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Sources :
Livres :
Dr. Space: The Life of Wernher von Braun – Robinson J Ward
Moon Shot – Alan Shepard, Deke Slayton et Jay Barbree
Two Sides of the Moon – David Scott et Alexei Leonov
Failure Is Not an Option – Gene Kranz
First Man: The Life of Neil Armstrong – James Hansen
Chariots for Apollo – Courtney G. Brooks, James M. Grimwood et Loyd S. Swenson
https://history.nasa.gov/afj/ap11fj/index.html
https://history.nasa.gov/alsj/a11/a11.html
https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=https%3A%2F%2Fwww.nasa.gov%2Ffeature%2Fthe-making-of-the-apollo-11-mission-patch#federation=archive.wikiwix.com&tab=url
https://abcnews.go.com/Politics/50-years-pen-saved-apollo-11/story?id=64228723
https://apolloinrealtime.org/11/
https://history.nasa.gov/alsj/a11/AS11_CM.PDF
Avec les voix de @mrchonks @MonsieurPhi @monsieurbidouille
Crédits musiques : https://www.audionetwork.com/project/view/f331bcc1-3727-4c58-b201-b0d1008e8f47
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Plan :
00:00:00 : Avant de commencer…
00:02:40 : Introduction
00:05:49 : Planification de “11”
00:09:10 : Sélection de l’équipage
00:10:40 : Neil Armstrong
00:13:46 : Michael Collins
00:15:06 : Buzz Aldrin
00:17:19 : Une équipe peu amicale
00:21:56 : Qui sera le premier ?
00:25:04 : Un choix évident
00:28:12 : Le contexte de l’époque
00:31:38 : Le matin du vol
00:37:53 : Lancement
00:41:39 : Départ vers la Lune
00:43:04 : Récupération du LM
00:45:10 : En route vers la Lune
00:47:07 : Arrivée en orbite lunaire
00:49:15 : Les news
00:50:24 : Préparation à la descente
00:52:44 : Desamarrage
00:53:53 : Le stress monte
00:54:43 : Gene Krantz à la barre
00:58:11 : Début de la descente
01:01:52 : L’atterrissage vu de Houston…
01:09:54 : Et vu des astronautes…
01:14:48 : Premiers instants sur la Lune
01:16:19 : Les premiers pas
01:22:07 : Le reste de la sortie
01:24:41 : Fin de sortie
01:26:38 : De retour dans le LM…
01:29:03 : Une nuit sur la Lune
01:31:07 : Redécollage
01:33:09 : Rendez-vous avec Collins
01:33:59 : Poussée vers la Terre
01:35:10 : Réflexions de l’équipage
01:37:52 : Retour sur Terre
01:40:03 : La quarantaine
01:43:35 : Les débuts de la folie
01:47:49 : La seconde vie d’Armstrong
01:51:27 : La chute d’Aldrin
01:53:16 : Le second exploit de Collins
01:54:48 : Réflexions d’Armstrong
01:56:13 : Réflexions d’Alexei Leonov
01:57:21 : Ma conclusion
01:58:09 : Réflexions de Robert Heinlein
01:58:09 : Générique de fin
Avant que ce documentaire ne commence, je voulais apporter quelques précisions qui me semblent importantes ! D’abord, vous allez entendre le terme atterrissage quand je parlerai du fait de se poser sur la Lune et ce n’est pas une erreur, c’est volontaire. Le terme alunissage n’a pas vraiment de sens.
Atterrissage trouve son étymologie dans la terre ferme et non le nom de notre planète. Voilà pourquoi on dit “Atterrissage sur” et non Amarsissage pour Curiosity, ou Achuryumov-guerrassimenkissage pour Philae. Ensuite, vous verrez qu’on ne parle pas des missions précédentes, car ce documentaire s’inscrit dans une série
Sur Apollo. Les documentaires précédents et suivants sont déjà disponibles dans la playlist Apollo de la chaine. Vous trouverez aussi une série documentaire sur l’histoire de la Saturn V si vous avez des questions techniques. Voilà! Mais avant de commencer, sachez que cet immense documentaire n’aurait pas été possible sans notre sponsor du jour, EMMA
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Grands pionniers et les grandes pionnières au travers des millénaires de notre histoire. Il y a plusieurs siècles, le continent australien était une “Terra Incognita”, le continent américain est ensuite devenu le “Nouveau Monde”. Le désir d’aller voir au delà des frontières, commun à
Toutes les générations qui ont précédé la nôtre, et sans aucun doute celles qui nous suivront, a une fois de plus mené l’Humanité sur une terre jusque là inconnue, inexplorée, vierge de toute altération autre que par la nature elle-même. Ce jour de juillet 1969, deux humains parvenaient
Enfin à fouler le sol d’un autre Monde, sauf que celui-ci était visible de toute l’Humanité au long de son Histoire, et lui était restée accessible. Aucune vie, qu’elle soit bactérienne, végétale ou animale, n’y avait encore élu domicile. Un monde extraterrestre, une magnifique désolation,
Un désert hostile. Un monde imaginé, fantasmé par les plus anciennes civilisations jusqu’aux génies des débuts du 20ème siècle. La Lune. Plus de 50 ans après cet évènement historique, certains pensent qu’on en a tout dit, qu’on a tout montré. Beaucoup l’ont vécu en direct, d’autres en
Ont fait des chansons, des films, des livres, mais qu’en savez-vous réellement ? Est-ce que tout a réellement été dit sur ce pilier du 20ème siècle, ce moment exceptionnel mais pas unique qui a élevé les nom d’Armstrong, Aldrin et Collins au Panthéon de l’exploration humaine ? Aujourd’hui, nous
Allons réaliser un voyage dans le temps, à travers des images d’archives rares pour revivre certains évènements comme vos parents et grands-parents les ont vécu, mais aussi utiliser les technologies d’aujourd’hui pour faire l’expérience de la mission aux côtés des astronautes. Générique
Après le succès des missions Apollo 7, 8, 9 et 10, la NASA est désormais certaine qu’Apollo 11 sera la première mission à se poser sur la Lune. Avant la réussite d’Apollo 10, le doute planait encore, car les missions de préparation devaient réussir pour pouvoir passer à l’étape suivante. Par
Exemple, si Apollo 10 n’avait pas pu frôler la surface lunaire et tester le comportement du module lunaire à l’approche de la Lune, Apollo 11 aurait servi de nouvelle mission de test. Lorsque la capsule d’Apollo 10 se pose dans l’Océan, l’équipage de la mission suivante
Sait désormais quels seront ses objectifs. Marcher sur la Lune. Le lieu d’atterrissage retenu est la Mer de la Tranquillité, sur la face visible de la Lune. Comme toutes les mers lunaires, elle ne contient évidemment pas d’eau. Le terme mer vient des premiers astronomes de l’antiquité,
Qui pensaient que ces zones de la Lune, beaucoup plus sombres, étaient de grandes étendues d’eau. En réalité, il s’agit de matériel volcanique, riche en fer, beaucoup plus sombre que le régolithe lunaire présent en dehors des mers. Géologiquement parlant, la Mer de la Tranquillité, comme d’autres mers lunaires, est un bassin d’impact,
Formé il y a des milliards d’années lors de la collision violente entre la Lune primitive et un corps céleste massif, peut-être un astéroïde ou une comète. Les forces titanesques générées par cet impact ont créé des dépressions profondes qui ont été ultérieurement remplies par des
Coulées de lave basaltique. Les vastes plaines basaltiques, résultant des éruptions de lave, ont contribué à donner à cette région l’aspect lisse et plat que nous observons aujourd’hui. Les coulées étant logiquement plus récentes que la formation de la Lune, le terrain est légèrement
Moins accidenté, moins vallonné, et offre des opportunités intéressantes autant qu’un terrain généralement sûr pour se poser. La NASA édite ces cartes en 1969, comparant la zone d’atterrissage retenue à plusieurs villes américaines comme Washington DC, Chicago, New York, Los Angeles
Et Houston. Ce qui est frappant avec la surface lunaire, que ce soit depuis l’orbite ou le sol, c’est le manque de repères. En l’absence d’objets de comparaison, il est facile de croire qu’un cratère de 200 mètres de large est en réalité large de seulement 10 mètres. Cela peut-être un
Véritable danger pour les astronautes au moment de l’atterrissage, car un rocher d’apparence petit et proche peut-être gigantesque et loin. De la même façon, il serait dangereux de se poser lorsque le soleil est au zénith dans le ciel lunaire, c’est à dire à midi heure très locale,
Car l’absence d’ombre efface tout relief. Poser le module lunaire sur une pente trop prononcée pourrait empêcher un redécollage sûr. S’entrainer en reproduisant la zone en simulateur sera donc cruciale. Et pour cela, la NASA va se baser sur des photographies prises
Depuis l’orbite par Apollo 10, mais aussi des sondes de cartographie comme les Lunar Orbiter. La veille de Noel 1968, pendant que les astronautes d’Apollo 8 tournent autour de la Lune, Deke Slayton, patron des astronautes, emmène Neil Armstrong dans une salle isolée du Mission Control
De Houston. Il propose à Neil de commander Apollo 11 avec Buzz Aldrin en tant que pilote du module lunaire et Michael Collins en pilote du module de commande. Il lui propose également le choix à Armstrong de prendre Jim Lovell en tant que pilote du module lunaire pour marcher avec lui sur la
Lune, si Aldrin ne lui convient pas. Armstrong se souvient de ce choix : “Jim avait déjà été commandant de Gemini 12 et je pensais qu’il méritait son propre commandement. Je pensais que ce ne serait pas juste de ma part de retirer Lovell de la file d’attente pour un commandement,
Donc il a fini par avoir Apollo 13. Je n’ai jamais partagé cette conversation avec quiconque à l’époque. Pour autant que je sache, Buzz n’en a rien su non plus.” Armstrong choisit donc Aldrin pour l’accompagner sur la surface lunaire, avec Lovell, Haise et Anders en équipage de réserve.
Quelques jours plus tard, Aldrin et Collins sont informés de leur assignation, et du fait qu’Apollo 11 pourrait être le premier atterrissage sur la Lune. Les entrainements iront donc dans ce sens. L’aviation coule dans les veines de Neil Armstrong depuis son plus jeune âge. Il finance ses leçons
De pilotage en travaillant comme livreur de journaux et obtient son brevet de pilote à 16 ans. Après des études en aéronautique à l’Université Purdue, Armstrong embrasse une carrière militaire en tant que pilote de chasse aéronaval pendant la guerre de Corée. Lors d’une mission d’attaque
Au sol en F9F, il est abattu et contraint de s’éjecter après avoir ramené son avion blessé au dessus d’un territoire allié. Il totalise 78 missions de combat en Corée et est décoré plusieurs fois. De retour à la vie civile en 1952, il poursuit ses études et décroche
Une license en Ingénierie aéronautique et rejoint la Base d’Edwards, en Californie, en tant que pilote d’essais civil de la NACA. Il y teste un grand nombre d’avions de chasse, de bombardiers, et avions fusée comme le X-1B et le X-15. Recalé d’office du
Projet Mercury car la sélection est réservée aux militaires, il continue de participer au développement d’avions expérimentaux. Durant ses années à Edwards, il subit un nombre important d’accidents et incidents, la plupart étant dûs à des problèmes techniques, d’autres dûs à son niveau de pilotage parfois décrit comme un peu faible, d’autres à sa personnalité,
Puisqu’il a tendance à vouloir pousser la machine dans ses retranchements. En 1962, Armstrong est finalement sélectionné par la NASA dans le second groupe d’astronautes. Il est alors l’un des deux seuls astronautes civils de l’agence, l’autre étant Eliott See. En 1966, en tant que
Commandant de la mission Gemini 8 et accompagné de Dave Scott, il réalise le premier amarrage spatial avec un étage Agena, et devient également le premier civil américain en orbite. La mission prend un tournant dramatique quand soudainement, alors que la capsule est amarrée à l’Agena,
Le tout commence à tourner de plus en plus vite. Les astronautes utilisent alors les propulseurs de leur capsule pour annuler la rotation, mais rien n’y fait. Face à une situation critique, il se désamarrent de l’Agena dans l’espoir de stabiliser la situation. Cette manœuvre ne
Fait qu’accélerer la rotation de la capsule. Ils désactivent le système de propulseurs défectueux, et Armstrong, avec un sang froid notable, parvient à stopper définitivement la rotation au prix d’un carburant précieux. Ils se posent en urgence dans l’Océan pacifique. Par la suite, en vue des vols
Apollo, il passe à nouveau près de la mort lorsque son LLRV, un véhicule d’entrainement qui est censé simuler le comportement d’un module lunaire, bascule vers le sol en raison de forts vents. Armstrong n’a d’autre choix que de s’éjecter à quelques mètres du sol. Il en sort indemne.
Apollo 11 s’annonce donc comme une nouvelle mission périlleuse, comme il en a connu beaucoup. Michael Collins est issu d’une famille de militaires. Son père a servi pendant la Première Guerre Mondiale, fut décoré de la Silver Star. Son frère a combattu durant la Seconde Guerre Mondiale
Et a terminé sa carrière en tant que brigadier général. Avec un père et un frère tous deux élevés au rang de généraux, il embrasse lui aussi une carrière militaire. Diplômé de l’école d’officiers de West Point en 1952, il intègre ensuite l’US Air Force et pilote notamment des F-86
Sabre en France. Il intègre en 1961 la mythique Ecole de Pilote d’Essais de la Base d’Edwards, en Californie. A cette époque, un grand nombre des futurs astronautes y font leurs premiers vols extrêmes en vue d’intégrer la NASA. Michael Collins est sélectionné dans le troisième groupe
D’astronautes en 1963. Il fait son premier vol spatial sur Gemini 10 en juillet 1966, où il réalise une sortie extra véhiculaire. Pressenti pour devenir le pilote du module de commande d’Apollo 8, il est malheureusement victime d’une hernie discale. Il est donc retiré de cet
Assignation et suite à une opération, revient dans le service actif en tant que pilote du module de commande d’Apollo 11. Edwin Aldrin, ou Buzz pour les intimes, est un des rares fils d’aviateurs de l’époque. Son père, d’un naturel autoritaire, a en effet combattu dans les forces aériennes
De l’US Army lors de la Première Guerre Mondiale, et embrasse ensuite une carrière de consultant en aviation pour de grandes figures du milieu, comme Charles Lindbergh ou Howard Hughes. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, il se réengage en tant que colonel. C’est donc en toute logique que
Son fils, Buzz, vise l’aviation militaire. Diplômé de West Point en génie mécanique, troisième de sa promo, il intègre ensuite l’US Air Force où il pilote des F-86 lors de la Guerre de Corée. Il réalise 66 missions de combat et remporte à cette occasion deux victoires aériennes contre
Des Mig-15. Une de ces victoires est immortalisée par la caméra de son avion, ce qui lui vaut une couverture médiatique et des décorations. Il est affecté après le conflit en Europe et sur d’autres escadrons aux Etats-Unis, et obtient un doctorat en astrodynamique du prestigieux MIT,
Sa thèse se concentrant sur les rendez-vous en orbite. Il rejoint ensuite les équipes militaires en charge des véhicules Agena utilisés pour le programme Gemini. D’abord rejetée en 1962 sous prétexte qu’il n’a pas d’expérience en tant que pilote d’essais, sa candidature d’astronautes est
Finalement retenue par la NASA en 1963, dans le même groupe que Michael Collins. Il réalise son premier vol spatial lors de Gemini 12, la dernière mission du programme, où il fait trois sorties extra-véhiculaires totalisant 5 heures en dehors de la capsule Gemini. Lors de cette mission,
Et il aime encore le rappeler aujourd’hui, il réalise le premier selfie spatial de l’Histoire. D’un caractère plus expressif, il est difficile pour Slayton de l’assigner à certaines missions, craignant des tensions avec les autres astronautes. Seul Neil Armstrong semble assez calme et patient pour assurer une bonne entente.
L’équipage d’Apollo 11 se démarque également par son manque de camaraderie, comme en témoigne le chef du pas de tir, Guenter Wendt : “L’équipage d’Apollo 11 ne semblait tout simplement pas former une équipe soudée. Habituellement, lorsque l’équipage d’une mission était constitué, ils restaient ensemble en toute circonstance. Ils étaient tout le temps fourrés
Ensemble. Mais ces trois-là ! Si nous faisions une pause déjeuner, ils partaient toujours séparément. Il ne semblait pas y avoir beaucoup de camaraderie entre ces trois gars. C’étaient les premiers à ne pas vraiment former un équipage.” Michael Collins décrit l’ambiance au sein de l’équipage d’Apollo
11 comme assez peu “familiale” : “Une relation plus proche, bien que non nécessaire pour le succès d’un vol spatial, me semblerait plus ‘normale’. Même en tant que solitaire reconnu, je trouve un peu bizarre notre tendance en tant qu’équipage à ne transférer que des informations
Essentielles, plutôt que des pensées ou des sentiments.” Lors des entrainements, ça ne s’arrange pas. Collins raconte : “Sur Apollo 11, il n’y avait pas d’entrainement groupé comme sur les vols précédents impliquant un seul vaisseau spatial, car Neil et Buzz étaient dans le
LM pendant de longues périodes tandis que j’étais dans le module de commande seul pendant de longues périodes. Ainsi, notre entrainement était séparé, pour ainsi dire, et je passais des heures et des heures seul à faire ma partie. Ils passaient des heures et des heures seuls de leur côté également.
Il est vrai que nous nous sommes réunis en tant que trio, et il y avait certains aspects de notre entrainement comme le lancement et la récupération que nous faisions en tant que groupe de trois, mais j’avais le sentiment de passer plus de temps loin d’eux qu’avec eux.” Armstrong ajoute : “On
Regardait les manuels ou on discutait des stratégies ou “Qu’est-ce qu’on va faire si cela arrive ?” Ou, “Es-tu sûr de savoir comment gérer ça ?” C’est à ça qu’on passait notre temps. C’est notre métier. Vous savez, normalement… beaucoup de choses inattendues se produisent,
Et généralement ce ne sont pas celles qu’on a simulé, mais le fait d’avoir pratiqué beaucoup de situations différentes nous met dans le bon état d’esprit pour gérer quoi que ce soit qui se présente, même si ce n’est pas ce qu’on a anticipé. Et je pense que c’était pareil lors
Des autres vols.” Au total, les trois astronautes vont cumuler plus de 3500 heures d’entrainement, soit près de 400 pour Collins, et 1300 pour chacun des deux autres. La majorité de ces heures sont dédiées au pilotage du module lunaire, mais aussi un peu aux activités sur la surface lunaire, la
Géologie, et les phases de vol de la Terre à la Lune. Armstrong témoigne : “Nous avons passé beaucoup de temps à nous former en géologie, avant même d’avoir une mission. Nous avions un très bon groupe d’instructeurs, très compétent dans le domaine de l’astrogéologie ou de la sélénologie,
Ou diverses choses qui pourraient être les plus pertinentes vis à vis de ce que nous pourrions rencontrer sur la surface lunaire. Certains ont eu l’opportunité et l’intérêt de devenir de très bons géologues. Je ne me suis jamais placé dans cette catégorie. J’aimais la géologie, et elle
Était certainement appropriée pour comprendre ce que nous allions voir à la surface de la Lune, mais notre temps était très limité là-bas.” Les entrainements sont réalisés en lien avec les contrôleurs de Houston, et reproduisent avec une grande fidélité les conditions réelles du
Vol. Gene Krantz, directeur de vol à Houston, se souvient : “Pendant les sessions sur les règles de mission, Buzz Aldrin était généralement impliqué, démontrant sa connaissance dans divers sujets et dominant généralement les discussions du côté de l’équipage. Neil Armstrong semblait plus être l’observateur que le participant, mais quand vous regardiez ses yeux,
Vous saviez qu’il était le commandant et avait toutes les pièces du puzzle dans son esprit. Je ne pense pas qu’il ait jamais élevé la voix. Il économisait simplement son énergie pour quand cela était nécessaire. Il écoutait nos discussions et, en cas de désaccord, lui et Aldrin testaient nos
Idées dans le simulateur, puis fournissaient des commentaires par l’intermédiaire de Charlie Duke aux contrôleurs individuels.” Les simulations sont tout de même exigeantes, et il arrive parfois que certaines pannes déclenchées mènent à des crashs du module lunaire. Chaque échec de l’équipage ou
Des contrôleurs est vécu comme un énorme problème à résoudre. Une erreur de pilotage de Neil va crasher le LEM et fortement énerver Buzz, une autre, la décision d’un contrôleur d’annuler l’atterrissage à cause d’une panne mineure va déclencher les foudres des responsables de
La simulation. L’enjeu est énorme, et comme le dit Gene Krantz, l’échec n’est pas une option. L’équipage est également divisé en ce qui concerne la question de qui marchera sur la Lune en premier. Habituellement, lors des vols Gemini, le commandant restait aux commandes de la
Capsule tandis que le pilote réalisait la sortie spatiale. En se basant sur ce fonctionnement, Buzz Aldrin démarre une campagne de lobbying auprès de la NASA pour qu’il soit le premier à sortir du module lunaire, et par conséquent être le premier homme à marcher sur la Lune.
Cette question du “Premier à sortir” va devenir un énorme point de tension entre Aldrin et la quasi totalité de ses collègues. Au retour d’Apollo 9, alors que George Mueller, administrateur adjoint de la NASA, annonce Buzz Aldrin comme le premier à sortir, des
Rumeurs à Houston arrivent aux oreilles de Buzz. Il semblerait qu’Armstrong soit finalement choisi à sa placer pour marcher en premier sur la Lune. Il décide d’abord d’en parler à Neil Armstrong, qui invoque la neutralité sur le sujet. Il n’a pas le pouvoir de décision, et refuse donc de prendre
Parti. Aldrin père, au courant de cette rumeur, décide d’appeler des amis influents à la NASA et au Pentagone pour favoriser son fils, malgré la demande de Buzz de ne pas s’en mêler, car il est déjà en train de réaliser ce travail. Il consulte notamment ses collègues astronautes Alan
Bean et Gene Cernan. Ce dernier témoigne : “Il est entré tout énervé dans mon bureau à Houston, les bras remplis de cartes, de graphiques et de statistiques, plaidant ce qu’il considérait comme évident : que lui, le pilote du module lunaire, et non Neil Armstrong, devrait être
Le premier à descendre l’échelle sur Apollo 11. Comme je partageais un bureau avec Neil, qui était à l’entrainement ce jour-là, j’ai trouvé les arguments d’Aldrin à la fois offensants et ridicules. Depuis qu’il avait appris qu’Apollo 11 tenterait le premier atterrissage sur la Lune,
Buzz avait poursuivi cet effort particulier d’entrer dans l’histoire et était accueilli à chaque fois par des regards furieux et des insultes murmurées de ses collègues astronautes. Comment Neil a supporté de telles absurdités pendant si longtemps avant d’ordonner à Buzz d’arrêter de se ridiculiser me dépasse.” Quand on lui reproche son comportement,
Aldrin rétorque qu’il ne tente pas en particulier d’être le premier à sortir, mais souhaite seulement mettre fin au plus vite au suspense. Deke Slayton, patron des astronautes, met un point final à la controverse et annonce à Buzz que Neil sera le premier à sortir, car
Il est plus ancien dans le corps d’astronautes, et qu’un commandant doit être le premier à fouler une terre inexplorée, comme les explorateurs d’antan. Il est également plus pratique pour le commandant de sortir en premier de part sa position dans le module lunaire. Aldrin sera
Contraint d’accepter la décision, mais selon des témoins, le vivra durement. Neil Armstrong, lui, gardera un certain détachement concernant cette décision : “Ce n’était pas quelque chose que trouvais vraiment très important. Il a toujours été surprenant
Pour moi qu’il y ait un tel intérêt du public pour le fait de marcher sur la surface lunaire, sans parler de qui l’a fait en premier. À mon avis, l’important était que nous posions en toute sécurité ces 4 pieds en aluminium sur la surface de la Lune. Pour moi, il n’y avait pas
Beaucoup de différence entre avoir 3 mètres de pieds en aluminium entre le bas du module lunaire dans lequel nous étions debout et la surface de la Lune, et avoir 3 centimètres de caoutchouc néoprène ou de plastique de nos bottes touchant la surface lunaire.”. Officiellement donc,
La NASA utilisera le prétexte des raisons techniques pour justifier le choix de faire sortir Armstrong en premier, mais selon Alan Bean, qui volera sur Apollo 12, la raison est toute autre. “Mon avis est qu’ils cherchaient des raisons techniques parce qu’ils
Ne voulaient pas dire directement à Buzz ou à quiconque qu’ils voulaient que Neil sorte en premier. C’est évident, la NASA connaissait ces deux gars.” Une théorie qui fait sens, puisque quelques années plus tard, Chris Kraft, directeur du Mission Control,
Témoignera d’une réunion secrète : “ Dans la période d’Apollo 9, George Low et moi avons eu la même révélation. De toute évidence, Aldrin allait sortir du LM en premier lors d’Apollo 11 parce qu’il était le pilote du module lunaire et il effectuait tout l’entraînement
Avec les scientifiques et avec le paquet d’expériences qui allait être placé sur la Lune. Lorsque nous avons réalisé cela, nous avons convoqué une réunion pour discuter de la question. Pour des choses comme ça à cette époque, c’était généralement juste nous quatre qui nous
Réunissions – Gilruth, directeur du centre de Houston, Slayton, patron des astronautes, Low, le chef du programme Apollo et moi-même. Nous savions très bien que le premier homme sur la Lune serait un Lindbergh. Il serait le gars qui serait connu pour l’éternité comme celui
Qui a posé le pied sur la Lune en premier. Et qui voulions-nous que ce soit ? Le premier homme sur la Lune serait une légende, un héros américain au-delà de Lindbergh, au-delà de tout soldat, homme politique ou inventeur. Ça devait être Neil Armstrong. Neil était… Neil. Calme, discret,
Et sûr de lui. Nous savions tous qu’il était du type Lindbergh. Il n’avait pas d’ego. Il ne pensait pas, ‘Hé, je vais être le premier homme sur la Lune !’ Ce n’était jamais ce que Neil avait
En tête. Si vous lui aviez dit, ‘Vous allez être l’être humain le plus célèbre sur Terre pour le reste de votre vie,’ il aurait répondu ‘Alors je ne veux pas être le premier homme sur la Lune.’ D’un autre côté, Aldrin voulait désespérément cet honneur et ne s’en cachait pas. Neil ne
Disait rien. Ce n’était pas dans sa nature de vouloir être sous les projecteurs. Neil Armstrong, réservé, discret et héroïque, était notre seul choix.” Quant à Wernher Von Braun, il ne cache pas sa déception de ne pas faire partie de l’équipage. “J’adorerais aller sur la
Lune en premier, mais nous devons être réalistes. Comme ces cheveux gris vous le montreront, j’ai cinquante-sept ans. Et les astronautes doivent être des pilotes d’essai entraînés capables de réagir aux urgences avec précision et rapidité . Mais si tout se passe bien,
Dans les dix prochaines années, je pourrais très bien aller sur la Lune en tant que passager, une opportunité que de nombreuses personnes ordinaires de nombreux horizons peuvent également vivre.” Le 26 juin 1969, l’équipage se rend en Floride pour des répétitions de lancement. Ils sont
Désormais en quarantaine pour éviter toute contamination avant le vol. Ce n’est donc pas surprenant que lors de leur conférence de presse d’avant vol, les trois hommes entrent dans la pièce en portant des masques à gaz, provoquant des rires des journalistes présents.
C’est durant cette conférence que sont rendus publics les noms des deux vaisseaux de la mission. Le module de commande sera nommé Columbia, en référence au vaisseau de Jules Verne et du navire pionnier du Capitaine Gray. Le module lunaire sera nommé Eagle, symbole de l’Amérique. Le nom
De la zone d’atterrissage ne sont pas révélés au public. Seul Charlie Duke, l’astronaute qui parlera à Armstrong depuis Houston au moment de l’atterrissage, sait qu’il s’agira de la “Base de la Tranquillité”. Le logo, dessiné par Michael Collins, représente un Pygargue à tête blanche,
Ou Bald Eagle, déposant une branche d’olivier sur la surface lunaire. Le dessin de l’oiseau est fortement inspiré de la peinture de Walter Weber paru dans National Geographic. Fait rare, le nom des astronautes ne figure pas sur le patch de mission, car elle est destinée à toute l’humanité.
Mais cette dernière n’a pas forcément envie de faire partie de la mission. Aux Etats-Unis, le mouvement pour les droits civiques continue son juste combat, la guerre du Vietnam décime la jeunesse américaine et vietnamienne, et cette même jeunesse montre sa colère partout dans le monde.
C’est une ère de changement, et pour certains, et on peut le comprendre, le Programme Apollo n’est pertinent que pour une certaine caste. Le chant de Gil Scott Heron, Whitey on the Moon, montre clairement une génération qui soufre de pauvreté, d’un manque de protection sociale et
De couverture médicale, tandis que, je cite “l’homme blanc va sur le Lune”. Armstrong en parlera quelques années plus tard : “J’étais bien conscient des traumatismes que le pays traversait à cette époque, et je me disais que ces problèmes étaient dans
Des domaines auxquels je contribuerais mal. Ils étaient en dehors de mon expérience, en dehors de ma formation, et j’ai toujours cru que, aussi attrayant que cela puisse être de s’impliquer dans des sujets, quels qu’ils soient, on ne devrait pas le faire si on n’est pas qualifié.”
Quelques jours avant le lancement, Armstrong reçoit un appel de Dave Scott, son acolyte de Gemini 8. Une des expressions préférées de Neil depuis ses années de pilotes d’essai était : “Si tu ne peux pas être bon, sois divertissant”. Ce jour-là, Scott
Lui dit au téléphone : “La dernière fois, on était divertissants. Cette fois, sois bon.” Le jour du lancement, l’équipage est réveillé à 4h00 du matin. Tandis que le soleil se lève doucement sur le Kennedy Space Center, les astronautes sont auscultés par l’infirmière Dee O’Hara,
Qui officie depuis les débuts du Projet Mercury. Ils prennent leur petit déjeuner. Bill Anders et Deke Slayton se joignent à eux, autour d’un repas composé d’oeufs brouillés, de jus d’orange, de steak et de café. A 6 heures du matin, les trois astronautes finissent de s’équiper. Ils
Portent les combinaisons qui leur serviront durant toutes les phases critiques du vol, et pour deux d’entre eux, celles qui leur permettront de fouler le sol lunaire. Une fois le casque verrouillé, ils n’entendent plus rien à part le ronflement du ventilateur relié à leur combinaison et les
Communications de leurs oreillettes. L’étanchéité est vérifiée une dernière fois, les communications également, et les voilà qui quittent le batiment de préparation, le MSOB en direction du van de transfert. Pour éviter de salir le module de commande, cette saleté pouvant se répandre
Partout en apesanteur, les bottes sont recouvertes d’une sur botte jaune. Le van les amène lentement vers le pas de tir 39A où une Saturn V fumante les attend. Tandis qu’ils marchent dans un couloir, 4 panneaux les guident. “La clé”…“Vers la lune”…“se trouve dans”…“la salle
Blanche”. Et pour parvenir a cette fameuse salle, ils montent dans l’ascenseur 1 qui les emmène au sommet de la fusée. Durant un moment qui parait interminable, la peau glacée de la Saturn V défile devant leurs yeux. Ils arrivent au niveau “320 pieds”, et traversent la passerelle qui les amène
À la capsule, Columbia. Mais avant d’entrer, il faut croiser la route de Gunter Wendt, le gardien de la salle blanche. Pour qu’il vous laisse passer, il faut lui faire une offrande. Neil offre un coupon gratuit pour un voyage dans l’espace. Buzz lui offre une bible dédicacée.
Michael lui donne une truite empaillée. Gunter leur accorde le passage, et leur remet la “clé de la lune”. Fred Haise a inspecté tout le vaisseau, sur une checklist de 417 points à vérifier, et sort de la capsule. Tout est prêt pour ses amis. Neil embarque en premier sur le siège de gauche,
Suivi de Michael sur le siège de droite. Buzz, pendant ce temps, contemple la côte de Floride une dernière fois avant d’embarquer sur le siège central. Wendt et Haise font un dernier signe de main à leurs amis, puis la porte du vaisseau est fermée. Il est 7h52.
Dave Scott et sa femme ont accompagné Jan Armstrong, la femme de Neil, en Floride pour voir le lancement depuis un petit bateau. Egalement présents à Cape Kennedy, l’ancien président Lyndon Johnson et sa femme, ou encore Arthur C. Clarke, auteur de 2001: L’Odyssée de l’espace, Wernher Von
Braun, père de la Saturn V, et Hermann Oberth, père de l’astronautique allemande et mentor de Von Braun. 1 million de personnes sont réunies en Floride pour assister à ce lancement historique, et bien davantage devant leurs télévisions. Au Space Transmission Corps de Moscou, Alexei Leonov,
Premier humain à sortir dans l’espace, regarde le lancement, entouré d’officiers soviétiques : “Je croisais les doigts. Je voulais qu’un humain réussisse à se rendre sur la Lune. Si ça ne devait pas être moi, que ce soit cet équipage, et j’avais ce qu’on appelle en Russie de l’”envie blanche”,
Une sorte de mélange de jalousie et d’admiration. J’étais jaloux que l’Amérique ait confié cette tâche à Apollo 11 et qu’ils l’accomplissent, mais aussi très admiratif de ce qu’ils faisaient.” A bord de la Saturn V, Michael Collins ressent une certaine pression. Il a des tics aux
Paupières : “Apollo 11 pouvait avoir des implications internationales, c’était une étape historique. C’était important pour les gens du monde entier je pense. Je veux dire, certaines personnes ne savaient pas ou ne se souciaient pas d’aller sur la lune, mais c’était
D’une certaine importance pour les gens partout dans le monde, et je le ressentais très vivement, à la fois de manière négative et positive. Le négatif était, “hé, ne gâche pas tout”. Je pouvais faire une petite erreur stupide et rendre tout le programme ridicule aux yeux du monde entier.
Je ressentais donc une responsabilité et ça m’inquiétait.” Neil Armstrong, lui, est d’un calme olympien. Il a conscience du poids qu’il porte sur ses épaules, et sur celles des centaines de milliers de personnes qui ont travaillé à rendre cette fusée fiable. Il agrippe de sa main gauche
La poignée permettant de déclencher la tour de sauvetage. Il n’a qu’à la tourner pour l’activer. Comme la procédure le veut, il va la tenir de cette façon durant toute la phase de décollage. Les trois hommes restent silencieux, ils intériorisent. A l’extérieur, il fait désormais
38 degrés à l’ombre. Pendant deux longues heures, la Saturn V, figée, se prépare à son envol. Elle est vivante, c’est sûr. Elle fume, craquelle, siffle… Il ne reste plus qu’à l’entendre rugir. A 9h27, la passerelle d’accès se rétracte. Au même moment, la tour de sauvetage est armée. Désormais,
Si un problème survient, la tour s’activera et extirpera Columbia et ses astronautes avec une poussée fulgurante. Nous sommes à 5 minutes de départ. A 50 secondes du décollage, la Saturn V commence peu à peu à prendre vie. Puis le compte à rebours final débute.
A Houston, Joan Aldrin, femme de Buzz, a les larmes aux yeux. Elle est effrayée. La femme de Michael Collins, elle, est heureuse. Dans le Launch Control en Floride, Wernher Von Braun, concepteur de la fusée, pleure de joie. Il se tourne ensuite vers un collègue et lui
Dit : “Donnez-moi 10 milliards et 10 ans, et je vous mets un homme sur Mars.” Son mentor, Hermann Oberth, ne retient pas son émotion non plus : “C’était merveilleux. Quand j’ai imaginé ce vol, j’avais 11 ans. Ca s’est passé exactement comme je l’imaginais, en mieux!” En une douzaine
De minutes, les astronautes se retrouvent en orbite autour de leur planète. Ils observent la Terre tandis qu’ils vérifient que tout va bien à bord de Columbia. Après deux tours du monde, il est temps. L’injection trans-lunaire. Cette poussée les catapulte sur une trajectoire
Apparemment sans but. En réalité, la Lune se déplaçant autour de la Terre, elle rencontrera Apollo 11 sur la dite trajectoire quelques jours plus tard. Les voilà donc qui quittent lentement notre planète. Tandis qu’elle rétrécie à vue d’oeil dans les hublots,
Ils commencent à voir l’horizon bleuté devenir une sphère bleue au centre d’un vaste tapis noir. Au dessus du Pacifique, Michael Collins prend les commandes. Il sépare Columbia de l’étage S-IVB et sa précieuse cargaison : Le module lunaire, Eagle. les panneaux protecteurs du S-IVB s’ouvrent
Comme les pétales d’une fleur. Collins s’éloigne de quelques dizaines de mètres, fait faire demi tour à Columbia puis revient chercher Eagle. Tout en douceur. Comme lors d’Apollo 9 et 10, il s’agit de faire rentrer une sonde d’amarrage dans le petit cône d’Eagle, afin de souder les deux vaisseaux ensemble. C’est un moment
Crucial pour Collins. Il s’est entrainé des centaines de fois pour ce moment. Lentement, la sonde entre dans le cône. L’amarrage est confirmé. Ils se séparent du S-IVB, qui ira se perdre en orbite autour du soleil. Le double vaisseau est mis en rotation pour étaler la chaleur du soleil sur le fuselage et désormais,
La seule vitesse imprimée par l’injection translunaire suffit à les amener vers la Lune. La première nuit en apesanteur est difficile pour eux. Michael ne dort que 7 heures, Buzz 5, et Neil seulement 3. Mais ils se lèvent de bon pied. Deux autres jours passent. Le 19 juillet, l’équipage est désormais dans l’influence de
La Lune. Jusque-là, il avait été impossible pour eux de voir la Lune. Michael Collins oriente parfaitement le vaisseau pour l’occasion. Ils sont à moins de 20 000 kilomètres de notre satellite. Armstrong et Aldrin découvrent un fait étrange lorsqu’ils
Ouvrent pour la première fois le LM : Les deux vaisseaux étant collés face à face, ils sortent d’un vaisseau la tête en haut et entrent dans l’autre la tête en bas. Un sentiment très perturbant. L’inspection du module lunaire est retransmise en direct.
Ils approchent de la Lune, et font une correction de trajectoire. La prochaine étape est de passer derrière la Lune pour se mettre en orbite, ou pas. Une fois du côté de la face cachée, aucune communication n’est possible avec la Terre, la Lune bloquant les signaux radios.
Deux choix s’offrent à eux : soit tout va bien et ils mettent les moteurs à feu pour entrer en orbite lunaire, soit un problème est détecté, et étant livrés à eux-mêmes, ils ne font pas cette poussée et la trajectoire les ramène vers la Terre. Pour la NASA,
Le seul moyen de savoir quel choix ils ont pris est d’observer à quel moment ils sortent de l’horizon lunaire et émettent à nouveau. Jan Armstrong, la femme de Neil, sait que si le contact a lieu 6 minutes trop tôt, c’est qu’Apollo 11 a décidé de rentrer.
Mais ce n’est pas le cas. Le signal est acquis au moment exact prévu. Ils sont en orbite lunaire. C’est un moment incroyable pour les astronautes. ils contemplent ce monde, où personne n’a encore mit les pieds. C’est la première fois qu’ils voient cette surface
De si près, et pour deux d’entre eux, il sera bientôt l’heure de s’y poser. Le lendemain, c’est le 20 juillet 1969. C’est le moment pour Neil et Buzz de grimper dans Eagle. Un peu avant, comme c’est la tradition, le CAPCOM, ici Ronald Evans, leur lit des nouvelles.
Armstrong et Aldrin montent dans leur module lunaire Eagle. Ils ont répété ce moment des centaines de fois, mais cette fois-ci, c’est pour de vrai. Ils enfilent leurs casques, et se tiennent debout face à leurs instruments, les pieds attachés au sol. Contrairement à ce
Qu’on pourrait penser, le pilote du module lunaire ne pilote pas réellement le LM. Aldrin est en charge de surveiller tous les systèmes et appuyer sur les bons boutons au bon moment. Quand le pilotage manuel sera nécessaire, Armstrong sera le vrai pilote.
Quelques heures avant la descente, le directeur de vol Glynn Lunney et son équipe terminent leur quart. Désormais, c’est l’équipe blanche, dirigée par Gene Krantz, qui prend le relai. Pendant qu’à chaque console, les contrôleurs se relaient et font un rapport des éventuels problèmes
Rencontrés, l’ambiance est exceptionnellement calme. Un silence assez rare rempli la pièce, et doucement, les sièges se remplissent dans les tranchées comme dans les pièces voisines. A chaque poste, il y a quatre sorties pour connecter des casques et écouter la
Fréquence des contrôleurs. A quelques heures de la descente finale vers la Lune, toutes les sorties sont occupées par quelqu’un. Au fond de la salle, Krantz reçoit des encouragements de son mentor, Chris Kraft. Comme à son habitude, le bonne chance est accompagné de son expression fétiche,
“jeune homme”. A côté de Krantz se trouve Bob McCall, un artiste sélectionner par la NASA pour immortalisé les évènements par le dessin. Sur la console du directeur de vol, une série de diodes lui permet de savoir rapidement le statut de chaque contrôleur. Diode verte, tout va bien.
Diode orange, le contrôleur est absent, est en train d’être relayé ou a un problème mineur, et Diode rouge, le contrôleur a un problème demandant une attention immédiate. Tout est au vert à la fin de la prise de relai de l’équipe blanche. Le photographe de la NASA, Andrew Patnesky,
Entre et se dirige vers Gene Krantz. Les deux hommes ont un rituel remontant à Gemini pour se souhaiter bonne chance. Le photographe se penche vers l’avant, et Gene lui caresse le crâne chauve, en lui disant : “On est go, Pat”. Ce jour-là, l’équipage a 30 minutes d’avance sur le programme. Krantz
Fait l’appel Go/No Go pour le desamarrage. Toutes ses diodes passent en statut orange. Armstrong et Aldrin n’ont pas complètement dépressurisé le tunnel entre Lm et CSM. Lors du desamarrage, cette pression restante donne une légère poussée supplémentaire et involontaire au LEM. Les deux vaisseaux restent en formation quelques orbites. Armstrong et
Aldrin déploient les pieds d’atterrissage, et Michael Collins, depuis Columbia, inspecte visuellement le vaisseau de ses collègues. Une fois que les deux vaisseaux commencent à s’éloigner l’un de l’autre, le Mission Control se divise en deux équipes, chacune gérant un vaisseau. Gene Krantz se souvient : “C’est le
Moment le plus chargé de mon quart de travail. Je dois maintenant consigner les activités de deux engins spatiaux, chacun avec son propre plan, ses procédures et son calendrier.” La tension monte lentement, et pour éviter toute interférence, les consoles se sont lentement vidées des personnes
Non essentielles. Le Capcom est désormais occupé uniquement par Charlie Duke, en charge des communications avec Eagle, et Deke Slayton. Les astronautes qui étaient encore auprès d’eux quelques minutes auparavant, Pete Conrad, Bill Anders, Fred Haise et Jim Lovell, se sont réfugiés
Ailleurs dans la pièce. Les mains deviennent moites, les coeurs battent de plus en plus fort dans la pièce. Après la séparation du LEM et du module de commande, et leur passage derrière la Lune, Krantz ordonne à son équipe de sortir prendre l’air et se détendre quelques minutes.
Une file d’attente de contrôleurs se forme devant les toilettes, traduisant un niveau de stress notable. Krantz se joint à eux : “Je suis la cohue et j’écoute leurs voix. Il n’y a pas de conversations bruyantes et pas de plaisanteries. Leurs visages révèlent un niveau de
Concentration et de préoccupation que je n’ai jamais vu auparavant. Je ne veux pas regarder mon visage dans le miroir de peur de laisser transparaître mes propres sentiments.” Lorsque tout le monde revient à son poste, il demande à ce que les contrôleurs passent sur la fréquence
De l’assistant directeur de vol, qui n’est ni retransmise ni enregistrée. Il prononce ces mots : “A tous les contrôleurs de vol, écoutez attentivement. Aujourd’hui, c’est notre jour, et les espoirs et les rêves du monde entier sont avec nous. C’est notre moment et notre lieu,
Et nous nous souviendrons toujours de ce jour et de ce que nous allons faire ici. Dans l’heure qui vient, nous allons faire quelque chose qui n’a jamais été fait auparavant. Nous allons poser un Américain sur la Lune. Les risques sont élevés mais c’est la nature de notre
Travail. Nous avons travaillé de longues heures et connu des moments difficiles, mais nous avons perfectionné notre méthode de travail. Maintenant, nous allons faire en sorte que tout cela porte ses fruits. Vous êtes une équipe formidable. Une équipe que je me sens honoré de diriger. Quoi qu’il arrive, je soutiendrai chaque
Décision que vous prendrez. Bonne chance et que Dieu nous bénisse aujourd’hui !” Les portes de la salle sont désormais verrouillées, plus personne n’a le droit de quitter son poste. Les communications avec les astronautes ne sont pas encore rétablies, le LEM et le module
De commande sont encore derrière la Lune, mais sur Terre, on se doute de ce qu’il est en train de se passer. Avec les calculs faits sur Terre et transmis à l’équipage avant la coupure de signal, Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont entré des données dans l’ordinateur de bord,
Et entamé la poussée va faire ralentir le module lunaire. Désormais, il descend lentement vers la surface. Comme prévu, les deux vaisseaux émergent de la face cachée pile à l’heure, signe que tout s’est bien passé. Ou presque. Les communications vocales
Sont à peine perceptibles, et la télémétrie du LM ne parvient pas à se verrouiller. Le bruit sur la fréquence air-sol est assourdissant. Cela ajoute de la tension aux équipes de Gene Krantz. Il raconte : “Nous établissons brièvement le contact avec le LM, juste assez longtemps pour
Obtenir le rapport de manœuvre de l’équipage. Le problème de communication nous a frappés, et il me faut beaucoup de volonté pour ne pas laisser la frustration transparaître dans ma voix. Chaque membre de l’équipe blanche est prêt pour la course, et nous sommes dans l’impasse. Il ne reste
Que cinq minutes et ensuite c’est Go ou NoGo. Je dis une courte prière : “S’il te plaît mon Dieu, rends-nous des comms.” Nous recevons une rafale de données de télémétrie au moment du Go/NoGo pour la descente, et je consulte mes contrôleurs. Ils donnent le Go,
Puis nous perdons à nouveau les données. Comme Duke ne peut pas communiquer avec le LM, il transmet le Go à travers Collins dans le module de commande, qui le transmet ensuite au LM. À l’approche du début de la poussée, le bruit sur la fréquence air-sol commence à ressembler au
Crépitement du bacon dans une poêle, indiquant une autre perte imminente de communications.” Alors que les astronautes allument le moteur de descente et augmentent graduellement la poussée, ils regardent leurs instruments. La poussée est tellement faible qu’ils ne ressentent
Presque aucun G. La zone d’atterrissage est un ovale de 16 kilomètres de long et 5 de large. Durant la poussée de descente, le seul moyen pour les astronautes de s’assurer de bien la viser est d’observer des repères pré établis sur la surface,
Et vérifier qu’ils les survolent au moment précis prévu sur le plan de vol. C’est là qu’Armstrong remarque qu’ils sont très légèrement en avance. A cause de la petite poussée lors de la séparation du module lunaire et du module de commande, la vitesse de descente
A été légèrement altérée. Selon les calculs des contrôleurs, Eagle sera un peu long par rapport à la trajectoire prévue. Les données sont confirmées par Houston et les astronautes. A Moscou, Alexei Leonov ne rate rien des échanges radio : “Il n’y avait que quelques cosmonautes
Présents, peut-être une dizaine du premier groupe, et quelques officiers militaires, et des experts en renseignements. On était tous accrochés aux transmissions de Neil Armstrong tandis qu’il guidait son module lunaire vers la surface de la Lune.” La télémétrie continue de disparaitre et de réapparaitre sur les écrans de Houston. Gene Krantz décide de
Procéder au Go/No go d’atterrissage en se basant sur les dernières données reçues. Steve Bales, l’officier de guidage ou GUIDO, âgé de 26 ans, voit sur ses écrans le décalage de trajectoire quand les données reviennent. Pendant ce temps, le module lunaire se retourne. Désormais, le moteur fait face à la trajectoire,
Et les astronautes tournent le dos à la surface lunaire. Ils ne voient pas où ils vont, mais cela permet au radar du LM d’accrocher la surface et de relayer des données précises à la Terre. Puis tout s’emballe. A Houston, tout le monde est tendu et regarde Steve Bales. Son collègue Jack Garman, spécialiste
Logiciel, lui dit “C’est un surplus de données, si ça ne se reproduit pas une nouvelle fois, on est bons.”. L’ordinateur bord calcule à chaque seconde la navigation, le guidage, la poussée moteur, la trajectoire en cas d’annulation, et l’affichage de toutes
Ces données dans le LEM. Si l’ordinateur n’arrive pas à faire toutes ces opérations en moins d’un cycle d’une seconde, il affiche une alarme 1202. Armstrong relance Houston. Ils lancent le Go/No GO final d’atterrissage. En dehors de la télémétrie et des voix des astronautes, les contrôleurs sont désormais
Des spectateurs aveugles. En dehors des mentions de carburant restant, la salle est silencieuse. Certains s’accrochent aux poignées de leurs écrans, d’autres serrent leurs stylos. Si l’étage de descente n’a plus de carburant, il faudra activer le mode d’annulation et repartir en orbite avec l’étage de remontée. La mission sera un échec.
La salle explose de joie, mais Gene Krantz calme ses hommes. Le travail n’est pas fini, il est l’heure du Stay/No Stay. Cette procédure demande d’évaluer si le module lunaire, en l’état, peut rester sur la surface ou doit repartir. Il y a 3 phases : le T1, qui obligerait à
Repartir deux minutes après le posé, le T2 qui obligerait à repartir au bout de 8 minutes, et T3 au bout de deux heures, quand COllins passerait au dessus de la zone d’atterrissage. Tout le monde se concentre sur les données du module lunaire. Le T1 est “Stay”, tout va bien,
Le T2 également, mais quelques minutes plus tard, la pression dans le réservoir d’hélium de l’étage de descente augmente rapidement, et présente un risque d’explosion. Heureusement, elle finit par se stabiliser et redescendre. Enfin, les contrôleurs peuvent souffler. Ils seront relevés quelques minutes plus tard par une autre équipe.
Depuis le module lunaire, tout est allé très vite. Lorsque le LM bascule vers la position d’atterrissage, la caméra située au dessus du hublot d’Aldrin est activée. Eagle a dépassé la zone de posé de 4 miles. Armstrong prend la main du pilotage à 500 pieds. Il a la tête
Contre le hublot, et regarde le terrain tandis qu’il prend les commandes du LEM. Aldrin, lui, est affairé à vérifier tous les voyants et les jauges du cockpit. Il n’a même pas le temps de regarder une seule fois le paysage qui défile devant
Lui. Un champ de rochers immenses et un cratère de la largeur d’un terrain de foot se dresse devant eux. Le carburant baisse, ils n’ont qu’une chance. Armstrong aperçoit un terrain plat. Dans les derniers instants, le pouls d’Aldrin est à 125 battements par minute, celui d’Armstrong à 156.
Une fois au sol, les deux astronautes se congratulent rapidement, puis le travail reprend pour dérouler la checklist post-atterrissage. Arthur C Clarke témoigne de ce moment d’histoire : “Je n’avais pas prié ni pleuré depuis plus de vingt ans, mais j’ai fait les deux aujourd’hui. C’était le jour parfait pour terminer l’ère de l’Ancien
Monde.” Pendant ce temps, dans le module de commande, Mike Collins congratule ses collègues Pendant les heures qui suivront, il tentera d’observer le LM depuis l’orbite lunaire, mais n’arrivera jamais à le localiser. Armstrong et Aldrin, eux, passeront ce temps à préparer le redécollage en calculant la trajectoire
De retour. Armstrong prendra également le temps de décrire le paysage par le hublot. Selon le plan de vol, ils doivent attendre 4 heures après la préparation de redécollage avant de commencer la sortie sur la Lune. Cette période de repos permettait sur le plan de vol de
Garder du temps si jamais une seconde orbite était nécessaire avant de se poser. Vu qu’Eagle s’était posé à la première, les astronautes avaient convenu avec le Mission Control qu’ils pourraient, s’ils le voulaient, démarrer la sortie plus tôt. Après le repas, Aldrin
Sort plusieurs objets de son kit d’effets personnels afin de faire une Eucharistie, un rituel chrétien. Il coupe son micro et récite Jean 15:5. Les deux astronautes passe plusieurs heures à s’équiper, le LEM est dépressurisé, et la porte carrée est ouverte. Armstrong sort les
Pieds devant et se tient sur le porche en haut de l’échelle. Il tire une petit poignée qui déploie le MESA, une sorte de case à équipements qui contient également une caméra de télévision transmettant vers la Terre. C’est la solution la plus simple pour filmer la descente
De l’échelle depuis une position basse. Le signal vidéo est bien reçu sur Terre. Le sol lunaire l’entoure. C’est le moment de le tater. 1 cinquième de la planète regarde cet évènement en direct. Tandis que son premier pied touche la surface de la Lune, il prononce ces mots :
Alexei Leonov a gardé en mémoire cet instant : “Tandis que je regardais cette image en noir et blanc de Neil Armstrong descendant doucement l’échelle du module lunaire, j’étais on ne peut plus ému. Je retenais mon souffle tandis qu’ils touchait la surface lunaire du bout de la botte.”
Armstrong se souvient : “J’ai été surpris par la proximité apparente de l’horizon. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, ça ne faisait pas un grand nuage quand on tapait sur le sol. Quand vous n’avez pas d’atmosphère, vous n’avez pas de nuages de poussière”. A Moscou, Leonov est fasciné : “Nous, cosmonautes,
Avons commencé à discuter de la facilité apparente de marcher à la surface de la Lune, de la facilité de sauter. Nous devrions en tenir compte lorsque nous nous y rendrions nous-mêmes.” Après avoir récupéré son appareil photo et commencé à inspecter les environs, Houston
Doit lui rappeler de collecter des échantillons. La procédure voulait qu’il le fasse immédiatement, au cas où il faudrait repartir en urgence. Buzz Aldrin le rejoint 25 minutes plus tard. Ils déploient ensuite la caméra de télévision reliée électriquement au LM par un cable. Planter
Le drapeau est difficile, le sol étant dur sous la poussière. Ils doivent forcer pour le planter. Il est assez mal enfoncé et branlant, et quand ils finissent par le lâcher, il continue à se balancer un peu par inertie. Pendant toute la sortie,
Les astronautes auront peur qu’il ne tombe devant le monde entier. Une fois le drapeau planté, Aldrin le salue. 5 minutes plus tard, Houston les appelle. Le président Nixon désire leur parler. Pendant ce temps, Collins fait des tours de Lune, seul à bord de Columbia. Quand il passe derrière
La Lune, il perd tout contact avec quiconque. Il est à ce moment là l’humain le plus solitaire qui existe. En réapparaissant de la face cachée de la Lune, à chaque orbite, il ne manque pas de prendre des nouvelles de ses deux collègues. Il est également la seule personne qui ne peut
Pas suivre en direct cet évènement historique avec l’excuse d’être en orbite autour d’un autre monde. Après 2 h 30 en surface, les astronautes ont posé des instruments scientifiques, récolté 22 kilos d’échantillons, et arpenté ce monde inconnu. Parmi les expériences, un collecteur de vents
Solaires de fabrication suisse, un réflecteur ou catadioptre de fabrication française, ou encore un sismomètre. Avant de retourner dans le module lunaire avec les échantillons de roches et certaines expériences, Neil Armstrong se dirige vers l’East Crater pour faire un
Panorama de la zone. Pendant ce temps, Aldrin dépose sur la surface un patch d’Apollo 1, les médailles militaires de Yuri Gagarin et Vladimir Komarov, un pins d’une branche d’olivier en or. Ils remontent ensuite dans le module lunaire. Armstrong n’est pas fier de lui : “Nous n’avons
Pas fait un très bon travail, et je n’ai pas fait aussi bien que j’aurais aimé le faire dans la collecte d’échantillons de roches. C’était à la fin de notre sortie… nous manquions de temps, et les géologues, à juste titre, auraient voulu que nous authentifiions chaque échantillon
Avec des photographies prises sous des angles différents avant de les ramasser, afin qu’ils puissent les identifier. Je pensais que, puisque nous n’avions pas le temps de le faire, le mieux était de ramasser tous les types d’échantillons que je pouvais aussi rapidement que possible,
De les mettre dans le sac et de les stocker dans le LEM.” Alexei Leonov a une autre vision des choses : “Les gens ont commencé à regarder la Lune d’une manière différente à partir de ce moment-là. J’avais moi-même passé de nombreuses heures à contempler sa sphère argentée à travers un
Télescope. Je l’avais dessinée de nombreuses fois. Je connaissais ses nombreux cratères, ses océans et ses montagnes. Mais cette nuit-là, lorsque j’ai regardé à travers mon télescope che moi, tout ce à quoi je pouvais penser était que l’homme avait effectivement marché à sa surface. Cette réalisation m’a rempli de fierté pour toute l’humanité.”
Une fois les combinaisons enlevées, Armstrong sent une odeur étrange. Il la décrit comme une odeur de cendres humides dans un feu de camp. C’est en réalité l’odeur des échantillons lunaires qu’il sent pour la première fois. La seule ombre au tableau de cette superbe sortie ne sera connue
Que plus tard : Il n’existe aucune photo claire de Neil Armstrong à la surface de la Lune. La majorité des photos non scientifiques ou techniques ont été prises par Armstrong, et aucun des deux astronautes n’a pensé à immortaliser le commandant à la surface.
Neil Armstrong avouera plus tard n’avoir jamais trouvé ça vraiment important. Les seules images de lui sont donc son reflet dans le casque de Buzz, celle-ci montrant un bout de son dos et ses jambes, cette série de trois photos où il apparait discrètement, et celle-ci,
Issu d’un panorama réalisé par Buzz Aldrin, où il apparait pour la seule fois en entier, mais de dos. De retour dans le LM pressurisé, ils prennent quelques photos d’eux-même et du paysage qui se dressent au delà des hublots avec l’appareil photo de rechange. On peut constater
La différence entre les deux appareils car les photos prises par celui de rechange n’imprime aucune croix sur l’image. Ils prennent ensuite un repas, puis s’équipent à nouveau de leurs combinaisons. Cette fois, ils n’enfilent pas le PLSS, le sac à dos leur permettant d’évoluer
En surface. Leurs combinaisons sont reliées au vaisseau. Ils dépressurisent le module lunaire, ouvrent la porte, et jettent tout ce qui n’est plus nécessaire, à savoir les PLSS, que l’ont voit tomber à l’image en direct. C’est d’ailleurs une bonne manière de tester
Le sismomètre installé quelques heures plus tôt, car il détecte le moment exact où les deux sacs à dos touchent le sol. Ils se débarassent ensuite de leurs sur-bottes, des emballages de nourriture vides, et l’appareil photo de rechange, tout en conservant ses
Pellicules évidemment. Ce grand ménage de 20 minutes permet de troquer masse des équipements inutiles par celle des échantillons récoltés, et se débarrasser d’un maximum de poussière lunaire, qui se baladera librement une fois de retour en apesanteur. Réveillé depuis 22 heures comme son
Équipier, Armstrong fait comprendre à Houston que leur période de repos peut commencer. Il passent quelques heures à se reposer dans le module lunaire. La nuit est compliquée. La lumière du soleil, incroyablement brillante, illumine le LEM, ce qui oblige à couvrir les hublots.
Il fait 16 degrés, et le vaisseau est bruyant. Ils sont seuls sur ce petit astre, loin de tout, à l’extérieur, seulement la mort. La première “nuit” de l’homme sur la Lune aura duré 4 heures, pas plus. Armstrong témoigne : “Le sol était assez grand pour une personne seulement, mais
On ne pouvait pas s’étendre, c’était à mi-chemin entre une position fœtale et une position étirée. C’est là que Buzz dormait. Le seul autre endroit pour se reposer était le capot du moteur, une table circulaire d’environ 1 mètre de diamètre. Pour soutenir mes jambes depuis cet endroit,
Nous avons configuré une élingue à partir de l’une de nos attaches de taille. Nous l’avons attachée à une structure tubulaire qui pendait. C’était une bonne structure pour suspendre une élingue, alors j’y ai glissé mes jambes et j’ai maintenu la partie centrale de mon corps sur le capot du
Moteur. Ca maintenait mes jambes en suspension. Derrière le capot, il y avait une étagère plate où je pouvais un peu reposer ma tête. C’était un bricolage pas très confortable.” Pour rien arranger, ils dorment avec leurs casques et leurs gants pour éviter de trop respirer la poussière
Lunaire qui s’infiltre partout. Pendant le repos relatif des astronautes, une sonde soviétique, Luna 15, se dirige non loin dans la Mer des Crises pour y récolter et ramener des échantillons lunaires sur Terre. Lancée 3 jours avant Apollo 11, arrivée 2 jours plus tôt en orbite lunaire,
Elle représentait une tentative désespérée de l’Union Soviétique de récupérer un peu de gloire de la mission américaine en rapportant des échantillons lunaires avant le retour des astronautes sur Terre. Après 52 orbites lunaires, elle finira par impacter la Lune le 21 juillet.
Après le réveil, Armstrong respecte sa promesse et donne aux géologues une description extrêmement précise de la zone d’atterrissage. Puis vient le moment du redécollage. Cette procédure a été répétée, simulée des centaines de fois par les deux hommes,
Sauf que cette fois, un problème inattendu les attend. Le bouton servant à armer le moteur de remontée a été cassé. Sans ce bouton, impossible de repartir. Buzz Aldrin utilise alors un stylo, et appuie fort dans le logement du bouton. Le décollage est désormais possible.
Le drapeau, planté trop près du LEM, tombe au sol. Ils corrigent ensuite leur trajectoire pour monter à la rencontre de Michael Collins qui les attend dans Columbia. Deux orbites plus tard, Eagle rejoint Columbia. Ils s’amarrent ensuite à Columbia, non sans mal. Armstrong doit s’approcher au maximum, et Collins
Est censé terminer le travail. Sauf que lors de la manœuvre, le module lunaire subit un blocage de cardan qui induit une soudaine destabilisation. Collins parvient à terminer l’amarrage, grâce à son expérience. Ils se retrouvent tous à bord de Columbia, mettent leurs déchets dans Eagle,
Désactivent certains de ses systèmes, et le relâchent sur l’orbite lunaire. Le module lunaire, désormais vide, va errer pendant plusieurs années en orbite lunaire. Ils font ensuite une poussée qui va les ramener sur Terre, l’Injection Trans-Terre, où comme Michael Collins la surnomme,
Le “sortez-nous de là, on ne veut pas être un satellite de la Lune pour l’éternité”. Il s’agit de la dernière manœuvre cruciale. Réalisée alors que le Columbia est derrière la Lune, la poussée précise de 2 minutes et demi permet d’accélérer la vitesse orbitale,
Les faisant quitter l’attraction lunaire. L’attraction de la Terre, encore présente, fera le reste du travail. Comme lors de la mise en orbite lunaire, Houston ne saura pas tout de suite si la manœuvre a réussi. les contrôleurs devront attendre que le module de commande et de
Service émerge à nouveau de derrière la Lune, à un moment précisément calculé. 30 minutes plus tard, le contact est rétabli avec Houston. Charlie Duke accueille les astronautes sur la fréquence. Durant le voyage de retour de deux jours et demi, tout se passe pour le mieux. Ils offrent deux
Retransmissions en couleur depuis le module de commande, dont l’une remplie d’émotions. La Terre grossit dans le hublot au fur et à mesure des heures, et il semble que tout danger soit écarté. Sauf que dans l’Océan Pacifique, une tempête commence à recouvrir
La zone d’amerrissage. Le porte avions USS Hornet est dérouté vers une zone plus calme, et Columbia réalise une petit correction de trajectoire pour la rejoindre. La rentrée atmosphérique a lieu le 24 juillet 1969. Collins décrit cet instant : “Nous devons pénétrer dans
Notre couloir de rentrée avec un angle de six degrés et demi sous l’horizon, à une vitesse de 11 032 mètres par seconde, soit près de 40 233 kilomètres à l’heure. Nous nous dirigeons vers un point situé à environ 13 kilomètres au sud-ouest d’Hawaï. Nous larguons notre Module de Service,
Notre fidèle réserve d’oxygène encore à moitié pleine, et faisons demi-tour pour que notre bouclier thermique soit en tête. La décélération commence progressivement et est annoncée par le début d’un spectacle lumineux incroyable. Nous sommes au centre d’une nuée de protoplasme,
Traînant une traînée de particules ionisées et de matériaux de bouclier thermique. Le noir ultime de l’espace a disparu, remplacé par un tunnel délicat de couleurs : des nuances subtiles de lavande, de bleu-vert clair, de petites touches de violet, toutes entourant un noyau central
D’orange-jaune.” Leur ciel, qui était noir depuis près d’une semaine, redevient enfin bleu, avec un peu de blanc des nombreux nuages les entourant, tandis que leurs parachutes s’ouvrent au dessus de l’Océan pacifique. Ils touchent l’eau à 13 kilomètres seulement du Hornet. La capsule se retourne et les astronautes se retrouvent pendus à leurs ceintures,
Avec en face d’eux l’océan. Ils activent des ballons permettant de redresser Columbia, ce qui prend tout de même 10 minutes rien que pour leur gonflage. Ils ont pris des pilules contre le mal de mer, mais ça ne suffit pas. Rapidement, des plongeurs et des hélicoptères
Les ramènent eux et leur capsule auprès du porte-avions, où les attend le Président Nixon. A leur retour, les astronautes sont placés en quarantaine durant 21 jours, au cas où ils ramènent des germes extraterrestres sur Terre. Ils sont tout d’abord installés dans le Mobile
Quarantine Facility ou MQF sur l’USS Hornet. Michael Collins, habitué des grandes digressions, raconte la récupération et l’ambiance à bord du MQF : “Supposons qu’il y avait des germes sur la lune. Il y a des germes, et ils reviennent avec Aldrin et Armstrong sur leurs vêtements,
Dans leurs poumons, peu importe, et tous ces germes sont expirés. Le module de commande est rempli de germes lunaires. Le module de commande atterrit dans l’océan Pacifique, et qu’est-ce qu’on fait ? On ouvre l’écoutille, parce qu’il faut bien sortir, et tous les fichus
Germes sortent, n’est-ce pas ? Ils contaminent tout l’océan Pacifique ! C’était une énorme lacune dans la planification. Ensuite, vous avez nous trois. Il faut qu’on parle de nos combinaisons, les BIGs. Vraiment, ça n’a aucun sens. Elles n’avaient pas de système de ventilation,
Et il faisait extrêmement chaud là dedans. C’était une journée chaude, et nous avions déjà chaud avant de les enfiler. On est sortis du module de commande dans les BIGs, on a grimpé
Dans le radeau, on a eu un peu de mal à fermer la porte du module de commande, et je suis revenu et j’ai fermé la porte. Ensuite, l’hélicoptère nous a pris, et on s’est rendus sur le porte-avions,
Et pendant tout ce temps, on avait de plus en plus chaud. Je me souviens d’avoir pensé, “Je donne trente secondes à ces gars, sinon je sors de cette foutue combinaison. Peu importe combien de bestioles viennent avec moi”. J’arrivais à la fin de ma tolérance. Ma visière était pleine de sueur,
Je ne pouvais pas voir où j’allais. Nous sommes descendus de l’hélicoptère, je faisais des signes de la main en trébuchant… Je ne savais pas où j’allais, je ne pouvais rien voir, j’avais chaud, j’étais fatigué. Bref, ils nous ont ensuite emmenés à l’intérieur de la caravane,
La MQF… ils ont fermé la porte, et nous avons évacué tous nos germes à l’intérieur. Tout allait bien à partir de là. C’était un petit foyer joyeux. Nous avions deux personnes avec nous : le médecin Bill Carpentier et l’ingénieur John Hirasaki. Nous étions là, cinq personnes
Contentes comme des poules d’être dans un petit poulailler. C’était comme vivre dans une caravane, et nous y étions qu’une seule journée, donc ce n’était pas un problème. Nous avions du gin à bord et des steaks. En sachant ça, j’aurais pu rester là-dedans beaucoup plus longtemps. C’était
Bien. Il y avait une douche chaude aussi. C’était le plus important, vraiment, parce que j’adore les douches chaudes, et, bien sûr, il n’y en avait pas dans le module de commande. J’étais crasseux et content d’être de retour. Douche chaude, gin et steak. Waouh ! Maintenant, si quelqu’un m’avait
Dit : “Tu peux avoir soit une douche chaude, soit un martini au gin, soit un steak”, il aurait été facile de dire : “Je veux pas du steak.” Mais le choix entre le martini au gin et la douche chaude,
Je ne sais pas ce que j’aurais fait. Ça aurait été difficile, très difficile.” De retour sur la terre ferme à Hawaii, le MQF et ses astronautes sont amenés sur le terrain d’Hickam et chargé dans un C-141 Starlifter, en direction de Houston. Chargés avec grand mal sur un camion, il roulent ensuite
Vers le centre spatial de Houston et sont placés dans le Lunar Receiving Laboratory, un centre de quarantaine moins spartiate. Le bâtiment servira également au stockage et l’analyse des roches ramenées par les missions Apollo. “Dans le LRL, le Laboratoire de réception lunaire, ils avaient
Une colonie de je ne sais combien de souris blanches, et ils les ont exposées aux échantillons de roches lunaires et à nous. Encore une fois, c’était bien, pas de problème. Nous avions des chambres confortables, de la bonne nourriture. De toute façon, nous devions rédiger des rapports
Post-vol. C’était bien.” C’est dans le LRL Que Neil Armstrong fêtera son 39ème anniversaire. En sortant de quarantaine, les astronautes doivent réaliser une dernière formalité. Employé d’une agence gouvernementale, ils doivent remplir leur note de frais pour le vol. De Houston
À Cape Kennedy, puis vers la Lune, Puis l’Océan Pacifique, Hawaï, et retour à Houston. Chacun fut donc remboursé de 33 dollars et 31 cents pour ce long déplacement professionnel. En sortant du LRL, une voiture de la NASA attend chacun des astronautes. Les trois véhicules
Vont êtres suivis par les journalistes, tandis que d’autres attendront Armstrong, Collins et Aldrin devant chez eux. C’est le début de leur seconde mission, celle que Neil Armstrong détestera le plus. Pendant plusieurs jours, ils sont harcelés par la presse, suivi,
Et même chassés lorsqu’ils sont en voiture. 50 000 lettres parviennent à leurs bureaux chaque semaine. On peut donc comprendre leur fatigue lorsqu’ils doivent donner leur première conférence de presse pour débriefer l’entièreté de la mission devant un parterre de journalistes. Les jours qui
Suivent, ils sont amenés à parader dans les rues de plusieurs villes. A New York, la tempête de confettis est complétée par des cartes perforées des ordinateurs des bureaux situés dans les gratte ciels au dessus d’eux qui manquent de les blesser. On leur demande de ne pas serrer de mains de peur
D’être emportés hors des voitures. Après quelques autres villes américaines, ils sont accueillis par le Président à Los Angeles, où ils sont décorés de la Médaille de la Liberté. Puis les parades continuent. 250 000 personnes à Houston, une ville d’un million d’habitants en 1969,
Des soirées avec Frank Sinatra, des interviews à la télévision, et un tour du monde à la rencontre de tous les grands dirigeants de la planète. Michael Collins reviendra sur cette tournée mondiale et la célébrité qu’il conservera d’ailleurs jusqu’à son décès : “Ca devient
Fatigant. Je me fatigue beaucoup maintenant, pour toute une variété de raisons, mais à l’époque, je me fatiguais d’entendre toujours les mêmes questions encore et encore et encore et encore et encore et encore. Et c’est difficile à expliquer, car on peut le voir sur le visage des gens. Ils
Rencontrent ce gars qui est revenu de la lune, qui est revenu la semaine dernière ou l’année dernière ou la décennie dernière, mais peu importe. Ils n’ont jamais rencontré quelqu’un qui est allé sur la lune auparavant, et ils demandent, tout excités : “Comment c’était ?” Et le gars répond : “Oh,
Mon Dieu. C’était génial, formidable.” On peut dire que le gars s’ennuie à mourir, et cette personne doit penser, et on peut le voir dans ses yeux : “Quel genre de personne est-il ? Il
Revient de la lune et il n’est même pas excité à ce sujet ?” Ce n’est pas le fait qu’il ne soit pas excité à ce sujet, c’est le fait qu’on lui a posé cette même question dix millions de fois et
Qu’il ne peut plus le supporter. C’est difficile à expliquer aux gens. La tournée mondiale était très fatigante. Je ne sais pas, il y a quelque chose de fatigant à être sur le qui-vive et à devoir passer par des files d’attente pour saluer et se souvenir des noms des gens, à rencontrer des rois
Et des reines, à faire des discours, à voler toute la nuit et à recommencer le lendemain, il y a quelque chose de très fatigant là-dedans. J’étais physiquement épuisé à la fin. Je crois qu’on a
Fait 28 villes en 33 jours, ou 33 villes en 28 jours, un truc du genre, et à la fin, j’étais épuisé. Mais d’un autre côté, c’était tout de même une opportunité merveilleuse.”. Le moral se dégrade tout de même. Avant même le début de cette tournée, Aldrin commence une sévère dépression et
Tombe lentement dans l’alcoolisme. Remis de cette période difficile, il se souvient de la présentation du timbre commémoratif édité par le service postal américain à leur retour, avec un dessin de Neil Armstrong seul sur la Lune, et la légende : “Le Premier Homme sur la Lune” : “Dieu
Seul sait ce qui a inspiré la légende sous le timbre, mais cela m’a fait me sentir plutôt inutile et ça a véritablement exaspéré mon père… ‘Hommes’ au pluriel aurait été plus précis, et je dois avouer que ça m’a affecté.” Ce cirque médiatique finira par s’estomper, mais aucun des
Trois hommes ne réussira à reprendre une vie tout à fait normale à partir de là. Neil Armstrong continuera à faire les frais de la presse, qui lui prête par exemple une relation extra conjugale avec l’actrice Connie Stevens ou une conversion à l’Islam. La NASA
Ne désirant probablement pas perdre le trésor national qu’il est devenu, comme l’URSS avait perdu Gagarine quelques années plus tôt, Armstrong est relégué à des postes de recherche et d’études, derrière un bureau. Il maintient son niveau de vol en pilotant les avions de la NASA entre les
Différents centres de recherche où il doit se rendre. Il quitte la NASA en 1971 et devient professeur en conception aéronautique et mécanique de vol expérimentale à l’Université de Cincinnati. Là encore, les journalistes et admirateurs le suivent jusque dans sa salle de classe. Décrit
Comme un excellent professeur, il est contraint de quitter ce poste en 1980, à cause de problèmes bureaucratiques. Il se reconvertit dans le privé, et en 15 ans réussira à passer d’un petit salaire de fonctionnaire à un porte feuilles d’actions de 2 millions de dollars. Il préside également
Dans plusieurs conseils d’administration, de musées et de fondations notamment. Son but est d’utilisa sa notoriété pour aider à développer la culture et l’éducation. Jusqu’à son décès, il sera inondé de courriers, de demandes d’autographes et de questions personnelles, au point de devoir engager des secrétaires pour aider à trier et répondre. Des lettres arriveront
À la NASA, dans son Université, et chez lui quand son adresse fuitera sur Internet. “On me présente comme quelqu’un de discret, mais de mon point de vue, cela ne semble pas être le cas, car je fais tellement de choses, je vais dans tellement d’endroits, je donne tellement de
Conférences, j’écris tellement d’articles que, de mon point de vue, il semble que je ne pourrais pas faire davantage. Mais je reconnais que d’un point de vue extérieur, je ne peux accepter que moins de 1 % de toutes les demandes qui me parviennent, donc on
Pourrait croire que je ne fais rien. Mais je ne peux pas changer cela.” Des bâtiments, magasins et autres objets porteront son nom contre sa volonté, son image vendue sans son accord, le point culminant de cette folie étant la vente d’une de ses mèches de cheveux par son coiffeur
Fétiche à un collectionneur de cheveux de stars. Armstrong ira voir le coiffeur, lui demandant de choisir entre le tribunal et un don de 3000 dollars à une oeuvre de charité. Le coiffeur choisira de révéler cette histoire à la presse. Il sera également victime de quelques complotistes
Tenaces, qui iront le harceler jusque dans sa maison, campant dans leur voiture et le mettant sous surveillance video. Toutes ces années, ses responsabilités et cette pression ont pesé sur lui et sa famille. Sa femme et ses deux enfants le voient lentement disparaitre de leur vie
Émotionnellement parlant. A bout, Janet le quitte, puis ses parents décèdent la même année, en 1990. L’hiver qui suit, il est victime d’une première crise cardiaque. Il se remarie en 1994. Il continuera à être un ambassadeur de l’aéronautique et du spatial, pilotant des avions de tous les
Pays lors d’évènements spéciaux jusqu’à sa mort, en 2012. Il y a tant à dire sur sa vie, en particulier et même en majorité sa seconde, celle qui a commencé à son retour de la Lune, qu’elle aura sûrement son documentaire un jour ici-même. Il n’empêche qu’il restera
Un héros modeste, un explorateur discret, et une célébrité ne demandant qu’à vivre anonymement. Buzz Aldrin commandera ensuite la prestigieuse Ecole des Pilotes d’Essais de l’US Air Force, sur la base d’Edwards. Toujours en proie à la dépression et l’alcoolisme, il quitte la NASA
Et l’Air Force, et se reconvertit dans la vente de voitures d’occasions, une carrière qui ne lui réussira pas. Après avoir vaincu son combat contre ses démons, un film sera réalisé sur cet épisode sombre de sa vie, “Return to Earth”. Lui aussi la cible de la presse et des complotistes,
L’épisode le plus célèbre de sa vie après Apollo 11 reste le coup de poing qu’il assènera à un complotiste l’ayant traité de menteur et de lâche. Ce même complotiste restera l’harceleur numéro 1 des astronautes des missions Apollo, et en particulier Neil Armstrong. Elevé en héros par
Les complotistes d’Apollo, son jeu consistant à vouloir faire jurer chaque astronaute sur la bible reste très répandu sur Internet, montrant ces images d’astronautes, de héros qui ont sacrifié leur vie de famille, perdu des amis et risqué leur vie pour ce programme, refuser de s’associer
À son jeu de manipulation. Ces images de refus servent aux complotistes de preuves, prenant soin d’omettre, parfois volontairement, que certains astronautes ont bel et bien accepté de jurer sur la Bible. comme Gene Cernan, astronaute lunaire sur Apollo 10 et Apollo 17, et dernier homme
À avoir marché sur la Lune. Fervent chrétien, il milite depuis plusieurs décennies pour la création d’un programme habité vers Mars. Homme de médias, on ne compte plus ses apparitions dans la culture américaine, que ce soit les Simpsons, Numb3rs, The Big Bang Theory ou Futurama. Il est, à
L’heure où ce documentaire est produit, le dernier astronaute encore vivant de la mission Apollo 11. Michael Collins restera plus discret. Après Apollo 11, il accepte le poste de Secrétaire d’État adjoint aux affaires publiques du gouvernement Nixon, un poste
Qui ne lui plaira pas, en ces temps de guerre du Vietnam. Il dirige par la suite le National Air and Space Museum de Washington, où repose nombre d’objets ayant volé lors d’Apollo 11, donc la capsule qu’il a piloté. Il élèvera ce modeste musée en véritable Panthéon de
L’exploration aérospatiale. Il part ensuite travailler dans le privé. Il nous quitte en 2021 d’un cancer. A propos du fait de ne jamais avoir marché sur la Lune, il dira : “Je n’ai aucune arrière-pensée ou sentiment caché à propos d’Apollo 11. C’est
L’une des questions qu’on m’a posé un million de fois : “Vous étiez si près de la lune et vous êtes resté en orbite. Ça ne vous dérange vraiment pas ?” Ça ne me dérange pas du tout. Honnêtement, je me sentais vraiment privilégié d’être sur Apollo 11, d’avoir l’une de ces trois places.
Je veux dire, il y avait des gars dans le bureau des astronautes qui m’auraient trucidé pour avoir ce siège à bord. J’étais très heureux de l’avoir. Avais-je la meilleure place des trois ? Non. Mais étais-je content de celle que j’avais ? Oui ! Et je n’ai aucun sentiment de frustration
Ou de rancune ou quoi que ce soit. Je suis très, très heureux de toute cette expérience.” Neil Armstrong ne s’attribuera jamais aucun mérite de cette aventure. “Chacun des composants de notre matériel a été conçu selon des spécifications de fiabilité précises, et pour la grande majorité, je
Crois, une exigence de fiabilité de 0,99996 était imposée, ce qui signifie qu’il pouvait y avoir 4 défaillances pour 100 000 opérations. On m’a dit que si chaque composant respectait précisément ses spécifications de fiabilité, un vol Apollo typique aurait environ 1 000 défaillances distinctes. En réalité, nous avions plutôt environ 150 défaillances par vol,
Ce qui fut nettement meilleur que ce que les statistiques laissaient entendre. Je ne peux attribuer cela qu’au fait que chaque personne dans le projet, chaque personne à l’établi qui construit quelque chose, chaque assembleur, chaque inspecteur, chaque personne qui met
En place les tests, serre la clé dynamométrique, et ainsi de suite, se dit, homme ou femme : “Si quelque chose tourne mal ici, ce ne sera pas de ma faute, car ma partie sera meilleure que ce que
Je suis obligé de faire.” Et quand des centaines de milliers de personnes font toutes leur travail un peu mieux que nécessaire, on obtient une amélioration des performances. Et c’est la seule raison pour laquelle nous avons pu mener à bien l’ensemble de cette entreprise. En y repensant,
Nous avons vraiment eu le privilège de vivre dans cette mince tranche d’histoire où nous avons changé la façon dont l’homme se perçoit et ce qu’il pourrait devenir, et où il pourrait aller. Je suis donc très reconnaissant d’avoir eu la chance de voir ça et d’en faire partie.”
Alexei Leonov dira : “Seuls deux retransmissions en direct ont eu un énorme impact sur moi : L’atterrissage lunaire d’Apollo 11 et, plus récemment, les terribles évènement du 11 septembre 2001, où on a vu tellement de gens mourir devant nos yeux dans les tours jumelles du World Trade
Center. Le premier évènement a montré le meilleur de l’humanité. C’était une célébration de la force de l’intelligence et le courage humains. Le second a montré la quantité de mal que chaque homme peut contenir. Je suis convaincu, au plus profond de moi-même, que si les hommes responsables
Du second évènement avaient été témoins du premier, ils n’auraient jamais porté en eux autant de haine. Le matin du 21 juillet 1969, tout le monde a oublié, pour quelques instants, que nous étions des citoyens de différents pays sur Terre. Ce moment a vraiment uni l’espèce
Humaine. Même dans le centre militaire où je me tenais, où des soldats observaient les accomplissements de la superpuissance rivale, il y a eu une immense ovation.” Que conclure de cette aventure extraordinaire, cette apogée de la conquête de la Lune ? Il n’y
A aucun doute qu’en effet, Apollo 11 fut le point culminant du Programme Apollo, préparé par les Mercury et Gemini, impulsé par une Amérique courageuse et un programme spatial bien né et bien financé. En revanche, même si l’intérêt du public envers les missions lunaires, ainsi que
Le budget de la NASA allaient fondre comme neige au soleil suite au retour de Columbia dans l’Océan Pacifique, le programme Apollo était loin d’être terminé. Dans les 3 années qui suivront, d’autres équipages, tout aussi héroïques, aux personnalités uniques, des plus réservées aux plus loufoques,
Se dirigeront à leur tour vers notre satellite, avec de nouveaux outils, de nouveaux objectifs, et des histoires incroyables qui marqueront à jamais l’exploration spatiale habitée.
36 Comments
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Bravo . Tellement de frissons..
Au top ! Merci pour ton travail 😉 Bravo
Très beau documentaire on y apprend beaucoup
(oui j'ai parfois besoin de vidéos au ton posé pour m'endormir mais je les revois éveillé ensuite).
Frappant d'entendre les voix d'autres de mes youtubeurs préférés (dont je m'endors aussi devant certains)
Que dire? La narration, les images, la musique,… Rajouté à tout ça Chonks, Phi et Bidouille. ❤
Tout est parfait. Bravo et merci.
Un grand merci à toi Vincent. ❤️
Excellent travail, merci Vicnet !
La séquence du décollage de la SATURN V est incroyable. La démesure entre la taille du feu qui sort et celle de la fusée…
Super vidéo bien archivé comme toujours 👍
Le nom de kibo, c’est par rapport au laboratoire japonais sur l’ISS ?
Buzz Aldrin est l'exemple type de l'individu avide de gloire (sans doute à cause de la pression paternelle) et aussi hypocrite apparemment (puisqu'il semble refuser de l'admettre et vouloir trouver des raisons techniques là ou en fait c'est son ambition personnelle qui parle), et à trop désirer quelque chose au point de saouler tout le monde, en faisant pression à tout va, on finit par se discréditer. Aldrine a perdu la confiance des décideurs de la NASA, il s'est discrédité, là ou Armstrong par son détachement et son humilité, son calme, à montré justement qu'il était l'homme de la situation, Aldrin s'agitait, Armstrong ne fait rien pour être le premier, il faisait sérieusement son job, premier ou pas premier. La NASA voulait qqun qui saurait maîtriser ses nerfs là haut, pas un gas qui "ne se sentirait plus pisser" parce qu'il était le 1er. Je pense que petit à petit le programme spatial US à montré l'importance d'étudier sérieusement le mental et la personnalité des hommes qu'on voulait envoyer dans l'espace. Et à mon avis, un des critères qu'ils ont retenu c'est l'esprit d'équipe et la solidarité. Il faut être capable de se serrer les coudes face aux risques là haut, de "penser collectif", et donc se dépasser son ego et son ambition personnelle, là l'espace "essaie de vous tuer". Armstrong avait cet état d'esprit, pas Aldrin. Il suffit de voir le contraste frappant entre les équipages d'Apollo 11 et 12. L'équipage d'Apollo 12 avait vraiment un état d'esprit de groupe, un collectif, les 3 astronautes se voyaient et faisaient des choses ensemble et s'amusaient ensemble en dehors des entraînements. Et je pense que cet état d'esprit collectif positif leur a été très utile lors de la mission, surtout quand Bean à sauvé la situation au décollage quand il a été le seul à savoir quelle manipulation faire sur les commandes quand la fusée a été frappée par la foudre au décollage. De même l'équipage d'Apollo 13 a du avoir aussi un minimum d'esprit d'équipe sinon ils n'auraient pas survécu à l'accident qui a bien failli tous les tuer. Je crois que maintenant ou l'on envoie dans l'espace des groupes d'hommes et de femmes et non des individus seuls dans leur engins, il n'y a plus de place pour l'égocentrisme, l'arrivisme et l'ambition personnelle rayant le parquet. Y a intérêt à sacrément bien s'entendre avec ses collègues dans l'ISS vu les conditions de vie. En ce moment là ils sont 11. Donc tout le monde à intérêt à être convivial et à penser collectif et bien commun.
Mon arrière grand-mère paternel née en 1898 a vécu la réussite d'Apollo XI ! Elle avait demandé à ce que si elle s'endormait, on la réveilla pour ne rien manquer ! Elle aura vécu toutes les principales révolutions technologiques, la "fée électrique", l'automobile, le téléphone, l'aviation, la radio populaire, la télévision, le train et ses évolutions… Etc.. Qu'elle chance n'est-ce pas !?
Fantastique documentaire ! Merci
L'intro est un peu ethnocentrée nan ?
Reportage excrément détaillé ❤❤❤
Elon musk prends des notes. Il sait pas comment y aller !!
Ton documentaire casse la baraque. J'avais 8ans et demi. Comme beaucoup d'autres, mon père a réveillé ses enfants pour voir cet événement en direct sur notre vieille télé NB .
Merci pour cette belle vidéo vraiment top👍👍❤️❤️
Un énorme merci pour un énorme travail. Bravo Vincent tu es vraiment un exemple. 👏
Ce documentaire m'a tenu en haleine de A à Z merci pour votre travail a tous 😮
Je repose un second commentaire suite à un erreur de destinataire. 😊
Un grand bravo pour ce travail exceptionnel. On se demande comment avez-vous fait pour rassembler toutes ces archives. On ne voit pas passer les 2h. J'ai passé un très bon moment à regarder cette vidéo avec beaucoup d'émotion.
Merci !!
Merci Vincent pour cet énorme travail ! C'est une réussite totale, je suis encore ému par cette réalisation, dont il me reste quelques bribes du haut de mes 5 ans à l'époque.
Moi je dis cralune comme le capitaine Haddock, pas cratère. Lol
Bravo pour ce magnifique reportage comme toujours d'ailleurs on ne voit pas les deux heures passées, félicitations pour ce beau travail.
J'ai entendu sur France 2 que les américains projette d'envoyer à nouveau d'envoyer des hommes sur la lune dans les prochaines décennies, est ce que c'est une rumeur ?
Je viens de la regarder dans le train me ramenant de Lyon, super vidéo,super natation, du grand du très grand Stardust
C'était trop bien ! Merci Vincent. Je suis maintenant pressé que mes enfants soient assez matures pour que je puisse leur faire découvrir les vidéos de ta chaîne ❤
Quel travail ! Félicitation c'est génial à regarder, les détails et les anecdotes sont top. Merci
J adore merci
Pas vue des 2h passer! Un des docu les plus captivant sur cet événement historique. Bravo
Quelle aventure extraordinaire ! Merci pour ces 2 heures !
Je ne laisse quasi jamais de commentaires, mais c'est un documentaire d'une qualité rare que tu nous offres ici Vincent. Bravo pour ce travail de qualité!
Excellent montage. J'avais 22 ans lorsque l'évènement c'est produit .Il faut bien le reconnaitre le professionnalisme et le soin particulier que vous avez mis sur les détails vont enfin clouer le bec a tous les complotistes qui pense qu'Apollo 11 est une pure fiction de la NASA en cheville avec Hollywood. Bravo.
C'est un superbe documentaire d'une immense qualité! Bravo!
Un énorme travail, le résultat est bluffant. Je possède des dizaines de livres et vidéos sur le programme Apollo et j'apprends encore de nouvelles choses avec ce documentaire. Merci 🙂
un grand merci pour ce doc ou l’on découvre encore d’autres moments de cette incroyable aventure qui nous a tenue éveillé cette année
Quel magnifique documentaire. Merci beaucoup !