Enseignement 2022-2023 : Colonisation et migration
    Séminaire du 19 décembre 2023 : L’exil forcé des enfants de la Réunion (années 1960 et 1970)

    Intervenant :
    Ivan Jablonka, professeur d’histoire contemporaine, université Sorbonne Paris-Nord

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    Chaire Migrations et sociétés
    Professeur : François Héran, Collège de France

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    [Musique] [Musique] alors aujourd’hui nous avons un un sujet difficile douloureux que je tenais à inclure dans cette série sur le lien entre colonisation immigration puisque et en même temps c’est une illustration d’un phénomène assez rare dans l’histoire des politiques migratoires puisque céit ce sont des politiques qui se veulent démographique que la politique

    Migratoire peut être économique elle peut être aussi juridique fondé sur les droits les droits fondamentaux ça existe quand même un peu elle peut être voilà mais il est assez rare dans notre histoire qu’on ait eu une politique migratoire qui se voulait qui prétendait régler un problème démographique on a eu ça en 1927

    Notamment avec la loi naturalisation qui était largement fondé sur l’idée que le déclin démographique de la France pouvait être compensé par une naturalisation rapide des étranger un contexte très différent de celui que nous connaissons aujourd’hui et puis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale Alfred saui alors qu’il ne connaissait

    Pas encore l’ampleur du baby boom il ne la soupçonnait pas du tout avait imaginé de faire venir 7 7 millions d’étrangers avec femmes et enfants des étrangers productif en terme démographique pour combler les trous la pyramide des âges équilibrer les générations et cetera et puis 3è épisode c’est l’idée que B c’est

    Ce que Ivan jablonca appelle la théorie des vases communicquants l’idée que le troplein des département d’outremer devait se déverser dans le désert français au cœur du désert français pour rééquilibrer là encore l’équilibre démographique alors évidemment pour un démographe comme moi qui est dirigé un institut qui avait

    Été fondé par le père de Michel Debray par le professeur Debray ces choseslà évidemment vous interpell profondément et donc je tenais à ce que deux chercheurs ayant vraiment approfondi cette histoire soit présent alors c’est pas exactement le même sujet mais le protagoniste le même c’est Michel Debré fils de Robert ancien

    Premier ministre du général de Gaulle qui est a toujours été toute sa vie hanté par les questions démographiques et qui conçoit d’un côté le transfert forcé des enfants F des pupies de la Réunion et donc Yvan nous expliquera les effectifs et dans quelles conditions s’est effectué ce transfert et puis Sylvain Sylvain

    Paieeux reviendra sur la politique du BUMIDOM de façon générale alors nous avons c’est un cas un peu exceptionnel nous avons deux historiens de professeurs d’histoire qui en même temps sont écrivains aussi chacun à sa manière vous connaissez évidemment les grands livres de d’Ivan jablonca il y a eu un livre sur

    Jeunet les aspects un peu inavoables de la pensée de Jean Jeunet il y a eu Letitia qui est un livre une puissance extraordinaire il bien sûr les grands-parents que je n’ai jamais connu bon vous connaissez tout ça puis tout récemment le livre sur Jean-Jacques Goldman mais chacun de ces livres

    Tout en étant traversé par une vision forcément subjective de l’histoire s’appuie sur une documentation extrêmement riche et c’est l’équilibre entre les deux aspects qui m’a toujours fasciné dans le le travail d’Ivan jablanca alors syvin patiieu vous vous avez fait des romans vous êtes intéressé également à l’histoire social du

    Tourisme vous avez travaillé sur plusieurs sujets vous êtes actuellement plutôt je crois forme des étudiants dans un master de d’étude littéraire ou de d’art littéraire je sais pas comment vous de création littéraire voilà pardon voilà mais vous êtes évidemment d’abord et fondamentalement un historien comme on voit bien le mesurer dans un

    Instant donc je cède la parole avec Ivan Ivan jablonc puis ensuite pendant TR qu d’heure à peu près puis ensuite syvain paattiu prendra le relais merci bonjour je suis très honoré de venir parler à cette tribune dans Le séminaire du professeur eran que je remercie chaleureusement et je voudrais vous-même

    Vous remercier d’être venu nous nous écouter alors je voudrais vous parler ce matin d’un épisode de l’histoire française qui me paraît important et même crucial mais qu’il est pourtant difficile de situer et de replacer dans un contexte satisfaisant de quoi s’agit-il entre 1963 et 1982 la DAS de la Réunion a transféré en

    Métropole 2000 enfants cette opération cette opération était orchestré par Michel Debray qui est un personnage incontournable du 20e siècle français euh compagnon de route du général de Gaulle grand résistant euh premier Premier ministre de la 5e République et qui a détenu par la suite des portefeuilles ministériels de

    Premier plan il nous intéresse ici parce qu’il est devenu en 1963 député de La Réunion après avoir dû quitter euh Matignon à la suite d’un certain nombre de désaccords avec le général parmi lesquels entrait la politique algérienne et l’indépendance du de la future Algérie il a s’agit donc de convoyer ses

    Enfants hein donc des mineurs par avion à 9000 km de leur milieu d’origine pour les confier soit à des institutions soit à des familles d’accueil soit encore à des familles adoptives lesquels étaient disséminés dans plus de 80 départements métropolitains vous savez que il y a il

    Y avait à l’époque un petit peu moins de 100 enfin à peu près 90 entre 90 et 100 départements français donc on peut dire qu’avec 80 départements sollicités c’est la quasi totalité du territoire national qui a accueilli des enfants réunionnés alors ce sont des arguments d’ordre euh social démographique euh et politique

    Qui ont permis de justifier ce transfert en effet disait-on le maintien des enfants dans leur famille et même sur l’île était rendu impossible par l’ampleur de la misère le caractère endémique de la violence et de l’alcoolisme et enfin par la véuseté des établissements sociaux qui auraient pu

    Les accueillir si ils avaient été retiré normalement de leur famille en outre et j’en arrive au cœur ici de notre réflexion démographique en outre la réunion était pensaient les élites locales dans une situation de surpopulation avec une population très jeune sans pratique contraceptive avec un taux de natalité parmi les plus

    Élevés du monde cela aurait pu provoquer une explosion sociale et peut-être mener l’ancienne colonie française sur la voie de l’indépendance en tout cas cette situation a été jugée suffisam menaçante pour que soit organisé en parallèle de cette migration d’enfants une migration d’adultes au cours des années 60 et 70

    C’est une société d’État le BUMIDOM qui a conduit en métropole plus de 37000 travailleurs réunionnés bumidum ça veut dire bureau pour les migrations intéressant les département d’outremè je ne vais pas développer puisque ce sera le sujet de mon collègue Sylvain patiu ce transfert de population d’enfants et d’adultes

    Faisait parti d’un plan beaucoup plus large initié par le même Michel Debray pour sortir l’île de son archaïsme et pour l’amener progressivement au niveau de la métropole sachant que la réunion était théoriquement un département français depuis 1946 donc pour le dire en terme technocratique il s’agissait d’amener la Réunion au même niveau de

    Développement socio-économique que disons la Sarte ou les bouches de rô alors euh les sources sur lesquels je vais m’appuyer ce matin euh c’est d’abord mon livre enfant en exil que j’ai publié il y a quelques années à l’occasion de ce livre j’avais dépouillé euh de nombreuses archives du fond

    Michel Debray euh toute la presse de l’époque et puis surtout ce qui avait été important d’un point de vue historiographique mais aussi émotionnel dois-je le rappeler j’avais eu accès à l’ensemble des dossiers des enfants transférés de la Réunion en métropole euh et c’est j’y reviendrai peut-être une rencontre qui était à la fois

    Historiographiquement importante et émotionnellement bouleversante et puis je me suis aussi appuyé sur le rapport de mon collègue Philippe vital qui est paru en 2018 à la demande de du ministère des domes et qui a apporté des éléments importants pour comprendre mieux cette cet épisode euh vous verrez

    Dans cette dans ce diaporama que je vais vous projeter quand il y a pas de source indiqué c’est que ça vient de mes propres dépouillements et de mon propre livre plus généralement il y a eu trois attitudes de l’État français vis-à-vis de ce transfert d’enfants dans les

    Années 60 et 70 cette migration a été organisée dans la plus grande discrétion dans le plus grand silence dans les années 2000 il y a eu un dénis une dénégation et puis aujourd’hui on peut dire que il y a c’est le moment d’une histoire un petit peu plus apaisée et l’État français a

    Reconnu son action à la Réunion et plus largement dans les départements d’outremer ce qui est intéressant aussi pour l’historien du social et l’historien de la mémoire que je suis c’est que cet épisode constitue comme disait Rousseau et Conan un passé qui ne passe pas il y en a eu d’autres bien sûr

    Au 20e siècle et beaucoup plus grave le régime de Vichi l’occupation le rôle de la France pendant la Choa la guerre d’Algérie mais on peut dire que ici il s’agit tout de même d’un de ces passés qui ne passe pas et je crois que ce n’est pas sans

    Rapport avec les grands débats de notre temps la mémoire de l’esclavage la colonisation les non dit de la décolonisation et enfin le modèle d’intégration français pour parler de cet épisode je vais l’évoquer en trois moments d’abord je vais vous présenter les trois grandes étapes qui ont présidé à ce transfert

    Forcé d’enfants ensuite je vais vous parler du choc métropolitain c’est une expression que j’emploie pour désigner la commotion culturelle que cette migration forcée a représenté pour les enfants enfin j’évoquerai la question de la légalité pour me demander si cette ce transfert était oui ou non légal alors

    Entre 1963 et 1982 donc ce sont près de 2000 enfants qui ont été transféré de force en métropole en trois étapes d’abord les années 60 c’est le transfert qui commence un petit peu en fanfare dans un grand optimisme technocratique ensuite au début des années 70 il y a un

    Un essai de réforme au sein de la DAS de la Réunion et puis à la fin des années 70 c’est le déclin et l’interruption de cette politique l’opération commence en 1963 avec une conjonction de plusieurs facteurs l’élection de Michel Debré à la députation de la Réunion la création du

    BUMIDOM sur laquelle on reviendra dans cette 2e partie de séance et puis plus de manière plus conjoncturelle le rôle du dass de la Réunion c’estàdire le rôle du directeur de la DAS de la Réunion Jean Bart qui va être après son poste à la Réunion qui va être nommé en

    Métropole et qui va donc pouvoir continuer l’œuvre qu’il a commencé sur l’île entre 1963 et 1965 on enregistre 250 départs c’est-à-dire à peu près 15 % du total et plusieurs établissements sont mis à contribution dans l’Oise dans les Pyrénées atlanti ou encore dans l’héros c’est surtout en 1966 qu’intervient le grand tournant de

    L’opération avec ce que j’appellerai le débarquement des enfants en Creuse dans le département de la Creuse ce sont 200 enfants qui partent en une seule année et leur départ est très concentré puisque la quasi-ttalité de ces 200 enfants partent en août et septembre 1966 cette accélération de la politique s’explique par une conjoncture

    Exceptionnelle puisque Jeanbart qui était directeur de la dase de la réunion a été nommé en Creuse et c’est pour ça qu’il a fait venir si je puis dire ses enfants enfin ses pupilles les pupilles dont il s’occupaient nager et bien tout simplement il les a fait venir dans son

    Nouveau département la Creuse ce placement se fait dans la précipitation les enfants sont entassés au foyer de de Gueret avec des matelas par terre enfin dans le plus grand chaos puis ils sont placés chez des cultivateurs locaux euh dé placacements baclés qui sont euh qui sont organisés sans aucune

    Surveillance vous voyez ici un extrait une coupure de presse de de l’époque hein donc il y a d’une certaine manière c’est le gouvernement français ne communique pas comme on dirait aujourd’hui sur ce transfert mais c’est pas non plus un secret et c’est à partir de ces moments-là que naît la théorie

    Des vases communiquants avec ID que il y a un trop plein ici et une déprise là et que tout simplement il va falloir emmener convoyer des enfants et si possible aussi des majeurs depuis les zones de tropelin la Réunion vers les zones où l’exode rural a vidé des

    Régions entières je cite le journaliste s’il est un problème qui tracasse actuellement les élus et l’administration de l’île de la Réunion c’est bien celui de la démographie à l’inverse de notre département qui lui ce dépeuple on le sait à une cadence qui tend à être catastrophique le département français de l’île de la

    Réunion connaît une très forte poussée démographique à la fin euh des années 60 ce transfert forcé d’enfants réunionnais rencontre ces premières difficultés avec des actes de délinquence des dépressions des internements ou encore des tentatives de suicide et c’est ce qui explique que euh devant la réticence des départements de métropole euh déjà

    Sollicité le la dase de la réunion doit opérer de nouvelles euh prospection autre difficulté une campagne de presse orchestrée par les communistes de la Réunion qui sont enfin la Paul vergess notamment qui est violemment opposé à la politique Gauliste de Michel Debray et vous voyez ici une campagne de presse dans l’organe

    Des communistes réunionnis qui s’appelle témoignage euh le grand le le le le journal titre de cette manière sur ordre de qui organise-t-on le véritable trafic des jeunes enfants réunionnés et euh je cite l’article à partir du 2e paragraphe une maison spécialisée se trouverait à Gueret dans la Creuse elle est dirigée

    Par un certain Bart ancien chef de service d’assistance à la Réunion ce trafic d’enfants serait massif nous avons parlé d’un départ de 50 ses jours pire c’est l’administration elle-même qui l’organise les communistes Réunionnais se trompent assez peuin c’est quasiment exactement ce qui est en train de se passer ce qu’ils ne savent pas

    Exactement c’est que l’administration locale c’est-à-dire la dase de la réunion ainsi que la préfecture sont en quelque sorte instrumentalisé par Michel Debray en tant que député ce qui est d’un point de vue administratif complète ce qui est un barbarisme d’un point de vue administratif jamais un député n’est

    Capable en France de dicter sa politique à la préfecture mais c’est pourtant ce qui se passe euh ici il y a donc des nouvelles prospections qui sont euh organisées et d’autres départements sont mis à contribution les Pyrénées Orientales la Corse la haute viienne et surtout la loszer où un autre directeur

    De la DAS de la Réunion est nommé à la fin des années 60 le bilan à mi-course c’est-à-dire en 1970 et le suivant ce sont à peu près 600 pupilles réunionnés qui sont présents en métropole 70 à 80 départements ont été sollicité et 70 enfants se concentrent dans quelques départements du Massif central

    Et du Sud-Ouest notamment la Creuse le Tarne la lozer et le gerse vous avez ici une carte que j’ai réalisé l’implantation des enfants dans le massif central enfin c’est le Grand Massif Central puisque j’ai aussi inclu le héros l’héros et le Tarne mais vous voyez ici que les départements les plus

    Sollicités sont la Creuse euh le Cantal euh le Tarne et surtout la loszer la loszer ça fait partie de cette 2uxè génération de départements sollicité dans les conditions que j’ai dites parce que la Creuse est arrivée à saturation avec en plus de graves problèmes rencontré par les enfants et donc les

    Autorités locales à la Réunion sont en train désespérément de chercher de nouveau euh partenaires le nouveau directeur de la DAS de la réunion commence à exprimer un certain nombre d’inquiétudes il y a des problèmes avec les pupilles dans tous les départements de métropole des problèmes sur lesquels je reviendrai

    Dans un instant il y a aussi des désistements de partenaires métropolitains qui se sont engagés et qui dans un deuxième temps renonce à recevoir des enfants parce que pour le dire de manière familière il pose trop de problèmes évidemment ils sont les premières victimes de cette de ce

    Transfert mais du point de vue administratif on considère qu’il pose trop de problèmes et donc les partenaires métropolitains se désistent et puis il y a aussi un échec dans les nouvelles prospections c’est-à-dire que beaucoup de das dans les départements de métropole refusent renoncent ou adressent à la préfecture de la Réunion

    Une fin de non recevoir en conséquence de quoi on observe un ralentissement dans les départs annuels et de 200 250 départs annuels on tombe à 90 80 départs annuels au milieu des années 70 on observe aussi une amélioration du suivi des enfants en métropole ainsi qu’une que la création d’une antenne en

    Métropole à Montpellier en 196 74 c’est un point qui est capital même si une antenne c’est pas grand-chose c’est un point qui est capital parce que cette antenne a été approuvée par le ministère de la Santé et ça montre bien qu’on est en présence d’une politique d’État c’est

    Une politique d’État j’y reviendrai qui n’a ce n’est pas du tout une simple initiative ce n’est pas une lubi des autorités réunionnaises ou de Michel Debray on est véritablement en présence d’une politique d’État en tout cas ces véléités de réforme par le nouveau directeur de la

    DAS de la réunion ne plaisent pas à ces supérieurs parmi lesquels j’inclus Michel Debray même si administrativement c’est pas un député qui est le supérieur de de la DAS d’où en 1973714 le retour de Jeanbart qui revient aux affaires et qui fait reprendre la migration de masse ce qui

    Fait que à la fin des années 70 ce sont encore près de 500 enfants qui partent en métropole alors même que la le la politique de transfert est considérée comme un échec mais ce sont encore 500 enfants qui partent et puis on pourrait dire que d’une certaine manière c’est le

    Champ du signe qui arrive à partir de la fin des années 70 on enregistre moins de 20 départs par an c’est un petit peu la fin de cette politique qui aura durer 20 ans voici quelques voici quelques chiffres vous voyez que j’ai ici rassemblé les départs de mineur et de

    Majeurs les mineurs sont convoyés par la DAS les majeurs par le BUMIDOM et ce sont ici donc deux séries de départ pendant une vingtaine d’années et vous voyez que en 60 en 1970 on compte à peu près 600 enfants présents en en métropole et vous avez encore de très

    Nombreux départs jusqu’à la fin des années 70 sur fond d’une migration d’adultte qui est encore plus importante puisque là elle se elle se chiffre par des dizaines de milliers de départs sur de décennies pour arriver un petit peu à moins de 40000 départ comme je l’ai dit vous avez ici l’ensemble des départs

    Vers la métropole la courbe grise c’est celle des adultes par le BUMIDOM et évidemment elle écrase par son importance la courbe des enfants mais vous voyez en tout cas que la courbe les deux courbe s’infléchisse à partir de la fin des années 70 c’est la fin de cette

    Politique de transfert pour les mineurs comme pour les adultes et sur cette courbe j’ai représenté seulement le départ des mineur et vous voyez ici qu’il y a deux moments que j’ai souligné en rouge qui relèvent de cette migration de masse avec plusieurs centaines de départs par an et on voit que ça relève

    D’une politique la politique de Michel Debray la volonté même de Michel Debray ça renvoie je l’ai dit à une politique nationale mais ça renvoie aussi à un certain nombre de facteurs très conjoncturels comme la présence de ce jean Bart à la tête de la dasce de la

    Réunion et à partir de la fin des années 70 c’est vraiment la quasi disparition de des des transferts alors quelles sont les causes de cette fin sanglo à mon sens il y a trois causes que je voudrais brièvement vous présenter les trois causes qui expliquent la disparition de cette politique c’est d’abord l’amélioration

    De la situation démographique et économique sur l’île sur place la solidarité nationale mise en place par Michel Debray construction de route résorption des bidonvilles création de cantines scolaires et de formation professionnelle et cetera et cetera la politique donc de solidarité nationale mise en place par Michel Debray a fait

    Son effet le niveau de vie s’est accru les bidonvillees ont quasiment disparu l’état sanitaire de la population s’est amélioré rappelez-vous que Debray est le fils d’un pédiatre et qu’il était sensibilisé à ces questions et les aides sociales se sont développées des foyers d’accueil ont été créés sur place pour

    Accueillir les enfants retirés à leur famille et des nourrices ont été recrutés deuxème ensemble de cause il y a en métropole une nouvelle donne politique et des critiques se sont fait entendre au sommet de l’État ainsi que dans l’administration locale il y a une archive importante que je voudrais vous

    Présenter c’est la lettre d’un haut-fonctionnaire du ministère de la Santé le ministère de la Santé à l’époque c’était Simon veille hein puisque rappelez-vous la la la la la la légalisation de de l’IVG c’est tout à fait concomitant donc Simon veille est au est aux affaires et un de ces

    Hautfonctionnaires écrit à la préfecture de la Réunion pour condamner cette politique je vous lis l’extrait de droite envoyé en 1975 au préfet de la Réunion par par un Haut- fonctionnaire du ministre de la santé il me paraît souhaitable qu’il soit mis fin à de telles pratiques qui me paraissent aller

    À l’encontre d’une politique de prévention de troubles mentaux les jeunes ainsi écartés de leur milieux naturel étant placés dans des conditions psychosociales propres à favoriser leur inadaptation bon euh il y a un sabir administratif enfin s’il faut appeler un chat un chat c’est que cette politique de transfert rend les enfants euh fou

    Enfin les les les les les rangs inadaptés provoqueent euh je cite des troubles mentaux bon donc avec la quand on enlève la double négation on s’aperçoit que c’est une condamnation extrêmement grave de cette politique et le haut-fonctionnaire poursuit ces déportations le guillemet bien sûr dans le texte original ces déportations

    D’enfants ne suffiront d’ailleurs probablement pas à résoudre le problème de l’emploi dans les départements d’outr-emè que l’on met en avant pour les justifier et c’est par ailleurs aussi une condamnation de cette euh théorie des vases communicquants puisque euh c’est pas avec que quelques centaines ou milliers d’enfants qu’on va

    Régler la problème de l’exode rural en Creuse dans le Tarne ou ou dans le Cantal en tout cas de manière générale l’étoile de Michel Debray pâit après la mort de Pompidou et d’ailleurs après 1973 il n’est plus ministre l’élection de François mitteran en 1981 signe la fin de cette politique

    Et la mise au rencart de tout les gooliste historique le BUMIDOM est dissous en 1982 et l’antenne de Montpellier est fermée la même année 3è ensemble de cause et je crois que c’est la plus importante c’est une nouvelle philosophie de l’enfance une nouvelle philosophie de l’enfance une nouvelle

    Évidence pédagogique qui est définie au ministère et dans les das de toute la France cette nouvelle évidence pédagogique c’est que un mineur doit vivre au sein de sa famille fut-elle monoparentale délinquante ou pauvre autrement dit comme l’explique le rapport Bianco lami de 1979 les services sociaux doivent collaborer avec les familles pour éviter

    Le retrait des enfants et vous voyez bien que cette philosophie condamne de manière radicale la politique de transfert transcontinentale que Michel Debray a opéré pendant tant d’années pour conclure sur cette première partie je dirais que le transfert d’enfants réunionnais ne s’est pas arrêté en raison de son échec il ne s’est pas

    Arrêté parce qu’il était une catastrophe humaine il ne s’est pas arrêté parce que des souffrances ont été infligé aux enfants non cette politique s’est arrêtée parce que des facteurs exogènes survenu en métropole l’ont rendu obsolète et je crois que c’est important pour comprendre au-delà de la politique gaulienne pour comprendre certaines

    Réflexions politico-démographiques qui ont présider à la politique française tout au long du 20e siècle j’en arrive à un deuxème moment de l’exposé qui est le choc métropolitain c’est-à-dire la manière dont les enfants ont été transférés euh d’un endroit à un autre c’est une rupture très brutale qu’ils

    Subissent en effet et je voudrais vous montrer euh de quelle manière d’abord tout simplement c’est une autre vie qu’il découvre il faut ici en revenir à l’origine géographique des enfants vous avez ici une carte qui rappelle l’origine géographique des enfants transplantés quelques-uns viennent des espaces sucriés intérieur mais la plupart

    Viennent des villes et même du Nord urbain essentiellement Saint-Denis Saint-Paul un petit peu Saint-Benoît pas mal Saint-Pierre mais vous voyez que c’est essentiellement le Nord urbain qui donne des enfants et cette carte des origines s’explique très simplement c’est la carte du prolétariat urbain issu de l’esclavage ou de l’exode

    Rural prolétariat urbain avec sa misère endémique et des fléau que les services sociaux ne laisse jamais passer au 20e siècle comme avant et comme aujourd’hui l’alcoolisme la violence la délinquence et cetera et puis il faut ajouter aussi à cela qu’il y a sans doute moins de solidarité intrafamiliale en ville et

    Que donc les enfants sont davantage dans une situation de désairance sociale et même familiale c’est ce qui explique que beaucoup d’enfants soi retirés par la dasse de la Réunion dans ce contexte et vous voyez en tout cas que du point de vue des enfants c’est en fait tout

    Simplement un transfert des villes vers les campagnes si on simplifie on peut dire que ils sont nés dans les villes et dans les bidonvillees et qui se retrouve en métropole à 9000 km de là bien sûr mais surtout dans les campagnes et ça c’est un changement important car sur

    Cette toile de fond il faut rappeler des facteurs banales mais cruciaux le froid tout simplement de nombreux départs ont lieu en novembre et en février entre entre novembre pardon entre novembre et février ce qui fait que dans les bas de la réunion ce qu’on appelle les bas la

    Réunion donc dans la zone littorale il peut faire 35° zone tropicale alors que quand on arrive dans l’hémisphère Nord en Creuse ou en loser il peut faire – 10 donc c’est un dénivelé de parfois 30 40°gr celus avec au-delà du choc thermique des maladies comme les maladies des voies

    Aériennes supérieures et cetera c’est le soleil qui disparaît de la vie des enfants l’océan aussi avec tout un changement de vie tout un changement culturel qui a son importance ce sont les beignades la plage le soleil les coquillages qui disparaissent de la vie des enfants plus généralement les

    Enfants doivent se familiariser avec une multitude de choses inconnues la neige la Gadou les pantalons les chaussures les manteaux le camamber les châtaignes le saucisson la soupe du soir et cetera et par ailleurs de nombreux enfants sont placés dans des institutions religieuses et le carcan du pensionnat contraste avec la liberté

    Dont il jouissait à la Réunion dû au mode de vie à l’absentéisme scolaire et parfois aussi à la négligence des parents j’ajouterai à cela la commotion culturelle puisque il faut renoncer au créole qui est la langue maternelle des enfants pour apprendre une langue étrangère le français et l’imparfaite maîtrise du français s’observe à

    Plusieurs niveaux les enfants prononcent mal avalent les lettres manque de vocabulaire et plus largement ces problèmes de langue handicapent leur intégration sociale ou professionnelle et de fait de nombreux rapports officiel décrivent des enfants timides inhibés ternes effacés qui préfèrent demeurer à l’écart des autres il y a aussi la

    Blessure du racisme que les enfants subissent en métropole alors ici il faut faire un point une précision importante c’est que le le transfert n’est pas raciste en soi car si on s’intéresse à la composition ethnique de ce transfert même si il est très ambigu de parler ainsi pour des raisons

    Philosophiques mais aussi tout simplement parce que la Réunion est une terre de métissage on note cependant une surreprésentation une surreprésentation des enfants créol clair c’est ce qu’on appelle les petits blancs à la Réunion qui sont surreprésentés de plus de 15 points par rapport à la moyenne sur

    L’île ce qui fait qu’en fait ce sont davantage des enfants blancs enfin en tout cas pour selon la terminologie réunionnaise des petits blancs ou des créoles clairs qui sont partis alors bien sûr il y a eu aussi des Cafres et donc des enfants noirs d’origine esclave africaine mais beaucoup beaucoup

    D’enfants blancs créolle clair en tout cas surreprésenté par rapport à la moyenne de l’île c’est d’ailleurs la même chose pour le BUMIDOM on y reviendra sans doute tout à l’heure pourtant les enfants euh noir ou métis subissent le racisme en métropole avec des expressions de mépris que j’ai retrouvé dans les dossiers Noireau

    Chocolat et cetera et c’est d’autant plus douloureux qu’on leur a dit et répété qu’ils étaient des Français à part entière je vous donne l’exemple de Alain hein qui est né en 1952 qui part en métropole en 1971 par l’intermédiaire du BUMIDOM alors même qu’il est un

    Pupille de l’État et il écrit à son assistante sociale qu’il est arrivé à Orly à 6h du matin qu’il travaille désormais dans une usine à poissie et qu’il je le cite hein il se je me trouve un peu dans mon travail c’est drôle je travaille parmi des Turcs et des Arabes

    Dans l’appartement où je suis on est à 11 réunionnés donc ça veut dire que dans ce milieu des usines à poiss dans les années 70 il y avait des Turcs des Arabes et des Réunionnais et je cite sa sa lettre ici ici je suis euh ici je suis

    En parfaite santé parfois le dimanche après-midi il y a des petites oreilles des petites oreilles donc les les enfants métropolitains qui viennent nous voir il nous demande de leur apprendre le CRÉO puisqu’il commencent à comprendre que nous dis ce que nous disons dans nos langages mais leurs parents n’ont pas l’air d’être contents

    Que le s enfants nous fréquentent parce que nous sommes en parmi les Marocains et les Turcs ici on les appelle ces gens-là les bounoules or la plupart des gens de Manthes nous prennent pour des bounoules et cetera et cetera un autre aspect du choc métropolitain c’est l’adieu à la famille

    Puisque l’élimination des parents commence sur l’île par les services sociaux les parents étant écarté au motif qu’il pourrait gêner l’éducation ou plutôt la rééducation de leurs enfants après le transfert les relations avec la famille deviennent quasiment impossibles et ce sont aussi les frattereries qui sont éclatées puisque

    En métropole les frères et sœurs sont disséminés dans différents établissements différentes familles selon une politique qui est délibérée et dont beaucoup de source atteste en effet l’isolement de chaque pupille permet de combattre la prétendue solidarité des Réunionnais et leur esprit de groupe pour conclure sur cette deuxè ce

    Deuxème moment que j’ai consacré à cette commotion culturelle vous voyez que le cadre de vie que les enfants découvrent dans le Massif central dans le Sud-Ouest et ailleurs est radicalement nouveau et alors arrivé à Guéret en 1966 pour prendre l’exemple des enfant de la Creuse il ressemble je cite à des

    Petites bêtes affolées comme dit un témoin je vous donne rapidement l’exemple d’un pupille jeandiiel qui est ici décrit comme un enfant ayant cement certainement besoin d’affection envers l’éducateur il aurait tendance à trop de familiarité à ne pas se voir à ne pas savoir s’arrêter et cetera donc pour conclure vous voyez que

    Le choc métropolitain c’est l’exposition à un froid inconnu la nostalgie de l’océan la perte des habitudes culinaires l’oubli programmé de la langue maternelle l’agression raciste la séparation familiale la clostration du pensionnat la solitude et enfin la sensation d’être un étranger dans son propre pays ce qui me fait dire que le

    Transfert des pupilles réunionnés ressemble à s méprendre à une émigration on pourrait dire que dans un cadre national c’est une migration vous voyez en fait que beaucoup de facteurs culturels sociaux et même politiques la transforment en émigration avec avec son cortège de déculturation et d’identité altérée il y a aussi des phénomènes de

    Délinquence et de clochardise que j’évoque dans un dernier document c’est un document qui date de 1974 je cite la deuxème le deuxème paragraphe la société d’État BUMIDOM faite pour les Français d’outremè ne veut pas me prendre en charge je suis obligé de mendier mon pain sur les

    Routes je n’ai pas de point fixe personne ne me vient en aide alors je vous demande de bien vouloir me faire retourner ou revenir dans mon pays hein le terme pays n’est pas anodin auprès de ma famille à laquelle vous m’avez enlevé pour faire de moi un

    Mendiant je voudrais en venir dans un dernier moment sur la question de la légalité euh est-ce que c’est une question toute simple est-ce que Michel Debray et les préfets successifs avaient le droit hein je parle en terme Lego avait le droit de réaliser leur projet alors vous voyez bien que ce n’est pas

    Un jugement moral hein l’historien ne parle pas en ces termes mais l’historien peut s’interroger sur la légalité de ce transfert le problème c’est que si la question est simple la réponse ne l’est pas car d’un point de vue légal il n’y a pas une entité transfert d’enfant en

    Effet le transfert d’enfant se décompose en plusieurs étapes les enfants sont successivement séparés de leur famille immatriculé dans le service envoyé en métropole confié à des établissements ou des familles et chaque étape correspond à une légalité propre alors il y a plusieurs catégories de pupilles pour compliquer l’histoire et

    Je voudrais maintenant envisager deux cas de figure les enfants en garde ou les enfants pupies de l’État pour les enfants en garde l’article 375 du Code civil dispose que des mesures d’assistance éducative sont décidées par un juge si la santé la sécurité ou la moralité du mineur sont compromises et

    Dès lors la DAS dans toute la France he détient le droit de garde et le droit de placement or il y a une tradition réunionnaise à l’époque c’est celle des enfants ramassés les enfants ramassés ce sont des parents des enfants pardon des enfants dont les proches parents ont

    Disparu ont migré sont morts et ces enfants sont recueillis par des proches de la famille et ces enfants ramassés renvoi à deux visions concurrentes pour les travailleurs sociaux les employés de la DAS de la Réunion ces enfants sont bel et bien abandonnés les parents ont disparu et les enfants vivent au

    Domicile de gens qui ne sont pas leur tuteurs qui ne les ont pas adopté et qui n’ont même parfois aucun lien de parenté avec eux or l’enfant ne peut pas rester sans statut et l’article 376 du code civil dispose que les parents peuvent remettre leur enfant à un particulier

    Digne de confiance mais il faut qu’il y ait un jugement rendu par un tribunal ce qui n’est jamais le cas dans le contexte de la réunion des années 60 ou 70 dès lors les services sociaux considèrent que l’enfant est en dshérance de tutelle la procédure s’enclenche normalement la

    Tutelle des mineurs est organisée avec un juge avec un tribunal et les enfants sont immatriculés en garde et comme la DAS a le droit de garde et le droit de placement elle peut décider de les envoyer en métropole en revanche aux yeux des adultes qui s’occupaient des

    Enfants il y a ni plus ni moins un enlèvement par les services sociaux le deuxième cas de figure que je voudrais évoquer c’est celui des pupies de l’État les pupies de l’État sont des mineurs complètement privés de famille parce qu’ils sont nés sous X parce qu’ils sont abandonnés orphelins ou parce qu’ils ont

    Été judiciaairement abandonnés selon l’article 350 du Code civil qui existe encore aujourd’hui ces enfants sont absolument et définitivement coupés de leurs parents et l’article 50 du code des familles et de l’action sociale est ici impératif l’enfant l’enfant doit être immatriculé et le cas euh le le code de la famille stipule que

    L’orphelin et l’enfant abandonné doivent être immatriculés dans le cas de l’abandon judiciaire c’est-à-dire que si par exemple des parents décident d’abandonner un enfant ils peuvent signer un papier et l’enfant est abandonné légalement c’est ici l’article 50 alinéa 3 du Code des familles et de l’action sociale et pour les services sociaux

    C’est la voie royale puisque tout se passe en douceur l’assistante sociale fait signer au parent une feuille par laquelle les parents abandonnent formellement leur enfant et l’abandon est ici consommé et il est évident que le consentement des parents ne peut pas être considéré comme éclairé puisque le décorom de la culture officielle hérité

    De l’ancien colonisateur ne peut qu’intimider des journaliers en guenir des prostituées sans leous ou encore des adolescentes en fugue donc il est assez facile pour les services sociaux de faire signer un papier par lequel les parents abandonnent formellement leur enfant sans compter que l’illetttrisme est très courant et que j’ai retrouvé

    Dans les dossiers des dizaines de euh formulaires d’abandon signés par des croix ou euh une empreinte euh de pouces dans l’encre ce qui est sûr c’est que après 3 mois les parents ne peuvent plus revenir en arrière et l’abandon est consommé comme le montre ce euh

    Témoignage je la cite c’est une mère qui écrit il y a une vingtaine d’années deuxè paragraphe une assistante sociale m’a fait signer un document en me disant dans 3 mois vous revenez et vous aurez votre enfant 3 mois passés je suis retourné voir cette même personne qui se

    Nommait Madame A comme me l’avait promis que j’aurais mon enfant et voilà ce jour-là elle me déclare que j’ai signé un abandon depuis ce jour je n’ai pas l’impression de vivre ma vie à plein tempemps il y a un vide perpétuel en moi et cetera et cetera vous voyez que là

    Encore ce sont deux logiques qui se télescopent mais pour du point de vue de l’assistante sociale elle a fait les choses bon certes elle a un petit peu forcé la main mais enfin elle a fait les choses légalement he c’est-à-dire signature signature et puis l’abandon devient devient formel ce qui est sûr

    C’est que on peut dire que les immatriculations se font dans le strict respect de la loi même dans un esprit légaliste en même temps il est évident que la date ne s’assure pas vraiment que les parents ont véritablement compris ce qu’il signaient et on peut dire de manière un

    Peu plus familière que la DAS a berné de pauvres gens il lettrait qui ne comprenaient rien à ce qui leur arrivait mais plus profondément on peut dire que juridiquement le transfert ne soulève en fait aucun problème car toutes les catégories d’enfants autorisent la DAS à décidé du lieu de vie de l’enfant en

    Vertu de ce qu’on appelle endroit le droit de placement c’est-à-dire que quelle que soit la catégorie de l’enfant pupille de l’État enfant en garde ou enfant recueilli temporaire les la DAS est en fait détentrice du droit de garde et de placement c’est-à-dire elle peut décider où l’enfant va vivre pour le cas

    Des enfants recueillis temporair c’està-dire confiés par les parents à la suite d’un revers de fortune et bien il y a l’accord des parents par définition puisqu’ils confient leur enfants comme recueilli temporaire en espérant qu’ils vont le récupérer dans quelques mois quand ils auront trouvé un travail par

    Exemple donc il y a l’accord des parents mais il y a aussi l’accord moral des enfants puisque les enfants se bousculent pour partir en tout cas beaucoup d’entre eux et cet enthousiasme s’explique facilement car le départ en métropole permet d’échapper au mauvais traitement dans les établissements à la Réunion la métropole représente

    L’inconnu l’aventure et celui qui part en métropole et auréolé de prestige bien entendu toute cette excitation ne dure qu’un jour et quand les enfants comprennent à quelle sauce ils vont être mangés pardonnez-moi cette vilaine expression qui renvoie au comptes et aux ogres et bien ils veulent revenir mais

    Là le piège s refermé sur eux et il n’est plus question pour la dase de la réunion de les faire rentrer chez eux c’est ce que montre bien cette archive je cite une fillette qui écrit c’est déjà très courageux de sa part d’écrire au directeur de la DAS du département

    Dans lequel elle est placé voilà ce qu’elle dit je sais que j’aurais tort parce que c’est moi qui ai voulu aller en France mais j’ai réfléchi comme une petite gamine j’ai dit oui sans réfléchir et maintenant je regrette mais lise aussi elle pleure et veut retourner

    À la Réunion comme moi j’ai écrit à ma maman hein vous voyez que cette fille est pas du tout orpheline elle a une mère qui a été éliminé dans les conditions que j’évoque j’ai écrit à ma maman et j’ai dit que nous voulons retourner dans notre pays et si elle

    Peut nous aider en payant la moitié de notre voyage pour revenir à la Réunion et si vous ne voulez pas que nous retournions à la réunion moilise nous demandons de l’argent à mon grand-père pour retourner à la Réunion et cetera et cetera et on voit elle conclut sa lettre

    Avec en en témoignant sur ce choc métropolitain que j’évoquais tout à l’heure nous n’aimons pas l’heure les appartements la nature la ville nous fait peur c’est dégûtant c’est dégoûtant et cetera vous voyez la subtilité de la politique de transfert qui n’est pas illégale mais qui est à l’évidence malhonnête

    C’est-à-dire que les ni les enfants ni les parents n’ont véritablement donné un accord éclairé grosso modo d’un point de vue juridique le transfert d’enfants se traduit juridiquement par deux cas de figure si les parents ont encore leur mot à dire parce qu’ils sont là tout simplement et bien la DAS s’e fororce de

    Les convaincre avec des extrapolations des fausses promesses en garantissant que l’enfant va devenir un avocat ou un médecin ou que sais-je encore et donc c’est ces faux arguments ces extrapolations ces promesses conduisent des parents pauvres et illétrés à céder et à signer premier cas de figure deuxième cas de figure si les parents

    Sont d’ors et déjà éliminés parce que l’enfant est pupie de l’État et bien la DAS est tutrice et rien ne peut s’opposer à sa volonté point n’est besoin d’enlever les enfants il suffit simplement d’appliquer les textes en vigueur la loi de 1889 sur la déchéance parentale le Code civil le code de la

    Famille et de l’action sociale et cetera ce qui me fait dire que le vrai responsable de ce transfert catastrophique ce n’est pas la DASS de la réunion ce n’est pas la préfecture de la réunion ce n’est même pas Michel Debray en personne je crois que c’est plutôt la législation de l’enfance et la

    La manière dont la France a inventé cette politique de transfert à la Réunion mais aussi dès le 18e siècle dans les campagnes françaises en tout cas pour la Réunion la départementalisation à partir de 1946 impose le droit français et tout particulièrement le droit de l’enfance contre les traditions locales

    Réunionnaise et pour moi le symbole de ce transfert d’enfants c’est ce document c’est-à-dire des cartes d’identité qui sont mises en œuvre au moment où les enfants sont transférés et ça transforme ses enfants en petit français ce qu’ils étaient déjà mais d’un point de vue coutumier alors que là

    Ils le deviennent tout à fait formellement et c’est parce qu’ils deviennent des petits français avec cette belle carte nationale d’identité que la législation de l’enfance qui remte au 18e siècle leur tombe dessus pardonnez-moi l’expression et permet tout à fait légalement de les transférer c’est leur francité même qui rend légal

    Leur transfert donc le transfert d’enfants réunionnés c’est tout simplement la traduction humaine de la départementalisation à partir de 1946 et elle illustre les ravages que la loi républicaine a provoqué en déferlant sur sur l’ancienne colonie qui est la Réunion et puisque la Réunion fait partie de la France puisque la Réunion

    Est un département au même titre que la Sarte et les BOUCHES DU rô et bien le transfert d’enfant n’est légalement qu’un déplacement interdépartemental et les au-delà même du statut des enfants que j’ai longuement évoqué le transfert interdépartemental est tout à fait légal d’une das à une autre c’est une procédure courante qui n’appelle

    Juridiquement aucun commentaire je voudrais conclure euh rapidement car le temps s’est écoulé pour rappeler que cet épisode réunionnais s’inscrit dans l’histoire longue dans ce que mes prestigieux aîné appelai la longue durée je voudrais vous rappeler que les institutions ont toujours déplacé sur de longues distance les enfants sans

    Famille en France les premiers envois à la campagne de depuis Paris et les grandes villes commence sous Vincent Paul dans les années 1640 sous Louis XI un petit peu avant Louis XIV le un siècle plus tard vers la fin vers à la veille de la Révolution française les

    Enfants trouvés sont confiés à des paysans jusque l’âge jusqu’à l’âge de 25 ans et ce placement familial rural est officialisé sous la 3e république par la loi de 1904 en entre 1860 et 1940 en gros entre le Second Empire et la deuxème Guerre mondiale le seul département de la Scine c’est-à-dire

    Paris le seul département de la Scine transfère à la campagne 250000 enfants dans près de 60 département he c’était une politique d’État qui se passait au 19e siècle et donc on pourrait dire que la politique de Michel Debré est l’aboutissement et le dernier avatar d’une longue politique menée par

    L’Assistance publique qui vise à arracher les enfants à un milieu d’origine jugé vicier pour les faire renaître ailleurs dans un milieu supposément positif ce transfert des petits réunionnis et donc une utopie certains diront une dystopie mise en œuvre par la République et permise par sa législation donc vous voyez qu’il y a

    Évidemment des causes conjoncturelles que je appellerait brièvement la misère des familles réunionnaises la médiocrité des services locaux l’excédent démographique sur place mais je crois qu’il y a des causes profondes et que cette cause profonde c’est l’intégration des enfants ou cette politique d’État qui consiste à intégrer les enfants pour

    Leur bien sur le papier et pour leur plus grand malheur en réalité et donc ce transfert des enfants réunionnés c’est la volonté inflexible jusqu’à l’absurdité he puisque vous voyez que les rapports s’accumulent pour en fait démontrer que cette politique a échoué c’est la volonté donc inflexible de transformer des petits

    Créoles misérables en français comme les autres et on est ici au cœur du mythe intégrateur de la République française qui en fait vous je vous l’ai montrer remonte à la monarchie ce mythe intégrateur de la République suppose la perte d’identité et l’oubli des origines à l’échelle territoriale cette opération s’appelle

    L’assimilation un mot qui est tombé en désuétude tant il était teinté de colonialisme et ce mot d’assimilation renvoie à ce qui s’est d’une certaine manière passé à la Réunion territorialement comme politique d’État pour élever le niveau socio-économique de lîle et humainement par ce transfert d’enfants et ce mot d’assimilation je ne

    L’utilise pas par hasard car c’est à la Réunion que Michel Debré s’est consolé de la perte de l’Algérie c’est parce que il avait perdu l’Algérie en tant que Premier ministre qu’il a décideré qu’à la Réunion ça ne se passerait pas comme ça et de fait il faut croire qu’il a

    Réussi puisque sur le malheur des enfants La Réunion est restée française ce qu’elle est jusqu’à aujourd’hui et Michel Debray ne s’est penché sur les malheurs de Lille que pour mieux l’intégrer à ce qui devenait le poste Empire français le problème c’est que derrière ce mythe de l’assimilation il y a une politique

    D’État qui elle a pleinement réussi on le voit encore aujourd’hui et que cette politique d’État affectait sans le dire la dignité des individus et l’intégrité des territoires auxquels elle était censé bénéficier donc je voudrais conclure sur ces derniers mots vous voyez que ce drôle d’épisode qu’on qui

    Semble ne se ne se rattacher à rien renvoie en fait à une des politiques d’État les plus profondes de l’État français cette utopie de l’enfant neuf utopie bientôt républicaine qui produit de l’assimilation nationale certains diront aujourd’hui de l’assimilation républicaine mais qui produit aussi de la souffrance qu’elle n’est pas en mesure de percevoir

    Et encore moins de soulager et pour terminer avec une note du citoyen que je suis aussi cela devrait je crois nous conduire à méditer sur les tenants et les aboutissants de cette utopie républicaine avec ses modalités ses ambitions ses succès et aussi ses fiasco je vous remercie [Musique]

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