Jusqu’au bout, et même au-delà, puisque, selon ses instructions, la nouvelle de sa mort en 2017 n’a été révélée que plusieurs jours après les obsèques. Car paradoxalement, cet homme de l’ombre, qui a travaillé 40 ans pour les services secrets français, était devenu à la fin de sa carrière, et bien contre son gré, une célébrité.
    Autant dans les services secrets que dans les cercles étroits du pouvoir, Rondot était un personnage de légende, hors normes, même. Militaire formé à Saint-Cyr, parachutiste d’exception, mais aussi intellectuel spécialiste du Moyen-Orient, Philippe Rondot, nom de code Max, était aussi à l’aise pour parler défense avec un Ministre, rédiger une thèse de troisième cycle, discuter de SAS avec son vieux pote Gérard de Villiers, que pour crapahuter seul dans Beyrouth en guerre, mener un commando et, si besoin, loger une balle en plein cœur à 100 mètres de distance.
    Cerveau et homme d’action. L’espion parfait, pourrait, on dire. Travailleur solitaire, discipliné et loyal, mais qui n’hésitait pas à désobéir s’il le jugeait nécessaire. Philippe Rondot était l’homme indispensable que les Ministres s’arrachaient. Celui auquel le gouvernement, souvent en court-circuitant les hiérarchies, a confié les missions les plus compliquées et les plus dangereuses, dans tous les coins du monde.

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