Comment être sûr de la fiabilité de ce que je regarde ? Que croire en Histoire ?

Vous vous intéressez à l’Histoire. Bon déjà bravo, moi aussi j’adore ! Mais donc, même si vous êtes un peu fan, ça ne veut pas dire pour autant que vous avez fait des études dans ce domaine, que vous avez une formation de la recherche, etc. Et votre premier problème, ça va être : comment s’y retrouver face à la masse d’informations disponibles ? Quand on a envie d’en savoir plus sur un sujet, c’est souvent difficile de faire le tri entre les ouvrages, les podcasts, les vidéos sérieuses, les contenus qui sont à jour et ceux qui reflètent des recherches déjà dépassées… quand certains sont pas carrément malhonnêtes, ça arrive ! Sauf que là, il n’y a pas une grosse étiquette marquée “Attention manipulation” : vous êtes tout seul, vous n’avez pas de spécialiste sous la main, alors comment vous faites pour savoir ? Je vous propose une petite boîte à outils de six infos de base à vérifier sur l’auteur ou l’autrice que vous vous apprêtez à lire !

➤ Découvrez ici la vidéo de la chaîne L’histoire nous le dira sur la terre plate médiévale : https://youtu.be/WJ0jkNcBQJ8

Sommaire :

0:00 : Introduction
1:00 : Qui est l’auteur ?
1:25 : Sait il de quoi il parle ?
2:34 : Qui le diffuse ?
3:49 : Quelle forme a choisi l’auteur ?
5:21 : Expose-t-il ses raisons… ou ses opinions ?
7:24 : Est-il ouvert au dialogue ?

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*Générique* Mes chers camarades, bien le bonjour !   Vous vous intéressez à l’Histoire, et c’est une bonne nouvelle, parce que moi aussi j’adore ! En tout cas, si vous êtes un peu   fan, ça ne veut pas dire pour autant que vous avez fait des études dans ce domaine, ou que vous avez une  

Formation à la recherche, ou autre chose. Votre premier  problème, donc, ça va être de vous y retrouver,   face à la masse d’informations disponible. Quand on a envie d’en savoir un peu plus sur un sujet,   souvent c’est quand même difficile de faire le tri entre  les ouvrages, les podcasts, les vidéos sérieuses,  

Les contenus qui sont à jour et ceux qui reflètent des recherches qui sont déjà dépassées… quand certains sont   pas carrément malhonnêtes, ça, ça arrive ! Sauf que dans ces cas là, y’a pas une grosse étiquette avec marqué   “Attention manipulation” : vous êtes tout seul,  vous n’avez pas de spécialiste sous la main,  

Alors comment est-ce que vous faites pour savoir si ce que vous regardez, ce que vous consommez, c’est bien ou pas ? Eh bien, je vous propose une petite boîte à outils  

De six infos de base à vérifier sur l’auteur et l’autrice que vous vous apprêtez à lire, vous verrez c’est vachement utile ! C’et le premier critère, assez  simple, pour débuter : est-ce  

Que l’on sait qui est l’auteur ? Il y a beaucoup de sites qui sont anonymes, et dans ce cas là, faut vous méfier,   parce que en principe, on doit toujours avoir cette  information. L’histoire, ça nécessite de la rigueur,  

Et donc faut assumer ce qu’on dit. Donc quelqu’un  qui refuse cette responsabilité, c’est un peu étrange. Là, c’est un peu plus compliqué, mais si cette personne a suivi des études d’histoire,   qu’elle a fait des travaux de recherche universitaire, ou encore le top,  

Si elle est en poste à l’université… on  peut déjà estimer que c’est assez fiable. Et pour les deux derniers points, c’est vraiment  très facile à vérifier sur internet ! On va   prendre un exemple : Lucie Malbos. Elle a  participé au livre Nota Bene sur les vikings,  

Donc son nom y figure, et c’est facile de vérifier si elle fait autorité,   alors on cherche, et on trouve : elle est  enseignante-chercheuse à l’université de Poitiers,   a fait sa thèse sur les Normands au Moyen Âge, et elle a publié beaucoup d’articles et de livres sur  

La question. D’ailleurs, elle a sorti un ouvrage sur Harald à la dent bleue récemment, donc on peut   raisonnablement estimer que dans un bouquin sur les Scandinaves, elle sait de quoi elle parle ! Alors, faut faire attention : il y a aussi des non universitaires qui font du très bon contenu. Et, plus  

Triste, il y a aussi des universitaires qui  peuvent écrire de mauvais livres. Ça arrive,   même si c’est leur métier, que  leurs recherches sont lues,   relues, vérifiées par des pairs, ça arrive !  Donc le nom et le CV : ça suffit pas !

C’est la question suivante. Prenons  l’exemple d’un livre qui a été publié dans   une maison d’édition bien installée. On peut supposer qu’il a été relu,   vérifié par des experts du sujet, et ça  c’est plutôt rassurant ! Et c’est souvent le   cas des maisons d’éditions universitaires,  et aussi des maisons d’éditions privées.

Attention, toutefois les enjeux commerciaux ou d’audience peuvent parfois entrer en contradiction avec   ceux de l’éthique scientifique. Par  exemple, en Histoire pure et dure,   Albin Michel publie d’excellents ouvrages.  Mais en politique, il a aussi diffusé des   essais d’Eric Zemmour, qui contiennent des  passages “historiques” assez problématiques,  

Voire carrément mensongers. À l’inverse, il n’y  a pas que les “gros paquebots” de l’édition qui   font du bon contenu ! De petites maisons que  vous ne connaissez pas forcément publient de   super livres d’histoire, qui ont été relus et validés… Certains super podcasts sont  

Indépendants des grandes plateformes et  des stations de radio. C’est pareil du côté   d’internet : certes un label de type Hérodote  a des critères sérieux, grâce auxquels on   sait qu’on va consommer un bon contenu. Mais de  très bonnes vidéos se font aussi hors du Label !

Bref : maison d’édition, diffuseur ou  label, c’est encore un critère de plus,   mais ça suffit pas entièrement ! Et là, c’est peut-être le moment d’arrêter   de chercher le “qui” pour se  poser la question du “comment”. C’est un conseil plutôt simple,  sans aller tout vérifier à fond,  

Tout bêtement, c’est : à quoi ressemble ce que vous avez sous les yeux ? Quel rapport   l’auteur va entretenir avec les sources  et les preuves de ce qu’il avance ? Est-ce qu’à la fin, il y a une bibliographie, ou mieux des liens scientifiques sur lesquels on  

Peut directement cliquer ? Est-ce que des petites  notes de bas de page permettent de vérifier au fur   et à mesure du texte ? De très nombreux podcasts  comme “Paroles d’histoire” ou “Passion Médiéviste”,   Moderniste, Antiquisant donnent sur leurs  sites quelques références pour aller plus  

Loin. Essayez de voir si cette biblio est bien  faite : elle couvre l’essentiel de l’article,   sans forcément faire 50 pages. Déjà, parce que certains font tout le travail préparatoire,   mais pour rester accessible ils ne publient  qu’un morceau central de la biblio, qui est court  

Et efficace ! Et aussi parce que certains  faussaires, au contraire, vont vous inonder de   dizaines de notes de bas de page copiées-collées,  ou de citations latines qu’ils ne comprennent même   pas ! Parce que avec toutes ces “preuves”, leur but est de noyer le poisson et de vous embrouiller.

Bon, mais alors du coup, vous savez pas trop quoi  faire, parce que je vous ai pas encore donné la méthode   infaillible, et c’est normal, parce que… il n’y en a pas ! Faut donc procéder par élimination, et déjà,  

Tout ce qui va ignorer les critères qu’on a évoqué, honnêtement  c’est poubelle ! S’il y a pas d’auteur, ni de label ou d’éditeur,   s’il y a pas de sources ou de biblio, en termes de fiabilité historique, c’est l’équivalent d’un tag au  

Feutre sur le mur des WC, je vous le dis ! Après ça, on a quand même une grande majorité des contenus qui restent : et là,   comment est-ce qu’on fait le tri ? Eh bien, toujours dans la forme, y’a l’art et la manière !

Comment les choses sont donc présentées dans ce contenu ? L’histoire clairement, c’est une discipline scientifique : on   va s’appuyer sur des sources et sur des données. Et c’est sur cette base qu’est ensuite construit un raisonnement. Donc  

C’est pas une collection d’opinions, de jugements ou de grandes phrases sur le passé où on va raconter   ce qu’on veut : c’est un effort pour construire un savoir solide, petit à petit. Et c’est aussi un effort pour le  

Transmettre en s’adaptant au public, parce que honnêtement parfois c’est un petit peu dur à avaler comme savoir ! Quand vous avez une production de scientifiques, bon, tout le monde va pas lire ça. Donc  

Théoriquement ce que vous avez sous les yeux, c’est un raisonnement qui est construit, où tout est argumenté.   Donc si vous voyez des phrases type « on sait bien que », ou « c’est évident », ou « c’est du bon sens » : alerte, faites gaffe !

Exemple, quand quelqu’un vous dit : « on sait bien qu’au Moyen Âge, la terre était plate ». Eh bien non : c’est une   idée reçue tout à fait fausse, et on peut le démontrer sans problème à partir de très  

Nombreuses sources médiévales : je vous laisse  d’ailleurs une vidéo en description. Et vous verrez : on   n’entends jamais ce type de phrases ! Dans la  même veine, gare aux raisonnements qui ne sont pas   basés sur des sources solides, mais plutôt sur des mystères “à révéler”. Le grand classique, c’est  

Les Templiers, par exemple. On trouve de la chasse au trésor, de l’ésotérisme, et tout ça ne s’appuie pas sur   des sources solides, mais plutôt sur du sensationnel.  Dommage, parce que l’histoire des Templiers, elle est déjà   sensationnelle : il y a pas besoin d’en rajouter ! Enfin, troisième type de phrase qui vous  

Met en alerte : tout ce qui est complotisme  du genre : “les historiens nous cachent que”. Alors là, franchement, fuyez, barrez-vous, courrez très, très loin. Les historiens travaillent déjà comme des dingues   pour découvrir ce qui s’est passé, c’est pas  pour s’amuser à la cacher ensuite. Et pour  

Avoir déjà assisté à quelques colloques, la  plupart peuvent s’écharper des heures sur une   interprétation d’un bout de phrase… Alors ils sont pas près de se mettre tous d’accord   pour raconter un grand mensonge unique et universel au reste du monde, je vous le dis ! En fait,  

L’historien ou l’historienne, il vous plaque pas  un discours sur la tronche : il cherche à   vous transmettre quelque chose, et donc, il va finalement entrer en dialogue avec vous. Alors ça, c’est plus difficile à voir quand on lit  un livre, mais dès que c’est du contenu en ligne,  

Eh bien on peut apercevoir comment les producteurs de contenu historique interagissent. Sur les réseaux sociaux, lors d’un  live, ou en commentaires et réponses,   ces créateurs vont dialoguer entre eux, et avec  vous. Si la personne accepte la critique de  

Gens plus spécialisés qu’elle, c’est plutôt bon signe ! Enfin, tant que la critique est constructive,   appuyée sur des arguments et des sources : si  la critique c’est “t’es moche” on s’en fout un peu ! Et je vais terminer par une petite liste des contenus d’histoire, comme ça au moins on aura bien fait  

Le tour du sujet, parce que évidemment, selon là où vous  cherchez, eh bah vous trouverez pas toujours les mêmes choses ! Pour des aspects très factuels sur une période,  par exemple “le déroulé de la Seconde Guerre   mondiale” ou “la définition de l’absolutisme”, le  plus simple, c’est les manuels universitaires de  

Premier cycle. Il y a toujours des extraits  de sources, de petites bibliographies,   un propos qui est très structuré. Je pense par exemple  aux collections comme “Carré Histoire”. Si vous   cherchez un truc un peu plus pointu, il vous faudra une monographie, mais je vous avertis : c’est pas de  

La lecture facile, en général il faut déjà avoir  quelques connaissances sur la période concernée. Heureusement, il y a un merveilleux truc qu’on appelle la diffusion de la recherche et la vulgarisation, et là franchement, c’est le festival !  Ça peut être des livres classiques, comme  “La fabrique de la France” par l’Inrap,  

Ou des BD comme la collection “Histoire dessinée de la France”. Vous avez une variété infinie aussi de blogs,   de podcasts, de chaînes YouTube, ou même de chaînes Twitch, qui sont soit des contenus d’histoire,   soit des interviews d’historiens ou d’historiennes qui vont directement  

Vous partager la recherche la plus actuelle et la plus brûlante ! Et si vous avez un doute, eh bien n’hésitez pas à demander conseil : la plupart par des auteurs,   des autrices, des producteurs, productrices  de podcasts, de vidéos sont ravis   de vous aiguiller quand ils sont  présents sur les réseaux sociaux !

Merci à tous d’avoir suivi cette émission un peu inhabituelle ! Pour vous fournir toutes ces   précieuses clefs de recherche, j’aimerai également remercier Catherine Kikuchi d’avoir participé   à l’élaboration de cet épisode. Si ça vous a plu, n’hésitez pas à nous laisser un petit

Commentaire, à partager, à liker comme d’habitude. À très bientôt sur la chaîne !