie reprennent vraiment de plus en plus les mots d’ordre bolchévique. Donc la question de forger les mots d’ordre, elle est absolument essentielle. On n’y reviendra et. Et donc, pendant cette phase, entre février

Et juillet, avec des confirmations par cette énorme mobilisation, la plupart des des militants bolchéviques, dont Lénine lui même, estiment qu’il pourrait y avoir un passage pacifique. Finalement, on a une révolution prolétarienne. Donc ça signifie aussi que la question de l’insurrection n’est pas figée. Elle n’est pas posée comme.

C’est à partir de juillet 1917, quand il y a eu un coup d’État par les forces armées, par notamment le général Kornilov, que Lénine va franchir. Une barrière qui étonne tous ses camarades et ses camarades, y compris les dirigeants bolchéviques comme Geneviève et Kamenev, vont

À ce point être en désaccord avec Lénine, qui vont même en parler dans la presse pour éviter que ça se fasse. Lénine dit En fait, il faut passer à l’insurrection. On ne peut pas attendre quoi que ce soit de ce gouvernement et au contraire, il faut l’affronter directement, radicalement.

Donc ça va poser bien sûr toutes sortes de questions. Là, c’est vraiment horrible, mais bon. Donc la prise de pouvoir en octobre, la question aussi de la dissolution. Ça, il faut vraiment qu’on s’y arrête. Et ce ne sera pas maintenant. Ce sera tout à l’heure. Euh, sur la dissolution de l’assemblée constituante.

Là, c’est une grosse question évidemment, dont on discute depuis longtemps sur la question de la démocratie. Et moi, en relisant les textes de Lénine pour préparer cette soirée, j’ai repensé à ce que disait George Sand. Alors, en général, je passe par George Sand parce qu’en général, elle est assez consensuelle.

George Sand catastrophique pendant la Commune de Paris, mais en 1848, elle était très révolutionnaire. Georgette Sand en 1848. Et pourquoi je vous parle d’elle ? Parce qu’elle disait à propos des élections d’avril 1848, c’est à dire les premières élections au suffrage universel masculin,

Juste après la révolution de février, qui avait été une révolution très populaire, très ouvrière et très auto organisée, que si les résultats de cette élection allait à l’encontre des aspirations populaires et révolutionnaires de celles et ceux qui avaient dressé les barricades et qui s’étaient battus parfois jusqu’à, ont donné leur vie,

Eh bien, cette assemblée constituante à ses yeux, n’aurait aucune légitimité qu’il faudrait la dissoudre. Je trouve que c’est intéressant parce que ça pose. Je vais m’arrêter là, Voilà. Euh. Non mais c’est n’importe quoi. J’ai déjà 1/10 de ce qu’il fallait dire, mais en fait, c’est intéressant

Parce que c’est une question hyper grave au sens de sa gravité même physique. Longtemps. Qu’est ce que c’est la démocratie ? Et là, c’est là qu’on peut éventuellement dire un mot de Blanqui. Alors Lénine n’est pas du tout Blanqui. Parce que est ce que pour lui, ce n’est pas une petite avant

Garde qui fait la révolution ou des insurrections ? Pas du tout. On pourrait y revenir là aussi plus précisément. Mais la question qui se pose, qui est posée chez Blanqui justement en 1848, c’est non. Mais nous, on ne veut pas des élections au suffrage universel.

Parce que parce qu’en fait l’idéologie dominante, qui a qui a toujours cette cette hégémonie, elle est capable d’acheter complètement ce vote finalement. Donc en fait, pour Blanqui, mais aussi dans une certaine mesure et je termine là, je te promets, c’est une certaine mesure pour Lénine

Qui ne suit pas forcément Blanqui à ce moment là, mais en fait pour Lénine, le soviet et une forme de démocratie supérieure à celle du suffrage universel qui élit des représentants non mandatés, donc non révocables, à l’Assemblée constituante. Donc c’est une question vraiment très compliquée sur le plan de la démocratie.

Mais quelle est la, quelle est la part la part active, révolutionnaire et émancipatrice de la démocratie entre un modèle qui serait un modèle des organisés un peu partout avec un système de délégués mandatés irrévocables d’une part, et d’autre part

Des élections sur un mode tel qu’on le connaît et dont on estime en général, quasiment dans tout cas dans la vision dominante de la démocratie, que ce serait un modèle unique, sans alternative. D’accord, alors donc on verra. Olivier qui pour la c’est la vie et donc c’est le rythme.

Je n’avais pas prévu de le dire comme ça, mais du coup je vais rebondir sur ce que tu dis, c’est à dire qu’il y a en effet, c’est troublant. Mais il y a un point commun entre la révolution de 1848 et la réflexion de ceux qui participent à la révolution de 48

Et le fait de ne pas vouloir l’Assemblée constituante pour les bolcheviks, majoritairement au tout début de l’année 1918, c’est qu’il y a un décalage et Daniel Bensaïd était très préoccupé par ça. Entre ce que représente le moment de l’élection de l’Assemblée et le moment où elle doit être convoquée.

C’est à dire que pendant la Révolution russe, chaque semaine, ça vaut au moins une ou deux années traditionnelles. Donc la situation politique de novembre ou décembre 1917, elle n’est plus du tout la même en janvier 1918. Et c’est vrai aussi dans les Soviets. Avant l’été 1917, les bolcheviks sont minoritaires dans les Soviets.

Ils le deviennent à la rentrée après le coup d’État, c’est à dire la contre révolution qui va radicaliser. Donc ce qui est intéressant, c’est de comprendre le phénomène du bas, du phénomène de la société, de la révolution comme processus là aussi, et de ce que signifie

Les soviets aujourd’hui et vous demander n’importe où dans la rue. Pour ceux qui ne connaissent que ça, un gros mot, ça veut dire conseil. C’est la plus grande expérience autogestionnaire dans le temps et dans l’espace qui n’a jamais existé, dont on parle.

Il y a pour le premier Congrès panrusse, il a 20000000 de personnes qui votent. On va dans les usines, dans les caisses de branche maladie où les bolcheviks deviennent majoritaires à la fin de l’été. On vote aussi pour la Constituante. Alors après, il y a des discussions.

Rosa Luxembourg qui était, qui disait qui, qui soutenait les bolchéviques ? Ils ont osé, eux ont osé. Il faut le faire. Mais par exemple, je comprends que l’Assemblée constituante ne correspond plus à la réalité. Mais en gros, pourquoi pas en convoquer une nouvelle ?

Et quoi qu’il en soit, en insistant avec voilà pour le coup cette formule confer Nous autres aujourd’hui que la liberté pour les seuls membres d’un parti, aussi nombreux soient ils, ce n’est jamais la liberté. Parce que la liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement.

Donc dans cette question, alors là, pour le coup, parler de léninisme libertaire, ça paraît un peu compliqué. Pourtant, c’est là dessus précisément, je vais dire les choses comme je le pense. Lénine, contrairement à la mythologie qui est présentée par ses détracteurs, mais aussi par quantité d’organisations d’extrême gauche, était tout, tout sauf dogmatique.

Il était pragmatique. Ça ne veut pas dire qu’il n’était pas théoricien. En effet, dans l’État, la Révolution, il actualise la pensée de Marx dans un contexte où la social démocratie allemande pense qu’en gros, pour s’emparer de l’État, il suffit de changer les ceux qui sont à la tête de l’État

Et on change de la nature de l’État de manière mécanique. Mais lui s’oppose à ça et il actualise cette pensée politique, mais avec une obsession aussi. Là aussi, il faut contextualiser. Pour Lénine et toute sa génération, c’est la Commune de Paris. Marx a dit Vous me demandez ce qu’est la dictature du prolétariat,

Je vous réponds c’est la Commune de Paris, c’est la forme d’émancipation trouvée. Soit. Sauf que ça a duré 70 jours. D’où la fameuse légende ou pas. Je ne sais pas que le 73ᵉ jour le J plus un on dit à la poste Lénine danse dans la neige

Parce qu’ils ont tenu plus que la commune et ils pensaient que ce n’était pas possible. Donc l’idée, en effet. Leur obsession, c’est de prendre le pouvoir et de le garder. Mais dans son obsession, il y a là quelque chose de tout à fait pragmatique qui est précisément de penser,

Penser ce qui se passe par le bas de la société, ce mouvement de masse qui jaillit d’abord en 1905, dans ce qu’on a appelé après coup la répétition générale, c’est à dire la première révolution. Le Soviet n’est inventé par aucun bolchévique, aucun menchevik, aucun intellectuel. C’est une organisation spontanée

Qui naît à Ivanovo en mai 1905, c’est à dire ? C’est un processus révolutionnaire qui va de janvier jusqu’à la fin de l’année. Pour faire vite, il arrive à nouveau. Il y a une assemblée de 30 000 travailleurs qui votent, un conseil de 110 délégués

Qui va s’occuper en réalité de toutes les questions quotidiennes de la ville. On double le pouvoir avec les instances et ça va faire une émulation. Marc Ferro, l’historien, qui n’est pas particulièrement bolchévique, parlait d’une constellation de Soviets et d’où le soviet de Petrograd dès 1905, ou Trotsky pour le coup

Lui sera vice président, etc parce que les mencheviks, à ce moment là, sont plus attentifs à ce qui se passe dans le mouvement de masse. Mais Lénine comprend qu’il y a quelque chose qui se passe et ça Et en effet, son génie stratégique, c’est de donner cette formule

Tout le pouvoir aux soviets et se battre en étant seul, en disant il faut que tout le pouvoir revienne à cet État qui est déjà là. Marc Ferro insiste là dessus Avant octobre 1917, il y a déjà une étape très soviétique qui existe. Il y a déjà une dualité de pouvoir.

Donc toute la thèse du coup d’État fomenté dans l’ombre par Lénine qui tout seul gamberge, ça ne tient pas la route. La révolution d’Octobre est une réponse aux problématiques ouvertes par février et qui n’avaient pas été réglées. Et Lénine, lui, en effet, accélère le temps.

Il dit Il faut que le deuxième congrès s’ouvre avec les Soviets qui sont directement le pouvoir entre les mains, parce que sinon ils ne l’auront jamais là. Pour comprendre cela, il faut un pragmatisme. Ce n’est pas pour moi, c’est non. Non, non, non, non.

Il y a un certain pragmatisme qui est beaucoup plus troublant. On citait tout à l’heure Daniel Guérin, Daniel Guérin. Il parle d’un Lénine libertaire jusqu’au printemps 1918, c’est à dire que Lénine, souvent seul dans l’organisation et dans les instances soviétiques, réclame que la socialisation s’effectue

Sous le contrôle des comités d’usine, sans nomination et sans cooptation. Ils participent à ce processus de radicalisation. Donc, ce qui est intéressant, c’est de comprendre bien entendu. Et du coup, ce n’est pas d’en faire une mythologie parce qu’il va y avoir autre chose. Il va y avoir une contre révolution bureaucratique,

Une contre révolution bureaucratique, bureaucratique qui n’est pas en un jour qui naît d’un processus qui naît de conditions objectives la guerre, le communisme de guerre, ça, c’est pas les bolcheviks qui l’ont voulu. Un 200 zéro zéro soldats étrangers, car le monde entier qui vous tombe dessus, dont la France, l’Angleterre, les États-Unis.

Faut bien se protéger de ce qui est en train de se passer, mais dans ces conditions là, on dévitalisé évidemment tout ce qu’il y a d’organisation. Les villes qui ne vont plus que dans l’Armée rouge et du coup, les soviets se dévitaliser. Et dans ce cadre là, il y a des choix politiques

Qui sont effectués, qui vont accentuer les conditions objectives. La Tchéka, par exemple, qui est un appareil militaire au début un peu nécessaire mais qui prend son autonomie en 1920 quand l’État soviétique décide d’abolir la peine de mort. Non, c’est normal, c’est pour Bakounine

Les interventions, c’est un effet spécial qu’on a fait pour les missions qu’on a. Quand la peine de mort est abolie, la première mesure que fait la Tchéka, devenue autonome en 1920, c’est de faire descendre tous les prisonniers dans la cour et tous les fusillés pour dire au pouvoir central

On a notre propre pouvoir. Et puis il y a des choix politiques. En effet, il y a des débats dès le départ, la bureaucratisation est pressentie. Il y a les communistes de gauche qui s’expriment sous ring, d’autres que l’on taille avec une formule qui propose autre chose

Qu’on pourrait discuter, qui est la forme syndicale. Mais en tous les cas, Lénine lui même pressant le truc. Sauf que Lénine, lui, il cible les problèmes de bureaucratie. Il est lié au problème, aux débats de fractions. Ce qui fait qu’en 1921, en plein soulèvement de Kronstadt,

Il y a une mesure qui est prise par le Parti communiste à ce moment là qui décide tout interdiction de regroupement, c’est à dire toute interdiction de la vitalité du parti lui même puisque, comme tu l’as dit, il n’y a pas plus bordélique que le parti bolchévique au moment de la révolution russe.

C’est dans la presse publique, les désaccords sont Lénine menace de démissionner. Je ne sais pas combien de fois de faire son propre parti, il fait ses résolutions qui vont dire donc c’est un bordel sans nom. Et là, et là, ça s’inscrit dans un contexte où le soviet de la

On en parlera dans la discussion. La révolte de Kronstadt va être matée, matée dans le sang. Et ça de notre point de vue aujourd’hui, c’est pas c’était pas une tragique nécessité pour reprendre une partie du vocabulaire dans le courant, c’était une erreur. Moi, qu’est ce que je pense ? Ça a accentué.

C’est plus facile de lire après coup. Mais toutes ces mesures qui ont permis l’ascension d’un processus qui va être une rupture, une rupture bureaucratique, qui va, qui va apporter, qui va apporter autre chose. Je voudrais juste au moins terminer sur un élément

Si on réfléchit, parce que c’est ça notre problème, un processus d’émancipation. Demain, il aura à faire à une contre révolution bourgeoise. Vous lui donnez, vous voulez. Mais une autre forme de contre révolution possible, c’est qu’un corps se sépare du mouvement d’émancipation, se spécialise et se retourne contre le mouvement d’émancipation lui même,

C’est à dire une contre révolution bureaucratique. C’est un monstre à deux têtes auquel on est confronté. Là dedans, il y a les erreurs politiques. Mais il y a un autre phénomène que décrit en particulier Marc Ferro, qui est le phénomène de bureaucratisation

Par le bas et pas simplement par le haut, c’est à dire dans les comités d’usine. Dès le départ, on va commencer à détacher des travailleurs de l’atelier pour organiser l’activité du comité. On fait la même chose dans les quartiers. Les spécialistes de logement,

De voirie vont être spécialisés et donc des communistes de gauche, dès le printemps 1918, disent qu’il y a déjà des bureaucrates soviétiques qui ne sont pas venus par le parti mais qui s’accrochent déjà à leur place. Donc là, il y a une forme de démocratie, en effet, à réfléchir

À partir de ce qu’a marché, mais aussi de ce qui n’a pas marché. Et ça pour le coup, c’est un débat d’actualité qui mériterait peut être que marxiste et libertaire arrive à discuter de ce sujet là ensemble, sans forcément s’envoyer les amabilités que vous connaissez tous et tout traditionnel qui fait que

Discuter de la Révolution russe ou de Lénine, c’est difficile d’en parler sans tout de suite, Aboutir à constater et de commencer peut être par la fin du bon. Donc la dernière partie va être là où en tout cas, à mon avis, Lénine est le plus déformé,

Qui est justement sur la question du parti. Qu’est ce que ça veut dire ? Un parti léniniste ? Quels sont les principes d’organisation léniniste ? Qu’est ce que ça a été dans la pratique ? Etc. Donc si on va sur la formule, c’est toi qui commence. OK Olivier. Voilà,

Faire plus lapidaire pour pour qu’on ait aussi la discussion. Mais c’est faux, c’est neuf. C’est super frustrant parce qu’en vérité on avait discuté plein de choses. Donc là, je vais mettre les pieds dans le plat. La gauche révolutionnaire française dans le monde entier regorge de courants qui vont vous expliquer quel est

Le bon enseignements à tirer de. Lénine pour faire vite. Mais peut être que vous l’avez déjà entendu. J’espère que vous l’avez déjà entendu. Parce que c’est la leçon de l’histoire. Il nous faut un parti révolutionnaire, indépendant et de professionnel. C’est ça l’enseignement du léninisme. Les trois en même temps.

J’espère que vous avez bien retenu parce que c’est ce que Lénine nous enseigne et c’est sa pratique. Pourquoi ? Parce que Lénine a écrit un écrit tout à fait visionnaire qui s’appelle que faire ? Et qui s’est traduit quasiment un an plus tard par une séparation irrémédiable

Entre bolcheviks et majoritaires, puisque c’est ça que ça veut dire. Et les mencheviks, les futurs réformistes, et que ça, ça va les emmener jusqu’en 1917. Parti indépendant révolutionnaire qui prend le pouvoir et qui ne lâche pas et qui mène la révolution. En vérité, c’est beaucoup plus complexe que

Parce que là aussi, Lénine est on ne peut plus pragmatique. Par exemple, le bolchévisme, le parti bolchévique, ça n’existe pas. En fait, ça n’existe pas. Il y a le Parti ouvrier de la social démocratie russe jusqu’en 1917 et il y a des composantes qui se revendiquent de la social démocratie

Russe avec une tradition bolchévique mencheviks, bolcheviks et mencheviks, qui vont d’ailleurs se réunifier après la fameuse scission de 1903 intervenue sur le journal et sur les statuts, puis qui vont se séparer, puis qui vont se réunifier. Bref, la question de l’indépendance politique chez Lénine est posée à chaque fois dans des contextes.

Qu’a rappelé Ludivine ? Quand Lénine revient en Russie après la révolution de février, il dit On ne peut plus s’allier à la bourgeoisie. Les questions sociales sont posées, il faut les régler. C’est vite caricatural. En gros, c’est ça d’où l’indépendance. Pour le coup, avec la main dessus.

Donc chaque chose en temps et en heure. Donc là, il y a quelque chose d’extrêmement important. Deuxièmement, il faut procès qui est là pour le coup. Souvent des contradicteurs, je pense. Le côté Lénine, c’est l’avant garde mal digéré, substitutif, qui se substitue aux mouvements sociaux.

Il y a un côté vrai et pas vrai. Il y a un côté vrai et un côté injuste qui est aussi à recontextualiser. En 1903, oppose les mencheviks et les bolcheviks pour faire vite. C’est d’un côté un parti de professionnels, de militants actifs et les autres un parti plus large autour de Martov.

Et là, évidemment, on voit le côté de l’avant garde avec l’idée, théorisée prétendument par Lénine, que la conscience de classe née de l’extérieur de la classe par des intellectuels, en réalité, c’est vachement plus complexe que ça. Parce qu’en fait, Lénine recycle une idée de Kautsky et de la social démocratie

Qui parle de la science qui doit être inculquée à la lutte de classes de l’extérieur par des intellectuels. Lénine prend, lui, une autre idée qui est l’idée de la conscience, la science de la conscience qui n’est pas extérieure à la lutte de classes, mais à la lutte économique

Amenée par des intellectuels, mais pas vu comme une catégorie sociale, mais compris comme un parti précisément, c’est à dire une accumulation d’expériences politiques. Ce n’est plus tout à fait la même chose dans un contexte de clandestinité. Par ailleurs, donc, peut être que le vert est aussi un peu dans le fruit.

Parce que moi, je pars de l’idée que la lutte de classes a sa vertu émancipatrice, qu’elle génère sa propre conscience. Mais là aussi, si on pense comme ça, ce c’est une cause qui ne sera pas le cas de tous les ministres, et notamment par ce qu’on aligne et qu’on tout compris de Lénine.

C’est voire même dans ce cadre là, ce qu’on peut garder de Lénine et moi. Il y a quelque chose qui m’intéresse. Je termine juste là dessus, c’est que le parti se pose plus en termes de deux. C’est un terme horrible que je vais prononcer de gestion de la conscience au fil du temps.

Que devient cette conscience au fil du temps, dans les moments d’accélération, dans les moments de décélération ? Comment on fait vivre une constance, Une conscience ? Comment on fait vivre collectivement une expérience collective ? Et alors ? Ça, c’est d’une brûlante actualité. Parce que je sais d’expérience que le plus compliqué, mais

Le plus important, c’est de s’organiser quand il y a des moments de reflux. Parce que quand il y a des moments d’émancipation, la lutte de classe reprend le dessus. Et globalement, les choses se passent bien. Les exploiter. Les opprimés dont nous faisons partie ont besoin de personnes

Quasiment pour savoir à peu près comment s’organiser. Sauf que l’expérience a été nécessaire et accumulée avant. Donc là, je termine sur cette expression qu’utilisaient Reprenez Daniel. Le parti boîte de vitesse qui a été peut être mal digéré par certains et certaines aussi dans les rangs de notre courant politique au sens large.

Une boîte de vitesses, c’est une boîte de vitesses. Il y en a qui ont compris qu’une boîte de vitesses, c’était que passer la première, la deuxième, la quatrième, la cinquième et la sixième, la septième. S’il y a, c’est à dire aller de plus en plus vite,

Toujours plus vite, c’est passer à une boîte de vitesse. Une boîte de vitesses, c’est savoir rétrograder. Il y a même une marche arrière. Ça veut dire que quand on se trompe et on peut se tromper, on fait marche arrière, on se pose, on réfléchit et on agit

Et on prend le temps de sortir le nez du guidon pour comprendre une situation dans toute sa complexité. On apprend à douter collectivement. Vous prenez le livre de Rabinovitch qui s’appelle Les bolcheviks prennent le pouvoir. Vous voyez la chronologie des débats internes du parti bolchévique, le NP. C’est de la blague ?

C’est de la blague de dire qu’il y a vraiment des raisons d’espérer. Si c’est que du point de vue du bordel, aucun danger ne nous guette. Le parti bolchévique à côté, c’est puissance 10 000 avec Lénine qui dit puisque c’est comme ça, je crée un nouveau parti tout seul.

Il dit ça tout seul, donc c’est une gestion du temps. Mais pour gérer le temps, quand il n’y a pas de science infuse de ce point de vue là, il faut savoir dans quel temps on évolue. Donc douter à haute voix et douter à haute voix, c’est

Une qualité extrêmement précieuse et aussi bizarre que ça puisse paraître. C’est Lénine qui le dit. Il dit La qualité précieuse, c’est d’avoir des gens qui agissent en tant que révolutionnaires dans une période qui ne l’est pas. Par bonheur, la période ne l’est pas. Donc on va pouvoir le faire.

Si on essaie de voir les choses de manière un peu positive, par bonheur. Voilà donc. Mais donc, le sens de l’organisation, c’est ça ? C’est en fait un intellectuel collectif pour faire vite. Moi, c’est comme ça que je le comprends. Et ça, pour le coup, ça répond à l’époque à deux travers

Qui sont ceux de la social démocratie qui s’institutionnalise et un travers dans lequel moi je me suis reconnu et je continue à reconnaître aussi, mais qui était une tradition libertaire, syndicaliste, révolutionnaire, qui nous prémunit contre le poison du pouvoir parce que le pouvoir est un poison. Et de ce point de vue là,

Les bolchéviques n’ont pas apporté toutes les réponses, voire pas toutes les bonnes réponses, voire des fausses réponses. Mais la politique. Et Daniel insisté là dessus, même comme un angle mort de Lénine ce n’est pas simplement imaginer une société où on n’aura plus qu’à gérer la bonne administration. Choses.

Il y aura des désaccords politiques, même quand on aura créé le socialisme et l’écosocialisme. Et la démocratie. Là aussi, ça sera la possibilité de gérer ses contradictions. Alors Ludivine le dit en 2005, je suis toujours l’expression le dernier mot. Je faisais. Euh. Alors oui. Donc justement,

C’est vrai que les bouquins en question, ils reprennent le Que faire ? Donc je vous rassure, c’est complètement ironique de dire que faire ? C’est évidemment un clin d’œil, mais en même temps, c’est une question qui est majeure. Bien sûr que pour écrire ce petit petit livre,

Je me suis replongé dans la brochure de Lénine Que faire de 1902. C’est vrai que c’est en fait une brochure qui est à la fois Parmi les textes les plus connus en tout cas, on cite toujours le Que faire, mais sans forcément

L’avoir relu de près, parce que c’est quand même très historiquement déterminé. Voilà, ça se situe dans une dans un moment très précis. Est ce que je voulais remettre en contexte et pour le coup, donner une petite indication biographique de Lénine ?

Même si c’est sans doute pas l’essentiel, on a bien compris que là, on est en train de parler de force qui le dépasse largement. C’est quand même la mort de son frère. C’est ce qui est quand même ce qu’il faut avoir en tête Alexandre Sacha,

Qui a été exécuté après avoir tenté d’assassiner le tsar. Et ça a quand même été ça. Je fais pas du tout de psychanalyse, mais ça a été un traumatisme aussi. Sur le plan politique, je pense qu’on ne peut pas comprendre l’intransigeance de Que faire si on n’a pas ça en tête.

C’est à dire que concrètement, les gens meurent de leur engagement et que c’est la raison pour laquelle il faut être cohérent, il faut s’organiser d’une manière bien précise, d’une manière qui est presque chorégraphiée, le dit il parfois en parlant de l’insurrection. Mais le parti, c’est ça aussi. Alors notre vision, donc,

Aujourd’hui, elle ne peut plus être tout à fait la même. Mais c’est d’autant plus indispensable dans les débats qu’on a sur Lénine. Si on veut reprendre cette idée de Marina Garizim sur on refaire un objet de controverse militante et de discussion dans la perspective d’un objet chaud.

Pour nous, c’est quand même de ne pas oublier cette dimension là. Premièrement et deuxièmement, l’énorme répression de manière plus générale qui s’abat sur ces militants et ces militants. Par exemple, le premier parti, le premier congrès du POSDR russe, le Parti social démocrate, qui, chez les révolutionnaires russes.

En fait, ça s’est terminé par une arrestation de tous les délégués. Donc c’est ça la répression. Elle est énorme et c’est la raison pour laquelle il s’agit de bien s’organiser. Le Que faire aussi de 1902 ? C’est une discussion stratégique qui me paraît toujours importante avec ce courant qu’on appelait les économistes

Qui considéraient donc aujourd’hui on aurait on dirait. C’est un peu un courant syndicaliste qui veut se battre sur le terrain, justement un terrain essentiellement social, économique, syndical et pas politique, qui considérait notamment qu’une des choses majeures à faire, ce n’était pas ce que faisaient les sociaux démocrates, dont Lénine

A dit des cellules, des fonds, des formations politiques, des cercles politiques, ce qu’ils considéraient comme un peu abstrait, mais des caisses, Il parlait beaucoup de caisses, ils et elles, parce qu’il y avait les femmes importantes parmi les économistes des caisses de solidarité, des graisses, des caisses de grèves.

Il disait en quelque sorte Mais on n’est pas là vraiment pour parler de politique. Maintenant, la politique viendra dans le sillage de l’économie, alors que pour Lénine, il y avait quand même une volonté de donner une autre mission, plus directement émancipatrice, universaliste. Donc c’est le rôle de la classe ouvrière dans tout ça.

Et donc c’est vrai qu’il y a une mauvaise lecture aussi de cette brochure. Que faire sur l’idée que Lénine négligerait, voire méprisait la spontanéité ? En fait, c’est très bien dit qu’il y a une dans le Que faire de Lénine, c’est

Que le mot je ne sais pas russophone, mais peut il y en a dans la salle, mais le mot spontanéité en russe, ça n’a pas la même acception qu’en français. C’est vraiment l’idée d’une catastrophe naturelle. Donc l’idée, ce n’est pas du tout qu’il faudrait blâmer là, justement, le volontarisme révolutionnaire des classes mobilisées,

Notamment de la classe ouvrière, et que ce n’est pas non plus une petite avant garde qui va faire l’insurrection, comme le voulait Blanqui. Mais en tout cas la question de s’organiser d’une manière extrêmement rigoureuse et cohérente, c’est aussi la moindre des choses qu’on se doit à ses yeux, entre militants et militantes.

C’est là qu’il forge, bien sûr, la proposition de centralisme démocratique dont on sait à quel point elle a été dénigrée, raillée, et cetera Parce qu’elle en a, elle, elle a connu des travers, extrêmement bureaucratisé justement, mais en fait c’était élémentaire à ses yeux, c’est on discute vraiment.

Et la démocratie, elle est agissante et vivante dans l’organisation. Mais il y a un moment, quand on prend des décisions, on se doit un respect mutuel en acceptant d’agir en fonction de ces décisions, quitte à rediscuter plus tard. Et encore une fois, ce que je vous ai dit au départ, à savoir l’intensité

De la répression à l’époque, ça, c’est la nécessité de ne pas tergiverser. En fait, on ne peut pas se permettre d’être hésitant et puis de remettre toujours la discussion sur le métier, non. L’idée, c’est quand même d’agir dans une perspective révolutionnaire. Ce que j’ai indiqué au tout début que même Robert de service

Que cet historien antique et qui dit ce que veut Lénine, c’est bel et bien des formes émancipées d’un capital oppresseur. Alors, après la deuxième question qui se pose, c’est donc outre le que faire, ce passage de ce que Lénine lui même appelait le pacte, l’État commune ?

Voilà, il n’était pas le seul à parler de ça. Et Olivier a bien rappelé à quel point la question de la Commune de Paris était très importante. Donc l’État commune ? Je ne sais pas. C’est pas si éloigné de ce qu’avait proposé la Commune de Paris, c’est

À dire qu’il y a une puissance publique. Et tu l’as bien montré avec Michael, y compris dans un dans un récit à la fois fictif et très fidèle. Historiquement, c’est l’idée qu’en fait il y a une puissance publique qui permet d’aider à l’auto organisation, notamment sur la femme de coopérative. Et d’ailleurs, Lénine.

Ça, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas forcément très bien. Mais Lénine insistait sur les coopératives, la coopération. Ça avait été très raillé dans le courant social démocrate, considérant que c’était du monisme, que ce n’était politique, et cetera Et puis qu’il risquait toujours d’être avalé par le capital.

Mais en fait, là, il développe cette idée que il y a un État qui concentre une force publique. Il va la déléguer aussi à des associations de producteurs et de consommateurs. Donc la question, c’est comment finalement on passe de cet état sur la base du soviet auto organisé ?

Comment en fait cette toute la question de l’organisation, c’est comment on fait d’une masse une force réelle, agissante et justement démocratiquement organisée à finalement un parti état. Donc Olivier a commencé aussi à en parler, même si je pense qu’il faudra qu’on en discute parce que que c’est là, que c’est là que

Ça accroche. Bien évidemment, c’est comment ça se transforme en un parti-Etat au travers du communisme de guerre qui, là, on rappelle la guerre civile. Au total, c’est 3 millions de morts. C’est une violence, un déchaînement de violence terrible, notamment de la part des forces impérialistes. Ce qu’on évoquait tout à l’heure.

Exemple on peut citer qui est particulièrement horrible et édifiant, c’est que les femmes, comme je le disais, elles, étaient extrêmement mobilisées dans ces luttes, y compris en tant que forces engagées militairement contre les impérialismes et contre les Russes blancs. Et certains Russes blancs pendaient certaines de ces de ces militantes

Et elles avaient, vous voyez, une brochure du Komsomol et les jeunesses, les Jeunesses révolutionnaires, Jeunesses communistes et ces brochures étaient piquées dans leur langue au moment de leur mort pour vraiment torturer et les avilir. Voilà donc la violence a été extrême. Je pense qu’il faut le rappeler quand même pour comprendre.

Voilà comment ça ne justifie pas, évidemment, mais ça éclaire le degré de violence dans la guerre civile et la violence impérialiste. Mais oui, mais il mettait euh, non, Non mais donc la violence ? Voilà donc cette idée qu’on n’a plus le temps fait. Alors ça, c’est une grande question. Comme tu l’as rappelé,

Il y a une discussion avec l’opposition de gauche à une discussion avec Kollontaï. Il y a aussi une discussion avec Inès Armand qui est là, qui était une femme que Lénine portait beaucoup dans son cœur. Le dire restait assez vague, mais nécessairement aussi

Un cas au Luxembourg, tu l’as rappelé comme Kollontaï, mais avec la différence. À la différence de Koh-Lanta, elle n’a pas cherché à faire une organisation structurée. Mais c’était quand même une grande question. C’est ce que dit Koh-Lanta. Mais si on n’a plus confiance dans l’auto organisation par les conseils.

Et si on n’a plus confiance dans cette intelligence collective que tu veux que tu mentionnais, alors voilà. Quel est le sens de notre existence à ça, Les livres ? Là, on n’a pas le temps. Il nous faut des experts bourgeois qu’on veut aller chercher.

Il nous faut des réquisitions forcées parce que sinon on va, on va mourir. Nous, la révolution, mais le pays avec. Et donc voilà, C’est pour ça que c’était important de commencer par cette violence de l’impérialisme. Et puis ensuite c’est la NEP, c’est la nouvelle politique économique sur une manière

De considérer que voilà, le pays est tellement exsangue et tellement épuisé qu’il faut relancer la machine, mais cette fois sous la forme de l’État. Alors moi, je voudrais terminer cette intervention et je pense que ce sera une bonne manière de vraiment en 45 secondes de discuter.

Moi je prenant, je m’interroge sur le fait que finalement, dans beaucoup de situations, le parti est en retard. On dit toujours que le parti doit être un pas en avant des masses. C’est une formule qu’on n’a plus trop utilisée les masses, mais un peu en avant.

Et en réalité, à de très nombreuses reprises, les organisations révolutionnaires sont plutôt un pas en arrière. Et je vous parlais de ce livre très fort de Tariq Ali qui s’appelle les dilemmes de Lénine. Il commence comme ça, il dit bien, il faut bien le reconnaître.

Sans Lénine, il n’y aurait pas eu la révolution d’Octobre 1917. Donc c’est quand même assez massif, comme comme affirmation un peu péremptoire. Mais à réfléchir, c’est énorme. Donc c’est une interrogation qui est elle même dialectique. Et je terminerai aussi dans le sens de livrer, pour être la bonne camarade.

C’est à dire que d’un côté, je m’interroge beaucoup et d’ailleurs j’avais lu le livre des frères des frères Cohn-Bendit quand, rédigé à l’été 1968, qui s’appelle Le gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme. Il rappelait que quasiment systématiquement, les organisations révolutionnaires sont sont un peu à la traîne

Et en même temps, ce qui est fondamental, c’est ce que rappelle Olivier. C’est à dire que sans organisation. La question du volontarisme, ce n’est pas qu’elle n’existe pas, parce qu’elle est très, il est très puissant. Ce volontarisme, on n’a pas cessé de le montrer dans cette ébullition révolutionnaire.

Mais c’est comment on propose une stratégie, comment on propose des mots d’ordre, comment on transforme justement cette force massive en une organisation réelle d’une part, et comment on travaille sur les continuités. Est ce que ça permettra de boucler la boucle ? Comme Olivier l’a rappelé au départ ?

Il y a cette question d’une temporalité éruptive qui n’est pas continue. Voilà. Mais le parti, c’est aussi quand même ce qui permet la continuité, y compris dans des moments de recul, voire dans des moments de désespoir comme on peut en connaître. Et c’est là que la force de l’organisation, c’est

Quand même de transmettre une tradition, d’analyser finement les situations d’un point de vue matérialiste et de maintenir un cap et une boussole.

25 Comments

  1. Animalisation des adversaires politiques comparés à des vermines et des poux dont il faut nettoyer la terre russe. Droit des peuples : demandez aux Géorgiens. Quant aux thèses sur l’impérialisme, elles sont fausses de bout en bout. Sinon Besancenot raconte n’importe quoi sur Rosa Luxembourg. Une seule bonne idée : l’envoi des thèses du congrès de Bakou à Olivier Faure et Raphaël Glucksman. Il est certain que ça va les passionner….

  2. Deux petites erreurs compréhensibles commises par Lénine, mais qui ont leur importance, sont à relever : l'impérialisme n'est pas le dernier stade du capitalisme, et, le gauchisme n'est pas la maladie infantile du communisme. Voilà. À discuter.

  3. Pour l'historien Stéphane Courtois, l'"inventeur du totalitarisme" dont les idées sont nées dans un traumatisme personnel et ont derivé peu a peu vers une catastrophe pour l'humanité. Il reste le père des pires monstruosités modernes avec ses deux pendants du côté droit, en Allemagne et en Italie. Tous ensemble ils ont continué a inspirer de nombreux maux. On sait ce que l'on doit à ses gens, il est bon de se rappeler d'eux pour ce qu'ils ont créé.

  4. Lénine : l'inventeur du goulag. Il n'a rien à nous dire. Nous, en revanche, avons qq chose à lui dire, et à dire à ses admirateurs : allez vous faire f.

  5. Que faire est un romain?
    Et vous vous êtes à la réunion des conteurs de Charles Perrault 😂😂😂

    Vous citez Lénine, comme des trotskistes, sans aborder le document en lui-même mais en tirant des bout de phrases qui vous arrangent.
    Le Lénine libertaire 😂😂😂😂
    (Triggered)

    Montre moi sale monteur où tu as trouvé ce passage "fusillez les"
    Bref, vous n'êtes ni plus ni moins que des trotskistes, incapable de donner une idée propre a vous, vous piochez chez les autres…
    Lenin dance dans la neige au j+1…
    Tout seux qui s'intéressent au Marxisme lisez les originaux et rassembez vous dans les clubs pour commencer.
    A la rigueur des socio démocrates, mais absolument pas communiste.

  6. "benjamin marxiste libertaire", vraiment pas moyen d'être subtil on dirait, non, en effet.
    il a oui failli adhérer au KPD à son retour d'Urss et d'Anja Lacis, mais rien de moins marxiste au monde que Benjamin, antiprogressiste, penseur messianique, comme (E.) Bloch, allergique à la modernité, à juste titre, comment en faire un marxiste? il faut le faire si j'ose dire. Libertaire? ça aussi c'est grossier, en témoigne précisément sa tentation d'adhésion au KPD, parti tout de même bolchevik. Donc en gros c'est tout faux. Ni anar, ni marxiste, révolutionnaire au sens messianique, communiste, gnostique, sans doute, et non rétif à l'idée que le messie se saisirait d'une armée séculière, le bolchevisme par exemple, certes. Tronti est la plus proche illustration de la position de Benjamin, plus près de nous, mais comme personne ne le lit et qu'en France on s'imagine que l'opéraïsme c'est Negri…

  7. Vous ne reconnaissez pas da dictature du prolétariat.
    Vous optez pour une lutte des classe démocratique, qui veux dire lute dit opposition d'idées. Quels idées cachez vous derrière ce militantisme "communiste"
    "La liberté, c'est la liberté de l'autre. Oh putain, elle est belle la dialectique😂😂😂

  8. Le bordet, n'est pas dans le parti bolchevik. Mais dans ton crâne chers Besancenot. Lis la sténographie du 10e rassemblement de ркпб, tu apprendra la nécessité d'anéantir le clivage des petits bourgeois.
    Question: pour quelle raison les bolcheviks de Кронштад voulait plus de liberté politique, pour défendre quel intérêt si ce n'est pas celui du prolétariat ?

    Причина этой борьбы — коренное расхождение интересов и точки зрения двух разных классов, пролетариата и крестьян­ства. "Хаос", если где и есть, то только в головах чудаков, не понимающих этого.
    Что же остается? "Хаос" борьбы марксистов с ликвидаторами? И опять-таки это не­правда, ибо нельзя назвать хаосом борьбу с течением, которое признано всей партией за течение и осуждено с 1908 года. А кто не беззаботен насчет истории марксизма в России, тот знает, что ликвидаторство неразрывно и теснейшим образом даже в смысле состава вождей и участников связано с "меньшевизмом" (1903—1908) и "экономиз­мом" (1894—1903). Значит, и тут перед нами почти двадцатилетняя история. Относить­ся к истории собственной партии, как к "хаосу", значит иметь непростительную пусто­ту в голове.
    Но посмотрите на теперешнее положение с точки зрения Парижа или Вены. Сразу все переменится. Кроме "правдистов" и "ликвидаторов" есть еще не менее пяти рус­ских "фракций", т. е. отдельных групп, желающих причислять себя к одной и той же социал-демократической партии: группа Троцкого, две группы "Вперед", "большеви­ки-партийцы" и "меньшевики-партийцы" . В Париже и в Вене (беру для примера два особенно крупных центра) это всем марксистам прекрасно известно.
    И тут Троцкий в известном смысле прав: это действительно фракционность, это по­истине хаос!
    "Фракционность", т. е. номинальное единство (на словах все одной партии) и реаль­ная раздробленность (на деле все группы самостоятельны и вступают друг с другом в переговоры и соглашения, как суверенные державы).

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