Jour J ce 30 janvier pour Gabriel Attal. Le premier ministre fait sa déclaration de politique générale à la tribune de l’Assemblée nationale. Cette tradition républicaine permet au chef du gouvernement d’exposer les grandes orientations de son programme, et les réformes et mesures qu’il veut mettre en place. Cette déclaration sera suivie d’un débat en séance publique, sans vote. La règle veut qu’au moment où le Premier ministre expose sa feuille de route, celle-ci est lue en même temps au Sénat par un membre du Gouvernement. Un moment parlementaire à voir et revoir sur LCP Assemblée nationale.

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    – Yaël Braun-Pivet: La séance est ouverte. Je vous indique que j’ai reçu aujourd’hui, à 14h30, une motion de censure déposée par madame Mathilde Panot, monsieur Boris Vallaud, madame Cyrielle Chatelain, monsieur André Chassaigne,

    et 146 membres de l’Assemblée nationale, en application de l’article 49 alinéa 2 de la Constitution. En application de l’article 153 de notre règlement, il est pris acte de ce dépôt.

    La motion de censure va être notifiée au gouvernement et affichée. La date et l’heure de la discussion de la motion seront fixées par la conférence des présidents que je réunirai.

    L’ordre du jour appelle la déclaration du gouvernement suivie d’un débat, au titre de l’article 50 de la Constitution. La parole est à monsieur le Premier ministre. L’Assemblée nationale acclame Gabriel Attal.

    – Gabriel Attal: Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés. Le propre de toute société humaine, c’est de regarder en face l’avenir qui se dessine devant elle, interroger

    son modèle, puiser en soi les ressources suffisantes pour corriger ce qui doit l’être, construire les bonnes solutions. Une société ne se perd jamais quand elle cherche à avancer. Une société ne se perd jamais

    quand elle doute. Elle perd quand le doute l’emporte sur tout le reste, quand le doute glace, quand il fige, quand il conduit à douter non pas de l’avenir qui se dessine

    mais à douter de soi-même, de ses forces, de ses capacités. Je suis né… L’Assemblée nationale acclame Gabriel Attal. L’Assemblée nationale acclame Gabriel Attal. Je suis né en 1989, l’année du bicentenaire

    de la Révolution. Une année 89, où on a cru que la démocratie libérale et le progrès universel triompheraient par eux-mêmes. Ma génération a vu l’inverse se produire. Notre génération, partout dans le monde,

    voit son monde chamboulé plus fortement encore que toute autre avant elle. Elle est en proie au doute. Doute sur l’avenir de sa planète, doute sur son identité, doute ici, en France,

    sur qui nous sommes, comme peuple et comme nation. Doute sur notre modèle social, sur le service public, sur notre démocratie. Notre responsabilité, celle de chacune et chacun d’entre nous, c’est de puiser

    en nous la force d’identifier tous les ressorts pour les surpasser. Si nous sommes engagés par-delà nos divergences, c’est que nous avons un point commun partagé par des dizaines

    de millions de nos concitoyens, nous voyons davantage de raisons d’espérer que de douter. C’est parce que nous sommes prêts à affronter pour avancer, affronter pour avancer.

    Mesdames et messieurs les députés… Des députés acclament Gabriel Attal. En m’exprimant face à vous, c’est en réalité à chaque citoyen de notre pays que je m’adresse. A travers vous, c’est à chacun

    de nos concitoyens que je veux le dire, nous ne sommes pas n’importe quel pays. La France n’a jamais été, n’est pas, et ne sera jamais une nation qui subit ni aujourd’hui, ni demain. …

    Dans les pires moments de doute, de désarroi, de désunion, elle a montré sa solidité, son supplément d’âme, qui fait d’elle une nation à nulle autre pareille. En cette année 2024, nous commémorons

    les 80 ans du Débarquement, la libération de la France, le soutien à des Français qui n’avait jamais cessé de croire en elle. Nous allons ouvrir les portes de Notre-Dame

    de Paris alors que l’image des flammes restent vives dans les yeux des Français. En cette année 2024, nous accueillerons le monde, un monde bouleversé, un monde divisé. Oui, nous accueillerons le monde à l’occasion

    des Jeux Olympiques et Paralympiques. La France rime avec puissance. La France est un repère, un idéal, un patrimoine millénaire. C’est un héritage moral, la nation d’un modèle social envié dans le monde entier.

    La France… La France, c’est le pays de la création que nous soutenons. Et qui nous fait rayonner. C’est la patrie de la recherche à laquelle nous donnons des moyens sans précédent.

    C’est la nation de l’innovation qui construit le monde de demain, de 2030. La France, ce sont nos jeunes qui osent et qui se lancent. La France, ce sont nos familles

    et toutes ces mères célibataires qui se battent, qui ne lâchent jamais rien. Ce sont nos soignants, nos professeurs, nos forces de l’ordre, tous nos agents publics, nos militaires qui s’engagent

    pour quelque chose qui les dépasse. Ce sont nos artisans qui font rayonner nos savoir-faire, nos agriculteurs, nos pêcheurs qui travaillent matin midi et soir pour nous nourrir… Ce sont nos élus locaux,

    et je suis l’un des leurs depuis 10 ans, qui s’engagent et donne corps et âme pour leur territoire, ce sont nos associations, nos bénévoles… C’est 68 millions de Français de l’Hexagone

    et de l’outre-mer qui n’ont pas fini de nous surprendre. Dans un monde où tout s’accélère, où tout se transforme, je refuse avec eux que notre identité puisse se diluer ou se dissoudre.

    La France a son rang à tenir, sa voix à faire entendre, sa singularité à tenir, sa voix à faire entendre, sa singularité à imposer. Nous avons une fierté française à maintenir.

    Une fierté européenne à consolider. Affronter pour avancer. Les difficultés économiques, les bouleversements climatiques, démographiques, géopolitiques, ils ne nous conduiront jamais à nous perdre.

    Cela ne signifie pas la fin de tout, mais le passage d’un monde à l’autre. Un passage difficile, un passage douloureux, inquiétant à bien des égards, mais un passage que nous réussirons,

    j’en suis intimement convaincu. A ceux qui veulent y voir notre disparition, j’y vois notre renaissance. Nous avons une identité et des valeurs. A ceux qui veulent y voir un triangle

    des Bermudes, j’y vois notre savoir, nous savons où nous voulons aller, et nous y arriverons. A ceux qui veulent y voir une perte de boussole, j’y vois une détermination car j’ai confiance.

    J’ai confiance car je connais les obstacles que nous avons franchis et les tabous que nous avons levés. J’ai confiance parce que je connais les Français, leur énergie, leur volonté, leur créativité…

    J’ai confiance parce que face aux épreuves, aux inquiétudes et aux crises, notre pays s’est toujours relevé. L’épidémie de Covid a mis à jour bon nombre de fractures dans notre société,

    elle a poussé notre modèle social dans ses retranchements mais notre pays a tenu et nous avons protégé nos concitoyens beaucoup mieux que beaucoup d’autres l’ont fait. Le dérèglement climatique nous frappe

    plus dur, plus fort, plus souvent. Notre pays agit avec force et jamais dans son histoire les émissions de gaz à effet de serre n’ont baissé aussi rapidement que l’an dernier.

    La guerre en Ukraine a ébranlé l’Europe. Elle a détruit le rêve d’une paix éternelle sur notre continent. Elle nous a rappelé durement que la démocratie était fragile

    et la liberté, un idéal toujours à défendre. Notre pays, notre Europe, ont montré le visage de la détermination face à l’agresseur et sa solidarité pour le peuple ukrainien. L’attaque terroriste monstrueuse

    en Israël et la guerre au Proche-Orient ont ravivé des plaies, des maux jusque dans notre société. Notre pays a su se dresser et répondre par le refus de la haine et l’unité.

    La crise énergétique, l’inflation, la menace terroriste, les crises se superposent et s’additionnent. Elles n’offrent aucune solution miraculeuse. Méthodiquement, avec les Français, nous y répondrons. Pour beaucoup de Français, l’avenir

    est davantage une crainte qu’une promesse. Encore trop de Français ont le sentiment de perdre le contrôle de leur propre vie. Avec le président de la République, avec mon gouvernement, je ne m’y résous pas,

    je ne m’y résoudrai jamais. Pour tous les Français, nous allons affronter pour avancer. Pas par des belles paroles, de grands actes et de beaux discours, mais par des actes rapides, concrets, de nouveaux changements

    dans leur vie et sur le terrain! Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, l’identité même de cette majorité, de ce gouvernement, c’est de reconquérir notre souveraineté française et européenne.

    Notre promesse aux Français est claire. Oui, nous voulons reprendre notre destin en main en ouvrant une nouvelle page de cette conquête, nous pouvons nous appuyer sur un bilan concret, tangible et solide.

    En 2017, ma génération n’avait connu que la désindustrialisation qui semblait inéluctable. Le chômage de masse qui s’ancrait, l’Europe qui se désunissait, la transition écologique qui rimait avec nécessité plus qu’avec réalité.

    En 2017, la souveraineté de la France et de l’Europe étaient pour beaucoup un pensée. Pour certains, il s’agissait d’un gros mot. Nous avons assumé. Nous avons aussi assumé d’en faire

    la matrice de notre action. Nous avons agi! Nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté économique avec pour la première fois le retour de l’industrie sur notre sol, n’en déplaise

    aux Cassandre! N’en déplaise aux Cassandre, il y a désormais plus d’usines qui ouvrent que d’usines qui ferment en France, plus d’emplois industriels qui sont créés que d’emplois industriels

    qui sont détruits en France. Ce n’était pas arrivé depuis 30 ans! Notre taux de chômage est descendu à un niveau jamais atteint depuis 25 ans. Pour la 25e année consécutive,

    notre pays est le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers! Nous avons engagé des moyens contre le réchauffement climatique et pour la planification écologique inédite

    dans le monde et une stratégie énergétique pour une énergie plus souveraine et plus durable. Nous avons engagé une action résolue pour la souveraineté de nos frontières avec une loi immigration et impacté

    ainsi l’immigration au niveau européen, enfin protecteur de notre pays. Nous avons engagé une action résolue pour que chaque Française, chaque Français, puisse garder le contrôle de sa propre vie,

    qu’il ne soit jamais entravé, assigné à résidence et nous avons engagé une action pour la souveraineté agricole de notre pays. Depuis le début de cette intervention, je dis que notre agriculture

    est une force. Pas seulement parce qu’elle nous alimente, mais parce qu’elle constitue un des fondements de notre identité et de nos traditions. Nos agriculteurs incarnent des valeurs fondamentales.

    Lorsqu’ils sont bridés, ça fragilise l’ensemble de la société. Je pense au travail, et à la liberté d’entreprendre. Notre agriculture est une force et une fierté.

    Il y a, et il doit y avoir, une exception agricole française! Je suis lucide. Je suis lucide face à l’empilement des normes, face aux décisions qui tombent d’en haut. L’agriculture doute et elle attend

    des réponses et des solutions. Nous serons au rendez-vous sans aucune ambiguïté. Madame la présidente… Devant vous, je prends la parole, conscient de l’ampleur de la tâche à accomplir.

    Je veux m’adresser à tous les Français, qui doutent, qui espèrent, qui écoutent et qui n’y croient plus. Je veux m’adresser aux Français de la classe moyenne au rendez-vous

    de leurs responsabilités, qui ne se plaignent pas et qui ont le sentiment de subir. A ces Français qui ont le sentiment d’avoir tous les devoirs quand d’autres ont tous les droits!

    A ces Français qui ont parfois le sentiment que leur propre pays s’éloigne, qu’ils n’y ont plus vraiment leur place alors qu’ils ont le coeur battant. A ces Français trop riches pour bénéficier

    des aides mais pas assez pour ne pas en bénéficier, qui ont le sentiment que les décisions se prennent sans eux et bénéficient toujours aux mêmes personnes.

    A ces Français qui ont parfois l’impression de vivre dans une France archipel dont les ponts sont sur le point de rompre. A ces Français qui espèrent au fond d’eux qu’on arrivera à les réunir.

    Ils ne demandent qu’à pouvoir vivre de leur travail, éduquer leurs enfants, se soigner et vivre en sécurité! Je les entends. Comme la majorité oeuvre depuis 2017, je veux contribuer à leur répondre.

    Je le veux avec d’autant plus de détermination que je sais le risque pour eux serait de céder à des sirènes qui ne conduiraient qu’au chaos, et à l’effondrement. Pendant que nous agissons, certains guettent,

    entretiennent les colères et espérant récolter les fruits. Le défi est immense. J’ai bien conscience que nous ne pourrons pas le relever seuls avec les ministres que je remercie pour l’engagement sans faille.

    J’ai bien conscience aussi du message très clair exprimé par les Français en 2022. Nous avons une majorité que je salue, à qui je veux dire ma confiance,

    ma fidélité, mais qui est relative. Les Français veulent que nous cessions les querelles de principes pour échanger, pour agir ensemble. Sur bien des textes, nous y sommes parvenu.

    Je le dis à la majorité et aux oppositions, nous avons la France en partage. Nous avons un devoir commun de transcender les clivages, les désaccords et les divisions pour oeuvrer au service des Français.

    Evidemment, nous ne serons pas d’accord sur tout. Nous nous opposerons dans cet hémicycle et ailleurs. Je ne renoncerai jamais à dialoguer. Ma porte sera toujours ouverte. A travers vous, mesdames et messieurs

    les députés des oppositions, ce sont les voix de millions de Français qui s’expriment même si je ne suis pas convaincu que des millions de Français veuillent

    qu’on cherche à couvrir la voix de son interlocuteur lorsqu’il parle à l’Assemblée nationale. C’est aussi cela, la méthode que je veux pour mon gouvernement. Respectez notre Parlement, je m’y engage.

    J’en serai le garant. Ma méthode a toujours été la même. Chaque Français porte une vérité sur notre pays. Nous devons l’écouter et y répondre. Forces politiques, élu local, j’ai toujours échangé avec lucidité.

    Je veux chercher à faire résonner les mots de nos concitoyens, répondre à leurs inquiétudes et porter leurs espoirs. Mesdames et messieurs les députés, ma priorité est claire: favoriser

    le travail pour que ceux qui en sont éloignés s’en rapprochent, soutenir les personnes qui sont toujours au rendez-vous de la responsabilité. Mon cap est clair. C’est celui de la souveraineté

    et de l’indépendance à l’échelle individuelle, nationale et européenne. Ma méthode est claire. Elle reste la même. Dire les choses. Dire la vérité même quand ça fait mal, même quand ça nous conduit à remettre

    en cause de décision. Dire la vérité et agir, vraiment, agir maintenant. Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, parler aux Français, c’est, au fond, entendre quatre appels à l’action.

    Pour l’autorité et le civisme, le respect des droits et devoirs, partout et pour tous. Pour un environnement plus respirable, partout et pour tous. Je veux l’affirmer. Nous n’avons pas renoncé.

    Nous n’avons pas renoncé aux grandes conquêtes et à la création de droits nouveaux. Pour le travail, pour nos services publics, pour le rétablissement de l’autorité dans la société, pour la transition écologique,

    nous partons d’un bilan solide. Derrière le cap fixé par le président de la République, nous avons multiplié les actions et les réformes. Je veux rendre hommage à l’action déterminante d’Edouard Philippe,

    Jean Castex, et Elisabeth Borne, dont le sens de l’Etat et la détermination sont des exemples. Je veux rendre hommage à la majorité toujours mobilisée pour améliorer le quotidien des Français.

    Je veux saluer tous les parlementaires qui ont accepté de sortir des logiques partisanes pour permettre l’adoption de nombreux textes. Aujourd’hui, les résultats sont présents. Depuis 2017, nous avons montré

    que le chômage de masse n’était pas une fatalité, nous avons engagé des réformes fortes qui avaient été trop longtemps repoussées, nous avons pris les ordonnances travail

    dès le début du premier quinquennat, nous avons mené une réforme de l’assurance-chômage, une réforme de l’apprentissage, une réforme des retraites, nous avons lancé le contrat d’engagement jeune,

    nous avons baissé les impôts et les charges, et engagé une réforme majeure du lycée professionnel. Notre industrie revient. Nous avons le cap du million d’emplois en vue.

    Depuis 2017, nous avons agi massivement pour le service public, pour notre santé, avec les 19 milliards d’euros du Ségur de la santé, et une revalorisation historique des soignants, de l’augmentation

    des places en études de médecine. Nous avons engagé des transformations majeures à l’école pour l’égalité des chances. Je pense au dédoublement des classes ou à l’augmentation du salaire des enseignants,

    la plus forte depuis 30 ans. Pour notre sécurité, nous avons investi comme jamais par le passé. 10.000 postes de policiers et gendarmes ont été créés pendant le premier quinquennat. 8500 pendant celui-ci.

    Nous avons lancé la création de 238 brigades de gendarmerie nouvelles. La sécurité doit être pour tous, y compris dans la ruralité et dans les petites villes. Depuis 2017, pour la planète,

    nous avons préféré, aux grands mots, les vrais actes. Nous agissons. Avant 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont baissé de moitié par rapport au premier quinquennat.

    L’année dernière, elles ont baissé de près de 50%. C’est notre crédit sur l’action. Conformément à l’engagement du président de la République, nous avons une stratégie complète de planification écologique.

    Nous nous donnons les moyens de réussir et nous investissons 40 milliards d’euros pour la transition écologique. Nous avons beaucoup fait, mais il reste encore du chemin. Avec mon gouvernement, je suis prêt,

    je suis déterminé. Nous devons répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et faire en sorte que les personnes qui vont travailler plus dignement de leur travail gagnent toujours

    plus que ceux qui ne travaillent pas. Nous devons répondre aux défis des emplois non pourvus. Il est incompréhensible que le chômage reste à ce niveau alors qu’il y a tant d’entreprises

    et de filières qui cherchent à recruter partout sur le territoire national. Nous avons en France un paradoxe. Nous avons un salaire minimum nettement supérieur à celui de nos voisins. Nous en sommes fiers.

    Mais nous avons une part de nos travailleurs proche du SMIC, beaucoup plus importante que nos voisins. C’est un problème. Nous agirons résolument pour que les branches professionnelles

    qui continuent à rémunérer en dessous du SMIC remontent ces rémunérations. C’était le cas d’une soixantaine d’entre elles l’été dernier. Grâce à la mobilisation, nous étions descendus

    à une trentaine à la fin de l’année 2023. La revalorisation du SMIC au 1er janvier dernier en a fait redescendre une partie en dessous du SMIC. Je demande de poursuivre et amplifier

    la mobilisation pour des résultats rapides. Je n’exclus aucune mesure pour y parvenir. Ensuite, nous devons faire évoluer un système qui nous a conduits, je le disais il y a un instant,

    depuis des décennies, à concentrer nos aides et nos exonérations au niveau du SMIC. Pour augmenter de 100 euros le revenu d’un employé au SMIC, l’employeur doit déployer 238 euros de plus.

    Le salarié perd 39 euros de prime d’activité, il voit ses cotisations sociales augmenter de 26% et il rentre dans l’impôt sur le revenu. Autant le dire, notre système, fruit

    de réformes successives, a placé notre monde économique dans une situation où il n’y a presque plus aucun intérêt pour quiconque à augmenter un salarié au SMIC.

    On ne peut accepter une France où beaucoup sont condamnés à rester proches du SMIC toute leur carrière. La progression salariale doit toujours permettre de récompenser l’effort et le mérite. J’assume de le dire.

    Il faut désmicardiser la France. Dès le prochain projet de loi de finances, en nous appuyant sur les propositions de partenaires sociaux et des travaux d’experts qui sont conduits, nous commencerons à réformer ce système.

    Nous devons aussi continuer à baisser les charges qui pèsent sur la classe moyenne. Après la suppression de la taxe d’imposition, la taxe d’habitation, et la baisse des premières tranches d’imposition

    sur le revenu, il y aura une nouvelle baisse d’impôts de 2 milliards d’euros. La solidarité nationale va s’exercer pour nos classes moyennes. Valoriser le travail, ce n’est pas seulement pour les salariés.

    Nous agirons aussi pour nos fonctionnaires qui permettent à l’Etat d’avancer et s’engagent, en intégrant leurs efforts à la rémunération. Un projet de loi sera déposé. Nous agirons pour nos indépendants,

    tous nos commerçants, nos artisans, nos agriculteurs qui sont indépendants. En 2026, nous aurons réformé la catégorie des indépendants. Plus de droits, notamment à la retraite, c’est l’engagement de la majorité.

    Je veux aussi déverrouiller l’accès au travail. Je veux déverrouiller notre société. Je vais permettre à toute personne qui le peut de travailler avec en tête les devoirs de chacun.

    Le droit d’être mieux accompagné avec la réforme de France Travail, mais aussi le devoir de chercher un emploi. Nous avons lancé une expérimentation qui conditionne le RSA à 15h d’activité

    pour l’insertion. Nous généralisons ce dispositif à tous les départements de France d’ici le 1er janvier 2025. De plus, nous devons aller plus loin dans la réforme de l’assurance-chômage.

    Une négociation a été lancée en faveur de l’emploi des seniors, de la prévention de l’usure professionnelle et des parcours. Nous souhaitons qu’elle aboutisse à un résultat ambitieux. La situation économique évolue.

    Nous gardons notre objectif de plein emploi et nous devons inciter toujours plus à la reprise du travail. Je serai extrêmement attentif à l’évolution de la trajectoire financière de l’assurance-chômage.

    Si cette dernière dévie, je n’hésiterai pas, comme la loi le permet, à demander aux partenaires sociaux de remettre l’ouvrage sur le métier sur la base d’une nouvelle lettre aux ambitions très claires.

    Il faut inciter à la reprise d’emploi sans aucun tabou. Nous assumerons également de combattre l’inactivité. D’un côté, en rendant les droits effectifs. Nous avons été capables de faire le prélèvement à la source.

    Nous arrivons à mettre en place le chantier de la solidarité à la source, pour garantir la justice sociale, pour que chacun touche l’intégralité de ce à quoi il a le droit.

    Combattre les trappes à inactivité, c’est permettre le droit à chacun grâce à la solidarité à la source. Je pense notamment à l’allocation de solidarité spécifique qui prolonge l’indemnisation

    du chômage et qui permet sans travailler de valider des trimestres de retraite. Nous avons une cohérence. On considère que la retraite doit être le fruit du travail. Nous proposerons la bascule de l’allocation

    de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation. Un système moins coûteux, c’est un impératif. Déverrouiller le travail, c’est aussi répondre aux attentes de nos concitoyens. Le rapport au travail a changé.

    Je mesure les changements de mentalité, les nouvelles attentes sur les horaires, la disponibilité et l’équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. Ces aspirations ne doivent pas être reniées et caricaturées,

    au risque de décevoir certains ici. Personne ne demande un droit à la paresse, dans notre pays. Ces aspirations doivent être regardées pour ce qu’elles sont. Notre rapport au travail est notre rapport

    à l’équilibre personnel. On ne peut pas appliquer les mêmes calques génération après génération. Les attentes changent et les technologies évoluent. Comme ministre des Comptes publics, j’avais décidé d’expérimenter dans mon administration

    non pas la semaine de, mais en 4 jours, sans réduction du temps de travail. A certains endroits, il y a eu peu de candidats. A d’autres, ils ont choisi de pouvoir arriver

    plus tôt le matin et de pouvoir partir plus tard le soir pour pouvoir travailler un jour de moins. Je demande à l’ensemble de mes ministres d’expérimenter cette solution dans leurs administrations centrales.

    L’Etat doit donner l’exemple, s’agissant de l’organisation de travail, notamment pour toutes ces personnes qui travaillent dur et qui se sentent invisibles. Je pense notamment aux personnes du ménage, parfois forcées à faire

    des heures de transport en commun en pleine nuit pour ne pas qu’elles travaillent avec les salariés. Je veux que les personnels d’entretien de l’administration qui le souhaitent puissent

    travailler aux mêmes horaires que tout le monde, c’est-à-dire aux horaires de bureau. Oui, nous devons mieux prendre en compte notre rapport au temps. Nous continuerons à avancer

    dans le chantier du compte épargne temps universel, sac à dos social qui doit permettre à ceux qui le souhaitent de travailler… – Yaël Braun-Pivet: Il y a un brouhaha continu.

    Je vous remercie de bien vouloir baisser d’un ton. Monsieur le Premier ministre? – Gabriel Attal: Ils ont compris que je ne m’arrêterai pas. Je peux continuer sans aucune difficulté.

    Il faut mieux prendre en compte notre rapport au temps. Nous continuerons à avancer dans le chantier du compte épargne temps universel, ce véritable sac à dos social qui doit permettre

    à ceux qui le souhaitent de travailler beaucoup plus à certains moments de leur vie, notamment quand ils sont jeunes et qu’ils n’ont pas encore de responsabilités familiales, pour pouvoir ensuite travailler

    moins pour développer un projet et pour s’occuper de leur famille ou d’un proche qui en a besoin. Il faut déverrouiller notre économie. C’est aussi conquérir de nouvelles libertés,

    être capable de continuer à transformer et libérer. Un projet de loi en ce sens sera examiné au printemps. Il permettra notamment de déverrouiller certaines professions, comme les syndics

    ou les ventes en ligne de médicaments par les pharmacies. Beaucoup d’entre vous me l’ont dit: s’il est un secteur qu’il faut déverrouiller, c’est bien le logement. Le problème du logement est clair.

    Il tient à la foi à l’offre et à la demande. Or, pouvoir se loger, acquérir son logement, c’est l’assurance d’une retraite sereine pour beaucoup de Français. Nous répondrons à cette crise du logement

    en créant un choc d’offre avec cinq solutions immédiates proposées. D’abord, nous allons simplifier massivement les normes, simplifier l’accès à MaPrimeRénov’, faciliter la densification, accélérer les procédures.

    Nous désignerons ensuite, dans deux semaines, 20 territoires engagés pour le logement où nous accélérons toutes les procédures, comme nous avons su le faire pour les JO pour y créer 30.000 nouveaux logements d’ici

    trois ans. Nous effectuerons des réquisitions pour des bâtiments vides, dont des bureaux. Nous continuerons à le faire. Nous continuerons à soutenir le monde du logement social.

    Nous avons agi pour lui en maintenant le taux du livret A. Nous voulons répondre aux causes structurelles de la crise du logement social. Nous allons contribuer à faire évoluer

    le monde du logement social, le faire évoluer pour inciter les élus à développer de nouveaux programmes. Je vous annonce que nous allons donner aux maires la main pour la première attribution

    dans les nouveaux logements sociaux construits sur leurs communes. C’était une mesure attendue par les élus locaux. Nous allons aussi engager un chantier de réflexion pour faire évoluer le logement social

    pour qu’il réponde davantage aux classes moyennes. D’ici 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d’ajouter

    pour une part les logements intermédiaires accessibles à la classe moyenne dans ce calcul des 25%. Mesdames et messieurs les députés, il faut déverrouiller pour libérer la croissance.

    Je veux aussi débureaucratiser la France. Il a été évalué que, chaque année, 60 milliards d’euros sont perdus à cause des démarches et des complexités de notre quotidien. Nous engagerons, après l’été, une nouvelle étape

    de la réforme du droit du travail, avec un objectif clair: libérer nos TPE et nos PME, simplifier leur quotidien et leur permettre de négocier certaines règles directement, entreprise par entreprise.

    Cet élan de simplification ne doit pas se limiter au travail. Partout dans notre pays, les Français me racontent combien les normes les oppressent, les empêchent de faire et d’avancer.

    Je pense à nos agriculteurs et je pense à tous les petits patrons. Je pense à nos élus locaux qui croulent sous les règles et les procédures administratives. A date, le nombre de mots pour dire

    des normes sur LégiFrance s’élève à plus d’un million. Nous évaluerons les normes qui peuvent être simplifiées avec les Français et les professionnels. Nous regarderons les démarches qui peuvent être améliorées.

    Mon seul objectif est de laisser les Français vivre. Supprimer des normes, c’est possible. 10 normes nationales pour les agriculteurs vont être supprimées. Au niveau local, en Haute-Garonne,

    les préfets et les agriculteurs se sont accordés sur la prorogation de quatre arrêtés préfectoraux. Cette logique est étendue à l’ensemble des départements français. Simplifier les démarches, c’est possible.

    Je vous annonce que dès cette année, chacun pourra enfin porter plainte en ligne partout sur le territoire. Simplifier pour éviter la gabegie, c’est possible. Je vous annonce une nouvelle règle générale simple.

    Tous les organes, tous les comités ou autre qui ne se sont pas réunis ces 12 derniers mois seront supprimés, par règle générale. Applaudissements et protestations Enfin, des pans entiers de notre économie demandent

    des simplifications drastiques, notamment pour accélérer le retour de notre industrie. Pourquoi? Trop de délais, c’est moins de projets et moins d’emplois, moins de croissance. Quand un investisseur veut implanter

    un projet en Europe, quelque chose lui saute aux yeux. En France, il faut 17 mois en moyenne pour implanter un projet industriel. C’est deux fois moins en Allemagne. Ce ne peut pas continuer.

    Avec le projet de loi industrie verte, nous avons marqué une première étape. Je vous annonce que nous déposerons un deuxième projet de loi industrie verte. Il proposera de demander à la CNDP

    de concentrer ses travaux uniquement sur les projets d’envergure nationale. Ce sera 6 mois de gagnés pour les autres projets. La bureaucratie qui recule, c’est la liberté qui avance.

    Je veux libérer les Français des contraintes. Mesdames et messieurs les députés, déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser, dans un seul objectif: réarmer notre pays. Je veux le dire d’emblée: le préalable

    du réarmement de la France, c’est la responsabilité budgétaire. Nous devons faire preuve d’une responsabilité exemplaire dans nos finances publiques. Il en va de notre souveraineté

    et de la survie de notre modèle social ainsi que de la protection des plus fragiles. Il en va de la protection des classes moyennes, qui seraient les premières victimes

    des coupes massives et des hausses drastiques auxquelles nous serions contraints si nous ne tenons pas notre trajectoire de réduction des déficits et de notre dette. Pour nous, le meilleur moyen de réduire

    notre déficit restera le travail et la croissance. Pour certains, la croissance est un gros mot. Pour ceux-là, on n’a que le mot “taxer” à la bouche.

    Vous avez voulu taxer les heures supplémentaires des ouvriers, le patrimoine des retraités et les successions des petits agriculteurs. Quand on taxe tout, très vite, il n’y

    a plus rien à taxer et on ne taxe plus rien du tout. Je vous confirme que nous poursuivrons le même cap: repasser sous les 3% de déficit public d’ici 2027

    grâce à plus de croissance, pas grâce à trop d’impôts, grâce à des économies de structures aussi. Nous mettrons toute notre force dans la bataille. Nous allons renforcer les revenus de dépenses.

    Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, ce réarmement que nous construisons avec le président de la République a un objectif prioritaire: nous continuerons à renforcer

    notre souveraineté nationale et européenne, où nos frontières doivent être respectées. La lutte contre l’immigration illégale doit continuer à s’intensifier. Il faut assumer d’accueillir moins pour accueillir mieux.

    Nous continuerons de déployer la border force qui a permis à des dizaines d’interpellations à la frontière italienne. Je tiendrai l’engagement de ma prédécesseure de réformer l’aide médicale d’Etat.

    Nous le ferons avant l’été par voie réglementaire, avec une base connue. Défendre notre souveraineté nationale, c’est aussi donner les moyens nécessaires à nos armées pour protéger nos territoires et nos valeurs.

    Nos militaires se battent au péril de leur vie pour défendre notre pays et notre République. Dans le cadre de la loi de programmation militaire, nous tiendrons nos engagements.

    Nous aurons doublé le budget du ministère de la Défense en deux quinquennats. Avec vous tous, avec vous toutes, je veux rendre hommage aux femmes et aux hommes de nos armées, rendre hommage

    à ceux qui sont tombés pour nous défendre. Leur sacrifice nous oblige. Notre reconnaissance est infinie. Applaudissements Notre souveraineté, c’est aussi notre capacité à répondre aux besoins de nos concitoyens.

    Sur ces fondements, nous allons réarmer nos services publics. Ils ont toujours été une fierté. Ils doivent le rester. Pour certains d’entre eux, ils doivent le redevenir. Nous allons réarmer notre système

    de santé. Je veux rendre hommage à tous les soignants de France, chacun dans leur spécialité. Ils sont les visages de l’engagement, de l’accompagnement, de l’attention et de l’humanité. Applaudissements

    Aujourd’hui, quel est le problème? Malgré le travail de nos soignants, le temps médical manque. – Yaël Braun-Pivet: Un peu de silence. – Gabriel Attal: Nos compatriotes ne trouvent pas assez de médecins.

    Les délais aux urgences se rallongent. Cela se traduit par la désertification de notre pays et la saturation de nos hôpitaux, en particulier des urgences. L’objectif est clair: plus de temps médical.

    Premier pilier: agir pour qu’il y ait plus de médecins devant les Français. Les effets de la suppression du numerus clausus ne se feront pas sentir immédiatement. Nous devons mettre en oeuvre des solutions fortes

    tout de suite. Nous procéderons à la régularisation des médecins étrangers sur notre territoire. C’est pourquoi, aussi, je vous l’annonce, je nommerai un émissaire chargé d’aller chercher

    à l’étranger des médecins qui voudraient pratiquer en France. Nous devons faire revenir les étudiants qui sont partis étudier à l’étranger. Nous devons aussi mieux reconnaître l’expertise et la volonté de soignants,

    qui ont fait beaucoup d’études et qui ont une véritable expérience. Une infirmière anesthésiste qui a un bac+5 doit pouvoir, si elle le souhaite, rentrer directement

    en 3e année de médecine pour devenir médecin, si elle le souhaite. Deuxième pilier: agir pour qu’il n’y ait aucun territoire oublié. Nous avons depuis 2017 déployé le système d’accès aux soins.

    Dès cet été, chaque département devra posséder un tel système. Je suis prêt à aller plus loin en restaurant des obligations de garde pour les médecins libéraux en soirée ou le week-end,

    dans leur cabinet, à l’hôpital ou en maison de santé. Troisième pilier: libérer les médecins pour qu’ils se concentrent sur le soin. Nous poursuivrons les chantiers engagés, notamment pour l’attractivité

    de tous les métiers du soin. Nous allons accélérer le passage de 6000 à 10.000 assistants médicaux, qui permettront aux médecins de pouvoir se consacrer davantage aux patients et moins aux formalités administratives.

    Cela représente 2,5 millions de consultations supplémentaires libérées pour les patients tous les ans. Nous allons poursuivre notre action en faveur de l’hôpital. Les moyens du Ségur de la santé

    ne sont pas encore arrivés partout. Ces lenteurs sont insupportables. Il y a encore aujourd’hui trop de rendez-vous médicaux qui ne sont pas honorés. Pour les médecins, il est insupportable d’avoir chaque jour des patients

    qui ont un rendez-vous et qui ne se présentent pas. Pour les Français, il est insupportable de savoir que des millions d’heures sont perdues alors qu’ils attendent parfois des mois pour un rendez-vous.

    Je souhaite un principe simple qui se traduise par des mesures claires dès cette année: quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye. Applaudissements

    Protéger nos concitoyens, c’est aussi les accompagner à tous les âges de la vie et à toutes les étapes de la vie. Nous continuerons à agir pour l’enfance, notamment l’enfance en danger.

    Nous bâtirons une société où chacun peut vieillir comme il l’entend, en facilitant le maintien à domicile de ceux qui le souhaitent et en améliorant le quotidien en EHPAD. Nous avancerons ensemble.

    Parler de santé, c’est trop souvent oublier la santé mentale. Le mal-être, les dépressions, les pensées suicidaires ont beaucoup progressé chez nos jeunes. Je veux faire de la santé mentale

    de notre jeunesse une grande cause de notre action gouvernementale, avec, là aussi, des mesures claires et immédiates. D’abord, réformer le dispositif MonSoutienPsy. Ce dispositif partait d’une bonne intention,

    mais il n’a pas donné les résultats escomptés. Il faut avoir le courage de le reconnaître, même si c’est nous qui l’avons mis en place. Je vous annonce donc que nous allons

    le rénover de fond en comble. Nous allons augmenter le tarif de la consultation remboursée pour limiter au maximum le reste à charge et pour lever tous les verrous. Nous permettrons aux jeunes

    d’avoir accès directement aux psychologues pris en charge sans passer par un médecin. De plus, nous allons mailler notre territoire de maisons départementales des adolescents. Il y en a 50, aujourd’hui.

    Je souhaite qu’il y en ait une par département dans notre pays. Pour la santé psychologique, les infirmières scolaires sont des relais essentiels auprès des élèves. Elles accomplissent un travail remarquable.

    Elles accompagnent les jeunes avec disponibilité, écoute et soin. Nous devons recruter davantage d’infirmières scolaires et mieux reconnaître leur engagement. Aussi, je vous annonce, et c’est grâce à un amendement porté

    par cette majorité dans le dernier PLF, que j’ai décidé de verser aux infirmières scolaires en mai prochain une prime de 800 euros et de revaloriser leur salaire de 200 euros net

    par mois à compter de cette date. Je demande également au gouvernement de travailler à des revalorisations pour les autres personnels sociaux et sanitaires en milieu scolaire. Madame la présidente, mesdames et messieurs

    les députés, renforcer nos pouvoirs publics, c’est aussi défendre notre école. Je veux rendre hommage à nos professeurs qui s’investissent tous les jours au service de notre école, de nos élèves et de notre pays.

    J’ai souvent dit ma fierté d’être leur ministre. Aujourd’hui, comme Premier ministre, je n’oublie rien de ce que nous leur devons. Je serai toujours à leurs côtés.

    Je l’ai dit sur le perron de l’hôtel de Matignon… Je l’ai dit sur le perron de l’hôtel de Matignon, dès mes premières minutes comme Premier ministre, l’école est la mère des batailles.

    Il faut partir de la réalité des faits et pas seulement des classements internationaux. Il suffit d’écouter ce que nous disent les Français, notamment les parents et grands-parents.

    Le niveau a baissé durant ces dernières décennies. Que nous disent les professeurs? Que leur métier est de plus en plus difficile à exercer. Ils ont parfois peur d’enseigner des pans entiers de notre histoire

    et de notre littérature. Que nous disent les jeunes qui envisagent de devenir enseignants? La formation initiale telle qu’elle est organisée ne correspond pas à leurs attentes et freine leur vocation.

    Nous allons continuer à leur répondre. Pour élever le niveau des élèves, j’avais lancé le Choc des savoirs. Il doit se déployer. C’est assumer que tout le monde ne progresse pas au même rythme,

    que tout le monde n’a pas les mêmes facilités ou les mêmes difficultés. La décision du redoublement sera désormais à la main de l’équipe pédagogique. Des groupes de niveaux se mettront

    en place dès cette année dans les collèges. Une école du passage automatique, où on glisse de classe en classe sans vérifier si on a le niveau pour passer dans la classe supérieure,

    c’est une école où tout le monde stagne et où le niveau baisse. Nous assumons de défendre une école où tout le monde apprend à son rythme. Améliorer le savoir, c’est aussi agir

    sur la question des remplacements. Nous évaluerons le pacte enseignant. Veiller au niveau des élèves, c’est réagir aux nouveaux défis qui les menacent. Nous avons d’ores et déjà interdit le portable au collège.

    Nous allons travailler à mieux réguler l’usage des écrans dans et en dehors de l’école pour nos enfants. J’ajoute qu’une école des savoirs, c’est aussi une école qui permet de se projeter dans l’avenir.

    Tous les élèves de seconde devront faire un stage de deux semaines. Nous continuerons à rapprocher l’école de l’entreprise, des métiers, des administrations et des associations. Une école qui fonctionne,

    c’est une école où nos professeurs sont mieux formés. Nous réformerons la formation initiale des enseignants pour construire les écoles normales du 21e siècle. Cette réforme sera présentée d’ici au mois de mars.

    Une école qui marche, c’est aussi une école où les élèves sont heureux. Le bien-être des élèves est resté longtemps un impensé. Nous connaissons le résultat. Ce sont notamment les drames du harcèlement.

    Notre stratégie contre le harcèlement, qui a permis de briser des tabous majeurs, est concrète. C’est l’élève harceleur qui doit quitter l’école, plus l’élève victime qui subissait la double peine.

    Je suis fier que nous ayons décidé de ce changement. Nous prendrons en charge le remboursement des fauteuils roulants de ceux qui en ont besoin, comme nous nous y sommes engagés.

    Nous agirons partout, et particulièrement à l’école. Depuis des années, l’Etat et les collectivités se renvoient la prise en charge des AESH sur la pause du midi. Résultat: personne ne le finance

    dans beaucoup d’endroits. Les élèves ne sont pas suffisamment bien accompagnés au moment du repas et les AESH ne peuvent pas faire un tremplin pour améliorer leur rémunération. Je prends une décision claire.

    L’Etat prendra ses responsabilités et accompagnera les élèves en situation de handicap sur le temps du déjeuner en lieu et place des collectivités locales. C’est un enjeu de solidarité et de reconnaissance.

    Réarmer l’Etat, c’est réaffirmer nos valeurs. La transmission du savoir est impossible sans le respect de l’autorité et de nos valeurs républicaines, au premier rang desquelles la laïcité.

    On ne négocie pas avec la République, on l’accepte, on la respecte, sans la moindre exception. Applaudissements C’est pourquoi nous déploierons l’expérimentation de l’uniforme à l’école, et nous allons généraliser

    le port de l’uniforme si cette expérimentation réussit. A la moindre entorse à notre pacte républicain, il doit y avoir des décisions fortes et des sanctions fermes. Cela doit nous conduire à réviser l’échelle

    des sanctions pour ne rien laisser passer. Mesdames et messieurs, nous devons faire respecter l’autorité partout, dans la classe, dans les familles, dans les rues. Ce respect s’apprend à l’école,

    mais ce respect passe aussi par les familles. Les violences de juillet dernier ont marqué notre pays. Parmi les émeutiers, de très jeunes, parfois, qui semblaient avoir déjà coupé

    les ponts avec notre société, qui ne respectaient plus leurs parents, pour qui la violence est un moyen comme un autre de tromper leur ennui. Je ne me résoudrai pas à ce que l’on préfère

    attendre avant de donner une lourde peine, alors que c’est très tôt qu’il aurait fallu agir. Nous aurons des sanctions pour les mineurs de moins de 16 ans. Pour eux, on ne peut pas proposer

    des peines de travaux d’intérêt général. Nous allons créer des travaux d’intérêt éducatif, qui seront leur équivalent et qui seront donnés plus facilement que des peines de travaux d’intérêt général.

    Cela fera partie de la révision de l’échelle des sanctions dans nos établissements scolaires que j’évoquais il y a un instant. Dès le plus jeune âge, il faut revenir

    à un principe clair: tu casses, tu défies l’autorité, tu salis, on t’apprend à respecter l’autorité. Applaudissements Nous allons responsabiliser davantage les parents. Dans le cadre du projet de loi

    sur la justice des mineurs, nous soutiendrons la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants qui se sont volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales.

    Il est hors de question d’accabler certaines familles. Quand on est une mère seule de plusieurs enfants dans un quartier, on peut être dépassé par les événements et on n’est pas toujours

    responsable de la dérive de ses enfants. Pour elles, cette dérive est une douleur terrible. Nous devons les aider. Je ne me résous pas à ce que nous ayons une situation où nous avons des familles

    dépassées par les événements avec des enfants qui ne respectent pas nos règles, et 50.000 places d’internat disponibles de l’autre côté. Nous y répondrons. Quand un élève sera sur la mauvaise pente,

    plutôt que de le laisser plonger dans la délinquance, nous proposerons aux parents de le placer en internat. Nous allons le couper de ses mauvaises fréquentations et lui offrir un cadre, un enseignement,

    une chance. Le réarmement civique, c’est le respect de la loi. Nos concitoyens attendent de nous que nous agissions encore et toujours contre les violences

    et contre les trafics, ainsi que contre les cambriolages. Ils veulent de l’ordre dans nos rues. Comme l’a dit le président de la République, nous allons doubler la présence policière dans les rues d’ici à 2030.

    Nous allons mener des actions coordonnées de tous les services de l’Etat, forces de l’ordre, éducation, services sociaux. C’est le sens des forces d’action républicaines. Nous les déploierons dès la fin du mois

    de février. Contre l’insécurité, nous nous sommes fixé deux priorités, en particulier les cambriolages. Nous allons monter d’un cran dans notre combat contre la drogue. Notre stratégie de harcèlement

    contre les dealers porte ses fruits. Nous allons taper les dealers au porte-monnaie et couper les vivres. Nous allons geler les avoirs des trafiquants de drogue identifiés. Notre réarmement civique passe

    par une justice plus rapide et plus efficace. Ensemble, nous allons envoyer un message clair: l’impunité, c’est fini. Nous avons décidé de moyens exceptionnels pour notre justice. Ils seront au rendez-vous pour accélérer

    les délais. Nous allons accélérer le fonctionnement de la justice avec plus de magistrats, et une organisation plus respectueuse de nos concitoyens. Les Français ne seront plus convoqués

    sur des créneaux pouvant courir sur une demi-journée entière, mais sur un créneau bien défini. C’est par ce genre de mesures qu’on renoue le lien entre la justice et les justiciables.

    Notre réarmement civique, c’est renforcer l’unité républicaine de notre jeunesse. C’est le rôle du service national universel. Je lance les travaux en vue de sa généralisation à la rentrée 2026. Mesdames et messieurs, parler

    de nos services publics, c’est parler de nos territoires. Chacun n’a pas les mêmes défis, les mêmes attentes et les mêmes besoins. J’évoquerai demain la stratégie sur les territoires.

    Je veux ici, car vous êtes élus de circonscriptions, et élus locaux comme moi, vous dire nos attentes. Le gouvernement sera toujours à l’écoute des territoires et des élus locaux.

    Toutes les solutions se construiront avec eux. Nous cherchons toujours des solutions adaptées aux réalités du terrain en ayant recours à l’adaptation des normes. Nous continuerons à avancer.

    C’est le sens de la mission confiée à Eric Woerth qui nous donnera ses conclusions dans les prochains mois. Nous cherchons un chemin pour l’autonomie de la Corse de la République.

    Alors que je parle de différenciation de territoires, j’ai une pensée pour les territoires d’outre-mer, où elles s’imposent tout particulièrement. Y réarmer nos services publics est peut-être encore plus crucial qu’ailleurs.

    Les outre-mer sont un atout déterminant pour notre pays. Il y a dans chaque territoire d’outre-mer l’enthousiasme de notre jeunesse, la détermination à réussir l’avenir. Nos outre-mer concentrent aussi

    tous les défis contre la vie chère, contre l’emploi, pour la sécurité, et la lutte contre l’immigration illégale. Chacune de nos politiques publiques doit tenir compte des spécificités de l’outre-mer.

    Face aux enjeux exceptionnels de ces territoires, nous déposerons une loi sur Mayotte. Je veux avoir un mot particulier pour la Nouvelle-Calédonie. Je souhaite que le processus politique en cours aboutisse.

    J’y veillerai. Vous examinerez dans quelques semaines un projet de loi constitutionnelle sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ensemble, je vous propose d’accélérer encore notre transition écologique. Le dérèglement climatique,

    ce ne sont pas seulement quelques degrés de plus. Ce sont des vies détruites par les intempéries, des exploitations agricoles menacées, et toute notre capacité à nous nourrir,

    des maisons et des immeubles menacés par la montée des eaux, fissurés par les mouvements du sol. Certains voudraient une écologie de la brutalité. Pour eux, l’écologie doit être punitive,

    douloureuse, doit passer par la décroissance. La décroissance, je le redis, c’est la fin de notre modèle social, et la pauvreté de masse, jamais je ne l’accepterai! Je crois au contraire

    qu’on ne fera pas l’écologie contre le peuple. Je crois au contraire qu’il faut entendre les inquiétudes de tous les Français. Il faut entendre les agriculteurs qui travaillent et qui s’inquiètent

    pour leur avenir et leur métier. Il faut entendre les élus locaux qui veulent développer leur commune. Il faut entendre les millions de Français des villes moyennes, des petites communes

    et de la ruralité pour qui la voiture est gage de travail et de liberté. L’écologie sans le peuple, c’est paver le chemin aux crises sociales et au renoncement. Nous allons bâtir une écologie populaire,

    à la française, avec les Français, pour les Français. C’est le sens de la planification écologique et qui protégera la biodiversité et permettra une baisse radicale

    de nos émissions de gaz à effet de serre, une baisse de 55% d’ici à 2030. Une écologie populaire, c’est une écologie où chacun réagit à la hauteur de ses moyens. L’Etat sera exemplaire.

    Nous continuerons d’aider les entreprises à participer à l’effort. Je suis fier que les 50 sites industriels les plus émetteurs, qui représentaient 10% de nos gaz à effet de serre en France,

    se soient tous engagés à réduire leurs émissions de près de moitié d’ici à 2030. Je vous annonce que nous lancerons une initiative similaire contre la pollution plastique,

    pour les 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché. Une écologie populaire, c’est une écologie des solutions. Le président de la République s’était engagé

    à lancer une offre de véhicules électriques pour 200 euros par mois. Cet engagement est tenu et le succès est déjà au rendez-vous. Le président de la République s’est engagé à développer les RER métropolitains

    et à investir dans le ferroviaire, cet engagement, nous le tiendrons. Une écologie populaire, c’est une écologie de la croissance et de l’emploi. Le retour de l’industrie, des investissements en faveur de la décarbonisation,

    les métiers de la rénovation thermique ou la circulation de l’économie circulaire, la transition écologique permettront de faire rimer climat avec croissance. Une écologie populaire, c’est une écologie

    qui se construit au plus près des réalités des Français et des territoires. Des concertations sont en cours partout en France aux côtés des élus locaux. Nous donnerons à chacun les moyens de le faire.

    Je souhaite que le financement de leurs plans locaux de financement écologique soit établi partout. Une écologie populaire, c’est une écologie qui protégera notre souveraineté. Grâce à la sobriété, aux énergies renouvelables,

    au nucléaire. Nous allons assurer notre indépendance énergétique. Je veux le dire sans ambiguïté. Le nucléaire est une fierté française. Le nucléaire, c’est un atout majeur pour notre pays!

    J’assume d’être à la tête d’un gouvernement pro-énergie nucléaire avec une majorité pro-énergie nucléaire qui me soutient. Nous allons continuer la montée en puissance de notre parc nucléaire, investir massivement dans les programmes.

    Cette année, l’EPR de Flamanville sera prêt. C’est grâce au nucléaire que nous pouvons garantir les meilleurs prix aux Français. Nous protégerons mieux les consommateurs et réglerons les prix de l’électricité afin

    qu’ils se rapprochent des coûts de production. Nous développons les énergies renouvelables de la même façon que nous développerons le nucléaire. Bâtir une écologie populaire, c’est répondre aux aspirations

    de notre jeunesse. Réussir la transition écologique est le défi de notre génération. Notre jeunesse veut s’engager, et participer. Elle se demande comment être utile pour la planète.

    Nous allons lancer un service civique écologique qui rassemblera d’ici à la fin du quinquennat 50.000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat. J’ajoute que si nous devons réduire

    nos émissions et protéger notre biodiversité, nous devons aussi nous adapter au dérèglement climatique. Nous adapter, c’est nous préparer. C’est veiller à ce que chacun, même les plus fragiles, soit prêt

    à faire face aux ravages du dérèglement climatique. Nous présenterons un nouveau plan d’adaptation au changement climatique. Il présentera des solutions adaptées à chaque territoire, notamment les outre-mer.

    Je vous annonce que nous ferons évoluer le régime de catastrophe naturelle pour le moderniser et éviter que certains assureurs n’abandonnent les territoires les plus à risque.

    Enfin, je l’ai déjà évoqué, nous devons mener notre réarmement agricole. Produire et protéger pour notre souveraineté, voilà mon approche. Depuis 2017, nous avons engagé ce combat de la souveraineté.

    C’est le sens des différentes lois, et des 250 millions d’euros débloqués pour trouver des initiatives alternatives. Nous avons été précurseurs en Europe aux phytosanitaires. Nous avons été précurseurs en Europe.

    Produire, c’est d’abord donner du temps aux agriculteurs pour passer plus de temps dans leurs champs et moins devant leurs écrans. Je souhaite que la souveraineté alimentaire soit inscrite dans la loi.

    Il faut aussi protéger face aux crises climatiques et sanitaires. Le gouvernement l’a toujours fait. Nous avons adopté un budget de l’assurance récolte sans précédent avec un budget historique. Nous continuerons à le faire.

    Protéger face à la concurrence déloyale, c’est le combat face à la réciprocité et les mesures miroirs que je vais mener. Ce combat doit se mener en Europe mais nous devons aller plus loin.

    Il faut changer de logique. Tout ne sera pas réglé en quelques semaines. Les chantiers sont complexes. Mais j’assume d’apporter des réponses rapides partout où c’est possible. Sur Egalim, dès la semaine dernière,

    100 inspecteurs ont commencé leurs inspections. Dès février, 50% des remboursements seront versés aux exploitants, soit 733 euros pour une exploitation utilisant 7 millilitres de JNR.

    Dès la semaine prochaine, des guichets seront ouverts. Ils permettront de verser les premières indemnisations dès la fin du mois de février. Le taux de prise en charge des frais vétérinaires a été réévalué à 90%.

    D’ici le 15 mars, les aides seront versées sur les comptes bancaires des exploitants. Nous travaillons avec les régions… Nous travaillerons avec les régions pour que les aides à l’installation

    des jeunes agriculteurs puissent être versées dans les prochaines semaines. Cela fait plus d’un an que certains attendent. La semaine dernière, le fonds d’urgence Bretagne a été doublé. Sur la simplification, j’ai parlé

    du travail au niveau local, nous allons le poursuivre. Nous irons plus loin encore. Tout ce que nous pouvons faire dès maintenant, nous le ferons. Nous avons avancé. Dans la discussion et dans l’échange,

    nous avons avancé avec les agriculteurs et leurs représentants. Sur l’élevage, nous avons mis en oeuvre un dispositif fiscal qui doit leur permet de faire face à l’inflation. Nous le renforcerons pour protéger toujours

    et davantage nos éleveurs. J’ai déjà parlé des amendes et des contrôles. Toutes les amendes qui seront infligées à l’industrie et à la grande distribution seront redistribuées pour soutenir financièrement les agriculteurs.

    Sur la viticulture, oui, nos viticulteurs souffrent, mais ils font briller la France. Nous allons débloquer des moyens nouveaux avec un fonds d’urgence pour soutenir nos viticulteurs, particulièrement en Occitanie.

    Sur les contrôles, je lance aujourd’hui un grand plan de contrôle sur la traçabilité des produits. L’objectif est clair: garantir une concurrence équitable notamment pour que les normes appliquées

    à nos agriculteurs soient aussi respectées par les marchandises étrangères. Au niveau européen, trois priorités immédiates. Les jachères, les importations ukrainiennes de volaille et le Mercosur. Ces sujets sont portés par le gouvernement

    et le président. Nous nous sommes engagés. Nous avons une coalition de 22 pays sur la question des jachères et nous sommes proches d’aboutir sur une prolongation de la dérogation.

    Nous ne nous laisserons pas faire. Nous prendrons toutes les mesures pour éviter toute surtransposition, d’où qu’elle vienne. Nous ne sommes pas au bout du chemin. Il y aura de nouvelles conquêtes.

    Je pense aux jeunes agriculteurs et à la transmission des exploitations. Nous agissons vite, fort, avec détermination et respect pour nos agriculteurs. Madame la présidente, mesdames et messieurs, réarmer la France, c’est continuer

    à conquérir de nouveaux droits. Le président de la République a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes sa grande cause du quinquennat. Elle sera au coeur des engagements de mon gouvernement.

    C’est le sens de la réforme du congé parental, annoncée par le président de la République. Le congé parental ne laisse pas assez de revenus aux familles. Il est souvent inégalement réparti

    dans le couple, il éloigne durablement les femmes de l’emploi. Nous devons combattre cette inégalité. Le congé parental sera transformé en congé de naissance de six mois, mieux rémunéré,

    les parents pourront se répartir entre eux cet argent. Conquérir de nouveaux droits, c’est reconnaître et défendre le droit des femmes à disposer librement de leur corps.

    Nous inscrirons le droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution. Conquérir de nouveaux droits, c’est être aux côtés de nos concitoyens jusqu’au bout de la vie.

    La fin de vie est sans doute des questions les plus intimes et délicates qui soient. C’est se pencher sur son histoire. C’est repenser aux souffrances endurées par certains. C’est s’interroger sur soi-même.

    Sur ce que l’on voudrait face à l’insupportable et à l’irréversible. On ne peut légiférer sur la fin de vie qu’avec une grande prudence, une grande retenue et un grand respect.

    Nos compatriotes nous appellent à revoir notre droit. C’est une demande des familles. C’est une demande des malades. C’est un appel grave auquel nous devons répondre, nous y répondrons. Nous renforcerons considérablement

    les unités de soins palliatifs dans notre pays. Il y aura une unité par département. Avant l’été, nous examinerons un projet de loi sur l’aide active à mourir dans notre pays.

    Ce débat animera notre société. Je souhaite qu’il puisse se tenir dans une volonté d’équilibrer dans le respect des convictions de chacun. Madame la présidente, je viens de tracer

    les grandes orientations que suivra mon gouvernement. En suivant ce chemin, je propose aux Français d’avoir pleinement le contrôle sur leur vie. Je souhaite que la France retrouve pleinement

    la maîtrise de son destin, qu’elle soit pleinement souveraine. Une souveraineté industrielle, technologique et numérique créatrice d’innovation et d’emploi. Une souveraineté énergétique, qui nous protégera des crises, protégera l’environnement

    et garantira des prix plus bas. Une souveraineté agricole qui permettra de nourrir le pays avec les meilleurs produits, et d’assurer l’avenir de notre agriculture. J’aurai des annonces supplémentaires

    à faire dans les prochains jours sur le sujet. Je parle de souveraineté nationale. C’est aussi par l’Europe que nous parviendrons à la consolider. Depuis 2017 et le discours de la Sorbonne

    du président de la République, l’Europe a changé. Elle a surmonté des crises, pris ses responsabilités. C’est grâce à l’Europe que nous avons pu avoir des vaccins face à l’épidémie.

    C’est grâce à l’Europe que nous avons bénéficié du plan de relance massif. C’est grâce à l’Europe que nous soutenons l’Ukraine depuis le premier jour face à l’agression russe.

    C’est grâce à l’Europe que nous avons imposé d’énormes normes aux géants du numérique. C’est grâce à l’Europe que nous avons apposé un impôt minimal sur les grandes multinationales pour lutter contre l’optimisation fiscale.

    Grâce à l’Europe que nous contrôlerons mieux nos frontières. Nous pourrons voir qui rentre dans l’espace GAN et qui ne le peut pas. Les personnes qui veulent revoir les traités sont les partisans d’une sortie

    de l’Europe, ce qui affaiblira la France. Moins d’Europe, c’est moins de puissance pour la France. Je ne prendrai qu’un exemple. Le Brexit. Ses partisans promettaient des jours heureux

    à l’économie britannique et au peuple anglais. La semaine dernière, à cause du Brexit, les derniers hauts-fourneaux de Grande-Bretagne ont fermé. On ne produit plus d’acier au Royaume-Uni!

    En France, au contraire, grâce aux investissements européens, l’industrie revient! Qui étaient les premiers partisans en France du Brexit? Qui s’est affiché ouvertement avec le leader du Brexit? C’est le Rassemblement National!

    L’Europe, éternel bouc émissaire de ceux qui, faute de pouvoir diriger un pays, veulent détruire tout un continent. Pas un Français ne pense que l’on peut s’en passer. Tout n’est pas parfait.

    Il reste des chantiers. Les faits sont là. Avec l’Europe, notre puissance est démultipliée. Nous avons commencé à la changer ces dernières années! Alors que nous sommes presque à la fin, les masques doivent tomber.

    On ne peut pas vouloir sortir de l’Europe sauf à avoir d’autres intérêts, asservir un autre pays ou d’autres puissances! Applaudissements Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés, voilà les grands principes

    qui guideront mon action. Pour notre France qui n’a jamais perdu son ambition de grandeur, pour ces Français qui n’ont jamais manqué à leur devoir. Ces axes que je vous ai présentés,

    ils sont une réponse aux enjeux de la nation. C’est le reflet de l’ambition que nous portons. Ils correspondent aux rêves qu’une génération avait appris à ne plus porter.

    Trouver un emploi stable, fonder une famille, faire des sacrifices acceptables s’ils servent à l’ascension de leurs enfants, aimer leurs paysages, une société libre et tenue. Dans une époque si difficile, il n’y

    a pas de réponse simple mais il y a des espoirs tranquilles à raviver. J’assumerai toujours de débattre avec vous. Je respecterai toujours vos opinions, vos propositions.

    Je ne rejetterai jamais la critique tant qu’elle est constructive. J’adresse ces mots à vous et aux Français. Je sais leurs attentes. Les temps sont troublés. Mais l’espoir est là. La France est puissante.

    Ce qui nous réunit est toujours plus fort. La France, notre pays et notre nation, demeurera notre fierté. Etre français en 2024, c’est une fierté! Notre société est plus ouverte,

    plus audacieuse, plus pionnière que l’image que nous nous renvoyons parfois à nous-mêmes! Etre français en 2024, c’est vivre dans un pays où l’histoire s’écrit. C’est vivre dans un pays

    qui n’a pas renoncé à protéger les droits de toutes et tous! Etre français en 2024, c’est vivre dans un pays où on se bat pour la paix! Etre français, c’est vivre dans un pays

    qui se déchirait autour du mariage pour tous, et être capable 10 ans plus tard d’être Premier ministre en assumant ouvertement son homosexualité. Il n’y a aucune raison de céder à la fatalité.

    Je n’ai qu’une chose à dire à nos concitoyens. Quelle que soit leur couleur de peau, leur origine, leurs croyances, la France est votre pays. Et en France, tout est possible. Nous sommes fiers d’être français.

    Je veux faire briller la fierté française. Le cap pris sous l’autorité du président de la République pour reprendre notre destin en main, je viens de vous le présenter. Nous sommes prêts.

    Nous sommes prêts à voir la vérité en face. Nous sommes prêts à écouter la voix de tous les Français, prêts à agir, prêts à oeuvrer sans relâche, fidèles

    à notre devise républicaine, prêts à garantir la liberté, prêts à choisir la fraternité. Nous ne sommes pas n’importe quel pays. Nous ne serons jamais une puissance moyenne

    qui se résignerait au déclin avec fatalité. Nous ne sommes pas condamnés à subir mais déterminés à agir et à prendre notre destin en main. Nous sommes la France et rien ne résiste

    au peuple français! L’Assemblée nationale acclame Gabriel Attal. – Yaël Braun-Pivet: Merci beaucoup, monsieur le Premier ministre. … Merci beaucoup. … Je vous remercie.

    La parole est à monsieur le président Mattei pour le groupe MoDem. … Merci de quitter l’hémicycle en silence pour les personnes qui nous quittent. – Jean-Paul Mattei: Madame la présidente,

    monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, j’ai l’honneur d’être le premier orateur après votre prise de parole, monsieur le Premier ministre. Votre intervention confirme ma première impression. Votre talent, votre énergie,

    est un atout dans la période que nous traversons. Je pense que… Nous sommes prêts à passer tous les caps avec vous, pas simplement le cap Horn. Pour quelqu’un de ma génération,

    la nomination d’un jeune Premier ministre a quelque chose de rassurant pour l’avenir. Lorsque je me suis engagé, en 1974, pendant la campagne de monsieur Giscard, vous n’étiez pas né, avec Marielle

    de Sarnez, notamment, j’ai été saisi du même sentiment en 2017 avec le président de la République. Avec votre arrivée à Matignon, je ressens ce même mouvement, cette même ardeur

    et j’ai envie de dire: “chiche”! Le discours que vous venez de prononcer s’inscrit sur ce chemin du dynamisme qui incarne l’esprit de 2017. Les Français avaient choisi l’optimisme, l’ouverture et les valeurs démocrates.

    Ce sont ces valeurs que vous représentez. Je vous sais conscient de la responsabilité qui vous incombe, conscient de la hauteur de la tâche qui est la vôtre, que vous abordez avec l’audace

    et la détermination nécessaires, en étant précis et attentif aux attentes concrètes des Français. Le groupe que j’ai l’honneur de présider vous fait confiance pour que vous soyez fidèle

    à cette méthode, fidèle à vos valeurs, pour mettre en oeuvre une politique volontariste. Vous êtes l’un d’entre nous. Nous avons confiance en vous et en vos promesses. Notamment celle de travailler en étroite collaboration

    avec le Parlement à la transformation de notre pays. Notre groupe vous accompagnera dès lors que vous nous proposerez de travailler main dans la main pour des réformes utiles et justes.

    Permettez-moi d’envoyer un signe d’amitié et de respect envers Elisabeth Borne qui a su conduire notre majorité depuis 2022 de façon utile et constructive. Je veux ici la remercier

    pour tout ce qu’elle a donné à notre pays. Monsieur le Premier ministre, vous le savez, vous y avez participé, beaucoup de réformes ont été engagées depuis 2017 pour favoriser l’économie, l’entreprise

    et l’emploi. Nous avons lancé beaucoup de grands chantiers. Il faut reconnaître que par la force des crises, les gilets jaunes, la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, nous avons beaucoup paré

    à l’urgence sans nous projeter avec vigueur dans l’avenir. Force est de constater que la France de 2024 n’est plus la France de 2017. La guerre est désormais sur notre sol.

    La catastrophe climatique devient plus récurrente et brutale que jamais. L’accession des pouvoirs des populistes a renversé l’ancien équilibre. Le moment est venu de rebondir, d’être à l’offensive et vous venez

    de le prouver. Nous demandons des grandes lois sur le long terme avec de la programmation, de la sécurité juridique, telles les lois de programmation de la défense,

    de la justice, de la police, sur des marqueurs sociétaux sur lesquels nous pourrions retrouver l’adhésion de nos concitoyens. Dans cette méthode, notre groupe vous accompagnera avec ce que nous sommes,

    déterminés à redonner de la force à notre pays, lui rendre sa souveraineté, rendre les Français fiers de constituer une nation unie et solidaire. Nous avons de nombreux défis à surmonter.

    Je veux vous apporter à vous et à Marc Fesneau notre plein soutien pour résoudre la crise agricole actuelle. Cette crise est multiforme et le reste des sujets à traiter aussi. Comment réindustrialiser ce pays

    pour créer des emplois et assurer notre souveraineté? Comment accueillir des travailleurs dans un territoire lorsqu’on n’a pas de logement pour les accueillir avec leur famille?

    Comment répondre à l’exigence de simplification sans verser dans le tout numérique, la mauvaise calibration du guichet unique? Il faut faire confiance aux tiers et maintenir le contact.

    Comment demander aux Français le renouvellement des générations quand il est impossible de trouver une pièce en plus pour loger les enfants à naître? L’ascenseur social et l’école sont en perte de vitesse.

    La culture reste réservée à certains, seulement. Comment prendre en charge nos aînés, soigner les Français, tout ça quel que soit le territoire dans lequel ils résident? Voici nos défis.

    Notre devoir est de répondre à l’ensemble de ces questions en les menant de front ensemble, en tenant compte des deux éléments fondamentaux: la crise environnementale et la crise préoccupante de nos finances publiques.

    Vous avez beaucoup insisté, monsieur le Premier ministre, sur le travail qui rémunère, qui fait vivre une famille. Vous parlez du travail qui émancipe. Là-dessus, nous sommes avec vous.

    Faciliter les formations et les embauches pour les entreprises, les simplifier pour qu’elles passent plus de temps à chercher de nouveaux marchés plutôt qu’à faire de la paperasse… Nous devons nous interroger

    sur notre fiscalité, qui n’est plus adaptée au monde actuel. Nous ne devons pas briser les talents. Vous savez aussi que notre grande préoccupation c’est l’immobilier. De la naissance au dernier jour,

    le logement plutôt que de représenter la première des inégalités doit être un lieu d’émancipation. Il faut bâtir une politique du logement cohérente, humaine et adaptée à la société d’aujourd’hui.

    Des solutions existent, même si elles passent par quelques bouleversements, y compris fiscaux. Certains Etats du monde ont compris que, pour réussir, il fallait gouverner à 30 ans ou à 40 ans.

    En France, nous avons parfois pris l’habitude de gouverner à 30 ou à 40 jours. Cela ne peut plus fonctionner. Nous voyons les naissances se tasser sans réagir. Nous avons un indicateur de fécondité

    au plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale, hormis en 93 et en 94. Cette question démographique ne doit pas être prise à la légère. Elle est cruciale pour l’avenir de notre nation.

    Notre contrat social, qui fait la richesse de la France, repose sur cet indicateur. Il Agir pour la progression démographique suppose d’abord de combattre avec une totale détermination les inégalités.

    Il faut une politique familiale et une protection de l’enfance ambitieuse, comme ce que nous avons bâti depuis six ans. La création d’une délégation aux droits de l’enfance en est une belle illustration.

    L’éducation est le coeur même de l’émancipation de tous les élèves. Tous les élèves doivent se prévaloir des mêmes chances dans toutes les écoles. Nous savons tous ici que la réussite

    du système éducatif dépend surtout du bien-être de l’accompagnement et du nombre de professeurs. Encourageons les vocations, aidons les professeurs à s’installer dans tous les territoires.

    Il y a un autre défi qui nous attend: celui du vieillissement massif de la population, qui entraîne des défis immenses. Explosion des demandes de protection sociale, nouvelles exigences des services publics

    en termes d’assistance et de soins… Je souhaiterais aussi aborder les défis des territoires. Je parle de tous les territoires. Je parle des territoires de l’Hexagone et des territoires d’outre-mer qui méritent

    une attention forte du gouvernement. Maintenir notre modèle économique et social suppose de mener une politique volontariste de réduction des inégalités territoriales. Soutenons les médecins volontaires.

    L’ouverture du numerus clausus est actée. L’exigence d’égalité territoriale, c’est aussi l’accès aux services publics avec une administration qui aide, plutôt que de traquer et punir. C’est enfin en soutien à nos agriculteurs.

    Comment accepter qu’après les lois Egalim, nous en soyons au même constat? Nos agriculteurs qui nourrissent par leur force de travail les Français n’arrivent toujours pas à vivre décemment de leur activité.

    Ils restent coincés dans le fossé que la grande distribution a largement creusé entre le consommateur et le producteur. Vous venez de faire de fortes propositions qui viendront s’ajouter aux grands textes

    à venir sur le renouvellement des générations. Je souhaite qu’elles soient de nature à répondre au malaise agricole profond. Voici ce que nous croyons et ce que nous espérons pouvoir faire

    avec vous dans un contexte de grand bouleversement. Le plus grand bouleversement, nous l’avons tous en tête: le dérèglement climatique. Avec la question du pouvoir d’achat, il est de plus en plus difficile

    de faire accepter à nos concitoyens des changements dans leur mode de consommation, alors que la nécessité d’agir se renforce. Il faut agir vite et fort pour réduire

    nos émissions de gaz à effet de serre. La question la plus délicate est de savoir qui finance la transition énergétique et comment on fait pour que les Français ne subissent pas cette transition.

    C’est un enjeu important. Vous allez devoir vous y atteler. Nous sommes tous convaincus que l’urgence est là. Nous ne devons pas assister impuissants à la dégradation du vivant. Notre partenaire le plus important

    sur ce sujet, comme sur l’agriculture, la défense, la solidarité et la santé sera une nouvelle fois l’Union Européenne. 2024 sera l’année européenne. J’ai confiance dans tous les démocrates

    pour mettre toutes leurs forces dans la campagne des valeurs européennes. C’est encore plus important face au grand bouleversement à l’échelle internationale, dont nous n’avons pas encore véritablement pris la pleine mesure.

    Ce sont les conséquences de la situation au Moyen-Orient et les souffrances du peuple ukrainien, ou encore les incertitudes liées aux élections américaines. Ce qui se joue est donc de renforcer

    et de consolider l’Union Européenne. Défendre nos valeurs européennes et démocrates, cela implique aussi de changer de méthode dans notre hémicycle. Monsieur le Premier ministre,

    je le disais au début de mon propos, votre nomination nous rappelle l’esprit de 2017. Renouer avec 2017, c’est aussi renouer avec le dépassement des clivages, des antagonismes, des postures, dépassement

    de nos vieilles habitudes. Le groupe démocrate défend depuis longtemps l’importance de moins légiférer pour mieux légiférer en travaillant sur moins de textes, mais des textes plus structurants. Mieux évaluer aussi l’efficacité

    des politiques publiques. Je sais que nos difficultés sont aussi liées à notre mode de scrutin, premier germe de la division. Ainsi, nous devons nous poser cette question.

    Tout cela implique de faire des efforts et de respecter nos différences plutôt que de les cultiver. Ce sont les qualités qui prévalent au groupe démocrate, qui s’est construit

    sur l’unité, la positivité, le rassemblement des valeurs. Nous avons une vision sociale, démocrate et humaniste. Nous serons à vos côtés pour la faire vivre. Je vous remercie.

    – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie, monsieur le président. Applaudissements Merci beaucoup. Merci. La parole est à monsieur le président Boris Vallaud pour le groupe socialiste. – Boris Vallaud: Monsieur le Premier ministre,

    nous connaissons votre bilan. C’est celui du président de la République. La crise du logement, la crise de l’hôpital, la crise de l’école, la crise des salaires, la crise des finances publiques…

    C’est la réforme de l’assurance chômage, la réforme du RSA, la réforme des retraites… C’est aussi ce moment coupable de bascule morale, avec la loi immigration. Nous connaissons votre projet.

    C’est celui du président de la République, libéral et conservateur, la cohabitation assumée avec la droite dont vous conduisez désormais la politique. Nous pourrions parler longtemps de vous. Je voudrais parler des Français.

    Notre rôle est de transformer la critique en action. Le pays souffre. Le mal qui le ronge est l’injustice. Vous préparez déjà une nouvelle réforme du marché du travail et de l’assurance chômage faite

    de mauvais coups. Vous prétendez défendre la valeur travail. Nous défendons pour notre part la valeur du travail. Nous voulons que la valeur change de camp et qu’elle ne soit plus du côté

    des rentiers, des actionnaires et des rémunérations extravagantes, mais du côté du travail et des travailleurs. Nous défendons la France des ronds-points et des sous-préfectures. Vous défendez la France du rond-point

    des Champs-Elysées. Nous voulons que le travail paye et qu’il paye bien, pas de cette France de travailleurs pauvres. Nous défendons la taxation des multinationales et des superprofits, pas vous.

    Nous défendons une limitation des écarts de rémunération de 1 à 20, pas vous. Nous voulons que la valeur soit du côté de l’utilité sociale. L’heure est venue d’une radicale reconsidération morale

    et économique des métiers du soin. Nous avons besoin plus que jamais des infirmières, des aides à domicile, des assistants d’éducation, des aides-soignantes. Nous voulons bâtir un modèle économique

    pour le 21e siècle où le travail est mis au service de la pleine santé. Vous parlez d’emploi, nous voulons parler de travail. Nous voulons parler de santé au travail,

    du temps de travail libéré, de l’organisation du travail et des processus de production. Le temps de travail et le travail comme mise en commun. Nous défendons le dialogue social,

    le dialogue professionnel et la codétermination dans l’entreprise. Ce dont il faut se débarrasser, ce n’est pas du travail. Les gens aiment leur métier. Il faut se débarrasser des rapports de domination.

    Vous voulez libéraliser le travail. Nous voulons toujours mieux le civiliser. Nous défendons le travail qui émancipe, porteur de sens. Vivre dignement, c’est aussi compter sur le service public, si durement attaqué

    par vos réformes. Quand les aides sociales reculent, les inégalités avancent et les injustices prospèrent. Les Français les plus modestes, sans interlocuteur, aux prises avec des services sociaux chamboulés

    par l’austérité, fragilisés par vos réformes suspicieuses, en sont les premières victimes. Ce qui caractérise le présent, c’est l’incertitude qui laisse les plus fragiles sur le bord du chemin.

    Ce que nous devons imaginer, ce sont les services publics de demain. C’est une protection sociale qui apprivoise le hasard. L’Etat social de demain est celui du retour à l’universel

    qui n’oublie pas les classes moyennes qui, trop souvent, ont le sentiment de n’avoir droit à rien. C’est celui des droits et des mécanismes de solidarité. Ce sont des droits pour tous plutôt

    que des allocations pour certains. C’est l’extension des services publics et leur gratuité, comme dans les transports publics. C’est l’assurance maladie obligatoire à 100% pour tous, c’est le minimum vieillesse

    et les repas à 1 euro. Ce qui doit être laissé ou retiré au marché, comme les EHPAD ou les crèches… Je voudrais insister sur la mixité sociale à l’école. La cohésion nationale est minée

    par la ségrégation, aboutissant au repli social. Je le dis aux obsédés du réarmement civique et de la régénération, aux inquiets de la décivilisation: la République sociale est la meilleure façon de prendre

    en charge le sentiment national. C’est la seule voie pour surmonter le dilemme que nous combattons. Jamais la crise n’aura paru ni plus tangible, ni plus violente, ni porté aussi nettement son cortège d’injustices

    et d’inégalités. Alors que nos paysans souffrent, chacun le sent, l’agriculture ne traverse pas une simple crise. Elle est au coeur d’une révolution à la confluence de la critique du libéralisme.

    Elle est au coeur de la contestation et de l’impératif écologique. Ce qui sombre est une organisation socioindustrielle basée sur l’agrandissement des structures et sur la spécialisation ainsi que sur un libre-échange destructeur.

    Il faut une refondation de la PAC à Bruxelles et une vraie loi d’orientation. Nous n’avons ni l’un ni l’autre. Un cap: l’agroécologie et le renouvellement des générations.

    Un impératif: le juste partage des valeurs face à la grande distribution et aux industries agroalimentaires. Une condition: la protection de nos marchés face à une mondialisation déloyale.

    Il n’est plus possible de faire semblant. Nous avons besoin d’un grand plan de bifurcation écologique. Nous voulons un plan de décarbonation de notre industrie. Nous devons défendre nos intérêts souverains

    et préparer l’avenir en construisant la machine de l’industrie de demain avec les ouvriers d’aujourd’hui. Notre écologie, c’est l’écologie des vulnérables, une écologie à hauteur d’homme, de la vie quotidienne, qui desserre

    la ceinture des plus faibles. Nous voulons plus de justice et moins de carbone. Partout dans le monde, la dénonciation de l’injustice, l’urgence écologique et le combat démocratique sont intimement liés.

    Depuis septembre, l’exécutif méprise le dialogue social et brutalise le Parlement. Le président de la République aura fini d’épuiser la Ve République et d’animer la politique lorsque les citoyens lui conservent du crédit.

    Il a oublié les conditions de son élection face à l’extrême droite. Toute concession est une faute morale. Toute tentative de régulation est une erreur tactique. Monsieur le Premier ministre, il n’y

    a qu’un pas de la faiblesse à la trahison. Ce pas, vous l’avez franchi. Monsieur le Premier ministre, après 7 ans de macronisme, les socialistes sont épuisés. L’idéal républicain d’émancipation n’a jamais été aussi lointain.

    Quand les incertitudes sont fortes et que l’avenir apparaît sans issue, l’entre-soi devient un refuge. Chacun défend sa colère et sa vision du monde. Il existe un autre chemin, notre idéal.

    Tout n’est pas à refaire et tout est entre nos mains. Nous voulons abattre les barrières qui s’opposent à la fraternité humaine. On me dira que la fraternité n’est pas un projet politique.

    C’est le seul qui vaille pour sortir les hommes et les femmes de la solitude dans laquelle les laisse votre politique. Votre oeuvre abandonne les plus faibles à leur destin de perdants.

    Je vous ai écouté. Vous êtes le jeune visage du vieux monde. – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie, monsieur le président. La parole est à monsieur le président Laurent Marcangeli pour le groupe Horizons.

    – Laurent Marcangeli: Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, mes chers collègues, je m’adressais à vous il y a un an et demi au début de votre mandat

    en soulignant la difficulté de la tâche qui vous attendait. Je vous faisais part d’une conviction, celle selon laquelle nous vivons un instant décisif de la vie de notre pays.

    Force est de constater que je peux reprendre ces termes pour décrire la situation actuelle. Crise inflationniste, crise agricole, crise géopolitique, crise démocratique… Nous sommes toujours à cette croisée des chemins.

    Nous assistons jour après jour à la complexification du monde qui nous entoure, les défis à relever sont donc toujours aussi nombreux. Néanmoins, et en dépit d’une situation politique inédite,

    nous avons fait adopter plus de 50 textes, tous nécessaires, depuis l’élection de cette Assemblée. Nous avons su trouver des consensus quand c’était possible et des compromis quand ça ne l’était pas.

    Les années qui viennent nous seront utiles uniquement si nous fixons un cap clair. Ce cap, c’est celui d’une France plus juste et plus prospère pour le plus grand nombre. Je salue l’action d’Edouard Philippe,

    Jean Castex et Elisabeth Borne. Monsieur le Premier ministre, les espoirs et attentes de nos concitoyens sont immenses. La tâche pour ne pas les décevoir est d’autant plus ardue. Comme avec votre prédécesseur,

    vous trouverez les députés du groupe Horizons et apparenté à vos côtés pour travailler dans le sens de l’intérêt général. Partenaire sérieux, partenaire loyal, mais partenaire exigeant, c’est ainsi que nous concevons

    votre action gouvernementale. Nous devrons apporter des réponses rapides, mais pérennes, sur plusieurs sujets prioritaires, que je me permettrai de décliner dans la suite de mes propos. Surtout, ces solutions ne porteront

    leurs fruits que si elles sont de bon sens. Nous croyons fermement que l’immense majorité des Français souhaitent en réalité de la justice, de la simplicité et de l’efficacité.

    Depuis quelques jours, les revendications agricoles nous rappellent à quel point de nombreux Français se sentent abandonnés dans l’époque qui est la nôtre. Ils y sont parfois prisonniers. Ils désespèrent de la qualité

    de nos débats publics et ne manquent pas de nous le faire savoir. Je demande à chacune et à chacun de sortir de ses certitudes en regardant la France telle

    qu’elle est et non pas telle qu’on voudrait qu’elle soit. Les récents mouvements nous démontrent que la surtransposition de normes est une bombe à retardement pour les secteurs qui la subissent.

    Il nous faut à tout prix éviter que l’agriculture française connaisse un déclin similaire à celui de la sidérurgie au siècle dernier. Nous saluons les mesures annoncées par le gouvernement.

    Elles vont dans la bonne direction. Je dis cela sans renier rien de notre engagement pro-européen. Nous voulons une Europe qui s’affirme davantage sur la scène mondiale, une Europe

    au service de ses citoyens et une Europe qui ne crée pas de contraintes excessives ou de concurrence déloyale. La question de la juste rémunération de nos agriculteurs pourrait se poser dans d’autres domaines.

    Le travail doit payer, c’est une question de bon sens. C’est l’un des fondements de notre contrat social. Je pense à ceux qui cumulent les heures de travail et parfois les emplois

    et qui n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Ce sont les mêmes qui ressentent souvent une contrainte fiscale accrue. La société du travail doit être notre boussole. Travailler dur doit permettre

    à nos concitoyens d’augmenter, d’améliorer leur niveau de vie. De telles situations génèrent un sentiment d’absence de considération auquel nous devons remédier, notamment en faisant en sorte qu’il soit toujours préférable de travailler.

    Cette considération doit être la même à Paris qu’à Carbonne. La mobilité, c’est de pouvoir changer de lieu d’habitation et de ne pas subir une forme d’assignation à résidence.

    Or, la crise du logement est là et elle n’épargne personne. Elle concerne d’abord l’accès à la propriété avec des acheteurs potentiels qui font face à une hausse des taux d’intérêt

    et à une baisse des crédits accordés par les banques. Initialement créé pour répondre à ce besoin, le logement social ne tient plus sa promesse républicaine. C’est donc une double peine

    pour la majorité de nos concitoyens qui sont exclus des logements sociaux tout en étant confrontés à des prix sur le marché libre bien au-delà de leurs capacités.

    La crise du logement nous oblige à une réponse rapide, globale et de long terme. Faire preuve de bon sens, c’est aussi investir pour notre avenir, pour notre jeunesse,

    en poursuivant nos efforts au service de l’éducation. Les professeurs sont aujourd’hui mieux rémunérés. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère face au harcèlement scolaire, celle de la tolérance zéro.

    Beaucoup reste à faire, en particulier sur le respect de l’autorité de cette institution qu’est le corps enseignant. Je sais votre attachement à ce ministère qui fut le vôtre.

    Là encore, vous pourrez compter sur nous. Cette capacité à voir loin pour nos enfants se traduit par la prise en compte de l’urgence écologique dans l’enseignement de politiques publiques.

    Le cycle des événements climatiques extrêmes trouble la quiétude de nos habitants. Nous prônons une écologie pragmatique fondée sur le réalisme et toujours de bon sens. Les prochains textes que nous serons amenés

    à voter devront prendre cette réalité en compte et permettre à la France de tenir son objectif de neutralité carbone à horizon 2050. Au-delà de la protection de la planète,

    je veux rappeler notre engagement pour la protection des Français en matière militaire, de justice et de sécurité. Trois lois de programmation historiques ont été votées par le Parlement en un an.

    Elles dotent notre pays d’une trajectoire claire sur le fichage des dépenses dans des champs régaliens stratégiques sur plusieurs années. Nous continuerons notre politique fiscale. La feuille de paie

    ne doit pas être l’ennemi de l’emploi, quitte à paraphraser Jacques Chirac. La réforme de notre système de santé doit se poursuivre. Personne, sur ces bancs, ne peut se satisfaire qu’une grande partie

    de nos concitoyens soit privée d’une offre de soins accessibles dans un délai raisonnable. Le groupe Horizons l’a déjà affirmé. C’est aux acteurs locaux d’organiser les soins en fonction des besoins

    de chaque territoire. Si la baisse de la natalité nous inquiète, il faut se préoccuper du vieillissement de notre population. La proportion des plus de 50 ans est amenée à doubler d’ici 50 ans.

    Je fais partie de ceux qui pensent qu’il ne faut modifier la Constitution qu’avec une main tremblante. Certains changements apparaissent pourtant nécessaires, compte tenu de l’évolution de notre société.

    Le statut d’autonomie de la Corse a été évoqué lors de votre discours, par exemple. Vous l’aurez compris, le groupe Horizons souhaite que notre pays retrouve du bon sens.

    Notre programme de travail est chargé, pour peu de temps utile. Notre programme est clair. Soyons efficaces. Parlons de fond. Trouvons le consensus. Faisons disparaître ce sentiment de mépris.

    Vous pouvez compter sur nous. Votre groupe loyal et exigeant sera à vos côtés pour faire réussir la France. La parole est à la présidente du groupe écologiste. – Cyrielle Chatelain: Merci, madame la présidente.

    Monsieur le Premier ministre, vous venez de proclamer votre de politique générale. Vous avez posé les priorités de votre gouvernement, avec l’emphase qui vous caractérise. Vous donnez l’impression du mouvement

    alors que tout reste figé. “De l’action, de l’action, de l’action”. Vous ceinturez l’espace médiatique avec de petites et grandes annonces, en espérant que cela nous fasse oublier que la France s’appauvrit

    et que le climat se détériore. Votre rôle est celui d’un écran de fumée. Après 7 ans au pouvoir, à agir au sein de la majorité et dans les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron, permettez-moi

    de vous juger non sur votre parole mais sur votre politique. Commençons par votre bilan face au péril climatique. Le climat s’emballe. Si rien ne change, la terre se réchauffera de 3 degrés d’ici 2100.

    Les Etats se contraignent dans un statu quo qui nous mène à la catastrophe. La France ne fait pas exception. Le 10 mai 2023, le Conseil d’Etat exhortait votre gouvernement de faire baisser

    les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, comme inscrit dans la loi. Vous avez supprimé les nouveaux objectifs climat en réponse. L’agence internationale de l’énergie appelle

    à renoncer à tout nouveau projet pétrolier ou gazier dans le monde. Vous avez autorisé 8 nouveaux forages pétroliers en Gironde. Le Nord-Pas-de-Calais subit des inondations, La Réunion, un cyclone, et vous,

    vous soutenez des projets routiers anachroniques comme l’A69. Vous consacrez 0,74% du budget de l’Etat à la biodiversité. La ressource en eau pourrait diminuer de 40% d’ici à 2050, et vous, vous réduisez

    les objectifs de révision de prélèvement de l’eau par l’industrie. Les conditions vitales de l’existence ne se négocient pas. Les écologistes sont aux côtés de celles et ceux qui luttent

    pour notre survie, qui démantèlent les projets climatisés et désarment les multinationales. Nous allons continuer à défendre des politiques environnementales judicieuses. Monsieur le Premier ministre, votre politique est finalement

    très cohérente. Vous défendez ceux qui s’accaparent la Terre comme vous encouragez ceux qui s’accaparent les richesses. Bien souvent, ce sont les mêmes. Voici les conséquences concrètes de votre politique.

    1 enfant sur 5 vit dans la pauvreté. 1 Français sur 4 ne mange pas sa faim. 2 Français sur 10 n’arrivent pas à payer leurs factures à temps. Vu vos annonces, ils seront encore nombreux

    à se serrer davantage la ceinture: pas de vacances, pas de plus si plaisir, seulement travailler pour les factures. Vous avez capitulé face aux inégalités. Vous n’avez jamais cherché à les combattre.

    Vous êtes arrivé au pouvoir en étant persuadé que la France souffrait davantage d’inégalités de destin que d’inégalités de revenus. Combattre les inégalités de destin, c’est donner à chacun les moyens

    de s’émanciper, de s’épanouir grâce à l’éducation, la culture et le sport, c’est combattre le séparatisme des riches, c’est donner à l’enseignement public les moyens de mener à bien sa mission,

    offrir à tous les enfants de France l’opportunité d’apprendre et de grandir, tout simplement. Qui peut croire qu’on peut combattre les inégalités de destin en laissant croître les inégalités de revenus?

    Les opportunités ne sont pas les mêmes pour les 10% de Français les plus pauvres qui disposent pour tout patrimoine de quelques milliers d’euros sur un livret A et pour les 10% de Français

    les plus riches qui détiennent, en moyenne, un patrimoine de 1,1 million d’euros. Disposer d’un patrimoine élevé, c’est le droit à l’erreur, de prendre son temps, le temps de se construire

    et de se découvrir. Nous proposons l’évidence: non pas de tout taxer, mais de reprendre aux profiteurs, de remettre les superprofits au pot commun et d’instaurer un ISF climatique.

    Il est de votre responsabilité de garantir la juste répartition des richesses. Il faut mener une bataille féroce contre les adversaires que sont l’accaparement et le superprofit. Force est de constater

    que vous avez volontairement capitulé. Vous parlez d’autorité, de sanctions contre les jeunes, les chômeurs, les précaires… Globalement, les Français. Mais vous manquez de courage

    quand il faut s’en prendre aux cupides, aux multinationales dont les marges ont bondi pendant la crise car elles spéculent sur la guerre et les catastrophes climatiques.

    Les actionnaires considèrent les énergies fossiles mortifères comme une machine à cash. Un an que les agriculteurs se démènent, et la fortune des trois frères qui possède Lactalis représente des milliards.

    Pendant que les nappes phréatiques se vident, les actionnaires de Nestlé se sont partagé 19 milliards. Pendant que les prix d’achat aux agriculteurs ont baissé de 9%, les seuls gagnants,

    ce sont les industries agroalimentaires dont les marges sont passées de 28% à 48% en un an. C’est pour cela que les écologistes sont naturellement solidaires du mouvement des agriculteurs.

    Depuis 30 ans, les écologistes se battent contre les accords de libre-échange qui les soumettent à de la concurrence déloyale. Monsieur le Premier ministre, votre seule réponse est de réduire les protections environnementales,

    les normes qui protègent la santé des paysans et des terres qu’ils cultivent. Ces réponses sont inadaptées. Elles n’affrontent pas l’agrobusiness. La crise ne sera pas enrayée. Le déclin de l’agriculture française

    va continuer. Depuis 7 ans, vous avez activement, volontairement, sciemment capitulé face aux profiteurs des crises. Mettons les mots sur votre politique, posons les mots et parlons d’égoïsme

    pour un gouvernement qui enrichit une minorité au détriment du reste de la nation. Parlons d’impunité quand le président décide d’utiliser son statut, l’autorité de l’institution qu’il représente,

    la visibilité dont il bénéficie pour écraser la parole des femmes victimes d’hommes considérés comme intouchables. Parlons de déchéance morale après l’adoption de la loi immigration qui reprend

    les obsessions et les mensonges de l’extrême droite, alors que ces milices défilent dans nos rues, à Lyon, Annecy ou à Romans-sur-Isère. Parlons d’incompétence quand vous êtes incapable de nommer

    un ministre du Logement depuis un mois et que vous allez encore fragiliser le logement social et que vous annoncez tout au plus 30.000 logements alors qu’il en faut 500.000.

    Le 9 janvier dernier, vous adressiez à votre opposition en ces termes: “Nous avons en commun le destin de notre nation.” Les décisions que nous prenons ici et maintenant façonneront en effet

    notre destin commun et celui de nos enfants. Soyez assuré que votre opposition de gauche et les écologistes défendent ensemble une politique de progrès social et de justice climatique.

    Ensemble, nous avons voté la hausse du SMIC, la prime alimentaire, l’interdiction de substances cancérigènes, l’interdiction des jets privés: vous y êtes systématiquement opposé. C’est un changement radical

    dont nous avons besoin. Vos capitulations successives ont amoindri la France. La France doit reprendre son souffle. Elle doit aussi reprendre sa place dans le concert des nations.

    La France est une boussole au niveau international. Sa place a été abîmée par la présidence d’Emmanuel Macron. La cour internationale de justice alerte sur le risque de génocide à Gaza.

    La place de la France doit être du côté du droit, de la raison, de la paix et de la vie. La France doit activement oeuvrer pour le retour des otages, et doit exiger fermement

    un cessez-le-feu immédiat et permanent. Victor Hugo définissait la France de 1789 comme “une grande Lumière mise au service d’une grande Justice”. Nous nous battrons sans relâche

    pour que la France redevienne la nation qui lutte contre les inégalités, pour que la France se dresse enfin contre l’accaparement des terres et de l’eau. Nous continuerons à nous battre

    pour une certaine idée de la France, la France qui ose, qui n’a pas peur, qui s’entraide, malgré vous et vos annonces rétrogrades. Nous continuerons à faire vivre la France.

    – Yaël Braun-Pivet: Merci, madame la présidente. La parole est à présent à monsieur le président André Chassaigne. – André Chassaigne: Madame la présidente, chers collègues, monsieur le Premier ministre.

    Lors de sa réélection en avril 2022 face au Rassemblement National, le président Macron avait déclaré que “ce vote l’obligeait pour les années à venir”. Cet engagement n’a trouvé d’échos

    ni dans la politique menée ni dans la pratique du pouvoir. Les élections législatives avaient pourtant confirmé la nécessité pour le camp présidentiel, privé de majorité absolue, de gouverner autrement et de rééquilibrer les pouvoirs.

    Le mandat de madame Borne s’est au contraire inscrit dans la continuité de pratiques brutales avec, pour pratiques nouvelles, 23 49.3. S’il fallait attribuer une palme, elle serait décernée à celui qui s’est abattu

    sur la réforme des retraites malgré l’opposition de 80% des Français et de la majorité de l’hémicycle. Violence institutionnelle et reniement des engagements: tel est le résumé

    de ce début de quinquennat qui s’est achevé en donnant à l’extrême droite une victoire idéologique majeure en cédant aux fantasmes, avec l’adoption d’un texte sur l’immigration contraire à nos lois fondamentales, en créant

    un appel au racisme, tout en fragilisant notre Etat de droit. De nombreuses mesures ont certes été censurées par le Conseil constitutionnel, mais l’irréparable a été commis, laissant

    derrière son passage blessures et conséquences. Vous êtes non seulement responsable de ce triste bilan, mais vous avez été désigné comme commissaire politique par le président de la République pour poursuivre l’oeuvre entamée

    le 16 janvier dernier. Il vous a rappelé que le détenteur suprême du pouvoir exécutif, c’est lui. Vous venez de le confirmer avec votre gouvernement mondain et de l’entre-soi.

    Vous servirez sa politique au service des riches, une politique qui creuse toujours davantage les inégalités, sans jamais douter, avec arrogance. C’est cette feuille de route qui vous a été confiée.

    La vacance tant de ministères de votre gouvernement atteste de la quintessence idéologique de ce projet politique. L’hôpital public se meurt, laissant 6,7 millions de personnes sans médecin traitant.

    Ce gouvernement n’a pas de ministère de la Santé de plein exercice! Alors que le nombre de travailleurs pauvres et précaires explose, ce gouvernement ne compte pas de ministère du Travail de plein exercice!

    Alors que la France traverse une crise du logement d’une ampleur inédite, que le nombre de personnes sans domicile a doublé en 10 ans, que 3000 enfants dorment

    dans la rue, que 18% de la population vit dans un logement insalubre, ce gouvernement ne compte toujours pas de ministre du Logement! Alors qu’en outre-mer, le taux de chômage

    est de 2 à 4 fois plus élevé que dans l’Hexagone, que s’y nourrir coûte jusqu’à 40% plus cher, que s’y trouvent les plus grands déserts médicaux et que le scandale d’Etat du chlordécone attend

    une réponse du gouvernement, toujours pas de portefeuille pour ce territoire! Alors que notre pays a besoin de mesures choc pour développer le transport ferroviaire dans l’urgence de la transition écologique,

    ce gouvernement ne compte pas de ministère du transport! Alors que l’école publique connaît une crise sans précédent, que près de 10.000 enseignants ont disparu depuis 2017, que la France poursuit

    sa chute vertigineuse dans les classements, pas de ministre de plein exercice pour l’Education nationale! Pire: le jour même de sa nomination, la ministre en charge de l’Education nationale,

    de la Jeunesse, des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques vantait la ségrégation sociale, humiliant au passage les enseignants du public. Votre passage est clair: le triomphe de l’oligarchie est assumée.

    Alors que nous devons agir d’urgence pour la paix, le ministre des Affaires étrangères a pour seul atout d’avoir grandi à l’étranger pour l’aider dans sa tâche. Où sont vos propositions pour réparer

    notre République abîmée, pour apaiser notre pays déchiré, pour répondre à la souffrance de la majeure partie du peuple maltraité? Face au désespoir des agriculteurs,

    vous avez fait le pari du coup de com’ sur un ballot de paille. Nous ne sommes pas convaincus. Aucune mesure sérieuse n’a été proposée pour répondre à la situation catastrophique ils affrontent.

    Rien de concret sur les distorsions de concurrence nourries par l’importation massive de produits qui ne respectent pas les normes sociales ou sanitaires. Rien sur les effets des traités de libre-échange,

    seulement un vague engagement sur le Mercosur en ignorant les nombreuses autres négociations en cours. Rien sur les prix planchers et sur la révision en profondeur des négociations commerciales.

    On ne dupe pas impunément ceux qui ne veulent pas mourir pour pouvoir nourrir. Vous n’allez pas duper pas non plus la majorité des Français et des Français qui ne se laisseront

    pas impressionner par une litanie de mesurettes de court terme. Ils attendent des réformes de fond et de progrès social. Face à l’inflation qui atteint 20% en cumulé sur les 2 dernières années,

    avec des pics encore plus importants pour les denrées alimentaires et l’énergie, face à la smicardisation de la France, vous ne proposez rien pour revoir de fond en comble notre système fiscal afin

    de garantir une meilleure répartition des richesses et de la valeur. Rien pour réduire les écarts de revenus! Rien pour pénaliser la rente financière et améliorer le niveau de vie de nos concitoyens!

    Bien au contraire, vous nous annoncez poursuivre dans la casse minutieuse de notre modèle social. Vous allez laisser respirer les entreprises avec moins de normes, et étouffer les chômeurs avec moins de droits!

    Vous avez oublié, comme par hasard, de rappeler l’augmentation des prix de l’électricité et des franchises médicales. Je vous le demande solennellement: renoncez à ces augmentations.

    Face au drame qui se déroule en Palestine et alors que la Cour internationale de justice a reconnu le risque de génocide en cours dans la bande de Gaza, la France,

    comme vous-même, reste désespérément silencieuse et complaisante à l’égard du gouvernement israélien, ignorant le rôle que notre pays pourrait jouer dans cette région pour retrouver sa grandeur passée.

    Vous persistez dans votre refus de reconnaître l’Etat palestinien, à appeler à un cessez-le-feu permanent, mais vous vous précipitez pour suspendre les aides aux réfugiés palestiniens de l’UNWRA.

    Le fameux: “deux poids, deux mesures”, c’est devenu votre ligne directrice. N’est-ce pas vous qui avez inventé avec votre ministre de tutelle monsieur Bruno Le Maire l’obstruction gouvernementale

    pour empêcher l’adoption de nos propositions de loi pour indexer les prix sur l’inflation? Vous ne nous laissez que peu d’espoir. Votre refus de soumettre votre déclaration de politique générale au vote

    de la représentation nationale anéantit tous vos efforts déployés à convaincre des atouts de votre jeunesse pour diriger ce gouvernement. Vous avez la fougue, mais il vous manque le courage et le panache.

    Pour ce qui concerne nos députés, nous resterons fidèles aux engagements que nous avons pris devant les Français et les Françaises, dans le combat entre l’ombre et la lumière.

    Nous nous opposerons au sabotage méthodique des valeurs qui ont fait la grandeur de notre pays et de notre République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Nous resterons fidèles à nos pratiques parlementaires,

    travaillant sans relâche sur nos territoires pour être au plus près des besoins et des préoccupations de celles et ceux qui souffrent. Nous allons déployer toute notre énergie pour réparer notre nation.

    Nous sommes du côté de l’espérance, lucide, hors de toute naïveté, ce qui nous fait dire pour conclure: “Margaret Thatcher, sortez du corps de notre Premier ministre.” Quand on est réac, on est réac!

    – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie. La parole est à présent à monsieur Pancher. – Bertrand Pancher: Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, chers collègues.

    Comme la plupart de mes collègues du groupe LIOT, je suis allé sur un barrage d’agriculteurs en colère ces derniers jours pour leur témoigner notre solidarité et notre soutien.

    Mon passage n’était ni organisé par les services de la préfecture ni filtré. Issu d’un territoire rural, fils d’agriculteur, ayant à l’esprit les graves difficultés qu’ils affrontent, j’ai vu leur visage grave.

    J’ai été frappé par une colère amplifiée par l’absence d’écoute et de concertation. Après la crise des gilets jaunes, celle des retraites, des banlieues, cette mobilisation est encore un appel

    à changer les modes de décision. Vous n’anticipez jamais et vous ne savez pas écouter. Vous êtes dans l’entre-soi depuis les beaux quartiers de Paris. Que nous demandent nos concitoyens?

    Que le travail paie enfin et que vous maîtrisiez l’inflation, touchant de plus en plus de Françaises et de Français. Ils demandent aussi une justice et un accompagnement social,

    et non pas un “Marche ou crève”. De la simplification: les normes ont triplé en 20 ans. On comprend pourquoi nos hôpitaux, la justice, l’enseignement, nos commissariats sont dans un si mauvais état.

    On ne prépare pas l’avenir de nos jeunes, y compris au plan environnemental. Cette crise ne peut se résoudre que par une réforme profonde de l’Etat. Il faut un véritable choc de décentralisation,

    plus de référendums, des corps intermédiaires plus écoutés. Nous avons des dépenses publiques les plus importantes que tous les pays occidentaux pour des services publics qui fonctionnent

    de moins en moins bien: quel paradoxe! Les Français veulent des hôpitaux qui fonctionnent, des EHPAD qui ne soient pas des mouroirs et de bonnes écoles

    qui ne soit pas réservées aux plus riches. Comme le président s’y est engagé, nous demandons une vraie loi adaptée. Une politique du logement qui permette de s’engager enfin dans la rénovation énergétique.

    Nous demandons une loi de programmation pour les territoires ultramarins. Les coupures d’eau sont insupportables. Je ne vous ai pas entendu non plus sur l’aménagement des territoires. Vous venez de prononcer votre discours

    de politique générale trois semaines après votre nomination. Vous oubliez que vous n’avez toujours pas de majorité. Votre gouvernement n’est toujours pas constitué. Vous n’avez pas osé demander la confiance

    de notre assemblée. Vos déclarations choc, les surenchères médiatiques et leur mise en scène ne sauront contenter nos concitoyens à la recherche d’un cap. Ils veulent une méthode claire,

    celle de l’écoute et de la concertation. Cela fait 7 ans que vous êtes au pouvoir, et même si cela fait 7 ans que vous êtes au pouvoir, il n’est jamais trop tard pour bien faire.

    Vous pouvez travailler sur les priorités de notre pays ces trois prochaines années. Nous y sommes presque. Il faut y associer tous les corps intermédiaires et les forces vives de notre pays.

    Nous vous demandons un calendrier précis sur les réformes institutionnelles, le transfert de compétences aux grandes collectivités et leur autonomie fiscale. C’est la clé de la réussite

    pour la France, sans oublier la question de l’autonomie pour la Corse. Nous croyons que notre pays n’est pas ingouvernable, qu’il est réformable et qu’il suffit que vous entendiez enfin les Français.

    Avec le président Macron, vous êtes au pied du mur. La première porte vous permettra de monter un à un les escaliers du redressement de notre pays. La deuxième porte s’ouvre face

    à un grand précipice. Ecoutez les Français et les Françaises et ne vous trompez pas de porte. – Yaël Braun-Pivet: Merci beaucoup. La parole est à présent à monsieur Maillard, pour le groupe Renaissance. Applaudissements

    Revendications – Sylvain Maillard: Je n’ai rien dit, encore. Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres. Alors que vous prononcez votre discours de politique générale devant cette Assemblée,

    il est clair que 2024 sera une année décisive. Pour notre continent, d’abord, avec la tenue d’un scrutin qui déterminera l’Europe que nous voulons. Pour notre pays, ensuite,

    alors que les JO de Paris feront rayonner la France à travers le monde. Pour notre avenir enfin, puisque les politiques que nous aurons à mettre en place dès maintenant

    vont définir le visage de notre nation pour les décennies à venir. C’est dans ce contexte que vous avez été nommé, et cette nomination symbolise pour les députés Renaissance autant

    une marque de renouvellement que de fidélité. Fidélité à l’égard de cette majorité parlementaire dont vous êtes issu. Cette majorité qui, en 7 ans, a créé 2 millions d’emplois

    et fait de l’objectif du plein emploi un but atteignable et non un voeu impossible. Cette majorité est celle qui a entamé la réindustrialisation du pays, avec l’installation de plus de 300 nouvelles usines

    sur notre territoire. Celle qui investit dans notre souveraineté énergétique en relançant la filière nucléaire et en développant les énergies comme jamais auparavant. Celle qui a permis un renforcement

    des effectifs de la police et de la justice dans des proportions inédites depuis 30 ans et redonné à nos armées les moyens d’assurer leurs missions aux quatre coins du globe.

    C’est cette majorité qui a accru les chances dans le redoublement des classes et l’école inclusive et qui lutte contre les déserts médicaux avec la suppression du numerus clausus

    et la libération du temps médical. Nous devons aller plus loin. Vous avez fait des annonces fortes. Celles qui ont su protéger nos concitoyens et nos entreprises durant la crise

    du Covid-19 comme nous les protégeons encore aujourd’hui face à l’inflation, plus qu’aucun autre pays européen. Cette majorité a fait de la France le premier pays d’Europe en termes d’investissement

    tout en accélérant la transition écologique, avec la baisse de plus de 4% de nos émissions de CO2 en 2023. Nous sommes dans la trajectoire. C’est celle qui a voté les moyens

    de protéger notre souveraineté alimentaire, avec les lois Egalim. J’y reviendrai. Je pourrais multiplier les exemples de notre action résolue depuis 7 ans pour libérer, protéger et transformer notre pays.

    Vous vous inscrivez dans cette histoire et vous avez désormais, avec votre gouvernement, à en écrire une nouvelle page. Vous avez d’emblée voulu vous inscrire sous le prisme de l’action et du concret.

    C’est une nécessité. La politique risque de mourir du paradoxe de ne pas oser dire les choses, d’un côté, et de l’autre, d’en dire trop au risque de se perdre

    dans le discours au détriment des actes. Plus que tout, les temps imposent que nous soyons dans le dire. Nous partageons le même constat. Nous attendons de vous que votre action prenne

    en compte la réalisation du dernier kilomètre, celui sans lequel il n’est pas concevable de pouvoir changer réellement la vie des Français. Vos paroles devant cette Assemblée et vos premières décisions constituent

    une preuve de l’importance que vous accordez à cet impératif. Il aura à s’incarner dans les nombreux domaines qui définiront la France de demain. L’un des plus essentiels

    pour notre pays, premier producteur européen, c’est bien sûr l’agriculture. Dans un monde aux échanges ultracompétitifs, nous devons continuer à défendre l’excellence des produits français en imposant

    les mêmes normes de qualité aux pays qui veulent importer leurs denrées chez nous. Les députés Renaissance veulent ces clauses miroirs pour qu’il soit impossible d’importer

    des produits qui ne correspondent pas à nos normes. Nous saluons votre détermination à les instaurer dans nos échanges commerciaux. C’est cette préoccupation d’une alimentation de qualité qui nous a poussés à déposer

    une proposition de loi sur le bien-manger qui sera votée dans cette Assemblée en mars prochain. Pour que notre agriculture prospère, il faut avant tout que ceux qui la font vivre puissent vivre

    de cette activité, sans craindre le lendemain. Pour cela, en tant que législateurs, nous ne pouvons tolérer que les lois votées par la représentation nationale soient contournées, voire bafouées.

    Aussi, nous saluons votre volonté de faire respecter par les distributeurs, les transformateurs et les industriels les lois Egalim ainsi que la loi que nous avons portée pour sécuriser l’approvisionnement

    des Français en produits de grande consommation. Nous serons à vos côtés pour défendre l’agriculture et exiger qu’elle soit rémunérée à sa juste valeur. Nous continuerons, dans les semaines

    à venir, à nous faire le relais des préoccupations des maraîchers, des éleveurs, des viticulteurs, des céréaliers et de l’ensemble des agriculteurs et des pêcheurs de nos territoires.

    Pour porter des textes qui améliorent le quotidien, comme la proposition de loi Renaissance pour protéger le mode de vie agricole face aux troubles du voisinage… Dans cette perspective, nous nous appliquerons

    à réussir la future loi d’orientation agricole et à apporter des mesures qui changeront concrètement et rapidement la situation de ceux qui nous nourrissent. Ce choc des facilités que nous voulons

    pour notre agriculture, il doit aussi se faire au bénéfice de l’ensemble des concitoyens et des entreprises de notre pays, sans oublier les collectivités locales. La bureaucratie est un poison lorsqu’elle alimente

    le désordre au lieu de le résoudre. A la suite de la crise du Covid, nous avons commencé à lever certaines lenteurs, à remettre en cause des procédures sans logique.

    Nous serons évidemment au rendez-vous pour amender et accentuer la loi de simplification. Ce chantier nous permettra de changer la vie de nos concitoyens tout en maintenant

    notre tactique de redressement des finances publiques. La bonne tenue de nos comptes est un impératif absolu de notre majorité. Nous tiendrons ensemble le désendettement que nous nous sommes fixé jusqu’en 2027.

    Plus que tout, pour permettre à notre pays de prospérer, il faut redonner toute sa pertinence à la valeur travail, d’abord en faisant en sorte que le travail paie

    et en refusant de laisser des millions de salariés s’enfoncer dans la précarité. Nous ne pouvons tolérer que ceux qui respectent notre contrat social et contribuent chaque jour à faire tourner

    nos entreprises connaissent les angoisses des fins de mois. Cette classe moyenne qui est le pilier de notre économie et qui se sent trop souvent la grande oubliée de nos politiques publiques.

    A cet égard, les mesures que vous avez annoncées ici vont dans le bon sens, car le travail doit toujours payer plus que l’inactivité. Ce combat pour le travail,

    il est au coeur de ce travail que les députés Renaissance défendent depuis 7 ans. Il est l’essence de chacun. Il sera déterminant pour améliorer durablement le pouvoir d’achat des Français,

    qui est leur principale préoccupation et qui doit donc être la nôtre, en métropole comme en outre-mer. Essentiel aussi dans cette quête d’émancipation est l’accès pour tous à un logement.

    Or, la crise que connaît ce secteur impose que nous apportions des réponses fortes aux Français. Les textes que notre groupe a portés ces derniers mois, qu’il s’agisse

    de la proposition contre l’occupation illicite ou celle sur les meublés touristiques, constituent des premières briques. Nous voulons un véritable choc de l’offre. Un autre impératif, un droit fondamental,

    même, c’est le droit à la sécurité. Aucun habitant ne devrait craindre de se promener dans son quartier, aucune femme ne devrait craindre de rentrer seule le soir, aucun citoyen

    ne devrait être victime d’incivilités, voire de violence dans l’espace public. Aucun Français ne devrait craindre de représailles du simple fait de sa confession. A tous, nous devons leur assurer,

    quelle que soit leur résidence, quel que soit leur genre ou quelle que soit leur religion, qu’ils puissent vivre en paix dans leur pays. Les députés Renaissance y contribueront

    dès ce printemps avec une proposition de loi renforçant la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste ou antisémite et une autre, allongeant la durée de l’ordonnance de protection

    pour les victimes de violences conjugales. J’ai énuméré les chantiers de court terme. Je n’oublie pas ceux qui ont vocation à s’inscrire dans le temps long car ils sont le fondement même

    de notre identité. Parmi eux, le premier est l’école. C’est auprès des jeunes générations que se joue notre avenir. Les jeunes générations à qui vous avez d’emblée dit

    que vous vouliez redonner des causes d’espérance. Nous ne pouvons qu’y souscrire. Pour cela, l’école est primordiale. Pour lui redonner toute sa place, nous ne devons jamais hésiter à bousculer

    les schémas quand ils sont imparfaits et à donner les moyens à nos établissements de valoriser ce qui fonctionne. Cet investissement du politique, il faut qu’il se traduise

    dans tous les services publics, partout sur le territoire, notamment en matière de santé. La première cause du sentiment d’abandon de beaucoup, c’est le manque d’accès aux soins.

    Je l’ai dit, notre majorité a déjà agi pour inverser la tendance. Comme vous l’avez souligné dans votre discours, il nous faudra accentuer cet effort. Nous serons à vos côtés pour cela.

    Un autre défi de notre temps, le plus grand sans doute, c’est le changement climatique. Vous avez, en responsabilité, exposé la planification écologique. Ce sera essentiel pour promouvoir

    une écologie de l’innovation et de solutions plutôt qu’une écologie de l’obligation. Ecologie doit rimer avec ambition. Ecologie ne doit jamais rimer avec décroissance. Nous ne devons pas abandonner notre ambition écologique, mais celle-ci

    ne doit jamais se faire au détriment des Français. Il faut aussi redonner aux citoyens le goût de l’engagement. C’est ce que notre majorité s’emploie à faire en votant cette semaine la proposition

    de loi visant à soutenir l’engagement bénévole ainsi que la proposition de loi visant à reconnaître les métiers de la médiation sociale. Votre décision de pérenniser les cours d’éducation civique

    à l’école constitue également un signe extrêmement encourageant, de même que la généralisation du SNU que vous venez d’annoncer. Ce besoin d’engagement se fait aussi sentir dans notre démocratie. Cela impose de revaloriser

    ceux qui la font vivre. Il n’est pas concevable que, dans notre pays, les élus soient impunément l’objet d’insultes, de menaces, de violences, pour ne pas dire de lynchages. Servir ses concitoyens au sein

    de sa commune, de son département, de sa région ou dans cette Assemblée ne devrait jamais faire craindre pour sa vie ou pour celle de ses proches. Une démocratie qui se retourne

    contre ceux qui la servent, elle se détruit. Honte à ceux qui, par leur comportement outrancier, ont pu, y compris sur ces bancs, alimenter ces bas instincts. A cet égard, la proposition de loi renforçant

    la sécurité des élus locaux sera salutaire. Le retour de l’autorité passe nécessairement par le respect envers les institutions et leurs représentants. Pour mener à bien toutes ces entreprises,

    l’esprit de compromis qui exige la configuration de notre Assemblée apparaît indispensable. Je le redis aujourd’hui devant tous les groupes de l’arc républicain, ma main et celle des députés Renaissance

    est toujours tendue pour construire des majorités de projet. Nous le faisons déjà à travers plusieurs textes transpartisans. Il nous faut accentuer cet élan. Pour conduire toutes ces réformes, un autre élément consubstantiel au projet

    que nous portons depuis 2017 apparaît essentiel. Monsieur le Premier ministre, la France a besoin d’audace pour tenir le rang qui est le sien dans le concert des nations et en Europe, pour protéger l’art

    de vivre à la française et faire valoir ses idéaux face aux bouleversements du monde, pour se réinventer sans cesse en accord avec son histoire et ses valeurs. Parce que votre action tend à s’inscrire

    dans la République d’une France fière d’elle-même, je veux vous assurer ici du soutien et de la confiance des députés Renaissance. Pour terminer mon propos, monsieur le Premier ministre, je veux vous lancer cet appel,

    le même que Danton fit jadis à la tribune: “De l’audace, encore de l’audace, et la France est sauvée!” Je vous remercie. – Yaël Braun-Pivet: Merci beaucoup, monsieur le président. Protestations et applaudissements

    Je vous remercie. La parole est à madame la présidente Le Pen pour le Rassemblement National. – Marine Le Pen: Monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs, chers collègues,

    l’exercice auquel nous venons d’assister tient du rituel. Il est presque mécanique. Il l’est plus encore aujourd’hui. C’est un catalogue, une succession de promesses diverses et variées

    sans lien entre elles et de niveaux pour le moins inégaux, ce qui est assez éloigné d’un discours de politique générale. Ce n’est pas faire injure à monsieur le Premier ministre de constater

    que son intervention n’est que la revue de détail d’une déclaration de politique générale que le président de la République avait faite avant lui et à sa place, à l’occasion d’une conférence de presse fleuve.

    Vous comme nous, et surtout comme le pays, subissons l’intempérance jupitérienne. Il est vrai que le nouvel équilibre institutionnel du quinquennat a trop souvent ravalé le rôle du Premier ministre

    à celui d’un simple figurant, un communiquant, un collaborateur, comme dirait un ancien président. Avec Emmanuel Macron, cette atrophie institutionnelle reste encore plus aggravée par la conception autocentrée qu’il se fait du pouvoir.

    Le président est ministre de tout, et évidemment le premier d’entre eux. Pour aller directement au fait, je n’ai pas vu dans ce discours de politique générale, qui tombe d’une des fenêtres du château,

    les voies et moyens de redressement. Je n’ai pas senti le grand souffle qui puisse emporter le pays vers des lendemains heureux, et je n’ai senti aucun souffle.

    Il ne suffit pas d’invoquer une volonté de mettre fin au conservatisme pour bousculer un système sclérosé par des décennies de politiquement correct, de connivence, de bétonnage pas toujours nécessaire.

    Vous n’y êtes pas parvenus, mais au contraire, vous poursuivez un système oligarchique dont votre ministre, madame Oudéa-Castéra, apparaît comme l’exemple archétypal. Cela ne nous laisse entrevoir qu’une réponse

    à quelques urgences médiatiques, comme s’il s’agissait de gagner du temps. Je ne vois rien qui contribue au redressement des piliers effondrés. Vous continuez à apporter une vision utilitariste

    autour de mesures sans transcendance et une vision fondamentalement post-politique et post-nationale. Dans ce catalogue, vous tentez d’allier un peu de droite et un peu de gauche.

    Vous rassemblez le pire de la droite et le pire de la gauche. Le pire de la droite, c’est par exemple la hausse des franchises médicales ou la nouvelle réforme à venir du chômage.

    Le pire de la gauche, la hausse des taxes sur l’électricité ou la normalisation à outrance, je pense au DPE qui fait du mal au logement. Le bilan financier de vos politiques

    est apparu il y a quelques jours: un déficit du budget sans équivalent. Il faut un mouvement appuyé sur la force retrouvée de l’Etat et sur une volonté populaire qui légitime l’action publique.

    La souveraineté, l’Etat, la démocratie. La première condition est de rendre au pays sa capacité de décider. Votre arrimage aveugle et inconditionnel sur l’agenda bruxellois vous condamne d’office

    aux mêmes errements que vos prédécesseurs. A quoi riment les discours sur le volontarisme lorsque vous savez que vous avez laissé les commandes intellectuelles et institutionnelles à l’autorité supranationale de l’Union européenne?

    A quoi bon la déclaration sur l’agriculture, au-dessus de tout, quand vous êtes prisonniers des logiques du wokisme vert? Appuyé sur des ballots de paille, vous parlez de souveraineté française,

    quand l’Elysée use et abuse d’un oxymore, d’une incantation antinomique, la souveraineté européenne, alors que la très mercantile Union européenne a depuis toujours révoqué le mot de souveraineté pour s’en remettre

    de manière obsessionnelle à la seule loi du marché. Pensez qu’au moment même où les agriculteurs français manifestaient à Bruxelles devant le Parlement européen, à quelques mètres de là, dans un immeuble

    en verre, vos élus du groupe Renaissance votaient un nouvel accord de libre-échange désastreux avec le Chili! Cela ne vous empêchait pas, le lendemain, la main sur le coeur, de promettre

    aux agriculteurs français de les défendre. Les commentateurs amusés y verraient les artifices du “en même temps”. Ces faux-semblants m’inspirent la plus grande peine pour nos agriculteurs, pour cette France rurale qui souffre,

    pour notre peuple que l’on trompe. La confiance, pourtant si nécessaire en ces temps de crise, ne peut revenir dans votre monde où on privilégiera le court terme, l’apparence, l’éphémère,

    et où on pense pouvoir éteindre les contestations par le mensonge, la ruse ou l’usure. Il ne sert à rien de vouloir écoper le bateau qui fait eau quand les membres

    de l’équipage s’activent en même temps à ouvrir des voies d’eau partout dans la coque. Quel crédit peut-on accorder à ces incohérences? Avez-vous seulement prise

    sur ce qui se passe, sur ce qui est décidé, sur ce système qui a fait le choix résolu de la vassalisation à Bruxelles? Vos choix politiques ressemblent de plus en plus à un pacte faustien.

    Il s’agit peut-être seulement de gagner un peu plus de temps de jouissance. Il est parfois compliqué de comprendre ce qu’est le macronisme. Vraisemblablement, beaucoup d’observateurs avertis seraient incapables d’en donner

    une définition précise. Une chose est sûre: il s’agit d’une pensée liquide avec, pour perspective, une société liquide. Pour vous, tout doit se résumer à des flux. La théorie du ruissellement vous sert

    à servir les nantis. Le seul ruissellement qu’il y a eu est celui de l’argent public qui a coulé à flot. 900 milliards de dettes supplémentaires en 7 ans!

    Autant que le montant total de la dette française pour l’an 2000! Cette liquidité que vous prônez mène à la liquidation. Emmanuel Macron en tête, vous mettez en oeuvre la grande déconstruction,

    le grand effacement de la France comme des somnambules, sans tenir compte des réalités sociales ou de l’évolution du monde qui s’ajoute à l’abrasion naturelle du temps, quand rien dans la décision politique

    ne conduise au dépassement. La première condition, c’était la souveraineté. La seconde condition, c’est la restauration de l’Etat. Je ne vois pas dans votre déclaration de lueur d’espoir. La restauration de l’Etat suppose

    de sortir de la grande confusion politico-administrative qui règne dans nos institutions nationales ou locales. Il faut remettre de l’ordre dans l’organisation publique. Avec le gouvernement des sachants,

    on assiste à un va-et-vient entre fonction administrative et fonction politique, entre fonction publique et intérêts privés, entre fonction élective et autres magistratures. Il en résulte une confusion sur la crédibilité des institutions.

    Confusion politique lorsque les politiques ont appliqué leurs responsabilités et que le mot “politique” en vient à signifier impuissance. Qui décide de quoi? Qui est en état de décider? Le local? Le national?

    Le Parlement? Le président? Le juge? Le Conseil constitutionnel? Bruxelles? L’OTAN? Le président ne préside pas, il gouverne. Lorsque le président gouverne, le gouvernement se contente d’administrer les affaires courantes.

    Que dire des régions qui ouvrent des ambassades à l’étranger, des communes qui subventionnent sans honte le trafic d’êtres humains par le biais d’associations complices des passeurs, des clans politiques

    qui saccagent la capitale de tous les Français, d’un préfet de police qui est incapable de faire cesser les vendeurs à la sauvette sous la tour Eiffel ou d’une préfecture qui entretient

    des rapports troubles avec des organisations illégales? La question qui est posée au pays n’est pas seulement le programme de tel ou tel gouvernement. Ce n’est pas la vision de tel ou tel président.

    Ce n’est pas la bonne volonté supposée ou réelle de tel ou tel ministre. C’est le retour du politique! C’est au politique qu’il appartient de décider, et tout particulièrement dans les ministères, dans les assemblées,

    dans les communes. L’élu doit arrêter de se tourner vers le fonctionnaire pour se faire souffler une décision. Les ministres doivent cesser d’être les porte-parole serviles des directeurs d’administration,

    des féodalités bancaires et de la grande distribution. Ils doivent redevenir les inspirateurs des grandes impulsions publiques dont le pays a besoin. Le retour du politique, c’est aussi congédier

    la pensée magique, celle du “il suffit d’emprunter”, celle des grands prêtres de la pensée unique. A l’heure où vous parlez de réarmement pour vous donner des airs guerriers,

    je ne crois pas avoir entendu l’expression “réarmement régalien”. Ce n’est pas un oubli car ce n’est pas votre projet. Pourtant, la question est d’importance. La France est-elle condamnée à s’enfoncer

    dans le laxisme judiciaire? La politique peut-elle encore continuer à demander au politique de terrain les solutions sécuritaires et sociales qui relèvent justement du politique, et de lui seul?

    L’entreprise peut-elle combler les carences de formation, et parfois même d’éducation? Pour reprendre le cardinal de Richelieu: “La politique revient à rendre possible ce qui est nécessaire. Cela exige de la persévérance.”

    Le retour du politique implique en réalité la détermination à reprendre le contrôle, à le reprendre sur les forces supranationales, comme l’Union européenne, des féodalités qui gangrènent la vie sociale et économique,

    sur les inerties administratives. Le moyen de cette reprise de contrôle, c’est l’Etat, pour peu qu’il soit respecté, c’est-à-dire restauré. La restauration de l’Etat, c’est la réhabilitation des grands corps préfectoraux

    ou diplomatiques, le retour du sens de l’Etat et au plus près des gens, partout sur le terrain, avec la proximité des services publics. C’est un état conscient

    qui n’agit pas pour lui, mais au service de la nation, un Etat conscient que son premier devoir est la sécurité intérieure et extérieure, l’égalité des citoyens et la liberté de tous!

    C’est un Etat dont les agents sont honorés, respectés et récompensés, comme le service qu’ils consacrent au pays. C’est un Etat doté des moyens de ses missions. La troisième condition du redressement,

    c’est la démocratie, le retour du peuple ou de ses représentants. Quoi que vous puissiez dire sur votre changement de méthode, on ne peut que constater votre incapacité à sortir des logiques verticales.

    A votre décharge, après 7 ans de pouvoir d’Emmanuel Macron, je ne crois pas que vous puissiez modifier ce qui est une marque de fabrique du macronisme. Votre discours sonnait comme un réquisitoire

    des 7 ans d’Emmanuel Macron. Vous n’avez pas de majorité. Au lieu d’en chercher une par le respect de vos alliés et par l’écoute, vous comptez sur des ruses institutionnelles

    en excluant par principe les voix transparentes et saines. L’élaboration de la loi par des 49.3, les décisions publiques au marteau ou les atteintes aux droits

    ne sont pas admissibles dans une démocratie moderne. Lorsque le Conseil constitutionnel participe au détricotement de la représentation parlementaire, il en ressort une impression de déni démocratique, un piétinement

    du principe de la démocratie. Qui peut croire que le délit de séjour irrégulier n’aurait rien à voir avec l’immigration et devrait être effacé de la loi? Le respect de la volonté du peuple,

    le fondement de la démocratie, nul ne devrait pouvoir s’en affranchir! Vous devez cesser de considérer l’exercice de la démocratie comme une formalité administrative, la conduite de l’Etat

    comme un passe-temps, les institutions comme des instruments, les fonctions ministérielles comme un jeu de chaises musicales. Ce que nous attendons d’un gouvernement, c’est qu’il définisse clairement

    la grande voie autour de laquelle doit s’articuler toute action publique, toute projection pour l’avenir. Nous n’avons rien vu de tout cela, ni depuis 7 ans, ni aujourd’hui! – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie.

    Merci beaucoup. La parole est à madame La présidente Panot. – Mathilde Panot: Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, chers collègues. Vous nous avez maintenus dans l’attente.

    Plus de deux semaines avant de vous entendre délivrer un discours de politique générale que vous devez à la représentation nationale. Vous ne demandez pas la confiance de l’Assemblée, ce qui serait le minimum

    à attendre si notre démocratie fonctionnait. Vous ne demandez pas la confiance car vous n’avez ni la confiance de l’Assemblée ni celle des citoyens. Vous nous avez maintenus dans l’attente

    mais vous vous êtes rendu compte entre-temps que personne ne vous attendait. Avez-vous dit aux agriculteurs que votre majorité avait rejeté une loi que nous avions proposée en novembre dernier pour encadrer

    les marges de l’industrie agroalimentaire et leur garantir des prix rémunérateurs? Leur avez-vous parlé de votre duplicité ou vous êtes-vous contenter d’une mise en scène poussive sur une botte de foin

    et un verre de rouge? Vous venez de démontrer que votre communication politique ne va pas plus loin que votre discours de propagande générale. Les professeurs vont être en grève,

    épuisés par vos mesures et intérêts par le gouvernement. La ministre elle est à elle seule un symbole de votre gouvernement, de votre politique passée et à venir. Oligarchie, haute bourgeoisie,

    vous y voilà. Fils du directeur de publiciste, cousine d’un éditorialiste de BFM TV, présidente de la Fédération Française de Tennis pour 500.000 euros par an avant de devenir ministre

    des Sports puis plus récemment de l’Education nationale, des Jeux Olympiques et Paralympiques. La pauvre nous le dit: elle gagnait 3 fois plus qu’avant. Merci de nous avoir offert une si belle caricature

    de votre oligarchie. Quand on lui parle de sa défense lamentable et de ses mensonges à répétition, elle dit ne pas avoir menti. Tenez-vous bien, c’est la réalité qui lui donne tort!

    En la matière, vous êtes des experts. En matière d’économie sociale, la réalité vous donne toujours tort, mais vous continuez. Vous mentez de nouveau, vous continuez. Monsieur le Premier ministre,

    madame Amélie Oudéa-Castéra partage avec vous un arrondissement et l’Ecole alsacienne. Vous vous comprenez bien, entre bourgeois. Vous êtes comme elle, sans doute doit-elle vivre son ministère comme une peine infinie

    car elle gagne moins qu’à la Fédération Française de Tennis. Peut-être les effets cumulés de suppression de l’impôt sur la fortune venue de votre part compense-t-elle cette baisse de revenus.

    Le nom “ministère” vient de “serviteur”, en latin. Vous êtes un gouvernement de serviteur, sans aucun doute. Mais en démocratie, c’est le peuple que les ministres doivent servir.

    Au lieu de cela, vous vous servez vous-même ainsi que les riches. La fortune des 500 familles les plus riches de ce pays a plus que doublé depuis 2017. Vous êtes les serviteurs zélés

    mais vous oubliez la République et ses principes. Vous préférez jeter en pâture celles et ceux qui arrivent sur notre territoire pour ne pas parler des inégalités croissantes, du problème

    du logement, des travailleurs dont la paie ne suffit plus, de la situation insupportable socialement que vos politiques font subir aux pays. Vous n’êtes ni à la hauteur de la situation sociale

    ni de notre histoire démocratique, et encore moins à la hauteur de l’immense défi écologique qui nous attend. Vous n’êtes pas à la hauteur. Une partie de la presse publie des portraits ridicules

    de vous, où l’on s’extasie du fait que vous dormiez peu. C’est peut-être pour cela que le pays semble conduit par une équipe de somnambules, ensommeillés dans le rêve de milliardaire,

    éblouis par les lumières télévisuels, vivant dans un spectacle permanent que les Français regardent avec consternation. Le pays souffre. Vos tentatives d’hypnose ne fonctionnent pas. Les agriculteurs à bout comprennent

    que le libre-échange, les marges sans contrôle sont la source de leurs difficultés quotidiennes. Les enseignants voient se créer vos groupes de niveaux, aussi stigmatisants qu’inefficaces, et comprennent le caractère systématique

    de la destruction du service public. Les cheminots que vous avez vilipendés voit disparaître un petit peu le service public ferroviaire que vous avez détruit méthodiquement pour libéraliser le rail.

    Les salariés du privé souffrent davantage du partage injuste de la valeur produite. Les soignants et professionnels du secteur médico-social constatent votre obstination à mettre en pièces le service public de la santé.

    Les chômeurs pâtissent à chacune de vos réformes de la situation économique qui leur laisse le choix entre la précarité ou la honte que vos discours d’exclusion renvoient toujours. Les jeunes pour le climat voient

    votre incompréhension à prendre en compte l’ampleur des changements nécessaires. Les retraités s’inquiètent des coups de canif que vous avez mis dans le contrat social qui lie entre elles les générations.

    Vous refusez d’engager le partage des richesses pour rémunérer le travail. Engagez les investissements nécessaires pour la bifurcation écologique! Reconstruisez nos services publics! Vous déstabilisez notre société.

    Vous êtes bien loin de la République sociale. Vous resterez dans l’histoire comme le pouvoir qui aura mené la France à sa fin, où les gens meurent sur des brancards d’hôpitaux.

    Vous nous avez fait attendre, mais personne n’attend plus rien de vous. Une alternative existe. Il est possible d’engager une autre politique: augmenter le SMIC à 1600 euros net,

    porter l’âge de la retraite à 60 ans pour 40 annuités, investir massivement dans l’énergie publique, dans un pôle public de l’énergie ou encore la formation et l’installation de nouveaux paysans.

    Nous pouvons annuler la dette des agriculteurs. Tout cela est possible. Je vous entends déjà demander comment financer cela. C’est simple: en cessant de servir ceux que vous servez, en taxant le capital,

    en créant de nouvelles tranches d’impôt sur le revenu pour les plus riches de notre pays, en rendant possible la contribution généralisée. En un mot: en organisant le partage des richesses.

    Cette perspective doit vous sembler abominable, mais c’est la clé de la cohésion du pays. Vous abusez des pouvoirs que vous donne la Constitution. La Ve République vous rend plus invisible

    que vous ne le souhaiteriez, monsieur le Premier ministre. Personne n’ignore que tout se décide à l’Elysée, jusqu’à votre discours qui a été corrigé et relu par le monarque lui-même.

    Emmanuel Macron, vous êtes à ses ordres, comme une bonne partie de la minorité parlementaire qui a cru bon de voter, il y a quelques semaines, une loi reprenant le principe de préférence nationale défendue

    par Jean-Marie Le Pen et ses héritiers siégeant sur ces bancs. Certaines dispositions devaient être votées car elles étaient anticonstitutionnelles et seraient donc censurées par la suite.

    Vous vous rendez compte du caractère planant de certains de vos arguments? Ne croyez-vous pas qu’un tel mépris pour nos règles communes est le signe d’un affaiblissement de nos institutions?

    Cela nous invite à mettre sur la table un changement institutionnel. Une autre République est possible pour nous et avec la République sociale, avec notre belle devise “Liberté, égalité, fraternité”.

    Il est temps de rédiger la Constitution de la VIe République. La République du référendum qui permettrait aux Français de retourner aux urnes alors que vous le leur refusez toujours.

    Une République où les ministres servent le peuple, et pas une oligarchie de plus en plus déconnectée. Vivement un nouveau gouvernement et le retour à la démocratie dont notre pays a besoin.

    Nous préparons l’alternative à votre monde de malheur. Emportez avec vous en guise d’avertissement cette phrase du philosophe Maurice Merleau-Ponty: “Le pouvoir que l’on appelle légitime

    est celui qui réussit à éviter le mépris et la haine.” Vous n’avez réussi à éviter ni l’un ni l’autre. – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie. Merci, madame la présidente.

    La parole est à présent à monsieur le président Marleix pour le groupe Les Républicains. – Olivier Marleix: Merci. Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, chers collègues.

    Au fond, la décision du Conseil constitutionnel rayant d’un trait de plume le travail du Parlement sur la loi immigration et la crise des agriculteurs nous racontent la même histoire:

    celle des injonctions que le peuple français ne supporte plus de subir de la part de juges supranationaux, nationaux, de technocrates européens ayant tous en commun de ne jamais

    avoir de comptes à rendre aux Français. Si la souveraineté nationale peut à ce point être évitée, basculée, bafouée, comment s’étonner que la politique laisse à penser aux yeux des Français

    qu’elle est devenue une farce? Comment s’étonner qu’ils en viennent à vouloir renverser la table? Dans ce moment critique de notre histoire, dans cette démocratie en crise, chacun doit agir

    avec plus de sens des responsabilités que jamais. Sur l’immigration, les Français exigent un sursaut, vous leur livrez un tour de passe-passe. Les Français n’en peuvent plus des discours creux,

    de vos catalogues de promesses jamais tenues. Vous osez nous dire que depuis 2017, vous avez défendu la souveraineté industrielle? Quelle plaisanterie! Vous avez vendu nombre d’entreprises françaises! Comment vous croire?

    Vous parlez d’alléger le fardeau des normes pour les agriculteurs? Au Salon de l’agriculture, votre prédécesseur avait déjà promis la fin de la surtransposition des normes environnementales il y a plus d’un an.

    Votre administration élabore des cartes de protection qui vont concerner 30% de nos surfaces agricoles. Voilà comment vous trompez les cultivateurs. Ce n’est pas en supprimant quelques arrêtés préfectoraux

    que vous allez changer quoi que ce soit. Vous nous aviez promis des prix de rémunération avec Egalim. Lactalis propose aux producteurs de lait un prix de 40 centimes

    quand le prix de revient est de 48 centimes. Nous avons voté, il y a un an, un calcul plus favorable pour la retraite des agriculteurs. Vous faites tout pour que cette loi

    ne soit pas appliquée. Il y a huit mois, nous avons voté ici une résolution demandant au gouvernement de s’opposer à la ratification du Mercosur. Il aura fallu attendre hier

    pour que le président de la République, pris de panique dans un Paris assiégé, demande enfin à madame von der Leyen d’arrêter les négociations. On nous dit que le président Macron serait désormais prêt

    à partir en croisade contre les 4% de jachères de la PAC. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait plus tôt? La chaise vide du général De Gaulle se faisait plus entendre que la chaise pleine

    du général Macron. La politique, ce n’est pas un catalogue sans queue ni tête, ce n’est pas du théâtre. C’est le sort de notre pays. Vous nous avez dit vouloir mettre l’agriculture au-dessus de tout.

    J’ai eu envie d’y croire. Je me suis souvenu ensuite que la semaine d’avant, c’était l’hôpital qui était la priorité absolue, et la semaine d’avant, c’était l’école. La semaine prochaine, ce sera autre chose,

    et tant pis pour l’agriculture. Sur la crise agricole comme sur l’immigration, les Français ne vont pas se contenter d’une story sur Instagram ou d’une vidéo TikTok autour d’une botte de paille.

    Ils veulent des résultats dans la vraie vie. Tant que les réponses ne seront pas là, nous ne vous lâcherons pas. Après 7 ans d’agitation et à coups d’annonces choc, il ne s’est rien passé.

    Vous êtes passé sur les malheurs du pays comme sur des courants d’eau. Après 7 ans de pouvoir absolu à vous écouter, vous semblez seulement découvrir le pays, mais les crises se succèdent.

    Le pays est fracturé, révolté. Ces crises, comme celle des gilets jaunes, ont en commun que vous ne les voyiez jamais venir car vous n’êtes pas dans la vraie vie des Français. Votre politique n’enthousiasme

    que ceux qui n’attendent rien de la politique. La France qui a le plus besoin d’un pouvoir qui la protège face à la concurrence déloyale, agriculteurs, ouvriers, patrons de petites industries, la France

    qui a besoin de services publics, la France qui n’a plus de médecins, la France qui a besoin d’ordre, qui a besoin que l’on enferme les dealers qui menacent ses enfants,

    vous ne la voyez pas et vous la laissez s’enfoncer dans la colère. Comment s’en étonner de la part d’un président pour qui il y a les Français qui ont réussi et ceux qui ne sont rien?

    Monsieur le Premier ministre, derrière la communication, la réalité, c’est l’échec. Les résultats sont là. Monsieur Bruno Le Maire aura marqué de son empreinte ou plutôt de ses emprunts

    son passage au ministère des Finances, creusant avec assiduité une dette abyssale de plus de 3000 milliards d’euros. Ce sont 900 milliards d’euros de plus qu’à la fin du quinquennat de François Hollande.

    Le déficit est de 173 milliards d’euros. Vous dites que vous faire preuve d’une responsabilité exemplaire en matière de finances publiques, mais de qui vous moquez-vous? La croissance est en berne.

    Le pouvoir d’achat des Français est encore un peu plus attaqué par l’inflation. Les années que vous aurez perdues par vos errements sur le nucléaire, à faire du suivisme derrière les écologistes,

    vous placent dans la situation aberrante où vous allez augmenter la facture des ménages et, en même temps, faire perdre à nos entreprises leurs derniers avantages de compétitivité. Au ministère de l’Intérieur,

    monsieur Darmanin a accueilli près de 500.000 étrangers par an. C’est deux fois plus que sous monsieur Sarkozy. Quant à l’insécurité, nous en sommes à 362.000 plaintes

    pour coups et blessures en 2023, 60% de plus qu’en 2017. Depuis 50 ans, la France n’a jamais enregistré autant d’homicides ou de tentatives d’homicides, magnifique record pour votre gouvernement.

    En matière d’éducation, la France s’effondre au classement Pisa. Vous êtes au pouvoir depuis 7 ans, c’est votre bilan. Vous avez créé une crise du logement sans précédent. On ne construit plus.

    Les Français ont de plus en plus de difficultés à accéder à la propriété. Votre système MaPrimeRénov’ réussit l’exploit de rendre les travaux d’isolation inaccessibles aux classes moyennes jugées “trop riches”

    et aux foyers les plus modestes, incapables de financer des rénovations globales. Cette crise est telle que l’on voit en France, en 2024, des salariés dormir dans leur voiture.

    Quand vous nous parlez de choc, d’offres de simplification des normes et d’accélération des procédures, permettez-nous de penser que c’est un peu court. Le bilan des années Macron, c’est aussi

    un constant affaiblissement de la parole de la France à l’international. Cette singularité française se résume à des paroles maladroites, des coups de com’ sans lendemain du président de la République, en décrédibilisant

    les combats au Liban, inaudibles en Ukraine. Quelque chose s’est brisé de l’image de notre pays aux yeux du monde. Vous nous auriez demandé notre confiance, nous n’aurions pas pu vous la donner,

    évidemment, mais nous ne vous empêcherons pas d’agir. Sans soutien, les rares efforts de notre pays, retraite, chômage, RSA, n’auraient pas vu le jour. Nous vous pressons d’agir sans délai

    pour les agriculteurs, pour reprendre le contrôle de notre immigration, pour faire respecter la loi de la République partout sur notre territoire. Nous l’avons compris, ce remaniement ministériel vise

    davantage à infléchir le cours des sondages que de l’histoire. Ce n’est pourtant pas la communication qui fera la réussite de ce gouvernement, mais sa capacité à écouter et respecter

    les Français et leurs attentes, Français que nous représentons tous ici, dans cet hémicycle. Dans l’intérêt du pays, tâchez de faire mieux que ce qui vous a été demandé par votre président.

    La durée de vie de votre gouvernement ne dépend pas que du président de la République mais aussi de cet Assemblée nationale, où vous êtes minoritaire et dont vous n’aurez pas la confiance.

    – Yaël Braun-Pivet: Merci beaucoup, monsieur le président. La parole est à monsieur Christophe Naegelen. – Christophe Naegelen: Merci. Notre pays est en crise. Les Français sont plus que jamais

    en attente de réponses concrètes à leurs préoccupations, sans postures politiciennes mais avec des actes. La première de ces préoccupations est la santé. On peut saluer certaines mesures, notamment

    le Ségur de la santé, mais la transformation du numerus clausus n’a rien changé à l’offre de soin, qui reste totalement insuffisante dans un grand nombre de nos territoires.

    Cela fait des années que les députés de notre groupe vous alertent sur la question. L’hôpital public est en crise, la médecine de ville est en crise. Tout notre système de santé se délabre.

    Pourtant, des situations simples sont envisageables. La passerelle que vous avez proposé pour les infirmières est intéressante, mais nous vous proposons aussi de favoriser l’intégration en études de médecine et d’augmenter drastiquement

    le nombre d’étudiants. Il s’agit également de mieux valoriser les personnels de santé, cheville indispensable à la qualité des soins et à l’accompagnement dans la dignité de nos aînés. L’autre grand chantier, l’Education nationale.

    Toutes les inégalités doivent être traitées, notamment dans les territoires ruraux qui voient des classes fermer, tandis qu’elles ont été dédoublées dans les REP et REP+. Il faut, dans une logique d’équivalence, baisser

    les seuils amenant à la fermeture de classes en zone rurale. Le manque d’attractivité dans cette profession est marquée par une nouvelle baisse en 2024 du nombre d’inscrits

    au concours externe par rapport à 2023. La perte de pouvoir d’achat subie par les enseignants depuis plus de 20 ans est une raison sur laquelle il faut continuer à avancer.

    Toujours sur la partie éducation, et pour une véritable inclusion scolaire, il faut drastiquement augmenter le nombre d’AESH. Notre environnement proche est marqué par de fortes instabilités.

    Notre pays doit continuer à faire entendre et respecter sa voix singulière. Il doit défendre l’autonomie stratégique européenne. Un beau défi international est devant nous, celui de la bonne organisation

    des JO, et donc de leur sécurisation. La mobilisation des forces de l’ordre sera cruciale. Sur cette question sécuritaire, tous nos territoires sont touchés. Nous l’avons vu lors des émeutes de juin dernier.

    Attention à ce que nos territoires les plus en tension ne soient pas dépossédés de leur force de l’ordre. On observe à Mayotte un blocage total de l’île qui doit nous alerter

    et qui appelle à de nouveaux renforts. Sur les questions économiques, beaucoup reste à faire. Un constat est partagé par nos agriculteurs et dirigeants d’entreprise, celui du poids des normes.

    En 2017, il était annoncé que pour toute loi votée, on en supprimerait deux. Remettez cela à l’ordre du jour. Simplifiez les normes pour nos entreprises. Arrêtons la surtranspositions des normes.

    Le monde de l’entreprise et des agriculteurs alertent aussi sur la difficulté à transmettre l’activité. Beaucoup d’agriculteurs ont du mal à transmettre leur exploitation. Ils doivent pouvoir obtenir des prix spécifiques

    de carrière sur 25 ans afin d’avoir de la visibilité. Nous avons besoin d’objectifs clairs sur l’installation des jeunes, et leur rémunération est nécessaire. Enfin, c’est primordial: n’importons pas l’agriculture

    que nous ne voulons pas produire chez nous. Sortons les sujets agricoles comme monnaie d’échange de tous les accords commerciaux entre l’Union Européenne et les pays tiers.

    Il y a beaucoup d’autres sujets à traiter, mais le temps est court. Enormément de problématiques sont sur la table. Elles demandent des réponses concrètes et sans demi-mesure. Nous serons exigeants.

    Nous dirons quand les réponses nous paraissent déconnectées. Notre groupe parlementaire se montrera pragmatique dans l’évaluation des mesures proposées. Dans un parlement sans majorité absolue, notre groupe sera force de proposition

    avec des réformes concrètes à mener. Nous espérons être entendus. La situation politique de notre pays le commande. – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie, monsieur Christophe Naegelen.

    La parole est à monsieur Nicolas Dupont-Aignan pour 5 minutes. – Nicolas Dupont-Aignan: Madame la présidente, monsieur le Premier ministre, chers collègues. Vous entrez dans le livre des records,

    non pas parce que vous êtes le plus jeune Premier ministre, mais parce que vous êtes le nouveau Premier ministre du président de tous les tristes records. Record d’endettement, avec 788 milliards supplémentaires

    depuis 2017. Record de déficit commercial, record de déficit budgétaire, record d’immigration, record d’insécurité, avec +63% de coups et blessures depuis 2017. Bien sûr, record d’impopularité,

    parce qu’on ne peut pas éternellement confondre “présidence de la République” et “agence de communication”. Vous devez vivre dans le même monde parallèle Emmanuel Macron pour avoir osé, cet après-midi,

    qualifier son bilan de “concret, tangible et solide”. Je comprends mieux pourquoi Emmanuel Macron vous a choisi. J’attendais un Premier ministre, j’ai découvert un porte-parole. Un seul discours aura donc suffi

    pour comprendre que votre nomination ne changera rien, et cela pour deux raisons principales. La première, c’est que le président Emmanuel Macron est le vrai Premier ministre,

    comme sa conférence de presse l’a démontré. Comment allez-vous conforter les classes moyennes, alors qu’Emmanuel Macron a annoncé lui-même l’augmentation des franchises sur les médicaments, et Bruno Le Maire, l’augmentation

    du tarif de l’électricité? Dans le domaine de l’Education nationale, comment voulez-vous pouvoir répondre à toutes les demandes? En matière d’insécurité, comment faire baisser la délinquance en conservant un garde

    des Sceaux et une politique judiciaire profondément laxistes et en étant fiers de laisser détricoter une loi sur l’immigration déjà insuffisante? Enfin, dans le domaine du logement, vous ne manquez pas de culot pour annoncer

    “un choc de l’offre”, alors que depuis 2017, vous avez systématiquement saboté tous les mécanismes d’aide au logement. La seconde raison pour laquelle vous êtes condamné à parler

    dans le vide, à agiter des éléments de langage éternellement ressassés depuis 2017, c’est que le vrai président est malheureusement à Bruxelles. Madame Ursula von der Leyen vous donne des ordres.

    Preuve en est: la Commission européenne vient d’annoncer à l’instant que les négociations avec le Mercosur allaient continuer. Cela inflige un nouveau camouflet à l’Elysée, qui prétendait hier qu’elles seraient stoppées.

    Au moment où vous prétendez éteindre l’incendie agricole en tenant un discours sur une botte de foin, on votait en faveur de l’accord de libre-échange avec le Chili, après ceux avec la Nouvelle-Zélande,

    le Kenya ou le Viêtnam. Vous avez préféré donner des gages aux Allemands plutôt que de baisser le tarif de l’électricité en sortant du marché européen. L’Espagne et le Portugal ont su le faire.

    Pour faire oublier vos doubles discours successifs, vous êtes condamné à multiplier les effets d’annonce. Vous nous avez livré cet après-midi un catalogue de mesurettes. Avant-hier, l’éducation était au-dessus de tout.

    Hier, c’était l’agriculture. Aujourd’hui, c’est le travail. Vous me faites penser à ces jongleurs d’assiettes dans les cirques qui sont obligés d’en agiter toujours plus pour tenir en haleine le spectateur, jusqu’au jour

    où elles se brisent toutes. Ce jour est proche. Les Français ne supportent plus les fausses promesses, les injonctions contradictoires, le manque de sérieux et de maturité dans la conduite de l’Etat, la disparition

    de la souveraineté populaire. Sans majorité politique, vous serez obligé de multiplier jusqu’à plus soif les 49.3. ou plutôt une motion de censure, qui nous libérera de cette mauvaise pièce

    de théâtre, et les souffrances des Français, la nôtre et la vôtre seront abrégés. – Yaël Braun-Pivet: Je vous remercie. La parole est à monsieur le Premier ministre. – Gabriel Attal: Merci, madame la présidente.

    Je ne serai pas très long. Une partie des interventions qui ont succédé à ma réponse avaient déjà été écrites. Je voudrais revenir sur quelques points qui m’ont semblé importants, notamment s’agissant

    de nos agriculteurs. J’ai eu l’occasion de le dire tout à l’heure, dans les tout prochains jours, nous annoncerons de nouvelles mesures en soutien à nos agriculteurs. Nous avons échangé avec leurs représentants

    pendant 3h30. Des discussions se poursuivent entre eux et leurs équipes pour avancer. C’est attendu. Je voudrais revenir sur certains points qui ont été évoqués. Je voudrais dire à monsieur Olivier Marleix que,

    sur la question des tourbières et des zones humides, j’ai annoncé que je donnais la consigne à l’ensemble des préfets de mettre ce travail en pause le temps de revoir les choses

    avec les représentants des agriculteurs. Nous avons assumé de présenter un projet de loi. Ca n’a pas été simple. Je me souviens des débats politiques qui sont intervenus dans cet hémicycle.

    Nous avons assumé, sur la betterave, de réautoriser les néonicotinoïdes, car la filière était en train de couler. Les néonicotinoïdes avaient été supprimés sous la majorité de François Hollande

    sans que la majorité s’occupe de savoir s’il y avait des solutions de substitution. En 2017, nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait pas de solution de substitution.

    Nous avons donc réautoriser les néonicotinoïdes pour la betterave. J’assume de dire que quand vous avez, à l’initiative d’une agence, une décision d’interdiction d’une molécule sans se préoccuper de savoir

    ce qui se passe au niveau européen, c’est un problème. J’assume de le dire. Nous devons regarder comment nous avons une organisation qui fonctionne mieux. Sur Egalim, nous suivons de très près, notamment

    avec Bruno Le Maire, les discussions qui sont en cours, notamment sur le lait, que vous avez évoquées. Je voudrais rappeler qu’avant les lois Egalim, c’est la loi LME qui s’appliquait

    et qui donnait les pleins pouvoirs à la grande distribution. Aucun agriculteur ne m’a dit que les lois Egalim étaient un recul. Ils nous disaient qu’il fallait améliorer le fonctionnement d’Egalim.

    Il faut faire davantage de contrôles et prendre des mesures. On en a parlé hier avec les associations d’agriculteurs. Il faut des mesures pour la rendre plus efficace.

    Sur les jachères, cela fait des mois que Marc Fesneau est mobilisé auprès de la Commission européenne. Nous avons rallié 22 pays européens. Je crois que nous allons obtenir

    cette semaine, j’ai vu des signes positifs, une nouvelle dérogation sur le sujet. Je veux dire au Rassemblement National et à madame Le Pen, puisque vous avez mis en avant le sujet

    des jachères au Parlement européen, que quand vous dénoncez les nouvelles règles sur les jachères, elles sont issues des nouvelles règles de la PAC que vos députés au Parlement européen ont votées.

    Ils ont voté pour. C’est la réalité. Vous votez les règles de la PAC que vous critiquez, mais vous ne votez pas le budget de la PAC que vous voulez.

    C’est à se demander si vos députés savent ce qu’ils votent au niveau européen. C’est à se demander si vos députés savent sincèrement ce qu’ils votent. La réalité, c’est que vous nous parlez

    de protection et d’indépendance de notre industrie. Nous avons porté au niveau européen une taxe carbone aux frontières. Cela faisait longtemps que, dans l’industrie en Europe, on se battait pour une taxe carbone

    aux frontières. Vos députés ne l’ont pas votée. Avoir de l’acier chinois au même prix que l’acier européen, ça n’a pas l’air de vous choquer. Vous venez nous déclarer ici

    et dans les médias qu’il faut relancer nos exportations et nos échanges internationaux, tous nos accords de libre-échange. Vous irez expliquer à nos éleveurs de porcs en Bretagne qui exportent 30%

    de leur production et qui exportent en Chine… Quand un accord est bon pour nos agriculteurs et qu’il est suffisamment protecteur pour nos agriculteurs, nous assumons de le soutenir.

    Quand un accord est mauvais, comme pour le Mercosur, nous assumons de nous y opposer. Nous continuerons de le faire. C’est ça, la cohérence. Vous êtes totalement contre tout qu’à

    la fin, vous finissez par ne plus défendre les intérêts de notre pays. Quand on propose de soutenir l’Ukraine, de sanctionner les oligarques russes, il ne faut pas compter sur votre soutien

    et celui de vos députés européens. Je pourrais en parler longuement, mais je ne le ferai pas. L’essentiel ici est de redire l’engagement qui est le nôtre et celui du président de la République en ce moment.

    Ce sera encore le cas jeudi dans le cadre du Conseil européen. Nous voulons faire progresser les choses au service de notre agriculture. Evidemment que c’est difficile. Evidemment qu’il y a un certain nombre

    de cas où on ne peut pas convaincre tout le monde. C’est la difficulté. La solution de facilité est de s’opposer à tout, comme vous. Ca fait progresser quoi pour nos agriculteurs?

    Ca leur permet quoi? Je me tourne aussi vers vous. C’est aussi la solution qui est la vôtre. Vous avez là-dessus une forme d’incohérence. On continuera à se battre pour nos agriculteurs.

    Heureusement que nous sommes là pour accompagner nos agriculteurs. – Yaël Braun-Pivet: Merci beaucoup. Le débat est clos. Je vous propose une suspension de 5 minutes.

    22 Comments

    1. En France, ce sont les traîtres, qui gouverne, avec des étrangers !!!
      Pour tout les musulmans la France 🇫🇷 c’est la CAVERNE D’ALI-BABA !!!
      La drogue, l’alcool, le sexe, la corruption, l’intimidation, partout, la France 🇫🇷 n’existe plus !!!
      Le corporatiste, favorise, la corruption !
      Nos «  gouvernants «  ont instauré une dictature pure et dure, ils ne discutent que pour corrompre, ils ont fait des Anges des démons 😈, et des démons des anges , de la vérité ils ont fait le mensonge, et du mensonge la Vérité, la justice et pour les privilégiés de ce système pourrit et corrompus, pour le Souverain peuple de France 🇫🇷, c’est la souffrance, et l’asservissement, ils préparent la guerre civile, et la troisième guerre mondiale, pour finaliser leurs projets diaboliques 😈 du GRAND REMPLACEMENT, en France 🇫🇷 ce sont les étrangers qui RÈGNE EN MAÎTRE !!!

    2. Au lieu d'aider les déjà trop riches à acheter des vélos électriques hors de prix, des SUVs hors de prix, des aides pour agrandir et rénover leurs x logements… à quand une aide à l'achat d'un premier logement aux locataires qui louent depuis 30, 35, 40 ans voire plus ! Ceux-ci sont victimes des multipropriétaires qui saturent le marché du logement et font monter les prix, ceux là même qui bénéficient des aides pour les vélos, pour leurs travaux de petit confort intérieur qu'ils vont surchauffer jour et nuit, et surtout pour leur souci numéro un qui est de montrer à leurs voisins leur nouveau modèle de SUV en surpoids au prix injustifié qui pollue plus que trois voitures normales réunies !!!!
      Pour rappel 3,5% des propriétaires possèdent AU MOINS CINQ LOGEMENTS ET PLUS, et possèdent LA MOITIE DE TOUS LES LOGEMENTS EN LOCATION !

    3. Les réductions d’impôts va nous entraînaient à une diminution des recettes publiques et à une augmentation des recettes fiscales provenant d’autres sources. Et cela entraînera une augmentation de la dette publique et la nécessité de trouver d’autres moyens de financer les services publics.

    4. Pour info beaucoup de cerveaux quittent la France en raison de la pression de France travail pour accepter n importe quel job mal rémunéré. Mettre la pression sert uniquement à faire fuir les personnes utiles à la société au bénéfice des autres pays. Mais vous êtes tellement dans votre bulle que vous ne voyez rien, ne comprenez rien.

    5. Démocratie & élections tout est bidon .Faudra descendre dans la rue pour exiger: Démocratie directe, mandat impératif et le RIC pour juger les Traitres.

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