Enseignement 2023-2024 : L’universalisme des Lumières : débats et controverses
    Cours du 15 janvier 2024 : L’universalisme cosmopolite : tolérance et différence

    Professeur : Antoine Lilti
    Chaire Histoire des Lumières, XVIIIe-XXIe siècle

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    [Musique] bonjour à toutes bonjour à tous la semaine dernière j’ai essayé vous en souvenez de tisser deux fils d’une part j’avais poursuivi ma réflexion sur la nécessité de pluraliser notre conception de l’universalisme des lumières cela passéit par un retour critique sur la façon dont toute une tradition historiographique a identifier

    La philosophie des Lumières à un universalisme abstrait des incarn hostile aux différences d’autre part en commentant le texte de Voltaire j’ai voulu suivre l’intuition selon laquelle au cœur des réflexions des lumières sur l’universel on trouve la question de la tolérance c’est-à-dire la réponse à la fois théorique et

    Pratique au défi posés par la crise de l’universel chrétien qui avait dominé l’Europe pendant un millénaire alors vous allez me dire la tolérance comme idée fondamentale des lumières bon c’est pas d’une folle originalité c’était bien la peine de traverser Paris par ce froid hivernal pour écouter de

    Pareilles banalités à forceie et je m’en excuse pour ceux qui sont qui sont debout et je vous remercie de fa l’amitié de de d’être d’être présent aujourd’hui alors j’en conviens j’en conviens même si pour ma pour ma défense on a parfois tendance à oublier à quel point les lumières puisent une partie de

    Leur énergie dans le souvenir des guerres de religion qui ont désoler l’Europe au 16e et 17e siècle toutefois j’ai essayé à partir du texte de Voltaire et des commentaires vous en souvenez qu’il a suscité au 20e siècle j’ai essayé d’ajouter d’ajouter trois éléments un peu différents le premier c’est l’importance

    De la métaphore du commerce et du marché comme figure de la tolérance et de la coexistence pacifique il faut prendre au sérieux ce motif même si évidemment nous n’avons plus aujourd’hui le même enthousiasme naïf à l’égard des vertus du marché et que nous sommes un peu narquis l’idée de faire de la Bourse

    Le lieu de l’universel et pourtant et pourtant il n’est pas forcément inutile de se souvenir que le commerce qui au 18e siècle je vous le rappelle désigne à la fois l’échange marchand et laassociabilité le commerce a été une des grandes figures permettant de penser l’émancipation le deuxième point c’est

    La dimension cosmopolite qui est attaché à la question de la tolérance dès lors qu’il s’agit de la pensée à l’échelle du monde notamment sous l’effet des diasporas marchandes au demeurant ce cosmopolitisme lui-même n’est pas sans ambiguïé comme me l’a fait remarquer Laurent Cuvelier je le remercie on peut

    Aussi considérer que Voltaire impose une représentation européenne du commerce ch chercher à prendre en compte la diversité des pratiques marchandes l’universalisme qui permet la tolérance et le commerce Pacifique repose ainsi sur l’élargissement à l’échelle du monde d’un modèle occidental du capitalisme naissant celui de la lettre de change et des bourses de

    Commerce enfin 3è point à grâce à la lecture d’Auerbach nous avons introduit un doute l’universalisme voltérien fondé sur la raison la tolérance et la satire ne conduit-il pas à ridiculiser les croyances religieuses sous prétexte de les neutraliser ne va-t-il pas trop loin dans la négation des différences culturelles au nom d’une rationalité

    Unique en l’occurrence celle du marché et la satire elle-même cette verve ironique et subversive que nous aimons tant chez les auteurs du 18e siècle et bien ne recèt-elle pas un danger potentiel lorsque dans d’autres contextes elle cible les minorités et non plus les puissances alors voilà nous en étions là lundi dernier

    Et ce sont ces points que je voudrais garder en tête aujourd’hui en poursuivant la réflexion sur ce lien entre tolérance et cosmopolitisme qui me semble définir un des axes possibles du rapport des Lumières à l’universel et pour cela je voudrais repartir d’un auteur pour lequel Voltaire avait la

    Plus grande admiration un auteur qui n’a pas tout à fait la notoriété Postume du philosophe de ferernet mais qui a joué un rôle fondamental dans l’histoire de la tolérance vous connaissez évidemment son nom il s’agit de Pierre Bale alors à vrai dire je crois qu’on peut dire qu’on ne lit plus beaucoup

    Aujourd’hui Pierre Bale on le cite parfois comme un repère dans l’histoire des idées comme une sorte de de prélude aux lumières notamment pour ses pensées sur la comète un livre qu’il a publié en 1682 et qui est une attaque en règle féroce argumentée et jubil contre l’astrologie et la superstition

    Au nom de la science et de la raison Bale apparait comme un jalon essentiel de ce que Paul hasard appelait la crise de la conscience européenne ce moment de transition à l’articulation des 17e et 18e sièces c’estàdire l’époque de Spinoza deit de John Locke et de Bale auquel hazard accord une grande place

    Alors je viens de dire une époque de transition mais ce n’est pas la bonne expression hasard parle lui d’une véritable révolution intellectuelle vous connaissez peut-être sa célèbre formule je cite la majorité des Français penser comme bossué tout d’un coup les Français pensent comme Voltaire c’est une révolution alors bien sûr c’est surtout une

    Exagération et d’ailleurs haszard savait parfaitement que les révolutions intellectuels ne se font pas du jour au lendemain que les mentalités changent lentement et que ces changements ne se font jamais au même rythme dans les différentes catégories de la population mais il s’agissait avec cette formule frappante d’insister sur l’importance de

    Cette période malaimée et peu étudiée sur le basculement qui se produit au tournant des 17e et 18e siècle c’est-à-dire au moment si vous voulez où les évolutions qui étaient en germe se précipitent et donnent naissance à un monde intellectuel nouveau celui dans lequel les lumières vont prospérer et au cœur de cette

    Période donc pierre Bale qui est né en 1647 dans un petit village de lariège fils de pasteur il se révèle doué pour les études à 22 ans il s’installe à Toulouse où il se convertit au catholicisme et fréquente le collège jésuite mais au au bout de 18 mois il

    Abjure et revient au calvinisme mais pas du tout anodin ça fait de lui un relapse aux yeux des autorités catholiques il part alors à Genève puis obtient un poste à l’Académie de théologie de Sedan lorsque celle-ci est fermée en 1681 dans un contexte de durcissement de la

    Politique de Louis XIV à l’égard des protestants ben il se réfugie à Rotterdam où il vivra jusqu’à sa mort en 1707 c’est là qu’il écrira et publiera son dictionnaire historique et critique en 1696 au cœur de ce qu’on appelle le refuge hugno ce haut lieu de la liberté

    De penser à la fin du siècle c’est là surtout que 10 ans plus tôt Bale donc en 1685 apprend la révocation de LED Nant il assiste à distance aux violences et aux persécutions qui s’abattent sur ces coreligionnaires et notamment les terribles dragonnades ces violences exaction et même torture exercé par des

    Régiments de soldats les fameux dragons pour contraindre les protestants à se convertir pour Bale c’est une catastrophe politique mais c’est aussi une tragédie familiale son frère Jacob qui est pasteur qui est resté lui en France est arrêté en juillet et meurt en prison château- trompette de Bordeaux en novembre malgré les efforts désespérés

    Du philosophe pour obtenir à distance sa libération Bale publie alors l’année suivante coup sur coup deux ouvrages donc en 1686 un panflet virulent contre la politique de Louis XIV qui s’appelle ce que c’est que la France toute catholique sous le règne de Louis le Grand et vous notez évidemment l’ironie

    Et surtout un manifeste en faveur de la tolérance sur lequel je vais m’arrêter un moment intitulé commentaire philosophique sur ces paroles de Jésus-Christ contre un lesit d’entré dans ce texte fondamental B polémique contre ceux qui utilisent comme argument pour justifier les conversions forcées un passage de l’évangile de Saint-Luc selon lequel un

    Maître qui a préparé chez lui un grand repas ordonne à son serviteur la citation de l’Évangile va par les chemins et par les ha et contreinles d’entrer afin que ma maison soit remplie depuis Saint-Augustin l’interprétation allégorique de ce passage consistait à y voir une injonction une injonction à la

    Conversion et même et même une justification de la contrainte la force et la persécution sont légitimes dès lors qu’il s’agit de rallier les hérétiques à la vraie foi et cette interprétation venait d’être reprise par bossué encore lui aujourd’hui nous sommes tellement nourris de la culture moderne de la tolérance qu’il faut faire

    Un effort pour se rappeler que dans l’univers mental de l’époque et encore au 17e siècle il y avait de fortes raison dans cet univers de justifier la violence missionnaire éviter aux héritiques la damnation éternelle en les obligeant à rejoindre la véritable Église contribuer à la grandeur et à la

    Gloire de l’Église catholique unifier la monarchie sous une foi unique selon le principe un roi une foi une loi Bale n’écrit ni un panflet ni une Sayre mais un traité philosophique qui le conduit à argumenter pied à pied pendant plusieurs centaines de pages de façon à détruire méthodiquement tout argument en faveur

    De la contrainte en matière religieuse deux principe guide sa réflexion premièrement il est impossible impossible de trancher sur le plan de la raison la question de la vérité religieuse celle-ci ne relève que de la foi je le cite il est impossible dans l’état où nous nous trouvons de

    Connaître certainement que la vérité qui nous paraît entre parenthèses je parle des vérités particulières de la religion et non pas des propriétés des nombres ou des premiers principes de métaphysique ou des démonstration de géométrie donc que la vérité qui nous paraît est la vérité absolue en matière religieuse il est impossible de

    Démontrer qu’une religion est plus vraie qu’une autre c’est une proposition qui est extrêmement radicale le second dans le contexte théologique évidemment de l’époque le second principe non moins important non moins important pardon est l’obligation morale pour chaque individu de suivre ce que lui dicte sa conscience

    Je cite encore la première et la plus indispensable de nos obligations est celle de ne point agir contre l’inspiration de la conscience il est non seulement illégitime mais par surcroix totalement inefficace dit Bale de prétendre convertir quelqu’un par la contrainte cela ne peut faire que de faux converti des hypocrites ou des

    Martyres et la conséquence de ce double principe est un éloge du pluralisme religieux les religions n’ont pas à disparaître elles sont importantes sous l’angle de la foi et il importe de respecter les droits de la conscience individuelle mais elles doivent coexister pacifiquement dans le respect mutuel aucune ne pouvant prétendre

    Exercer un monopole de la vérité je cite un passage assez long vous avez sous les yeux il n’y a pas diton de plus dangereuse peste dans un état que la multiplicité des religions car cela met en dissension les voisins avec les voisins les pères avec les enfants les

    Maris avec les femmes le prince avec ses sujet je réponds que bien loin que cela fasse contre moi c’est une très forte preuve pour la tolérance car si la multiplicité des religions nuit à un état c’est uniquement parce que l’une ne veut pas tolérer l’autre mais engloutir

    Par la voix des persécutions in prima Mali laab c’est là l’origine du mal si chacune chacune des religions avait la tolérance que je soutiens il y aurait ce passage est fondament fondamental il y aurait la même Concorde dans un état divisé en 10 religions que dans une ville où les diverses espèces d’artisans

    Sentre supporte mutuellement tout ce qui pourrait y avoir ce serait une honnête émulation à qui se sign à qui plus se signalerait en piété en bonne MEUR en science la critique de l’intolérance conduit ainsi à un éloge de la diversité de la bigarure écrit Bale d’une émulation vertueuse entre les religions

    Qu’il compare dans le passage qui suit celui qu’on vient de lire un concert où l’harmonie de plusieurs voix et instruments différents et plus agréable dit-il que l’uniformité d’une seule voix béarure ou uniformité voilà la question du pluralisme ouvertement posé alors l’originalité de Bale a été souvent remarqué mais elle a été très

    Fortement soulignée par le philosophe allemand contemporain Reiner Forst qui a consacré un livre important à l’histoire des conceptions occidentales de la tolérance il invite à distinguer nettement deux traditions intellectuelles la première remonte au 16e siècle et a servi de fondement aux édit de tolérance qui visaiit à mettre

    Fin aux guerres de religion en imposant la force pacificatrice de l’État dans cette perspective qui était porté en France par ce qu’on appelle les politiques par exemple le chanselier Michel de l’hôpital et bien la tolérance consiste à autoriser pour assurer la paix civile des croyances que par ailleurs on réprouve que l’on condamne

    Que l’on considère comme fausse mais qu’il est préférable de tolérer tolérer à la façon dont on supporte un mal dont on ne peut se débarrasser cette conception ne s’accompagne il faut bien le noter d’aucune reconnaissance c’est juste une permission donnée par la monarchie au nom de la raison d’État c’est cette

    Conception de la tolérance minimale en quelque sorte qui explique que la notion et eu longtemps mauvaise réputation comme si elle était une vertu un peu honteuse presque une sorte de faiblesse vous connaissez sans doute la mauvaise blague de Paul Claudel qui disait la tolérance il y a des maisons pour

    Cela Bale pour sa part est un des principaux théoriciens d’une autre conception de la tolérance qui est issue des milieux protestants néerlandais de la fin du 17e siècle et qui met en avant non plus la raison d’État mais la liberté de conscience il ne s’agit pas seulement de

    Tolérer des religions hérétiques au nom de la paix civile comme un moindre mal mais d’affirmer le principe supérieur de la liberté individuelle alors la lettre sur la tolérance écrite par John Locke durant son exil en Hollande et publié à son retour en Angleterre en 1689 au moment de la Glorieuse Révolution et souvent

    Présenté comme le grand manifeste philosophique de cette théorie libérale de la tolérance mais Bale en réalité va plus loin que John Lock parce qu’il étend la tolérance aux Ath alors que L S refuse très explicitement pour lo comme pour beaucoup d’auteur des lumières après lui une croyance au moins

    Minimale en Dieu est nécessaire pour assurer que les individus se comportte moralement et qu’il respectent leurs engagements les uns envers les autres Bale en revanche avance l’hypothèse d’une société datée vertueuse c’est la grande hypothèse de Bale une société daté vertueux est possible il pousse ainsi jusqu’à sa dernière logique la

    Séparation radicale de la foi pure question de conscience individuelle et de la morale fondé sur la raison qui repose sur les principes universelle de la lumière naturelle accessible à tous sans qu’il y ait besoin de craindre la justice divine il faut prendre la mesure de l’audace de cette pensée dans cette

    Toute fin du 17e siècle audace qui a valu à Bale d’être très durement attaqué non seulement bien sûr par ses adversaires catholiques mais aussi par les théologiens protestants notamment par son ancien ami Pierre jurieux et d’ailleurs en 1693 on lui retire sa chair à l’université de Rotterdam Bale a payé

    Son audace et sa liberté intellectuelle d’une grande solitude mais Bale aussi il faut le noter se distingue de la conception de Voltaire telle que nous l’avons vu la semaine dernière au sens où il ne cherche jamais à se moquer des religions à les tourner en dérision ou à les réduire à la

    Superstition la sincérité de la croyance l’autorité l’authenticité de la foi lui paraisse hautement respectable c’est justement en leur nom qu’il défend la tolérance celle-ci n’exige pas seulement de voir en l’autre un semblable comme si les différences confessionnelles n’étaient que superficielles mais de reconnaître l’autre comme différent et de

    Reconnaître sa foi différente comme tout aussi authentique et sincère que la sienne et donc tout aussi respectable la ance n’est ni l’autorisation politique de l’erreur ni la négation de la diversité religieuse au nom de la raison universelle mais une véritable politique de respect mutuel et de réciprocité alors vous le savez sans

    Doute les spécialistes non’ont cessé de débattre pour identifier quelle était au fond la véritable position de Bale sur le plan religieux et philosophique dire c’est à ça que servent les spécialiste quel était que pensait vraiment pierre Bell était-il un sceptique était-il un athé spinosist déguisé était-il un authentique calviniste voir un

    Calviniste libertin selon la formule oxyorique du berbost qui traduit bien l’embarras des chercheurs à l’égard de cet auteur à la fois radicalement critique de tout dogmatisme et intimement attaché à sa confession on peut aussi insister sur l’ inquiétude profonde de Bale quant à la nature humaine et notamment sur la

    Capacité des individus à agir en fonction de leur croyan et de leurs principes ce fond de noirceur que Bertrand Binoche a souligné et qui fait de Bale un auteur bien plus pessimiste qu’il n’y paraît à travers ce que je viens de vous dire alors plutôt que d’entrer dans ces débats sans fin je

    Voudrais souligner un autre point plus rarement relevé le fait que Bale inscrit cette apologie de la tolérance dans un horizon cosmopolite celui d’une ouverture au monde nonchrétien ou peut-être faudrait-il dire plutôt c’est mon hypothèse qu’il est conduit par la logique même de l’éloge de la pluralité confessionnelle à envisager la

    Question de la tolérance à l’égard des religions noneopéennes dans une logique de réciprocité non seulement je vous l’ai dit la tolérance est élargie aux Ath et encore une fois c’est une rupture fondamentale mais elle est aussi élargie aux juifs et aux musulmans et en ce sens elle est véritablement universelle belle

    Va jusqu’à imaginer des missionnaires musulmans envoyé en Europe et il défend l’idée qu’il faudrait les accepter ah c’est intéressant ça l’argument est double premièrement celui de la réciprocité enfin principalement je vais insister sur celui-là sinon ça va nous mettre l’argument principal est celui de la réciprocité car si les chrétiens

    Persécutaient des missionnaires Turcs à Paris il n’aurait pas à se plaindre que les chrétiens soient attaqués en Chine ou au Japon lisons ce passage ainsi s’il prenait fantaisie au mufti d’envoyer en chrétienté quelques missionnaires comme le pape en envoie dans les Indes et que l’on surpris ces missionnaires Turcs

    S’insinuant dans les maisons pour y faire le métier de convertisseur je ne pense pas qu’on fut en droit de les punir car s’il regardaent les mêmes choses que les missionnaires chrétiens car s’il répondaent les mêmes choses que les missionnaires chrétiens répondrait dans le Japon en pareil cas savoir que

    Le Zè de faire connaître la vraie religion à ceux qui l’ignor et de travailler au salut de leur prochains dont il déplorent l’aveuglement les a engagé à venir faire part de leur lumière leur lumière lumières sont aussi de ce côté-là et que sans sans avoir égard à

    Cette réponse ni les ouir dans leur raison on les pendit ne serait-on pas ridicule de trouver mauvais que les Japonais en fistutant voyez c’est le principe de réciprocité qui pousse cette idée de tolérance jusqu’à une idée qui dans la France l’Europe de la fin du 17e siècle pouvait paraître totalement provocatrice

    Et paradoxale l’idée que des envoyés des missionnaires musulmans en yé par les Turcs devait être accueilli en Europe alors belle développe d’autres arguments en faveur de sa t je je passe je remarque une chose c’est que B a formulé jeis insister sur une chose c’est que B a formulé des questions qui

    Ont après lui traversé tout le 18e siècle dès lors que la raison a pris la place de la religion pour fonder la morale commune et régler les comportements sociaux quelle place faut-il il faire dans l’ordre social aux religions faut-il les considérer comme dangereuses et inutile fondamentalement indissociable de la superstition et du

    Fanatisme ce sera la réponse des matérialistes conséquents comme dolbach faut-il les épurer de leur dogme pour n’en garder que la base commune celle d’une morale universelle c’est la tradition qui mène du déisme à ce que quant appelle la à la fin du siècle la religion dans

    Les limites de la SA de la simple raison qui le titre de son livre de 1793 ou encore faut-il faire une place à la foi et aux religions révélé mais en les séparant totalement de l’ordre social et comment cela celui-ci sera-t-il régulé dès lors que la religion n’en assure

    Plus la cohésion par les meurs par l’opinion par le droit ou par le commerce alors toutes ces questions sont au cœur des débats des lumières mais je voudrais suivre aujourd’hui une une autre piste celle que nous avons vu s’ouvrir à l’instant chez Pierre Bell lorsqu’il évoque les missionnaires Turcs

    En Europe ou la semaine dernière chez Voltaire l’hypothèse est la suivante l’idéal de tolérance qui implique la reconnaissance de la pluralité et de la pluralité légitime des confessions religieuses ruin les fondements de l’universalisme chrétien c’est entendu à la fois comme idéal d’unité eclésiale et comme ambition missionnaire mais ce faisant il ouvre

    Sur une autre question celle du cosmopolitisme c’est-à-dire des liens qui peuvent ou doivent s’instituer au-delà des frontières confessionnelles culturelles et politiques habituelles sur la foi non plus sur la base pardon non plus d’une foi unique mais d’une commune humanité alors le cosmopolitisme a une histoire ancienne sur le plan de

    L’histoire des idées ou de la philosophie on considère souvent qu’il trouve ses racines dans la philosophie hellénistique chez les cyniques d’abord avec Diogène puis chez les stoïciens c’était à l’origine une pensée contestataire qui s’opposé à l’évidence de la cité comme lieu d’enracinement de la vie politique et culturelle vous vous souvenez peut-être

    Que dans l’universalisme romain dont nous avions parlé en décembre du moins tel que Claudia Moati le décrit le cosmopolitisme stoïcien joue un rôle important notamment à travers Cicéron en définissant l’homme par la raison et non par l’ethnicité mais cette perspective a été par la suite à la fois absorbé et effacé

    Par l’universalisme chrétien n’est donc pas surprenant de voir ressurgir la question du cosmopolitisme au 18e siècle comme ressource pour refonder un horizon universaliste il s’agit dès lors de fonder la morale non sur une cohésion nationale patriotique ou culturelle mais sur une perspective véritablement mondiale celle du citoyen

    Du monde autrement dit adopter un point de vue cosmopolite implique de poser désormais les questions morales ou politiques à l’échelle de l’humanité alors il y a dans le cosmopolitisme bien entendu un double mouvement comme l’a rappelé le philosophe ganéen Kame Apia premièrement il faut reconnaître que nous avons des obligations envers

    Tous les autres êtres humains au-delà des liens de parenté d’amitié ou de nationalité en cela le cosmopolitisme est bien un universalisme il déjoue les frontières recherche l’ouverture et la réciprocité ensuite c’est le second mouvement il manifeste un intérêt pour la diversité des cultures pour la pluralité des pratiques et des croyances

    Qui donnent un sens à la vie humaine cet universalisme n’est donc pas une abstraction ni un désir d’unification mondiale mais plutôt une façon d’affronter la vérité des autres selon la belle formule du sociologue r Beck c’est-à-dire de répondre au défis posés par l’altérité alors voilà qui peut pas

    Paraître un peu général et même légèrement anachronique d’autant que je viens de citer un philosophe et un sociologue contemporain pourtant il n’en est rien le succès de l’idéal cosmopolite au 18e siècle qui est bien réel est ancré dans les transformations concrètes de la mobilité et des sociabilités comme l’a abondamment

    Montré daniel Roche notamment dans son grand livre humeur vagabonde les sorts des routes et des transports qui facilite les voyages la vogue du Grand Tour européen le développement des métropoles comme Paris et Londres alimenté par l’arrivée de provinciaux et par l’accueil des étrangers mais aussi les réseaux des académies savantes le

    Développement de la presse périodique qui apporte des nouvelles de l’Europe et même du monde et bien sûr la franc maçonnerie et son réseau de loge à la fin du siècle on compte plusieurs centaines peut-être plusieurs milliers de de de loges en Europe mais on en trouve aussi en Amérique dans les

    Colonies par exemple aux Antilles et dans les grands ports méditerranéens du Levant fréquenté par les voyageurs et les marchands européens elle porte avec elle un idéal fraternel et transnational qui permet de parler d’une république universelle des fran-maçon c’est l’expression même si cet universalisme trouve ses limites comme l’a montré pierre bourpère quand

    Il s’agit d’accepter les Juifs les femmes ou les personnes de couleur il reste il reste que le succès considérable de la franc-maçonnerie dans la 2uxe moitié du siècle témoigne de l’enracinement de cet idéal cosmopolite fondé sur la pratique du voyage vous savez que les loges servent très souvent à accueillir des voyageurs

    Elles sont de ce point de vue-là un réducteur d’altérité donc fondé sur la pratique du voyage sur la curiosité pour la diversité et sur un idéal de sociabilité affranchi ou partiellement affranchi des contraintes traditionnelles des sociétés d’ordre plus généralement l’Europe du 18e siècle est marquée par le passage de

    Société locale où la mobilité était une exception à des sociétés plus ouvertes des sociétés en mouvement comme disait daniel Roche qui écrit aussi ceci les grands philosophes des Lumières ont pensé la modernité comme le passage d’une situation dominé par des communautés relativement fermées sur elles-même à une époque de passage de

    Communautés relativement fermé sur elles-même à une époque universelle celle des mondes indépendants interdépendants du fait de l’action du commerce et de l’action des valeurs éclairées fin de la citation de Daniel Roche le commerce international tel que nous l’avons rencontré à partir de Voltaire la semaine dernière n’est qu’un

    Des éléments de cet élargissement et de cette accélération des formes de l’échange qui touche tous les domaines de l’activité par la 2è moitié du 18e siècle le mot même cosmopolite alors le mot cosmopolite on peut le chercher dans les dictionnaires il est absent de la première édition du Dictionnaire de l’Académie en

    1694 il fait son apparition dans le dictionnaire de tréous en 1721 pour désigner je cite un homme dont tout le monde et la V ou la patrie je suis un cosmopolite c’est-à-dire un citoyen de l’univers 1721 et puis progressivement le mot en français prend un double sens celui de

    Citoyen du monde donc celui qui se trouve bien partout émanciper des communautés locales mais aussi progressivement le sens d’un homme sans attache qui donc n’aime rien ni personne comme l’écrit Rousseau tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d’aimer ses voisins dans la 2e moitié du 18e siècle la figure du cosmopolite

    S’oppose de plus en plus en bien ou en mal à la figure désormais valorisée du Patriote quand le mot entre dans le Dictionnaire de l’Académie en 1762 c’est avec cette signification cosmopolite celui qui n’adopte pas de patrie un cosmopolite n’est pas un un bon citoyen cette ambiguïté est très présente par exemple

    Dans le roman de Fougeré de monbron un roman qui étaitent formidable mais qui été un peu oublié maintenant qui s’appelle le Cosmopolite ou le citoyen du monde il y a eu pourtant vous le voyez une réédition relativement récente roman qui met en scène une figure ambivalente de voyageurs revenus de tout

    Ayant connu tous les pays qui est chez lui partout mais d’ de lieu nul de lien nulle part et qui termine singulièrement désabusé spectateur cynique de l’universelle bêtise humaine je cite un passage du roman je suis un être isolé au milieu des vivants l’univers est pour moi un spectacle permanent où je prends

    Mes récréation gratis et je regarde les humains comme des battleurs qui me font quelquefois rire quoi que je ne les aime ni ne les estime didro appelit d’ailleurs Fougeret l’homme au cœur velu et il a peut-être pris comme modèle pour son neveu drameau alors le Cosmopolite est-il nécessairement misanthrope en

    Tout cas c’est le danger qui le guettete en s’affranchissant des préjugés et des communautés naturelles il prend le risque de se couper paradoxalement de ce qui fait l’humanité les liens affectifs avec ses semblables alors il est vrai que d’autres auteurs en revanche vont affirmer la valeur et la grandeur de

    L’idéal cosmopolite notamment dans dans le cadre politique et géopolitique lorsqu’il publie en 1795 son traité vers la paix perpétuelle Emmanuel Kant affirme l’existence même d’un droit qu’il appelle cosmopolitique c’est-à-dire distinct à la fois du droit civique des droits nationaux et du droit des gens qu’on appelit le droit des gens

    C’estd fa le droit international ce droit cosmopolitique sans lequel la paix mondiale est impossible considère les individus je cite qu comme les citoyens d’un état universel des hommes un état qui évidemment n’existe pas comme entité politique mais qui repose sur l’existence d’un seul monde un monde commun au sein duquel il s’agit de

    Favoriser les relations mutuelles entre les différentes parties afin d’avancer l’unité di quante du genre humain et le principe premier de ce droit cosmopolitique et bien Kant nous dit que c’est celui de l’hospitalité universelle c’est-à-dire selon quant le droit et je cite le droit pour l’étranger à son arrivée sur le

    Territoire d’un autre à ne pas être traité en ennemi ce qu’il appelle aussi le droit de visite et qu’il prend bien soin de distinguer des entreprises coloniales européennes qu’il condamne fermement vous voyez que l’universalisme cosmopolite des lumières n’est pas totalement inactuel du moins il faut le souhaiter je reviendrai sur sur cette

    Question du cosmopolitisme juridique dans une prochaine séance c’est un sujet considérable je voudrais aujourd’hui garder le cap qui est le mien dans cette séance en m’arrêtant sur ce qui est à mes yeux le grand manifeste de la tolérance cosmopolite du 18e siècle c’est-à-dire la pièce de Lessing Nathan le

    Sage en Allemagne après avoir été censuré au 18e siècle Nathan le Sage est devenu un symbole de la hclerong tout au long du elle a été jouée tout au long du 19e siècle quoi que sous une forme un peu édulcorée elle a été interdite en 1933 par les

    Nazis qui ne supportaiit pas une pièce dont le principal le personnage principal et positif était juif symbole de la défaite du Reich la pièce fut jouée en décembre 194 en septembre 1945 dans Berlin en ruine pour la réouverture du Deutsch Thater et elle est restée depuis un texte phare de la

    Littérature allemande ainsi qu’un classique scolaire en France en revanche les sigles restent méconnus et Nathan le Sage n’a été représenté sur scène pour la première fois qu’en 1987 plus de de siècles après avoir été écrit par lesing donc c’était un jeune Villier avant d’accéder aux honneurs d’Avignon et de la Comédie Française 10

    Ans plus tard et vous voyez très tard alors puisque la pièce n’est pas si bien connue du public français quelques mots pour vous en résumer l’intrigue l’histoire se passe à Jérusalem au 12e siècle donc pendant la 3e croisade et met en scène un riche Mar un riche

    Marchand juif Nathan donc qui élève sa fille racha celle fille celle-ci est sauvée d’un incendie par un templier c’està-dire un chevalier chrétien qui vient lui-même d’être gracié par Saladin figure de souverain musulman éclairé qui a été troublé par la ressemblance entre ce soldat chrétien et son propre frère

    Décédé je ne vous raconte pas toute l’histoire je vais directement au cœur de la pièce je raconterai tout à l’heure le dénouement un peu un peu divulgaché bon c’est pas grave je vais directement pour l’instant au centre de la pièce c’està-dire à l’acte 3 moment où se trouve l’épisode le plus célèbre

    Nathan est convoqué par Saladin qui a besoin d’argent mais qui décide d’abord de le mettre à l’épreuve en lui demandant de dire au nom de la sagesse qu’on lui prête quelle est la véritable religion parmi les trois monothéises épisode très ça c’est l’épisode célèbre de la pièce Nathan qui est sage donc

    Flire tout de suite le piège bon il y a embrouille Saladin à beau être très tolérant et éclairé serait quand même assez imprudent de lui vter la supériorité du judaïsme sur l’islam alors il réfléchit il est un peu embêté il demande un temps de réflexion et puis

    Il s’en sort il s’en sort en racontant un compte qui est évidemment une parabole c’est l’histoire d’un vieil homme qui possédait une bague magique qui décida de la léguer à son fils préféré qui devait lui-même la léguer à son fils le plus méritant et ainsi de suite et au bout de quelques générations

    Un père incapable de choisir entre ses trois fils tous aussi aimable et vertueux décide de faire fabriquer deux faux anneaux absolument semblables au premier et d’en léguer un à chacun de ses fils en lui assurant qu’il s’agit du vrai ce qui enclenche dès sa mort de terribles conflits entre les trois

    Frères qui avaient beau être aimable et vertueux et s’aimit beaucoup les uns les autres commence à se disputer chacun étant évidemment certain que ses deux frères sont dans l’erreur voire qu’ils sont des imposteurs puisque il est le seul véritable possesseur de l’anneau bon entre nous c’est une parenthèse c’est terrible erreur psychologique de

    La psychologie paternelle bon ça c’est une autre question mais enfin ça partle de bonnes intentions enfin c’est vraiment pas le truc à faire bon alors vous aurez reconnu que le thème n’a pas été inventé cette histoire des Trois Contes vous le savez sans doute n’a pas été inventé par les signes

    Puisquil a reprend hein d’une histoire d’une nouvelle du Decameron de Bocas alors à vraid d’ailleurs ce compte compte des trois anneaux chez Bocas a lui-même une histoire plus ancienne puisqueon la retrouve comme métaphore de la tolérance et comme l’a montré Maurice crigel dans plusieurs textes juifs en

    Espagne au 14e siècle mais bon je ne me lance pas dans une enquête philologique sur les origines de cette parabole ça nous entraînerait trop loin surtout beaucoup trop loin de mes compétences et c’est seulement l’occasion de rappeler une fois de plus que les écrivains des lumières même lorsqu’ils innovent ne le

    Font jamais ex niilo mais à partir d’autres traditions intellectuelles et culturelles ici celle des lumières médiévales oui ça existe et de même qu’il existe des tradition noneuropéenne de la tolérance par exemple en Inde et une citation que formule frappante d’ martiaine que j’aime bien cité Giordano

    Bruno fut brûlé pour hésie sur le Campo des hiiori à Rome en s alors même qu’Akbar s’exprimer sur la tolérance à Agra bon alors c’est une parenthèse revenons revenons à Lessing chez Bocas l’anneau était simplement un objet précieux dans Nathan le Sage il est en outre doté d’un pouvoir magique celui de

    Rendre aimable celui qui le porte ce qui a évidemment une conséquence importante car s’il est impossible de distinguer les anneaux entre eux on peut essayer de prouver leur pouvoir en agissant vertueusement et en se faisant aimer des autres autrement dit comme le relève Philippe Zard dans son livre de chilock

    À sinoc et c’est sur les judaïsmes apocryphes le conflit entre les trois monothéismes n’est pas une controverse n’est plus une controverse théologique ou métaphysique portant sur le sur l’antériorité ou la vérité il devient l’enjeu d’une émulation morale éthique les religions ne sont plus fondées sur

    L’ iité de la révélation ni même sur la sincérité de la foi intérieure comme chez Bale mais elles ne sont pas non plus insignifiant ou absurde comme chez Voltaire à forceorie chez les auteurs matérialistes elles sont jugées sur leur capacité à susciter des comportements vertueux ou plutôt éthique puisque la

    Vertu est définie désormais dans le rapport aux autres il ne s’agit pas de plaire à Dieu mais de se faire aimer des hommes la vertu est totalement sécularisée ceux qui compte c’est la façon dont les dont les religions contribuent à l’œuvre commune d’humanité alors évidemment la question qui se

    Pose que les commentateurs du texte nont cessé de se poser la suivante est-ce que un des anneaux est le bon ou l’anneau authentique s’est-il perdu depuis longtemps alors dans la seconde hypothèse les trois anneaux sont des faux et seul compte la moralité humaine on peut tolérer les religions mais elles

    N’ont aucune prétention à la vérité dans le premier cas c’est un peu différent il y a bien une religion qui possède la vérité mais simplement les humains n’ont aucune possibilité de déterminer laquelle a priori ce qui me paraît moi significatif c’est que les singles laissent cette question ouverte il ne veut pas la

    Trancher il ne l’ignore pas mais il la laisse en suspend et cela correspond parfaitement à ce que l’on sait par ailleurs des hésitations de Lessing qui a souvent reconnu être balloté entre la foi le déisme et le sceptime ce qui ne l’empêche pas d’ailleurs de se lancer à corps perdu dans des polémiques

    Théologiques c’est un grand polémiste les et lui-même a été au cœur d’une des plus grandes controverses de son temps à titre Postume lorsque Jacobi l’a accusé après sa mort d’avoir été secrètement spinosiste suscitant la réaction scandalisée de Mosè Mendelson le grand philosophe juif allemand ami justement

    De lesing et Don tout le monde savait qu’il avait été le modèle de Nathan le Sage or la question de savoir quelle était exactement la position de Lessing sur un plan théologique ou métaphysique là encore comme avec B tout à l’heure à mes yeux est secondaire le recours à la fiction lui

    Permet justement de mettre la vérité en débat sans trancher en évitant tout dogmatisme lui qui a toujours affirmé qu’il préférait la recherche cherche de la vérité à la vérité elle-même il faut donc parler d’un double recours à la fiction car la parabole est un compte à l’intérieur d’une fiction pièce de

    Théâtre c’est en quelque sorte une fiction au carré non seulement l’auteur Lessing laisse placer planer une incertitude obligeant le spectateur à faire un effort d’interprétation mais le personnage Nathan lui-même a recours à la fiction cette fois comme un stratagème une astuce lui permettant d’exprimer son message sans trop

    S’exposer car ici se loge la suprême ironie de Lessing cette parabole où tout le monde veut voir la grande leçon philosophique de la pièce et bien lesessing lui la présente comme une simple ruse vous vous rappelez Nathan était un peu inquiet au moment de répondre à la question de Saladin il se

    Croit perdu à la limite de la panique et puis il se décide en disant et c’est la phrase j’ai ce qu’il faut pour me sauver il n’y a pas que les enfants que l’on nourrit avec des contes la fable est donc une échappatoire elle lui permet de parler

    Au nom de l’universel ni en tant que juif ni en tant que non juif mais au nom d’une sagesse transfigurée en puissance narrative en inventivité fictionnelle l’univers peut bien nous écouter ffaronil avant de commencer son récit en effet seul la fable permet d’énoncer une vérité universelle que chacun est ensuite libre d’interpréter

    Et d’ailleurs Nathan s’en amuse quand Saladin lui dit que le peuple appelle Nathan le Sage il rétor que cette sagesse n’est peut-être que de l’habileté elle n’est peut-être que le sens de son intérêt en ce sens dit-il il ne serait que au fond que Nathan le malin celui qui a fait fortune avec

    Habileté il affirme ainsi une proximité très grande entre l’intérêt marchand et la sagesse ce qui est une façon aussi de tenir à distance le sérieux de la fable et d’ailleurs c’est un point que l’on néglige souvent nathan est un marchand au début de la pièce il est en voyage

    Pour ses affaires et de fait l’argent joue un rôle non négligeable dans l’intrigue en particulier parce que Nathan prête de l’argent à Saladin et c’est ce prê qui cèle leur amitié par la suite ici encore le commerce vous le voyez est au cœur de l’idéal cosmopolite

    Il est la même de l’échange le rapport du juif à l’argent est inversé évidemment par rapport au stéréotypes traditionnels hosyle aux Juifs ici c’est sa richesse qui lui permet d’être utile grâce à sa générosité si la controverse théologique est désormais sans objet remplacé par une fable en revanche le commerce et

    L’argent eux sont bien réels ils créent des liens entre les individus ils sont les vecteurs d’un dépassement cosmopolite des identités é communautaire revenons toutefois à la bague des à la fable des trois bagues les frères désormais en guerre les uns avec les autres ont recours à un juge

    Celui-ci affirme que les bags sont sans doute fausses ce qui fait d’eux des trompeurs trompés bien c c’est pas des imposteurs c’est des trompeurs trompés par ailleurs plus attachés à s’aimer eux-mêmes qu’à se faire aimer des autres mais ici par un retournement inattendu le juge les encourage non pas à

    Abandonner leur bagu sont fauses il pourrait les jeter non mais au contraire à continué à croire en leur pouvoir ah ça c’est ça c’est étonnant si chacun de vous a reçu la bague de son père dit le juge que chacun en toute certitude la tienne pour vraie comment expliquer ce verdict du

    Juge ou ce conseil alors d’abord la pluralité des religion est une vertu peut-être votre père ajoute le juge n’a–il pas voulu tolérer plus long longtemps dans sa maison la tyrannie d’un seul anneau autrement dit mieux vaut trois erreurs qu’une vérité unique ah c’est pas tout à fait l’idée qu’on a

    Habituellement de l’épistémologie des lumières c’est intéressant mieux vaut trois erreurs qu’une vérité unique surtout chaque frère est invité à rivaliser de vertu et de tolérance pour prouver qu’il a la vraie bague c’est l’idéal d’émulation éthique que j’ai déjà souligné mais il y a plus les religions ne se définissent plus par le

    Rapport transcendant à la vérité mais par leur mode de transmission par le lien historique qu’elle constitue entre les génération ainsi il y a une rationalité à rester fidèle à la religion de ses ancêtres à condition bien sûr d’en faire une base de tolérance et de lumière sans prétendre

    Au monopole sur la vérité comme le dit Nathan à Saladin comment croirais-je moins mes pères que toi les tiens ou inversement lexing suggère ainsi que chacun est légitime à rester fidèle à sa religion à celle qui lui a été transmise du moment qu’il n’en conserve que ce qui le fait

    Agir dans le bien commun la critique de l’intolérance aboutit à l’éloge du pluralisme et d’ailleurs Saladin insiste sur cette diversité dans le discours qu’il tient au Templiers il dit chrétien au musulman n’importe en manteau blanc ou en caftant avec un turban où Ton Couvrechef comme tu voudras je n’ai

    Jamais je n’ai jamais exigé que tous les arbres eussent la même écorse tel est le vrai sens du cosmopolitisme non pas l’uniformité mais la reconnaissance de la diversité toutefois ce n’est pas le dernier mot de Lessig qui affirme aussi la nécessité d’échapper à sa communauté de se libérer des préjugés dont on a

    Hérité il ne suffit pas pour cela d’en prendre conscience d’en faire la critique ni même de s’en moquer car déclare le templier et j’adore cette phrase ils ne sont pas tous libres ceux qui rient de leur chaînne et c’est une phrase qui montre que les auteurs des lumières étaient

    Tous sauf naïfs quant aux capacitud aux capacités des individus à s’affranchir des traditions par le seul effet de la critique rationnelle ils ne sont pas tous libres ceux qui rient de leur chaîne comprenons beaucoup de ceux qui prétendent être éclairés et émancipés qui jouent qui joue les a franchi comme

    On dit ils ne peuvent s’empêcher au fond d’éprouver de l’orgueil et de mépriser les autres il faut donc aller plus loin il faut refuser cette pieuse folie qui s’imagine avoir un dieu meilleur et de fait dans la pièce le seul personnage qui adhère complètement à son identité religieuse c’est le patriarche un

    Personnage ridicule méchant qui est l’ennemi juré de de Nathan celui-ci au contraire Nathan affirme au templier ceci ni vous ni moi n’avons choisi notre peuple qu’est-ce que cela veut dire peuple le chrétien et le Juif sont-ils chrétiens et juif avant d’être homme et il se réjouit d’avoir trouvé dans son interlocuteur dit-il un

    Homme de plus à qui il suffit de s’appeler homme cette dynamique cette dynamique qui pousse pour presque dire cette dialectique qui pousse à s’affranchir des différences sans les renier tout à fait et bien elle trouve une traduction une traduction proprement dramaturgique à la fin de la pièce à

    Travers un coup de théâtre sur le modèle tout à fait classique des scène de reconnaissance au théâtre puisqu’on apprend que le templier est en réalité ah j’avais dit que j’allais div vu gâer bon on apprend que le templier est en réalité fermez les oreilles si vous voulez pas savoir le templier est en

    Réalité le neveu de Saladin et que racha la fille adoptive de Nathan et sa sœur bon c’est un peu forcé on est d’accord derrire la diversité religieuse ça qui est important derrière la diversité religieuse apparente les liens familiaux réels révèlent l’existence d’une humanité commune seul Nathan reste sans famille

    Mais il est justement celui qui a permis les retrouvailles il est celui qui assure non seulement la tolérance mais aussi la circulation cosmopolite le franchissement des frontières communautaires en étant l’ami de tous alors arrivé à ce stade celui de l’amitié comme fermant du cosmopolitisme je voudrais comme la semaine dernière

    Évoquer une lecture du 20e siècle alors il ne s’agira pas cette fois d’auerb mais d’une autre exilée allemande ayant fui elle aussi le nazisme Anna arent celle-ci en 1959 était de retour en Allemagne pour recevoir le Prix Lessing que lui attribuait la ville de Hambourg et elle prononça un discours d’hommage à

    Lesessing intitulé men in dark times don vous trouverez une traduction sous le titre de l’humanité dans de sombres temps dans le recueil vie politique publié en 1974 aux éditions galimar c’est un texte c’est un texte magnifique d’une très grande force dans lequel Anna arent réfléchit sur ce qu’est sur ce qui

    Est à ses yeux la grande leçon morale et politique de Lessing son sens spécifique de l’humain fondé sur dit-elle une politique de l’amitié pour le comprendre il faut dit à rent distinguer l’amitié de la fraternité celle-ci la fraternité repose sur la compassion et la compassion est un affect une passion

    Infraapolitique et même dangereuse parce qu’elle conduit un égalitarisme extrême qui repose sur l’identification le problème de la compassion lorsqu’elle programme l’ lorsqu’elle proclame l’égalité à l’échelle de l’humanité en général c’est qu’elle est trop teintée de sentimentalité et peut facilement dériver en terreur c’est pense à rent ce qui est arrivé pendant la Révolution

    Française lorsque l’humanitarisme de la pitié pour les malheureux l’a emporté sur le sens de la justice c’est la thèse d’arent la pitié nourrit dit-elle une forme d’enthousiasme elle réduit l’humanité au biologique à la vie nue elle ne respecte pas suffisamment ce qu’il y a d’altérité en l’autre l’amitié en revanche c’est

    L’affirmation d’un lien entre les étrangers entre des personnes qui reconnaissent leur différence mais qui veulent la dépasser dans la conversation par la parole contre la fraternité cette fusion sentimentale de deux semblable l’amitié et la volonté de construire un monde commun par-dà les différences or l’amitié c’est le grand motif en réalité

    De la pièce de Lessing Nathan ne cesse de demander à tous ceux qu’il rencontre d’être ses amis or comment se construit cette amitié par la parole par la conversation mais aussi par la controverse par la recherche d’une vérité toujours fuyante car voici la condition qui permet l’amitié entre les

    Hommes le fait que la vérité soit insaisissable si bien qu’elle nourrit toujours le débat et la discussion Lessing je vous l’ai dit tout à l’heure a toujours proclamé que la recherche de la vérité était préférable à la vérité elle-même mais cette limitation de la raison humaine est justement justement

    Ce qui rend l’homme humain et les sing nous dit anarent était heureux de sacrifier la vérité à l’amitié et au dialogue je la cite la grandeur de lesing ne consiste pas seulement dans la vue théorique qu’il ne peut y avoir de vérité humaine en ce de vérité unique en

    Ce monde humain mais dans la joie qu’elle n’existe point et qu’ainsi le dialogue infini des hommes entre eux ne puissent avoir de cesse alors c’est très beau comme l’a remarqué Adam scliff il est possible que arent exagère les différences culturelles et religieuses entre les personnages de la pièce en faveur de son interprétation

    Alors que ces différences n’ont en réalité guerre de véritable consistance Nathan par exemple dit Adam scliff la référence ici est un juif si peu juif une idéalisation vide dont la judaïté est peu caractérisée il est défini par sa sagesse mais au fond ce n’est pas une sagesse juive c’est une

    Sagesse universelle et d’ailleurs de sa fille Recha il dit on est dit on dit dans la pièce il l’a instruite de Dieu tout autant qu’il suffit à la raison C Cliff va jusqu’à penser que cette idéalisation qui fait de la figure de Nathan une sorte d’idéal surhumain un

    Modèle inatignable de sagesse est en quelque sorte un cadeau empoisonné fait aux Juifs au fond les siges leur leur impose s’ils veulent se montrer dignees de Nathan de se fondre dans cet universalisme éthique au au au au au préjudice au détriment de leur spécificité de leur histoire de leur

    Croyan là où arent voit dans la pièce un éloge de l’amitié un viatique humaniste pour les sombres temps scliff il perçoit plutôt une sorte de ruse de la raison éclairée l’auteur le plus philosémite de son temps Lessing en faisant d’un personnage juif l’incarnation de la tolérance et de la sagesse produit un

    Plus alisme théorique et fictif qui lui évite de penser une véritable reconnaissance de la diversité alors ce sont les questions sur lesquelles nous reviendrons lorsque nous aborderons la question de l’émancipation des Juifs sous la Révolution française qui pose précisément cette question vous le savez du lien entre égalité civique et

    Reconnaissance de la différence mais ce que ce ce parcours nous a montré je crois c’est que l’universalisme cosmopolite des lumières doit toujours négocier la question du pluralisme son mouvement est celui d’un rapprochement fondé sur la raison et le désir de paix mais la reconnaissance mutuelle implique

    Que l’écart ne soit pas trop grand et par ailleurs il suppose comme chez Nathan une grandeur d’âme peu commune le cosmopolitisme est une voix difficile un Paris élitiste et sélectif une utopie peut-être et Lessing lui-même en était bien convaincu il serait est totalement erronné de voir en lui un doux rêveur un

    Idéaliste un optimiste foncier il a écrit Nathan le Sage en 1779 quelques mois avant sa mort en février 1781 ce n’était pas pour autant un vieil homme il n’avait que 50 ans mais il était affaibli et même désespéré par la mort en couche de sa femme l’année précédente qui avait laissé

    Inconsolé c’est peut-être aussi une des raisons pour laquelle l’humanisme optimiste de les SIG dans Nathant le sage cette volonté de ne pas désespérer de l’humain nous touche particulièrement nous aimeux même d’autant qu’elle se voileent parfois d’une vision beaucoup plus tragique du monde au même moment les SIG écrivait deux autres textes

    Importants l’éducation du genre humain et ces dialogues maçonniques tiens revoilà la FrancMaçonnerie dans ces derniers un des personnages herns regrette que l’humanité soit soit toujours nécessairement divisé selon trois lignes de partage irréductible politique d’abord c’est la pluralité la multiplicité des états religieuse ensuiteou du moins linguistique et culturelle sociale enfin en raison des

    Inégalités de fortune la société ne peut réunir les hommes sans les diviser sans creuser des habîmes entre eux sans établir entre eux des barrières c’est une citation ces divisions sont le propre même des des sociétés sont l’envers de la sociabilité humaine mais ces barrières qui ne peuvent être effacé

    Ne sont pas totalement insurmontables ou pas toujours insurmontabl il faut déclare hernst souhaiter qu’il existe dans chaque religion des hommes qui ne croient pas détenir la vérité dans chaque société des individus qui ne s’aveuglent pas aux honneurs et ne méprisent pas les pauvres et enfin dans chaque État des hommes capables de

    Surmonter les préjugés pour déterminer exactement et c’est la phrase de Lessing le moment où le patriotisme cesse d’être une vertu à quoi son interlocuteur répond oui souhaitonsle ardemment je vous remercie je vous dis à la semaine [Applaudissements] prochaine [Musique]

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