C’est une pionnière que nous recevons pour le dernier entretien de l’année. Le capitaine de frégate Karen a fait partie des premières femmes à intégrer un équipage de sous-marin nucléaire lanceur d’engins. Une expérience hors norme qu’elle nous raconte avec naturel et passion. Elle revient également sur ses différentes affectations au sein de la Marine nationale et nous donne sa vision de l’évolution du ministère des Armées, en 26 ans de carrière.

    Photo : Stéphane Lavoué
    Musique originale : Stéphane Lebaron et Romain Paillard

    Vous pouvez également nous retrouver sur : https://www.podcastics.com/podcast/defcast/

    Defcast, avec Samantha Lille. Bonjour à toutes et  tous ! Bienvenue dans le Defcast, le podcast du   ministère des Armées. Une discussion à bâtons rompus  pour vous faire rencontrer une personnalité de   la sphère défense et découvrir la richesse de  son parcours. Voix invitée : ” Voilà je je suis la première femme  

    Chef le service réacteur donc il faut que j’assure”!  Aujourd’hui, nous sommes heureux de recevoir le   capitaine de frégate Karen qui travaille dans le  domaine de la dissuasion nucléaire à l’état-major   de la Marine nationale, bonjour ! Bonjour ! Bien installée ? Oui, très bien !

    C’est plus ou moins confortable que dans un sous-marin ? C’est différent ! Parce qu”il paraît que vous connaissez   plutôt bien ? Oui, il y a plus d’espace, on va dire,  mais finalement le petit espace, c’est bien   aussi ça fait un petit peu le côté cocooning et  c’est notre zone réservée donc c’est vraiment  

    Important aussi cette zone réservée. On peut se  retrouver après avoir fait notre quart de nuit et   puis comme on vit en milieu clos, c’est important  d’avoir ce petit moment intime en fait pour se   ressourcer un petit peu. Vous avez navigué combien  de temps à bord ? Pour le sous-marin, j’ai fait un  

    Cycle complet donc une patrouille opérationnelle.  On y reviendra en détail parce qu’évidemment cette   expérience va passionner nos auditeurs. Toujours la  première au bureau selon vos collègues, réactive et   à l’écoute, vous n’aimez pas la routine et on va  vite pouvoir le vérifier. Votre parcours vous a  

    Notamment fait débuter dans l’aéronautique navale  et vous a amené à faire partie des premières   femmes à intégrer un équipage de sous-marin  nucléaire lanceur d’engins, j’ai donc une pionnière   en face de moi mais pour débuter, comme d’habitude,  nous allons remonter le temps,. Quel a été le déclic

    Qui vous a poussé à porter l’uniforme ? Il y a  plusieurs déclics en fait. Déjà j’ai passé mon   enfance à faire de la voile avec mon papa dans les  Côtes d’Armor. Après mon frère est rentré dans la  

    Marine donc par l’École des mousses. Il a commencé  par le porte-avions Clémenceau et puis, moi par contre   j’étais dans un cursus plus scolaire. J’étais  en classe préparatoire, j’ai passé le concours   de l’École navale et à l’époque bah j’ai échoué  donc je me suis dit bah tant pis c’est pas grave  

    Si je l’ai raté alors que je voulais rentrer et ben  je vais faire autre chose donc je vais rentrer par   une autre porte et je me suis inscrite, enfin j’ai  candidaté à l’Ecole de maistrance. Donc j’ai intégré   l’Ecole de maistrance en 98 avec toujours cette  petite lumière derrière en me disant bah voilà  

    Je veux faire officier et c’est ce que j’ai fait  dans la foulée en fait de la fin de mon cursus   en fait d’officier marinier dans l’aéronautique  navale. J’ai préparé le concours et j’ai intégré   l’Ecole navale en 2001. Justement, vous parliez de  l’aéronautique navale, qu’est-ce que vous avez fait  

    En première affectation ? J’étais mécanicien dans  l’aéronautique navale et j’ai commencé par les   Alouette 3 à Lanvéoc. Donc j’ai fait des opérations  de dépannage sur Alouette 3. Vous allez donc   intégrer l’École navale, qu’est-ce qui va se passer  ensuite ? Alors quand j’ai intégré l’Ecole navale  

    J’étais plutôt dans une logique de continuer dans  l’aéronautique navale en tant qu’officier et puis, la   formation en fait maritime de l’École navale  donc embarquer sur des petits bâtiments,   tout de suite en fait j’ai senti que ce qui me  plaisait, c’était d’être sur la mer, à bord de  

    Bateau, l’ambiance en fait des bateaux et donc  rapidement, j’ai choisi de m’orienter vers   l’énergie enfin le domaine de l’énergie mais sur  bâtiment de surface. Et puis, la filière nucléaire   m’intéressait aussi déjà. J’étais quand même attirée  par cette filière-là donc au fur à mesure de mon  

    Cursus, j’ai candidaté en fait pour rejoindre la  filière nucléaire et donc le porte-avions puisque à   l’époque les sous-marins n’étaient pas ouverts aux  femmes. C’est un bâtiment qui fait rêver surtout le   grand public, comment c’est le porte-avions ? Alors  le porte-avions c’est une ville. C’est une ville, on  

    Y fait plein de choses à bord. C’est un bateau  qui est passionnant parce que vous avez à la   fois le côté opérationnel et effectivement  médiatique puisque c’est le seul déjà porte-avions   pour la France. Il a un rôle quand même central  dans la dissuision nucléaire, même en terme de  

    Souveraineté du pays puisque on est quelques pays  à avoir un porte-avions, je dis bien un porte-avions    et pas un porte-aéronefs. Quand j’étais à bord  donc j’étais au sein du service réacteur et donc   servir sur le fleuron de la Marine, au service  réacteur, c’était quelque chose pour moi de  

    Formidable, en fait. C’était une expérience unique  et j’ai pu participer au premier grand carénage du   porte-avions donc là je vais parler un petit peu  de façon simple mais les cœurs étaient ouverts   et on a tout sorti quoi ! Donc là on voyait  vraiment l’installation dans toute sa complexité  

    Et puis, le côté très intéressant techniquement  aussi. Vous y êtes restée combien de temps ? Donc j’ai   fait 2 ans, la plupart des affectations d’officiers  sont de 2 ans voire trois mais généralement c’est 2 ans.   Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu  de l’ambiance à bord parce que j’imagine quand  

    On parle de de ville flottante, ça doit être très  particulier par rapport peut-être à d’autres   petits bateaux que vous vous avez fait avant ? Alors  c’est vrai que c’est un bateau où on a tendance   à rester entre guillemets collègues/amis de notre  métier parce qu’avec le cycle de quart donc le quart, 

    C’est assurer la permanence du bateau jour et nuit,  forcément les relations vont se faire toujours   avec l’équipe avec qui on travaille. On va déjeuner  ensemble, on va dîner ensemble donc ça reste quand   même assez isolé en terme de service mais c’est  effectivement le fait qu’il y ait beaucoup de  

    Monde à bord qui rend cette ambiance là. Après, il  y a des contacts avec les autres services, avec les   pilotes aussi, puisque les pilotes de chasse enfin  le GAé, ce qu’on appelle le groupe aérien embarqué  

    Qui arrive donc les pilotes qui nous monte à peu  près à 2000 personnes à bord et en fait, c’est   une autre vie du bateau, que ce soit dans  l’ambiance de l’équipage, dans l’enchaînement   en fait des activités et voilà donc c’est vraiment  un bateau unique en terme d’ambiance parce que ça  

    N’a rien à voir avec une frégate, avec un pétrolier  où on est sur des équipages beaucoup plus réduits.   Cette affectation a été marquante, qu’est-ce qui  se passe ensuite ? Alors ce qui se passe ensuite   donc elle était marquante effectivement pour moi  ensuite, j’ai voulu me poser un petit peu parce  

    Que quand je suis arrivée sur le porte-avions  j’avais déjà embarqué sur d’autres bâtiments de   surface dans le domaine de la vapeur classique.  Je commençais à avoir un âge où il était temps   de penser un peu à ma famille et donc je suis  partie à l’Ecole des applications militaires  

    De l’énergie atomique, à Cherbourg, où j’ai occupé le  poste d’instructeur en sécurité nucléaire et j’ai   profité de cette pause en fait à terre, pour avoir  mon petit garçon et donc avoir une vie de maman  

    Et pas que de marin. Oui parce que c’est sûr que  quand on vous écoute ça fait rêver mais on se dit   effectivement que ça peut être compliqué  aussi d’avoir une vie personnelle riche à côté ?  Oui alors la vie personnelle, moi j’ai envie de  dire : “Je remercie mon mari.” C’est une collaboration,  

    Mon mari étant dans la Marine, on alternait en fait à  terre, en mer pour mon mari et pour moi et donc ça   c’est un vrai soutien et puis, pour mon enfant  au fur et à mesure qu’il grandissait, je lui ai   toujours montré les bateaux où j’allais, même  le sous-marin d’ailleurs pour qu’il comprenne  

    Pourquoi je j’étais pas là, pourquoi il y avait ces  absences donc voilà c’est un couple en fait. Oui,   c’est vraiment le couple est très très important.  Le marin en fait ne peut avancer dans sa carrière  

    Que par un soutien mutuel de sa famille et puis,  bien sûr par son envie personnelle de relever des   challenges. Alors justement comment allez-vous être  amenée à intégrer l’équipage d’un sous-marin ? Alors   j’étais déjà attirée par les sous-marins. C’était  quelque chose qui me fascinait donc comme à  

    L’époque, c’était pas ouvert, forcément je suis  partie sur le porte-avions alors attention, c’est pas   par dépit, loin de là et puis, bon j’y croyais pas  trop à l’époque ça me paraissait loin et en 2014   quand ça commençait un petit peu à s’ouvrir,  je me suis dit je vais me porter candidate et  

    Finalement, j’ai été retenue parce que j’étais un  peu ancienne, j’étais déjà qualifié ingénieur de   quart, ça permettait, je pense aussi pour la Marine  d’avoir un officier en fait un peu expérimenté   dans le sens esprit d’équipage, s’absenter, gérer  un service donc voilà toute cette approche-là  

    Et donc ça s’est fait naturellement et je suis  arrivée en 2016, au sein des forces sous-marines   j’étais, j’ai envie de dire comme un enfant qui  a eu son jouet tellement j’étais heureuse en fait   parce que c’était un rêve qui se réalisait. Alors  petite question bête mais pourquoi jusqu’à cette  

    Date les femmes n’étaient pas admises à bord des  sous-marins ? Alors plusieurs raisons, je n’ai pas   forcément toutes les raisons, je ne suis pas  au centre de toutes les décisions politiques ou   militaires. Déjà il y avait, je pense une crainte  en fait de proximité, c’est-à-dire comment  

    Permettre aux femmes d’avoir une intimité  parce que bon effectivement physiologiquement l’homme et la femme ne sont pas  pareil. On a souvent eu peur aussi pendant quelques   années le risque radiologique sur les femmes. Et  ça a été je pense vraiment le premier sujet  

    Pour la fécondité donc voilà tous ces petites  craintes en fait empêchaient la féminisation   des sous-marins. Après il est certain qu’entre un  sous-marin nucléaire d’attaque ancienne   génération, pas les actuels, pas les Barracuda puisque les Barracuda sont ouverts  

    Aujourd’hui. Ça a été difficile de loger des femmes  et des hommes dans le même poste alors que sur   SNLE pour ma part par exemple, j’avais du fait  de mon poste de chef de service, j’avais un un petit   poste avec une banette donc finalement, c’était  comme sur un bâtiment de surface. J’avais mon  

    Poste au milieu d’hommes entre guillemets voilà  donc c’est toutes ces petites raisons et puis,   après, c’est une évolution de la société, c’est  une évolution aussi de se dire toutes les   femmes qui sont volontaires, on est quand même dans  une situation tendue en terme de RH que ce soit  

    Civiles, militaires, enfin il faut chercher des  qualités, des talents chez vers les   femmes, vers les hommes et donc, c’est un potentiel  en fait de recrutement que la Marine finalement se   retirait. On a parlé de sous-marin  nucléaire lanceur d’engins, il y a beaucoup de  

    Personnes peut-être qui ne visualisent pas, qui ne  connaissent pas donc si on ferme les yeux est-ce   que vous pouvez nous embarquer, nous faire visiter,  à quoi ça ressemble ? Alors à quoi ça ressemble ! C’est un gros bateau noir qui est sous l’eau,  qui a plusieurs tranches dont une grande tranche missile  

    Au milieu. Le SNLE, c’est la dissuasion nucléaire.  Alors il y a le porte-avions bien sûr. Le porte-avions, c’est plus l’aéroporté avec le Rafale. Et le  sous-marin, enfin le SNLE, c’est avec ses missiles.   Il se fond en fait dans la mer. Son objectif, c’est  d’être le plus silencieux possible parce que voilà  

    C’est le but premier de la mission, c’est de ne pas  être identifié, ne pas être vu. C’est pour ça aussi   qu’on a aucune communication a l’extérieur, ne  serait-ce qu’avec nos familles. C’est vraiment quelque   chose de secret. Comment on l’appréhende ça  parce qu’aujourd’hui, à l’ère des réseaux sociaux,  

    Des messages instantanés, ça paraît quand même  toujours assez dingue … Oui, en fait, j’ai envie de   dire l’homme se fait à tout. Je suis effectivement..  Moi, aujourd’hui, j’ai mon téléphone portable,   je regarde les mails, les applications. Quand  j’étais à bord du sous-marin, je laissais mon téléphone  

    Et puis, on s’occupe autrement et au final,  on se rend compte que le téléphone on en n’a pas plus   besoin qu’ailleurs. C’est juste parce qu’on est  habitué à l’avoir tous les jours et on ne se pose  

    Pas la question de ne pas l’emmener. Donc quand on  est à bord du sous-marin et bien, il n’y a plus cette   communication mais finalement la vie s’organise  autrement et quels que soient les bateaux que   j’ai pu faire, quand vous partez en mission, c’est  une autre vie, c’est une autre famille. Notre vie  

    Change. En fait, nos habitudes changent. J’ai envie  de dire, c’est peut-être plus difficile pour la   famille parce que nous, finalement, c’est presque  un peu égoïste ce que je vais dire mais nous on   est dans notre routine, dans notre travail  quotidien, on est là pour la mission. Alors  

    Que notre famille, eux, ils sont dans l’attente de  cocher les jours qui passent. Pour mon fils,    c’était tous les dimanches. On lui avait acheté  un gros Lego parce qu’il adore les Lego et il   y avait plusieurs sachets qui devaient rythmer chaque weekend pour dire voilà un sachet égal  

    Une semaine, c’est comme ça. Donc non je pense  que c’est plus pour la famille effectivement, il   faut les préparer. Il faut préparer la famille à ce  silence en fait. Quand vous avez fait votre premier   embarquement, est-ce que vous aviez une certaine  pression ? Pas vraiment, j’ai pas eu de pression  

    Médiatique. L’amiral des forces océaniques stratégiques   de l’époque avait énormément préservé, nous avez   préservées de ça pour pour nous préparer en fait  à cette mission parce que il y avait quand même   l’aspect opérationnel à gérer en priorité. Donc cette pression médiatique, on ne l’a pas eu. On l’a eu un  

    Peu plus au retour forcément parce qu’on était les  premières mais après, c’était une pression dans   le sens de dire voilà je suis la première femme, cheffe  du service réacteur donc il faut que j’assure. Il   faut que j’assure et c’était important pour  moi d’être accueillie, d’être acceptée par mes  

    Équipes et je pense aujourd’hui que ça l’est.  J’ai toujours des contacts avec mes équipes et   ce qui m’a vraiment marquée, je le répète souvent mais  c’est un moment qui m’a vraiment touchée. C’était le   jour de la fête des mères, c’était une période où  j’étais donc sous l’eau et mes gars m’avait offert  

    Un gâteau d’anniversaire qu’ils avaient enfin  d’anniversaire c’est pas vraiment un anniversaire   mais je vais vous expliquer pourquoi. Ils sont  arrivés au poste de conduite machine et ce jour   en fait c’était à la fois la fête des mères et  l’anniversaire de mon fils. Voilà donc c’était  

    Quelque chose de marquant et eux ça les avait  marqués parce que c’était la première fois qu’ils fêtaient   la fête des mères à bord d’un sous-marin. Voilà,  c’était une double anecdote pour tout le monde.   Est-ce que vous vous rendiez compte à ce moment-là  que vous étiez une pionnière, que d’une certaine  

    Manière vous avez un petit peu marqué l’histoire  des sous-marins à ce moment-là ? Est-ce qu’on s’en   rend compte après ou au moment où ça se passe. J’ai  envie de dire que je m’en rends compte plutôt aujourd’hui.  

    A l’époque, je me disais bah oui je suis de du service sur un sous-marin donc je le   ressentais pas du tout comme ça, pour moi  c’était naturel en fait. Aujourd’hui, je le ressens   davantage déjà par ma famille et puis, par les  jeunes en fait que ça soit civil ou militaire qui  

    Sont dans le nucléaire. On a un regard en fait de ces jeunes  femmes un peu admiratif alors que finalement il   n’y a pas une histoire d’admiration. C’est juste  que j’ai saisi des opportunités, j’ai travaillé,   je ne suis pas plus exceptionnelle que toute autre  femme ou du moins tout autre marin. Vous êtes partie  

    70 jours en mer à peu près, comment ça s’est passé  cette mission ? Alors, c’est une mission finalement   où le temps, il n’y a pas de temps en fait. On a  l’impression qu’on part le vendredi, qu’on rentre   le lundi. C’est assez bizarre. C’est comme si le  temps s’arrêtait parce qu’on est complètement isolé  

    Bien sûr de tout le monde et puis, on a un rythme  en fait d’activités. Toute la la journée est séquencée   par le quart au poste de conduite. Moi je faisais  ma séance de sport après, on avait du travail  

    D’officier donc de rédaction, de compte-rendu…  Après, il y avait les dîners, déjeuners au carré donc   il y avait pas mal d’activités aussi à bord pour  rythmer justement, pour pas créer de l’ennui   en fait, pour pas que l’équipage en sa globalité  s’ennuie ou réfléchisse. En fait, quand  

    Je dis réfléchir, c’est pas dire on ne veut pas que  les gens réfléchissent. C’était dans le sens, pense   à sa famille, pense trop et finalement devienne un petit peu sensible donc en fait voilà il y   avait toujours des activités pour que chacun  se sente bien et vive cette mission avec  

    Légèreté. Vous étiez la seule femme à ce moment-là ?  Non, nous étions quatre donc moi j’étais chef de   service réacteur, j’avais également avec moi donc  Pauline, la première médecin militaire à bord et   puis j’avais donc Camille et Harmonie qui étaient deux  enceignes de vaisseau adjoints donc l’une au chef  

    De service sécurité plongée donc tout ce qui est  la sécurité du bateau dans sa globalité et Camille   qui était au niveau opérations. Est-ce que vous  êtes, j’imagine que vous vous êtes préparées ensemble,  

    Que vous avez un peu affronté ça ensemble, si  on peut dire ? Oui, tout à fait. Alors on ne s’est pas   préparé techniquement puisqu’on était pas dans les  mêmes cursus de formation mais à bord il y avait  

    Effectivement un soutien, un soutien mutuel alors  je pense que j’étais un peu la maman malgré tout.   J’avais quand même une différence d’âge et donc  cétait important d’être à 4 et finalement d’avoir   des anciennetés différentes. Aujourd’hui, vous êtes  en état-major, vous avez posé les sacs comme on dit  

    C’est aussi important de pouvoir le faire ? Oui, c’est  important. Le milieu opérationnel aujourd’hui me   manque, c’est vrai, parce que c’est des expériences  uniques. Quels que soient les bateaux que j’ai   pu faire. Les missions en océan Indien que j’ai  fait sur pétrolier, que j’ai pu faire sur frégate

    Anti-sous-marine, c’est des moments en fait  qui restent gravés mais il y a un moment la route   tourne. Mon fils grandit. Je ne cache pas que j’ai  pas beaucoup vu mon fils entre 2 ans et 10 ans.  

    Et à un moment en tant que femme en fait,  on a besoin aussi de se retrouver, de retrouver   sa famille et puis, il y a l’âge aussi. Ça fatigue  donc c’est bien aussi. Et puis, avec mon mari, on   a quand même beaucoup déménagé. On a fait  pratiquement tous les ports au niveau métropole  

    Donc on a envie aussi d’avoir un peu notre chez  nous et pas forcément rentrer dans une routine   parce qu’on n’aime pas la routine mais au moins  se poser et pour mon fils aussi qui a quand même  

    Changer plus de six fois d’école donc il aimerait  bien aussi garder ses copains sur le long terme.   Alors vous effectuez un travail très pointu en  état-major, est-ce que vous pouvez un peu essayer   de nous l’expliquer ? Vous le ferez mieux que moi.  Alors, je vais commencer par le plus simple donc je  

    Travaille auprès de l’amiral coordinateur en fait  des affaires nucléaires mais au-delà des affaires   nucléaires en fait, il gère toute la partie  maîtrise des risques industriels, environnement,   prévention, pyrotechniques donc c’est vraiment très  très large et donc j’ai eu deux casquettes en fait  

    Dans ce poste. Une que j’ai depuis libéré, c’était  autorité du domaine de compétence, c’est-à-dire   que je travaillais pour l’amiral. Je suivais en  fait la formation des atomiciens de la Marine   qu’ils soient officiers ou officiers mariniers. Le rôle  en fait d’Alnuc donc cet amiral c’est Alnuc,  

    C’est pas de dire qu’est-ce qu’on doit mettre  dans la formation, quel cours on doit donner.   C’est de vérifier que la formation elle répond  aux exigences de la sûreté nucléaire puisque   on a quand même une autorité de sûreté nucléaire  défense et c’est un peu le garde fou. Et la  

    Deuxième casquette qui va peut-être moins parler,  c’est le contrôle gouvernemental de l’intégrité   des moyens. Alors ce contrôle gouvernemental, c’est  s’assurer que tous les éléments combustibles dans   les réacteurs, dans les piscines de stockage, tous  les éléments d’armes pour le porte-avions ou sous-marin  

    Nucléaire lanceur d’engins sont présents, c’est qu’on  en n’a pas perdu, personne nous a volé d’éléments   donc c’est de la comptabilité mais c’est aussi  et surtout s’assurer que tous les sites, tous les   moyens en fait sont protégés de tout acte de  malveillance en fait, c’est ça, c’est garantir  

    Au président de la République que la dissuasion  nucléaire est opérationnelle, est protégée dans   les grandes lignes c’est ça. Donc je travaille  pour l’amiral dans ce domaine-là en lien avec le   cabinet du ministre des Armées. Ce sont des sujets  vraiment en lien avec la dissuasion nucléaire et  

    Qui ont une importance vitale aujourd’hui puisque  le nucléire on sait que c’est au centre de tous   les débats et c’est surtout que le nucléaire civil  est vital pour le pays. Le nucléaire militaire est   vital pour la souveraineté du pays voilà c’est très très important. Aujourd’hui, on est dans  

    Une situation quand même assez tendue au niveau  géopolitique et la dissuasion nucléaire est l’arme   absolue. Et dans ce cadre, le 15 novembre dernier,  vous avez reçu le prix Fem’ Energia qui récompense   des femmes en activité dans le secteur du  nucléaire en France, qu’est-ce que cela représente  

    Pour vous ? Alors ça représente une fierté  personnelle; ça je ne vais pas me mentir mais   quand je suis montée sur cette estrade, j’étais très  fière d’avoir cet uniforme, puisque c’était aussi   pour moi de montrer en fait que le nucléaire, c’est  pas que le nucléaire civil. Parce que le nucléaire  

    Militaire, on l’oublie un peu en fait. Enfin, c’est  vrai que les gens … En France, on   parle beaucoup du nucléaire civil, ce qui est  tout à fait normal mais la Marine a un rôle très   important dans le nucléaire. C’est quand même  le deuxième exploitant nucléaire en France et  

    La dissuasion nucléaire est vitale comme je disais  auparavant donc le fait d’être présente à cette   cérémonie et donc l’amiral était également présent,  le fait d’avoir quelques uniformes bleus, c’était   pour montrer que voilà on est là et on a notre  place aussi dans cette filière qui est riche et  

    Finalement ce que j’ai voulu aussi montrer quand j’ai pris la parole pour remercier bien sûr   le jury, c’était que cette diversité d’emploi,  on la retrouvait dans le nucléaire militaire donc   c’était très important pour moi aussi de mettre  en avant la Marine. Déjà 26 ans de carrière, si  

    Je me trompe pas, est-ce que vous avez des regrets ?  Non, non j’ai pas de regret, si les regrets, j’aurais pu encore faire d’autres  choses. Je suis une éternelle insatisfaite, j’aime relever les   challenges. Non, j’ai pas de regret, je pense que j’ai  fait tout ce que je pouvais faire. Je ne regrette  

    Rien. En fait, c’est en viellissant je pense qu’on  on se dit bah finalement je suis très contente   de ce que j’ai fait et j’ai aucun regret parce  que j’ai osé en fait me remettre en cause tout  

    Le temps, parce que tous les 2 ans je changeais  vraiment de poste et ça, ça m’a appris beaucoup   de choses, ça m’a enrichie personnellement aussi  et non, j’ai aucun regret. On a parlé d’expériences incroyables mais est-ce qu’il y a eu aussi parfois  des passages difficiles ? Oui, il y a des passages  

    Difficiles parce que rien que la formation nucléaire,  elle est dure. Quand j’ai repris les sous-marins,   j’ai repris ma formation, j’avais 40 ans donc je  faisais mes devoirs telle une étudiante et à 40 ans,

    C’est un peu fatiguant surtout que j’avais  mon petit garçon quand même. Donc oui c’est dur, il y a des remises en cause permanente, il y a c’est pas forcément le fait d’être une femme ou un homme ça fait partie du métier. Dès l’instant où on est dans des métiers à responsabilités dans des  

    Métiers où on sort de sa zone de confort, il y a  des moments difficiles. La vie n’est pas un long   fleuve tranquille en fait. Il faut s’accrocher et puis, ne pas se laisser abattre. Vous avez aussi  

    Vu la Marine évoluer, les armées se transformer,  quel regard vous portez sur ces changements ? C’est   un regard plutôt positif quand même parce que  c’est vrai que moi je suis rentrée dans une armée   où pour une femme c’était un petit peu compliqué.  C’est vrai, il ne faut pas se mentir, on n’osait  

    Moins en fait parler de la maternité, on avait peur  que ça nous bloque dans notre carrière donc moi je   trouve ça très très bien aujourd’hui que cette  maternité soit prise en compte dans l’ensemble   de la carrière d’une femme mais j’ai envie de  dire c’est pas que la Marine, que les armées  

    C’est au niveau société. Voilà, je ne fais pas  de procès à l’armée. Dans le civil, c’est pareil. Ma maman, un jour m’avait expliqué quand au  retour de sa maternité, elle avait été mise dans   un poste un peu de placard parce que  voilà donc on dit l’armée mais finalement c’est  

    Une évolution globale. Qu’est-ce que l’on peut vous  souhaiter ? De continuer à m’épanouir, de continuer à   suivre mes envies, à relever des challenges. J’ai  encore plein de choses à découvrir. Et si mes   sources sont exactes, vous aimez aussi beaucoup  partir en croisière ? Oui, alors j’aime partir en  

    Croisière, j’aime prendre les sacs. Alors beaucoup  moins depuis qu’on a notre fils parce qu’avec   mon mari on faisait beaucoup de randonnée en montagne  mais maintenant qu’il a 11 ans il va s’y mettre.   Parce que j’adore courir, je fais du cheval aussi  et ça c’est des moments que j’aime parce qu’en  

    Fait dans ces moments-là, je lâche tout, je pense  à rien, c’est l’évasion mais en fait c’est un   peu l’évasion que j’avais sur les bateaux.  C’est des moments qui m’ont aussi préparée à   cette résilience et savoir revenir sur soi et  dire bon voilà je réfléchis je reste calme et  

    J’avance voilà. C’est comme avec un cheval, il faut  être posé sinon le cheval il s’emballe et   ben c’est pareil. On vous souhaite de tout lâcher  alors de lâcher prise. Voilà lâcher prise ! Est-ce que vous avez passé un bon moment avec  nous ? Parfait oui ! Merci Karen ! Merci beaucoup !

    Et je donne rendez-vous à nos auditeurs le mois  prochain pour un nouveau Defcast. N’hésitez pas à vous abonner pour être au courant des prochaines  sorties et à réagir sur nos réseaux sociaux. A très bientôt !

    3 Comments

    1. La Corée du Nord tire un missile capable d'atteindre les USA c'est un signal fort est beaucoup de nation doivent prendre ça au sérieux. J'insiste toujours pour la France ne croit pas que vous êtes pas concernés sur l'affaire, vous êtes concernés. La France obligatoire d'investir dans le nucléaire hypersonique, balistique intercontinatal capable d'entendre n'importe quel pays au monde.

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