Pour ce onzième entretien, nous nous sommes rendus à Saumur, à l’école du renseignement de l’armée de Terre pour rencontrer le lieutenant Vanessa. Après des débuts en tant que sous-officier dans les transmissions, elle intègre le monde du renseignement, au sein du 2e régiment de hussards et multiplie les opérations extérieures. En 2023, cette femme déterminée continue de gravir les échelons et réussit le concours pour devenir officier. Un parcours inspirant à écouter sans plus attendre !
    Photo : Stéphane Lavoué
    Musique originale : Stéphane Lebaron et Romain Paillard

    Vous pouvez également nous retrouver sur : https://www.podcastics.com/podcast/defcast/

    Bonjour à toutes et tous, bienvenue dans  le Defcast, le podcast du ministère des   Armées ! Une discussion à bâtons rompus pour vous  faire rencontrer une personnalité de la sphère   défense et découvrir la richesse de son parcours.  Voix invitée : ” L’armée c’est vraiment une institution qui est  

    Incroyablement belle.” Aujourd’hui, nous avons fait le déplacement à Saumur, à l’école du renseignement   de l’armée de Terre pour rencontrer le lieutenant  Vanessa. Bonjour ! Bonjour Samantha ! Parler derrière un micro pour une spécialiste du renseignement, est-ce que c’est une épreuve ?

    Je dirais pas que c’est une épreuve en soi parce que effectivement en tant que spécialiste du renseignement, on a quand même   l’habitude d’échanger avec les personnes, de parler  avec eux mais le micro voilà, c’est un petit peu  

    Particulier quand même, ça formalise aussi et puis ça ancre dans le marbre ce qu’on est en   train de dire. Mais je suis sûr que ça va bien se  passer ! J’en doute pas ! Contrairement à nos autres invités nous ne pourrons pas montrer votre visage, est-ce que vous pouvez nous expliquer  

    Pourquoi ? Oui, bien sûr. Je travaille donc dans le  renseignement, dans le domaine du renseignement. Par   essence, le domaine du renseignement est un domaine  assez sensible et donc il y a quelques années   déjà, le gouvernement français a légiféré en ce  sens, c’était en 2011, afin de pouvoir protéger  

    Les agents de renseignement, de telle sorte  qu’on ne puisse pas faire la corrélation entre   nos identités et ce à quoi on ressemble et notre  visage. On fera attention et sans trop en dévoiler   donc nous allons retracer ensemble votre parcours  qui vous a fait gravir les échelons et qui vous  

    A amené à intégrer cette année la formation  d’analyste exploitant du renseignement, ici, à   Saumur. Mais revenons d’abord sur votre engagement,  pourquoi avoir souhaité porter l’uniforme très tôt je crois ? Très tôt, oui tout à fait. J’ai décidé de  m’engager à 18 ans, j’avais besoin d’obtenir mon  

    Baccalauréat pour pouvoir m’engager en tant que  sous-officier. Ce que j’ai fait et en fait, j’ai   toujours voulu rejoindre l’institution. Pour moi,  c’est vraiment une vocation depuis toute petite,   je souhaitais être militaire parce que pour moi, ça représente des valeurs fortes, des valeurs où  

    On se sent utile, où on sert notre pays, des valeurs  également où on défend notre drapeau. On est dans   un cadre avec beaucoup de rigueur. J’avais envie  d’aventure donc tout ça cumulé, toutes ces qualités   m’ont naturellement dirigée vers l’institution.  Et je crois que vous êtes une grande sportive  

    C’est mes informations, pardon, j’ai des bons  indics normalement ! Alors grande sportive, je   ne sais pas. J’aime beaucoup le sport effectivement.  J’en fais quelques heures par semaine,   je n’ai pas forcément un niveau exceptionnel par  rapport à d’autres compétiteurs qu’on peut avoir  

    Mais j’aime ça. Ça me permet vraiment de m’aérer  l’esprit, de penser à autre chose, de me ressourcer   pour moi, c’est vraiment nécessaire. Comment vont  se passer ces premiers mois, puis ces premières   années au sein de l’institution ? Alors, c’est  un grand changement, le saut dans le vide au début,  

    D’autant que je n’avais pas de famille militaire  donc je savais pas du tout à quoi m’attendre. On   arrive à l’institution mais l’institution est  très bienveillante. Elle nous encadre, elle nous   accompagne tout au long du parcours. On n’est  jamais laissé seul et on découvre une vraie  

    Fraternité, une grande famille. Donc ces débuts se  passent très très bien, très denses puisqu’on a tout   à apprendre. Nous sommes des civils et quelques  mois après, nous devenons des militaires donc   beaucoup de choses à apprendre. Passionnant  très enrichissant et vraiment des moments  

    Ancrés en mémoire pour toujours. Et je crois savoir  que vous choisissez l’arme des transmissions au   tout début ? Effectivement, l’arme des transmissions  donc comme je disais je n’avais pas de famille   militaire donc personne vers qui me tournait pour  avoir un conseil ou pour savoir un petit peu vers  

    Quelle spécialité m’orienter. J’ai fait confiance  au recruteur vers qui je m’étais tournée, qui m’a   orientée vers les transmissions parce que j’avais  passé un baccalauréat scientifique. Je n’ai pas été   déçue, je me suis vraiment épanouie ces premières  années dans le domaine des transmissions. Pour  

    Ma part, j’étais dans une une spécialité assez  technique donc on avait vraiment des liens avec   l’industriel qui étaient très enrichissants donc  de très belles années au sein des transmissions.   A quel moment vous allez basculer, vous  allez découvrir le monde du renseignement ?

    Donc j’effectue à peu près une dizaine d’années dans  les transmissions et au cours d’un déploiement,   je découvre le monde du renseignement et en  l’occurrence le 2e régiment de hussards et   ça a été une révélation. Je me suis dit qu’ils  avaient un métier extraordinaire qui avait l’air  

    Vraiment passionnant et donc j’ai décidé de  porter ma candidature pour pouvoir rejoindre   ce régiment. Alors il y a peut-être des personnes  qui ne connaissent pas le 2e régiment de   hussards, est-ce que vous pouvez nous présenter  un petit peu cette unité qui est quand même  

    Assez particulière au sein de l’armée de Terre ?  Oui, bien sûr. Le 2e régiment de hussards   donc c’est un régiment de recherche humaine des  forces terrestres qui appartient aujourd’hui au   commandement du renseignement et demain enfin dans  un avenir proche qui appartiendra au commandement  

    Des actions dans la profondeur et du renseignement  le futur CAPR. C’est un régiment de cavalerie   légère donc qui a des traditions très fortes  puisque c’est un vieux régiment qui date de 1735   mais c’est intéressant de le soulever parce que je  trouve que c’est aussi ce qui est porteur au sein  

    Du régiment, vraiment une vraie fraternité d’armes  au sein du 2e régiment de hussards et donc la   mission du régiment, c’est de renseigner par la  combinaison d’observations directes et d’entretiens   effectués avec des sources. Et pour ma part, j’ai  choisi donc cette deuxième option, cette deuxième  

    Spécialité au sein du régiment. Alors, on s’imagine  que ce n’est pas si facile d’intégrer une unité comme   celle-ci, comment ça s’est passé ? Pour intégrer  cette unité en particulier, c’est un recrutement   particulier, c’est comme ça que ça s’appelle. Donc,  soit on peut rejoindre cette unité, à la sortie de  

    Saint- Maixent donc l’école de formation initiale des  sous-officiers, soit on peut l’intégrer en deuxième   partie de carrière, ce qui a été mon cas. Donc on  répond à une prospection interne, on satisfait   à différents tests dynamiques, psychologiques,  des entretiens etc pour pouvoir intégrer  

    Le 2e régiment de hussards et si notre  profil correspond, on intègre et on suit la   formation interne au régiment. J’imagine qu’il  n’y avait pas de routine, à quoi ressemblait votre   quotidien. Aucune journée ne se ressemble donc  au début, il y a d’abord une partie formation  

    Pour pouvoir apprendre le métier qu’on y fait au  2è régiment de hussards. Très rapidement une phase   de projection donc en opération extérieure où  on met en application ce qu’on a appris. Pour ma   part donc j’ai commencé en tant qu’équipier,  ensuite à l’issue d’un premier déploiement  

    Opération extérieure, on peut passer d’autres  stages pour devenir chef d’équipe. De nouveau   des déploiements et comme ça en fait, on peut  gravir entre guillemets les différents échelons de   responsabilités qu’on peut mettre en œuvre au sein  du régiment. Ensuite, j’ai eu la chance de pouvoir  

    Basculer sur la partie instruction au régiment.  Ça a été deux années, vraiment une nouvelle fois,   très enrichissante mais je trouve que la partie  instruction c’est aussi une marque de confiance   qui est faite de la part de nos chefs qui estiment  qu’à un moment, on est capable d’occuper ce poste  

    Et donc de transmettre également tout ce ce qu’on  a appris à nos nouveaux camarades. Vous avez évoqué des opérations extérieures, est-ce qu’il y en  a une qui vous a particulièrement marquée et   peut-être que vous pouvez nous donner  aussi quelques exemples de missions sans trop  

    En révéler évidemment, on a ça en tête ? Pour ce qui  est du 2e régiment de hussards, il est déployé   sur tous les théâtres d’opération extérieure qu’on  connaît pour les armées françaises donc voilà,   sans citer de théâtre en particulier. Concernant  les opérations extérieures, je souhaite quand même  

    Souligner un point qui moi me tient à cœur.  L’ opération extérieure, c’est un moment quand   on est militaire, où on va mettre en application  sur le terrain, en vrai, sur des choses réelles tout   ce qu’on a appris tout le reste de l’année. Donc  c’est un moment, je trouve assez important qui est  

    Valorisant et on doit, en fait, on est dans la  cour des grands donc ça y est on doit prendre nos   responsabilités et conduire à bien notre mission.  C’est également un moment où on est entre nous   entre militaires, loin de notre famille donc où  on développe encore plus cet esprit de camaraderie  

    Qu’on peut avoir entre nous. C’est une énorme  aventure humaine parce qu’on découvre d’autres   spécialités qu’on aurait peut-être même pas  soupçonnées, d’autres façons de travailler de   nos camarades et on s’enrichit du travail et des  échanges qu’on a avec nos camarades. Un exemple de  

    Mission qui m’a vraiment marquée donc moi je  vais citer la mission que j’ai effectué en   Afghanistan. C’était il y a déjà un peu plus d’une  dizaine d’années parce que maintenant le théâtre   afghan est fermé donc nous n’intervenons plus en  Afghanistan. Cette mission m’a marquée à plusieurs  

    Titres. Tout d’abord, c’était un déploiement de  six mois. Aujourd’hui pour les plus jeunes d’entre   nous, ce sont des déploiements de quatre mois donc  ils ne se rendent pas forcément compte de ce que   c’est que d’être déployé six mois. Six mois, c’est la  moitié d’une année et ce n’est pas rien dans la vie.  

    C’est vraiment quelque chose qui est engageant. Il  faut tenir la distance et tenir sur les 6 mois de   déploiement. Me concernant en Afghanistan, c’était  mon premier contact avec la mort. C’est un premier   théâtre qui était très très difficile, où nos  camarades d’aujourd’hui étaient malheureusement  

    Nos morts de demain et donc c’était un théâtre  qu’il fallait appréhender un peu d’une autre   manière que ceux qu’on a pu appréhender  aujourd’hui. C’était également un théâtre où   il y avait une pression forte puisque nous étions  confrontés quotidiennement à des engins explosifs, à  

    Des attaques etc donc c’était vraiment un  théâtre très très exigeant. J’étais relativement   jeune, j’avais à peu près 25 ans quand j’ai été  déployée là-bas donc voilà c’est un théâtre qui   m’a marquée mais pour lequel je retire vraiment des  choses positives parce que je pense qu’il faut  

    Qu’on s’enrichisse de toutes nos expériences pour  pouvoir grandir. Vous avez parlé de durée, de dureté,   comment gérer ça avec ses proches, sa famille ? Six mois encore une fois, ce n’est pas anodin. J’avais   déjà une famille, j’étais déjà mariée, j’avais  déjà un enfant. Mon mari est militaire donc il  

    Comprend aussi les contraintes qu’impose l’état de  militaire. Il sait ce que c’est que d’être déployé   et il sait aussi ce que c’est que d’éprouver cette  envie pressente de partir en opération. Quand on   a envie de partir en opération, c’est pas pour  délaisser notre famille mais c’est vraiment parce  

    Qu’on a envie de faire notre métier de militaire  et de mettre en application encore une fois tout   ce qu’on a vu. On se prépare pour partir, pour être  projeté, pour aller en opération extérieure. Donc   tout ça, mon mari le comprend très bien parce  qu’il le vit également donc peut-être que ça  

    M’aide aussi à appréhender ces théâtres longs et  difficiles. On m’a également confié que vous étiez   une passionnée de tout ce qui est en lien avec  les techniques d’amélioration et d’optimisation   du potentiel humain, est-ce que c’est exact ? Oui,  c’est exact. Vous êtes bien informée d’ailleurs.  

    Moi aussi, je fais un peu de renseignement de mon  côté ! J’ai découvert ces techniques à l’issue de   l’Afghanistan d’ailleurs et à l’époque ça s’appelait  les top, les techniques d’optimisation du potentiel. Aujourd’hui, ces techniques ont été renommées  et elles se sont également développées

    Et aujourd’hui, nous les appelons les orfas,  optimisation des ressources des forces armées.   Ces techniques pour en parler brièvement, c’est un  ensemble de moyens et de stratégies mentales qui   vont permettre à chacun de mobiliser au mieux ses  ressources physiques, psychologiques, en fonction de  

    L’exigence des situations rencontrées. Donc il  faut vraiment le voir comme une boîte à outils   personnalisable qui va vraiment s’adapter à chacun  d’entre nous pour pouvoir optimiser nos ressources.   Nous avons tous des ressources et donc l’enjeu, le  challenge, c’est vraiment de les optimiser au mieux.  

    Ça regroupe différentes techniques cognitives,  physiologiques, émotionnelles et comportementales. Pour   être un peu plus précise et peut-être donner  des exemples, moi ce sont des techniques que je   vais utiliser et que je vais partager avec des  camarades pour tout ce qui va être gestion du  

    Stress par exemple, pour tout ce qui va être  préparation à un concours donc ça revient un   peu à la gestion du stress mais c’est aussi tout ce  qui est imagerie mentale pour pouvoir se projeter   le jour J du concours, pour pouvoir peut-être  dédramatiser certaines situations ou en tout  

    Cas pour pouvoir voir les choses de manière  positive. Ce sont également des techniques qui   vont pouvoir permettre d’améliorer le sommeil.  On sait que quand on est projeté en opération,   on n’a pas forcément des cycles de sommeil très bien  normés. Parfois on est un peu en décalage, parfois on  

    Va dormir deux heures et puis, l’opération reprend donc il  va rapidement falloir se mobiliser donc finalement   toutes ces techniques-là nous permettent d’être en  quelque sorte des soldats augmentés. Enfin, en tout   cas, en utilisant vraiment tout notre potentiel.  Et comment vous avez découvert tout ça ? C’était  

    Justement en opération, dans ce contexte-là ? Effectivement, en opération, on les voyait un   petit peu et surtout quand on rentre d’opération  extérieure, on effectue des sas de décompression.   Enfin, on a un petit moment où on se retrouve  entre nous, c’est un petit peu le tampon avant de  

    Retrouver la famille qu’on a laissée en France, un  moment où on décompresse, où on est accompagné par   des spécialistes si on le souhaite et où on peut  découvrir ces techniques pour pouvoir justement   nous permettre de se reposer pour pas arriver en  état de fatigue avancé à un moment où, voilà, on va  

    Pouvoir aborder la mission si on le souhaite. Donc  je l’ai découvert à ce moment-là et ensuite, j’ai   demandé à être formé sur ces techniques donc en  passant le monitorat pour pouvoir moi-même aider   d’autres personnes grâce à ces techniques-là. Et  cette année, vous avez sans doute dû les utiliser  

    Parce que vous avez décidé de passer le concours  des officiers alors pourquoi cette envie d’aller   toujours plus haut ? Oui, oui c’est ça. Alors, il  y a plusieurs facteurs. Tout d’abord l’institution   nous permet de pouvoir encore une fois gravir les  échelons, de pouvoir progresser, nous permet cet  

    Épanouissement professionnel, si on le souhaite,  on en a la possibilité. Ensuite, j’étais arrivée   donc j’étais sous-officier inscrite au tableau  d’avancement de major donc c’est-à-dire le grade   terminal des sous-officiers donc si je voulais  continuer d’évoluer, il fallait que je passe le  

    Concours des officiers. J’ai 39 ans donc je suis à  la moitié de ma carrière parce que la limite d’âge   des majors est à 59 ans donc je me suis dit mais  finalement quoi de mieux que de se relancer pour   pouvoir prendre plus de responsabilités, pouvoir  commander, pouvoir m’intéresser à des sujets  

    Toujours plus variés. Donc pour moi c’était, je vais  pas dire une suite logique puisque j’ai vraiment   décidé de passer ce concours mais ça s’inscrivait  réellement dans un parcours professionnel que j’ai   construit depuis que je suis à l’institution.  De plus, ça arrivait à un moment opportun de  

    Ma carrière. C’est-à-dire que j’étais affectée  en école donc à l’école du renseignement de   l’armée de Terre, depuis déjà 3 ans. L’école, c’est  et surtout ici, à l’ERAT donc l’école du renseignement   de l’armé Terre, c’est un moment privilégié  pour pouvoir préparer un concours. A l’ERAT,  

    Nous avons tous les spécialistes des différents  domaines du renseignement qui sont concentrés   dans nos murs donc finalement dès que j’avais  une question je pouvais me tourner vers eux   et d’une manière beaucoup plus large, l’ERAT  donc qui est à Saumur, au sein des école militaire de  

    Saumur qui regroupent quatre écoles : l’école  de cavalerie, le CIA NRBC centre interarmées   nucléaire radiologique bactériologique et chimique  et l’école d’état-major donc de nouveau si j’avais   des questions, j’avais finalement passez-moi  l’expression mais tous les spécialistes à   porter de main pour pouvoir me tourner vers eux  donc c’est vraiment un concours de circonstances,  

    Toutes les opportunités étaient réunies pour que je  passe ce concours. Pour les personnes qui ne   sont pas forcément familières du monde militaire,  pouvez-vous nous dire en quoi ce concours consiste   et la charge de travail aussi que ça représente,  parce que ce n’est pas anodin. Tout à fait. Un concours,  

    Ça se prépare sur plusieurs mois donc il faut  vraiment être endurant. Moi, je l’ai préparé sur   un peu moins d’un an parce qu’il y a un gros  travail de fond à faire pour acquérir ou en   tout cas perfectionner nos connaissance en terme  de culture générale, en terme de culture militaire  

    Également et puis, on a toute la partie spécialité  à maîtriser. Pour ma part, c’est le concours des   officiers des domaines de spécialité donc ce qui  sous-entend que je suis experte de mon domaine de   spécialité. Pour pouvoir prétendre à ce titre mais  il faut avoir le niveau donc voilà, c’est vraiment  

    Une charge de travail. Concernant le concours,  il y a une épreuve écrite et ensuite, si on est   admissible à l’écrit, il y aura une épreuve orale.  Et intégrer ensuite l’école du renseignement de   l’armée de Terre, c’était une suite logique ? Comme je le  disais moi j’étais… En tant que stagiaire j’entends bien ? 

    Ah oui oui oui tout à fait. Donc moi  j’évolue dans le domaine du renseignement depuis   déjà une dizaine d’années et le seul endroit,  l’école du renseignement de l’armée Terre, c’est   l’ERAT, à Saumur. Donc effectivement, c’est une suite  logique que de venir se faire former à l’ERAT pour  

    Devenir par la suite exploitant du renseignement  mais finalement ce terme, à mon sens est peut-être   peu approprié parce que l’exploitation, ça veut  dire quand on regarde la définition, c’est tirer   parti de alors que nous nous sommes vraiment  formés au métier d’analyste et l’analyse, c’est  

    Donner du sens aux faits et aux intentions  donc il y a vraiment cette notion de capacité   intellectuelle et de réflexion derrière. Alors très  concrètement, qu’est-ce que vous y apprenez comment   se déroule cette formation. C’est une formation  qui est très dense, qui dure quasiment une année  

    Puisqu’elle dure de septembre jusqu’à juillet donc  formation très dense, l’objectif la mission   de l’analyste c’est la réduction de l’incertitude  pour améliorer la qualité des décisions des chefs.  Donc ça c’est vraiment le le métier d’analyste.  Pour cela l’analyste reçoit les informations que  

    Les capteurs ont recueilli, évalue ses informations,  les analyse, les synthétise et ensuite va   formuler des jugements ou des appréciations  qu’il va proposer à son chef. Pour que le chef   décide par la suite. Par conséquent les qualités  qui sont nécessaires pour un analyste sont la  

    Curiosité évidemment puisqu’on doit s’intéresser à  tellement de sujets donc la curiosité est vraiment   une qualité fondamentale, je pourrais également  citer l’humilité et la culture du doute, on se   doit en permanence de se poser des questions, de  douter de ce qu’on reçoit de mettre les choses en  

    Perspective et ensuite la rigueur et l’apprêté à  la tâche. C’est un travail qui est très méticuleux   et qui nécessite du temps. Concernant notre  formation d’une année ici à l’ERAT, c’est une   formation qui est articulée autour de modules.  Donc on a trois modules. Un premier module qui  

    Est plutôt orienté vers, j’allais dire, un peu la  construction d’une boîte à outil, c’est-à-dire   qu’on apprend plusieurs outils, par exemple des  outils d’aide à l’analyse terrain, des outils de   recherche numérique, des outils de capitalisation  de données. On apprend également des méthodes de  

    Travail, travail collaboratif en état-major  puisque c’est ce vers quoi on est destiné.   On développe également notre culture générale,  développement de l’esprit de synthèse parce   qu’aujourd’hui concrètement on est face au mur de  la data. On a énormément d’informations donc notre   travail c’est vraiment aussi de synthétiser  tout qu’on reçoit et développer les capacités  

    De présentation écrite et orale. Donc tous ces  outils sont développés principalement au cours   du module 1. Ensuite on effectue le module 2 qui  là est davantage une synergie avec les capteurs.   Donc pour ceux qui ne connaissent pas forcément  le domaine du renseignement on parle souvent du  

    Cycle du renseignement. Ce cycle est divisé en  quatre phases. Donc il y a une phase où on nous   dit ce qu’on doit aller chercher; ensuite une  phase où on cherche; une phase où on analyse, où  

    On exploite et enfin la phase où on va diffuser.  Donc la deuxième partie que j’ai abordé, la partie   recherche, c’est ce que je faisais avant lorsque  j’étais capteur au deuxième régiment de hussards. Et   j’imagine que cette expérience du terrain c’est  une vraie force aujourd’hui. Tout à fait. Et une  

    Complémentarité aujourd’hui encore une fois c’est  un cycle donc en fait on est tous complémentaires et   c’est vrai que les compétences que j’ai acquises  et l’expérience que j’ai acquise lorsque j’étais   capteur, aujourd’hui sont une réelle plus-value  et par conséquent je le vois vraiment comme  

    Un complément. Ce sont vraiment des choses  complémentaires. Et donc pour reprendre au module   2, donc synergie avec les capteurs, ce sera un  exercice pratique sur le terrain où on travaillera   tant au niveau opératif et stratégique puisqu’on  sera intégré au sein d’un bureau renseignement  

    Interarmées, qu’au niveau tactique parce qu’on  sera également déployé sur le terrain. Donc on   va travailler la rusticité, la résilience et bien  évidemment toutes nos compétences d’analyse qu’on   a acquise précédemment. Et on termine sur un module  3 qui est vraiment une formation de spécialisation  

    Qui s’achève sur un exercice de niveau stratégique  conduit en liaison avec le battle Lab Rens de la   Direction du renseignement militaire. Donc voilà  ça c’est vraiment la formation d’analystes à   proprement parler. Bien évidemment en plus de  tout ça en filigrane de cette formation il y  

    A le savoir-être officier parce qu’on n’a pas tous  le même recrutement, on ne vient pas tous du même endroit   et donc c’est important de cultiver ce savoir-être,  savoir comment se placer dans notre nouveau monde   d’officier, comment évoluer, comment se situer  en participant à des activités et également en  

    Portant un intérêt peut-être à des sujets qui  jusqu’à présent n’étaient pas de notre niveau.   Et pour couronner tout ça bien évidemment  nous sommes des combattants donc on se doit   également de cultiver nos capacités physiques,  à travers de la course d’ orientation, à travers  

    Différentes activités, à travers du tir, donc on  n’oublie pas les fondamentaux de tout soldat. Et comment se passent ces premiers pas dans la peau  de lieutenant alors ? C’est très dense, c’est très   très dense. Les semaines s’enchaînent parce que par qu’on a énormément d’informations de cours en  

    Fait à apprendre, c’est dense mais en même temps  c’est très concret puisque la plupart des cours   sont suivis de mise en situation pratique donc on  voit tout de suite comment réussir à valoriser ce   qu’on vient d’apprendre, on arrive petit à petit à  faire les liens on a un encadrement qui est aussi  

    Riche et diversifié avec chacun des parcours et  des expériences différentes donc ça nous permet   aussi d’avoir des visions qui sont totalement  complémentaires. Donc ces premiers pas ne sont pas   tous les jours faciles parce que très intense mais  je ne regrette pas une seconde mon choix.

    Vous êtes 9 femmes sur 28 lieutenants, est-ce qu’on peut  dire que le renseignement est un domaine plutôt   féminisé ? Ah je vois je vois une moue dubitative.  Oui c’est un domaine qui est plutôt féminisé.   Maintenant aujourd’hui en 2023, j’ai l’impression  quand même que les sujets liés à la féminisation  

    Ça devient plutôt d’ailleurs des non sujets enfin  il y a plus trop de sujets parce que c’est quelque   chose qui est pris en compte aujourd’hui il y  a plus de de restrictions comme il a pu y avoir   nos seules restrictions ce sont nos capacités  physiques mais qui sont propres à chacun. Les  

    Mêmes capacités physiques qu’auront un homme et  les mêmes limites. Donc aujourd’hui pour moi c’est   pas forcément un sujet d’aborder les choses sous  l’angle de la féminisation ou pas. Maintenant oui   effectivement 9 sur 28 ça peut paraître beaucoup  peut-être aux yeux de certains, les femmes nous  

    Sommes très bien représentées au sein de cette  division d’application. Pour parler peut-être de   choses un peu plus personnelles et de mon parcours, ça fait donc 21 ans que j’ai rejoint l’institution.   Je suis mariée, j’ai trois enfants et donc pour  moi c’est vraiment le synonyme qu’on peut réussir  

    Aujourd’hui à allier notre vie professionnelle,  s’épanouir dans notre métier puisque moi je suis   totalement épanouie dans mon métier, j’ai réussi  à passer des concours, à partir en opération   et cetera je suis en même temps une épouse de  militaires également et je suis également mère.

    Donc aujourd’hui on arrive vraiment à allier  tous ces états en une seule personne. C’est plus une question   en fait, c’est plus une question. Pour moi, c’est  plus du tout une question. Mais comme on parlait   du profil de la division d’application actuelle à  laquelle je participe, je souhaitais également faire  

    Un petit focus sur la diversité de la promotion. Au  sein des 28 stagiaires que nous sommes, nous avons   de nombreux OSCS donc des officiers sous contrat  spécialisés, ce sont donc de jeunes militaires, de   jeunes lieutenants qui sortent de Sciences Po, qui  sortent de Master 2 en relations internationales.  

    On a également des officiers directs qui sortent  de l’ESM donc de l’École spéciale militaire de   Saint-Cyr et d’autres officiers semi-directs qui  eux sortent de l’EMIA, école militaire interarme.   Je fais ce petit focus sur ce profil là parce que  ceci montre vraiment l’ouverture d’esprit qui est  

    Le propre du monde de l’analyse, on a vraiment des  profils totalement variés et donc ça sous-entend   une richesse humaine. Aujourd’hui on tend vers une  armée d’emploi équilibré ce qui sous-entend qu’on   a tous des origines différentes, tous des parcours  différents plus ou moins riches en fonction de  

    L’expérience qu’on a vécu et donc ça nous apporte  une vision différente mais bien évidemment orienté   vers un seul et même objectif qui est la réussite  de la mission. Donc c’est vraiment très très riche   et je trouve que cette diversité elle est propre  à la division d’application renseignement.   

    A l’issue de cette année de formation quelles  sont vos perspectives de carrière ? A l’issue   de la division d’application, moi je souhaite  servir en état-major de brigade. Il faut savoir   que des postes d’analyste du renseignement, il  y en a dans toutes les unités parce que tout le  

    Monde fait du renseignement donc chacun a des  niveaux différents. Principalement à l’issue   de la division d’application on peut servir en  état-major de brigade ou de division ou alors   euh dans des grandes directions. Voilà moi à titre  personnel c’est plutôt un état-major de brigade  

    Qui m’intéresserait parce qu’on reste au niveau  tactique donc je reste quand même assez proche des   régiments, en même temps c’est du niveau brigade.  Donc on prend quand même un clic, on prend un petit   peu de hauteur par rapport aux choses, voilà. Donc  à titre personnel un état-major de brigade c’est  

    Vraiment ce que je souhaite. On voit un parcours  éminemment riche, est-ce que vous avez douté à   certains moments ? Alors effectivement il y a, il y a  des moments où on se pose un peu plus de questions  

    Que d’autres où on se demande si on va réussir  parfois à tout mener de front ou si on va réussir   à aller là où on veut aller mais encore une fois  je pense que l’institution de manière générale   est très bienveillante et accompagnante et je  pense aussi qu’on arrive toujours à se tourner  

    Vers des gens qui peuvent nous aider, vers des gens  sur qui se reposer. Je pense notamment par exemple   au parrainage on a souvent des parrainages quand on  change de grade quand on change de corps et donc  

    Je pense que ce rôle là qui est vraiment instauré  au sein de l’institution n’est pas à prendre à la   légère en tout cas moi ça m’a vraiment beaucoup  coup aider dans des moments de doute où on sait  

    Plus trop et à titre plus personnel quelle est  votre force selon vous ? Parce qu’on peut pas se   dire que tout le monde est capable de faire ce que  vous avez fait faut de la détermination j’imagine   oui oui, je je pense qu’il faut de la  détermination, de la persévérance, savoir  

    Se tourner vers les bonnes personnes savoir  être aidé c’est aussi une marque d’humilité   que de savoir dire à un moment que ça va pas  trop, qu’on a des doutes précisément, donc voilà,   humilité, persévérance, il faut pas se décourager,  voilà, prendre un peu de hauteur sur les choses,  

    Dépassionner les débats comme on dit beaucoup  et encore une fois on en revient aux ORFAS, ce   sont des techniques aussi qui aident. Donc voilà, je  pense que c’est un peu un mélange de tout ça.

    Dans 10 ans vous vous voyez où ? Dans 10 ans j’aimerais  pourquoi pas retourner en état-major de brigade   donc ce qui sous-entend que je l’aurais quitté  ou alors pourquoi pas j’aimerais aussi me faire   affecter à l’école du renseignement de l’armée  de terre en tant que formateur. Je m’explique ; dans  

    Mon parcours donc moi j’ai choisi un parcours  orienté commandement, donc ce qui sous-entend   que dans mon parcours je devrais commander une  unité élémentaire, donc normalement dans 10 ans   je devrais rendre mon temps de commandement donc  peut-être retourner en état-major de brigade ou  

    Pourquoi pas la formation parce que je trouve  que c’est très vertueux, à un moment on reçoit, on   reçoit les cours, on les met en application et puis  bah arrive un moment on a capitalisé suffisamment   pour pouvoir donner à notre tour. Et je trouve  aussi que c’est ce processus qui fait que  

    L’institution fonctionne ; le retour d’expérience  est très très important et c’est vraiment ce qui   nous fait grandir et nous perfectionner en  permanence. Donc pourquoi pas l’ERAT d’ici   10 ans. Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ? De  la réussite, des missions, parce qu’encore une  

    Fois c’est là où on met en application tout ce  qu’on apprend. Une année riche, exaltante pleine de   nouvelles choses parce que je suis très curieuse  et j’aime sans cesse apprendre. Il y a peut-être   des jeunes, des jeunes collégiens, lycéens, qui nous  écoutent. Qu’est-ce que vous avez envie de leur  

    Dire pour peut-être susciter des vocations et pour  pourquoi pas dans votre domaine. Engagez-vous ! Non   plus sérieusement, plus sérieusement l’armée c’est  vraiment une institution qui est incroyablement   belle. On y apprend énormément de choses, elle est  d’une richesse humaine incroyable. Encore une fois  

    On n’est jamais laissé seul donc quelqu’un qui se  pose la question c’est quelqu’un qui doit sauter   le pas et qui doit s’engager. Le renseignement  c’est un domaine qui est très porteur, on le   voit, on est dans un monde en pleine métamorphose  en permanence, on l’a encore vu il y a peu de temps  

    Avec tous les événements qui se passent dans  le monde avec le retour de la guerre sur le sol   européen, on nous parle demain de guerre de haute  intensité donc le retour de la haute intensité, le   renseignement est est vraiment au cœur du sujet donc pour ceux qui veulent s’engager, rejoignez le  

    Domaine du renseignement. On a besoin vraiment  de toutes les capacités, les capacités de tout   le monde et on a besoin d’avoir des visions  différentes. Et je crois qu’on a très envie de   signer en vous écoutant. J’espère. Avez-vous passé  un bon moment avec nous ? Oui, oui, oui , vraiment un  

    Très bon moment, c’était, c’était agréable, libre,  naturel donc je reviendrai, on se reverra avec   plaisir. Merci lieutenant. Merci Samantha. Et je  donne rendez-vous à nos auditeurs le mois prochain,   pour un nouvel entretien. N’hésitez pas à commenter et à réagir sur les plateformes et sur nos réseaux sociaux.

    8 Comments

    1. Bonjour, je regarde toutes vos vidéos et celles-ci me motive toujours plus à passer le concours d’officier et à ce titre ça serait bien si vous feriez une vidéo pour donner des conseils sur la préparation du concours et savoir à quoi s’attendre. Merci à vous.

    2. Tout à fait passionnant et enthousiasmant ! Que de valeurs et de connaissances dont nous n’avons plus rien dans le civil ! Bravo à l’Armée et à ses membres, mais surtout profonde reconnaissance !

    3. J’aimerais vraiment poser des questions à cette dame.
      Comment vous avez fait pour vous organiser avec vos enfants ?!
      L’école, les devoirs 📚 et autres.

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