C’est une pionnière que nous recevons pour le dernier entretien de l’année. Le capitaine de frégate Karen a fait partie des premières femmes à intégrer un équipage de sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Une expérience hors norme qu’elle nous raconte avec naturel et passion. Elle revient également sur ses différentes affectations au sein de la Marine nationale et nous donne sa vision de l’évolution du ministère des Armées, en 26 ans de carrière.
Photo : Stéphane Lavoué
Musique originale : Stéphane Lebaron et Romain Paillard
Vous pouvez également nous retrouver sur : https://www.podcastics.com/podcast/defcast/
Defcast, avec Samantha Lille. Bonjour à toutes et tous ! Bienvenue dans le Defcast, le podcast du ministère des Armées. Une discussion à bâtons rompus pour vous faire rencontrer une personnalité de la sphère défense et découvrir la richesse de son parcours. Voix invitée : ” Voilà je je suis la première femme
Chef le service réacteur donc il faut que j’assure”! Aujourd’hui, nous sommes heureux de recevoir le capitaine de frégate Karen qui travaille dans le domaine de la dissuasion nucléaire à l’état-major de la Marine nationale, bonjour ! Bonjour ! Bien installée ? Oui, très bien !
C’est plus ou moins confortable que dans un sous-marin ? C’est différent ! Parce qu”il paraît que vous connaissez plutôt bien ? Oui, il y a plus d’espace, on va dire, mais finalement le petit espace, c’est bien aussi ça fait un petit peu le côté cocooning et c’est notre zone réservée donc c’est vraiment
Important aussi cette zone réservée. On peut se retrouver après avoir fait notre quart de nuit et puis comme on vit en milieu clos, c’est important d’avoir ce petit moment intime en fait pour se ressourcer un petit peu. Vous avez navigué combien de temps à bord ? Pour le sous-marin, j’ai fait un
Cycle complet donc une patrouille opérationnelle. On y reviendra en détail parce qu’évidemment cette expérience va passionner nos auditeurs. Toujours la première au bureau selon vos collègues, réactive et à l’écoute, vous n’aimez pas la routine et on va vite pouvoir le vérifier. Votre parcours vous a
Notamment fait débuter dans l’aéronautique navale et vous a amené à faire partie des premières femmes à intégrer un équipage de sous-marin nucléaire lanceur d’engins, j’ai donc une pionnière en face de moi mais pour débuter, comme d’habitude, nous allons remonter le temps,. Quel a été le déclic
Qui vous a poussé à porter l’uniforme ? Il y a plusieurs déclics en fait. Déjà j’ai passé mon enfance à faire de la voile avec mon papa dans les Côtes d’Armor. Après mon frère est rentré dans la
Marine donc par l’École des mousses. Il a commencé par le porte-avions Clémenceau et puis, moi par contre j’étais dans un cursus plus scolaire. J’étais en classe préparatoire, j’ai passé le concours de l’École navale et à l’époque bah j’ai échoué donc je me suis dit bah tant pis c’est pas grave
Si je l’ai raté alors que je voulais rentrer et ben je vais faire autre chose donc je vais rentrer par une autre porte et je me suis inscrite, enfin j’ai candidaté à l’Ecole de maistrance. Donc j’ai intégré l’Ecole de maistrance en 98 avec toujours cette petite lumière derrière en me disant bah voilà
Je veux faire officier et c’est ce que j’ai fait dans la foulée en fait de la fin de mon cursus en fait d’officier marinier dans l’aéronautique navale. J’ai préparé le concours et j’ai intégré l’Ecole navale en 2001. Justement, vous parliez de l’aéronautique navale, qu’est-ce que vous avez fait
En première affectation ? J’étais mécanicien dans l’aéronautique navale et j’ai commencé par les Alouette 3 à Lanvéoc. Donc j’ai fait des opérations de dépannage sur Alouette 3. Vous allez donc intégrer l’École navale, qu’est-ce qui va se passer ensuite ? Alors quand j’ai intégré l’Ecole navale
J’étais plutôt dans une logique de continuer dans l’aéronautique navale en tant qu’officier et puis, la formation en fait maritime de l’École navale donc embarquer sur des petits bâtiments, tout de suite en fait j’ai senti que ce qui me plaisait, c’était d’être sur la mer, à bord de
Bateau, l’ambiance en fait des bateaux et donc rapidement, j’ai choisi de m’orienter vers l’énergie enfin le domaine de l’énergie mais sur bâtiment de surface. Et puis, la filière nucléaire m’intéressait aussi déjà. J’étais quand même attirée par cette filière-là donc au fur à mesure de mon
Cursus, j’ai candidaté en fait pour rejoindre la filière nucléaire et donc le porte-avions puisque à l’époque les sous-marins n’étaient pas ouverts aux femmes. C’est un bâtiment qui fait rêver surtout le grand public, comment c’est le porte-avions ? Alors le porte-avions c’est une ville. C’est une ville, on
Y fait plein de choses à bord. C’est un bateau qui est passionnant parce que vous avez à la fois le côté opérationnel et effectivement médiatique puisque c’est le seul déjà porte-avions pour la France. Il a un rôle quand même central dans la dissuision nucléaire, même en terme de
Souveraineté du pays puisque on est quelques pays à avoir un porte-avions, je dis bien un porte-avions et pas un porte-aéronefs. Quand j’étais à bord donc j’étais au sein du service réacteur et donc servir sur le fleuron de la Marine, au service réacteur, c’était quelque chose pour moi de
Formidable, en fait. C’était une expérience unique et j’ai pu participer au premier grand carénage du porte-avions donc là je vais parler un petit peu de façon simple mais les cœurs étaient ouverts et on a tout sorti quoi ! Donc là on voyait vraiment l’installation dans toute sa complexité
Et puis, le côté très intéressant techniquement aussi. Vous y êtes restée combien de temps ? Donc j’ai fait 2 ans, la plupart des affectations d’officiers sont de 2 ans voire trois mais généralement c’est 2 ans. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de l’ambiance à bord parce que j’imagine quand
On parle de de ville flottante, ça doit être très particulier par rapport peut-être à d’autres petits bateaux que vous vous avez fait avant ? Alors c’est vrai que c’est un bateau où on a tendance à rester entre guillemets collègues/amis de notre métier parce qu’avec le cycle de quart donc le quart,
C’est assurer la permanence du bateau jour et nuit, forcément les relations vont se faire toujours avec l’équipe avec qui on travaille. On va déjeuner ensemble, on va dîner ensemble donc ça reste quand même assez isolé en terme de service mais c’est effectivement le fait qu’il y ait beaucoup de
Monde à bord qui rend cette ambiance là. Après, il y a des contacts avec les autres services, avec les pilotes aussi, puisque les pilotes de chasse enfin le GAé, ce qu’on appelle le groupe aérien embarqué
Qui arrive donc les pilotes qui nous monte à peu près à 2000 personnes à bord et en fait, c’est une autre vie du bateau, que ce soit dans l’ambiance de l’équipage, dans l’enchaînement en fait des activités et voilà donc c’est vraiment un bateau unique en terme d’ambiance parce que ça
N’a rien à voir avec une frégate, avec un pétrolier où on est sur des équipages beaucoup plus réduits. Cette affectation a été marquante, qu’est-ce qui se passe ensuite ? Alors ce qui se passe ensuite donc elle était marquante effectivement pour moi ensuite, j’ai voulu me poser un petit peu parce
Que quand je suis arrivée sur le porte-avions j’avais déjà embarqué sur d’autres bâtiments de surface dans le domaine de la vapeur classique. Je commençais à avoir un âge où il était temps de penser un peu à ma famille et donc je suis partie à l’Ecole des applications militaires
De l’énergie atomique, à Cherbourg, où j’ai occupé le poste d’instructeur en sécurité nucléaire et j’ai profité de cette pause en fait à terre, pour avoir mon petit garçon et donc avoir une vie de maman
Et pas que de marin. Oui parce que c’est sûr que quand on vous écoute ça fait rêver mais on se dit effectivement que ça peut être compliqué aussi d’avoir une vie personnelle riche à côté ? Oui alors la vie personnelle, moi j’ai envie de dire : “Je remercie mon mari.” C’est une collaboration,
Mon mari étant dans la Marine, on alternait en fait à terre, en mer pour mon mari et pour moi et donc ça c’est un vrai soutien et puis, pour mon enfant au fur et à mesure qu’il grandissait, je lui ai toujours montré les bateaux où j’allais, même le sous-marin d’ailleurs pour qu’il comprenne
Pourquoi je j’étais pas là, pourquoi il y avait ces absences donc voilà c’est un couple en fait. Oui, c’est vraiment le couple est très très important. Le marin en fait ne peut avancer dans sa carrière
Que par un soutien mutuel de sa famille et puis, bien sûr par son envie personnelle de relever des challenges. Alors justement comment allez-vous être amenée à intégrer l’équipage d’un sous-marin ? Alors j’étais déjà attirée par les sous-marins. C’était quelque chose qui me fascinait donc comme à
L’époque, c’était pas ouvert, forcément je suis partie sur le porte-avions alors attention, c’est pas par dépit, loin de là et puis, bon j’y croyais pas trop à l’époque ça me paraissait loin et en 2014 quand ça commençait un petit peu à s’ouvrir, je me suis dit je vais me porter candidate et
Finalement, j’ai été retenue parce que j’étais un peu ancienne, j’étais déjà qualifié ingénieur de quart, ça permettait, je pense aussi pour la Marine d’avoir un officier en fait un peu expérimenté dans le sens esprit d’équipage, s’absenter, gérer un service donc voilà toute cette approche-là
Et donc ça s’est fait naturellement et je suis arrivée en 2016, au sein des forces sous-marines j’étais, j’ai envie de dire comme un enfant qui a eu son jouet tellement j’étais heureuse en fait parce que c’était un rêve qui se réalisait. Alors petite question bête mais pourquoi jusqu’à cette
Date les femmes n’étaient pas admises à bord des sous-marins ? Alors plusieurs raisons, je n’ai pas forcément toutes les raisons, je ne suis pas au centre de toutes les décisions politiques ou militaires. Déjà il y avait, je pense une crainte en fait de proximité, c’est-à-dire comment
Permettre aux femmes d’avoir une intimité parce que bon effectivement physiologiquement l’homme et la femme ne sont pas pareil. On a souvent eu peur aussi pendant quelques années le risque radiologique sur les femmes. Et ça a été je pense vraiment le premier sujet
Pour la fécondité donc voilà tous ces petites craintes en fait empêchaient la féminisation des sous-marins. Après il est certain qu’entre un sous-marin nucléaire d’attaque ancienne génération, pas les actuels, pas les Barracuda puisque les Barracuda sont ouverts
Aujourd’hui. Ça a été difficile de loger des femmes et des hommes dans le même poste alors que sur SNLE pour ma part par exemple, j’avais du fait de mon poste de chef de service, j’avais un un petit poste avec une banette donc finalement, c’était comme sur un bâtiment de surface. J’avais mon
Poste au milieu d’hommes entre guillemets voilà donc c’est toutes ces petites raisons et puis, après, c’est une évolution de la société, c’est une évolution aussi de se dire toutes les femmes qui sont volontaires, on est quand même dans une situation tendue en terme de RH que ce soit
Civiles, militaires, enfin il faut chercher des qualités, des talents chez vers les femmes, vers les hommes et donc, c’est un potentiel en fait de recrutement que la Marine finalement se retirait. On a parlé de sous-marin nucléaire lanceur d’engins, il y a beaucoup de
Personnes peut-être qui ne visualisent pas, qui ne connaissent pas donc si on ferme les yeux est-ce que vous pouvez nous embarquer, nous faire visiter, à quoi ça ressemble ? Alors à quoi ça ressemble ! C’est un gros bateau noir qui est sous l’eau, qui a plusieurs tranches dont une grande tranche missile
Au milieu. Le SNLE, c’est la dissuasion nucléaire. Alors il y a le porte-avions bien sûr. Le porte-avions, c’est plus l’aéroporté avec le Rafale. Et le sous-marin, enfin le SNLE, c’est avec ses missiles. Il se fond en fait dans la mer. Son objectif, c’est d’être le plus silencieux possible parce que voilà
C’est le but premier de la mission, c’est de ne pas être identifié, ne pas être vu. C’est pour ça aussi qu’on a aucune communication a l’extérieur, ne serait-ce qu’avec nos familles. C’est vraiment quelque chose de secret. Comment on l’appréhende ça parce qu’aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux,
Des messages instantanés, ça paraît quand même toujours assez dingue … Oui, en fait, j’ai envie de dire l’homme se fait à tout. Je suis effectivement.. Moi, aujourd’hui, j’ai mon téléphone portable, je regarde les mails, les applications. Quand j’étais à bord du sous-marin, je laissais mon téléphone
Et puis, on s’occupe autrement et au final, on se rend compte que le téléphone on en n’a pas plus besoin qu’ailleurs. C’est juste parce qu’on est habitué à l’avoir tous les jours et on ne se pose
Pas la question de ne pas l’emmener. Donc quand on est à bord du sous-marin et bien, il n’y a plus cette communication mais finalement la vie s’organise autrement et quels que soient les bateaux que j’ai pu faire, quand vous partez en mission, c’est une autre vie, c’est une autre famille. Notre vie
Change. En fait, nos habitudes changent. J’ai envie de dire, c’est peut-être plus difficile pour la famille parce que nous, finalement, c’est presque un peu égoïste ce que je vais dire mais nous on est dans notre routine, dans notre travail quotidien, on est là pour la mission. Alors
Que notre famille, eux, ils sont dans l’attente de cocher les jours qui passent. Pour mon fils, c’était tous les dimanches. On lui avait acheté un gros Lego parce qu’il adore les Lego et il y avait plusieurs sachets qui devaient rythmer chaque weekend pour dire voilà un sachet égal
Une semaine, c’est comme ça. Donc non je pense que c’est plus pour la famille effectivement, il faut les préparer. Il faut préparer la famille à ce silence en fait. Quand vous avez fait votre premier embarquement, est-ce que vous aviez une certaine pression ? Pas vraiment, j’ai pas eu de pression
Médiatique. L’amiral des forces océaniques stratégiques de l’époque avait énormément préservé, nous avez préservées de ça pour pour nous préparer en fait à cette mission parce que il y avait quand même l’aspect opérationnel à gérer en priorité. Donc cette pression médiatique, on ne l’a pas eu. On l’a eu un
Peu plus au retour forcément parce qu’on était les premières mais après, c’était une pression dans le sens de dire voilà je suis la première femme, cheffe du service réacteur donc il faut que j’assure. Il faut que j’assure et c’était important pour moi d’être accueillie, d’être acceptée par mes
Équipes et je pense aujourd’hui que ça l’est. J’ai toujours des contacts avec mes équipes et ce qui m’a vraiment marquée, je le répète souvent mais c’est un moment qui m’a vraiment touchée. C’était le jour de la fête des mères, c’était une période où j’étais donc sous l’eau et mes gars m’avait offert
Un gâteau d’anniversaire qu’ils avaient enfin d’anniversaire c’est pas vraiment un anniversaire mais je vais vous expliquer pourquoi. Ils sont arrivés au poste de conduite machine et ce jour en fait c’était à la fois la fête des mères et l’anniversaire de mon fils. Voilà donc c’était
Quelque chose de marquant et eux ça les avait marqués parce que c’était la première fois qu’ils fêtaient la fête des mères à bord d’un sous-marin. Voilà, c’était une double anecdote pour tout le monde. Est-ce que vous vous rendiez compte à ce moment-là que vous étiez une pionnière, que d’une certaine
Manière vous avez un petit peu marqué l’histoire des sous-marins à ce moment-là ? Est-ce qu’on s’en rend compte après ou au moment où ça se passe. J’ai envie de dire que je m’en rends compte plutôt aujourd’hui.
A l’époque, je me disais bah oui je suis de du service sur un sous-marin donc je le ressentais pas du tout comme ça, pour moi c’était naturel en fait. Aujourd’hui, je le ressens davantage déjà par ma famille et puis, par les jeunes en fait que ça soit civil ou militaire qui
Sont dans le nucléaire. On a un regard en fait de ces jeunes femmes un peu admiratif alors que finalement il n’y a pas une histoire d’admiration. C’est juste que j’ai saisi des opportunités, j’ai travaillé, je ne suis pas plus exceptionnelle que toute autre femme ou du moins tout autre marin. Vous êtes partie
70 jours en mer à peu près, comment ça s’est passé cette mission ? Alors, c’est une mission finalement où le temps, il n’y a pas de temps en fait. On a l’impression qu’on part le vendredi, qu’on rentre le lundi. C’est assez bizarre. C’est comme si le temps s’arrêtait parce qu’on est complètement isolé
Bien sûr de tout le monde et puis, on a un rythme en fait d’activités. Toute la la journée est séquencée par le quart au poste de conduite. Moi je faisais ma séance de sport après, on avait du travail
D’officier donc de rédaction, de compte-rendu… Après, il y avait les dîners, déjeuners au carré donc il y avait pas mal d’activités aussi à bord pour rythmer justement, pour pas créer de l’ennui en fait, pour pas que l’équipage en sa globalité s’ennuie ou réfléchisse. En fait, quand
Je dis réfléchir, c’est pas dire on ne veut pas que les gens réfléchissent. C’était dans le sens, pense à sa famille, pense trop et finalement devienne un petit peu sensible donc en fait voilà il y avait toujours des activités pour que chacun se sente bien et vive cette mission avec
Légèreté. Vous étiez la seule femme à ce moment-là ? Non, nous étions quatre donc moi j’étais chef de service réacteur, j’avais également avec moi donc Pauline, la première médecin militaire à bord et puis j’avais donc Camille et Harmonie qui étaient deux enceignes de vaisseau adjoints donc l’une au chef
De service sécurité plongée donc tout ce qui est la sécurité du bateau dans sa globalité et Camille qui était au niveau opérations. Est-ce que vous êtes, j’imagine que vous vous êtes préparées ensemble,
Que vous avez un peu affronté ça ensemble, si on peut dire ? Oui, tout à fait. Alors on ne s’est pas préparé techniquement puisqu’on était pas dans les mêmes cursus de formation mais à bord il y avait
Effectivement un soutien, un soutien mutuel alors je pense que j’étais un peu la maman malgré tout. J’avais quand même une différence d’âge et donc cétait important d’être à 4 et finalement d’avoir des anciennetés différentes. Aujourd’hui, vous êtes en état-major, vous avez posé les sacs comme on dit
C’est aussi important de pouvoir le faire ? Oui, c’est important. Le milieu opérationnel aujourd’hui me manque, c’est vrai, parce que c’est des expériences uniques. Quels que soient les bateaux que j’ai pu faire. Les missions en océan Indien que j’ai fait sur pétrolier, que j’ai pu faire sur frégate
Anti-sous-marine, c’est des moments en fait qui restent gravés mais il y a un moment la route tourne. Mon fils grandit. Je ne cache pas que j’ai pas beaucoup vu mon fils entre 2 ans et 10 ans.
Et à un moment en tant que femme en fait, on a besoin aussi de se retrouver, de retrouver sa famille et puis, il y a l’âge aussi. Ça fatigue donc c’est bien aussi. Et puis, avec mon mari, on a quand même beaucoup déménagé. On a fait pratiquement tous les ports au niveau métropole
Donc on a envie aussi d’avoir un peu notre chez nous et pas forcément rentrer dans une routine parce qu’on n’aime pas la routine mais au moins se poser et pour mon fils aussi qui a quand même
Changer plus de six fois d’école donc il aimerait bien aussi garder ses copains sur le long terme. Alors vous effectuez un travail très pointu en état-major, est-ce que vous pouvez un peu essayer de nous l’expliquer ? Vous le ferez mieux que moi. Alors, je vais commencer par le plus simple donc je
Travaille auprès de l’amiral coordinateur en fait des affaires nucléaires mais au-delà des affaires nucléaires en fait, il gère toute la partie maîtrise des risques industriels, environnement, prévention, pyrotechniques donc c’est vraiment très très large et donc j’ai eu deux casquettes en fait
Dans ce poste. Une que j’ai depuis libéré, c’était autorité du domaine de compétence, c’est-à-dire que je travaillais pour l’amiral. Je suivais en fait la formation des atomiciens de la Marine qu’ils soient officiers ou officiers mariniers. Le rôle en fait d’Alnuc donc cet amiral c’est Alnuc,
C’est pas de dire qu’est-ce qu’on doit mettre dans la formation, quel cours on doit donner. C’est de vérifier que la formation elle répond aux exigences de la sûreté nucléaire puisque on a quand même une autorité de sûreté nucléaire défense et c’est un peu le garde fou. Et la
Deuxième casquette qui va peut-être moins parler, c’est le contrôle gouvernemental de l’intégrité des moyens. Alors ce contrôle gouvernemental, c’est s’assurer que tous les éléments combustibles dans les réacteurs, dans les piscines de stockage, tous les éléments d’armes pour le porte-avions ou sous-marin
Nucléaire lanceur d’engins sont présents, c’est qu’on en n’a pas perdu, personne nous a volé d’éléments donc c’est de la comptabilité mais c’est aussi et surtout s’assurer que tous les sites, tous les moyens en fait sont protégés de tout acte de malveillance en fait, c’est ça, c’est garantir
Au président de la République que la dissuasion nucléaire est opérationnelle, est protégée dans les grandes lignes c’est ça. Donc je travaille pour l’amiral dans ce domaine-là en lien avec le cabinet du ministre des Armées. Ce sont des sujets vraiment en lien avec la dissuasion nucléaire et
Qui ont une importance vitale aujourd’hui puisque le nucléire on sait que c’est au centre de tous les débats et c’est surtout que le nucléaire civil est vital pour le pays. Le nucléaire militaire est vital pour la souveraineté du pays voilà c’est très très important. Aujourd’hui, on est dans
Une situation quand même assez tendue au niveau géopolitique et la dissuasion nucléaire est l’arme absolue. Et dans ce cadre, le 15 novembre dernier, vous avez reçu le prix Fem’ Energia qui récompense des femmes en activité dans le secteur du nucléaire en France, qu’est-ce que cela représente
Pour vous ? Alors ça représente une fierté personnelle; ça je ne vais pas me mentir mais quand je suis montée sur cette estrade, j’étais très fière d’avoir cet uniforme, puisque c’était aussi pour moi de montrer en fait que le nucléaire, c’est pas que le nucléaire civil. Parce que le nucléaire
Militaire, on l’oublie un peu en fait. Enfin, c’est vrai que les gens … En France, on parle beaucoup du nucléaire civil, ce qui est tout à fait normal mais la Marine a un rôle très important dans le nucléaire. C’est quand même le deuxième exploitant nucléaire en France et
La dissuasion nucléaire est vitale comme je disais auparavant donc le fait d’être présente à cette cérémonie et donc l’amiral était également présent, le fait d’avoir quelques uniformes bleus, c’était pour montrer que voilà on est là et on a notre place aussi dans cette filière qui est riche et
Finalement ce que j’ai voulu aussi montrer quand j’ai pris la parole pour remercier bien sûr le jury, c’était que cette diversité d’emploi, on la retrouvait dans le nucléaire militaire donc c’était très important pour moi aussi de mettre en avant la Marine. Déjà 26 ans de carrière, si
Je me trompe pas, est-ce que vous avez des regrets ? Non, non j’ai pas de regret, si les regrets, j’aurais pu encore faire d’autres choses. Je suis une éternelle insatisfaite, j’aime relever les challenges. Non, j’ai pas de regret, je pense que j’ai fait tout ce que je pouvais faire. Je ne regrette
Rien. En fait, c’est en viellissant je pense qu’on on se dit bah finalement je suis très contente de ce que j’ai fait et j’ai aucun regret parce que j’ai osé en fait me remettre en cause tout
Le temps, parce que tous les 2 ans je changeais vraiment de poste et ça, ça m’a appris beaucoup de choses, ça m’a enrichie personnellement aussi et non, j’ai aucun regret. On a parlé d’expériences incroyables mais est-ce qu’il y a eu aussi parfois des passages difficiles ? Oui, il y a des passages
Difficiles parce que rien que la formation nucléaire, elle est dure. Quand j’ai repris les sous-marins, j’ai repris ma formation, j’avais 40 ans donc je faisais mes devoirs telle une étudiante et à 40 ans,
C’est un peu fatiguant surtout que j’avais mon petit garçon quand même. Donc oui c’est dur, il y a des remises en cause permanente, il y a c’est pas forcément le fait d’être une femme ou un homme ça fait partie du métier. Dès l’instant où on est dans des métiers à responsabilités dans des
Métiers où on sort de sa zone de confort, il y a des moments difficiles. La vie n’est pas un long fleuve tranquille en fait. Il faut s’accrocher et puis, ne pas se laisser abattre. Vous avez aussi
Vu la Marine évoluer, les armées se transformer, quel regard vous portez sur ces changements ? C’est un regard plutôt positif quand même parce que c’est vrai que moi je suis rentrée dans une armée où pour une femme c’était un petit peu compliqué. C’est vrai, il ne faut pas se mentir, on n’osait
Moins en fait parler de la maternité, on avait peur que ça nous bloque dans notre carrière donc moi je trouve ça très très bien aujourd’hui que cette maternité soit prise en compte dans l’ensemble de la carrière d’une femme mais j’ai envie de dire c’est pas que la Marine, que les armées
C’est au niveau société. Voilà, je ne fais pas de procès à l’armée. Dans le civil, c’est pareil. Ma maman, un jour m’avait expliqué quand au retour de sa maternité, elle avait été mise dans un poste un peu de placard parce que voilà donc on dit l’armée mais finalement c’est
Une évolution globale. Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter ? De continuer à m’épanouir, de continuer à suivre mes envies, à relever des challenges. J’ai encore plein de choses à découvrir. Et si mes sources sont exactes, vous aimez aussi beaucoup partir en croisière ? Oui, alors j’aime partir en
Croisière, j’aime prendre les sacs. Alors beaucoup moins depuis qu’on a notre fils parce qu’avec mon mari on faisait beaucoup de randonnée en montagne mais maintenant qu’il a 11 ans il va s’y mettre. Parce que j’adore courir, je fais du cheval aussi et ça c’est des moments que j’aime parce qu’en
Fait dans ces moments-là, je lâche tout, je pense à rien, c’est l’évasion mais en fait c’est un peu l’évasion que j’avais sur les bateaux. C’est des moments qui m’ont aussi préparée à cette résilience et savoir revenir sur soi et dire bon voilà je réfléchis je reste calme et
J’avance voilà. C’est comme avec un cheval, il faut être posé sinon le cheval il s’emballe et ben c’est pareil. On vous souhaite de tout lâcher alors de lâcher prise. Voilà lâcher prise ! Est-ce que vous avez passé un bon moment avec nous ? Parfait oui ! Merci Karen ! Merci beaucoup !
Et je donne rendez-vous à nos auditeurs le mois prochain pour un nouveau Defcast. N’hésitez pas à vous abonner pour être au courant des prochaines sorties et à réagir sur nos réseaux sociaux. A très bientôt !
3 Comments
La Corée du Nord tire un missile capable d'atteindre les USA c'est un signal fort est beaucoup de nation doivent prendre ça au sérieux. J'insiste toujours pour la France ne croit pas que vous êtes pas concernés sur l'affaire, vous êtes concernés. La France obligatoire d'investir dans le nucléaire hypersonique, balistique intercontinatal capable d'entendre n'importe quel pays au monde.
Entretien vraiment passionnant et très intéressant !
Quelle pugnacité !